Quartier Croulebarbe

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Le quartier Croulebarbe est un quartier de Paris au nord-ouest du 13e arrondissement. Il est délimité au sud par le boulevard Auguste-Blanqui, à l'ouest par la rue de la Santé, au nord par le boulevard de Port-Royal et à l'est par l'avenue des Gobelins.

Son nom de Croulebarbe lui vient des fondateurs du moulin du même nom sur la Bièvre, situé à l'emplacement actuel de l'entrée ouest du square René-Le Gall, moulin supprimé lors de la mise en souterrain de cette partie de la rivière, en 1912. Ce nom est aujourd'hui porté par une rue centrale du quartier.

En 2005, le quartier a une population estimée à 20 050 habitants.

Sommaire

[modifier] Histoire

Dès l'époque gallo-romaine, la cité de Lutèce était installée dans l'île de la Cité ainsi que sur la rive gauche de la Seine. Pour se rendre à Melun, Sens, voire à Lyon, les Romains utilisaient une route qui suivait à peu de chose près le tracé de la rue Mouffetard et des avenues des Gobelins et de Choisy actuelles, au bord desquelles de nombreuses sépultures de différentes époques ont été trouvées. Au pied de la montagne Sainte-Geneviève s'établit rapidement le hameau de Chambois.

Lors des derniers soubresauts de l'empire romain, les chrétiens de Lutèce, devenue Paris, utilisaient comme nécropole toute une partie de ce qui allait plus tard devenir le bourg Saint-Marcel, dont le centre peut être approximativement placé au carrefour des Gobelins actuel. Grâce à des monnaies retrouvées lors de fouilles, sa période d'utilisation semble s'étendre de la fin du Ie siècle au début du IVe siècle.

Du temps de son vivant, la présence de Saint Marcel lui-même en ces lieux n'est pas historiquement certaine, mais il semble bien y avoir été inhumé à sa mort en 436, à la suite de quoi un sanctuaire y fut érigé qui accueillait en permanence une foule de pèlerins attirés par les miracles attribués au saint. Un bourg en naquit, qui nécessita vite la construction d'une plus vaste collégiale dès le début du XIe siècle. À son tour agrandie, elle ne résista pas à la Révolution, fut désaffectée en 1790, puis démolie quelques années plus tard. Son dernier vestige, une tour, disparut définitivement lors de l'élargissement du boulevard Saint-Marcel en 1874.

Le bourg Saint-Marcel, vite devenu une véritable ville, ont été construites l'église Saint-Hyppolyte, située à l'emplacement des premiers numéros impairs du boulevard Arago, démolie peu après la Révolution, et l'église Saint-Martin, sans doute située au droit de la rue de la Collégiale, aujourd'hui dans le 5e arrondissement.

Ce faubourg fut ensuite annexé à Paris sous Louis XV. Sa richesse était due à la fois à son caractère industriel lié à la Bièvre - tapissiers, teinturiers, tanneurs, brasseurs et bouchers notamment - et à son caractère encore campagnard, vignobles et prés, sans oublier les carrières de calcaire omniprésentes au sud.

Les années passant et Paris s'étendant, le faubourg Saint-Marcel perdit de sa superbe, et devint l'un des faubourgs pauvres de Paris. L'annexion de 1860 donna l'occasion au baron Haussmann de donner au 13e arrondissement son aspect actuel, tout au moins en ce qui concerne le tracé de ses artères, jusqu'aux plus modestes.

C'est ainsi que fut élargie la partie basse de la rue Mouffetard devenue l'actuelle avenue des Gobelins, et tracés les boulevards de Port-Royal, Arago et Saint-Marcel. Nombre d'autres rues et places du quartier prirent leur aspect actuel, et ce mouvement ne prit fin qu'avec la couverture définitive de la Bièvre, au début du XXe siècle.

Le quartier Croulebarbe, situé à l'ouest de l'avenue des Gobelins, n'est ainsi qu'en partie situé sur l'emplacement de l'ancien bourg Saint-Marcel. Son unité lui vient par contre de la Bièvre, qui coulait paresseusement en son centre.

[modifier] Sites particuliers

  • L'îlot de la Reine Blanche, où se trouvent parmi les plus anciennes constructions de l'arrondissement. L'hôtel de la Reine Blanche, notamment, ainsi que plusieurs bâtiments de maître semblent avoir été construits pour la famille Gobelin à la fin du XVe siècle à des fins industrielles. Pour Gérard Conte[1], l'origine du nom de Reine Blanche est imprécise, et pourrait concerner soit Marguerite de Provence, veuve de saint Louis, soit Blanche de France, fille de saint Louis et veuve de Ferdinand de la Cerda, soit Blanche d'Evreux, veuve de Philippe VI de Valois. La plaque historique de la ville de Paris, placée rue des Gobelins, mentionne Blanche, fille de saint Louis.
  • Un pan de mur aux fenêtres gothiques dans le jardin de l'hôpital Broca, est le seul vestige de l'abbaye des Cordelières. Construit à la fin du XIIIe siècle à la demande de Marguerite de Provence, veuve de saint Louis, ce couvent de huit hectares à l'origine connut des fortunes diverses : inondations par la Bièvre toute proche, dévastation lors du siège de Paris par Henri IV en 1590, vente après la Révolution en 1796, utilisation en tant que tannerie puis blanchisserie, enfin transformation en hôpital de Lourcine, devenu hôpital Broca, puis quasi-totale disparition dans les années 1970 et 1980.
  • La Manufacture des Gobelins, au 42 de l'avenue des Gobelins, fut construite à cet emplacement dès 1601, lorsque Henri IV y installa ses tapissiers flamands Marc de Comans et François de la Planche, dans des bâtiments appartenant aux teinturiers de la famille Gobelin. En 1867, Colbert y établit ensuite la manufacture des meubles de la Couronne, sous la direction de Charles Le Brun.
  • Au 28 rue des Tanneries, se trouve l'ancien Couvent des Filles-Anglaises. Fuyant les persécutions dont furent victimes les catholiques anglais au milieu des années 1650, un petit groupe de bénédictines s'installa là en 1664. Lors de la Révolution, le couvent devint une prison, puis fut vendu comme bien national en 1799.
  • Les Dames Augustines du Sacré-Cœur-de-Marie ont fait construire entre 1836 et 1840 un hospice de personnes âgées au 29 de la rue de la Santé. L'architecte en est Antoine Chaland, et l'ensemble est remarquable par la chapelle centrale ainsi que par son magnifique parc.
  • Au carrefour de la rue Corvisart se trouve l'église Sainte-Rosalie, qui date des années 1860, ainsi nommée en l'honneur de la sœur Rosalie, celle-là même qui a donné son nom à la courte avenue donnant place d'Italie, et qui fut des années durant au service du petit peuple du quartier, dans la première moitié du XIXe siècle.
  • La Cité fleurie, 65 boulevard Arago, datant de 1878, fut construite avec des matériaux de récupération des démolitions de l'exposition universelle de Paris de 1878 de la même année. Les deux rangées de pavillons comprenant au total vingt-neuf ateliers d'artistes ont accueilli nombre d'artistes célèbres des années 1900, tels Gauguin ou Modigliani. En 1973, le peintre Henri Cadiou fut à l'origine de la préservation de la cité qui était menacée de démolition pour laisser la place à un immeuble moderne. Depuis lors, site protégé[réf. nécessaire], elle continue à abriter artistes et simples habitants.
  • Le Palais du peuple, hôtel social de l'Armée du Salut datant de 1912, est sis au 29 de la rue des Cordelières. Le Corbusier y édifia un bâtiment sur la cour, en 1926, à la demande de la princesse Edmond de Polignac, alors à la tête d'une belle fortune[3]. Il n'en reste rien aujourd'hui.
  • À peu près contemporain, le Mobilier national, 1 rue Berbier du Mets, est un bel exemple de l'architecture en béton armé des années 1930. Inaugurée en 1936, cette construction d'Auguste Perret a pour but d'abriter les collections du mobilier national.
  • La Tour Albert, du nom de l'architecte Édouard Albert qui l'a construite au 33 rue Croulebarbe, fut le premier gratte-ciel d'habitation construit à Paris en 1960. Elle est classée monument historique. Cette tour comporte 21 étages dont le sixième a été construit plus grand car l'architecte avait prévu d'y installer une passerelle reliant la tour à l'avenue de la Sœur-Rosalie. Le projet n'a finalement pas été réalisé.
  • Le cinéma d'art et d'essai L'Escurial est installé sur le boulevard de Port-Royal et a conservé son cadre historique des années 1950.

[modifier] Notes

  1. Gérard Conte, C'était hier… Le 13e arrondissement, L.M. - Le Point, 1992 (ISBN 29044630406), p. 117.
  2. Biographie de Léopold Sédar Senghor sur le site de l'Assemblée nationale
  3. Source : plaque historique de la ville de Paris située devant l'immeuble.
  4. Site de la ville de Paris.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • C'était hier… Le 13e arrondissement, Gérard Conte, Éditions L.M. - Le Point, 1992.
  • Sur les traces de la Bièvre parisienne, Renaud Gagneux, Jean Anckaert, Gérard Conte, éditions Parigramme, 2002.
  • Dictionnaire historique des rues de Paris, Jacques Hillairet, Les éditions de Minuit, 1985.
  • Je me souviens du 13e arrondissement, Catherine Vialle, éditions Parigramme, 1995.
  • Mémoire des Rues : Paris XIIIe arrondissement, Philippe Lucas, éditions Parimagine 2004.
  • D'hier à aujourd'hui : le XIIIe arrondissement, René Dubail, Les Éditions municipales, 1999.

[modifier] Liens externes