Irrigation

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L’irrigation est l'opération consistant à apporter artificiellement de l’eau à des végétaux cultivés pour en augmenter la production, et permettre leur développement normal en cas de déficit d'eau induit par un déficit pluviométrique, un drainage excessif ou une baisse de nappe, en particulier dans les zones arides.

Depuis des siècles ou millénaires, des canaux d'irrigation ont été construits sur les pentes pour transporter l'eau
Depuis des siècles ou millénaires, des canaux d'irrigation ont été construits sur les pentes pour transporter l'eau
Canal d'irrigation en Anatolie
Canal d'irrigation en Anatolie
Les techniques plus économes en eau commencent à être développées
Les techniques plus économes en eau commencent à être développées
Image satellite (fausses couleurs) de champs irrigués près de Garden City, Kansas
Image satellite (fausses couleurs) de champs irrigués près de Garden City, Kansas
Irrigation du coton aux États-Unis
Irrigation du coton aux États-Unis
Carrières de cendre volcanique, El Palmar, île de Tenerife, Canaries. La terre brune, ou « picòn » retirée de cet ancien cône volcanique est épandue sur les champs pour améliorer leur pouvoir de rétention d’eau.
Carrières de cendre volcanique, El Palmar, île de Tenerife, Canaries. La terre brune, ou « picòn » retirée de cet ancien cône volcanique est épandue sur les champs pour améliorer leur pouvoir de rétention d’eau.

L’irrigation peut aussi avoir d’autres applications :

  • l’apport d’éléments fertilisants soit au sol, soit, par aspersion, aux feuilles (fertilisation foliaire) ; dans la culture hydroponique, l’irrigation se confond totalement avec la fertilisation ;
  • la lutte contre le gel, par aspersion d’eau sur le feuillage (vergers, vignobles) peut permettre de gagner quelques degrés de température précieux au moment des gelées printanières, voire dans certains cas par inondation.

Généralement on parle d'« arrosage » pour les petites surfaces (jardinage) réservant le terme d'« irrigation » pour les surfaces plus importantes (agriculture de plein champ, horticulture), mais il n’y a pas de norme en la matière.

Selon le glossaire international d’hydrologie, l’irrigation c’est un apport artificiel d’eau sur des terres à des fins agricoles.

Sommaire

[modifier] Techniques d’irrigation

On peut distinguer plusieurs techniques d’irrigation :

  • manuelle (arrosoir, seau...), réservée aux très petites surfaces ;
  • par écoulement de surface, sous le simple effet de la gravité, au moyen de canaux et rigoles ; la répartition de l'eau par un couloir unique vers des champs appartenant à plusieurs propriétaires nécessite alors une politique de roulement et une organisation sociale les faisant respecter ;
  • par aspersion, technique qui consiste à reproduire la pluie ;
  • par micro aspersion, semblable à la précédente mais plus localisée donc plus économe en eau ;
  • par micro-irrigation ou goutte à goutte, technique économe en eau et qui permet d'éviter le ruissellement, mais présente le grave inconvénient de charger à la longue les sols en sels qui en modifient les caractéristiques ;
  • par infiltration, au moyen de tuyaux poreux enterrés, variante de la technique du goutte à goutte ;
  • par inondation ou submersion (c'est la technique appliquées dans les rizières; c'était aussi celle qui fertilisait l'Egypte par les crues du Nil).

[modifier] Détermination des besoins en eau

Les besoins en eau des plantes dépendent de plusieurs facteurs, intrinsèques ou extrinsèques à la culture : nature des plantes cultivées (espèce, variété), stade de végétation, nature et état d’humidité du sol, données climatiques (précipitations, insolation, vent...). On irrigue en principe en fin de journée, autour de l'heure de coucher du soleil, ou parfois même la nuit.

Il convient de tenir compte des réserves en eau du sol, de l’évaporation au niveau du sol, de la transpiration des plantes, de l’évapotranspiration qui cumule les deux phénomènes.

[modifier] Matériel d’irrigation

On peut distinguer deux catégories de matériels ou d’installations nécessaires à l’irrigation :

  • ceux servant à amener l’eau depuis les sources disponibles (cours d'eau, lacs ou retenues, nappe phréatique) ;
  • ceux servant à l’irrigation proprement dite, c’est-à-dire à distribuer l’eau aux plantes.

Dans la première catégorie, on trouvera : forage, pompes, réseaux d’irrigations, canaux, norias...

Dans la seconde : asperseurs, canons d’arrosage, arroseurs automoteurs, goutteurs. Il existe par exemple un système d'irrigation à pivot central.

[modifier] Intérêt et limites de l’irrigation

Dans le monde, 277 millions d’hectares sont irrigués (année 2002, source FAO) sur 1,4 milliard d’hectares de terres arables au total. Ils fournissent environ 1/3 de la production alimentaire mondiale.

Trois pays (Inde, Chine, États-Unis) représentent 50 % des surfaces irriguées totales. 80 % de la nourriture produite au Pakistan provient de terres irriguées, 70 % pour la Chine, mais moins de 2 % pour le Ghana, le Mozambique ou le Malawi.

En France l'agriculture, comme dans le reste du monde, est la première activité consommatrice d’eau (plus de 50 % des volumes consommés et jusqu'à 80 % en été). En 2000, 1,9 millions d'hectares de terres agricoles ont été irrigués, avec des variations annuelles expliquées par la météorologie. Cette surface était de 0,8 million en 1970. 5,7 % de la surface agricole utilisée (SAU) sont irrigués (dont le maïs représente la moitié environ). Les régions irriguant le plus sont l'Aquitaine, la vallée du Rhône, la Beauce, les Pays de la Loire et le Poitou-Charentes. Le taux d’équipement d'irrigation (ou surface irrigable) semble se stabiliser à 2,7 millions d’ha équipés. Les spécialisations régionales agricoles aboutissent à ce que 3 régions (Aquitaine, Centre et Midi-Pyrénées) concentrent 50 % des surfaces irriguées. En 2006 près de 90% des exploitations disposaient d’un compteur d’eau volumétrique (mais ce n'étaient que la moitié en 2000). Une partie de l'irrigation n'est pas déclarée.Le Monde du 9 août 2005

Source : 2005, Plan stratégique national du Ministère de l'agriculture, qui sont les orientations stratégiques que chaque État-Membre de l’UE doit finaliser dans le cadre de la mise en place du futur FEADER (le second pilier de la PAC).

La nécessité de préserver les ressources en eau amène de plus en plus à une réglementation et à la taxation des prélèvements.

Une irrigation inadaptée ou mal conçue peut être source de diffusion d'organismes pathogènes (Pseudomonas par ex), de polluants dans les cultures, ou en zones arides, d'un phénomène de salinisation.

L'irrigation peut aussi affecter les écosystèmes, le paysage ou l'agriculture en amont ou en aval, à cause des volumes d'eau détournés des cours d'eau. On cite souvent l’exemple de la mer d'Aral polluée et en partie vidée à cause de l'irrigation du coton en amont.

Notons également que l'irrigation constitue une assurance de revenu pour les agriculteurs, en particulier pour des cultures spéciales (fruits, légumes...), et qu'elle représente une grosse contrainte dans le process de production. En France, l'agriculture irriguée emploie entre 2 et 5 fois plus de personnes à l'hectare que l'agriculture pluviale, elle génère un nombre équivalent d'emplois en amont et aval.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes