Position paranoïde-schizoïde

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La Position schizo-paranoïde, parfois traduite Position paranoïde-schizoïde, ou simplement position paranoïde, est un concept de Melanie Klein décrivant le fonctionnement psychique du nourrisson, et pouvant se présenter chez l'adulte, en particulier schizophrène ou paranoïaque.

Sommaire

[modifier] Développement du concept

Melanie Klein développant la psychanalyse des enfants, elle aborde des problématiques très précoces. Analyser la pensée de l'enfant l'amène donc à théoriser le début des activités mentales. De plus, comme d'autres analystes modernes, elle pose la question de la psychose.
En 1934, elle présente le concept de position dépressive. Quant à Ronald Fairbairn, il aborda en 1941 la question de traits schizoïdes présents chez des patients non schizophrènes, par exemple dans l'hystérie. Il travaille par là le clivage originel du Moi.

Klein enseigne en 1946 sur ces mécanismes schizoïdes et présente l'identification projective. Elle développe le concept de position paranoïde, qu'elle nomme de prime abord stade persécutif, puis état paranoïde rudimentaire, le terme de paranoïde se rapprochant tant de la paranoïa que de la schizophrénie paranoïde.
L'état paranoïde rudimentaire se voit, dans une première théorisation, lié au stade anal précoce décrit par Karl Abraham. Klein lie par la suite cet état au stade oral, et aux premières relations du nourrisson avec le monde extérieur ; elle adopte le terme de position, marquant l'idée d'un stature du psychique pouvant demeurer active la vie durant.

[modifier] Position infantile

Pour Melanie Klein, comme d'autres analystes tels que Donald Winnicott, la pulsion de mort se manifeste très vivement dans les premiers mois de la vie. Il y a donc dès la naissance ambivalence pulsionnelle. En vue de pouvoir traiter psychiquement ces excitations douloureuses, l'infans (le nourrisson qui ne parle pas encore) aura recours à différents mécanismes de défense.

Le nourrisson dont parle Klein n'a pas encore édifié un Moi tel que celui de l'adulte ; ce Moi est déjà capable de mettre en œuvre des défenses mais s'avère très peu intégré : ce sera l'éventuel aboutissement de la position schizo-paranoïde. Mais certaines descriptions des structurations psychiques de cette période décrivent bien un effort dans ce sens : certaines modalités relationnelles, certains mécanismes de défense montrent les premiers pas dans l'acquisition de fonctions qui seront plus tard l'apanage du Moi.

[modifier] Relation d'objet

Klein utilise toujours l'expression relation d'objet pour traiter de l'objet pulsionnel. Elle considère donc la représentation psychique que se fait l'infans de l'extérieur plutôt que l'interrelation réelle. Les modalités de la position schizo-paranoïde décrivent donc le rapport à l'autre chez le nourrisson et non les interactions objectives entre la mère (ou son substitut) et l'enfant.

Il n'y a pas relation à un objet total que serait la mère. Le clivage de l'objet, le coupant en fragments, les uns bons et les autres mauvais, amène des modalités relationnelles spécifiques à ces objets partiels. D'une part, le bon objet, par exemple le sein nourricier et gratificateur est idéalisé. D'autre part, le mauvais sein sera perçu comme persécuteur et dangereux.

[modifier] Défenses psychiques

Ces modalités relationnelles, amènent l'enfant à se défendre du mauvais.

  • Le clivage de l'objet est la formalisation de l'impossibilité de se figurer un objet comme à la fois source de plaisir et de déplaisir. L'objet est tronqué, façonnants des objets partiels. Il y a donc clivage de l'objet avant que ne se forme le moi névrotique (cette instance est encore très immature).
  • L'enfant va projeter à l'extérieur la pulsion de mort (mécanisme de projection). Il attribue ainsi sa violence psychique à l'extérieur. Il aura notamment recours à l'identification projective.
  • L'enfant à recours au déni. Ce mécanisme est antérieur et plus violent que le refoulement ; un pan entier de la réalité se voit refuser toute prise en charge. Mais cette partie censurée n'est pas même présente dans quelque autre instance de la psyché.
  • L'introjection est la capacité précoce à intégrer certains éléments perçus à l'extérieur ; et ce malgré l'absence de Moi, ce qui différencie cette défense de l'identification, plus élaborée. Le bon sera introjecté par l'enfant pour se rassurer et se protéger de sa propre violence. Le mauvais est également introjecté, ce qui renforce alors les mécanismes précédemment décrits. ( Lintrojection sera évoquée dans la seconde position décrite par Mélanie Klein, à savoir la position dépressive, comme un mécanisme de défense pour éviter la perte du bon objet lorsque l'enfant réalise qu'il ne fait qu'un avec le mauvais, et donc lutter contre la culpabilité résultante de son hypothétique agression.)
  • L'idéalisation est l'investissement d'un sujet pour en faire un objet total, totalement bon, ou totalement mauvais (qui correspond a l'idée que l'on en veux). C'est une réaction possible au besoin de lutter contre le mauvais objet sans perdre le bon.

[modifier] Psychopathologie de la position paranoïde

Les analystes kleiniens travailleront la question d'une position paranoïde et d'une identification projective pathologiques qui seraient un point de fixation dans la psychose. Comme le note Hanna Segal, ces études se heurtent aux plus grandes difficultés, puisque les souvenirs des patients ne sont pas forcément en accord avec la réalité psychique de l'époque, lorsqu'il n'y a pas parole et que le pathologique ajoute une dimension difficile à analyser.

Parmi ces travaux, ceux de Wilfred Bion systématisent une identification projective pathologique (que Meltzer nommera identification intrusive), laquelle ne permet pas la ré-introjection de l'objet projeté, puisque celui-ci éclate en mille fragments, cassant par la même l'objet cible de la projection.

[modifier] Effets, positions et angoisses

Klein décrit certains affects spécifiques à cette phase paranoïde. Elle élabore notamment l'envie. L'envie est un affect destructeur ; si Klein reprend le mot de l'envie du pénis que Sigmund Freud accorde à la femme, elle en fait un affect primordial et concernant les deux sexes.

La position paranoïde se caractérise par une angoisse persécutrice, mais des défenses proches de la schizophrénie. L'évolution de l'enfant l'amènera à se former un Moi intégré ainsi qu'à percevoir la mère comme objet total - c'est le moment où l'enfant reconnaït sa mère. L'angoisse sera alors de nature dépressive, et il ne s'agira pas encore de l'angoisse de castration.

On note que les deux positions décrites par Klein reprennent les trois catégories, en psychiatrie, de schizophrénie, paranoïa et psychose maniaco-dépressive.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

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