Quinson

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Quinson
Carte de localisation de Quinson
Pays France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Alpes-de-Haute-Provence
Arrondissement Digne-les-Bains
Canton Riez
Code Insee 04158
Code postal 04500
Maire
Mandat en cours
Jean-Michel Reymond
2008-2014
Intercommunalité sans
Latitude
Longitude
43° 42′ 11″ Nord
         6° 02′ 26″ Est
/ 43.7030555556, 6.04055555556
Altitude 353 m (mini) – 584 m (maxi)
Superficie 28,11 km²
Population sans
doubles comptes
350 hab.
(1 999)
Densité 12 hab./km²

Quinson (Quinçon en provençal classique et Quinsoun selon la norme mistralienne) est une commune française, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Ses habitants sont appelés les Quinsonnais.

Sommaire

[modifier] Géographie

Situé sur le cours du Verdon, entre les retenues d'eau de Sainte-Croix et d'Esparron-sur-Verdon, le site de Quinson est caractérisé par une plaine alluviale de taille modeste, à 380 m d’altitude[1], enserrée entre de hautes parois rocheuses (le village est dominé par le plateau de Valensole en direction du nord et, à l'opposé, par le cataclinal qui marque la limite septentrionale du haut Var.

La commune de Quinson fait partie du parc naturel régional du Verdon.

[modifier] Économie

Le tourisme et l’agriculture sont des ressources de la commune.

Le village est aujourd'hui renommé pour ses sites d'escalade. La base nautique de Quinson est également le point d'embarquement pour qui veut explorer les basses gorges du Verdon en direction d'Esparron : la location de kayaks, canoës ou bateaux à moteur électrique y est devenue une activité importante. En amont de Quinson, l'accès à la rivière est barré au départ des gorges de Baudinard par le barrage d'Électricité de France.

Plusieurs structures d'hébergement existent sur la commune : plusieurs campings, un hôtel, un gîte d'étape, plusieurs chambres d'hôtes et 4 restaurants.

Le tourisme culturel est attiré par le musée de la préhistoire, et le village préhistorique reconstitué et de visites guidées permettant de découvrir la grotte de la Baume Bonne.

Le climat favorable et la tranquillité du village ont permis l'établissement d'un camp naturiste.

[modifier] Étymologie

Quinson est le nom du pinson en provençal[2] dont l'oiseau est présent sur ses armes. Son nom proviendrait en fait de celui de Quintius, riche propriétaire gallo-romain.

[modifier] Histoire

[modifier] Héraldique

Le blason de Quinson est d’azur à un pont d’argent maçonné de sable, sommé d’un pinson d’or le pied dextre levé, ou d’azur à un pont d’argent, surmonté d’un pinson de même (armes parlantes)[3].

[modifier] Préhistoire

Les origines d'un peuplement humain à proximité de Quinson se trouvent dans les basses gorges du Verdon, où plusieurs grottes (ou « baumes ») ont révélé des abris-sous-roche occupés périodiquement pendant plus de 400 000 ans : parmi ces sites préhistoriques, la plus importante est la grotte de la Baume Bonne, signalée à l'attention des préhistoriens en décembre 1946 et fouillée de 1957 à 1968 par Henry de Lumley, puis, en 19881998 sous la direction de Jean Gagnepain et de Claire Gaillard[4].

La fréquentation du site à des époques différentes s’explique par la présence de l’eau, de bois (pour l’outillage et le chauffage), d’abris naturels (grottes) et la présence de quatre biotopes différents, donc autant de types de faune et de flore assurant l’alimentation :

  • les falaises (tahr, bouquetin),
  • la rivière (poisson et castor) et son tombolo formant un gué emprunté par les troupeaux pour traverser le Verdon ;
  • les forêts (cerf, chevreuil, sanglier) ;
  • la plaine de Quinson-Montmeyan, uniquement herbue (chevaux)[5].

La grotte (actuellement au ras du lac de retenue) dominait le Verdon de 30 m environ, et permet de surveiller le passage des animaux[6]. Enfin, le Verdon charrie suffisamment de pierres de taille et de nature les rendant aptes à la taille : silex et chaille[7]. Plusieurs autre grottes sont occupées à différentes époques sur les falaises du Verdon. Au Bronze final, toutes sont occupées.

