Troisième dynastie d'Ur

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Principaux sites de la Mésopotamie sous la Troisième dynastie d'Ur
Principaux sites de la Mésopotamie sous la Troisième dynastie d'Ur

La Troisième dynastie d’Ur (raccourci en Ur III) est, comme son nom l’indique, la troisième dynastie de la ville sumérienne d’Ur, selon la tradition historiographique mésopotamienne. Mais il s’agit surtout d’un grand empire fondé par les souverains de cette dynastie, qui domina toute la Mésopotamie durant ce que l’on appelle parfois la période néo-sumérienne, d’environ 2112 à 2004 av. J.-C. (chronologie moyenne).

Sommaire

[modifier] Histoire politique

Au milieu du XXIIe siècle, l'Empire d'Akkad est détruit par les barbares Gutis, qui dominent à partir de ce moment le pays de Sumer et d'Akkad. Mais les Sumériens ne se laissèrent pas dominer longtemps. Vers 2120, le roi d'Uruk, Utu-hegal, défait Tiriqan le roi des Gutis. Il peut alors exercer sa souveraineté sur le sud mésopotamien. Mais son règne fut de courte durée. En 2113, il est détrôné par des notables de la cour, à la tête desquels se trouve Ur-Nammu, gouverneur d'Ur, et qui est peut-être son frère. Ce dernier prend le pouvoir et transfère la capitale dans sa ville.

[modifier] Ur-Nammu (2112-2095)

Dès son intronisation, Ur-Nammu affirme sa domination sur le territoire dirigé auparavant par Utu-hegal. Il se fait couronner à Nippur, la ville sainte de Sumer, et prend le titre de roi "d'Ur, de Sumer et d'Akkad". Ur-Nammu montre son intention de réunir sous sa coupe toutes les puissantes cités autrefois rivales du sud de la Mésopotamie, et se présente en continuateur du royaume d'Akkad. Son règne est surtout connu par l'introduction du code de lois qu'on lui attribue (en fait peut-être rédigé à l'instigation de son successeur Shulgi, ce qui ferait que les évènements décrits ne soient plus attribuables à Ur-Nammu). Elle nous renseigne sur la conquête de la Basse-Mésopotamie, des expéditions en direction du plateau iranien, ainsi qu'une œuvre pacifique importante (restaurertion de grandes cités, nombreux hommages rendus aux dieux, développement agricole). Il meurt en 2095, semble-t-il au cours d'une expédition militaire.

[modifier] Shulgi (2094-2047)

C'est alors son fils Shulgi qui lui succède. Il décida dès le début de son règne d'entreprendre plusieurs réformes qui vont être à la base de l'Empire d'Ur pendant de longues années. Il unifia le système administratif de son royaume pour le rendre plus cohérent, réforma le système de propriété des terres, réorganisa l'armée. Il se trouva ainsi à la tête d'un État bien organisé, servi par des fonctionnaires efficaces et dévoués. Devenu un roi puissant et incontesté, il put se faire diviniser la vingtième année de son règne (2074), fait très rare dans l'histoire mésopotamienne. On peut imaginer que son pouvoir fut dès lors sans limites.

En 2070, Shulgi rentra dans une politique extérieure expansionniste, et dirigea son armée vers le nord de la Mésopotamie et l'Élam. Ces guerres furent motivées par un besoin de sécuriser les frontières du riche pays d'Ur, qui attisait bien des convoitises. Au nord, les pays de Karkhar, Simurrum, Urbilum et Harshi (situés en bordure du Zagros, dans la région des deux Zab), peuplés de Lullubi et de Hourrites, sont soumis au bout de onze campagnes. Pour protéger son pays, le souverain d'Ur (ou un de ses prédecesseurs) fit bâtir un mur, qui va de la Diyala à l'Euphrate. Les royaumes élamites d'Anshan, de Marhashi et de Simashki furent soumis par la méthode douce (alliances matrimoniales : Shulgi donnant ses filles en mariage pour rallier certains rois à sa cause) ou forte (campagnes militaires). Shulgi s'empara de la grande cité de Suse et l'intégra à son empire.

Shulgi mourut en 2047, après 48 ans d'un règne bien accompli. Les causes de sa mort son aussi peu claires que celles de son père : assassinat ou maladie ? Quoiqu'il en soit, son fils Amar-Sîn lui succède alors, et fait ériger un splendide tombeau à son père, digne de son statut divin.

