El Hamma

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El Hamma
Administration
Pays Tunisie Tunisie
Gouvernorat Gabès
Délégation(s) El Hamma
Maire
Code postal 6020
[http:// Municipalité de El Hamma]
Démographie
Population 34 835 hab. (2004[1])
Densité hab./km2
Gentilé
Géographie
Altitude m.
Superficie ha = km2
Latitude
Longitude
33° 58′ Nord
         9° 48′ Est
/ 33.96, 9.80
Localisation de El Hamma
Carte de localisation de El Hamma

El Hamma (الحامة) est une ville oasis du sud de la Tunisie située à 30 kilomètres à l'ouest de Gabès.

Rattachée administrativement au gouvernorat de Gabès, elle est le chef-lieu d'une délégation couvrant une superficie de 263 700 hectares et comptant une population totale d'environ 62 390 habitants. Elle constitue également une municipalité de 34 835 habitants divisée en plusieurs secteurs dont les plus importants sont El Kasr, Debdaba, Sombat, Bechima et Bou Attouch.

Située sur la route Gabès-Kébili, à une cinquantaine de mètres d'altitude, elle borde le Chott el-Fejej. C'est l'un des exutoires naturels de la grande nappe albienne. L'oasis compte plusieurs sources qui, réunies, forment l'oued El Hamma et se trouvent à 300 mètres les unes des autres. Parmi celles-ci se trouvent Aïn El Bordj, Aïn Chaaliya et Aïn Abdelkader.

Un petit massif montagneux de 220 mètres d'altitude sépare El Hamma de la ville de Gabès.

Sommaire

[modifier] Histoire

Il n'existe pas de littérature importante sur l'histoire de la ville. Les descriptions existantes sont principalement issues de récits de voyages dont celui de Léon l'Africain qui décrit El Hamma vers le milieu du XVIe siècle. Il évoque la source extrêmement chaude qui coule à un mille et demi de la ville et forme le ruisseau qui traverse la ville en son milieu dans de larges canaux :

« El Hamma est une ancienne cité édifiée par les Romains, distante de Capes d'environ quinze milles, et ceinte de murailles dont la maçonnerie est de pierre de taille fort grosse, enrichie de beaux entaillés, avec ce qu'on y voit jusqu'à présent des tableaux de marbre sur les portes, où sont gravées des lettres [...] Près de la cité, environ un mille vers le midi, sort une grosse fontaine très chaude qui prend son cours par la cité, la traversant à grands canaux, dans lesquels et dessous terre il y a quelques édifices, comme des chambres séparées les unes des autres, dont le pavé est le fond du canal par où l'eau s'écoule tellement qu'elle peut arriver jusqu'au nombril de ceux qui y entrent; mais il s'en trouve bien peu qui s'y veulent hasarder pour la trop âpre chaleur. Néanmoins, les habitants ne se lassent pas d'en boire : ce que voulant faire, il faut qu'ils épuisent le soir l'eau pour boire le matin et ainsi par le contraire. Du côté de la tramontane, hors la cité, cette eau s'écoule tout en un lieu auquel elle forme un lac qui s'appelle le lac des Lépreux parce qu'il a vertu et propriété de faire recouvrer santé à ceux qui sont entachés de la lèpre et solider les plaies. Au moyen de quoi, sur le rivage de celui-ci, demeurent une infinité de ladres, lesquels avec le temps retournent en santé. Cette eau a odeur de soufre laissant toujours une certaine envie d'en boire comme je l'ai moi-même expérimenté en buvant par plusieurs fois de celle-ci, encore que pour l'heure je me trouvasse altéré en sorte que ce soit[2]. »

Les auteurs occidentaux s'intéressent au site à partir du XVIIIe siècle. C'est d'abord le docteur Thomas Shaw qui, dès 1743, parle de la ville en ces termes :

