Lagash

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Statuette du roi de Gudea de Lagash, XXIIe siècle.
Statuette du roi de Gudea de Lagash, XXIIe siècle.

Lagash est une ancienne cité du pays de Sumer, capitale de l'État du même nom. Cette ancienne cité-État comprenait, en plus de la ville de Lagash, située sur le site actuel d'Al-Hiba, Girsu, ville sainte où se trouve le sanctuaire de la divinité tutélaire lagashite, Ningirsu, et Nigin, située au sud du territoire, dans une région marécageuse.

Cet État et sa région est le mieux connu de basse Mésopotamie pour la seconde moitié du IIIe millénaire. Cela est avant tout dû aux nombreuses trouvailles artistiques et épigraphiques effectuées sur le site de Tello, correspondant aux ruines de Girsu, qui ont permis de redécouvrir la civilisation sumérienne à la fin du XIXe siècle. Le site de la ville Lagash, le tell actuel de Al-Hiba, a été fouillé plus tardivement, et à livré moins de sources.

La période couverte par les découvertes effectuées sur ces deux sites correspond donc à environ cinq siècles, de 2500 à 2000 avant J.-C. Cela recouvre trois périodes de l'histoire mésopotamienne : le Dynastique archaïque IIIB (DA IIIB, 2500-2340), la période d'Akkad (2340-2150), et la période néo-sumérienne (2150-2000).

Sommaire

[modifier] Géographie de l'État de Lagash

Localisation des villes de l'État de Lagash
Localisation des villes de l'État de Lagash

L'État de Lagash est situé au sud-est du pays de Sumer. Daurant le IIIe millénaire, son territoire est traversé par une branche de l'Euphrate qui va se jeter dans le golfe Persique, qui constitue la limite méridionale du royaume, le rivage étant alors plus avancé qu'aujourd'hui.

Le long du cours du fleuve se trouvent les trois cités principales du royaume. Lagash (site actuel de Al-Hiba), cité éponyme, se trouve en gros au centre. C'est à partir d'elle que s'est formé la cité-État qui porte son nom. Plus au nord, on trouve Girsu (Tello), qui est le lieu de résidence du dieu local Ningirsu, et donc en quelque sorte la capitale religieuse du royaume. Il est probable qu'elle soit devenue aux époques qui nous sont documentées la capitale politique du royaume en lieu et place de Lagash. Au sud enfin se trouve la ville de Nigin (Zurghul).

Les limites nord et sud du royaume sont deux espaces qui prennent une grande importance au cours de la seconde moitié du IIIe millénaire par leur dynamisme. Au sud, le GU.ABBA, le « bord de la mer », est la région maritime. Au nord, le GU.EDEN.NA, le « bord de la steppe », est un espace irrigué très prospère contrôlé par Girsu. C'est l'espace frontalier avec le territoire de l'État d'Umma, âprement disputé au cours de la fin de la période des Dynasties archaïques.

[modifier] La ville de Lagash

Les sources nous permettant de connaître l'ancienne région de Lagash proviennent en majorité du site de Tello, qui a livré de nombreuses inscriptions royales et tablettes d'argiles inscrites, ainsi qu'une quantité importante d'objets d'art. En revanche les restes architecturaux du site ont été anéantis par les fouilleurs du XIXe siècle qui ne savaient pas reconnaître les structures en brique crue (qui n'étaient de toute manière pas leur priorité). On a longtemps identifié ce site comme étant la ville de Lagash elle-même, mais il s'est finalement avéré qu'il s'agissait de Girsu. Lagash se trouvait sous les ruines du vaste Tell Al-Hiba (480 hectares), plus au sud, déjà repéré à la fin du XIXe siècle par l'archéologue allemand Robert Koldewey. Une partie de ce site a été fouillé à partir de 1968 et jusqu'au début des années 1980 par une équipe américaine. Les découvertes épigraphiques et artistiques y furent moins fructueuses que celles de Tello, confirmant la prééminence de Girsu durant les époques qui nous sont bien documentées. Mais en revanche des bâtiments d'un certain intérêt y ont été exhumés.

