Position dépressive

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En psychanalyse, la position dépressive est une phase survenant vers le quatrième mois de vie du nourrisson. Elle fut décrite par Melanie Klein.

Sommaire

[modifier] Introduction

La position dépressive est un moment important de la maturation du Moi chez le jeune enfant sans langage, ou infans. Des causes tant extérieures que internes peuvent l'activer.

L'accès à la position dépressive, initialement, est capacité de surmonter la position paranoïde-schizoïde, dont les traits sont proches de la psychose. Le fonctionnement mental du bébé, alors comparable à une psychose, devient proche de traits observables dans la dépression - bien que la comparaison du pathologique au développement normal reste limitée. La préoccupation du nourrisson, qui selon cette théorie passe d'une position à l'autre, change alors radicalement.

Concrètement, le nourrisson commence par reconnaïtre sa mère. Mais bientôt, il reconnaitra différents membres de son entourage, comme son père. Cette reconnaissance de la personne est un point d'importance, mais la position dépressive étudie plutôt l'aspect intrapsychique de cette reconnaissance, la dynamique qui lui est associée et qui constitue une attitude mentale se manifestant toute la vie, mais plus particulièrement dans les épisodes dépressifs.

Grossièrement, une première identité du nourrisson se constitue ; l'approche théorique mettra donc en relation reconnaissance de l'autre et reconnaissance de soi.

[modifier] Développement du concept

Sigmund Freud formulait déjà quelques formulations quant à la mélancolie, dans Deuil et mélancolie. Karl Abraham en approfondit l'étude et considéra une dépression primaire.

Melanie Klein introduit le concept de position dépressive en 1934. Elle a elle-même traversé le deuil d'un de ses enfants. Elle décrira, huit ans après, une position paranoïde-schizoïde plus précoce encore, mais les deux positions resteront dans l'œuvre de Melanie Klein des concepts centraux.

[modifier] Métapsychologie kleinienne de la position dépressive

Si elle étudie la vie psychique la plus précoce, Klein ne s'intéresse cependant pas à la relation mère-enfant en tant que telle. Il s'agit bien d'étudier la réalité psychique, chez le nourrisson.

[modifier] Caractéristiques

L'accès à la position dépressive implique la possibilité de l'élaboration d'un fonctionnement intégré à partir de la position paranoïde justement définie par une forte fragmentation de la vie psychique.

La mère sera donc reconnue. Le clivage de l'objet s'assouplit : là où il y avait un bon sein et un mauvais sein, selon le schéma de l'objet partiel, le bébé commence à intégrer sa mère comme une personne aux différents aspects, et notamment à la fois satisfaisante et frustrante, rassurante et inquiétante, parfois présente et parfois absente. Ces différentes facettes de l'objet ont de moins en moins pour conséquence le clivage, la segmentation de l'objet, de la personne de la mère, en mille morceaux inassimilables. Il y a donc accès à la relation d'objet propre à l'objet total.

Dans la position paranoïde, il y a très forte identification à l'objet idéal. Cette identification gratifiante, rassurante, permet par la suite que la projection du mauvais à l'extérieur, l'attribution du néfaste au dehors, à l'environnement, diminue. Le moi-plaisir (tel que décrit par Freud) permet, par la réponse qu'il apporte à l'état de détresse, de tolérer des pulsions hostiles comme siennes. Il y a de fait réduction du morcellement de l'identité du nourrisson : le clivage du moi diminue.

Le Moi, qui existait jusque là sous une forme très archaïque, souffre de moins de clivages. Le Moi lui-même s'avère à la fois source de satisfaction et de détresse : le clivage du moi se réduit. De même que la projection faiblit, l'introjection, assimilation d'un trait jusque là perçu au dehors comme soi, devient plus importante. Cette attitude psychique correspond à une plus grande préoccupation pour la réalité externe, qui se révèle comme précieuse.

