Sumérien

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le sumérien tel qu'il a été parlé dans l'ancien empire sumérien est une langue qui a disparu et est tombée dans l'oubli jusqu'au XIXe siècle, se distinguant ainsi des autres langues parlées dans la région, telles l'hébreu, l'akkadien, le babylonien, l'assyrien, toutes langues sémitiques.

Le sumérien semble être la première langue écrite connue. Son écriture, le cunéiforme (ce qui signifie « en forme de clou ») a été plus tard récupérée par l'akkadien, l'ougaritique, et l'élamite. L'écriture cunéiforme a même été utilisée par certaines langues indo-européennes, tel le hittite (qui avait en parallèle une écriture hiéroglyphique), le cimmérien, et le perse ancien, bien que ces derniers ne se soient pas servi des mêmes instruments de gravure, s'éloignant de la graphie originelle. En effet, le perse n'a employé que la forme de l'écriture, pendant que la prononciation des signes n'avait plus rien à faire avec le système originel.

Sommaire

[modifier] Caractéristiques

Le sumérien est une langue agglutinante, ce qui signifie que chaque mot est formé de multiples morphèmes associés les uns aux autres ; il s'oppose ainsi aux langues isolantes comme le chinois (où chaque mot n'existe que sous une forme fixe) et aux langues flexionnelles, où les mots se déclinent sous des formes différentes formées par l'utilisation d'affixes ne pouvant être séparés de la racine. On retrouve en sumérien une utilisation importante de mots composés : ainsi par exemple le mot lugal signifiant « roi » est formé par l'accolement des mots pour « grand » et « homme ».

C'est aussi une langue ergative, ce qui signifie que le sujet d'un verbe transitif direct est décliné au cas ergatif, ce qui se marque par la postposition -e. Le sujet d'un verbe intransitif et l'objet direct d'un verbe transitif relèvent de l'absolutif, ce qui en sumérien (comme dans la plupart des langues ergatives) est marqué par l'absence de suffixe (ou encore ce qui est appelé « suffixe zéro », comme dans lugal-e é mu-dù « le roi construit une maison/un temple/un palais » ; lugal ba-gen « le roi partit »).

[modifier] Grammaire

[modifier] Nom

Le nom sumérien est composé typiquement de une ou deux syllabes, rarement plus sauf dans les mots composés. Exemples : igi = œil, e = temple, nin = femme/dame. Beaucoup de mots bisyllabiques sont décomposables ; exemple déjà cité : lugal = roi (lu = homme, gal = grand). En fin de mot, une particule s'ajoute afin de préciser le rôle du mot dans la phrase ainsi que diverses modalités. D'autres particules comme les possessifs se greffent aussi en fin de mot. Exemple : lugal.ani = son roi (ani étant la marque de la 3e personne). Deux mots peuvent se suivre afin de fabriquer un génitif, surtout dans le cas de noms propres. Exemple : ur.Namma = homme de Namma (ur = homme, Namma = dieu local). Sinon, usuellement, on utilise le marqueur .k pour le génitif.

Exemple :

nin.ani.r = pour sa dame (femme.possessif_3ème_personne.pour)
nin.ani.k = de sa dame (k = génitif)
e.r       = pour (le) temple (temple.pour)
e.k       = du temple (k = genitif)
e.0       = le temple (0 = marque du vide, absolutif)

[modifier] Verbe

Le verbe sumérien est comme le nom, de une ou deux syllabes, et est soumis à deux conjugaisons (transitive et intransitive) et à deux aspects (hamtu et maru comme indiqué dans les grammaires akkadiennes du sumérien).

Les terminaisons usuelles sont :

1re personne du singulier, intransitif = -en 
1re personne du pluriel, intransitif = -en -dè -en 
2ère personne du singulier, intransitif = -en -zè -en 

Toutefois, la conjugaison sumérienne est un peu plus complexe que dans bon nombre de langues modernes car le verbe indique non seulement ses relations avec les autres membres de la phrase mais aussi sa propre relation vis à vis de lui-même.

Exemple : mu.na.n.du.0 = il a construit

mu = marqueur du définitif ou du très probable
na = marque du datif (construire pour)
n  = agent 3e personne singulier
du = construire
0  = absolutif

[modifier] Bibliographie

  • (en) M.-L. Thomsen, The Sumerian language: An introduction to its history and grammatical structure, Akademisk Forlag, 1987
  • (en) D.O. Edzard, Sumerian Grammar, Handbuch der Orientalistisk, Brill, 2003
  • (fra) Jestin, "Abrégé de grammaire sumérienne", geuthner

[modifier] Liens externes