« La ville d'El Hamma est à quatre lieues à l'ouest de Gabès : les Tunisiens y ont un petit fort et une garnison parce que c'est l'une de leurs places frontières. La vieille ville en est à une petite distance et conserve encore quelques marques d'antiquité mais qui ne sont guère considérables. Les inscriptions surtout dont parlent Dapper & Leon ne subsistent plus mais ont eu le même sort que les autres anciens monuments et édifices qu'il y avait en ce lieu. El Hamma tire son nom de quelques uns de ces bains chauds où l'on se rend de tous les coins du royaume. On l'appelle communement El Hamma de Gabès pour la distinguer d'une autre ville de même nom qui est à quelques milles au nord de Tozeur. Il y a ici plusieurs bains, qui ont chacun un toit couvert de paille, et dans leurs bassins, qui ont à peu près douze pieds en carré et quatre de profondeur, il y a, pour la commodité de ceux qui se baignent, des bancs de pierre un peu au dessous de la surface de l'eau. L'un de ces bains s'appelle le bain des lépreux, un peu au dessous duquel l'eau s'amasse et forme un étang, qui pourrait bien être le même que Leon nomme le lac des lépreux. Les eaux de ces sources jointes ensembles forment un petit ruisseau, qui étant partagé en un grand nombre de canaux, sert à arroser les jardins, après quoi les eaux réunies dirigent leur cours vers l'extrémité orientale du lac des Marques et se perdent dans le sable à quelques milles de là[3]. »

Village d'El Kasr en 1888
Village d'El Kasr en 1888

Victor Guérin en donne en 1862 la description suivante :

« À une heure, nous arrivons à El Hamma. Cette oasis est formée de plusieurs villages, qui sont : El Kasr, le plus important de tous, Dabdaba, où nous demandons l'hospitalité au cheikh, Soumbat, Zaouïet El Madjeba et Bou Atouche. Des plantations de palmiers arrosées par des eaux courantes environnent ces villages. Ces eaux proviennent de quatre sources chaudes dont trois se trouvent à Dabdaba et la quatrième entre Dabdaba et El Kasr. Elles étaient jadis renfermées dans des bassins construits en fort belles pierres de taille et existent encore, du moins en partie, car beaucoup de blocs ont été déplacés ou enlevés. À chacun de ces bassins est adjoint un petit établissement de bains de construction moderne mais divisés intérieurement en plusieurs compartiments qui sont antiques. La température de ces sources varie : la plus chaude a quarante-cinq degrés centigrades, celle qui l'est le moins en a trente-quatre. Entre Dabdaba et El Kasr s'étendait autrefois une ville qui portait le nom d'Aqua Tacapitanae, parce qu'elle dépendait de Tacape, dont elle était séparée par un intervalle de 18 milles romains. Il en est question dans l'Itinéraire d'Antonin. Elle est complètement détruite actuellement et ses débris ont servis à bâtir les villages modernes qui lui ont succédé ainsi qu'un fort appelé Bordj El Hamma[4]. »

Très récemment, dans La Revue tunisienne[réf. nécessaire], organe de l'Institut de Carthage, l'hypothèse est faite qu'aux temps mythologiques, l'antique oasis d'El Hamma ait été riveraine du fameux lac Triton. Surtout depuis les temps modernes, ce lac fabuleux alimenté par un fleuve et se déversant dans une mer célèbre pour les périls de sa navigation, est l'objet de controverses si nombreuses et encore si peu décisives que le temps ne semble pas venu de se prononcer à son égard. Toutefois, Shaw fait coïncider précisément l'oued El Hamma avec l'ancien fleuve Triton. Un autre explorateur (Rennel) ainsi que plusieurs autres, surtout des voyageurs arabes, ont affirmé que la petite Syrte devait entrer jadis plus profondément dans le littoral et qu'elle communiquait avec le lac.

