Rached Ghannouchi

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Rached Ghannouchi
Rached Ghannouchi lors d'un meeting
Rached Ghannouchi lors d'un meeting
Naissance 22 juin 1941
à El Hamma
Nationalité Tunisie Tunisie
Profession homme politique

Rached Ghannouchi ou Rachid Al-Ghannouchi (راشد الغنوشي), né le 22 juin 1941 à El Hamma, est un homme politique tunisien de tendance islamiste.

Sommaire

[modifier] Formation

Il suit son instruction primaire à El Hamma avant de se rendre à Gabès pour suivre son instruction secondaire. Son brevet, obtenu dans une école coranique, il monte à Tunis où il obtient, en 1962, un diplôme de théologie. Devenu instituteur à Gafsa, il y enseigne pendant deux ans avant de partir en Égypte, en 1964, pour poursuivre une formation à la faculté d'agriculture de l'Université du Caire, d'autant plus qu'il est alors un admirateur du nassérisme[1]. Mais il n'y reste pas longtemps et se rend à Damas où il obtient une licence en philosophie en 1968. Il fait alors sa première rencontre avec des islamistes et commence à élaborer sa propre pensée. Ghannouchi se rend en France pour commencer une thèse de philosophie, sous la direction du professeur Syndars, à la Sorbonne. Là, il débute son activisme parmi les étudiants arabes et musulmans et rejoint la Jamaat Tabligh[1]. Il est alors actif dans les activités de prédication de l'organisation dans les quartiers peuplés d'immigrés nord-africains.

[modifier] Activisme

Vers la fin des années 1960, Ghannouchi rentre en Tunisie où le président Habib Bourguiba a pris des mesures tendant à la laïcisation de la société. Ghannouchi commence alors à prêcher dans les écoles secondaires, les universités et les mosquées avec un groupe de jeunes dont Abdelfattah Mourou, Habib Mokni et Salah Karkar qui vont former la Jamâa Al-Islamiya. Cette association commence par organiser son congrès constitutif en avril 1972 dans une ferme de Mornag, bourgade située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis. Une quarantaine de militants prennent part à ce conclave clandestin. Deux ans plus tard, les intellectuels du groupe commencent à s'exprimer publiquement dans les pages du mensuel Al-Maarifa dont le premier numéro paraît en 1974[2]. Ces derniers forment un groupe islamiste qui sera à la base de la formation, au début des années 1980, du Mouvement de la tendance islamique (MTI) dont Ghannouchi devient président (émir) en 1981.

[modifier] Conflits avec le pouvoir

Toutefois, le mouvement est rapidement la cible de la répression et Ghannouchi est conduit à plusieurs reprises devant les tribunaux. Condamné à onze ans de prison (trois ans purgés) en 1981[2], il est à nouveau condamné aux travaux forcés à perpétuité le 27 septembre 1987[3]. Néanmoins, cette condamnation n'est pas considérée comme suffisante par le président Bourguiba qui ordonne un nouveau procès destiné à obtenir la peine de mort[2]. Il n'a pas lieu en raison de la destitution de Bourguiba et Ghannouchi est gracié par le nouveau président Zine el-Abidine Ben Ali le 14 mai 1988[4]. En remerciement, il lui exprime sa confiance dans une interview publiée le 17 juillet par le journal Assabah[5]. Par ailleurs, il rejette la violence, promet le fait que les islamistes ne s'infiltreront plus dans l'armée et la police et reconnaît le Code du statut personnel comme étant « dans l'ensemble [...] un cadre propre à organiser les relations familiales »[6]. Face au nouveau contexte politique, il dépose début 1989 une demande pour légaliser le MTI devenu plus tard Ennahda[7] mais celle-ci est refusée en juin de la même année[8].

[modifier] Exil

C'est alors que Ghannouchi s'exile à Alger, muni d'un passeport diplomatique soudanais, tout en restant à la tête du mouvement[9]. En 1991, il s'installe à Acton, dans la banlieue ouest de Londres, et obtient le statut de réfugié politique en août 1993. À Tunis, le Tribunal militaire le condamne par contumace, le 28 août 1992, comme d'autres leaders du mouvement à la détention à perpétuité pour complot contre le président[10].

L'entrée de plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Égypte et le Liban, lui sont interdites. En mars 1995, il est expulsé du territoire espagnol après avoir participé à Cordoue à une conférence sur le thème Islam face à la modernité[réf. nécessaire].

Depuis 2005, Ghannouchi est de plus en plus ouvertement contesté au sein de son mouvement. Cette contestation met en opposition la ligne du chef d'Ennahdha, qui prône l'opposition frontale au régime de Ben Ali, à la ligne de la « réconciliation nationale » prôné aussi bien par une partie des troupes nahdhaouis que par des figures historiques et crédibles du mouvement[11].

[modifier] Références

  1. ab (en) CV de Rached Ghannouchi (IslamOnline)
  2. abc (fr) Ridha Kéfi « Comment les islamistes ont été vaincus », Jeune Afrique, 11 mai 1999
  3. Jean-Pierre Langellier, « M. Rached Ghannouchi. Idéologue et tribun », Le Monde, 29 septembre 1987
  4. « Un geste en direction des islamistes. Le président Ben Ali a gracié M. Ghannouchi », Le Monde, 17 mai 1988
  5. Michel Deure, « L'émir des islamistes exprime sa confiance en M. Ben Ali », Le Monde, 17 mai 1988
  6. Sadri Khiari, Tunisie. Le délitement de la cité : cœrcition, consentement, résistance, éd. Karthala, Paris, 2003, p. 29 (ISBN 2845864019)
  7. Michel Deure, « Les islamistes ont demandé l'autorisation de se constituer en parti », Le Monde, 19 février 1989
  8. Michel Deure, « Privé de reconnaissance officielle, le mouvement islamique dénonce les abus du pouvoir », Le Monde, 5 septembre 1989
  9. Michel Deure, « Le mouvement islamiste Ennahdha s'est doté d'une nouvelle direction », Le Monde, 3 mai 1991
  10. (fr) Michel Deure, « Une trentaine d'islamistes sont condamnés à la prison à vie », Le Monde, 29 août 1992
  11. (fr) Fatima Kabba, « Rached Ghannouchi contesté », Le Maghrébin, n°2, 11 septembre 2006 repris sur le site Réveil tunisien

[modifier] Liens externes