La grotte de la Baume bonne est exceptionnelle, car fréquentée à peu près à toutes les époques préhistoriques et historiques. Les périodes d’occupation connues sont[8] :

  • une première à la fin du paléolithique inférieur (il y a 400 000 ans environ) ;
  • une seconde période avec outils fabriqués selon la méthode Levallois (occupation il y a 300 à 150 000 ans[9]). Un des silex vient de gisements situés à 40 (Largue) et 50 km (Sisteron). Ces deux occupations se font dans le fond de la grotte ;
  • l’homme de Néandertal (moustérien) occupe également le site. Les restes d’un ours des cavernes ont été retrouvés (époque : moins de 130 000 ans) ;
  • à différentes époques du paléolithique supérieur (Arénien et Épigravettien), l’homme de Cro-Magnon lui succède (outils en os et bois d’animaux). Des pointes de flèche taillées dans le silex de Sisteron datent également de cette époque ;
  • enfin, la grotte est occupée au néolithique supérieur (Cardial) : on y a retrouvé des céramiques, des outils en pierre polie. Petit à petit, la part de la chasse dans l’alimentation diminue et est progressivement remplacée par la chèvre et le mouton, du fromage est fabriqué (faisselles) (à partir de 5800 av. J.-C. et pendant 1800 ans environ). Tous ces restes sont découverts à l’entrée de la grotte.

À l’époque historique, des tessons de céramique d’époque grecque (600 av. J.-C.), romaine (à partir du Ier siècle av. J.-C.), du Haut Moyen Âge, de la Renaissance (guerres de religion) attestent de la fréquentation du site. Sous la Révolution française, un prêtre catholique y tient un culte illégal[10] et les bergers s’y abritent encore épisodiquement aux XIXe et XXe siècles.

Les grottes de Sainte-Maxime sont également occupées par l’homme de Néandertal[11]. À cette époque, l’alimentation est surtout constituée de cheval et de bouquetin[12]. Enfin, l’abri du Pont de Quinson est occupé à l’époque mésolithique (antérieur au début du néolithique)[13]. À la fin du néolithique, on trouve encore des traces d’art schématique linéaire (abri Donner[14]).

L’âge du bronze est également représenté à Quinson, plus faiblement, par des épingles retrouvées à l’aven de Vauclare,[15], et la sépulture des Points rouges date du Bronze final[16].

L’âge du fer (qui débute vers 650 av. J.-C. dans la région[17]) se manifeste par l’aménagement de l’éperon barré de Saint-Michel, site défensif situé en hauteur[18], préféré aux grottes et à un habitat sur les berges de la rivière. La raison en est certainement la multiplication de troubles liée à une plus grande hiérarchisation des sociétés vers la fin de l'âge du bronze. C’est à cet endroit que se situe le village médiéval de Quinson, qui succède à l’oppidum celto-ligure[19]. Il est situé en bordure du plateau, au nord-ouest du village actuel. Ses ruines — pour l'essentiel médiévales — sont encore visibles. Ce dernier est daté de près de 3000 ans et le site fut vraisemblablement occupé en permanence jusqu'à la conquête romaine de la Narbonnaise, date à laquelle au moins une riche exploitation — ou villa — romaine fut implantée dans la plaine[réf. nécessaire]. Si aucun indice archéologique ne permet de savoir comment a pu s'achever l'occupation de l'oppidum, c'est peut-être parce que ce dernier, contrairement à d'autres forteresses, ne connut pas de fin violente.

[modifier] Moyen Âge

En tous cas, le rempart naturel constitué par la hauteur de ce premier habitat servit à nouveau — probablement d'abord de lieu de refuge — vers la fin de la période romaine. Durant le haut Moyen Âge, il constitua également le lieu d'implantation du premier village médiéval. Celui-ci apparaît pour la première fois dans les chartes en 1042[20].

Les seigneurs du village furent successivement les évêques de Riez puis les abbés de Lérins (rachat des droits en 1113), puis les comtes de Provence (1248)[3]. L’implantation du village actuel dans la « plaine » constitue donc un nouvel épisode dans l'histoire de Quinson, daté quant à lui de la fin du Moyen Âge. À la fin du XVe siècle, en effet, la reine Yolande d'Aragon, régente de Provence, permit aux villageois de s'établir près des cultures dans la plaine et d'ériger des murailles[réf. nécessaire]. Ces dernières sont encore en bon état ; datant du XIVe siècle, sont percées de deux portes et défendues par sept tours, : elles avaient pour vocation de défendre l'importante route commerciale entre les Alpes et la Provence qui longeait alors le Verdon (actuelle route de Montmeyan), mais aussi de prélever un péage sur le pont du Verdon, essentiel pour les communications entre Basse et Haute-Provence[21]. Au XVIe siècle, le bourg devient ville royale.

Le village dépend de la prévôté de Barjols de 1277 à 1775, date à laquelle il rachète les droits seigneuriaux[3]. Durant la Révolution, le village, fort d'environ 1100 habitants, prit sans hésitation le parti de la République.

[modifier] Révolution française

Dès le 29 décembre 1790, la commune juste constituée de la Roquette lui est rattaché, car elle comptait trop peu d'électeurs actifs[22]. La société patriotique est créée en 1791[23]. Une société rivale est créée en 1792, puis les deux fusionnent[24]. Il y avait 137 adhérents à la Société révolutionnaire en 1793, ce qui faisait que plus de la moitié de la population masculine la fréquentait[25].

