Paul Reynaud

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Paul Reynaud
Parlementaire français
Naissance 15 octobre 1878
Décès 21 septembre 1966
Mandat Député 1919-1924
puis 1928-1940
puis 1946-1962
Début du mandat 1919
Fin du mandat {{{fin du mandat}}}
Circonscription Basses-Alpes
puis Seine
puis Nord
Groupe parlementaire ARS (1919-1924)
ADS (1928-1932)
CR (1932-1936)
ARGRI (1936-1940)
RI (1946-1955)
IPAS (1956-1962)
IIIème République-IVème République-Vème République
entrée de la maison natale de P. Reynaud à Barcelonnette, Alpes-de-Haute-Provence
entrée de la maison natale de P. Reynaud à Barcelonnette, Alpes-de-Haute-Provence

Paul Reynaud, né le 15 octobre 1878 à Barcelonnette (Basses-Alpes à l'époque, Alpes-de-Haute-Provence aujourd'hui), mort le 21 septembre 1966 à Neuilly-sur-Seine (Seine alors, aujourd'hui Hauts-de-Seine), est un homme politique français.

Sommaire

[modifier] Un homme politique isolé dans la Troisième République

Diplômé de l'École des Hautes études commerciales, avocat, Paul Reynaud épouse Jeanne Henri-Robert, la fille de l'avocat Henri-Robert puis se tourne assez vite vers le monde de la politique. Conseiller général des Basses-Alpes à la Chambre des députés avec le Bloc national d'abord en 1919, il est battu par un communiste en 1924 puis est réélu de 1928 à 1940 comme député de Paris.

Membre d'un parti de droite modérée, l'Alliance démocratique, il est plusieurs fois ministre sous la Troisième République et est en charge des portefeuilles des Finances, des Colonies et de la Justice.

Il se spécialise vers deux domaines très différents, l'économie et la défense, pour lesquels il adopte tout de suite des positions hétérodoxes. Ainsi, il préconise une dévaluation du franc pour affronter la Crise de 1929, qui atteint la France en 1931 alors que l'opinion reste très attachée au mythe du franc Poincaré depuis 1926. D'autre part, il est l'un des rares hommes politiques à se rallier à la stratégie des divisions blindées préconisée par le colonel de Gaulle dans son livre Vers l'Armée de métier. L'originalité de sa réflexion le marginalise au parlement.

En 1938, même s'il vote la confiance au Parlement pour ratifier les accords de Munich, il est en rupture avec la ligne directrice de son parti et celle du Parti radical-socialiste d'Édouard Daladier sur ce sujet. Nommé ministre des Finances en novembre 1938, il prend des mesures énergiques par décrets-loi pour remettre le pays au travail : dévaluation du franc, hausse des impôts, réarmement, économies drastiques sur d'autres postes, majoration du plafond des heures supplémentaires (+15%). La durée du travail remonte à 41,5 heures par semaine. Un important redressement est ainsi acquis. Il déclare alors : "Croyez-vous que la France puisse à la fois maintenir son train de vie, dépenser 25 milliards d'armement et se reposer deux jours par semaine ?"

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

En septembre 1939, il déclare : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Interrogé après la fin de la guerre sur cette phrase, Paul Reynaud affirma avoir toujours eu en tête qu'il s'agirait d'une guerre mondiale, continuation de la première.

Paul Reynaud est nommé, le 22  mars 1940, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères par Albert Lebrun. Il lance aussitôt l'expédition militaire en Norvège, après l'invasion du Danemark par le Reich ; le but est d'interrompre l'approvisionnement de minerai de fer suédois vers l'Allemagne. Au parlement, Reynaud proclame : « la route du fer est coupée ! ». Le 9  mai 1940, devant la tournure que prennent les événements, Paul Reynaud remet sa démission mais se rétracte devant l'insistance du Président Lebrun et le début de l'offensive allemande aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg, le 10 mai.

Après le percée de Sedan, le 15 mai, qui voit les Panzerdivisionnen prendre à revers les armées franco-britanniques en Belgique, il prend tout de suite conscience de la gravité de la situation et téléphone à Churchill pour lui dire que l'armée française est battue. Il reprend le portefeuille de la Guerre à Édouard Daladier et s'adjoint le maréchal Pétain le 18 mai comme vice-président, Georges Mandel, l'ancien chef de cabinet de Clemenceau, comme ministre de l'Intérieur, et le général de Gaulle, pour lequel il a une grande estime, comme Sous-secrétaire d'État à la Guerre, le 6 juin. Le 10 juin, en prévision de l'entrée des Allemands à Paris, les pouvoirs publics se réfugient à Tours puis à Bordeaux. L'affrontement entre les partisans de la continuation des combats (Mandel, de Gaulle) et les tenants d'un armistice (Pétain, Weygand), tourne à l'avantage des derniers.

[modifier] La conférence de Briare

Après l’évacuation de 340 000 franco-britanniques à la Bataille de Dunkerque (31 mai — 3 juin 1940), la Wehrmacht lance une offensive le 5 juin contre une armée française considérablement affaiblie, car tout le matériel a été perdu en Belgique et dans les Flandres. Le 10 juin, le gouvernement français abandonne la capitale, déclarée ville ouverte.

Churchill et Eden arrivent à Briare pour conforter Paul Reynaud, le maréchal Pétain et le général Weygand, ces deux derniers partisans d’un armistice rapide pour éviter l’anéantissement. Churchill remarque immédiatement le seul membre gouvernement français à ne pas sombrer dans le pessimisme total, le général de Gaulle, tout récemment nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre. Comme Churchill, celui-ci raisonne en terme planétaire et ne limite pas ce conflit, désormais mondial, à un simple enjeu franco-allemand.

D’emblée, le général Weygand demande l’intervention massive de la RAF, seule susceptible de changer le cours de la bataille. Devant le refus de Churchill qui a un besoin absolu de ces 25 escadrilles de chasse pour la défense du Royaume-Uni, l’alliance franco-anglaise se brise. En effet, au nom de la parole donnée, Churchill exigeait de Paul Raynaud le maintien de la France dans la guerre, mais au nom de l’intérêt suprême de l’Angleterre, refusait de mettre tous ses moyens militaires dans cette bataille.

[modifier] L'Armistice

Paul Reynaud tente alors de persuader Weygand de faire capituler ce qui reste de l'armée en métropole et de transférer la flotte et l'aviation en Afrique du Nord pour continuer la guerre. Weygand s'y oppose absolument au nom de « l' honneur de l'armée » et avance un argument militaire, il n'existe aucune installation industrielle quelconque en Afrique du Nord pour continuer la guerre et un argument politique, c'est le gouvernement qui a pris la décision de la guerre, c'est lui qui doit prendre la décision de l'arrêter ; comme argument supplémentaire, Weygand ajoute que tout le monde aura oublié Paul Reynaud dans les six mois à venir s'il quitte la France, à cause de l'instabilité ministérielle qui caractérise le régime. Paul Reynaud n'est pas soutenu par le conseil des ministres et n'a pas voulu trancher dans le vif ce débat en révoquant Weygand.

La démission de Paul Reynaud et son remplacement par le Maréchal Pétain, pour demander un armistice au Reich devint donc inévitable (16 - 17 juin).

Jean Monnet, depuis Londres où le général de Gaulle s'est rendu, imagine et propose à Reynaud le projet d'Union Franco-Britannique, qui fusionnerait les nations et institutions françaises et britanniques pour continuer la guerre.

Alors, après l'échec le 16  juin 1940 de ce projet défendu par Winston Churchill et Charles de Gaulle, et face au progressif ralliement des membres de son gouvernement à la demande du Maréchal Pétain de demander les conditions d'armistice, Paul Reynaud présente sa démission au Président Lebrun qui l'accepte. La décision de Paul Reynaud de démissionner est un événément capital de l'histoire de France. Paul Reynaud a prétendu qu'il avait été mis en minorité au sein du Cabinet quant à la poursuite de la guerre et le repli du gouvernement dans l'Empire, en l'occurrence à Alger. Cette allégation qu'il a présentée au Président de la République pour justifier sa décision est inexacte, aucun vote n'ayant eu lieu dans ce sens. Certes, Paul Reynaud était soumis aux pressions des partisans de l'armistice, ministres en particulier Pétain, Weygand qui n'était pas ministre mais Chef d'Etat-Major et ce qui dans ces circonstances n'est pas de la "petite " histoire, de sa compagne, Madame de Portes (morte en juin 1940, de suites d'un accident de voiture dans lequel Reynaud même, qui conduisait, fut gravèment blessé). Concernant cette dernière, Churchill s'était plaint de ses intrusions fréquentes lors des entrevues franco-britanniques quand le gouvernement se repliait d'un château de la Loire à l'autre. Lorsque Paul Reynaud justifia sa détermination en invoquant l'exemple du roi de Norvège, de la reine des Pays-Bas, du gouvernement belge (le roi Léopold III eut une autre attitude, cela lui a coûté son trône à la Libération), Weygand répliqua que les monarques disposaient d'une légitimité qu'un Président du Conseil français n'avait pas : le ralliement à la République n'était pas partagé par certaines couches de la haute caste militaire. Cela se confirmera très vite. Paul Reynaud céda. Si tel n'avait pas été le cas, il est irréaliste de penser que Pétain ou un autre prît le pouvoir. Voir l'uchronie à ce propos: http://www.1940lafrancecontinue.org/; La France est une nation légaliste et le gouvernement légal serait à Alger, en France.

Le maréchal Pétain, nommé chef du gouvernement, propose à Reynaud le poste d'ambassadeur auprès des États-Unis que celui-ci refuse.

Finalement, le 5 septembre 1940, il est interné sur ordre de Pétain au château de Chazeron, puis au fort du Portalet, comme étant l'un des responsables de la défaite. Il est ensuite pris par les Allemands. Emprisonné au camp d'Oranienburg en 1942, il est dans un second temps (de 1943 à 1945) gardé prisonnier dans le Tyrol. Il est libéré le 7 mai 1945 par les troupes alliées.

[modifier] L'après guerre

De 1946 à 1958, Paul Reynaud est réélu député du Nord. Il devient ministre de l'Économie nationale et des Finances en 1948.

Rallié aux conceptions institutionnelles du général de Gaulle en 1958, il préside le Comité consultatif constitutionnel. Il rompt avec de Gaulle en 1962 et est battu par Jules Houcke (UNR) en novembre 1962, après s'être opposé à l'élection du président de la République au suffrage universel direct (référendum du 28  octobre 1962). Puis, il soutient Jean Lecanuet lors de l'élection présidentielle de 1965. Il meurt le 21 septembre 1966 à Neuilly-sur-Seine. Le général de Gaulle ne lui accorde pas d'obsèques nationales.

Père de plusieurs enfants, resté veuf au cours de la Guerre, il se remaria à 71 ans en 1959 et eut trois autres enfants.

Paul Reynaud est l'auteur de différents essais, dont : Courage de la France (1939), Le problème militaire français (1945), la France a sauvé l'Europe (1947) ou encore Au cœur de la mêlée, La politique étrangère du gaullisme (1964) ainsi que de Mémoires (1960 - 1963).

[modifier] anecdote

Quand Paul Reynaud soumit au Conseil des ministres le projet d'Union Franco-Britannique, sa maîtresse, Hélène des Portes lui fit passer ce mot : "J'espère que vous n'allez pas jouer les Isabeau de Bavière !". Cette reine était la femme de Charles VI le Fou et elle favorisa la signature du Traité de Troyes, en 1420, qui faisait du Roi d'Angleterre, Henry V, son héritier comme futur Roi de France.

[modifier] Bibliographie

  • Thibault Tellier, Paul Reynaud  : 1878-1966 : un indépendant en politique, Fayard, Paris, 2005, 887 p. - (Pour une histoire du XXe siècle) - (ISBN 2-213-62314-7)

[modifier] Filmographie

  • Olivier Broche, Paul Reynaud, un indépendant politique, 1h00, France, 2003.

[modifier] Chronologies

Précédé par Paul Reynaud Suivi par
Édouard Daladier
Président du Conseil
22 mars 1940 - 16 juin 1940
Philippe Pétain
René Mayer
Ministre des Finances
Christian Pineau