Basque

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Basque (homonymie).
  Basque
(euskara)
 
Parlé en Pays basque
Région Nord de l’Espagne, sud de la France
Nombre de locuteurs 801 300 (Janvier 2005)
(+ 454 400 bilingues passifs)
Classement eurasien
Typologie SOV + OVS [1]
Polysynthétique
Classification par famille

 -  Hors classification (isolats)
    -  Basque

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
Communauté autonome basque et dans quelques zones de Navarre
Régi par Euskaltzaindia
ISO 639-1 eu
ISO 639-2 baq (B) / eus (T)
ISO/DIS
639-3
(en) eus
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL BSQ
Échantillon

Article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme (voir le texte en français)

1. atala

Gizon-emakume guztiak aske jaiotzen dira, duintasun eta eskubide berberak dituztela; eta ezaguera eta kontzientzia dutenez gero, elkarren artean senide legez jokatu beharra dute.

Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

Le basque ((eu)euskara) est une langue parlée au Pays basque (France et Espagne). 20 000 personnes sont unilingues bascophones. En Espagne, le nombre de locuteurs est de 734 100 (provinces de Biscaye, Álava, Guipúzcoa et de Navarre). En France, il y a plus de 67 200 locuteurs (statistique 2005), principalement dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Le basque est aussi parlé dans la diaspora basque.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot basque viendrait du nom d’un peuple antique, les Vascons (à noter qu’en espagnol, basque s'écrit vasco), qui en passant par gascon (adaptation gallo-romaine d’une prononciation germanique Waskon) a finalement donné le nom de la région que nous connaissons comme la Gascogne.

[modifier] Histoire

Icône de détail Article détaillé : Histoire de la langue basque.

La langue basque, ou Euskara est une composante essentielle de l’identité basque. C’est une langue unique par son originalité et son harmonie lorsqu’elle est parlée ou chantée. L’origine est très lointaine, antérieure aux parlers indo-européens (dont est issu le français). Fait remarquable, la langue a subi très peu de modifications au cours des siècles comme vient encore de le confirmer la récente découverte d’inscriptions basques du IVe siècle sur le site archéologique de Véleia dans la province d’Alava, et ne possède pratiquement, si l’on excepte les nombreux emprunts aux langues romanes, aucun terme commun avec les langues européennes actuelles. Si les linguistes ne sont pas vraiment fixés sur l’origine première du basque, sans doute de la super-famille eurasienne (M. Morvan), ils s’entendent pour estimer qu’il s’agit d’une langue ayant subi fort peu de modifications depuis une forme très ancienne.

[modifier] Classification

Le basque est l’une des quatre familles linguistiques d’Europe, avec les langues finno-ougriennes (hongrois, finnois, estonien, lapon), les langues altaïques (turc) et les langues sémitiques (maltais) à ne pas appartenir à la famille des langues indo-européennes. L’origine de la langue basque est extrêmement ancienne et encore mal connue et même s’il convient donc de la considérer traditionnellement comme un isolat, plusieurs hypothèses émises sur la question (rattachement aux langues caucasiennes, aux langues finno-ougriennes ou aux langues berbères de l’Afrique du Nord) ont été explorées. Les Basques se reconnaissent par le terme Euskaldun (« celui qui possède le basque »), par opposition à Erdaldun (« celui qui possède une autre langue ») aujourd’hui appliqué surtout aux hispanophones ou aux francophones.
Des travaux récents proposent l’hypothèse d’une appartenance au groupe de langues appelé sino-caucasien : Merrit Ruhlen classe le basque dans la super-famille des langues déné-caucasiennes. Il semble selon l’auteur que les Basques aient occupé l’Europe occidentale bien avant la migration des Indo-Européens au deuxième millénaire avant l’ère chrétienne. Les Basques se seraient alors maintenus vers l’Atlantique et les Pyrénées, dans la région qu’ils occupent actuellement nommée autrefois d’après les territoires des Caristes, des Vascons, des Cantabres et des Vardules. Étant donné son extrême ancienneté (paléolithique supérieur ou mésolithique ?), Merrit Ruhlen pense qu’il est peu vraisemblable que le basque soit un isolat complet, l’erreur étant peut-être de vouloir le rattacher à une famille de langues précise. On fonde actuellement les plus grands espoirs sur les travaux du paléolinguiste comparatiste et bascologue français Michel Morvan qui concernent toute l’Eurasie. Ce dernier confirme que le basque est effectivement apparenté à certaines langues du Caucase, mais aussi à d’autres familles de langues comme les langues dravidiennes par exemple. Exemples de parenté eurasienne : basque hagin "dent"/gunzib hagin "id.", basque hogei "vingt" / Proto-caucasien *HVxGV "id." (rien à voir avec le celte ugeint / latin uiginti "vingt" comme on l’a prétendu), basque behi "vache"/behor "jument" du proto-basque *beh- "animal femelle" apparenté au bouroushaski behé "animal femelle", basque bihi "grain" ( < proto-basque *binhi) et indonésien biji "id.", tagalog binhi "id.". Depuis la parution du livre de Ruhlen en avril 2007, cet ouvrage est au centre des débats entre linguistes, généticiens et archéologues. Ces derniers reprochent à Ruhlen principalement d’avoir extrapolé dans l’inconnu, mais pour ce qui est des origines du basque, Ruhlen indique bien que d'anciens travaux avaient déjà suggeré une communauté d'origine avec les langues causasiennes.

[modifier] Grammaire

Icône de détail Article détaillé : Grammaire du basque.

Si la grammaire basque est d’une originalité radicale, on estime que 75 % du vocabulaire provient de langues géographiquement voisines (celte, latin, gascon, aragonais, roman de Navarre, espagnol, français). Le basque est une langue agglutinante, où des suffixes ou des radicaux peuvent être accolés derrière d’autres suffixes ou radicaux. Le genre (féminin / masculin) n’existe pas, sauf attaché au verbe pour le tutoiement. Mais la particularité la plus importante réside dans le fait qu’en basque on ne conjugue souvent que l’auxiliaire du verbe, et que cet auxiliaire ne s’accorde pas qu’avec le sujet comme en français : celui-ci s’accorde également avec les compléments, dits directs et indirects en français.

[modifier] Écriture

Icône de détail Article détaillé : Écriture du basque.

La langue basque s’écrit avec l’alphabet latin. L’alphabet basque est globalement phonétique, toutes les lettres d’un mot se prononcent à l’exception du h qui est muet dans la plupart des dialectes. Généralement, les voyelles qui se suivent forment une diphtongue.

[modifier] Dialectes

Icône de détail Article détaillé : Dialectes du basque.
Dialectes du basque
Dialectes du basque

En 1571, on doit à Jean de Liçarrague, sur ordre de Jeanne d’Albret, la traduction en basque du Nouveau Testament. Les principaux dialectes du basque sont le navarro-labourdin, le guipuzcoan, le souletin et le biscayen. Certains sont peu intelligibles entre eux comme le biscayen et le souletin. Un autre dialecte, le roncalais, a vu sa dernière locutrice s’éteindre en 1991 (Fidela Bernat).

Le basque standard, ou « basque unifié », se fonde sur les dialectes centraux comme le guipuzcoan et le navarro-labourdin, mais aussi sur le labourdin classique du XVIIe siècle, précurseur de la littérature basque et trait d’union entre les dialectes continentaux et péninsulaires.

Le basque unifié, ou euskara batua, langue co-officielle avec le castillan dans les communautés autonomes basque et navarraise, y est largement enseigné, et commence à y supplanter les formes dialectales, dorénavant associées aux échanges non formels, voire à la ruralité.

Du côté français, de par la Constitution, le basque (comme les autres langues de France hormis le français) n’a aucun statut légal.

[modifier] Les locuteurs

Distribution linguistique du basque
Distribution linguistique du basque

Sur une population totale de 2 975 000 habitants répartis dans les 7 provinces du Pays basque, 26,9 % sont bilingues et 15,3 % ont une connaissance approximative du basque, soit 1 255 750 personnes. (881 300 personnes sont des locuteurs bilingues actifs et 454 400 sont des locuteurs bilingues passifs). Du point de vue de leur rapport avec l’euskara, les habitants du Pays basque se répartissent en 4 grandes catégories.

  1. Les unilingues bascophones ne parlent que le basque en France ou en Espagne. Ils sont âgés et peu nombreux (Moins de 0,7 %, ce qui représente tout de même 20 000 personnes).
  2. Les bilingues basque actifs parlent deux langues, français/basque ou espagnol/basque. Ils sont 26,9 % et se répartissent en 3 sous-catégories :
    1. 40 % sont bilingues avec le français ou l’espagnol dominant ou l’erdara dominant.
    2. 29 % sont des bilingues équilibrés, ils connaissent aussi bien le basque que l’erdara.
    3. 32 % sont bilingues avec le basque dominant.
  3. Les bilingues basque passifs comprennent ou lisent le basque mais le parlent peu. Ils représentent 15,3 % et sont de plus en plus nombreux, car les cours de langue pour adultes sont très populaires.
  4. Les non bascophones qui ne connaissent pas le basque. Ils sont majoritairement unilingues espagnol ou français, mais peuvent également être des bilingues voire multilingues par leur connaissance d'autres langues (immigrés non espagnols ni français notamment). Ils forment la grande majorité de la population avec 57,8 %.


Il existe de grandes disparités dans la population au regard du bilinguisme basque selon les provinces. La Biscaye compte 1 141 000 habitants, dont 26,5 % (302 000) sont bilingues et 24,9 % (284 000) de bilingues passifs. Le Guipuzcoa avec 686 000 habitants a le plus grand nombre de locuteurs bascophones, soit 329 000, ce qui correspond à 48 % de la population et 9,5 % (65 000) de bilingues passifs. La Navarre (594 000) n’a que 10,5 % (85 500) de bascophones qui sont regroupés essentiellement dans le nord de la province et 6,8 % de bilingues passifs (40 200). L’Alava avec ses 298 000 habitants a 13,4 % (40 000) de bilingues et 11,1 % (33 000) de bilingues passifs. Le Labourd avec 208 000 habitants a 37,2 % de sa population bilingue (38 600) et 24 600 de bilingues passifs. Quant à la Basse-Navarre et la Soule, les plus faiblement peuplées (30 000 et 17 000), elles ont de loin les plus forts pourcentages de personnes bilingues, avec 60,9 % de bilingues (28 600) et 15,1 % de bilingues passifs (7 000).