Le plus remarquable est le temple dédié à la déesse Inanna, l'IB.GAL, datant du DA III, enfermé dans une enceinte ovale, comme le temple contemporain de Khafadje dans la vallée de la Diyala. L'autre grand temple de la cité était celui du dieu local Ningirsu, l'É.BA.GARÁ. Des restes d'une vaste plate-forme en briques indiquent qu'une ziggurat avait peut-être été construite sur le site. Les niveaux les plus récents du site remontent à la période paléo-babylonienne (première moitié du IIe millénaire).

[modifier] Histoire

[modifier] La Première dynastie de Lagash

Le roi Ur-Nanshe est vers 2520 le fondateur d'une nouvelle « dynastie » à Lagash (en fait une série de rois qui ne sont pas forcément liés par des liens familiaux). C'est avec lui et ses successeurs que l'on est pour la première fois bien renseigné sur l'histoire du pays de Sumer, grâce aux nombreuses archives retrouvées à Girsu pour cette période. Lagash est alors apparemment (notre vision étant peut-être biaisée par la provenance des sources) l'une des cités-État les plus puissantes de basse Mésopotamie, alors que Kish ou Uruk entrent dans une phase de déclin.

Stèle des vautours, face, registre supérieur : la « phalange » de l'armée de Lagash triomphant des troupes d'Umma, sous le règne d'Eannatum.
Stèle des vautours, face, registre supérieur : la « phalange » de l'armée de Lagash triomphant des troupes d'Umma, sous le règne d'Eannatum.

Les rois de Lagash sont en lutte quasi-permanente contre son voisin septentrional, Umma, autre royaume qui s'affirme à cette époque, pour la possession d'un territoire frontalier. Ce long conflit dure près de trois siècles, et Lagash connaît tantôt des victoires, tantôt des défaites. Le plus grand souverain de la période est Eannatum, qui écrase l'armée d'Umma et défait même une coalition regroupant la plupart des souverains de Mésopotamie. Lagash atteint alors son apogée. Son successeur Enannatum est quant à lui vaincu par le roi d'Umma, mais son fils Entemena le venge et prend la ville ennemie. Lagash connaît alors une phase de déclin, et vers 2350, un usurpateur monte sur le trône : Urukagina. Il aurait rétabli la paix sociale dans son pays, mais il connaît cependant la défaite face au roi Lugal-zagezi d'Umma.

Les derniers règnes des rois de la Première dynastie de Lagash sont abondamment documentés du point de vue des archives administratives retrouvées à Girsu. Ces archives sont essentiellement celles des temples de Ningirsu et de sa parèdre Ba'u.

[modifier] L'Empire d'Akkad

La domination de Lugal-zagesi s'achève par sa défaite contre Sargon d'Akkad vers 2340. Il est possible qu'Urukagina se soit rallié à ce dernier, car une personne de ce nom est mentionnée dans l'obélisque de Manishtusu, petit-fils de Sargon, parmi les bénéficiaires de donations, donc un proche du roi.

Sous la domination d'Akkad, Lagash est la capitale d'une province dont les limites devaient correspondre à l'ancien royaume.

[modifier] La Seconde dynastie de Lagash

Fragment de stèle représentant Gudea.
Fragment de stèle représentant Gudea.

L'empire d'Akkad s'effondre vers 2200. Lagash retrouve alors son indépendance, et une nouvelle dynastie est fondée par Ur-Ningirsu Ier. Il ne s'agit cependant pas d'une dynastie au sens propre du terme, puisque les souverains ne semblent pas être des membres de la même famille.

Cette période est dominée par la figure du roi Gudea, qui règne vers 2120. Ce souverain est surtout connu par son patronage dans le domaine artistique que par ses actions militaires, seule une victoire contre l'Élam étant à mettre à son actif. À Girsu, il a restauré la plupart des temples, et en a construit de nouveaux, dont le temple du dieu Ningirsu, l'Eninnu, qui a été détruit par la maladresse des archéologues français ayant fouillé Tello. Il reste en revanche de son règne de magnifiques statues le représentant, qui se trouvent actuellement au Musée du Louvre, et qui constituent le fleuron de la statuaire sumérienne.

[modifier] Lagash sous la Troisième dynastie d'Ur et les périodes tardives

Le règne de Gudea précède de peu ou bien est contemporain de celui d'Ur-Nammu, qui fonde le royaume d'Ur III. Lagash passe sous son contrôle, et le royaume redevient une province. On sait par la documentation de cette période que la région qu'elle domine est l'une des plus prospères de l'Empire, notamment par sa participation importante au système du BALA.

Après l'effondrement de celui-ci un siècle plus tard, une nouvelle dynastie tente de faire revivre la grandeur de Lagash, mais elle se laisse vite subjuguer par les royaumes voisins. Dès lors, Lagash n'occupe plus une place importante dans l'histoire de la Mésopotamie. Les villes de l'État sont désertées au XVIIe siècle , avant d'être repeuplée plus tard. Quelques constructions datées du IIe siècle ont été retrouvées à Girsu, mais la ville est abandonnée peu après, alors que Lagash est déjà déserte depuis longtemps.

En dépit de son importance pour la période des Dynasties archaïques, le royaume de Lagash fait partie des oubliés de la tradition historiographique mésopotamienne : aucune de ses dynasties ne se retrouve dans la Liste royale sumérienne, et la mémoire de ses souverains s'est perdue.

[modifier] Organisation politique

La situation politique de Lagash varie bien entendu grandement selon si on est à une période d'indépendance politique ou au contraire à une période durant laquelle la région est incorporée dans un grand Empire. Pourtant, le cadre territorial comme les structures d'encadrement restent relativement stables.

Quand Lagash est un royaume indépendant, il est dirigé par un roi, qui porte le titre sumérien d'ENSI, signifiant « vicaire ». Ceci reflète l'idéologie politique mésopotamienne : le pouvoir appartient en réalité aux dieux, dans ce cas, Ningirsu, considéré comme la véritable maître du royaume, et le souverain terrestre n'est que son représentant, il lui doit son pouvoir. Il arrive aussi que les souverains portent le titre de LUGAL, « grand homme », qui lui n'a aucune connotation religieuse. Les rois ont une épouse principale, qui occcupe une place importante dans la vie du royaume. Le reste des structures politiques du royaume de Lagash sont mal connues. Le gouvernement s'appuie sur une bureaucratie relevant du palais, mais également des temples, qui sont plus ou moins contrôlés par le pouvoir royal.

La conquête de Lagash par Sargon d'Akkad renvoie ce territoire au simple rang de province de l'Empire d'Akkad, et cette situation se reproduit au début de la Troisième dynastie d'Ur. Le cadre territorial reste inchangé, et le pouvoir est toujours exercé depuis Girsu, qui a livré des archives venant des gouverneurs provinciaux de ces deux périodes. Ceux-ci portent le titre d'ENSI, devenu dans ces empires un poste administratif. Ces personnages dirigent l'administration de la province, et se chargent des activités des grands organismes qui gèrent les activités économiques (avant tout les temples pour ce qui concerne Lagash). Ils s'assurent de la disponibilité des productions des grands domaines et ateliers pour l'administration centrale. La prospérité de la région de Lagash en fait en effet un pivot de chacun des deux Empires. Les épouses des gouverneurs s'inscrivent elles aussi dans la continuité des reines de l'époque archaïques, tant pour les fonctions administratives que religieuses.

[modifier] Économie et société

Fragment de cône d'argile inscrit mentionnant le creusement d'un canal par Urukagina.
Fragment de cône d'argile inscrit mentionnant le creusement d'un canal par Urukagina.

Les archives retrouvées à Girsu nous donnent une image de la propérité économique de la région de Lagash au cours de la seconde moitié du IIIe millénaire. Les trois principales cités sont situées sur une branche de l'Euphrate, qui sert de source pour un important réseau d'irrigation qui donne naissance à une des plus riches régions agricoles du pays de Sumer. On sait par leurs inscriptions que les souverains ont activement participé à l'entretien de ce système si vital pour leur royaume, et c'est d'ailleurs autour d'un terroir irrigué que se noue l'intrigue des conflits opposant les souverains archaïques de Lagash à ceux d'Umma.

Tablette des archives du temple de Bau concernant la distribution de rations d'entretien.
Tablette des archives du temple de Bau concernant la distribution de rations d'entretien.

Les structures et les activités économiques sont documentées pour la période des Dynasties archaïques par les archives du temple de la déesse Ba'u. Il s'agit en fait d'un domaine appartenant pour la période qui nous est documentée à la reine de Lagash, assimilée à la déesse tutélaire du royaume. De la même manière le roi devait avoir à sa disposition le domaine de Ningirsu. Le temple avait à cette époque plus de 4 400 hectares de terres, et employait 1 200 travailleurs. Ces derniers étaient payés en rations d'entretien, à base de grain. Les activités concernent la culture céréalière, l'élevage, la pêche dans les marais entourant Girsu, et aussi l'artisanat.

La prospérité de la région de Lagash et de Girsu se voit également dans les archives du temple de Ningirsu à la période d'Ur III (XXIe siècle). Elles documentent également l'agriculture et l'élevage. La province de Lagash est la plus grosse contributrice dans le système du BALA mis en place à la fin du règne de Shulgi, et ce pour quelques années, qui organise les contributions en nature des diverses provinces de l'Empire. On est donc à chaque fois dans un cas d'économie et de société encadrée par de grandes institutions, en l'occurrence des temples, mais sur lesquels le pouvoir royal exerce un pouvoir fort : ils servent de base à l'organisation de l'Empire d'Ur. Leur personnel semble d'ailleurs plus tourné vers la gestion du domaine que le culte religieux, sous la direction d'un administrateur, le ŠABRA. La propriété privée n'est pas documentée.

Les terres agricoles des temples sont gérées de façon tripartite :

  • champs en régie directe, travaillés par des dépendants payés uniquement en rations d'entretien, évaluées en fonction des besoins des personnes (en grain, huile et laine, donc pour se nourrir, se laver et se vêtir) ;
  • champs confiés à des personnes contre l'exercice d'une fonction, en guise de rémunération ;
  • champs loués à des métayers contre redevance, d'en moyenne 1/3 de la récolte sous la période d'Ur III.

Les dépendants peuvent être réquisitionnés pour des corvées, de même que les métayers. Ils sont alors tous rémunérés par des rations, mais le système est plus généreux pour les seconds que pour les premiers.

L'élevage est bien documenté également, notamment pour la période de la Troisième dynastie d'Ur. L'élevage dominant est celui des ovins, mais on est bien documenté sur les bovins, un peu sur les porcins, et la volaille. Les tablettes de la période d'Ur III nous montrent en détail l'organisation de l'engraissement des veaux, surveillé de très près par une armée de scribes comptabilisant les rations distribuées, les entrées et sorties de bétail, l'abattage et les morts accidentelles.

Les activités artisanales sont peu documentées par les archives du temple de Bau : on y voit tout de même les activités d'un groupe d'une vingtaine de tisserandes, dirigées par un contremaître, et elles aussi payées en rations. Les archives de la période d'Ur III nous montrent un ensemble d'ateliers constituant regroupant pour les plus importants des milliers de travailleurs. Le tout était coordonné par une administration très hiérarchisée et bureaucratisée, caractéristique de l'Empire d'Ur. Les ateliers les plus importants sont ceux consacrés à l'activité textile. Ils fonctionnent là aussi essentiellement avec un personnel féminin, évalué à plus de 5 000 personnes, regroupées en 26 ateliers, dirigées par des contremaîtres. Comme leurs lointaines ancêtres, elles sont payées en rations d'entretien. Elles peuvent également être réquisitionnées pour d'autres travaux : minoterie, moisson, entretien des canaux, halage de bateaux sur les canaux.

On voit donc se dessiner sur toute la période un groupe de personnes en étroite dépendance vis-à-vis des grands organismes, qui assurent leur entretien quotidien, et peuvent les soumettre à des sortes de corvées. D'autres personnes sont en revanche moins dépendantes, et la classe la plus aisée est celle qui occupe une fonction dans l'administration de l'institution, lui garantissant desrevenus plus conséquents. Tout ce système s'appuie en effet sur une bureaucratie qui doit être efficace. Les inscriptions d'Urukagina mentionnant l'œuvre de ce dernier pour le rétablissement de la paix sociale dans son royaume montrent d'ailleurs les abus que pouvaient exercer les membres de l'administration des temples et du palais à l'encontre des plus faibles.

[modifier] Le panthéon local

Si la religion pratiquée dans la région de Lagash s'inscrit dans le cadre religieux sumérien et sud-mésopotamien, les dieux vénérés y sont plutôt ceux d'une sorte de panthéon local, constitué de dieux propres à Lagash. Ils sont cependant liés, notamment par des liens familiaux, aux autres dieux sumériens.

Relief votif perforé d'Ur-Nanshe, fondateur de la première dynastie, le montrant lui et sa famille en train de participer à la restauration du temple de Ningirsu, musée du Louvre
Relief votif perforé d'Ur-Nanshe, fondateur de la première dynastie, le montrant lui et sa famille en train de participer à la restauration du temple de Ningirsu, musée du Louvre

Le dieu principal de la région de Lagash est Ningirsu, le « Seigneur de Girsu » , qui dispose de son temple principal (l'É.NINNU, « Maison des cinquante ME ») dans cette dernière cité, mais en avait également un à Lagash. Il est considéré comme étant le fils de Enlil et Ninhursag. Ningirsu est perçu comme étant le vrai maître de l'État de Lagash, dont les souverains ne sont que les « vicaires » (ENSI). Il entretient cependant une relation privilégiée avec eux, et peut leur apparaître en rêve pour leur dicter ses volontés, comme c'est le cas pour Gudea. Le roi était le premier pourvoyeur du culte des dieux locaux : il leur faisait de riches offrandes, et restaurait leurs temples.

La parèdre de Ningirsu est la déesse Ba'u, dont le grand temple, l'É.TAR.SIR.SIR, se trouvait également à Girsu. D'autres textes lui attribuent parfois comme parèdre une autre déesse, Gatumdug. Ningirsu et Ba'u ont au moins deux fils, Shul-Shagana et Ig-alima. La famille royale semble dans son ensemble se reconnaître dans cette famille divine, comme le montre sous le règne d'Urukagina le fait que le roi s'attribue le domaine du temple du grand dieu, la reine celui de la déesse Ba'u, et probablement celui d'un fils du couple divin pour le prince du royaume.

Les autres divinités locales importantes sont les sœurs de Ningirsu, Nanshe, vénérée à Nigin, et Nisaba, qui n'est pas spécifique à Lagash et est vénérée notamment à Umma.

Relief votif représentant l'oiseau-tempête Imdugud ; en albâtre, provenant de Girsu.
Relief votif représentant l'oiseau-tempête Imdugud ; en albâtre, provenant de Girsu.

Un groupe de personnages mythologiques qui auraient été vaincus par Ningirsu apparaît dans certains textes, surtout des hymnes du règne de Gudea. Parmi eux se trouvent le Roi-palmier, le Seigneur Saman, peut-être d'anciennes divinités mineures du pays de Lagash, et des animaux mythologiques comme le bélier à six têtes, le serpent à sept têtes, et l'oiseau Imdugud. Un autre mythe existait aussi sur l'affrontement entre ce dernier et Ningirsu, aprèsque l'oiseau mythique ait dérobé les Tablettes de la destinée à Enlil (version ancienne du mythe du combat de Ninurta contre Anzu). Imdugud est d'ailleurs devenu un animal-attribut de Ningirsu, et c'est sous sa forme que le dieu apparaît en songe à Gudea.

De la même manière que la tradition mésopotamienne postérieure a oublié les rois de Lagash, les dieux de la cité n'eurent pas de postérité : Ningirsu est assimilé à Ninurta, lui aussi fils d'Enlil, originaire de Nippur.

[modifier] L'art royal de Lagash

Les fouilles de Girsu furent prolifiques en œuvres d'art. Parce qu'elles se sont concentrées dans les zones des bâtiments officiels, elles ont livré des réalisations artistiques pour la plupart issues de commandes royales ou bien de l'entourage du souverain.

La sculpture est le domaine le mieux représenté. La grande Stèle des Vautours d'Eannatum commémore la victoire de celui-ci sur Umma, et représente le dieu Ningirsu en train de capturer des ennemis, illustrant le fait qu'il est considéré comme le véritable maître du royaume, et de ce fait comme le principal artisan de sa victoire.

Relief votif de Dudu.
Relief votif de Dudu.

D'autres bas-reliefs de plus petite taille ont été mis au jour : il s'agit d'objets votifs percés d'un trou en leur centre, très courant dans l'art sumérien archaïque. L'un des plus remarquables est celui réalisé à la suite de la construction d'un temple par le roi Ur-Nanshe, qui est représenté lui-même en train de participer à l'ouvrage, avec l'aide de sa famille. D'autres de ces objets ont été réalisés pour des membres de la haute société de Lagash, comme Dudu, prêtre de Ningirsu sous Entemena.

Statue de Gudea, British Museum.
Statue de Gudea, British Museum.

Les sculptures les plus célèbres de Lagash sont les nombreuses statues en ronde-bosse réalisées sous le règne de Gudea, commémorant ses actes pieux : la construction de temples. Elles sont taillées pour la plupart en diorite, importée probablement de la Péninsule arabique. Il s'agit de pièces parmi les plus remarquables de la statuaire mésopotamienne, dont on a souvent vanté la précision, témoignage de la grande maîtrise atteinte par les sculpteurs de Lagash.

Lance massive en cuivre vouée par le roi Ur-Lugal de Kish.
Lance massive en cuivre vouée par le roi Ur-Lugal de Kish.

Les Sumériens étaient également de brillants métallurgistes, et cela se voit dans les dépôts votifs des temples de Lagash. On y a ainsi retrouvé une lance massive en cuivre vouée par le roi Ur-Lugal de Kish, montrant que les rois d'autres cités amies faisaient également des présents aux dieux de Lagash. Un vase en argent de rgande qualité, martelé dans une seule feuille de métal, et finement gravé , a été dédié à Ningirsu par le roi Entemena. C'est l'une des œuvres d'art les plus abouties de la période des Dynasties archaïques, rivalisant avec celles des Tombes royales d'Ur.

Ces œuvres reflètent donc bien l'idéologie royale mésopotamienne du IIIe millénaire : un roi guerrier, mais surtout un roi pieux, premier des fidèles de ses dieux, dont il construit les temples et auxquels il fait les plus belles offrande. Plus largement, le sentiment religieux sumérien et les relations hommes-dieux nous apparaissent au travers des réalisations des artistes de Lagash.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Sources

  • E. Sollberger et J.-R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Paris, 1971 ;
  • (en) R. D. Biggs, Inscriptions from Al-Hiba-Lagash, Malibu, 1976 ;
  • (de) G. J. Selz, Altsumerische Verwaltungstexte aus Lagaš, 2 t., Stuttgart, 1989 et 1993 ;
  • (en) D. O. Edzard, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/1, Gudea and His Dynasty, Toronto, 1997.

[modifier] Cadres généraux

  • F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001 ;
  • (de) J. Bauer, R. K. Englund et M. Krebernik, Mesopotamien, Späturuk-Zeit und frühdynastische Zeit, Fribourg, 1998 ;
  • (de) W. Sallaberger et A. Westenholz, Mesopotamien, Akkade-Zeit und Ur III-Zeit, Fribourg, 1999.

[modifier] Études spécialisées

  • (en) J. S. Cooper, The Lagash-Umma Border Conflict, Malibu, 1983 ;
  • (en) K. Maekawa,
    • « The Development of the É-MÍ in Lagash during Early Dynastic III », dans Mesopotamia 8/9, 1973-74, p. 77-144 ;
    • « Female Weavers and Their Children in Lagash, Pre-sargonic and Ur III », dans ASJ 2, 1980, p. 81-125 ;
    • « The "Temples" and "Temple Personnel" of Ur III Girsu-Lagash », dans K. Watanabe (dir.), Priest and Officials in the Ancient Near East, Heidelberg, 1999, p. 61-101 ;
  • (en) C. Suter, Gudea's Temple Building, The Representation of an Early Mesopotamian Ruler in Text and Image, Groningen, 2000.

[modifier] Liens internes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Lagash.