Opération Market Garden

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Opération Market Garden

Parachutistes alliés au-dessus des Pays-Bas
Informations générales
Date 17 septembre 1944 - 25 septembre 1944
Lieu Hollande
Issue Victoire allemande
Belligérants
Royaume-Uni Royaume-Uni
États-Unis États-Unis
Canada Canada
 Pologne
Allemagne
Commandants
Bernard Montgomery
Brian Horrocks
Roy Urquhart
James M. Gavin
Maxwell Davenport Taylor
Stanislaw Sosabowski
Walter Model
Wilhelm Bittrich
Kurt Student
Forces en présence
35 000 hommes 20 000 hommes
Pertes
18 000 tués ou blessés 4 000 à 8 000 tués
Seconde Guerre mondiale
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Guerre sino-japonaise

L'Opération Market Garden est une opération militaire alliée essentiellement aéroportée de la Seconde Guerre mondiale qui se déroula en septembre 1944. Il s'agissait d'une tentative principalement menée par les armées britanniques de prendre des ponts franchissant les principaux fleuves des Pays-Bas occupés par les Allemands. Le succès aurait permis aux Alliés de contourner la ligne Siegfried et d'accéder à l'un des principaux centres industriels de l'Allemagne, la Ruhr.

Cette initiative proposée par Montgomery avait rencontré l'opposition des généraux américains, Patton et Bradley, qui voulaient continuer leur offensive au sud. En fait la vraie motivation du field-marshal britannique tenait plus du domaine de l'égo que d'une réelle logique stratégique. Selon les témoignages rapportés par le journaliste américano-irlandais Cornelius Ryan, la mésentente entre le commandant en chef du 21° Groupe d'Armées anglo-canadiennes et le général Dwight Eisenhower, général en chef des forces alliées, atteignait à cette époque des sommets et l'on n'était pas loin du point de rupture entre ces deux fortes personnalités. C'est le moment que choisit Montgomery pour lancer son plan audacieux d'opération aéroportée qui devait permettre de débloquer une situation stratégique bouchée en permettant une percée directe sur la région de la Ruhr, cœur économique du IIIe Reich. Cette idée eut l'air de plaire à Winston Churchill qui s'en fit le plus convainquant des avocats et obtint gain de cause. Si cette opération avait réussi, elle aurait peut-être raccourci la durée de la guerre et ouvert de nombreuses et intéressantes opportunités militaires et politiques aux Alliés.

Sommaire

[modifier] Préludes

[modifier] Avance alliée la première quinzaine de septembre

Fin août 1944, les Alliés viennent de libérer Paris, la Seine est franchie, une avance de 15 jours est constatée sur le calendrier. Dès lors, le général Eisenhower estime que la pause prévue sur le fleuve n'est plus nécessaire. En un peu plus de deux semaines, le Nord-Est de la France (à l'exception de l'Alsace-Lorraine et des Vosges) et une grande partie de la Belgique sont libérés. Un temps d'arrêt est marqué.

[modifier] Objectif: la Ruhr

L'objectif initial de rentrée en Allemagne est la région industrielle de la Ruhr, mais deux approches sont proposées : les Américains Patton et Bradley proposent de percer en direction de la ligne Siegfried qu'ils pensent être une coquille vide au moment des opérations. Le Britannique Montgomery suggère quant à lui, de contourner cette ligne par une audacieuse opération combinée en Hollande. Eisenhower tranche en faveur du Britannique et laisse Patton sur le carreau en allouant le gros du carburant au maréchal britannique.

L'objectif secondaire est de prendre assez de terrain aux Allemands en sécurisant la Hollande pour s'assurer de la prise d'un port en eaux profondes comme Rotterdam ou Anvers en Belgique afin de raccourcir les lignes de ravitaillement alliées qui s'étirent de plus en plus depuis la Normandie.

Ainsi la prise de la Hollande permettrait non seulement d'atteindre rapidement le cœur industriel de l'Allemagne et donc d'espérer écourter les opérations occidentales à Noël 1944 tout en raccourcissant la chaîne logistique vitale pour atteindre Berlin avant l'Armée Rouge.

[modifier] Opération Market et Opération Garden: le plan

L'objectif final de l'opération combinée est de faire passer les blindés de l'autre côté du Rhin à Arnhem afin de se diriger directement vers la Ruhr et terminer ainsi le conflit plus rapidement. Pour cela, ces derniers doivent franchir les nombreux fleuves et canaux que compte la Hollande. Les troupes aéroportées ont donc pour mission de s'emparer des ponts intacts situés sur la route Eindhoven-Nimègue-Arnhem tandis que les blindés devront parcourir les 107 km qui les séparent d'Arnhem le plus rapidement possible. Les renseignements qui parviennent à l'état-major (en provenance notamment de la résistance hollandaise et également des reconnaissances aériennes) font état de mouvements de blindés SS sur Arnhem, mais un certain optimisme règne alors parmi le commandement britannique. Aussi le déclenchement est-il avancé au 17 septembre 1944. Voyons en détails les objectifs de chaque force:

[modifier] Market: offensive aéroportée

L'opération Market-Garden
L'opération Market-Garden

Pour cette opération l'essentiel des unités de la 1re armée aéroportée alliée y sont engagées, le tout étant coiffé par le général britannique Browning.

Ce dispositif est complété par la brigade parachutiste polonaise du colonel Sosabowski. Après la prise des objectifs, les troupes aéroportées devront attendre la venue des blindés. La 1re DAB hérite ainsi de la mission de tenir Arnhem pendant quatre jours. Au total, ce sont 34 000 combattants qui viendront du ciel (soit largués en parachute, soit transportés en planeurs) pour ce qui sera la plus grande opération aéroportée de tous les temps.

Pont de Grave
Pont de Grave

[modifier] Garden: offensive blindée

C'est au XXXe corps d'armée britannique du général Horrocks qu'incombe la tâche d'effectuer la percée jusqu'à Arnhem depuis la tête de pont de Neerpelt, le XIIe corps d'armée couvrant son flanc gauche et le VIIIe corps d'armée son flanc droit. Dans le même temps, la Ire armée américaine lancera une offensive sur la Meuse. Montgomery prévoit l'arrivée du XXXe corps d'armée à Arnhem entre deux et trois jours après le déclenchement de l'opération.

[modifier] Forces ennemies

Du côté allemand, le général Model, commandant le Groupe d'armées B, vient de recevoir en renfort la 1re armée parachutiste et deux divisions SS, la 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen et la 10e Panzerdivision SS Frundsberg. Ces deux unités blindées d'élite sont sous les ordres du SS Obergruppenführer Wilhelm Bittrich car elles sont intégrées au II° SS Panzerkorps (Corps Blindés SS). Le PC de Bittrich est d'ailleurs proche d'Arnhem tout comme celui de Model.

[modifier] Déroulement des opérations

Des éléments de la 101e aéroportée en jonction avec la Résistance hollandaise pendant l'opération Market Garden. La cathédrale en arrière-plan est celle d'Eindhoven.
Des éléments de la 101e aéroportée en jonction avec la Résistance hollandaise pendant l'opération Market Garden. La cathédrale en arrière-plan est celle d'Eindhoven.

[modifier] Parachutage et offensive

Le dimanche 17 septembre 1944, après des bombardements importants, les premiers parachutistes sont largués, les premières vagues tombent près du QG du général Model, qui doit l'évacuer. Mais un planeur américain transportant des troupes a été abattu et les Allemands découvrent sur le corps d'un officier américain, tous les plans de l'opération Market-Garden. Immédiatement, Bittrich donne ordre à ses deux divisions de bloquer l'accès du pont d'Arnhem. Les Britanniques ne progressent pas vite, ils ont des problèmes radio, les liaisons ne passent pas entre Arnhem et les zones de saut. À la tombée de la nuit du 17 septembre, les hommes du bataillon du colonel Frost arrivent à la hauteur du pont d'Arnhem. Pendant ce temps, au sud, les Américains ont pris le pont de Grave mais peinent sur celui de Nimègue. En revanche les objectifs du général Taylor ont tous été atteints. Les blindés des Irish Guards eux aussi ont du mal à progresser. Ils sont pris à partie par les parachutistes allemands récemment arrivés. Le 18 septembre, la liaison est établie entre le 30e corps d'armée et les parachutistes américains. Mais la progression a été plus lente que prévue. La 1re Division Aéroportée britannique est à présent au complet ce qui vaut mieux car les Allemands font le forcing pour reprendre la totalité d'Arnhem. Le 19 septembre, les premières unités du 30e corps d'armée sont à Nimègue. Mais à une quinzaine de kilomètres, les Britanniques ont beaucoup de problèmes pour tenir le nord du pont d'Arnhem. Le bataillon Frost a transformé toutes les maisons en fortin. Voyant l'échec se profiler, le général Urquhart décide de regrouper ses troupes, sauf celles de Frost, pour essayer de fixer les Allemands. Ceci, dans l'objectif d'aider les Britanniques du 30e corps d'armée et de soulager le colonel Frost.

[modifier] Limiter les pertes

Le 21 septembre 1944, soit quatre jours après le début de l'opération, le colonel Frost compte ses hommes : ils sont moins d'une centaine à tenir la sortie nord du pont d'Arnhem. Le réduit constitué par Urquhart ne peut joindre les Polonais de Sosabowski qui ont été largués peu de temps auparavant. Afin d'éviter une destruction totale de la première division aéroportée le général Urquhart décide d'évacuer afin de tenter de rejoindre les lignes américaines et celles du 30e corps d'armée. Le 25 et 26 septembre, soit 9 jours après les premiers largages, les rescapés regagnent les lignes alliées.

[modifier] Résultats

[modifier] Bilan humain

Des chars du XXX corps britannique traversent le pont de Nimègue
Des chars du XXX corps britannique traversent le pont de Nimègue

L'opération est un échec complet sur le plan des effectifs engagés, en revanche ce n'est q'un demi échec pour les objectifs. Depuis ce temps, et en mémoire des Diables Rouges tombés, notamment ceux du colonel Frost, les parachutistes britanniques portent un ruban noir derrière leur béret ; mais la légende des anciens du Parachute Regiment veut que ce soit en souvenir de la trahison de l'un des leurs, un parachutiste capturé qui aurait craqué sous la torture, que les parachutistes britanniques arborent un ruban noir à leur couvre-chef . Le colonel Frost et ses hommes ont été des hommes d'honneur, des combattants mais surtout des résistants. D'assiégeants, ils sont devenus assiégés ; on leur avait demandé de tenir 2 jours, ils ont tenu plus d'une semaine, soit neuf jours et neuf nuits, sans renfort, ni repos.

Au total, du côté allié les pertes humaines s'élevèrent à 16 805 hommes tués, blessés ou prisonniers : dont 7 640 Britanniques et Polonais des 1st British Airborne Division et 1st Polish Parachute Brigade, 3 664 Américains des 82nd et 101st Airborne et 5 354 Britanniques pour le XXX Corps.

Du côté allemand le Generalfeldmarschall Walther Model estima à 3.300 le nombre des pertes de son groupe d'armées B ; mais des calculs récents avancent le chiffre de 8 000 soldats allemands hors de combat, dont au moins 2 000 tués.

[modifier] Conséquences stratégiques

Près de 12 000 parachutistes furent ainsi perdus, et Montgomery dut constater que « Market Garden a réussi à 90 %... ». En tout cas, l'opération porta un bien mauvais coup à Model: sa ligne de résistance sur les cours d'eau de Hollande avait été coupée en deux, et il dût rayer de ses effectifs environ 7.000 soldats et 95 blindés... Il s'agit néanmoins de l'un des derniers succès tactiques de l'Axe.

Par ailleurs, en raison de la priorité donnée à cette opération, le camp allié allait négliger de prendre le contrôle des rives de l'Escaut qui donne accès au port d'Anvers tombé intact aux mains des troupes anglaises le 7 septembre. Cette prise de contrôle n'aura lieu que plus tard au prix de lourdes pertes, de telle sorte qu'Anvers ne sera utilisable qu'à partir du 28 novembre. Entretemps, l'approvisionnement devra se faire au départ des ports artificiels installés sur les côtes normandes et du port de Cherbourg, ce qui provoquera une crise logistique, l'approvisionnement des unités en ligne se faisant difficile en raison de l'étirement excessif des itinéraires de ravitaillement.

[modifier] Anecdotes

Avant le déclenchement de l'opération Market Garden, certains émettaient des doutes quant à la réussite plus qu'incertaine de l'opération, tel Browing (commandant du CA aéroporté) qui en vint à demander à Montgomery :

« Combien de temps faudra-t-il aux blindés pour nous rejoindre ?
— Deux jours, lui répond Montgomery.
— Nous pourrons tenir quatre jours. Mais je crains bien, Monsieur le Maréchal, que nous n'allions un pont trop loin. »

Patton, quant aux occasions manquées faute de carburant, déclara :

« J'étais alors convaincu, et la suite me donna raison, que nous n'avions pas d'autres Allemands devant nous que ceux qui se battaient. En un mot, il n'y avait pas de profondeur. »

[modifier] Bibliographie et filmographie

Cette opération fut décrite dans  :

[modifier] Liens externes

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