[modifier] Prototype

Un extrait du « Pater Noster » en langue basque :

Gure Aita, zeruetan zirena:
saindu izan bedi zure izena,
etor bedi zure erreinua,
egin bedi zure nahia,
zeruan bezala lurrean ere.
Emaguzu gaur
egun hontako ogia;
barkatu gure zorrak,
guk ere gure zorduner
barkatzen diegunez geroz;
eta ez gu tentaldirat ereman,
bainan atera gaitzazu gaitzetik.

Un extrait du « Sanctus » en langue basque :

Saindu saindu Saindua,
diren guzien Jainko Jauna.
Zeru lurrak beterik dauzka zure distirak.
Hozana zeru gorenetan!
Benedikatua Jaunaren izenean datorrena.
Hozana zeru gorenetan!

[modifier] Exemples

Français Basque Prononciation standard
terre lur lour
ciel zeru, ortzi sérou, ortsi
eau ur our
feu su shou
air haize (h)aïssé
homme gizon guisson’
femme emazte emasté
manger jan yan’ / dyan’
boire edan édan’
grand handi (h)an’di
petit txiki/ttipi tchiki
nuit gau gao
jour egun égoun’
mot hitz hits
chiffre zenbaki sèn’baki
un bat bat
deux bi bi
trois hiru (h)irou
quatre lau lao
cinq bost/bortz bocht
six sei chei
sept zazpi saspi
huit zortzi sortsi
neuf bederatzi bédératsi
dix hamar (h)amar

Notes :

Le r est roulé au Pays basque Sud. Au Pays Basque nord, le r simple est roulé, le r double est généralement prononcé « à la française » chez les nouvelles générations. Le h est généralement aspiré au Pays basque Nord, mais il est tout-à-fait muet au Pays basque Sud. Le s est prononcé au Pays basque Sud entre s et ch ; au Pays basque Nord, il est pratiquement prononcé comme un ch. Le z est prononcé comme un s partout, et le x est prononcé comme un ch partout.

Le j représente en principe le y consonne de yaourt au début d’un mot (à l’intérieur d’un mot, on utilise généralement la lettre i). Cette prononciation est la prononciation standard recommandée pour le basque unifié. Cependant, au Pays basque espagnol, on a tendance à le prononcer comme un j espagnol (une espèce de raclement de gorge), alors qu’en Navarre et au Labourd, la prononciation est plutôt un d y palatalisé, comme dans diable et que, en Soule, on prononce même la lettre j comme le j français de journal.

Les noms et adjectifs se déclinent en s’augmentant de suffixes. La forme donnée dans la liste ci-dessus est celle de l’absolutif indéterminé : à cette forme, les noms et adjectifs apparaissent sous leur forme la plus simple, sans aucun suffixe.

(Pour voir une liste plus longue, consultez l’article Liste Swadesh du basque.)

[modifier] Bibliographie

  • Lafitte, Pierre : Grammaire basque (navarro-labourdin littéraire), Elkarlanean 1998 (ISBN 2-913156-10-X) (reprise complétée d’une édition de 1962 ; édition originale 1944)
  • Urteaga, Eguzki : La langue basque dans tous ses états - sociolinguistique du Pays Basque, Harmattan, Paris 2006.
  • Peillen, Txomin : Les emprunts de la langue Basque à l’Occitan de Gascogne - étude du dialecte souletin de l’euskara, Univ. Nacional de Educación a Distancia, Madrid 1998.
  • Vaskonisch war die Ursprache des Kontinents. in: Spektrum der Wissenschaft. Deutsche Ausgabe des Scientific American. Spektrumverlag, Heidelberg 2002.
  • Morvan, Michel : Les origines linguistiques du basque, Presses universitaires, Bordeaux, 1996.
  • Orpustan, Jean-Baptiste : La langue basque au Moyen-Âge, Izpegi, Baigorri, 1999.
  • Morvan, Michel : "Les noms de montagne du Pays Basque", Lapurdum, IV, 1999, pp.167-190.
  • Morvan, Michel : Noms de lieux du Pays basque et de Gascogne, Paris, 2004.
  • Orpustan, Jean-Baptiste : Nouvelle Toponymie Basque, Presses universitaires, Bordeaux, 2006.

[modifier] Voir aussi

wikt:eu:Main Page

Consulter le Wiktionnaire en basque.

wikt:

Voir « basque » sur le Wiktionnaire.

La Wikiversité possède des cours sur « Basque ».

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes