Histoire de France

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Histoire de France

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Voir aussi :

Chronologie de la France

On fait traditionnellement remonter la fondation de la France à 486, date de la conquête de la plus grande partie de la Gaule par Clovis Ier, roi des Francs. L'État franc puis français a existé sans interruption depuis cette époque, ce qui en fait le plus vieil État d'Europe. Si le nom de France ne fut employé de façon officielle qu'à partir de 1190 environ, quand la chancellerie du roi Philippe Auguste a commencé à employer le terme de rex Francie à la place de rex Francorum pour désigner le souverain, le mot était déjà couramment employé pour désigner l'ensemble du royaume, comme on le voit à la lecture de la Chanson de Roland, écrite un siècle plus tôt. Ce terme de "France" fait suite à celui de "Francie", né au IXe siècle pour désigner le royaume franc. Dès 1204, le territoire est désigné dans les chartes sous le nom de regnum Francie, c’est-à-dire royaume de France[1].

L'occupation humaine du territoire correspondant aujourd'hui à la France est fort ancienne. Aux groupes présents depuis le Paléolithique sont venus s'ajouter, jusqu'au premier millénaire, des vagues de peuplement successives composées de Celtes[2], de Romains, de peuples germains, principalement des Francs[3]. À partir du début du second millénaire, c'est la monarchie capétienne qui assure l'unité territoriale du pays. La période révolutionnaire achève son unité administrative et politique. La période contemporaine est marquée par des efforts d'unification culturelle, par un enrichissement du pays et par l'arrivée de millions d'immigrants d'Europe, d'Afrique et d'Asie qui ont profondément modifié la structure de la population.

Sommaire

[modifier] Des origines à la fin de la Gaule romaine

[modifier] Des premiers groupes humains à l'arrivée des Celtes

[modifier] Les occupants du Paléolithique

Feuille de laurier solutréenne
Feuille de laurier solutréenne

La plus ancienne trace d'occupation de Hominini du territoire français date de -1,8 Ma. Il s'agit de galets aménagés trouvés à Chilhac en Haute-Loire, dont le caractère anthropique est contesté par certains auteurs. Vers 1 Ma, lors de la glaciation de Günz, la grotte du Vallonnet près de Roquebrune dans les Alpes-Maritimes est habitée par des petits groupes d'Homo erectus venus d'Afrique[4]. Ils occupent ensuite de nombreux sites jusque dans la vallée de la Somme. Vers - 400 000 ans, une seconde vague de peuplement arrive d'Asie. À Terra Amata près de Nice, les chercheurs ont trouvé des vestiges acheuléens ainsi que l'un des plus anciens foyers attestés. Vers - 280 000 ans, les atlanthropes d'Afrique du Nord[5] s'installent en Espagne et en France et passent en Angleterre à pied sec ; ils façonnent des outils bifaciaux en amande, à la pointe acérée, fixé au bout d'un manche ou servant de hache. Ils occupent des vallées fluviales jusqu'à celle de la Somme.

Du 200e au 35e millénaire av. J.-C., les hommes de Néandertal sont présents sur l'ensemble du territoire correspondant à la France actuelle. Ils taillent le silex selon la méthode Levallois. Sur les sites des Eyzies et du Moustier en Dordogne, de nombreux outils ont été retrouvés: racloirs, bifaces, pics, ciseaux. Ils chassent le bison, l'aurochs, le cheval, le loup et le renne. Ils ont laissé les plus anciennes traces de sépultures en France : les morts sont ensevelis dans des fosses de 1,40 × 1 × 0,30 m ; des offrandes sont déposées à côté des corps (rations de viande, objets en silex, etc.).

À partir de -33 000, l'homme de Cro-Magnon, venu du Moyen-Orient[6], peuple les régions occupées par les hommes de Néandertal et le remplace progressivement. Les hommes de Cro-Magnon sont de remarquables artisans. Ils ont laissé des pointes de sagaies en os longues et finement travaillées, des spatules, des poinçons, des lissoirs décorés. Les sites attestant de leur activité sont très nombreux : Pincevent, la grotte de Lascaux célèbre pour ses 150 peintures et 1 500 gravures, celles de Cosquer, de Gargas et de Chauvet... Le site de La Madeleine en Dordogne habité vers le 15e millénaire av. J.-C. par des chasseurs de rennes et des pêcheurs a livré des harpons à pointe mobile et a donné son nom à la civilisation de cette période : le Magdalénien.

Vers 10e millénaire av. J.-C., le climat se réchauffe. La fin des grandes glaciations amène la disparition du renne et du phoque. Une civilisation magdalénienne finale se répand du sud-ouest français vers le nord-est plus froid à la poursuite du gibier.

[modifier] Le Néolithique

Vers le 6e millénaire av. J.-C. dans le Sud-Est, entre -5700 et - 5500 dans l'Est de la France apparaissent progressivement la culture des céréales, la domestication des animaux et les nouvelles techniques artisanales comme la poterie, le tissage, le polissage des pierres. Les groupes humains se sédentarisent donnant naissance aux premiers villages et aux premiers tombeaux mégalithiques : tumulus, cairns, dolmens et menhirs. Les menhirs sont très présents en Bretagne, isolés ou en alignement comme à Carnac (4 km, 2 935 menhirs) ou en cromlech comme au pic de Saint-Barthélemy, près de Luzenac en Ariège. Selon Fernand Braudel, c'est à la fin du Néolithique que «l'identité biologique» de la future France avec déjà les diversités raciales qui la caractérisent aujourd'hui (Alpins, Nordiques, Méditerranéens, Norico-Lorrains...) se met en place. Les nombreux mélanges ethniques y demeureront et les invasions qui suivront, Celtes, Romaines, Germaniques, etc se perdront peu à peu dans la masse des populations déjà installées[7].

[modifier] Le temps des Celtes

La conquête de la Gaule par les Celtes s'est déroulée en deux phases. La première commence vers -1500 et se termine vers -700[8]. Les Celtes colonisent l'est du territoire le plus souvent de manière pacifique. Pasteurs nomades à leur arrivée, ils deviennent des agriculteurs sédentaires entre -1200 et -900. C'est à cette époque qu'apparaissent les premières agglomérations permanentes fortifiées. Vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C., la métallurgie du fer se répand (Âge du fer). Une nouvelle aristocratie guerrière se constitue grâce à l'apparition des épées de fer et au combat à cheval. Elle bouleverse l'organisation sociale des Celtes jusque là agraire et égalitaire. Ces « princes et princesses de la Celtique » (Patrice Brun) se font enterrer avec armes et chariots d'apparat, comme à Vix en Côte-d'Or (Bourgogne). Leurs tombes ont également révélé la présence de luxueux objets provenant du pourtour méditerranéen (notamment d'Égypte), ce qui atteste la dimension commerciale de la richesse de ces aristocrates.

char gaulois d'apparat
char gaulois d'apparat

Les relations commerciales lointaines se développent. Vers -600, est fondé le comptoir grec de Massalia (Marseille) sur les bords de la Méditerranée par des marins grecs venus de Phocée. D'autres comptoirs du même type, avant et après cette date, voient le jour surtout le long du rivage (Antibes dès -680). La cité phocéenne prend toutefois un ascendant décisif sur ses rivales vers -550 avec l'arrivée en masse de réfugiés phocéens, Phocée étant tombé aux mains des Perses. L'influence grecque se manifeste le long des grandes voies commerciales grâce au rôle actif de Massalia.

La seconde phase commence à la fin du VIe siècle av. J.-C.. Les Celtes continuent alors leur progression vers l'ouest de la Gaule. C'est le second âge de fer ou période de la Tène. Cette nouvelle période d'expansion correspond à des transformations économiques et sociales. Les guerriers aristocrates peu nombreux sont remplacés par des paysans-soldats regroupés autour d'un chef de clan. L'araire à soc de fer remplace l'araire en bois. Il permet de labourer les terres lourdes du centre et du nord de la France actuelle. Ceci explique en grande partie la colonisation de terres nouvelles, la croissance démographique et les nouvelles invasions qui en ont résulté. Celles-ci interrompent pour un siècle les routes commerciales de Marseille. À la fin du IVe siècle av. J.-C., la cité a retrouvé toute son influence commerciale sur la Gaule. À cette période, on trouve des céramiques et des pièces de monnaies grecques dans toute la vallée du Rhône, dans les Alpes et même en Lorraine.

Au début du IIIe siècle av. J.-C., les tribus belges originaires du Sud et d'ouest de l'Allemagne actuelle envahissent la Gaule. Vers -250, elles font la conquête du Massif central et du Languedoc. La civilisation gauloise de la période précédant immédiatement la conquête romaine est particulièrement florissante. L'émergence de véritables villes fortifiées (oppida) de dimensions bien plus importantes que les forteresses des périodes antérieures, en effet, ou encore l'usage de la monnaie y sont des traits caractéristiques de cette civilisation.

La Gaule à la veille de la conquête de Jules César
La Gaule à la veille de la conquête de Jules César

Au IIe siècle av. J.-C., se met en place une relative hégémonie arverne caractérisé par une forte puissance militaire et une grande richesse de ses chefs. Au même moment l'emprise romaine augmente dans le Sud de la Gaule. Elle se manifeste d'abord sur le plan commercial. Les fouilles archéologiques ont montré qu'au cours du IIe siècle av. J.-C., les amphores italiennes remplacent peu à peu celles venant de Grèce dans le commerce marseillais. À plusieurs reprises les Marseillais font appel à Rome pour les défendre contre les menaces des tribus celto-ligures et les pressions de l'empire arverne.

Le sud-est de la France, notamment le Languedoc et la Provence sont conquis par Rome dès avant la fin du IIe siècle. C'est la province romaine de Narbonnaise qui va des Pyrénées aux Alpes en passant par la vallée du Rhône, territoire stratégique pour relier l'Italie à l'Hispanie conquise lors de la seconde guerre punique. La conquête de ces régions s’achève en -118 après la défaite des Arvernes et des Allobroges et l'alliance de Rome avec le peuple gaulois des Éduens. Après la chute de l'hégémonie arverne sous la pression des Romains, les grands peuples de Gaule - Eduens et Séquanes en particulier - connaissent une forte rivalité.

Une image d’Épinal : Vercingétorix dépose les armes aux pied de Jules César à l'issue du siège d'Alésia
Une image d’Épinal : Vercingétorix dépose les armes aux pied de Jules César à l'issue du siège d'Alésia

En -58, Jules César utilise la menace que fait peser la pression germanique sur les Gaulois pour intervenir à l'appel des Éduens, alliés de Rome. La guerre est longue et meurtrière et en janvier -52, avec l'accession au pouvoir de Vercingétorix, les Arvernes et leur clientèle se soulèvent contre l'armée du proconsul. Jules César fait face à la détermination des Gaulois dont le soulèvement est quasi général. Sièges, incendies de cités, politique de la terre brûlée et massacres sont alors au programme qui s'achève par une victoire romaine face à la fougue gauloise désorganisée. En -50, Jules César laisse une Gaule exsangue[9] emmenant avec lui l'élite des guerriers gaulois. Il laisse aux villes une grande autonomie.

[modifier] La Gaule romaine

L'empereur Auguste organise la Gaule en quatre provinces : à la Narbonnaise suffisamment romanisée pour devenir une province sénatoriale, il ajoute la Gaule aquitaine, la Gaule lyonnaise et la Gaule belgique. Il est à noter que les limites des Gaules dépassent largement celles de la France actuelle, principalement en ce qui concerne la Gaule Belgique.

Les provinces gauloises dans l'empire romain
Les provinces gauloises dans l'empire romain

L'assimilation des Gaules est rapide. En 48, l'empereur Claude donne accès au Sénat romain aux notables gaulois, comme le montrent les Tables de Lyon. Le développement du réseau routier, la pacification sur le Rhin et en Bretagne favorisent l'essor économique. Pierre Gros résume ainsi l’impact de la présence romaine « la conquête romaine qui a entraîné l’entrée dans les temps historiques, a modelé pour des siècles le paysage rural, établi ou aménagé les principaux axes de communication, urbanisés d’immenses terroirs, défini les territoires administratifs »[10]. L’urbanisation généralisée voit le développement de nombreuses cités, organisées sur le mode des municipes italiens, villes qui toutes perdurent encore de nos jours, tandis que les campagnes se couvrent de bourgades (vici) et de grandes exploitations agricoles (villae). La Gaule est alors avec l’Égypte le secteur le plus peuplé de l’Empire romain, avec une population estimée a 7 millions[11].

Le développement économique bénéficie des siècles de pax romana : l’extension des vignes en Aquitaine, dans la vallée du Rhône et de la Saône et même en Moselle est telle qu’elle concurrence les vins italiens. Des artisans italiens installés en Gaule créent une industrie de la céramique sigillée prospère (par exemple à La Graufesenque). L’artisanat gaulois produit aussi en abondance des objets en bois, des vêtements de laine et exporte vers les grands centres de consommation en Italie, sur le Rhin et le haut Danube[12].

Les échanges ne se limitent pas aux biens matériels : à côté des cultes populaires du nombreux panthéon gaulois, apparaissent dans les villes d’autres religions d’origine orientale : culte de Mithra, de Cybèle, de Jésus, attesté à partir de 177 (cf. les Martyrs de Lyon). Ce dernier culte deviendra prépondérant dans les milieux urbains à partir du IVe siècle.

Le IIIe siècle voit se succéder les crises et les guerres civiles sur le sol gaulois. À partir du milieu du IIIe siècle, en 258, Francs et Alamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule à plusieurs reprises. Un éphémère empire des Gaules (terme impropre), sans que celui-ci ait un caractère national, est créé par Postumus, bientôt assassiné par ses soldats. Dès le IIe siècle la Gaule est touchée par l'affaiblissement démographique, le déclin des villes, le ralentissement du commerce et de la circulation monétaire.

La situation militaire est rétablie à la fin du IIIe siècle, et le dispositif défensif sur le Rhin incorpore de plus en plus de contingents germaniques installés avec leurs familles. Des groupes de Francs en Gaule Belgique et d'Alamans en Alsace servent comme troupes auxiliaires fédérées, et certains officiers francs mènent de brillantes carrières au sein de l'Empire romain.

Icône de détail Article détaillé : Fédérés francs.

Cinq siècles de romanisation laissent de profondes marques sur les Gaules : des langues (occitan et français), un droit écrit et dégagé de tout principe religieux, des villes, une religion (le catholicisme), et même des habitudes quotidiennes (le pain, la vigne et le vin). Malgré ces apports fondamentaux qui rangent la France dans les pays de culture latine, l'Histoire de France a longtemps négligé cette période, et la néglige parfois encore[13].

[modifier] Les invasions germaniques (Ve siècle)

Dans la nuit du 31 décembre 406 les peuples Vandales, Suèves, Alains et d'autres peuples germaniques franchissent la frontière sur le Rhin, malgré la défense des auxiliaires Francs, puis en 412 les Wisigoths franchissent les Alpes et atteignent l'Aquitaine. Le pouvoir impérial romain leur cède des territoires puis disparaît en 476. Les structures de l'Empire se défont en Gaule, le pouvoir politique passe aux mains de royaumes barbares avec leurs propres lois, leur propre religion, l'arianisme ou le polythéisme. Le danger que représentent les Huns, suscite une alliance temporaire des occupants de la Gaule. En 451, Aétius prend la tête d'une coalition romano-barbare qui stoppe le raid de pillage des Huns commandés par Attila aux Champs catalauniques[14]. Cette bataille, qui fut bien loin d'anéantir les Huns, fut magnifiée par les historiens et enrichie de l'épisode de sainte Geneviève encourageant les Parisiens à la résistance face à Attila[15].

Au milieu de ces royaumes barbares, wisigoth, alaman, burgonde ou franc, un Romain, Syagrius, parvient à maintenir entre Seine et Loire une portion détachée de l'Empire comme son bien propre et se fait donner le titre de roi des Romains[16]. Des réfugiés venus de Bretagne (l'actuelle Angleterre) s'installent en Armorique, qu'ils rendent indépendante du reste de la Gaule pour plusieurs siècles.

Les élites gallo-romaines encore présentes dans les villes en assurent la direction locale, et fournissent de nombreux évêques, protecteurs de leur communauté face aux malheurs de l'époque, interlocuteurs du pouvoir militaire des rois germaniques qui se partagent la Gaule et derniers représentants de la culture romaine. Citons parmi ceux-ci Avit de Vienne, Nizier de Lyon, Remi de Reims, Grégoire de Tours.

[modifier] Le Moyen Âge et la formation de la France

[modifier] Les Francs, Mérovingiens et Carolingiens (Ve ‑ Xe siècle)

[modifier] Les Mérovingiens

Le baptême de Clovis, un élément fondateur de l'histoire de France.
Le baptême de Clovis, un élément fondateur de l'histoire de France.

Au milieu de ces enchevêtrements de peuples, les Francs saliens installés sur les bouches du Rhin font la conquête d'une grande partie de la Gaule sous l'autorité de leur roi Clovis Ier (466-511). La grande intelligence de Clovis est d'avoir compris que son pouvoir ne pourrait pas durer sans l'assentiment des peuples romanisés. Son baptême catholique par Remi de Reims vers 496[17] permet la collaboration des Francs avec les élites gallo-romaines. Clovis est le fondateur de la première dynastie durable sur le territoire de la France actuelle, la dynastie mérovingienne.

La conversion de Clovis, quant à elle, a été valorisée plus tard par les Capétiens pour affirmer le principe de la monarchie de droit divin, c’est-à-dire de l'origine divine du pouvoir royal. Ils popularisent la légende de la sainte ampoule, apportée par le Saint-Esprit pour oindre le roi baptisé, ampoule qui sera utilisée pour les sacres des Capétiens jusqu'à la Révolution.

Les Francs ont une vision patrimoniale de leur royaume. Clovis partage son royaume entre ses quatre fils, ce qui favorise les guerres entre les héritiers. La carte du pays évolue au gré des guerres, des crises et des héritages : le royaume de Clovis est vite divisé entre Neustrie et Austrasie et Aquitaine, qui deviennent avec la Bourgogne conquise par les fils de Clovis, les divisions politiques majeures de la « Gaule » au VIe siècle et au VIIe siècle. Les Francs s'étendent à l'est.

Sous les Mérovingiens la période de régression amorcée dès le Bas-Empire continue. La population diminue aux VIe et VIIe siècles sous le coup des épidémies, notamment celles de la peste. La désorganisation liée aux invasions barbares contribue à la disparition des artisans spécialisés qui avaient fait la renommée de la Gaule romaine. Les routes romaines ne sont plus entretenues. Le rare transport des marchandises se fait par voie fluviale. Le grand commerce s'arrête presque totalement et une économie autarcique autour des grands domaines, les vici, se développe. Beaucoup de paysans perdent leur liberté car ils se « donnent » aux puissants en échange de leur protection. Le terme franc finit par désigner les hommes libres, qu'ils soient d'origine germanique ou gallo-romaine, mais ils sont de moins en moins nombreux.

À partir du début du VIIe siècle, le pouvoir royal s'affaiblit au profit de l'aristocratie franque, et surtout aux « maires du palais », sorte de premier ministre. En effet les rois mérovingiens n'ont plus de terres à distribuer à leurs guerriers et sont donc abandonnés par ceux-ci. La famille des Pippinides originaire d'Austrasie, se rend maître des mairies du palais d'Austrasie puis de Neustrie. Elle remet la Provence et la Bourgogne, devenues quasi-indépendantes, dans l'orbite mérovingienne et entame la conquête de la Frise au nord du royaume. L'un des plus fameux maires du palais, Charles Martel, repousse en 732 une armée musulmane non loin de Poitiers. Pour récompenser ses fidèles, il confisque les immenses biens fonciers de l'Église qu'il leur redistribue. Ceci lui permet de s'assurer de leur fidélité sans se défausser de ses propres biens. Son fils Pépin le Bref fait enfermer dans un couvent le dernier roi mérovingien puis se fait élire roi par les guerriers francs en 751. Il prend aussi la précaution de se faire sacrer en compagnie de ses deux fils en 754 par le pape. Cela lui donne une légitimité nouvelle, celle de l'élu de Dieu, comme le roi David, élection supérieure à celle des guerriers francs. La dynastie mérovingienne a vécu. Commence le règne de la dynastie carolingienne.

[modifier] Les Carolingiens

Le Royaume franc sous Charlemagne.
Le Royaume franc sous Charlemagne.

Pépin le Bref fait la conquête de l'Aquitaine, devenue indépendante et de la Septimanie aux mains des musulmans entre 719 et 759[18]. Il intervient même hors de ses frontières en créant notamment les États pontificaux après une campagne contre les Lombards. À sa mort, il partage selon la tradition franque, son royaume entre ses deux fils, Carloman et Charles mais la mort précoce de Carloman permet à Charles de régner sur un royaume des Francs unifié. Le royaume des Francs (regnum francorum) connaît sa plus grande expansion sous Charlemagne. Celui-ci étend le royaume jusqu'en Saxe à l'est, au prix de 20 années de guerre, en Bretagne, au Pays basque, en Lombardie, en Bavière et chez les Avars. Cette politique de conquête a pour conséquence le couronnement impérial de Charlemagne le 25 décembre 800 par le pape Léon III. Les contemporains ont voulu y voir une renaissance de l'Empire romain d'Occident. Mais l'empire carolingien est centré sur la Gaule et la Germanie. Charlemagne se considère d'abord comme un roi franc. Les règnes de Charlemagne et de son fils Louis le Pieux restent cependant, entre deux vagues d'invasions, une période de renforcement du pouvoir royal, de renaissance des arts et de la culture qui a durablement marqué les esprits.

Charlemagne entouré de deux papes.
Charlemagne entouré de deux papes.

Louis le Pieux renonce à confisquer les terres de l'Église pour les donner en récompense à ses fidèles. Ce faisant, il est obligé de puiser dans ses propres biens et affaiblit ainsi la puissance foncière des Carolingiens. Ses fils se disputent pour le partage de l'héritage carolingien. Finalement ils arrivent à un accord lors du partage de Verdun de 843. C’est à cette occasion que la Gaule est appelée pour la première fois Francie occidentale. La Francie occidentale, concédée à Charles le Chauve, le plus jeune fils de Louis le Pieux donnera naissance à la France. La Francie occidentale s'étend de la mer du Nord à la Méditerranée. Elle a pour avantage l'extrême diversité de ses paysages et de ses ressources naturelles.

Cependant aux IXe et Xe siècles, la Francie occidentale est menacée d'éclatement. Sous Nominoë la Bretagne reprend son indépendance. Le rattachement de l'Aquitaine au royaume n'est que purement théorique. La seconde vague d'invasion de Vikings, des Sarrasins et des Hongrois accentue la désagrégation de l'autorité royale. Les souverains impuissants à défendre leurs sujets doivent se résigner à voir passer le pouvoir de commandement de leurs mains à celles de puissants seigneurs qui se sont constitués des principautés, vastes territoires quasi indépendants. Pour stopper la menace viking, le roi Charles le Simple est obligé de céder la Normandie au chef Rollon par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911.

Le titre de roi devient électif et les Carolingiens doivent céder leur couronne à Eudes, comte de Paris entre 888 et 898, à Robert Ier de 922 à 923, et à Raoul en 923 à 936.

En 987, Hugues Capet, duc des francs, descendant d'Eudes, est préféré au prétendant carolingien, Charles de Basse-Lorraine, oncle du défunt roi Louis V, grâce au soutien actif de l'archevêque Adalbéron de Reims. Son élection marque la fin de la dynastie carolingienne et le début d'une nouvelle dynastie, la dynastie capétienne qui construira la France pendant le second millénaire.

[modifier] Les Capétiens et la consolidation de l'État (XIe ‑ XIIIe siècle)

[modifier] L'évolution du pouvoir royal

Le règne des premiers Capétiens est marqué par la faiblesse du pouvoir royal face aux grands seigneurs à la tête de principautés. Hugues Capet n'intervient jamais au sud du royaume. Son autorité est limitée au domaine royal, les biens matériels et les vassaux directs sur lesquels il exerce un pouvoir direct. Les premiers Capétiens ne possèdent qu'un domaine peu étendu, réduit pour l'essentiel à une zone entre Beauvais et Orléans, vestige du duché de France de Robert le Fort. Par une politique habile de la plupart d'entre eux, ils assureront la croissance du domaine royal. Face aux grands du royaume quasi-indépendants ils possèdent cependant trois atouts :

  • Ils parviennent à rendre héréditaire leur lignage en faisant élire et sacrer leurs fils de leur vivant, et en les associant au trône (usage suivi jusqu'à Philippe Auguste).
  • Les rois de France sont au sommet de la hiérarchie féodale et ne rendent hommage à personne pour leurs possessions. Mais, féodalité oblige, tous les grands féodaux du royaume doivent l'hommage au roi. Les plus prestigieux vassaux du roi de France étaient les souverains d'Anjou et d'Angleterre. Par la moindre étendue de ses domaines placée sous son administration directe, le roi de France était plus faible que bien des vassaux, mais en terme de vassalité, c'était bien le roi de France qui se trouvait au sommet de la pyramide du pouvoir du système féodal. Un adage dit que le roi est empereur en son royaume
  • Le sacre permet aux Capétiens d'acquérir un caractère divin à travers l'onction, faite grâce à l'huile de la sainte Ampoule, don du Saint-Esprit. Ainsi le roi, chrétien depuis le baptême de Clovis, devient de plus, un roi de droit divin, qui ne tient son pouvoir que de Dieu. Depuis Robert le Pieux, fils d'Hugues Capet, on attribue aux Capétiens des pouvoirs thaumaturgiques, par simple toucher, ils étaient censés guérir des écrouelles ou scrofules.
Philippe-Auguste mène une lutte victorieuse pour abaisser la puissance des Plantagenêts et agrandir le domaine.
Philippe-Auguste mène une lutte victorieuse pour abaisser la puissance des Plantagenêts et agrandir le domaine.

Le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le comte d'Anjou, devenu roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II Plantagenêt, fait de ce dernier un vassal du roi de France bien plus puissant que son suzerain, comme le montre la première carte. Philippe II, dit Philippe-Auguste a comme objectif principal l'abaissement des Plantagenêts. Entre 1202 et 1205, il fait la conquête sur Jean sans Terre de la Normandie, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine, du nord du Poitou et de la Saintonge. Jean sans Terre tente de réagir en organisant une coalition réunissant également l'empereur germanique Othon IV et le comte de Flandre. Le dimanche 27 juillet 1214, Philippe II triomphe de la coalition lors de la bataille de Bouvines. Sur le plan intérieur, Philippe-Auguste augmente les ressources royales par une bonne administration, ce qui lui permet de rétribuer des mercenaires, de construire des nouveaux remparts autour de Paris, de paver la ville et d'édifier la forteresse du Louvre. À sa mort, le domaine royal est considérablement agrandi. Ses successeurs vont continuer son œuvre.

Son petit-fils, Louis IX, signe enfin la paix avec les Plantagenêt. Il affirme le droit du roi de légiférer dans tout le royaume, y compris dans les grands fiefs quand l'intérêt commun l'exige. Il met en circulation une monnaie royale stable et fiable, le gros tournois d'argent valable dans tout le royaume. Il place définitivement la monarchie au-dessus du bien commun. Ses légistes affirment que rien ne peut justifier la rébellion d'un vassal et qu'aucun évêque ne peut excommunier le roi. Louis IX se croise par deux fois pour combattre les musulmans en Terre sainte, de 1248 à 1254 (septième croisade) puis en 1270 en Égypte et à Tunis où il y meurt de la peste le 25 août.

Philippe IV le Bel (1285-1314) est le dernier des grands Capétiens directs. Il est connu pour le rôle qu'il a joué dans la centralisation administrative du royaume. Il organise définitivement les parlements. Pendant tout son règne, il cherche à améliorer les finances royales. Comme il échoue à instaurer un impôt régulier, le budget de l'État fonctionne au moyen d’expédients : confiscation des biens des juifs, des marchands italiens, diminution du poids en métal précieux par rapport à leur valeur nominale des pièces frappées par le roi. Pour trouver de nouveaux subsides, il organise la première réunion de représentants des trois ordres ou états du clergé, de la noblesse et du tiers-état. Ce type de réunion sera appelé plus tard États généraux. Il s'entoure de légistes originaires de toute la France. Mais Philippe le Bel est surtout connu pour son affrontement avec les papes, lesquels, pour échapper aux troubles continuels de Rome, s'installent à Avignon mettant pour trois quarts de siècle la papauté sous influence directe de la France. Quand il meurt en 1314, la monarchie capétienne semble consolidée et forte.

[modifier] Les transformations économiques et sociales

le bas de cet extrait de la tapisserie de Bayeux, XIe siècle, montre des travaux agricoles avec herse et charrue
le bas de cet extrait de la tapisserie de Bayeux, XIe siècle, montre des travaux agricoles avec herse et charrue

Même si les sources écrites manquent, plusieurs indices montrent que la vitalité démographique de la France est très importante à partir du XIe siècle. Des hommes venus du royaume de France tiennent le premier rang dans la conquête en 1066 de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie. Les chevaliers francs jouent un rôle prépondérant dans la reconquista de l'Espagne musulmane dès le milieu du XIe siècle. Ils sont si nombreux à participer à la première croisade à la fin du XIe siècle, que les États créés après la prise de Jérusalem en 1099 sont appelés États francs d'Orient. L'augmentation de la population accompagne les grands défrichements. Des nouvelles techniques agricoles se diffusent permettant de cultiver les terres riches et lourdes du bassin parisien : charrues à roue et à versoir qui aèrent le sol, herses qui brisent les mottes. Villages, églises et châteaux-forts façonnent le paysage des campagnes. Le retour à une paix relative favorise la circulation des marchandises et des hommes, la circulation monétaire et la renaissance des villes. Les artisans et les marchands se révoltent bien vite contre l'autorité tatillonne des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques et parviennent à obtenir des chartes de libertés leur permettant de s'administrer eux-mêmes. Dans les villes, les artisans exerçant une même activité se regroupent en organisations professionnelles très rigides et protectionnistes.

Le XIIIe siècle consacre le rayonnement français. Les historiens pensent qu'au cours de ce siècle la population passe de 12 millions à 20 millions d'habitants, grâce aux améliorations des pratiques agricoles qui permettent l'augmentation des rendements des terres cultivées. Ceci n'empêche pas les campagnes d'être secouées par des révoltes, le plus souvent locales contre les droits féodaux ou la dîme. Pourtant le XIIIe siècle est celui des chartes d'affranchissement qui permettent aux paysans d'améliorer grandement leur condition juridique et fiscale. Paris devient la ville la plus importante de l'Occident chrétien avec près de 200 000 habitants, soit le double de Venise. Son rayonnement est assuré par son université, ses édifices religieux célèbres dans toute la chrétienté, telle la Sainte-Chapelle où sont conservées les reliques de la couronne d'épines et du bâton de Moïse, la cathédrale Notre-Dame de Paris, ses ateliers de miniatures et d'ivoire. Pourtant dès le milieu du XIIIe siècle, des signes d'essoufflement économique apparaissent. Les petits seigneurs s'appauvrissent. La croissance de la population a abouti à un fractionnement des tenures. L'écart s'élargit dans les villes entre les riches et les pauvres entraînant des révoltes du "menu" peuple contre le peuple "gras" entraînant des grèves et des conflits comme à Douai, Paris, Ypres

[modifier] La fin des Capétiens directs

La lignée des Capétiens directs se termine par le règne successif de trois fils de Philippe IV qui meurent sans héritier mâle. Lorsque Charles IV le Bel, le dernier fils de Philippe le Bel, meurt en 1328, c'est la première fois depuis l'élection d'Hugues Capet que le défunt roi n'a pas d'héritier mâle. Deux prétendants sont en lice, Édouard III, roi d’Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel et Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel. L'assemblée des grands du royaume préfère Philippe car il est de France et plus mûr que son jeune rival anglais. Cet événement marque le début de la dynastie des Capétiens-Valois, branche collatérale des Capétiens directs.

[modifier] Crises et mutations du bas Moyen Âge (XIVe - XVe siècles)

Tout l'Occident est affecté par les famines, la peste noire et de nombreux conflits. Mais la France, État le plus peuplé d'Europe, est davantage touchée par les malheurs, d'autant plus qu'elle est le cadre d'une guerre interminable entre 1337 et 1453, la guerre de Cent Ans.

[modifier] Le temps des crises

A la fin du XIIIe siècle, on assiste en France à un retournement de conjoncture. Il n'y a plus de terres à défricher. La production agricole stagne alors que la population continue à augmenter. L'épuisement de mines d'or et d'argent freine le développement de la monnaie et par là même des échanges commerciaux. Du début du XIVe siècle à la fin du XVe, l'Europe entière connaît un petit âge glaciaire, les hivers sont plus longs et plus froids, les étés plus frais et plus humides font pourrir les récoltes sur pied. Les crises économiques qui en résultent entraînent des troubles politiques et sociaux accentués par la faiblesse de certains rois pendant la guerre de Cent Ans.

Dans les années 1315-1317, le mauvais temps entraîne des récoltes insuffisantes. Le prix des céréales augmente entraînant la famine avec une surmortalité des plus pauvres. Les famines persistent jusqu'à la fin du XVe siècle. La situation des paysans est catastrophique : soit ils mangent la part de grains réservée aux semailles et la famine s'accentue l'année suivante, soit ils préservent les grains à semer et, dès la fin de l'hiver, la mortalité augmente, faute de nourriture suffisante. Les textes de l'époque font aussi état de loups entrant dans les villes pour se nourrir, car privés de gibiers par la rigueur des hivers.

Des victimes de la peste bénies par un prêtre
Des victimes de la peste bénies par un prêtre

À partir de 1348, la peste qui avait déjà ravagé la France dans l'Antiquité et le haut Moyen Âge, fait un retour en force provoquant la mort de presque un tiers de la population française. En 1361-1363, et en 1418-1419, une forme de peste fait des ravages parmi les enfants. Les révoltes se multiplient principalement à Paris : révolte d'Etienne Marcel, révolte des Cabochiens. Dans les campagnes les jacqueries sont nombreuses.

Les différentes crises ont eu aussi des aspects positifs. Les paysans et les artisans qui survivent aux famines et à la peste voient leur condition de vie s'améliorer du fait de la hausse des salaires causée par la raréfaction de la main-d’œuvre. La noblesse décimée lors des grandes batailles de la guerre de Cent Ans se renouvelle. Les bourgeois achètent des seigneuries.

[modifier] La guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans oppose la France et l'Angleterre de 1337 à 1453. Elle n'est pas continue. Elle compte 55 années de trêve pour 61 années de combats. Elle ne touche pas tout le royaume mais là où elle a lieu, elle apporte la désolation et la mort : pillages, épidémies et désertification accompagnent les bandes de mercenaires qui, en l'absence d'intendance et de solde régulière, se payent en mettant à sac les régions où ils stationnent, même celles du prince qui les emploie. Pendant cet interminable conflit, le territoire français est le champ de combats épisodiques mais acharnés entre rois de France et rois d'Angleterre. Les Anglais bénéficient de la supériorité tactique de leur armée (et particulièrement de leurs archers). Ils infligent à la chevalerie française pourtant très supérieure en nombre, deux cuisantes défaites à Crécy en 1346 et Poitiers, bataille durant laquelle le roi de France, Jean II le Bon est fait prisonnier. Le dauphin Charles est contraint de signer le traité de Brétigny en 1360 qui concède aux Anglais un bon tiers du royaume de France, prévoit le paiement d'une énorme rançon de 3 millions d'écus d'or pour la libération de Jean II le Bon (équivalent à la totalité des recettes du roi pendant deux ans). Celui-ci meurt à Londres en 1364 sans que la rançon ait été complétement versée.

Son fils, Charles V est un bon tacticien : la paix obtenue permet de lui redonner les capacités de reconquérir les territoires cédés. Charles V sait éviter les grandes batailles rangées et confie à de grands capitaines tel Du Guesclin la reconquête du territoire en reprenant une à une les places fortes de l'ennemi par une stratégie de sièges successifs. En 1377 les Anglais ne contrôlent plus que la Guyenne, Bayonne, Calais et Cherbourg.

La France en 1435
La France en 1435

Le redressement est provisoire. La folie de Charles VI plonge le pays dans la guerre civile entre Philippe Le Hardi duc de Bourgogne, oncle du roi, et Louis d'Orléans, frère du roi. Ce dernier prend le contrôle de l'état et s'allie avec des seigneurs du Sud Ouest hostiles au roi d'Angleterre. L'accent de ces méridoniaux va donner le nom des partisans du duc d'Orléans: les Armagnacs. Le duc de Bourgogne a lui intérêt à ménager les Anglais qui commercent avec son comté de Flandre. Profitant de la confusion, ils lancent une chevauchée dévastatrice à travers la France. Après avoir évité Paris ils traversent la Picardie en direction de Calais. Ils sont rejoints à Azincourt en 1415 par la fine fleur de la chevalerie française. Les Français subissent de nouveau une défaite meurtrière face à une armée anglaise épuisée et moins nombreuse: le parti des Armagnacs est décapité. Le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, en profite pour s'emparer de la Champagne puis de Paris. Son fils, Philippe le Bon, pousse Charles VI à signer le 21 mai 1420 le traité de Troyes qui stipule :

  • Charles VI doit déshériter son fils le dauphin Charles. Celui-ci est jugé inapte à régner dans là mesure où il a fait tuer le duc de Bourgogne Jean sans peur, le 10 septembre 1419[réf. nécessaire].
  • Le roi Henri V d'Angleterre devient immédiatement régent du royaume de France et doit épouser Catherine de France, fille du roi fou.
  • À la mort de Charles VI, le royaume de France doit revenir au fils d'Henri V et de Catherine .

Lorsque Charles VI meurt en 1422, la France est divisée en trois : le nord et l'ouest sont sous le contrôle du frère d'Henri V, Jean de Lancastre duc de Bedford, en tant que régent du jeune roi anglais, futur Henri VI ; le nord-est où le duc de Bourgogne est quasi-indépendant ; le sud de la Loire où le dauphin, prend le titre de Charles VII mais est surnommé le « roi de Bourges » par la propagande anglaise qui met en doute sa légitimité (dans la mesure où le château de Bourges est la demeure favorite de Charles).

Mais la clé du conflit est celle du choix de la nationalité. Les Anglais par leur stratégie de pillage (les fameuses chevauchées) se sont fait haïr par le peuple et ne sont soutenus que par les artisans et les universitaires des grandes villes. Le rôle de Jeanne d'Arc est plus politique et psychologique que militaire : elle catalyse cette volonté "de bouter les Anglais hors de France". Elle participe au siège d'Orléans et après la bataille de Patay insiste pour que le sacre de Charles VII ait lieu à Reims (ce qui est extrêmement symbolique et interprété à l'époque comme un nouveau signe de volonté divine car la ville est en plein territoire bourguignon). Elle permet de justifier la naissance légitime du roi, faisant oublier les rumeurs prétendant qu’il était le fils illégitime du duc d'Orléans et permet son sacre. La voie est alors libre pour la reconquête du territoire français. Le rôle militaire propre de Jeanne d'Arc est faible : durant l'hiver 1429, elle s'empare du village de Saint-Pierre-le-Moûtier, échoue devant la bourgade de La Charité-sur-Loire avant d'être fait prisonnière devant Compiègne (24 mai 1430). La fin du conflit est proche : Charles VII fait la paix avec les Bourguignons en 1435 (traité d'Arras) et privés de leur puissant allié et sans soutien sur le terrain, les Anglais sont chassés de France en 1453 après la bataille de Castillon.

La France à la fin du XVe siècle██ Domaine royal██ Possessions de Charles le Téméraire
La France à la fin du XVe siècle██ Domaine royal██ Possessions de Charles le Téméraire

Les rois de France regagnent prestige et autorité. Ils ont toujours affaire à forte partie, en particulier avec les ducs de Bourgogne, les Grands Ducs d'Occident Philippe le Bon et Charles le Téméraire, qui sont les principaux rivaux de Charles VII et de son fils Louis XI. À leurs possessions bourguignonnes, ils ont joint les Pays-Bas, et se posent parmi les plus puissants souverains d'Europe. À la mort du Téméraire, ses possessions qui provenaient de la famille capétienne sont reprises par Louis XI mais les Pays-Bas reviennent à sa fille unique, Marie de Bourgogne qui les apporte à son époux Maximilien d'Autriche : le partage devient une source de conflit entre les maisons de France et d'Autriche.

Le Moyen Âge s'achève sur la disparition des grandes principautés qu'étaient le duché de Bourgogne (1482) et le duché de Bretagne (vaincu en 1488 puis uni au Royaume en 1532).

[modifier] L’Époque moderne

[modifier] Évolutions et bouleversements du XVIe siècle

[modifier] L’affirmation de la puissance royale

De la fin du XVe siècle à la fin de la première moitié du XVIe siècle, la politique extérieure française est largement dominée par les guerres d'Italie. Les Valois veulent faire valoir les droits hérités de leurs ancêtres sur le royaume de Naples, et le duché de Milan. En 60 ans, ils conquièrent et perdent quatre fois Naples, six fois le duché de Milan. Finalement, ils abandonnent toute ambition en Italie[19]. On peut se poser la question de l'utilité de telles expéditions, sans cesse recommencées et se terminant à chaque fois par des échecs. Il existe plusieurs facteurs explicatifs : l'attrait des richesses et de la culture des prestigieuses villes italiennes, la volonté d'avoir le contrôle de passages qui permettent de menacer les intérêts de Habsbourg par la Sud. Au XVI, les stratégies militaires se nouent, entre autres, autour de l'idée de frontière offensive. Il s'agit d'occuper des points d'appui pour en priver l'adversaire, plus que d'agrandir le territoire du royaume.

François Ier peint par Clouet
François Ier peint par Clouet

En 1519, Charles Quint, roi d'Espagne depuis 1516, hérite des possessions des Habsbourg (Empire d'Autriche, Pays-bas, Franche-Comté). La France est l'obstacle à abattre pour unifier territorialement ses possessions. Il dispose aussi des inépuisables réserves d'or et d'argent des colonies espagnoles d'Amérique. François Ier se présente en vain à l'élection du Saint Empire romain germanique pour limiter l'influence du Habsbourg. Il échoue aussi à s'assurer l'alliance d'Henri VIII d'Angleterre. À partir de 1521, la France entame une guerre longue et difficile. Celle-ci commence par le désastre de Pavie en février 1525. François Ier, imprégné des valeurs chevaleresques refuse de reculer et est fait prisonnier. Il est contraint de signer le traité de Madrid en 1526, qui ampute la France d'un tiers de son territoire mais reprend la guerre aussitôt libéré. En 1529, il doit abandonner la suzeraineté de la Flandre et de l'Artois, deux possessions de Charles Quint. Ce dernier renonce à revendiquer la Bourgogne[20].

Bien que combattant la Réforme dans le royaume, François Ier s'allie aux princes protestants allemands et même au sultan de l'Empire Ottoman, Soliman le Magnifique pour desserrer l'étau habsbourgeois. Henri II continue la lutte. Il reprend le Boulonnais et le Calaisis aux Anglais. En échange de son soutien aux princes réformés allemands en guerre contre l'empereur Charles Quint, il obtient le droit d'occuper Calais, Metz, Toul et Verdun. En 1559, le traité du Cateau-Cambrésis signe enfin la paix entre la France et l'Espagne. Sous le règne d'Henri IV, la Bresse, le Bugey, le pays de Gex intègrent le domaine royal. Dans un premier temps, il refuse d'unir à la couronne ses fiefs personnels sous prétexte de préserver les intérêts de sa sœur. Le parlement de Paris refuse, en 1590, d'enregistrer les lettres séparant les biens patrimoniaux de la famille de Navarre et le domaine royal. Après la mort de sa sœur, Henri IV accepte l'intégration de ses fiefs au domaine royal. C'est aussi au XVIe siècle, que se forge la théorie de l'inaliénabilité de domaine royal. Le roi ne peut plus donner en apanage des fiefs à ses fils cadets.

La Renaissance italienne gagne la France depuis, notamment par le biais des Guerres d'Italie. François Ier amène Léonard de Vinci à sa cour. C'est l'époque de la construction des châteaux de la Loire : Blois, Chambord, Chenonceau, qui sont autant de lieu où triomphe la vie de cour. La sculpture, la peinture et l'architecture françaises se transforment sous l'influence du modèle italien donnant naissance à la Renaissance française dont la forme la plus aboutie est l'école de Fontainebleau. François Ier est le premier roi de France à avoir compris que le rayonnement artistique d'un pays est un élément de gloire et de puissance. Comprenant l'importance des possessions coloniales, François Ier finance des expéditions lointaines. En 1534, le Breton Jacques Cartier découvre le Québec.

Au XVIe siècle, la guerre s'est considérablement transformée. L'artillerie dont le rôle est déterminant dans les batailles navales et dans les sièges commence à être utilisée pour les combats en rase campagne. La France, pour maintenir sa puissance dans le jeu européen, doit non seulement entretenir une armée permanente (les compagnies d'ordonnance créées par Charles VII), mais aussi posséder une solide artillerie et construire des forteresses capables de résister aux nouvelles techniques de guerre. Tout ceci coûte fort cher. La taille est multipliée par quatre au cours du siècle ; elle passe de 5 à 20 millions de livres[21]. Mais les ressources fiscales sont insuffisantes pour financer les dépenses. Les rois de France ont recours à l'emprunt, - la dette double entre 1522 et 1550 -, à la banqueroute en 1558 et 1567 qui permet d'annuler certaines dettes mais surtout d'en rééchelonner le paiement et à la vénalité des offices. Un office est une fonction publique dont le titulaire est inamovible depuis 1467 et qu'il achète. Si la vénalité existait déjà au XVe siècle, Louis XII et François Ier l'ont systématiquement développée. Avec elle s'instaure peu à peu l'hérédité officialisée avec la création de la paulette en 1604, une taxe annuelle 1/60e de la valeur d'achat de l'office. Si les avantages sont évidents, procurer aux rois des rentrées d'argent rapides, les inconvénients le sont aussi.

[modifier] Les guerres de religion

Le Massacre de la Saint-Barthélemy, d'après François Dubois
Le Massacre de la Saint-Barthélemy, d'après François Dubois

Les règnes des trois fils d'Henri II, François II (1559-1560), Charles IX (1560-1574) et Henri III (1574-1589) sont marqués par les Guerres de religion entre protestants et catholiques. La Réforme s'est progressivement répandue en France à partir de 1520, au point qu'en 1562, date du début des huit guerres de religion, un dixième de la population était devenue protestante[22]. La guerre civile est une grande menace pour l'unité territoriale. Les protestants et les ligueurs font des promesses aux souverains étrangers pour obtenir leur aide. Par exemple, les réformés promettent à Elisabeth Ière d'Angleterre de lui restituer le Calaisis en échange de son intervention. De plus les troubles permettent à chacun des partis en présence de s'arroger des parcelles du pouvoir régalien. Les princes catholiques sont tout puissants dans les régions dont ils ont obtenu le gouvernement comme les Guise en Bourgogne, les Montmorency en Languedoc. L'édit de Beaulieu de 1576 permet aux protestants de célébrer leur culte publiquement partout sauf à Paris. Ils peuvent occuper huit places fortes et bénéficient de chambres mi-partie dans les parlements. Ils constituent alors un véritable État huguenot dans l'État. L'édit de Nantes de 1598 ne revient qu'en partie sur ces privilèges.

À la mort d'Henri III, assassiné par un moine fanatique, et faute d'héritier, le trône passe à une branche cadette, les Bourbons, en la personne d'Henri IV, auparavant roi de Navarre. Mais celui-ci étant protestant, il n'est pas reconnu par les ultra-catholiques de la Ligue. Il lui faut reconquérir son royaume et se convertir au catholicisme, ce qu'il fait en 1593. Une fois son pouvoir consolidé, Henri IV met un terme aux Guerres de religion en promulguant l'édit de Nantes de 1598. Aidé de son ministre Sully, Henri IV tâche de remettre sur pied le royaume durement éprouvé par les guerres de religion. Lorsque Henri IV est assassiné par Ravaillac, un catholique fanatique en 1610, il lègue à son fils Louis XIII un royaume considérablement renforcé.

[modifier] L'âge classique : XVIIe et XVIIIe siècles

[modifier] Le grand siècle

Icône de détail Article détaillé : Histoire de France au XVIIe siècle.

Aux XVIe siècle et XVIIe siècle, la théorie de la monarchie absolue prend de l'ampleur. Elle a comme principal relais dans les provinces les officiers de justice qui cherchent à réduire les droits de justice seigneuriale. La justice est en effet un puissant moyen d'unification du pays. Tous les cas peuvent aller en appel auprès du conseil du roi par le moyen des évocations. La coutume de Paris a tendance à s'imposer comme droit commun coutumier.

Territoire sous règne français et conquêtes de 1552 à 1798.
Territoire sous règne français et conquêtes de 1552 à 1798.

Louis XIII (1601-1643) a neuf ans quand son père Henri IV est assassiné en 1610. Sa mère Marie de Médicis assure la régence avec ses favoris et néglige l'éducation du jeune roi. Louis XIII l'écarte du pouvoir en 1617 en faisant assassiner son favori Concini. À partir de 1624, il règne en étroite collaboration avec son principal ministre, le cardinal de Richelieu qu'il soutient contre les intrigues des nobles, furieux d'être écartés du pouvoir. Sous son règne, l'Auvergne et quelques places lorraines rejoignent le domaine royal. Il mène une politique de domestication des grands seigneurs du royaume (affaire du comte de Chalais en 1626), de durcissement envers les protestants à qui il parvient à retirer les places-fortes que l'édit de Nantes leur octroyait. Il installe des intendants de justice police et finance dans les provinces. Contrairement aux officiers ceux-ci sont des commissaires révocables. Ils sont indispensables dans les régions frontières ou occupées par les Français. Ils y assurent l'ordre en luttant contre les pillages des soldats français et en s'assurant de la fidélité des sujets, particulièrement des nobles et des villes. Le roi accentue la centralisation en favorisant l'atelier de frappe monétaire de Paris aux dépens de ceux de provinces. L'augmentation considérable de la pression fiscale, nécessitée par la guerre, provoque de nombreux soulèvements populaires : en 1636-1637 celui des Croquants de Saintonge-Périgord, en 1639 celui des Nu-Pieds de Normandie, sévèrement réprimés. En effet, dès 1635, Louis XIII et le cardinal de Richelieu s'engagent dans la guerre de Trente Ans auprès des princes allemands protestants pour réduire la puissance de la dynastie des Habsbourg, d'Espagne, la première puissance européenne à cette époque et de ceux d'Autriche qui sont à la tête du Saint Empire romain germanique. Pour affaiblir les Habsbourg, les Français occupent des places fortes et s'assurent des passages qui les relient à leurs alliés, en Alsace, en Lorraine et dans le Piémont.

Louis XIV a quatre ans et demi quand son père meurt en 1643. Sa mère Anne d'Autriche assure la régence avec le cardinal Mazarin. Jusqu'en 1661, date de sa mort, c'est ce dernier qui gouverne effectivement, même après la majorité de Louis XIV. Il poursuit l'effort de guerre entamé par Richelieu. Les troupes françaises remportent des victoires décisives qui permettent de mettre fin à la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le traité de Münster d'octobre 1648 accorde à la France presque toute l'Alsace, confirme la possession des trois évêchés et donne trois forteresses à la France sur la rive droite du Rhin, Landau, Philippsbourg et Brisach. Mazarin poursuit ainsi la politique de passage vers le Saint Empire romain germanique entreprise par le cardinal de Richelieu. Le conflit se poursuit cependant avec l'Espagne jusqu'en 1659. Avec la paix de Pyrénées, le domaine royal s'agrandit du Roussillon, de l'Artois et de certaines places du Hainaut comme Thionville et Montmédy. Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche. Pour la première fois, dans un traité signé par la France, la frontière entre la France et l'Espagne est définie par la nature : "les crêtes des montagnes qui forment les versants des eaux"[23].

Louis XIV en manteau de sacre par Rigaud.
Louis XIV en manteau de sacre par Rigaud.

À la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV déclare qu’il gouvernera désormais seul, c’est-à-dire sans premier ministre. Il réclame de ses secrétaires d'État une stricte obéissance et leur interdit de décider sans lui. Pour être sûr d'être obéi de ses ministres, il les choisit parmi la bourgeoisie comme Colbert ou Le Tellier. Le règne de Louis XIV marque une centralisation extrême du pouvoir royal. Les grandes décisions sont prises par le conseil d'en haut qui se réunit deux ou trois fois par semaine et où ne siègent que 3 à 5 ministres. Les intendants sont plus que jamais la voix du roi dans les provinces. Dès le début de son règne personnel (1661-1715), Louis XIV amorce le redressement de l'autorité royale. Les gouverneurs des provinces, issus de la haute noblesse n'ont plus d'armée à leur disposition et doivent résider à la cour, ce qui rend plus difficile le clientélisme. En 1665, Louis XIV interdit aux parlements de délibérer sur les édits et leur ordonne de les enregistrer sans vote. Les états provinciaux de Normandie, Périgord, Auvergne, Rouergue, Guyenne et Dauphiné disparaissent. Avec Colbert, il entreprend de réformer la justice et fait rédiger toute une série d’ordonnances ou codes applicables dans tout le royaume. N'étant pas sûr de la fidélité des officiers propriétaires de charges héréditaires, il confie leurs fonctions à des commissaires révocables. Ce procédé finit par contraindre les officiers à l'obéissance. La noblesse perd tout pouvoir politique. Elle est domestiquée à Versailles où son plus grand souci est de se faire remarquer du roi. Pour cela, elle doit faire des dépenses excessives et en est réduite à quémander des pensions au roi pour assurer son train de vie fastueux.

Louis XIV pense que la guerre est la vocation naturelle d'un roi. Mais au début de son règne, l'armée est encore une entreprise privée monopolisée par la noblesse. Sous l'égide de Le Tellier puis de son fils Louvois, les officiers sont contrôlés par des administrateurs civils qui appliquent des réglementations strictes, les dépouillant d'une grande partie de leur pouvoir. Les efforts faits pour moderniser et discipliner l'armée permettent à Louis XIV de remporter d'éclatantes victoires dans la première partie de son règne personnel. La guerre de Dévolution (1667-1668) lui permet de conquérir de nouvelles places fortes au nord de la France parmi lesquelles Dunkerque, Lille et Douai. Le traité de Nimègue de 1678 mettent fin à la guerre de Hollande. Des échanges de places fortes permettent de régulariser la frontière au nord. En 1680-1681, Louis XIV, fort de sa domination sans partage sur l'Europe procède à la politique des « réunions ». Le but est de relier le chapelet de places fortes élaborées par Vauban. En pleine paix il annexe entre autres Nancy et Strasbourg. Cette violation du droit international indigne les États d'Europe. Louis XIV s'aliène les États protestants en révoquant l'édit de Nantes en 1685.

Ses rapports avec l'Angleterre se tendent. En effet la France commence à peupler le Québec, entre 1635 et 1654 la Guadeloupe est conquise par Léonard de l’Olive et Duplessis d’Ossonville, en 1682 Cavelier de la Salle découvre ce qu’il appelle la Louisiane, les Français fondent des comptoirs commerciaux en Inde, ce qui concurrence les projets britanniques. Les 25 septembre 1688 Louis XIV lance un ultimatum exigeant que la trêve qui lui accordait l'occupation des "réunions" pour 20 ans soit transformée en traité définitif. Il fait occuper et dévaster le Palatinat dont il revendique la succession. Ceci entraîne la guerre de la ligue d'Augsbourg dirigée par Guillaume d'Orange, Stathouder de Hollande, devenu roi d'Angleterre avec sa femme Marie II. La guerre est indécise et coûte très cher alors que la France connaît une période de disette en 1693. Louis XIV accepte de négocier, il rend les "réunions" mais conserve Strasbourg par le traité de paix de Ryswick de 1697.

La guerre de succession d'Espagne, menée par une coalition européenne pour empêcher le comte d'Anjou second fils du dauphin de devenir roi d'Espagne commence en 1703. La France après quelques victoires connaît de nombreux revers. La paix est signée à Utrecht en 1714. Le vieux roi qui meurt en 1715, voit son fils et son petit-fils mourir avant lui. Son héritier est donc son arrière-petit-fils né en 1710.

[modifier] Le siècle des Lumières

Louis XV
Louis XV

Louis XV règne de 1715 à 1774. N'ayant que 5 ans à la mort de son arrière-grand-père, Louis XIV, le pouvoir est confié à un conseil de régence dirigé par le duc d'Orléans. Celui-ci a pris de soin de faire casser le testament du roi défunt, qui limitait son pouvoir, par le parlement de Paris en échange d'un retour au droit de remontrance. Un des pouvoirs autonomes muselés par Louis XIV retrouve ainsi un pouvoir de contestation de la monarchie dont il se servira tout au long du XVIIIe siècle. L'époque est au relâchement des mœurs, au boom économique, à la spéculation. Le goût pour les produits exotiques favorise le développement des ports de l'Atlantique. Les marchands de produits coloniaux, la monarchie et les trafiquants d’esclaves font d’éclatantes fortunes et les colons importent des produits manufacturés de France. Le port de Nantes se développe et les négriers se font construire à Nantes, à Bordeaux et à La Rochelle d’imposants bâtiments. La Nouvelle-Orléans est fondée en 1718.

Quand le régent meurt en 1723, Louis XV règne personnellement. Jusqu'en 1743, il s'appuie sur un premier ministre Fleury, son ancien précepteur en qui il a toute confiance. Sous son règne, la France s'agrandit. En 1735, la Lorraine, principauté souveraine, plusieurs fois occupée par la France, est donnée à Stanislas Leszczynski, roi malheureux, chassé du trône de Pologne par les Russes et les Autrichiens, et beau-père de Louis XV. À sa mort en 1766, elle entre dans le domaine royal. La Corse est cédée par la République de Gênes en 1768. Auparavant en 1762, la région des Dombes avait, elle aussi, rejoint le domaine. Pendant son règne, Louis XV refuse plusieurs fois les propositions qui lui sont faites d'annexer les Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle) en échange de son alliance ou de sa neutralité, sans que les historiens en comprennent bien la raison[24]. En perdant la guerre de Sept Ans (1756-1763), la France perd son importance politique outre-mer, notamment en Amérique (perte du Canada) et en Inde (où elle ne conserve que Yanaon, Chandernagor, Karikal, Mahé et Pondichéry) en cédant ses territoires à la rivale Grande-Bretagne par le traité de Paris de 1763.

Le règne de Louis XV est très brillant sur le plan culturel, avec l'apparition des philosophes des Lumières tels Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et d'Alembert. Le plus grand problème de l'État est alors le déficit budgétaire chronique qui conduit à rendre le roi dépendant des financiers et des manieurs d'argent. Autre source de paralysie des systèmes de gouvernement, l'opposition des parlements, se posant en défenseur des lois du royaume et en contre-pouvoir. S'opposant à toute tentative de réformes du royaume, elle contribue à la crise de la monarchie absolue sous le règne de Louis XVI.

Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, est entreprise une politique de simplification et de régularisation des frontières. Il s'agit de procéder à des échanges de places avancées avec les États voisins pour éviter les enclaves aussi bien françaises en dehors des frontières qu'étrangères à l'intérieur du territoire. En 1789, il n'existe plus que trois enclaves étrangères en territoire français, Avignon et le Comtat qui appartiennent au pape, la principauté de Montbéliard et la République de Mulhouse[25]. C'est d'ailleurs au XVIIIe siècle que se forge la théorie des frontières naturelles. Un mémoire adressé au roi précise : « La France effectivement doit se tenir bornée par le Rhin et ne songer jamais à faire aucune conquête en Allemagne. Si elle se faisait une loi de ne point passer cette barrière et les autres que la naturel lui a prescrites du côte de l'occident et du midi : mer céane, Pyrénées, mer Méditerranée, Alpes, Meuse et Rhin, elle deviendrait alors l'arbitre de l'Europe et serait en état de maintenir la paix au lieu de la troubler. »[26] Le refus de Louis XV d'annexer les Pays-Bas autrichiens montre que cette idée n'est pas, à ce moment, la doctrine officielle de l'État.

Louis XVI en costume de sacre
Louis XVI en costume de sacre

Le petit-fils de Louis XV, Louis XVI arrive au pouvoir en 1774. Il est gauche et timide. Il vit dans une cour traversée par les intrigues et les coteries. Son règne est marqué par une politique velléitaire. Face aux pressions de la cour, des parlements, de la noblesse, il est incapable de prendre les mesures nécessaires pour combler une dette publique et un déficit budgétaire démesurés. L'aide apportée aux insurgés américains aggrave encore le déficit. Plusieurs autres facteurs expliquent les difficultés de la monarchie absolue. Malgré les tentatives de centralisation administrative, le pays est loin d'être unifié. Il existe des douanes intérieures entre les provinces, il n'y a pas d'unité des poids et mesures. Tout ceci entrave le développement économique de la France à un moment où l'Angleterre est en plein décollage industriel. Les impôts ne sont pas perçus de la même manière dans tout le pays, même si les intendants en supervisent la répartition et la levée. Malgré les efforts entrepris depuis François Ier avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts, les lois ne sont pas les mêmes dans tout le royaume. Le nord est encore soumis au droit coutumier, à peu près 300 coutumes, alors que le sud est régi par un droit écrit, inspiré du droit romain.

L'Ancien Régime avait l'habitude de ne rien supprimer mais de superposer. De ce fait dans les années 1780, il existe un enchevêtrement de circonscriptions de tailles et de fonctions différentes, diocèses de l'Antiquité, baillages et sénéchaussées du Moyen Âge, généralités du XVIe siècle. Par exemple : "Un habitant de Saint Mesnin résidait dans le baillage de Semur, payait ses impositions à la recette de Semur, avait affaire au subdélégué de Vitteaux et à l'évêque de Dijon. si quelque affaire des eaux et forêts le retenait, c'était à la maîtrise d'Avallon qu'il devait se rendre; s'il avait besoin de la justice consulaire, c'est à Saulieu que son voyage le menait".[27]

Cette confusion s'explique par la manière dont le domaine royal s'est formé. À chaque acquisition, les rois promettaient de respecter les privilèges et les coutumes des provinces et des villes. À l'aube de la Révolution les particularismes régionaux restent très vifs.

[modifier] La période révolutionnaire

La période révolutionnaire commence vers 1787. À cette époque la monarchie absolue est incapable de conduire les réformes, notamment fiscales, indispensables à la modernisation de la France face à la contestation des groupes privilégiés, parlements et noblesse en tête. D'autre part, les idées nouvelles portées par les philosophes des Lumières et les économistes anglais ont pénétré les couches aisées de la population qui réclament une monarchie parlementaire, la rationalisation des institutions et la libéralisation d'un système économique archaïque. La réaction nobiliaire et la crise économique jouent un rôle non négligeable dans l'ébranlement populaire. La période révolutionnaire se termine en 1814-1815, quand l'empereur Napoléon Ier est envoyé en exil d'abord à l'île d'Elbe et ensuite dans l'île de Sainte-Hélène. Napoléon Bonaparte, en consolidant certains acquis révolutionnaires, en exportant certains de ses aspects aux cours de guerres et des conquêtes qui marquent son règne, en mettant fin à la guerre civile entre les Français, est considéré, aux yeux de ses contemporains, comme le continuateur de la Révolution. Traditionnellement les historiens distinguent deux temps majeurs pendant la période révolutionnaire : la Révolution française de 1789 à 1799 et la période napoléonienne (Consulat et Premier Empire) de 1799 à 1815.

[modifier] La Révolution française (1789-1799)

[modifier] La naissance d’une France nouvelle

1789 est une année riche en événements. Incapable d'établir un impôt universel, Louis XVI a convoqué les États généraux pour le 1er mai 1789 à Versailles. Les députés du tiers état parviennent en deux mois et sans violence à mettre fin à la monarchie absolue avec l’aide d'une partie du clergé et de la noblesse. Le 14 juillet 1789, les parisiens exaspérés par la crise économique et l'arrivée de troupes autour de Paris prennent d'assaut la Bastille. Cet événement est à l'origine de deux symboles de la République, la fête nationale et le drapeau tricolore. En effet le 17 juillet le roi, venu à Paris entériner les nouvelles institutions parisiennes nées de la prise de la Bastille, accepte de porter la cocarde tricolore, le blanc, la couleur royale, entouré des deux couleurs de Paris, le bleu et le rouge. À la fin du mois de juillet 1789, les campagnes sont agitées par la Grande Peur, une révolte contre les droits féodaux. Pour mettre fin à l'agitation les députés votent dans la nuit du 4 août 1789, l'abolition des privilèges et des droits féodaux. Même si ces derniers sont déclarés rachetables lors de la rédaction des décrets, entre le 5 et le 11 août, cette date marque la fin de l'Ancien Régime et le début d'une nouvelle société. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen votée le 26 août 1789 en est l'acte de baptême. Ce texte reconnaît l'égalité des citoyens devant la loi, consacre la souveraineté nationale et légitime le droit à la résistance à l'oppression. Avec le retour forcé du roi à Paris, les 5 et 6 octobre 1789, la Révolution semble avoir atteint ses buts : faire naître une monarchie parlementaire en rabaissant le prestige du roi.

L'abolition des privilèges et de la féodalité pousse les Constituants, pétris de rationalisme et des idées de Lumières à réorganiser la France pour lui donner l'unité qui lui faisait défaut. L'assemblée décide de supprimer l'enchevêtrement des anciennes circonscriptions administratives et décide le 15 janvier 1790 de créer une circonscription administrative unique pour la justice, l’administration, la religion, la collecte des impôts, gérant la chose publique de manière très décentralisée. Il s'agit des départements, 83 en tout, divisés eux-mêmes en districts, en cantons et en communes. La suppression des douanes intérieures, des corporations et de leurs privilèges pointilleux, la décision de créer de nouvelles unités de poids et mesures basées sur le système décimal et valables dans toute la France, la rédaction de codes unifiant le droit à l'échelle nationale, l'égalité en droit pour les protestants et les juifs sont autant d'initiatives propres à consolider l'unité nationale à mettre au crédit des Constituants. L'affaire des princes possessionnés d'Alsace et de l'annexion d'Avignon et du Comtat Venaissin en 1790 permet aux révolutionnaires de poser un nouveau principe du droit international, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Par contre, la réorganisation du clergé catholique sans l'autorisation de la papauté suscite une profonde division dans le royaume. La constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790 transforme les évêques et les curés en fonctionnaires élus et devant prêter serment de fidélité à la Nation. Cette loi est condamnée par le pape, ainsi que la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. La France est alors divisée en deux : le monde rural soutient plutôt les prêtres réfractaires, ceux qui refusent de prêter serment pour obéir au pape, les gens des villes plutôt les jureurs, ceux qui acceptent le serment à la Nation. L'hostilité du roi et d'une immense majorité de la noblesse aux changements est un autre élément fondamental de division. De nombreux nobles émigrent formant à la frontière allemande une armée d'émigrés prête à intervenir. Louis XVI louvoie, espère la guerre et une défaite française pour retrouver son pouvoir absolu. Celle-ci est déclarée le 20 avril 1792 par la toute nouvelle assemblée législative issue de la Constitution de 1791, la première jamais votée en France. Les défaites des premiers combats et l'invasion du territoire national ont pour conséquence la chute de la monarchie, le 10 août 1792 et la proclamation de la République, le 22 septembre 1792. Deux jours avant le 20 septembre 1792, une armée composée de jeunes volontaires patriotes avait arrêté l'avance prussienne à Valmy. Si la victoire militaire est minime, son impact symbolique est très fort.

[modifier] Crises et succès de la République

L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793.
L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793.

À l'automne les armées de la Révolution occupent les Pays-Bas autrichiens, la rive gauche du Rhin, la Savoie et Mulhouse. Danton fait sienne la théorie des frontières naturelles et encourage les guerres de conquête bien loin de l'idéal révolutionnaire de libération des peuples opprimés. À Paris, la nouvelle assemblée élue au suffrage universel pour voter une nouvelle constitution, la Convention, est occupée par le procès du roi à partir de décembre 1792. Son exécution le 21 janvier 1793 soulève l'indignation de l'Europe monarchiste et entraîne la formation de la première coalition en février. La jeune république est vite assaillie de toutes parts par les coalisés qui franchissent les frontières aux printemps 1793. À partir de mars 1793, l'ouest de la France est la proie d'une insurrection catholique et royaliste, appelée guerre de Vendée. Les Girondins, l'aile droite de la Convention, qui dirigent le pays depuis la proclamation de la République, veulent respecter les institutions en place et veulent réduire Paris où l'agitation et la pressions des sans-culottes sont permanentes, à 1/83e de la France. Ils tiennent à maintenir des institutions décentralisées face à l'aile gauche de la Convention qui réclame des mesures d'exception face aux difficultés.

Robespierre, l'âme de la Terreur
Robespierre, l'âme de la Terreur

Sous la pression des sans-culottes les Girondins sont chassés de la Convention par les journées révolutionnaires des 31 mai et 2 juin 1793. Les Montagnards qui forment la partie la plus radicale de l'assemblée arrivent au pouvoir. Ils n'hésitent pas à satisfaire certaines revendications du peuple parisien pour garder le pouvoir et surtout, sauver la République menacée de chaos face au menées contre-révolutionnaires des royalistes en Vendée et ailleurs, de la révolte des Girondins contre la "dictature parisienne" appelée révolte fédéraliste et l'avancée des coalisés sur le territoire français. Les Montagnards instaurent un gouvernement révolutionnaire, c’est-à-dire un gouvernement extrêmement centralisé dans lequel les décisions sont prises par un organe issu de la Convention, Le Comité de salut public dominé par la forte personnalité de Robespierre. Ces mesures extraordinaires doivent sauver la révolution par la Terreur (envers les ennemis de la République) et la vertu (des patriotes). Le 23 août 1793, la levée en masse est décrétée. C’est le premier exemple dans l'histoire de France d'une conscription obligatoire de tous les jeunes hommes célibataires. C'est aussi la première fois que l'économie nationale est presque entièrement tournée vers l'effort de guerre. Lors des journées des 4 et 5 septembre, les sans-culottes demandent que la Terreur soit mise « à l’ordre du jour ». Cette demande est transmise à la Convention le 5 septembre, mais sans que les députés ne l’instaurent officiellement. Le 10 octobre 1793, le gouvernement est déclaré révolutionnaire jusqu’à la paix avant d’être régi officiellement par le décret du 14 frimaire (4 décembre). Sous la pression du peuple qui souffre de la faim, relayée par les sans-culottes, les députés adoptent des mesures économiques d’urgence : à la loi du 27 juillet 1793 contre l'accaparement qui punit de mort la spéculation, ils ajoutent le 11 septembre le maximum national des grains et des farines et le 29 septembre 1793 une nouvelle loi du maximum général sur les denrées et les salaires[28]. L'ensemble de ces mesures d'exception permet de vaincre les révoltes et de dégager les frontières dès l'automne 1793. Les armées françaises, commandées pour la plupart par des généraux issus du rang, passent de nouveau à l'offensive. Les régions conquises deviennent des départements, celui du Mont-Blanc, des Alpes-Maritimes et du Mont-Terrible (Mulhouse-Bâle).En 1794, la Belgique est reconquise ainsi que la rive gauche du Rhin. Robespierre qui veut renforcer la Terreur, alors que la situation ne le justifie plus est renversé le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et exécuté le lendemain.

Les Conventionnels mettent fin à ce régime d'exception qu'a été la Terreur. Ils rédigent une nouvelle constitution, celle du Directoire, qui partage le pouvoir exécutif entre 5 directeurs et le pouvoir législatif entre deux assemblées. Le suffrage censitaire est rétabli. Mais la constitution ne permet pas de résoudre les conflits entre les différents pouvoirs. Le Directoire fut une période où les multiples élections et les coups d’État se succèdent. L'insécurité est très grande ainsi que la misère populaire. Par contre, sur le plan extérieur, les conquêtes et les annexions sont nombreuses. La Belgique et une partie de la Hollande sont transformées en 9 départements français le 1er octobre 1796.[29]. En 1798, c'est au tour de la rive gauche du Rhin et de Genève d'être organisés en 5 départements. Les frontières naturelles sont largement atteintes. Si on ajoute que les Provinces-Unies, la Suisse et l'Italie sont transformées en républiques sœurs avec des institutions calquées sur celles du Directoire et une politique étrangère inféodée à celle de la France, les frontières naturelles sont même dépassées. Si les républiques soeurs bénéficient des acquis révolutionnaires comme la suppression de la féodalité et l'égalité en droit, elles doivent fournir des réquisitions et des œuvres d'art, ce qui rend vite la présence française impopulaire.

La lassitude des Français induite par les désordres intérieurs permet au général Napoléon Bonaparte d'être favorablement accueilli, quand par le coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799), il met fin au Directoire. Celui-ci est en effet très populaire depuis ses éclatantes victoires lors de la campagne d'Italie (1796-1798). Il bénéficie de plus de puissants appuis politiques. Son frère Lucien Bonaparte est président du conseil des cinq-cents, une des deux assemblées du Directoire. Sieyès fait appel à lui pour renverser le régime et pouvoir ainsi en établir un autre plus stable. Mais dès qu'il est au pouvoir Napoléon Bonaparte le confisque à son profit et établit un régime personnel le Consulat

[modifier] Le Consulat (1799) et le Premier Empire (1804)

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L'installation du conseil d’État

Bonaparte fait rapidement rédiger une constitution, la Constitution de l'An VIII. Napoléon y est désigné comme premier consul donc de fait à la tête de l'exécutif. Il a le pouvoir de nommer aux principales fonctions publiques et il a le pouvoir d'initiative des lois et du budget. Il y a trois consuls en tout mais les deux autres, Cambacérès et Lebrun, n'ont qu'un pouvoir consultatif. Bien que Bonaparte possède une grande partie du pouvoir législatif, il prend soin de créer quatre assemblées mais aucune n'est élue par les citoyens. Leurs membres sont choisis par le premier consul ou par le Sénat, une des quatre chambres. Parmi elles on peut signaler le Conseil d'État qui doit préparer, rédiger les projets de loi et interpréter les lois. Il est à l'origine du conseil d'État actuel. Le suffrage universel est rétabli mais il n'y a plus d'élections. Les Français sont juste consultés pour des plébiscites. Le pouvoir personnel de Napoléon Bonaparte est renforcé par la constitution du 16 thermidor an X (4 août 1802). Il est consul à vie et peut nommer son successeur de son vivant. Les pouvoirs des assemblées, déjà bien minces sont réduits au profit des senatus-consulte acte émanant du Sénat. Les élections sont rétablies mais elles se déroulent à plusieurs degrés et seuls les 600 citoyens les plus imposés peuvent faire partie du collège départemental[30]. De plus, les citoyens ne choisissent pas des représentants, ils proposent des candidats dans ce qui est appelé des "listes de confiance". De plus les libertés publiques sont supprimées, liberté de presse, de réunion, censure dans l'édition et le théâtre.

Napoléon renforce la centralisation administrative. À partir de 1800, il nomme à la tête de chaque département, un préfet et un sous-préfet par arrondissement. Il prend soin aussi de nommer ou faire nommer les maires. Les préfets sont chargés de mettre fin aux divisions nées de la Révolution et de briser tout ce qui reste de particularismes locaux. Les institutions financières et judiciaires sont organisées de la même manière, les juges étant nommés par le premier Consul.

Napoléon Bonaparte rétablit progressivement la stabilité financière. Il crée la Banque de France en 1800, la seule institution à pouvoir émettre de la monnaie. En 1803, le décret de Germinal, crée le franc, dit franc germinal. La pièce d'un franc est d'un poids invariable de 5 g d'argent. Elle gardera la même valeur jusqu'en 1914. La promulgation de code civil de 1804 permet l'achèvement de l'unité du pays. Ce code, en projet depuis 1789, traite de la famille, de la propriété et des contrats. Il mélange les règles de droit écrit et les coutumes des différentes régions dans un texte applicable à tous les Français. La loi du 16 septembre 1807, sous l'Empire donc, crée la Cour des comptes, un corps unique centralisé de contrôle des comptes publics. Le premier consul met aussi fin au brigandage et à l'insécurité dont souffraient beaucoup de départements. En 1804, les Français acceptent par plébiscite que Napoléon Bonaparte devienne empereur héréditaire sous le nom de Napoléon Ier. On sait aujourd'hui qu'il a choisi le titre d'empereur pour ne pas se mettre à dos une partie de la population anti-monarchiste et par référence à l'Antiquité. Ce n'est qu'après la flamboyante victoire d'Austerlitz le 4 décembre 1805, qu'il envisage de créer un Empire continental.

La bataille de la Bérézina en 1812
La bataille de la Bérézina en 1812

Sous la domination de Napoléon Bonaparte, la France est presque sans arrêt en guerre. En 1810, à l'apogée de l’Empire, elle compte 130 départements qui englobent la Hollande, une partie de l'Allemagne jusqu'au Danemark et une partie de l'Italie. Les annexions sont en grande partie dues à la nécessité pour Napoléon de faire respecter le blocus continental qui vise à asphyxier le Royaume-Uni économiquement. De plus, un grand nombre d'États sont inféodés à la France, la Confédération du Rhin, la Confédération helvétique, les royaumes d'Italie, de Naples et d'Espagne. En tout près de la moitié de l'Europe est sous influence française. Mais cette domination est de plus en plus contestée. En effet, la France favorise son économie aux dépens des États vassaux. En 1812, pour contraindre la Russie à respecter le blocus continental qu'elle a rompu, Napoléon Ier l'envahit. Mais il s'avance de manière trop imprudente jusqu'à Moscou et doit effectuer une retraite en subissant les rigueurs de l'hiver et les assauts des troupes et des partisans russes. Il perd 90 % de ses effectifs. Le désastre de la campagne de Russie en 1812-1813 précipite la fin du grand Empire. Une nouvelle coalition se noue contre la France. En octobre 1813, à la suite de la défaite de Leipzig, les Français doivent évacuer l'Allemagne. La Hollande et l'Espagne sont perdues. En 1814, la France est envahie. Napoléon abdique en avril et devient roi de l'île d'Elbe. Le frère du roi, le comte de Provence devient roi sous le nom de Louis XVIII. La France garde ses frontières de 1792, c’est-à-dire la Savoie et le comté de Nice et peut conserver toutes les œuvres confisquées à l'étranger. Mais en 1815, Napoléon Ier s'enfuit de l'île d'Elbe et revient au pouvoir à partir du 20 mars jusqu'au 18 juin 1815, date à laquelle il est définitivement vaincu à Waterloo et envoyé en exil dans l'Atlantique Sud, sur l'île de Sainte-Hélène. La France paie durement les cent jours. Elle doit rendre une grande partie des œuvres pillées et perd les acquisitions de 1792 plus la Sarre. Elle doit en outre payer l'entretien d'une force d'occupation de 150 000 soldats.

[modifier] Le XIXe siècle (1815-1914)

[modifier] La Restauration (1814-1830) et la monarchie de juillet (1830-1848)

Icône de détail Article détaillé : Seconde Restauration.
Louis-Philippe Ier
Louis-Philippe Ier

La restauration est la période allant de la chute du Premier Empire le 6 avril 1814 à la Révolution de 1830. Les Bourbons reviennent au pouvoir. Après la Première Restauration et l'arrivée au pouvoir de Louis XVIII, Napoléon revient de son exil sur l'île d'Elbe. Le roi s'enfuit de Paris pour Gand en Belgique. Après la Bataille de Waterloo, Louis XVIII revient en France, le 28 avril 1814. Le 4 juin 1814, il accorde une charte par laquelle il consent volontairement à limiter son pouvoir. Il affirme par là même la souveraineté de droit divin du monarque. De ce fait, la charte de 1814 accorde un pouvoir important au roi, personnalité "inviolable et sacrée"[31]. L'initiative des lois lui est réservée mais celles-ci sont votées par un Parlement composé de deux chambres : la Chambre des pairs qui sont nommés à vie par le roi et dont le nombre est illimité ; la Chambre des députés qui sont élus pour 5 ans au suffrage censitaire. Les députés parviennent à obliger les ministres à venir justifier leur politique devant eux et à répondre à leurs questions. En 1815, ce sont les députés les plus réactionnaires, les "ultras" qui obtiennent la majorité et paradoxalement ce sont eux qui mettent en pratique la responsabilité politique des ministres devant la chambre, ce que la charte de 1814 ne prévoyait pas.

À la mort, sans héritier de Louis XVIII, son frère Charles X lui succède. Contrairement à son frère, ce dernier n'a pas compris que certains changements étaient irréversibles. Il se fait sacrer à Reims en 1825 dans la pure tradition capétienne et tente de rétablir l'Ancien Régime en favorisant la noblesse et le catholicisme. Il fait voter une loi sur l'indemnisation des nobles qui avaient émigré pendant la Révolution et dont les propriétés avaient été vendues comme biens nationaux. Une autre loi, dite loi sur le sacrilège punit de mort le vol des ciboires contenant des hosties consacrées ou la profanation de ces dernières. Il s'appuie sur les ultras, c'est-à-dire les députés partisans d'un retour à l'Ancien Régime. Mais sa politique réactionnaire se heurte à l'opposition déterminée de la bourgeoisie libérale. En 1830, le ministre Polignac publie quatre ordonnances réactionnaires. Elles prévoient le rétablissement de la censure pour la presse, la dissolution de la chambre, la modification du cens électoral pour réserver le droit de vote aux grands propriétaires fonciers, la fixation de la date des nouvelles élections. La publication de ces ordonnances le 27 juillet 1830 provoque une révolution dite des Trois Glorieuses en juillet 1830.

Dans un Paris couvert de barricades, on crie vive la République ou vive l'empereur. Mais dans les coulisses du pouvoir, des bourgeois modérés comme Adolphe Thiers ou Casimir Périer, parviennent à imposer le duc d'Orléans comme nouveau souverain. La branche aînée de la famille royale, celle des Bourbons, est donc remplacée par la branche cadette, celle des Orléans. La bourgeoisie libérale a su utiliser la révolution populaire pour mettre sur le trône un roi conforme à ses intérêts. La révolution de juillet ne constitue donc pas une rupture avec le régime précédent. Le principal changement est le fait que la souveraineté nationale remplace la souveraineté de droit divin. Ce changement se manifeste dans le titre donné au roi : Louis-Philippe devient roi des Français, c’est-à-dire qu'il détient son pouvoir de la volonté du peuple, alors que ses prédécesseurs portaient le titre de roi de France. La chambre des pairs perd son influence. Le drapeau tricolore remplace définitivement le drapeau blanc.

Sous le règne de Louis-Philippe, La France commence à s'industrialiser. Les grandes dynasties bourgeoises, liées aux banques ou aux grandes entreprises se constituent et affirment leur volonté de dominer la vie politique. Le suffrage censitaire étant très restreint, elles sont les seules, avec l'aristocratie traditionnelle, à pouvoir voter et à avoir des élus à la chambre des députés. Cela se traduit par l'apparition de deux partis politiques, les conservateurs, les représentants de la vieille noblesse, et les libéraux, les représentants du monde des affaires. Mais ces deux groupes s'entendent sur la conservation du régime tel qu'il est, puisqu'il sert leurs intérêts. Le roi se présente comme un bon père de famille bourgeois mais en réalité, c'est un homme autoritaire et un habile manœuvrier. La faiblesse du corps électoral, l'autorité du roi et la révélation d'une grande corruption au sein du gouvernement finissent par discréditer totalement le régime. De plus, à la suite de mauvaises récoltes, le pays connaît une crise économique profonde à partir de 1846. L'opposition républicaine en profite pour s'agiter à nouveau.

La monarchie de juillet correspond aux débuts de l'industrialisation de la France. Le développement des chemins de fer est spectaculaire. Le premier ministre Guizot lance le credo d'une nouvelle société : « enrichissez-vous ! » La loi Guizot de 1833 oblige chaque commune à entretenir une école élémentaire. Cependant la révolution industrielle crée une nouvelle classe sociale, celle des ouvriers en proie à la misère. Les théories socialistes de Louis Blanc et de Proudhon cherchent à remédier aux injustices sociales dont le prolétariat est la victime.

La monarchie de juillet est aussi marquée par un nouvel essor de la colonisation française. Un incident diplomatique mineur, un coup d’éventail donné par le dey d’Alger au consul français en 1827, sert de prétexte à la France pour la conquête de l’Algerie en juillet 1830. La colonisation s'étend progressivement à toute l'Algérie. En 1842 les généraux Binger, Crozat et Marchand se lancent à la conquête de la Côte d’Ivoire, mais doivent faire face à la résistance de Samory.

[modifier] Deuxième République (1848-1852)

Icône de détail Article détaillé : Deuxième République (France).
Victor Schoelcher
Victor Schoelcher

En 1847, l'opposition portée par une vague de mécontentement due à la corruption du régime en place et la crise économique organise dans tout le pays des banquets pour demander l'élargissement du corps électoral. La liberté de réunion n'existant pas, la présence à ces banquets républicains permet aux opposants au régime de se réunir sans enfreindre la loi. Le 22 février 1848, le pouvoir interdit la tenue d'un banquet. Ceci entraîne des manifestations qui se poursuivent le lendemain. C'est alors que la troupe tire sur les manifestants. Quand la nouvelle de cette fusillade est connue, tout le Paris populaire s'embrase. Le roi abdique le lendemain car il ne veut pas être responsable d'un massacre de la foule parisienne. Les insurgés ont retenu la leçon de 1830. Ils exigent que des républicains siègent dans le gouvernement provisoire. Celui-ci proclame la République le soir même. La seconde République commence.

La Deuxième République institue définitivement le suffrage universel masculin en France. Elle abolit l'esclavage sur proposition de Victor Schœlcher. Ceci n'empêche pas l’armée française de commencer la conquête du Sénégal la même année. Sous la pression du peuple et des socialistes des mesures sociales sont prises : proclamation du droit au travail, limitation de la journée de travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province. Des ateliers nationaux sont créés pour donner du travail aux parisiens touchés par la crise économique. Mais aux élections d'avril 1848, les Français élisent majoritairement des modérés hostiles aux mesures novatrices (500 députés) ou des monarchistes (300). Les socialistes qui défendent les mesures sociales ne sont qu'une centaine. Le gouvernement provisoire qui découle de cette assemblée décide de fermer les ateliers nationaux. L'est parisien se révolte à l'annonce de cette décision. Le général Cavaignac est muni des pleins pouvoirs pour mater la rébellion. Il brise la rébellion dans un bain de sang après trois jours de combats du 23 au 25 juin 1848. Ces "journées de juin" discréditent la jeune République. Les ouvriers victimes de la répression s'en désintéressent, les paysans et les possédants ont peur des désordres sociaux et recherchent un régime stable et autoritaire.

Pour décider des nouvelles institutions les constituants s'inspirent des États-Unis dont le modèle a été popularisé par Alexis de Tocqueville dans son livre De la démocratie en Amérique publié en 1835. La constitution du 4 novembre 1848 choisit de confier le pouvoir exécutif à un président élu au suffrage universel direct pour une durée de 4 ans. Il peut se représenter après un intervalle de 4 ans. Comme aux États-Unis, l'Assemblée et le président sont totalement indépendants. Mais contrairement aux États-Unis le président n'a pas le droit de veto.

Louis Napoléon Bonaparte, Lamartine, Cavaignac et le socialiste Raspail sont candidats à l'élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Le neveu de Napoléon Ier est élu pour quatre ans le 10 décembre 1848, avec près de 75 % des voix, issues notamment du parti de l'Ordre, profitant de la division des gauches et de la faiblesse du niveau d'instruction, certains paysans ayant cru voter pour Napoléon Ier. La nouvelle assemblée élue en mai 1849 est dominée par les monarchistes. Elle mène une politique extrêmement conservatrice. Elle envoie à Rome des troupes pour maintenir le pape dans ses États pontificaux menacés par les révolutionnaires. Elle vote la loi Falloux qui met l'école sous le contrôle de l'Église catholique. Le 31 mai 1850, l'Assemblée vote une loi électorale qui exclut du corps électoral ceux qui ne peuvent pas justifier de trois ans de résidence continue dans la même commune, ce qui élimine 3 millions de personnes du corps électoral, principalement des artisans et des ouvriers saisonniers. En s'opposant à cette réforme, Louis-Napoléon fait figure de héros pour le peuple.

Au début de l'année 1851, Louis Napoléon Bonaparte demande une révision de la constitution pour lui permettre de se représenter dès la fin de son mandat. Devant le refus de l'Assemblée Nationale, il exécute un coup d'État minutieusement le 2 décembre 1851, qu'il entérine par un référendum. Le 2 décembre est en effet une date fétiche pour les Bonaparte : Napoléon Ier a été couronné un 2 décembre et l'année suivante il a remporté l'éclatante victoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805. La seconde République finit par un régime autoritaire.

[modifier] Second Empire (1852-1870)

Icône de détail Article détaillé : Second Empire.
Napoléon III empereur
Napoléon III empereur

Le coup d'état du 2 décembre 1851 entraîne peu de réactions. Seules quelques personnalités s'opposent ouvertement au nouveau régime. C'est le cas de Victor Hugo qui part en exil à Guernesey d'où il ne cesse de fustiger Louis-Napoléon Bonaparte qu'il appelle Napoléon le petit. Le plébiscite du 20 décembre 1851 donne au nouvel homme fort les pleins pouvoirs pour rédiger une nouvelle constitution. Après un nouveau plébiscite, il est proclamé empereur sous le nom de Napoléon III. Napoléon met en place un régime autoritaire. La liberté de la presse est limitée, les opposants sont pourchassés. La pratique des candidatures officielles réduit l'opposition au silence. Seuls quelques républicains parviennent à se faire élire. Mais comme le pays bénéficie d'une bonne conjoncture économique, il y a peu de protestations.

A partir de 1860, l'Empire se libéralise. Napoléon III a perdu une grande partie du soutien des catholiques car il aide le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II à réaliser l'unité italienne, ce qui va à l'encontre des intérêts de la papauté. De plus, la signature d'un traité de libre échange avec le Royaume Uni, alors première puissance industrielle mondiale, mécontente les industriels qui craignent la concurrence de produits anglais. L'empereur cherche donc de nouveaux soutiens en allant vers les libéraux et les classes populaires. Le droit de grève est accordé en 1864. Les ouvriers ont le droit de constituer des caisses d'entraide. Le corps législatif obtient peu à peu des droits. Il peut critiquer le gouvernement, voter le budget. Il a même l'initiative des lois à partir de 1869. Le second empire a peu à peu évolué vers un régime parlementaire, les ministres étant responsables devant le parlement. Cette libéralisation du régime est approuvée massivement par un plébiscite en mai 1870 qui donne à l'empereur 7 336 000 « oui » contre 1 560 000 « non ». L'empire semble consolidé sur des bases plus démocratiques. Il est cependant balayé par la guerre franco-prussienne en quelques semaines.

Le décollage industriel de la France se fait sous le Second Empire. Le crédit se libéralise, la création de SARL et de SA est facilitée. L'État montre lui-même l’exemple. Des grands travaux de modernisation sont entrepris dans Paris sous la houlette du baron Haussmann. La Sologne et les Landes sont bonifiées (création de la forêt des Landes)[réf. nécessaire].

Sur le plan international, la France opère un retour spectaculaire. Napoléon III est très influencé par l'épopée napoléonienne. Il veut donner à la France un rôle prépondérant en Europe et dans le monde. En 1854 commence sous l’impulsion de Faidherbe la conquête du Sénégal. Celui-ci forme les fameux tirailleurs sénégalais.
La France commence à s'intéresser à l'Indochine, pèse ainsi de tout son poids dans la guerre de Crimée aux côtés des Britanniques. Les troupes françaises interviennent même au Mexique pour soutenir l'archiduc d'Autriche Maximilien qui tente d'y instaurer un grand empire latin et catholique. L'aventure mexicaine est un échec. Maximilien est fusillé par les révolutionnaires mexicains.

Napoléon III soutient les processus d'unité italienne et allemande. En échange de ses bons offices, la France reçoit de la jeune Italie les États de Savoie et le Comté de Nice intégrés à la France en 1861 après un plébiscite par les populations concernées. En échange de sa neutralité bienveillante lors de la guerre austro-prussienne de 1866, l'empereur réclame des compensations territoriales que Bismarck, le chancelier prussien, refuse de lui accorder. Au contraire, il multiplie les provocations envers la France pour la pousser à déclarer la guerre à la Prusse. À la suite de la publication de la dépêche d'Ems, la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. L'empire ne peut opposer que 265 000 hommes aux 500 000 prussiens et alliés allemands. La guerre tourne rapidement au désastre. Le 6 août, l'Alsace est prise. Napoléon capitule à Sedan. Le 2 septembre 1870. À cette annonce, les Parisiens proclament la république le 4 septembre 1870. Encore une fois le régime impérial ne survit pas à la défaite.

[modifier] La Troisième République de 1870 à 1940

[modifier] Des débuts difficiles

La république naît dans des conditions difficiles. Le gouvernement provisoire décide de continuer la guerre. Les Allemands atteignent rapidement Paris qu'ils assiègent. Gambetta, ministre de l'intérieur du gouvernement de défense nationale quitte Paris en ballon pour appeler la province à la levée en masse. Mais les troupes ainsi constituées ne parviennent pas à rompre l'encerclement prussien. La ville subit des bombardements réguliers et souffre du manque de nourriture. Pour permettre aux Parisiens de ne pas tomber dans la misère le gouvernement décrète le moratoire des dettes et des loyers. Des armes sont distribuées aux volontaires qui forment une garde nationale.

Le 28 janvier 1871, le gouvernement doit se résoudre à signer l'armistice. Les Allemands laissent se dérouler des élections. Celles-ci donnent la majorité aux monarchistes. La nouvelle assemblée signe une paix qui ampute le pays de l'Alsace et du nord de la Lorraine et oblige les Français à payer au vainqueur une lourde amende de guerre. Thiers, un ancien premier ministre de Louis-Philippe est nommé chef du pouvoir exécutif en attendant que l'assemblée statue sur la nature du régime et son organisation.

Les Parisiens qui ont vaillamment résisté pendant le siège de Paris sont scandalisés par l'armistice et les conditions imposées par la Prusse. Ils se méfient d'une assemblée monarchiste qui par peur des périls révolutionnaires préfère s'installer à Versailles plutôt que dans la capitale. Alors que la situation économique des Parisiens est toujours précaire, le gouvernement provisoire abroge le moratoire des loyers et des dettes. Le 18 mars 1871 Thiers ordonne de désarmer les Parisiens. Cette annonce déclenche une émeute. Thiers se retire de la capitale et décide de la reprendre par la force. À Paris, le comité central des gardes nationaux décide de l'élection d'un conseil municipal. La Commune de Paris se met en place à partir du 26 mars 1871. Les principaux animateurs de la Commune de Paris viennent d'horizons différents. Ils prennent des mesures radicales pour soulager la misère populaire : réquisition des logements, instruction gratuite, laïque et obligatoire. Ils inventent une démocratie participative en permettant aux citoyens d'intervenir dans les affaires de la commune. À côté de revendications issues du mouvement sans-culotte de 1793 comme l'anticléricalisme et le respect de la liberté de conscience, des revendications de type socialiste sont portées par les insurgés avec la condamnation du militarisme et du capitalisme.

La commune ne dure que 70 jours. Le 21 mai 1871, les troupes du gouvernement surnommées les Versaillais par les communards investissent Paris. Les révoltés mènent un combat désespéré. Ils incendient des monuments comme le palais de Tuileries ou l'hôtel de ville pour ralentir l'avance des versaillais. Après l'exécution de l’archevêque de Paris par les communards (Marx écrira que c'est Thiers qui l'a assassiné), la répression tourne au bain de sang. Entre 20 000 et 30 000 communards sont exécutés en une semaine. Des milliers de révoltés sont envoyés dans des bagnes en Algérie ou en Nouvelle Calédonie.

[modifier] La mise en place des institutions

Organigramme de la Troisième République
Organigramme de la Troisième République

Née de la défaite, aux prises à la révolte parisienne, dominée pendant 5 ans par une assemblée monarchiste, la République a peu de chances de survivre. Elle doit son installation à la mésentente des monarchistes. En effet les royalistes sont divisés en deux groupes, les légitimistes, partisans du descendant de Charles X, le comte de Chambord, et les orléanistes. Après de nombreuses tractations les orléanistes et les légitimistes s'entendent sur le nom du comte de Chambord. Mais ce dernier exige le rétablissement du drapeau blanc, ce que refusent les orléanistes. En attendant la loi Rivet donne au chef de l'exécutif, Thiers, le titre de président de la République.

Les républicains qui ont prouvé grâce à la répression de la Commune de Paris qu'ils ne sont pas des révolutionnaires et savent maintenir l'ordre, gagnent la plupart des élections partielles. Faute de mieux, les orléanistes rompent avec les légitimistes et se rallient à l'idée d'un régime républicain. En 1875, toute une série de lois constitutionnelles est votée. Elle fera office de constitution pendant toute la durée de la troisième République. Le régime républicain est un régime parlementaire bicaméral. Le président de la République est élu pour 7 ans par les deux chambres, le Sénat et l'Assemblée nationale réunis en congrès à Versailles. Il est politiquement irresponsable. En 1876, les républicains remportent 360 des 500 sièges à pourvoir. Le conflit entre le président Mac-Mahon, un monarchiste et l’assemblée est inévitable. le 16 mai 1877, Mac-Mahon renvoie le président du Conseil, Jules Simon, républicain modéré et le remplace par Albert de Broglie, un royaliste. Il est mis en minorité par 363 voix républicaines, et Mac-Mahon fait dissoudre la Chambre. Cet épisode est connu sous le nom de crise de 1877. Une campagne électorale agitée s'ensuit opposant les monarchistes aux républicains. Les républicains font bloc autour de Gambetta. Deux conceptions de la république s’affrontent. Pour Mac-Mahon, le président de la république est l’égal du parlement. Il peut donc avoir sa propre politique et renvoyer les ministres qui n’ont pas sa confiance. En cas de conflit avec le Parlement, c’est le peuple qui tranche. Pour les Républicains, le président n’est qu’une figure symbolique. Il doit nommer des ministres dont les vues doivent être conformes à celle de la chambre des députés. C’est la seule à représenter la souveraineté nationale car la seule élue au suffrage universel. L’imprécision des textes permet les deux interprétations. De nouveau, les Républicains remportent les élections. En 1879, le renouvellement partiel du Sénat leur permet d’acquérir la majorité dans cette chambre. La victoire des républicains est totale. Désavoué et sans appui, Mac-Mahon démissionne. Son successeur, le républicain Jules Grévy renonce volontairement à exercer ses prérogatives constitutionnelles (principalement le droit de dissolution) et s'interdit d'intervenir contre les vœux de l'Assemblée. Le président de la République se cantonne donc à une fonction représentative, laissant le pouvoir au président du Conseil et au Parlement. Les présidents de la IIIe République suivent cette pratique. En 10 ans la France est devenue républicaine.

[modifier] L’enracinement de la République

La dégradation d'Alfred Dreyfus
La dégradation d'Alfred Dreyfus

Les républicains s'attachent à enraciner la République en établissant les grandes libertés : la liberté de réunion et de la presse en 1881, le droit de se syndiquer par la loi Waldeck-Rousseau de 1884, la possibilité de divorcer la même année. La loi de 1901 sur la liberté d’association permet la formation de partis politiques qui remplacent les groupements informels des clubs et des comités. Les premiers partis à se former sont le parti radical en 1901 et le parti socialiste, la SFIO en 1905.

La République se dote de ses grands symboles : le buste de Marianne, la Marseillaise qui redevient l'hymne national en 1878 et le 14 juillet comme fête nationale. En même temps, des grands républicains comme Victor Hugo ou Léon Gambetta reçoivent à leur mort des obsèques nationales.

Toutes ces lois sont en partie l'œuvre de Jules Ferry qui poursuit trois objectifs : étendre les libertés, soustraire l'école à l'emprise de l'Église catholique et « relever » la France de la défaite grâce à la colonisation. Cependant le nom de Jules Ferry évoque pour tous les Français l'instauration de l'école gratuite, obligatoire et laïque. En effet, pour rendre la république irréversible, la formation de jeunes générations parait indispensable. Or l'école est placée depuis la loi Falloux sous l'autorité de l'Église qui s'est toujours montrée une adversaire de la République. Jules Ferry fait voter toute une série de lois portant sur la question scolaire : création de lycées publics pour jeunes filles par Camille Sée en 1880 (même si ceux-ci ne permettent pas de passer le baccalauréat), instauration de l'école gratuite laïque et obligatoire par les lois Ferry de 1881-1882, laïcisation de personnel enseignant des écoles publiques. L'instituteur devient un des piliers de la République. C'est à lui que revient le devoir d'inculquer aux jeunes élèves la morale républicaine et l'amour de la patrie.

La lutte contre l'influence de l'Église est un thème qui permet l'émergence d'un nouveau parti à gauche de l'échiquier politique, le parti radical. L'attachement des Français à la République n'empêche pas celle-ci d'être secouée par de nombreuses crises dues à la montée de l'extrême droite et du nationalisme, le boulangisme dirigé par le général Georges Boulanger, la montée de l'antisémitisme et l'affaire Dreyfus. Ces événements montrent qu'il existe deux France, l'une conservatrice et revancharde, l'autre acquise aux idéaux révolutionnaires et au progrès social. Ce sont finalement les progressistes qui l'emportent. Les républicains forment un gouvernement d'union nationale dirigée par Waldeck-Rousseau entre 1899 et 1902. L'arrivée au pouvoir du parti radical en 1902 accentue la laïcisation de la société. En 1904, les congrégations religieuses n'ont plus le droit d'enseigner et un grand nombre d'entre elles sont expulsées de France. En 1905, sous l'impulsion du président du conseil Émile Combes, L'Assemblée nationale vote la loi de séparation de l’Église et de l'État. Les ministres du culte cessent d'être rétribués par l'État. Les biens mobiliers et immobiliers du culte sont nationalisés et mis à la disposition d'associations cultuelles religieuses après un inventaire de tous les biens nationalisés. Dans quelques régions, les inventaires ont donné lieu à des affrontements violents entre les catholiques et les forces de l'ordre, mais le phénomène reste marginal même s'il a beaucoup frappé les esprits. À partir de 1905, la religion devient une affaire privée.

[modifier] La France coloniale

Empire colonial : carte indiquant le premier empire colonial français en bleu clair et le second en bleu foncé.
Empire colonial : carte indiquant le premier empire colonial français en bleu clair et le second en bleu foncé.

Faidherbe forme les fameux tirailleurs sénégalais qui accompliront la conquête des régions du Niger en 1898 avec des officiers comme Gallieni, Voulet-Chanoine, Fourreau-Lamy, Monteil et Gentil. Les touaregs opposeront une sérieuse résistance. En 1872, la France confère le statut de "commune française de plein exercice" à Saint-Louis, à Gorée et à Dakar et en 1880 à la ville de Rufisque. À compter de ces dates, les habitants de ces quatre communes sont citoyens français avec tous leurs droits et tous leurs devoirs, représentés dans les Assemblées parlementaires de France. À tout cela viendront s’ajouter la conquête du Gabon, du Congo, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Haute-Volta, du Tchad, du Dahomey et de l’Indochine. En 1914 l’empire français est alors 22 fois plus grand que l’Hexagone.

Les conquêtes coloniales sont entreprises en partie pour des raisons économiques, apporter des matières premières des territoires colonisés à l’industrie française, créer des débouchés grâce aux colonats ou aux colonisés. Elles sont effectuées sous la pression de lobby coloniaux comme Afrique française ou Asie française (voir article sur l'Indochine française) dans lesquelles on trouve des banquiers, des hommes d’affaires, des journalistes, des parlementaires et des militaires. Les protestations contre cette expansion coloniale sont nombreuses ; c’est pour cela qu’on va mettre en place une propagande raciste pour montrer le bien fondé de la colonisation : la France apporte la « civilisation » aux peuples "sauvages" mais aussi une vision romantique de l’Asie ou l’Afrique. L’exposition coloniale de 1931 vit la reconstruction du temple d’Angkor Vat à Paris, mais aussi des zoos humains. Au total cette exposition attira à peu près 8 millions de visiteurs (dont 1 million d’étrangers)

[modifier] Population et société

La France connaît un fort déclin démographique. Alors que, vers 1800, la France était deux fois plus peuplée que l'Allemagne et trois fois plus que le Royaume-Uni, elle compte, en 1913, moins d'habitants que chacun de ces deux pays. La France devient le pays du fils unique, protégé, poussé, sur lequel reposent les projets d'ascension sociale de la famille. Le malthusianisme français s’explique en partie par la volonté de ne pas diviser l’héritage familial. Face à la montée des tensions, la faiblesse démographique de la France inquiète. Pour pallier le manque de soldats la service militaire est porté à trois ans en juillet 1913, le recrutement de troupes coloniales a débuté dès la fin du XIX siècle. Il s’accélère en 1910.

Autre conséquence, le recours à l’immigration. Elle apparaît comme une solution au déclin démographique. Elle est encouragée par l’instauration du principe du droit de sol pour l’obtention de la nationalité française en 1889. En 1914, la France compte 1,2 million d’étrangers venus de Belgique et d’Italie. Il est à noter que cet afflux d’étrangers provoque une série de réactions xénophobes.

La France reste ainsi un pays essentiellement agricole, comme le prouve la part du secteur primaire dans la population active (43,2% en 1906 ), alors que ce secteur représente moins du quart de la production nationale. L’exode rural qui a commencé en 1848 continue. Environ 35 000 personnes quittent chaque année les campagnes vers 1900. La petite exploitation domine. 80 % des exploitations ont moins de 10 hectares. Dans les petites exploitations, les rendements sont très médiocres, 13 quintaux de blé à l’hectare en moyenne voire 4 ou 5 dans les régions où les sols sont les plus pauvres. En fait, les petites exploitations pratiquent une polyculture vivrière où seule une petite partie de la production est commercialisée.

Au nord de la Loire existe une agriculture capitaliste et productive. Les années 1900 sont en effet celles d’une timide mutation agricole, semoirs mécaniques, moissonneuses deviennent plus courants dans ces exploitations. Leur poids électoral font des agriculteurs une préoccupation des Républicains. En 1881, le ministère de l’Agriculture est créé. Un tarif protectionniste est instauré en 1892 par Jules Méline pour protéger les petits agriculteurs de la baisse mondiale des prix agricoles.

[modifier] D'une guerre à l'autre

Au début du XXe siècle, l'affrontement entre la France et l'Allemagne à propos du Maroc (coup de Tanger, crise d'Agadir), conduit à une multiplication des incidents diplomatiques. L'antagonisme franco-allemand puise sa force dans l'idée de revanche et le retour à la mère patrie des provinces perdues de l'Est. Il se nourrit aussi de la crainte qu'éprouvent les Français devant la poussée démographique de l'Allemagne. Paris ne voit pas sans frémir grandir l'ombre de l'ennemi héréditaire. La France pouvait encore aligner 74 divisions face aux 94 divisions allemandes : qu'en serait-il dix ou vingt ans plus tard ?

[modifier] La première guerre mondiale

Icône de détail Article détaillé : Première Guerre mondiale.

Lorsque la mobilisation est décrétée le 1er août 1914, elle trouve une opinion marquée par la stupeur et la consternation, notamment dans le monde rural en pleine moisson. L’idée d’une revanche contre l’Allemagne pour reprendre les provinces perdues s’est éloignée peu à peu des jeunes générations. Mais les mobilisés font preuve d’une véritable résolution devant cette guerre à entreprendre, la France fait figure d’agressée par l’Allemagne, de plus beaucoup pensent qu’elle sera courte.

La Première guerre mondiale
La Première guerre mondiale

Les Français sont décidés à se battre comme en témoigne le nombre dérisoire de déserteurs, 1,5 % des mobilisés, et convaincus dans leur immense majorité de la légitimité de leur cause.

Soldats australiens portant des masques à gaz.Ypres, 1917
Soldats australiens portant des masques à gaz.Ypres, 1917

La Grande Guerre est un élément pivot de l'Histoire de France. Le XXe siècle émerge de ce conflit hors normes qui voit la victoire des Alliés sur les forces des empires centraux. On attendait une guerre éclair, faite de mouvements rapides (train oblige), mais c'est au contraire une guerre de position et de tranchées.

[modifier] Sortir de la guerre

Au sortir de la Grande Guerre, la France est victorieuse mais exsangue suite aux sacrifices humains, financiers et matériels concédés pendant la guerre. La joie de vivre prend le pas sur les heures sombres de la guerre : ce sont les Années folles. Tout, ou presque, paraît possible à cette période pour les personnes aisées citadines. La grande majorité des Français de l'époque sont encore des villageois-agriculteurs qui ont d'autres soucis, comme assurer la récolte après que les hommes de la famille soient rentrés blessés ou morts sur le champ de bataille.

[modifier] La France des années trente

La France n'est touchée par la crise des années Trente qu'en 1931. La crise industrielle entraîne une baisse assez longue de la production industrielle. La France entre assez tardivement dans la crise dont elle a apparemment été protégée durant quelques années. Elle entre dans la crise en 1931 quand la chute de l’activité économique des autres pays affecte fortement ses exportations. Quand le gouvernement britannique décide de dévaluer la livre, les prix français sont trop élevés à l’exportation. Entre 1929 et 1935 la production industrielle recule de 25%. Contrairement aux autres pays, la production industrielle ne remonte pas à partir des années de 1935 et 1936. En 1938, la France n’a toujours pas retrouvé son niveau de production d’avant crise. La France se dote d'un gouvernement de gauche en 1936, le « Front Populaire » et de nombreux droits sociaux tels les congés payés sont institués. La France est impuissante face aux bouleversements en cours en Europe et entame une large politique d'alliance qui ne mènera nulle part. Elle refuse d'intervenir en Guerre d'Espagne. L'état d'esprit pacifiste atteint son sommet en 1938 avec la signature des accords de Munich permettant Adolf Hitler de prendre possession de la Tchécoslovaquie. La paix à tout prix était alors le mot d'ordre, mais la signature des accords de Munich marque la dernière concession faite à Hitler par les diplomaties française et britannique, enfin unies sur ces sujets. Il ne faut pas oublier que si la France semble être moins soumise aux extrêmes de la crise, elle s'y enlise et mettra beaucoup plus de temps que les États-Unis ou le Royaume-Uni à en sortir. Contrairement à ces deux derniers pays, elle ne mettra pas en place des politiques de relance comme le New Deal aux États-Unis, ce qui l'handicapera[réf. nécessaire]. Elle restera donc très marquée par cette crise, et n'en sortira que très tardivement.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale (1939-1945)

Après avoir déclaré la guerre le 3 septembre à l'Allemagne suite à son entrée en Pologne, la France tente avec le Royaume-Uni de secourir la Norvège victime d'un même assaut allemand ; sans succès probant. Cette drôle de guerre où il ne se passe pas grand-chose sur le front prend fin le 10 mai 1940 avec une offensive éclair (blitzkrieg) de l'Axe qui conquiert le pays (directement la partie nord) en cinq semaines. Les mots sont trop faibles pour relater l'état d'esprit des Français et même du reste du monde à l'occasion de cet effondrement. « L'Abîme », pour reprendre De Gaulle, apparaît le plus cohérent. En effet, avant le déclenchement des hostilités, la France avait, sur le papier, la plus puissante armée du monde… Mais le chef d'état-major français Philippe Pétain, qui aurait pu moderniser un tant soit peu son armée et la mobiliser correctement pour résister à l'envahissement allemand n'a rien fait alors que le chef du gouvernement l'avait tenu informé de la situation militaire outre-Rhin. Convaincu que la guerre qui se prépare sera un "Verdun bis", il fait construire la Ligne Maginot le long de la frontière franco-allemande (il aurait voulu la construire également le long de la frontière belge mais le roi Léopold III voulait conserver la neutralité de son pays). Les Allemands pouvaient donc envahir la Belgique et foncer ensuite sur une France certes courageuse et dont les soldats se sont battus tant qu'ils le pouvaient mais désemparée car non préparée.

[modifier] Gouvernements concurrents du Régime de Vichy et de la France libre

Icône de détail Articles détaillés : Régime de Vichy et France libre.
De Gaulle, chef de la résistance française avec Jean Moulin
De Gaulle, chef de la résistance française avec Jean Moulin

La victoire allemande imposa aux Français un gouvernement remanié pour la circonstance : le 10 juillet 1940, le Gouvernement de Vichy était mis en place. Le pays, amputé de l'Alsace-Lorraine, était pillé soit directement soit en devant payer une forte indemnité d'occupation, subissait des bombardements et construisait des blockhaus. Une grande partie de sa force vive était prisonnière et au travail forcé en Allemagne (STO). Un semblant de souveraineté, « l'État français » fut toléré pendant deux ans.

De son côté le général de Gaulle s'oppose à l'armistice annoncé le 17 juin par le Maréchal Pétain et lance son fameux appel du 18 Juin au peuple français, via la radio BBC depuis Londres, incitant au ralliement aux côtés des alliés britanniques afin de poursuivre la lutte à mort contre les nazis. De Gaulle redoute un bain de sang en cas de révolte populaire en France et il n'appellera jamais aux résistances armées dans l’Hexagone préférant privilégier les missions d’informations, vitales pour la victoire finale. Il prend dès lors la tête de la France libre qui s'appuie sur les Forces françaises libres. Obtenant le ralliement rapide de plusieurs possessions coloniales françaises, surtout en Afrique, la France reste bien présente dans le camp allié, en poursuivant le combat sur les différents fronts.

[modifier] La France depuis 1945

[modifier] Le Gouvernement provisoire de la République française (1944-1946)

Roosevelt avait envisagé de mettre la France sous tutelle de l'administration américaine. De Gaulle refuse cette situation et, le 14 juin, il déclare : « Nous combattons aux côtés des alliés, avec les alliés, comme un allié. Et la victoire que nous remporterons sera la victoire de la France ». De fait, les Américains déchantent rapidement, et dès la mi-juin 1944, de Gaulle s'impose à tous comme l'homme fort français. Même Roosevelt qui détestait de Gaulle se résout à le recevoir en grande pompe à Washington en juillet 1944. De Gaulle a gagné la partie et, fort de l'accord secret conclu avec Winston Churchill, le 7 août 1940, la France retrouve bien vite sa position de « grande puissance ».

Fin août 1944, le Gouvernement provisoire de Charles de Gaulle s'impose sur le terrain. Il est composé des communistes, des socialistes et des gaullistes. L'engagement des communistes français dans la résistance, le courage des soldats soviétiques et la victoire finale de l'URSS et des alliés procurent aux dirigeants communistes un prestige important dans l'opinion publique. Il faudra attendre mi-octobre pour qu'il soit officiellement reconnu par les États-Unis. Le gouvernement provisoire (GPRF) accorde notamment le droit de vote aux femmes le 21 avril 1944, dans l'article 17 de l'ordonnance d'Alger : elles voteront pour la première fois aux élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945.

Le gouvernement provisoire sera ensuite conduit par Félix Gouin et Georges Bidault.

[modifier] La IVe République (1946-1958)

Vincent Auriol, premier président de la IVe République
Vincent Auriol, premier président de la IVe République
Organigramme de la IVème république
Organigramme de la IVème république

En 1946, le gouvernement provisoire céda la place à la Quatrième République, instaurée par une nouvelle constitution approuvée par référendum. Mais l'instabilité politique et les divergences concernant les problèmes coloniaux en Indochine et en Algérie conduisirent à des crises successives, et à plusieurs remaniements ministériels.

Vincent Auriol (1947-1954) fut le premier président de la IVe République. René Coty lui succéda (1954-1958).

Le régime parlementaire de la Quatrième République permet toutefois la reconstruction et la modernisation de la France grâce notamment à la création du commissariat au Plan et à un certain nombre de nationalisations dans les secteurs stratégiques. C'est dans cette période que les fameuses Trente Glorieuses prennent leurs sources.

En matière de politique étrangère, la France entre dans l'OTAN, acceptant même le maintien des bases américaines sur le territoire national. En 1956, la mise en échec par les USA et l'URSS de l'intervention franco-britannique sur le canal de Suez encourage le rapprochement des états européens : le marché commun (CEE) est créé en 1957.

La Constitution de 1946 crée l'Union française. L'Union, outre les territoires européens de la République, comprend l'Algérie formée de trois départements (Alger, Oran et Constantine) et les territoires du sud (Sahara), les départements d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Guyane), les territoires d'outre-mer (ex-AEF, AOF, Océanie), les territoires associés (Cameroun et Togo) et les États associés (Indochine, Maroc, Tunisie). Il faut y rajouter : Saint-Pierre-et-Miquelon, la côte française des Somalis, Madagascar et les Comores, la terre Adélie, les comptoirs des Indes et les protectorats sur la Syrie et le Liban. Plus de 12 000 000 km² en tout répartis en colonies, protectorats et états sous mandat.

Le statut politique de chaque territoire découle de l'histoire et des conditions de la conquête. Au lendemain de la guerre des fissures apparaissent. La décolonisation sera marquée par deux grands conflits.

[modifier] La guerre d'Indochine

Dès 1940, les japonais qui occupent l'Indochine française encouragent le mouvement de décolonisation qui aboutira le 2 septembre 1945 à la proclamation de l'indépendance du Viêt-nam par Hô Chi Minh. À partir des années 1950, le Viêt-minh, mouvement nationaliste d'inspiration communiste est aidé par l'URSS et la Chine communiste. Dans le contexte de la guerre froide, la France se trouve placée au premier rang mondial de la lutte contre l'avancée communiste en Asie. Le conflit indochinois se développe et s'amplifie dans un contexte général d'indifférence pour cette guerre lointaine et ruineuse.

En 1954, le général Navarre, commandant en chef des forces françaises en Indochine, espérant attirer le Viêt-minh sur un terrain où il pourrait le combattre de façon classique, concentre ses troupes dans la cuvette de Diên Biên Phu. Le camp retranché de Diên Biên Phu, commandé par le général de Castries, comporte les meilleures unités du corps expéditionnaire. Après 55 jours de combats, les Français, épuisés par huit années de guérilla menée par le général Giap, sont noyés sous un déluge de feu. Cette puissance exceptionnelle est alimentée par la mobilisation de tout un peuple. Diên Biên Phu tombe le 7 mai 1954. Pierre Mendès France signe les accords de Genève le 21 juillet qui mettent fin à la guerre.

Ils prévoient la séparation du Viêt Nam en deux États de part et d'autre du 17e parallèle : le Nord revient au Viêt-minh communiste tandis que le Sud devient un état indépendant.
Le 7 août, le cessez-le-feu est total en Indochine. La guerre aura provoqué du côté français près de 100 000 morts et coûté environ 300 milliards de francs.

[modifier] Les débuts de la guerre d'Algérie

la semaine des barricades à Alger
la semaine des barricades à Alger

La guerre d'Indochine est à peine terminée que commence la guerre d'Algérie. Le 1er novembre 1954, une poignée de nationalistes algériens regroupés en Front de Libération National déclenchent l'insurrection en organisant en Kabylie et dans les Aurès une série d'attentats qui feront 8 morts. Les territoires européens de la République, qui semblaient avoir oublié la répression de la manifestation musulmane de Sétif le 8 mai 1945, réagissent immédiatement. Le gouvernement (Pierre Mendès France) envoie des renforts militaires et prend des mesures répressives.

Le 12 novembre, Mendès-France proclame sa détermination de rétablir l'ordre alors que François Mitterrand, ministre de l'intérieur, affirme que l'Algérie c'est la France et qu'il faut tout tenter pour que le « peuple algérien se sente chez lui, comme nous et parmi nous » et propose même, le 5 janvier 1955, que l'Algérie soit intégrée à la France. Cette intégration remettrait en cause le statut de l'Algérie voté en 1947 qui avait institué une assemblée algérienne comprenant deux collèges de 60 membres - l'un élu par les Français minoritaires, l'autre par les musulmans majoritaires en nombre - qui envoyait six députés à l'assemblée de l'Union française. Ainsi l'idée de remettre en cause les avantages et privilèges de la communauté française provoque un profond mécontentement et le renversement du gouvernement Mendès-France le 5 février 1955.

Les forces armées, effectivement, augmentent rapidement. Jacques Soustelle est nommé gouverneur général de l'Algérie. La situation s'aggrave et l'état d'urgence et la censure sont proclamés le 3 avril. Cependant l'intégration semble encore possible jusqu'au déclenchement de la grève générale organisée par le FLN qui marque la coupure définitive entre les deux communautés. Guy Mollet, chef de la SFIO, est pressenti, après les élections législatives de 1956 pour former le gouvernement. Il se rend à Alger le 6 février pour investir le général Catroux à la place de Soustelle. Il est accueilli par un climat insurrectionnel (Lagaillarde, Ortiz) et se soumet. Il remplace Catroux par Robert Lacoste, bien vu des militaires. Le 12 mars 1956, l'Assemblée vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement. Désormais, Guy Mollet et Robert Lacoste peuvent mettre en place la politique de maintien de l'ordre en Algérie. La spirale des attentats et de la répression s'amplifie. Le pouvoir progressivement passe la main aux militaires. Face à la recrudescence des attentats les parachutistes du général Massu livrent la bataille d'Alger (janvier 1957) au cours de laquelle la torture est parfois utilisée pour avoir des renseignements sur les réseaux. Ce recours à la torture est légitimé par la destruction de plusieurs de ces réseaux de poseurs de bombe.

Dans les territoires européens de la République, le fossé se creuse entre partisans de la guerre et opposants (communistes, intellectuels et journaux d'avant-garde). La fraction la plus ultra des partisans est conduite par l'extrême droite (Tixier-Vignancour) relayée par Soustelle et Bidault au sein de l'Union pour le salut et le renouveau en Algérie française (USRAF) qu'ils créent. Les positions se durcissent lors de la prolongation du service militaire porté à 27 mois(1957) et du rappel du contingent libéré. De violentes manifestations et des blocages de convois en partance pour l'Algérie ont lieu à l'initiative de la CGT et des communistes. Sur le terrain, le quadrillage et la répression ainsi que la surveillance des côtes par la marine rendent difficile le ravitaillement en armes du FLN. L'audience du FLN diminue cependant que les désertions dans ses rangs et les engagements dans l'armée française se multiplient. Les militaires obtiennent le droit de poursuite sur le sol tunisien et effectuent un bombardement sur Sakiet Sidi Youssef. Mais la France est aussitôt condamnée par l'ONU, ce qui va l'affaiblir politiquement.

Félix Gaillard président du conseil par intérim confie les pleins pouvoirs en Algérie au général Salan, puis au général Massu qui constitue un Comité de salut public. Félix Gaillard est remplacé par Pierre Pflimlin. Mais celui-ci jugé trop libéral n'a pas la confiance des militaires. Le général Massu, lance alors un appel au général de Gaulle lui demandant de former un gouvernement de salut public. De Gaulle répond au cours d'une conférence de presse, le 19 mai, qu'il est prêt à assumer les responsabilités du pouvoir.

[modifier] La Ve République (depuis 1958)

[modifier] La fin de la guerre d’Algérie et les débuts de la Cinquième République

Le 28 mai 1958 (cf. ci-dessous), une grande manifestation, rassemblant toute la gauche se déroule à Paris pour s'opposer à l'investiture du général de Gaulle. En effet, le général est considéré par les socialistes et surtout les communistes comme un risque d'établissement d'un pouvoir personnel. Ce même 28 mai, Pierre Pflimlin démissionne et le président René Coty demande au parlement d'investir de Gaulle. Celui-ci reçoit les pleins pouvoirs et obtient de l'assemblée le droit de préparer une réforme des institutions. Le premier souci du général est de constituer un gouvernement d'union allant des socialistes (Guy Mollet, Jules Moch, Max Lejeune) à la droite (Michel Debré, Jacques Soustelle) en passant par les radicaux et le MRP.

Le 4 juin, de Gaulle se rend à Alger et au balcon du gouvernement général prononce le célèbre "je vous ai compris" que les Français d'Algérie et les partisans de l'Algérie française interpréteront comme une adhésion du général à leur thèse. La politique algérienne de De Gaulle s'inscrira toutefois dans le contexte plus global d'indépendance concrétisé par le discours de Brazzaville (23 août 1958) où il affirmera l'engagement de la France à organiser des référendums dans les anciennes colonies afin de choisir soit l'indépendance, soit le maintien dans la communauté. L'opinion française comprend mal la politique algérienne du Général. La mise en place du plan de Constantine (3 octobre 1958) visant à une modernisation de l'Algérie financée par la métropole et l'intensification des opérations militaires redonnent confiance aux partisans de l'Algérie française.

Après l'élection de Charles de Gaulle à la présidence de la République (21 décembre 1958), ce dernier reste peu explicite sur ses intentions, oscillant entre positions pro-Algérie française et favorables à l'autodétermination. Le 16 septembre 1959, Charles de Gaulle annonce à la télévision qu'il est favorable à l'autodétermination afin de permettre aux algériens de décider de leur sort. Les Français d'Algérie, indignés, comprennent qu'ils ont été trompés. L'activisme plus ou moins en sommeil se réveille (Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz) et la semaine des barricades (24 janvier - 1er février 1960) marque le début d'une opposition forte à la politique du Général.

Si les positions militaires sont nettement à l'avantage des français ainsi que le contrôle du terrain (démantèlement du réseau Jeanson d'aide au FLN), la gauche (syndicats, UNEF, intellectuels) demande une négociation et proclame le droit à l'insoumission.

À la fin 1960, les événements s'accélèrent : le GPRA demande un référendum sous contrôle de l'ONU, le général de Gaulle évoque de plus en plus l'Algérie algérienne et organise le 8 janvier 1961 un référendum qui donne au oui une forte avance. Le 22 avril 1961, un putsch se produit à Alger. Les généraux Raoul Salan, Edmond Jouhaud, André Zeller et Challes s'emparent du pouvoir et neutralisent les pouvoirs civils. L'opération montée avec certains régiments de la légion (1er REP notamment) ne recueille pas les ralliements souhaités et de Gaulle prend les mesures d'urgence pour barrer la route à ce quarteron de généraux en retraite.

[modifier] La présidence du général de Gaulle : la République gaulienne

Icône de détail Articles détaillés : Charles de Gaulle et Gaullisme.
Organigramme de la Ve République
Organigramme de la Ve République

Finalement, le 28 mai 1958, suite aux manifestations nationalistes du 13 Mai en Algérie, le gouvernement Pflimlin favorable à une négociation fut renversé. Le Parlement légitima le coup d'État et le président René Coty demanda fin mai au général de Gaulle de prendre la direction du pays, afin d'éviter une éventuelle guerre civile. De Gaulle devint président du Conseil en juin 1958, obtint les pleins pouvoirs et fut chargé de rédiger une Constitution qui fut celle de la Cinquième République. Il fut élu président de la République en décembre de la même année.

Si les régimes de la Troisième et de la Quatrième République ont été qualifiés de régime des partis, c'est que l'élection à la Chambre des députés relevait de la proportionnelle. D'où l'impossibilité d'avoir une majorité stable et durable. Pour former une majorité ou une coalition il fallait les fameux apparentements. Le scrutin majoritaire à deux tours mis en place dans la constitution de la cinquième République, met fin à cette pratique. Il est assez proche des régimes des grandes démocraties anglo-saxonnes où s'opposent conservateurs/républicains et travaillistes/démocrates. En revanche, ce système n'assure pas la représentation des petits partis.

De Gaulle mit en œuvre plusieurs fois la procédure du référendum, et notamment celle qui décida de l'élection du président de la République au suffrage universel. En 1965, lors de la première élection au suffrage universel direct, de Gaulle fut réélu avec 55 % des suffrages contre son adversaire François Mitterrand.

Les événements de mai 1968 démarrèrent sur des campus universitaires et rallièrent les partis de gauche. Le régime sembla vaciller, avec apparence de vacance du pouvoir pendant quelques jours. Mais de Gaulle reprit la main et une grande manifestation d'un million de personnes sur les Champs-Élysées en sa faveur marqua cette reprise en main du pouvoir. Les accords de Grenelle furent conclus par Georges Pompidou, bientôt remplacé comme Premier ministre par Maurice Couve de Murville.

En avril 1969, le gouvernement de De Gaulle lança un référendum national sur la création de 21 régions ayant des pouvoirs politiques limités et sur la transformation du Sénat en chambre corporative. Le « non » l'emporta lors du référendum et de Gaulle préféra démissionner conformément à son éthique et à sa vision du pouvoir.

[modifier] La présidence de Georges Pompidou (1969-1974)

Icône de détail Article détaillé : Georges Pompidou.

L'élection présidentielle de 1969 fut anticipée. Dans sa campagne électorale Georges Pompidou voulut se démarquer de l'héritage de Charles de Gaulle, prônant « le changement dans la continuité ». Le second tour de scrutin vit la nette victoire, malgré un important taux d'abstentions, de Georges Pompidou sur le président par intérim Alain Poher, avec 58,21 % des suffrages exprimés.

Le nouveau président nomme Jacques Chaban-Delmas à Matignon. Le pays connaît alors une forte croissance. Georges Pompidou réaffirme la prééminence absolue du président de la République, fait du secteur industriel la priorité du gouvernement; c'est notamment sous son mandat que vole pour la première fois le Concorde.

Mais Jacques Chaban-Delmas exprime alors son désaccord, et démissionne; il est remplacé par Pierre Messmer au poste de Premier ministre. Le choc pétrolier de 1973 assombrit la fin de son mandat, qui s'achève avec son décès brutal le 2 avril 1974, suite à la maladie de Waldenström.

[modifier] La présidence de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)

Icône de détail Article détaillé : Valéry Giscard d’Estaing.

Après le décès de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, Valéry Giscard d'Estaing se présente à l'élection présidentielle. Bénéficiant du soutien de Jacques Chirac, il élimine Jacques Chaban-Delmas au premier tour.

Entre les deux tours, le débat[32] qui l'oppose à François Mitterrand lui donne un avantage décisif, la phrase « Vous n'avez pas le monopole du cœur » ayant marqué tous les esprits. Il est élu d'extrême justesse, avec 50,81 % des suffrages, le 19 mai 1974 et devient le troisième président de la Cinquième République, le plus jeune, à l'âge de 48 ans.[33]

Le septennat de Valéry Giscard d'Estaing est marqué par les conséquences des deux chocs pétroliers qui brisent la dynamique des Trente glorieuses. Devant la nécessité d'économiser l'énergie, le gouvernement restaure en 1975 l'ancien changement d'heure pendant les mois d'été, mesure permettant une économie d'électricité pour l'éclairage du soir. Il décide aussi de poursuivre et d'intensifier le programme de développement de l'énergie nucléaire civile engagé par son prédécesseur. Cette période est aussi marquée par l'apparition du chômage de masse.

Quelques lois importantes réformant les droits civiques sont également votées : loi fixant la majorité civile à 18 ans (1974), loi Veil autorisant l'avortement sous certaines conditions (1975), loi instaurant le divorce par consentement mutuel (1975), décret donnant droit au regroupement famillial des immigrés (1976), loi informatique et libertés (1978).

Le 24 avril 1981, Valéry Giscard d'Estaing arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle. Face à François Mitterrand, et n'ayant pas reçu le soutien de Jacques Chirac, il perd le second tour de l'élection, n'obtenant que 48,24 % des suffrages exprimés.

[modifier] Les années Mitterrand (1981-1995)

Icône de détail Article détaillé : François Mitterrand.

[modifier] Premier septennat (1981-1988)

François Mitterrand est élu Président de la République, le 10 mai 1981, avec 51,76 % des suffrages exprimés contre le président sortant, Valéry Giscard d'Estaing, qui l'avait battu 7 ans auparavant. Son élection vient apporter à la Ve République son alternance obligatoire pour exister. Refusant de toucher aux institutions, François Mitterrand choisit de gouverner avec les mêmes moyens que ses prédécesseurs et nomme le socialiste Pierre Mauroy Premier ministre, sur la base d'une union avec les communistes et les radicaux de gauche, dont le gouvernement entreprend de grandes réformes comme la décentralisation ou l'abolition de la peine de mort sous l'égide de Robert Badinter, alors Garde des sceaux.

Après le tournant de 1983, la crise s'installe et amène en 1984 Laurent Fabius au poste de Premier ministre pour mettre en pratique les premières politiques de rigueur économique. Cela n'empêchera pas la droite de remporter les élections législatives de 1986, les députés RPR et UDF devenant majoritaires de justesse. Mitterrand est contraint de nommer le leader du RPR Jacques Chirac au poste de Premier ministre. Celui-ci forme un gouvernement de droite : c'est la Première cohabitation (la majorité parlementaire n'est pas de la même tendance politique que le Président).

[modifier] Second septennat (1988-1995)

Deux ans plus tard, François Mitterrand est réélu président de la République avec 54,02 % des voix face au Premier ministre sortant Jacques Chirac ; il dissout alors l'Assemblée nationale, mais le succès des socialistes reste très en dessous de la vague rose de 1981 : seuls un peu moins de 48 % des sièges sont occupés par des députés de la majorité présidentielle. Prônant une ouverture vers le centre (le PCF, alors en pleine phase de déclin, refusant toute participation au gouvernement depuis 1983), il nomme Michel Rocard Premier ministre, puis, à la suite de graves tensions avec ce dernier, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy.

En 1993, la Seconde cohabitation oblige François Mitterrand à nommer Édouard Balladur à Matignon. Son second mandat s'achève en 1995 avec l'élection de Jacques Chirac (élection à laquelle il n'a pas participé). François Mitterrand aura marqué l'histoire de la Ve République, demeurant pour l'instant son seul président de gauche.

[modifier] Les années de présidence de Jacques Chirac (1995-2007)

Icône de détail Article détaillé : Jacques Chirac.

[modifier] Premier mandat : septennat (1995-2002)
Jacques Chirac
Jacques Chirac

Le 7 mai 1995, Jacques Chirac est élu président de la République au second tour de l'élection présidentielle face au socialiste Lionel Jospin. Il nomme Alain Juppé Premier ministre, qui s'efforcera de poursuivre les politiques de privatisations et de réforme des retraites entreprises par Édouard Balladur. L'impopularité de ces réformes entraînera dès 1995 la formation de vastes mouvements sociaux à l'ampleur jamais vue depuis mai 68 qui paralysent un temps le secteur public. Soucieux de réaffirmer sa légitimité et de conserver une majorité à l'Assemblée nationale, Chirac dissout cette dernière, sans succès, puisque la Gauche plurielle, alliant les forces de la gauche parlementaire aux écologistes autour de Lionel Jospin, emporte plus de 55 % des sièges.

Lionel Jospin est nommé Premier ministre et forme un gouvernement composé de ministres issus des composantes de la coalition électorale victorieuse : c'est la Troisième cohabitation. Mettant fin à l'instabilité politique et au vote de rejet de la majorité en place en vigueur depuis les années 1980, la Gauche plurielle obtient de bons résultats aux élections régionales de 1998 (les meilleurs de la gauche depuis l'instauration des conseils régionaux) et surtout aux élections européennes de 1999.

Les derniers mois de son mandat sont marqués par l'émotion internationale suscitée par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, puis par le soutien militaire français lors de la guerre d'Afghanistan.

[modifier] Le 21 avril 2002
Candidat arrivé en tête dans chaque département au 1er tour de l'élection présidentielle de 2002
Candidat arrivé en tête dans chaque département au 1er tour de l'élection présidentielle de 2002

Au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, le candidat frontiste Jean-Marie Le Pen suscite une surprise historique en éliminant Lionel Jospin. Tous les sondages créditaient le président du Front national de « troisième homme », avec entre 9,5 et 14 % d'intentions de vote. Il arrive finalement en 2e position avec 16,86 % des suffrages, devançant de justesse Lionel Jospin (16,18 %). Au second tour le 5 mai, profitant du vaste sursaut républicain (l'abstention passe de 28,40 à 20,29 %) et du report exceptionnel des voix de la gauche, Jacques Chirac est massivement réélu avec 82,21 % des voix, un score sans précédent dans l'histoire de la Ve République; il entame un second mandat qui dure cette fois-ci 5 ans, en obtenant dans la foulée la majorité à l'Assemblée nationale à l'issue des élections législatives. Il peut ainsi nommer un Premier ministre de droite : Jean-Pierre Raffarin.

[modifier] Second mandat : quinquennat (2002-2007)

Il y eut trois gouvernements Raffarin, jusqu'au 31 mai 2005. Jean-Pierre Raffarin démissionna en fait à cause du non au référendum sur la Constitution européenne.

Six mois plus tard, après la mort de deux jeunes poursuivis par la police nationale, et réfugiés pour leur échapper dans un transformateur EDF (un troisième ne sera heureusement que blessé), des émeutes éclatent dans des banlieues en novembre 2005 qui s'expliquent par le manque de l´intégration des immigrés en provenance des anciennes colonies et ce sont eux les plus touchés par le chômage. Au niveau international, la France est décrite comme vivant un climat insurrectionnel. Un couvre-feu provisoire sera mis en place en décembre.

Après l'instauration sans heurts en septembre 2005 du CNE (déclaré en juillet 2007 illégal par les Instances Internationales), le Premier ministre Dominique de Villepin doit faire face au printemps 2006 à la crise du CPE. À la fin de ces événements agités, le Pouvoir se contentera de gérer les affaires courantes, et sera principalement occupé par l'affaire Clearstream, puis par la présidentielle de 2007.

Les grands faits de la présidence de Jacques Chirac concernent principalement la politique étrangère avec l'opposition française à une nouvelle guerre en Irak par les États-Unis (discours remarqué de Dominique de Villepin à la tribune de l'ONU) ; et le travail de Mémoire à travers la reconnaissance de la responsabilité de l'État français du régime de Vichy pour la déportation de juifs (17 juillet 1995), tout comme la reconnaissance de la responsabilité historique à propos de l'esclavage.

Par ailleurs, sur le plan intérieur, Jacques Chirac se sera préoccupé de grandes causes nationales, comme la lutte contre le cancer, ou la diminution du nombre de morts sur les routes.

[modifier] La présidence Sarkozy (2007-…)

Icône de détail Article détaillé : Nicolas Sarkozy.

L'élection présidentielle de 2007 se solde par une victoire du candidat de la majorité sortante (UMP), Nicolas Sarkozy, au second tour face à la candidate socialiste Ségolène Royal avec 53,06 % des suffrages exprimés. Le nouveau président de la République française succède à Jacques Chirac pour un mandat de cinq ans (2007-2012). Il nomme le 17 mai François Fillon au poste de Premier ministre, reconduit dans sa fonction le 18 juin suivant afin de recomposer un gouvernement marqué par le remplacement de son seul ministre d'État, Alain Juppé, battu aux élection législatives.

Nicolas Sarkozy se concentre, pour le moment, sur la politique étrangère, étant invité par Angela Merkel à Berlin le soir qui suit son entrée en fonction, dans le cadre de l'Union européenne; il propose à ses partenaires la signature d'un « traité simplifié », qui est adopté le 23 juin, en compensation du « non » français au traité constitutionnel; autre compensation avec le refus de l'adhésion de la Turquie à l'UE, le président de la République préconise une « Union méditerranéenne » dans laquelle ce pays serait compris. Mais aussi lorsqu'il envoie sa femme Cécilia en Libye, pour négocier avec Mouammar Kadhafi la libération des infirmières bulgares: ces dernières sont rapatriées le 24 juillet.

Puis, il doit faire face, avec son gouvernement à la grève du 18 octobre, grève déclenchée par les syndicats, en désaccord avec la réforme des régimes spéciaux de retraite. Le mouvement est momentanément interrompu, avant de reprendre un mois plus tard. La CGT, conduite par Bernard Thibault, la SNCF et autres organisations syndicales de transports ont participé à cette grève. Parallèlement, plusieurs lycées et universités protestent contre la loi sur l'autonomie des universités, proposée par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse. La grève syndicale dure dix jours avant de s'achever le 23 novembre. Certains journalistes ont comparé cette grève à celle de 1995 contre le plan Juppé.

[modifier] La France dans la construction européenne

La construction européenne a débuté dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, notamment sous l'impulsion de Robert Schuman et de Jean Monnet, par la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA).

Elle a été poursuivie sous la Ve République par tous les présidents, qu'ils soient de droite ou de gauche. En effet, bien que la France reste très attachée à sa riche histoire et à son indépendance, le pouvoir se situant au moins autant au niveau économique qu'au niveau politique, les dirigeants français travaillent à lier de plus en plus l'avenir du pays au développement de l'Union européenne. Le créateur de la Cinquième République, Charles de Gaulle, était assez sceptique quant à la construction européenne et bloqua par exemple l'entrée dans la CEE du Royaume-Uni qu'il considérait comme le cheval de Troie de l'Amérique par la politique des chaises vides. La construction européenne s'accélère donc pendant la présidence de Pompidou et surtout de Giscard d’Estaing. Pendant la présidence de François Mitterrand, celui-ci insista sur l'importance de l'intégration européenne, et poussa à la ratification du traité de Maastricht sur l'union économique et politique européenne. Cette ratification fut approuvée par l'électorat français en septembre 1992. En 2003, la France et l'Allemagne ont par plusieurs aspects renforcé leurs liens, le fait le plus marquant étant peut-être la représentation des intérêts de l'Allemagne par le président de la République française au Conseil européen, attestant de la confiance mutuelle que se portent les deux pays et montrant l'exemple à leurs partenaires européens.

Jacques Chirac fut obligé, pour satisfaire aux critères de l'Union économique et monétaire, de mener plutôt une politique de réformes économiques et de rigueur. Fin 1995, la France connut d'ailleurs les plus importantes grèves de la décennie, lorsque les fonctionnaires protestèrent contre l'alignement de leur régime de retraite sur celui du privé, dans la lignée de cette politique de rigueur.

En politique étrangère, Jacques Chirac mit l'accent sur la protection de la force d'interposition française en ex-Yougoslavie, et aida à promouvoir les accords de paix négociés à Dayton, et signés à Paris en décembre 1995. Avec l'Allemagne et la Russie, la France fut l'un des opposants les plus fermes à la deuxième guerre d'Irak menée par George W. Bush et ses alliés.

Après une mémorable sortie de l'OTAN, les gouvernements français se sont montrés défenseurs de la politique de l'ONU et de l'Union européenne au Kosovo, puis dans les Balkans.

Le 29 mai 2005, le peuple français rejette (54,87% des voix exprimées en faveur du non et de 45,13 % pour le oui) par référendum le « Traité établissant une Constitution pour l'Europe », qui avait été adopté par les chefs d’État et de gouvernement des 25 pays membres de l'Union européenne le 19 juin 2004 au Conseil européen de Bruxelles et formellement signé à Rome le 29 octobre suivant.
Nicolas Sarkozy, l'actuel président de la République, s'est rendu, dès après sa prise de fonctions le 16 mai 2007, à Berlin en Allemagne rencontrer la chancelière Angela Merkel, pour tenter de «  laver le non français du référendum de 2005 » et réaffirmer l'amitié franco-allemande et la place de la France dans l'Europe. Le 23 mai, le président Sarkozy s'est rendu à Bruxelles en Belgique pour discuter, avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à propos d'un « traité simplifié » entre la France et ses partenaires européens. Le traité de Lisbonne à été adopté par l'Assemblée nationale. Le premier juillet 2008 débute, pour six mois, la présidence française de l'Union européenne, la dernière de l'histoire.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Jacques Le Goff, Encyclopaedia universalis, « Capétiens », [réf. nécessaire]
  2. Georges Duby, Histoire de la France des origines à nos jours, Larousse, In extenso.
  3. Selon Jean-Louis Brunaux, "Les Gaulois figurent seulement parmi d'autres dans la multitude de couches de peuplement fort divers (Ligures, Ibères, Latins, Francs et Alamans, Nordiques, Sarrasins...) qui aboutissent à la population du pays à un moment donné" dans Nos ancêtres les Gaulois, Jean-Louis Brunaux, éd. Seuil, 2008, p. 261
  4. MEMO - Le site de l'Histoire
  5. Les premiers hommes
  6. Bernard Vandermeersh, « Cro-Magnon (homme de) » in Dictionnaire de la Préhistoire, sous la Dir. d'André Leroi-Gourhan, Presses universitaires de France, Paris, 1988
  7. Fernand Braudel, L'identité de la France , Les hommes et les choses, pp. 64-66 Flammarion, 1990
  8. Georges Duby, Histoire de la France des origines à nos jours, Larousse In extenso.
  9. 400 000 morts selon Velleius Paterculus, un million de morts et autant de prisonniers selon Plutarque qui écrivit plus tard
  10. Pierre Gros, La France gallo-romaine, Nathan, 1991, (ISBN 2.09.284376.1)
  11. Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775)
  12. Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775)
  13. Par exemple, la récente Histoire de France de Max Gallo traite ces cinq siècles en 4 pages (L'âme de la France : Une histoire de la nation des origines à nos jours, Fayard, 2007)
  14. Anne Logeay, maître de conférences à l'université de Rouen, « Aux champs Catalauniques, en 451 Attila prend une déculottée à la romaine », dans Historia, juin 2007
  15. Moins anecdotique et déjà significatif des influences culturelles mutuelles est le nom tout à fait germanique que portait cette pieuse gallo-romaine, "Genovefa"
  16. référence, I. Gobry, Les Premiers Rois de France
  17. La chronologie du règne de Clovis est incertain, vu la médiocrité des sources historiques. Cette date se base sur l'Historia Francorum, livre II de Grégoire de Tours, mais est discutée (Lucien Musset, Les Invasions, les vagues germaniques, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes, Paris, 1965, 2e édition 1969, p 390-391)
  18. Septimanie
  19. Article formation territoriale (1498-1789) de l'Encyclopaedia Universalis, Yves Durant
  20. Malet et Isaac, l'âge classique
  21. Eugénio Battisti, article Renaissance de l'encyclopaedia universalis
  22. Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559–1598, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998, p. 42
  23. cité dans l'article France, formation territoriale (1498-1789) de l'Encyclopaedia Universalis
  24. article France, formation territoriale (1498-1789) de l'Encyclopaedia Universalis
  25. article France, formation territoriale (1498-1789) de l'Encyclopaedia Universalis
  26. article France, achèvement de l'unité, 17889-1944 de l'Encyclopaedia universalis
  27. Regine Robin, La société française en 1789, Semur en Auxois
  28. Elie Allouche, Cours d'Histoire de France, Vuibert, 2008
  29. Article France, l'achèvement de l'unité, 1789-1944 de l'Encyclopaedia Universalis
  30. Institutions et vie politique, la documentation française, 2003
  31. Institutions et vie politique, la documentation française, 2003
  32. Débat Valéry Giscard d'Estaing - François Mitterrand de l'ORTF du 10 mai 1974. Archives de l'INA.
  33. Le 27 mai, dans son discours d'investiture, il proclame « J'entends encore l'immense rumeur du peuple français qui nous a demandé le changement. Nous ferons ce changement avec lui, pour lui, tel qu'il est dans son nombre et sa diversité. »

[modifier] Bibliographie

[modifier] Encyclopédies

  • Quid, article la préhistoire en France
  • Encyclopaedia universalis, divers articles, DVD, édition 2007

[modifier] Principaux livres utilisés

  • André Alba, L'âge classique, 1492-1789, Hachette, 1959
  • Elie Allouche, Cours d'Histoire de France, Vuibert, 2008
  • Alain Decaux raconte l'Histoire de France aux enfants, Perrin, 1995
  • Georges Duby, Histoire de la France des origines à nos jours, Larousse
  • Pierre Gros, La France gallo-romaine, Nathan, 1991, (ISBN 2).09.284376.1)
  • Pierre Goubert et Daniel Roche, Les Français et l'Ancien Régime, Armand Colin, 1984
  • Marcel Marion, Dictionnaire des institutions de France XVIIe ‑ XVIIIe siècle, Picard, 1923
  • Hubert Méthivier, Le siècle de Louis XIV, PUF collection Que-sais-je, 1988
  • Sous la direction de Jean-Luc Parodi, Institutions et vie politique, la documentation française, 2003
  • Albert Soboul, Histoire de la révolution française, idées/Gallimard, 1962

[modifier] Revues spécialisées

[modifier] Articles connexes

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