[modifier] XIXe et XXe siècle

Au XIXe siècle, Quinson connut la fin de sa prospérité : la construction des voies ferrées plus au sud contribua à l'isoler des grands axes de communication.

La désaffection de la voie qui avait assuré sa richesse et les conséquences de la seconde révolution industrielle entraînèrent l’exode rural de la population jusque durant les années 1970 : en 1950, le village, en effet, ne comptait plus que 250 habitants.

La construction des barrages sur le Verdon par Électricité de France et la création de leurs lacs de retenue permet depuis un nouvel essor de ce site préservé, essor lié au tourisme vert. Le premier est construit en 1875 : il ne sert qu’à alimenter le canal d'Aix (pour l’alimentation en eau)[26].

[modifier] Administration

Liste des maires successifs[27]
Période Identité Parti Qualité
mars 2001 mars 2008 Jacques Espitalier
mars 2008 Jean-Michel Reymond

[modifier] Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[28])
1790 1850 1962 1968 1975 1982 1990 1999
≈ 1000 [29] 931 [20],[30] 218 225 251 232 274 350
Nombre retenu à partir de 1968 : population sans doubles comptes

[modifier] Lieux et monuments

  • Le Musée de la préhistoire de Quinson : son architecture moderne, aux courbes en béton gris qui tranchent sur le fond d'un important mur de soutènement en pierre naturelle, est due à l'Anglais Norman Foster. La réalisation du projet a débuté en 1992. La muséographie a quant à elle été réalisée par Bruno Chambietto.
  • Les portes médiévales
  • Beffroi du XVIIIe siècle, dans les murailles
  • L’église, placée sous le vocable de Notre-Dame-du-Plan et le patronage de sainte Maxime. Elle date du XIIIe siècle, mais s’est écroulée sous la Révolution, et a été reconstruite en 1807.
  • Une chapelle à l’écart du village, dédiée à la même sainte Maxime,

[modifier] Personnalités liées à la commune

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles de Wikipédia

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, Alpes-de-Haute-Provence et Var : des origines à la conquête romaine, Édisud, Aix-en-Provence, 2002. ISBN 2-7449-0347-9. Préface de Jean Courtin

[modifier] Notes

  1. Michel de La Torre, Alpes-de-Haute-Provence : le guide complet des 200 communes, Deslogis-Lacoste, coll. « Villes et villages de France », Paris, 1989, Relié, 72 p. (ISBN 2-7399-5004-7)
  2. En provençal, « pinson » se dit quinsoun. Xavier de Fourvières, Lou Pichot Tresor, Aubanel, 1975.
  3. abc « XVe journée archéologique », dans Annales de Haute-Provence no 308, 2e trimestre 1989, p 9
  4. Musée de Préhistoire à Quinson.
  5. Jean Gagnepain, « La Baume Bonne : 400 000 ans de la vie des hommes », Verdon no 1, estieu 1999, p 97
  6. Jean Gagnepain, Verdon, p 98
  7. D’après des observations effectuées lors de la vidange du barrage d'Esparron, Jean Gagnepain, Verdon, p 98
  8. Jean Gagnepain, Verdon, p 100-106
  9. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon : Alpes de Haute-Provence et Var, des origines à la conquête romaine, Édisud et Parc naturel du Verdon, Aix-en-Provence, 2002. ISBN 2-7449-0347-7, p 45
  10. Jean Gagnepain, Verdon, p 106
  11. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 53
  12. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 56
  13. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 63
  14. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 75
  15. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 78
  16. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 80
  17. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 82
  18. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 34
  19. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 34
  20. ab Michel de La Torre, Alpes-de-Haute-Provence : le guide complet des 200 communes, Deslogis-Lacoste, coll. « Villes et villages de France », Paris, 1989, Relié, 72 (non-paginé) p. (ISBN 2-7399-5004-7)
  21. Thierry Pécout, « Noblesse provençale et pouvoir comtal », in Rives nord-méditerranéennes, Aspects du pouvoir seigneurial de la Catalogne à l'Italie (IXe – XIVe siècles), mis en ligne le : 22 juillet 2005. Consulté le 26 janvier 2008
  22. Gilly, « Lagremuse : l'existence éphémère d'une petite commune des Alpes-de-Haute-Provence », in Annales de Haute-Provence no 320, Bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, Digne, 1992, p 215
  23. Patrice Alphand, « Les Sociétés populaires», La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année, p 291
  24. Alphand, p 296
  25. Alphand, p 320
  26. Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, p 18
  27. Site de la préfecture des AHP
  28. Quinson sur le site de l'Insee
  29. Alphand, p 291
  30. L’article « XVe journée archéologique », dans Annales de Haute-Provence, n° 308, 2e trimestre 1989, p. 9, donne environ 750