[modifier] Amar-Sîn, Shu-Sîn et Ibbi-Sîn

Les trois fils de Shulgi vont se succéder à la tête de l'Empire d'Ur. L'aîné Amar-Sîn (2046-2038) s'empara d'Assur, et poursuivit l'œuvre militaire de son père au nord et à l'est, pour mater des soulèvements. Ses victoires lui permirent d'assurer le calme dans ces régions. Tout comme son père, Amar-Sîn se fit déifier. Il mourut en 2038, apparemment d'une infection due à une ampoule plantaire.

Shu-Sîn (2037-2029) doit dès son intronisation faire face à des révoltes contestant son autorité au nord et attaquer l'Élam. Mais le danger principal ne vint pas de ces région affaiblies par de longues années de guerre, mais plutôt de l'ouest, d'où arrivaient ceux que les Sumériens appelaient MAR.TU, les Amorrites. Pour faire face à leurs intrusion, Shu-Sîn fit bâtir un grand mur défensif. Désormais, le puissant royaume d'Ur était sur la défensive face aux hordes nomades. C'est Ibbi-Sîn (2028-2004), qui monte sur le trône à la mort de son frère, qui fera les frais de la montée en puissance des adversaires d'Ur, et verra la fin du royaume.

[modifier] Le royaume

L'organisation de l'Empire d'Ur III a un grand intérêt, parce qu'il est l'un des premiers grands États historiques auquel on ait tenté de donner des structures cohérentes et efficaces, et parce que cette période a connu une grande prospérité.

[modifier] Le roi

Le personnage le plus haut placé est le roi (LUGAL) d'Ur. Il est l'élu de Enlil, roi des Dieux et patron de l'Empire, ce qui lui assure une supériorité sur tous ses sujets.

Depuis Shulgi, le roi se fait diviniser, comme l'avait fait auparavant Naram-Sin d'Akkad. Il dispose donc d'un prestige encore plus grand, mais son autorité n'est cependant pas sans limites. À sa mort, il est toutefois vénéré comme un Dieu. Shulgi s'est même fait construire un mausolée prestigieux, et s'est vu dédié des lieux de cultes.

[modifier] L'administration du royaume

Après le roi, le second personnage de l'administration centrale est le SUKKALMAH (le grand chancelier). Il dirige les SUKKAL (messagers), qui sont des inspecteurs ayant pour devoir de contrôler les administrations locales. Le roi dispose ainsi d'un réseau de controlleurs fidèles qui lui permettent de savoir tout ce qu'il advient dans son pays. Grâce à un système de relais situés chacun à une journée de marche d'un autre relai, ces fonctionnaires peuvent se déplacer aisément et quadriller tout le territoire. Le SUKKALMAH est aussi chargé du gouvernement des marches, qui sont les provinces les plus instables politiquement. L'Empire d'Ur était ainsi un État fortement centralisé et bureaucratique.

L'Empire était divisé en une trentaine de provinces, ayant chacune un gouverneur à leur tête, chargé de diriger l'administration civile et de rendre la justice, ENSI (ancien titre issu de la période des Dynasties Archaïques) ainsi qu'un gouverneur militaire, le ŠAGIN (sumérien) / šakkanakkum (akkadien). Les provinces extérieures abritaient des colonies militaires destinées à y maintenir la domination d'Ur et à défendre les frontières. Les gouverneurs sont souvent issus de la province qu'ils dirigent, et il arrive même que ce titre soit transmis par hérédité. La seule différence avec l'avant-Empire est qu'ils sont désormais soumis à l'autorité du roi d'Ur. Les souverains ont essayé de se les attacher par une politique d'alliances matrimoniales. Il pouvait arriver aussi que certains personnages réussissent à cumuler plusieurs fonctions d'ENSÍ. Dans les campagnes, le hazannum (le maire) dirige les petits bourgs et les villages.

Pour diriger l'État, le roi dispose d'abord de terres à Ur. Mais celles-ci sont insuffusantes pour permettre à l'État de subsisiter. Il perçoit donc des impôts (en fait des redevances sur les produits agricoles ou manufacturés), payés principalement par les temples, mais aussi par les particuliers, ainsi que des tributs livrés par les pays vaincus.