Ces mécanismes sont donc une reconnaissance de la dépendance. La mère se distingue comme objet d'attachement. Si l'angoisse était, dans la position paranoïde-schizoïde, de nature psychotique (angoisse de mort, de persécution), elle se modifie. L'accès à l'ambivalence, soit la capacité de reconnaitre en soi les tendances mauvaises, ainsi que l'accès à la reconnaissance de la dépendance à la mère, modifient la nature de l'angoisse, qui se colorie d'une tonalité dépressive. L'angoisse dépressive est crainte de tuer l'objet, de le perdre.

Cette coloration de l'angoisse est une clé pour qui veut comprendre les défenses liées à la position dépressive. Il faut de nouveau noter que cette position n'est pas seulement un stade mais bien une attitude présente la vie durant, puisque l'angoisse dépressive demeure.

[modifier] Défenses

Du fait de la crainte que l'objet ne soit perdu, les défenses face à la position dépressive sont spécifiques à ce processus. Les mécanismes de défense sont de deux types : la réparation et la défense maniaque.

Il faut cependant considérer que si la position dépressive se définit par opposition au stade plus précoce, la maturation du Moi, presque synonyme d'une constitution de cette intance psychique, par un deuil, indique une portée large de l'étude de ces défenses. La position dépressive serait en elle-même une défense...

[modifier] Réparation

(...)

[modifier] Défenses maniaques

Alors que la position paranoïde rappelle les psychoses schizophréniques et paranoïaques, ce type de défense montre le parallèle entre une position infantile et la psychose maniaco-dépressive.

[modifier] Position dépressive et Oedipe

(...)

[modifier] D'une relation à une utilisation de l'objet

Là où Freud notait déjà que l'objet naît dans la haine, Donald Winnicott reprendra la théorie de Melanie Klein avec une compréhension qui lui est propre. Il faut noter que Winnicott ne considère pas tant une pulsion de mort. Chez Klein, cette pulsion est fondamentale.

Mais Winnicott choisit de reprendre le terme de relation d'objet dans le sens d'un premier rapport à autrui, dans lequel justement le statut de l'autre n'est pas reconnu. L'objet n'est pas conçu dans sa vie propre, ce qui correspond peu ou prou à l'idée que propose Klein d'une difficile élaboration d'un objet total.

Pour Winnicott, la relation d'objet ne peut aboutir que si la haine amène l'infans à craindre de n'avoir endommagé l'objet. Il faut que la haine amène à penser que l'objet n'a pas pu survivre, qu'il a disparu, que la haine l'a achevé.
Alors seulement il sera possible de constater que l'autre revient, fait retour, qu'il appartient donc à la réalité extérieure et qu'il a sa vie ; l'objet se révèle alors solide et indépendant. C'est ce qui peut amener l'enfant à considérer un objet utilisable, un objet utilise qui soit solide et satisfaisant ; ce que Winnicott appelle le passage de la relation d'objet à l'utilisation de l'objet.
Il ne faut pas ici voir le terme d'utilisation de l'objet, là où l'objet est quelqu'un, comme négatif : il s'agit plutôt de montrer en quoi l'autre peut émerger dans toute sa signification. En une phrase, l'autre prend tout son sens du fait d'avoir survécu à la haine qui lui est portée.

[modifier] La position dépressive comme première position ?

Pour Donald Meltzer, la position dépressive ne fait pas suite à la position paranoïde-schizoïde. Elle est première. La position dépressive implique une difficulté psychique telle qu'elle provoquera des défenses qui feront la position paranoïde ; seulement après ces mécanismes pourront prendre des formes moins violentes et aboutir à des symptômes plus élaborés.

Que la position dépressive soit première ou non, l'enseignement de Meltzer est celui d'un drame psychique ; la position dépressive ne doit pas se présenter comme un facile dénouement d'une position antérieure mais bien comme un ensemble particulièrement insupportable. L'enjeu en est bien de dégager l'aspect fondamental de cette position psychique.

[modifier] Références

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

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