[modifier] Économie

Bien que l'agriculture ait longtemps constitué le principal secteur d'activité, l'économie de la ville s'est diversifiée ces dernières années et l'industrie emploie aujourd'hui plus du tiers des actifs :

Agriculture Industrie Services Administration Secteur non déclaré Total
1978 5140 3313 2360 134 12 925
Sources : Institut national de la statistique (recensement de 2004)


L'hôtellerie et le tourisme connaissent également un développement particulièrement important grâce à un programme de réhabilitation géothermique cofinancé par la Banque mondiale[5]. El Hamma était la première destination thermale du sud du pays mais, suite à la réalisation de plusieurs sondages profonds en vue d'alimenter en eau la cimenterie de Gabès dans les années 1980 et 1990, il y eut un tarissement de plusieurs sources thermales chaudes, dont Aïn Echoffa, et une dégradation de la palmeraie[5]. C'est pour relancer El Hamma qu'une station thermale d'une capacité de 2500 curistes sera construite dans la localité d'El Khebayat (12 kilomètres d'El Hamma). Elle comprendra des habitats touristiques individuels et groupés, un terrain de golf d'une superficie de 75 hectares, un centre sportif, un centre de congrès, une zone de camping et des espaces verts[6].

Enfin, la ville accueillera très bientôt l'une des plus importantes base militaire de l'armée tunisienne[réf. nécessaire]. L'arrivée d'une telle infrastructure participera au développement de l'économie locale.

[modifier] Démographie

La délégation correspond à la partie nord de l'ancien territoire agropastoral de la tribu des Beni Zid. Située en zone bioclimatique aride inférieur, cette région est caractérisée par une pluviométrie faible et irrégulière (170 mm en moyenne par an). À l'instar du Sud tunisien dans son ensemble, El Hamma est le théâtre de la transformation profonde du rapport des populations à leur territoire en relation avec le déclin du nomadisme au cours de la période coloniale puis après l'indépendance. À la fin du XIXe siècle, la tribu des Beni Zid compte, selon les estimations d'André Martel[7], près de 19 000 habitants dont un quart résident en permanence dans l'oasis d'El Hamma située au centre géographique de leur espace, les trois quarts de la population pouvant alors être qualifiés de semi-nomades.

Habitant sous la tente la plus grande partie de l'année, ils pratiquent l'élevage sur parcours associé à une céréaliculture épisodique. L'extension des labours, localisés principalement sur les terres de culture les plus favorables du point de vue du bilan hydrique, est en outre étroitement dépendante des conditions pluviométriques. La complémentarité des ressources agricoles (oasis et cultures en sec) et des ressources pastorales de la steppe fonde, dans le contexte d'un fort aléa pluviométrique, un mode d'exploitation basé sur la mobilité et l'appropriation communautaire des ressources pastorales. Aujourd'hui, la population de l'ancien territoire des Beni Zid compte environ 70 000 habitants sédentaires dont près des deux tiers résident à El Hamma (estimation de l'Institut national de la statistique en 1994[réf. nécessaire]). L'essor démographique, la sédentarisation d'agropasteurs de la tribu des Beni Zid dans la zone steppique de Menzel Habib et le début d'urbanisation de celle-ci, la progression de l'économie marchande et la montée en puissance de l'État sont classiquement avancés pour interpréter la dynamique sociale et la transformation de l'espace régional.

[modifier] Personnalités

[modifier] Références

  1. Recensement de 2004 (Institut national de la statistique)
  2. Léon l'Africain, De l'Afrique, impr. de L. Cordier, Paris, 1830, tome II, livre 5, pp. 67-68
  3. Thomas Shaw, Voyages de M. Shaw dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant, éd. Jean Neaume, La Haye, 1743, tome I, chap. 5, pp. 276-277
  4. Victor Guérin, Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, éd. Plon, Paris, 1862, p. 235
  5. ab « Réhabilitation géothermique. La renaissance d’El Hamma ! », Webmanagercenter, 6 janvier 2006
  6. « Le conseil régional adopte la phase finale du projet », La Presse de Tunisie, 4 juillet 2007
  7. André Martel, Les confins saharo-tripolitains de la Tunisie (1811-1911), éd. Presses universitaires de France, Paris, 1965
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