Il existe aussi un système de prélèvement spécifique à l'Empire d'Ur : la BALA (« cycle » ou « rotation »). Chacune des provinces du KALAM (le « Pays », c'est-à-dire le cœur du royaume) est chargée de payer à tour de rôle un tribut dont le montant est négocié par avance avec des représentants du pouvoir central, en fonction des capacités de la région. Il s'agissait le plus souvent d'animaux, mais aussi de productions dont la province dispose abondamment (céréales, bois). Il semble que ces prélèvements pouvaient ensuite être stockés dans des centres de redistribution, un des candidats pour cette fonction étant Puzrish-Dagan, près de Nippur, qui aurait été spécialisé dans l'élevage. Mais le tribut pouvait aussi être dirigé directement vers une autre province ayant des besoins spécifiques, ou tout simplement être conservé et utilisé dans la province même. Ce système original mais qui reste assez flou est en fait limité dans le temps, puisqu'il n'a été en place que sous le règne de Shulgi et au début de celui d'Ibbi-Sîn.

Les provinces limitrophes (celles qui n'appartiennent pas au « Pays », situées essentiellement dans le Zagros, jusqu'à Suse au sud et Assur au nord, devaient s'acquitter du GUN.MADA (« impôt sur la région »), un tribut annuel payé par les colonies militaires qui y sont implantées.

[modifier] Société

La société de l'Empire d'Ur est divisée comme toute société mésopotamienne entre libres et non libres. Les archives administratives ainsi que le Code d'Ur-Nammu fournissent des renseignements sur ces catégories.

Les premiers sont constitués du haut de l'échelle sociale, c'est-à-dire les membres de l'administration de l'État, une minorité qui vit dans l'aisance, et surtout d'une majorité de gens vivant dans des conditions moins enviables, les classes laborieuses. Ils travaillent pour les palais et les temples, et sont groupés en unités de production. Ils ont soit un métier dans lequel ils sont spécialisés, soit ils peuvent être employés à des tâches différentes selon les besoins (moissons, récoltes, constructions, etc.). Il existait aussi une classe particulière, les EREN ("troupe"), dont la première fonction était d'être des soldats, mais qui pouvaient être mobilisés pour des travaux divers si besoin est.

Les esclaves (ÌR) étaient principalement des prisonniers de guerre, mais aussi quelquefois des personnes ayant perdu leur liberté du fait de problèmes économiques (dettes, ventes d'enfants par les parents), ou encore par des décisions juridiques. Les esclaves étaient intégrés dans les troupes d'eren, ou dans les unités de production des palais et des temples. L'esclavage domestique est limité aux familles les plus riches. Les libres des classes laborieuses n'avaient pas une meilleure situation que les non-libres, qui devaient avoir des conditions de vie et de travail similaires, et qui disposaient de nombreux droits, notamment celui de propriété, et de se marier. La différence vient du fait que l'esclave appartient à son maître, dont l'attitude définira le degré de liberté de celui-ci. L'esclave pouvait être affranchi.

[modifier] Économie

Bilan annuel d'une exploitation agricole de l'État d'Ur III, c. 2040.
Bilan annuel d'une exploitation agricole de l'État d'Ur III, c. 2040.

[modifier] Agriculture

L'économie est dirigée par les grands organismes, le temple et le palais. L'administration des temples est à la charge du ŠABRA ("préfet"), qui est à la tête d'une administration parallèle à celle des ministres du culte. Les souverains d'Ur ont imposé leur autorité sur les temples, qui servent l'État selon ses besoins. Le roi s'est accaparé de nombreuses terres des temples prenant lui-même en charge les offrandes aux grands sanctuaires.

Des terres sont donnés à des exploitants (le GANA.URU.LA, "champ affermé") L'administration du temple n'est indépendante que pour ses activités proprement religieuses. Elle dispose toujours pour cela de la "propriété du seigneur" (GANA.NI.EN.NA), exploitée par des ENGAR (qui dirigent une équipe de laboureurs), et destinée à nourrir le personnel du temple et à servir pour le culte du dieu, ainsi que des offrandes redistribuées entre les prêtres. Une autre partie du domaine est constituée par le "champ de subsistance" (GANA.ŠUKURA), concédé à des membres de l'administration du temple pour augmenter leurs revenus propres. Le roi concède de son côté des terres de son domaine aux dignitaires de son royaume, en échange de leus services.

Le secteur privé est inconnu, faute de sources ; son rôle devait être secondaire à côté de celui des grands organismes.

La période d'Ur III a livré une abondante documentation cadastrale, consistant en des descriptions de champs, parfois même accompagnées de plans. Ils servaient aux administrateurs des temples à évaluer les capacités de leur domaine. Tous ces documents n'étaient cependant pas des relevés de champs réels, certains ayant une valeur didactique, visant à montrer aux arpenteurs comment bien évaluer la capacité d'un champ.

L'étude de ces documents a amené Mario Liverani à proposer une reconstitution des paysages agraires de la basse Mésopotamie fin du IIIe millénaire. Il remarque une opposition nord/sud entre le pays d'Akkad et le pays de Sumer : le premier présenterait un paysage de champs de taille réduite, avec de nombreux villages et hameaux ; le second serait constitué de champs répartis le long des canaux, qu'ils jouxtent sur leur petit côté, s'étendant en longueur perpendiculairement au réseau d'irrigation, et l'habitat est constitué surtout de villes et gros bourgs.

[modifier] L'artisanat

L'artisanat est surtout le fait des grands organismes, et c'est en tout cas par leurs archivesqu'il nous est connu pour cette période (essentiellement celles des temples d'Umma et de Girsu). Les simples artisans, qu'ils soient metallurgistes, charpentiers, tanneurs, etc. travaillent en petites équipes, surveillées par des contremaîtres, et sont soumis à des taxes. Toutefois, les situations varient, et certains travaillent dans de meilleures conditions que d'autres.

L'« industrie » textile présente les cas les plus remarquables par leur échelle (mais dont la place dans l'économie ne doit pas être surévaluée). Certaines unités de production étaient très importantes : un centre de tissage de la province de Lagash employait plus de 5 000 ouvrières dans 26 ateliers, où elles étaient soumises à une administration tatillonne qui surveillait le travail effectué, comptabilisait les entrées et sorties de produits, se chargeait des rémunérations en rations d'entretien (orge, huile et laine, servant à pourvoir à la base des besoins quotidiens).

[modifier] Le commerce

Poids tel que ceux que l'on utilisait pour faciliter l'évaluation des marchandises, XXIIe siècle
Poids tel que ceux que l'on utilisait pour faciliter l'évaluation des marchandises, XXIIe siècle

Le commerce est dirigé par les palais et les temples. Ils emploient des marchands (DAMGAR), qui avaient un rôle d'intermédiaire. La possibilité que les marchands de l'époque aient exercé des activités à leur propre compte reste encore sujet à débat, en l'absence de sources mentionnant de façon claire des opérations commerciales ou financières privées.

L'organisme commanditaire finance l'expédition, avec des produits devant être vendus (textiles et alimentaires), et même, fait nouveau, avec du métal (l'argent), qui commence à cette époque à prendre de l'importance. Mais l'étalon des échanges reste surtout le grain d'orge, l'emploi de l'argent étant surtout limité aux grands organismes, du fait que sa circulation était soumise au contrôle de l'État.

Ur est une ville qui s'est grandement enrichie par le commerce international, grâce notamment au commerce maritime en direction du Golfe, facilité par la proximité de la mer aux hautes époques. Ceci explique la présence de deux ports de commerce dans la cité.

[modifier] La « renaissance sumérienne »

La période néo-sumérienne (qui inclut, en plus de la Troisième dynastie d'Ur, la Seconde dynastie de Lagash, représentée avant tout par le règne de Gudea) a été caractérisée comme une période de « renaissance sumérienne ». Cette expression peut apparaitre comme étant impropre, notamment parce qu'il manque un déclin sumérien précédant une renaissance, le période de l'Empire d'Akkad marquant simplement un retrait politique de l'élément sumérien. Il n'empêche que l'époque néo-sumérienne connaît une floraison culturelle importante, tant du point de vue artistique que littéraire.

[modifier] Littérature

La période d'Ur III voit la mise par écrit de nombreux textes littéraires écrits en sumérien, qui reste la langue littéraire dominante, même s'il est en déclin en tant que langue vernaculaire. C'est de cette période que date la mise par écrit de nombreux mythes sumérien sous la forme qui nous est parvenue, même si des versions antérieures ont probablement existé.

On peut citer plusieurs mythes constituant les piliers de la littérature mythologique de cette période : le Déluge sumérien, la descente d'Inanna aux Enfers, le cycle des rois de la Première dynastie d'Uruk, Enmerkar, Lugalbanda et Gilgamesh, dont une version de la célèbre épopée a peut-être déjà été mise par écrit à cette période. Ce roi est en tout cas un modèle pour les rois d'Ur, qui se rattachent à ses parents Ninsun et Lugalbanda.

La littérature religieuse est également florissante : hymnes, prières, et textes religieux, notamment autour du rituel du Mariage sacré. Certains hymnes sont consacrés au roi Shulgi, qui a été divinisé et a constitué un modèle pour la postérité.

On dispose également de nombreuses inscriptions et textes royaux, avant tout des inscriptions de fondations, mais aussi d'autres textes plus développés comme le Code d'Ur-Nammu, le plus ancien code de loi mésopotamien connu, qui fournit de précieux détails historiques. Du point de vue de l'historiographie, une version de la Liste royale sumérienne existe déjà à cette période.

[modifier] Religion

Le panthéon d'Ur III est celui de la Mésopotamie du sud de la fin du IIIe millénaire. À la tête vient Enlil, le roi des dieux, pourvoyeur de la royauté depuis sa cité, Nippur, qui a un caractère sacré. Viennent ensuite Enki, Anu, Utu, Ninlil, Inanna, et le dieu-lune Nanna, divinité tutélaire d'Ur.

Les rois d'Ur se divinisent à partir de Shulgi, en suivant en cela la tradition instaurée par Naram-Sin d'Akkad, qui leur a probablement servi de référence. Des hymnes sont écrits en leur honneur, et on leur élève des temples, comme celui de Shu-Sîn à Eshnunna.

La littérature et les constructions religieuses de cette période sont très abondantes (voir plus haut et plus bas).

[modifier] Art

La période de la Troisième dynastie d'Ur est assez peu marquante sur le plan artistique. Peu d'œuvre de premier plan nous sont parvenues de cette époque. L'art reste fortement inspiré par la tradition sumérienne ancienne.

On connaît quelques stèles représentant les souverains d'Ur III. Ur-Nammu est l'objet de deux stèles, une le présentant en train de rendre hommage à Nanna, commémorant la construction du temple dédié à cette divinité, et une autre, retrouvée à Suse (où elle a été amenée en butin) le représentant encore dans un contexte cultuel.

On dispose aussi de statues datées de la période néo-sumérienne, sans doute de la Troisième dynastie d'Ur. Une statue en diorite, elle aussi retrouvée à Suse et originaire d'Eshnunna, représente un roi babru assis sur un trône. Le style des statues de cette époque est très proche de celui de celles retrouvées à Girsu datant du règne de Gudea, qui précède ou est contemporain du début de la domination des rois d'Ur.

La glyptique de l'époque d'Ur III porte de nombreuses représentations des souverains, souvent dans des contextes cultuels. Les thèmes gravés sur les sceaux-cylindres, très répétitifs, sont généralement religieux, avec des humains rendant hommage à des divinités.

[modifier] Architecture

Ruines de la ziggurat d'Ur
Ruines de la ziggurat d'Ur

Les rois d'Ur III ont été de grands batisseurs. Leur capitale d'origine a été au centre de leurs attentions, mais ils n'en oublièrent pas pour autant les autres grandes villes de Sumer, que ce soit Nippur (qui fut souvent leur lieu de résidence), Uruk, Eridu, etc. Les constructions restent dans le cadre de la tradition mésopotamienne : murailles, palais, temples. La nouveauté est l'apparition des premières grandes ziggurat connues, construites par Ur-Nammu et Shulgi dans les principales villes religieuses de Basse-Mésopotamie.

C'est donc Ur qui bénéficia le plus des attention des rois de cette dynastie. Le monument le plus impressionnant bâti à cette époque est la ziggurat Etemenigur (« Maison au fondement imposant »), qui a une base de 62,50 x 43 mètres. Le temple bas du complexe sacré de la cité, nommé Ekishnugal (« Maison de la grande lumière »), dédié au Dieu-Lune Nanna est également rebâti. Les autres bâtiments construits dans le quartier central d'Ur sont le Giparu, résidence de la grande prêtresse de Nanna, l'Enunmah (« Maison du très-haut prince »), peut-être un entrepôt, et l'Ehursag (« Maison-montagne »), peut-être la résidence du clergé du temple de Nanna. Plus au sud se trouvaient les mausolées de Shulgi et Amar-Sîn.

On doit à Shulgi plusieurs constructions remarquables. D'abord une ville, Puzrish-Dagan, peut-être destinée à être sa capitale, en tout cas connue pour sa très abondante documentation, concernant surtout des entrées et des sorties de bétail. Elle n'a jamais fait l'objet de fouilles régulières. Ensuite une grande muraille, située entre l'Euphrate et la basse Diyala, nommée BÀD.IGI.HUR.SAG.GÁ, « muraille qui fait face à la montagne ». Elle était destinée à juguler les incursions des nomades MAR.TU en Basse-Mésopotamie. Son fils Shu-Sîn renforça cette construction.

[modifier] Chute du royaume

Ibbi-Sîn monte sur le trône en 2028 av. J.-C., et entreprend les premières années de son règne des expéditions contre Simmurum au nord, et contre Suse et Anshan à l'est en Élam. Mais ce ne sont que des victoires inutiles contre des adversaires qui ne sont pas les plus dangereux. En effet, les Amorrites pénètrent de plus en plus profondément vers le cœur du pays de Sumer, et affaiblissent le pouvoir d'Ur. Ibbi-Sîn perd rapidement sa souveraineté sur plusieurs territoires : Eshnunna au nord, puis Suse et Der à l'est, ainsi que Umma et Lagash, dans le pays de Sumer même. Le royaume connaît alors la disette et l'inflation, causées par la perte de ces riches terres, la perturbation du commerce et les ravages causés par les Amorrites. En 2017 av. J.-C., une incusion de ceux-ci cause la famine à Ur. Ibbi-Sîn envoie alors Ishbi-Erra, un de ses fidèles, à la recherche de grain à Isin. Profitant de la présence de nomade qui limite les possibilités d'intervention armée du roi d'Ur, ce dernier fait sécession. Il restaure l'ordre dans ses territoires, et s'empare de Nippur, la cité sainte, et devient ainsi le souverain légitime du pays, choisi par Enlil le roi des Dieux.

Ibbi-Sîn est alors considérablement affaibli, mais, grâce à des derniers fidèles, il conserve son autorité sur certains territoires. Mais Ishbi-Erra, s'il ne peut s'emparer d'Ur, est toutefois à la tête d'un royaume plus prospère qu'il peut mieux défendre. Il réussit ainsi à se débarrasser des Amorrites. En 2007 av. J.-C., le roi Kindattu de Simashki dirige une armée composée d'Elamites et de soldats des pays de Subartu (le nord de la Mésopotamie) et de Su (indéterminé) vers le pays de Sumer, qu'ils ravagent. Mais ils sont repoussés par Ishbi-Erra. En 2004 av. J.-C., une nouvelle armée revient dans la région. Elle s'attaque cette fois-ci au plus faible, c'est-à-dire Ibbi-Sîn. Ur ne tient le siège que quelques jours, et tombe rapidement. Elle est pillée, incendiée, et son roi est emmené captif vers l'Élam où il finit ses jours.

C'est ainsi que fut porté le coup de grâce au royaume qui s'était élevé plus haut qu'aucun autre avant lui, et avait laissé de ses riches années une impression d'âge d'or, qui fit que sa chute fut considérée comme un désastre, la fin d'une grand époque. Ur aura posé les bases des grands royaumes qui lui succèderont, qui poursuivront son modèle d'organisation et l'amélioreront. Tandis que les Sumériens vont disparaître, assimilés par les Sémites après l'arrivée des Amorrites, une nouvelle ère s'ouvre dans l'histoire mésopotamienne, la période paléo-babylonienne ou amorrite.

[modifier] Lien interne

[modifier] Bibliographie

  • (en) McGuire Gibson, R. D. Biggs, The organization of power : aspects of bureaucracy in the ancient Near East, Chicago, 1987
  • (en) D. Frayne, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/2, Ur III period (2112-2004 BC), Toronto, 1993
  • (de) W. Sallaberger, A. Westhenholz, Mesopotamien, Akkade-Zeit und Ur III-Zeit, OBO 160/3, 1999