Politique de la terre brûlée

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La politique de la terre brûlée est une tactique de défense consistant, face à une armée d'invasion, à se déplacer ou à se retirer (retraite) en détruisant ou en brûlant tout derrière soi (habitations, récoltes, bétail, routes, ponts, moyens de communications et de production), afin d'ôter à l'ennemi toute possibilité de ravitaillement.

Guerre du Viêt Nam : l'emploi systématique de bombardements au napalm sur le territoire de la République démocratique du Viêt Nam, ici au sud de Saïgon en 1965, évoqua, selon Noam Chomsky, une politique de la terre brûlée.
Guerre du Viêt Nam : l'emploi systématique de bombardements au napalm sur le territoire de la République démocratique du Viêt Nam, ici au sud de Saïgon en 1965, évoqua, selon Noam Chomsky, une politique de la terre brûlée.

Sommaire

[modifier] Avantage face à un ennemi loin de ses lignes

Cette stratégie fonctionne d'autant mieux que l'ennemi est loin de ses lignes d'approvisionnement et est dans l'obligation de trouver sur place les ressources nécessaires. C'est pourquoi elle est une option valable pour la défense de vastes territoires.

[modifier] Mais tactique de la dernière chance

Cependant, la politique de la terre brûlée présente l'inconvénient de supprimer les sources d'approvisionnements potentielles tant pour le défenseur que pour l'envahisseur : c'est donc une tactique qui n'est en général envisagée qu'en dernier ressort, et uniquement lorsque l'armée en défense bénéficie d'une certaine avance sur son ennemi lui permettant de profiter des sources d'approvisionnement avant de les détruire. En général on détruit ce qu'on ne pourra plus utiliser avant d'entamer la retraite, mais qui pourrait servir à l'ennemi.

[modifier] Priorités

Avant tout, si c'est possible, il est largement plus avantageux de pratiquer la politique de la Terre déserte, avant d'appliquer la politique de la terre brûlée. Ceci dépendant toujours du temps et des moyens de transport à la disposition de l'armée en fuite. Cependant, tout n'est pas transportable (les ponts, les routes), et il y a toujours une limite majorante de ce que l'on peut emmener avec soi dans un laps de temps donné.

En général, ceci concernant bien évidemment les guerres modernes, il y a une "logique" qui est appliquée. L'ampleur et la nature des destructions dépend largement du temps qu'une armée en fuite peut consacrer aux destructions, et de ce que l'armée en fuite veut empêcher ou rendre difficile à son ennemi.

Les ponts sont un premier choix. Une colonne de chars qui fait face à un pont détruit stoppe. L'opération Market Garden est un exemple-type d'une offensive qui a échoué, non pas à cause d'un ennemi supérieur, mais parce que les ponts ont sauté. La spécificité des Pays-Bas est que les ponts reliaient des rives escarpées, ce qui rendit impossible l'application d'un plan coordonné une fois les ponts détruits. Les Alliés prévoyaient d'atteindre Berlin en décembre 1944, ceci dépendait du succès de l’opération Market Garden.

Les dépôts de carburant sont une priorité face à une armée en manque de carburant, ou aux lignes d'approvisionnement longues. Les chars et les avions, sans carburant, s'immobilisent et attendent. L'armée adverse gagne du temps pour se regrouper et riposter. La bataille des Ardennes est l'illustration d'une offensive qui a échoué principalement parce que les Américains ont empêché les Allemands de s’emparer de leurs dépôts de carburant. Pris par surprise, les forces américaines ont toutes scrupuleusement détruit leurs dépôts avant l'arrivée des armée panzers, ce qui s'est avéré déterminant dans l'échec de l'offensive allemande.

Les lignes de chemin de fer, tailladées, sont une priorité dans une stratégie de retraite à long terme. Sur des centaines de kilomètres, une ligne de chemin de fer tailladée rend difficile l'approvisionnement. Les trains quittent les rails et se détruisent, ce qui provoque le report d'offensives planifiées. Durant l'opération Barbarossa, les Allemands se rapprochant de Moscou furent obligés de stopper l’armée Nord et l’armée Sud, pour compléter leurs approvisionnements qui tardaient. Les Soviétiques, avant de partir, tailladaient à différents endroits leurs rails, perturbant le fonctionnement des trains d'approvisionnement.

Les maisons, les récoltes, les lignes téléphoniques, le cheptel bovin et ovin font aussi l'objet de destructions.

Les mines furent largement utilisées par les Allemands, beaucoup en Sicile et sur le front de l'Italie. Les poser est toujours plus rapide que le travail de déminage nécessaire pour les enlever.

[modifier] Conflits

La politique de la terre brûlée a été employée à l'occasion des conflits suivants :

[modifier] Anecdote

En 1812 Napoléon, stupéfait de voir Moscou en feu aurait dit :

Cela dépasse tout : c'est une guerre d'extermination, c'est une tactique horrible, sans précédent dans l'histoire de la civilisation. Brûler ses propres villes ! Le démon inspire ces gens. Des barbares. Quelle résolution farouche, quelle audace.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe