Nom des habitants des États-Unis

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Localisation des États-Unis d'Amérique
Localisation des États-Unis d'Amérique

Le nom à donner aux habitants (gentilé) des États-Unis, ou États-Unis d'Amérique, fait l'objet de certains débats.

Icône de détail Articles détaillés : Gentilé et Gentilés des États-Unis.

Sommaire

[modifier] Nom du pays

Le nom officiel du pays est « les États-Unis d'Amérique ».

Les diverses instances internationales reconnaissent à ce pays le monopole de l'appellation courte « les États-Unis ».

Icône de détail Article détaillé : Liste des pays du monde.

Au Canada francophone, le terme « les États » est également employé.

Les sigles de langue anglaise USA et US sont universellement compris (voir entre autres le film français US Go Home). Les sigles français EU, ÉU, EUA ou ÉUA ainsi que les abréviations É.-U. ou É.-U. A ne semblent guère employés.

Une certaine ambiguïté peut venir de l'emploi courant du terme l'Amérique pour désigner spécifiquement les États-Unis : d'un point de vue légal, l’Amérique désigne dans son ensemble le continent où se trouve ce pays. Par exemple la Voice of America a été la voix des États-Unis durant la guerre froide. Dans Tintin en Amérique, le héros ne visite que les États-Unis.

Pour éviter toute confusion, certains usent du terme les Amériques pour désigner le continent concerné.

[modifier] Nom des habitants des États-Unis en français

La forme largement établie et utilisée en français est l'adjectif « américain », et le substantif « Américain », (American en anglais) mais la possible ambiguïté avec le nom des habitants du continent américain a mené à la création du terme « États-Unien ». Ce nom est accepté dans les dictionnaires[1] et, bien que d'emploi plus courant au Québec [2], son usage peut être perçu comme péjoratif [3] ou associé à des organisations critiques des États-Unis [4].

[modifier] Les termes « américain » et « Américains »

Les habitants des États-Unis sont encore appelés Américain, Américains, Américaine et Américaines. Cette forme est la plus couramment employée et c'est le seul gentilé indiqué dans le code de rédaction interinstitutionnel de l'Union européenne [5] ainsi que dans la Liste annexée à l'arrêté français du 4 novembre 1993, qui contient les recommandations de la France sur l'usage des gentilés. Les adjectifs correspondants sont américain, américains, américaine et américaines. Pour les adjectifs composés, américano- est employé (exemple, la Guerre américano-mexicaine). Le glottonyme utilisé pour décrire l'anglais parlé aux États-Unis est anglais américain.

[modifier] Utilisation contestée des termes « états-unien » et « États-Uniens »

La possible confusion avec l'ensemble du continent américain a mené à la dérivation de l'adjectif « états-unien » et du gentilé « États-Uniens » à partir du nom propre États-Unis et du suffixe -ien. Compte tenu des flexions et des règles d'usage des majuscules en français, le mot possède en fait les 12 formes différentes :

  • États-Unien, États-Uniens, États-Unienne, États-Uniennes pour le gentilé ;
  • états-unien, états-uniens, états-unienne, états-unienne pour l'adjectif correspondant ;
  • États-unien, États-uniens, États-unienne, États-uniennes pour l'adjectif placé en tête d'une phrase, d'un vers ou d'un titre.

On a aussi tendance à écrire « étatsunien » ou « étasunien ». Ce terme, souvent considéré comme un barbarisme qui ne « passe pas »[6], est parfois préféré à « américain », afin de le différencier des autres pays du continent américain, et à « nord-américain » afin de différencier les États-Unis du Canada et du Mexique. Il permet, selon certains[7], d'éviter de froisser des susceptibilités, notamment en présence de ressortissants de pays américains autres que les États-Unis d'Amérique, l'usage restrictif du terme « américain » pouvant être perçu comme impliquant une certaine vision hégémonique du panaméricanisme [8]. L'ambiguïté subsiste puisque d'autres pays du continent américain sont également formés de l'union de plusieurs États comme les États-Unis mexicains (Estados Unidos Mexicanos ) ou la République des États-Unis du Brésil (República dos estados unidos de Brasil, nom porté par le pays jusqu'en 1968). Il est cependant utilisé dans la quasi-totalité des cas[9] pour les habitants des États-Unis d'Amérique.

L'usage du terme « A/américain » est une généralisation analogue à l'emploi de « M/mexicain » au sujet des « États-Unis mexicains ». Le nom du pays date de son indépendance et d'une époque où les citoyens des États-Unis étaient les seuls à pouvoir se dire « citoyens américains », la plupart des autres habitants du continent étant encore des sujets britanniques, espagnols et portugais. Cet usage consacré par la tradition ne relève donc pas d'une volonté hégémonique délibérée.

L'existence de ce terme en langue française (créé au Québec ?) est attestée depuis 1965[10]. Très peu utilisé dans le langage courant jusqu'aux années 1990, le terme a depuis été diffusé via son usage dans certains médias. Il est notamment utilisé par les traducteurs de Courrier international[11]. De la même façon, le Centre d'analyse stratégique, organisme de prospective et de réflexion du gouvernement français (rattaché au Premier ministre) y recourt fréquemment dans ses notes de veille [12]. Le terme est cependant nettement moins répandu que dans les autres langues latines ; il est fréquemment utilisé avec une connotation idéologique dans le cadre de discours critiquant l'action des États-Unis et dans des organismes et médias antiaméricains ou altermondialistes comme Indymédia ou Rezo.net [4]. L'utilisation de ce terme dans différents éditoriaux de journaux francophones provoque de nombreuses réactions de lecteurs. Un article de la version en ligne du Monde contenant « états-unien » a provoqué de nombreuses réactions de lecteurs percevant ce terme comme péjoratif ou négatif à l'égard des États-Unis [13]. Cette réaction des lecteurs a été reprise par le New York Times quelques jours après [7] et par l'International Herald Tribune [14]. Au Canada, certains lecteurs du journal La Presse ont signalé leur irritation lorsque le terme américain est utilisé pour désigner les habitants des États-Unis. Les deux termes étant corrects, le journal n'a pas de ligne éditoriale concernant l'emploi de l'un ou de l'autre et laisse le choix à l'auteur de l'article [15]. En revanche, Radio-Canada évoque le sous-entendu péjoratif du terme pour éventuellement en interdire l'usage dans ses articles [3].

Dans son Grand dictionnaire terminologique, l'Office québécois de la langue française précise : « Une tentative a été faite pour remplacer le terme états-unien, encore peu répandu par rapport au terme américain, par usanien. Celui-ci n'est qu'une forme francisée du terme anglais Usanian, légèrement familier, qui a été créé à partir du sigle USA (United States of America). Il existe en anglais plusieurs autres termes qui ont été proposés pour remplacer American, dont United-Statesian (ou United Statesian, ou Unitedstatesian), mais sans succès. »

[modifier] Autres langues possédant un vocable propre pour les habitants des États-Unis

La distinction « états-unien » / « américain » pour différencier les États-Unis du reste du continent américain se retrouve couramment dans les langues où la nécessité d'établir une distinction avec l'Amérique latine s'est rapidement faite sentir. En espagnol et portugais le terme estadunidense est utilisé mais est cependant en concurrence, dans les deux langues, avec norteamericano. La distinction existe en espagnol avec estadounidense et dans une moindre mesure en italien avec statunitense, le terme le plus usuel étant cependant americano.

L'exemple du russe montre que l'éventuelle connotation des termes formés sur ce schéma est très variable suivant les époques et les lieux. Depuis le dernier quart du XXe siècle, les dictionnaires de russe parlé enregistrent maints dérivés de la désignation officielle Soyédi-nyonnye Chtatii Amyériki (Соединённые Штаты Америки), construits sur le substantif Chtatiy « États » : chtatnik (штатник - les gentilés sont des substantifs s'écrivant sans majuscule en russe)[16] « États-Unien » est un argotisme lié à l'adjectif chtatniy (штатный) « véritable, typique » et à l'adverbe chtatno (штатно) « normal, convenable »[17]. Existent également les adjectifs familiers chtatovskiy (штатовский, avec la mention « connotation positive » dans le Grand dictionnaire du russe familier expressif[18]), chtatskiy (штатский)[19] « des États-Unis ».
En revanche, le dérivé nominal chtatovcii (штатовцы), désormais fréquent quoique non encore enregistré dans les ouvrages lexicographiques, apparaît le plus souvent en contextes dépréciatifs, comme dans la citation suivante où il est accompagné de désignations notoirement péjoratives: А кстати, как вас называть? Штатовцы, Юсовцы, Пендосы, Кокосы, Верблюды… (forum internet), que l'on pourrait traduire approximativement par : « Au fait, comment vous appeler ? Des États-Uniens, des Usoniens, des Yankees, des Noix de coco, des Chameaux ? »

L'espéranto a su créer une appellation originale pour ce pays : Usono où la finale o est la marque des substantifs et Uson est tiré de United States of North America... Très régulièrement, ses habitants sont les Usonanoj (Usonano au singulier) où an est la marque d'appartenance et oj la marque des substantifs au pluriel. La marque des adjectifs est a au singulier et aj d'où les formes usona et usonaj.

[modifier] Appellations familières et argotiques

Familièrement, en France, Belgique et Suisse les « Américains » sont les « Ricains » (par aphérèse, première attestation en 1918)[7], les « Amerlos » (1936)[7] ou encore les « Amerloques » (invariant au féminin, 1945)[7]. Toutefois, ces tournures sont aujourd'hui quelque peu désuettes. On trouve aussi « un Cainri » pour « un Ricain » en verlan.

[modifier] Notes et références

  1. Le Petit Larousse possède une entrée « états-unien » depuis au moins 1996. Le Petit Robert 2006 donne dans les Listes in fine : « États-Unis d'Amérique : États-Unien, ienne ou Américain, aine » et dans le corps du dictionnaire, la variante étasunien fait l'objet d'un renvoi vers « états-unien ». L'utilisation de ce terme est attestée depuis 1965 et est présent dans certains dictionnaires (Le Petit Larousse : états-unien ; le Petit Robert : états-unien, variante : étasunien ; le Flammarion : états-unien ; le Grand dictionnaire terminologique : étasunien, état-unien ou étatsunien ; le dictionnaire Antidote : étasunien, état-unien ou étatsunien). Dans Le Petit Robert, Le Petit Larousse, le Grand dictionnaire terminologique et le dictionnaire Andidote, ce terme se rapporte sans équivoque aux États-Unis d'Amérique. Cependant, selon de rares dictionnaires[Qui ?], il ne se rapporte pas spécifiquement aux habitants des États-Unis d'Amérique, ce que confirment certains usages[précision nécessaire]. Par exemple, le terme Étatsunien est également utilisé par certains hommes politiques pro-européens pour désigner les habitants des futurs États-Unis d'Europe.[réf. nécessaire]
  2. Quelle littérature pour le Quebec ?, Eva Berankova, conférence prononcée au Colloque de Presov « Tolérance et différence » organisé par le Département de langue et de littérature françaises de la Faculté des Lettres de l'université de Prešov, septembre 2006.
  3. ab La qualité du français à Radio-Canada : principes directeurs - Radio-Canada [pdf]
  4. ab Viviane Serfaty, « La persuasion à l'heure d'internet. Quelques aspects de la cyberpropagande », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n°. 80, numéro spécial : « Propagande et communication politique dans les démocraties européennes (1945-2003) », Presses de Sciences Po, oct. - dec., 2003, pp. 123-131 : « Ainsi, dans le cas d'Indymedia, samizdat.net et rezo.net, le mot « empire » est employé en référence aux États-Unis, dont le nom n'apparaît que rarement, tandis que l'adjectif « états-unien » est utilisé pour éviter l'usage du mot américain qui, dans cette optique, devrait se rapporter aussi au Canada et au Mexique. Ces choix lexicaux permettent à la fois de jeter l'anathème sur les États-Unis, tout en constituant l'opposition politique aux États-Unis en fondement de la cohésion de ces mouvements. »
  5. Code de rédaction interinstitutionnel - Liste des États au 19 novembre 2007 dont l'application est « obligatoire pour tout intervenant dans l’élaboration de tout type de document (papier ou électronique) au sein des institutions, organes et services de l’Union européenne », voir Bienvenue au Code! - portail de l'Union européenne.
  6. R. Solé, Le Monde, 9 novembre 2003
  7. abcde (en) There’s a Word for People Like You, The New York Times - 6 juillet 2007
  8. Nos voisins les Gringolandais…, François Lavallée, article paru dans Circuit, revue trimestrielle de l'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréées du Québec, été 2005.
  9. Le terme « États-Uniens » n'est, dans la pratique de la langue française, quasiment jamais attribué aux habitants des autres pays portant ou ayant porté officiellement le nom d'États-Unis.
  10. Le Petit Robert, Paris, éditions Le Robert, 1988 (rééd. 1989).
  11. Par exemple dans l'article « Barbie et GI Joe : des has-been », en ligne.
  12. Par exemple, « Le régime présidentiel états-unien ne s’inscrit pas dans cette même logique de l’opposition parlementaire » note de veille N°65, p.2. Ou encore le titre de brève L’impact du changement climatique sur l'agriculture états-unienne : un diagnostic pessimiste, note de veille" N° 73, p. 5
  13. « États-Uniens ou Américains, that is the question », billet de Martine Rousseau et Olivier Houdart, blog des correcteurs du Monde.fr
  14. (en) America's identity theft, International Herald Tribune, 6 juillet 2007.
  15. « Américain ou Étatsunien ? », billet de Paul Roux, conseiller linguistique au quotidien La Presse - 9 novembre 2006.
  16. Юганов И., Юганова А., Русский жаргон 60-90-х годов, Москва, "Помовский и партнёры", 1994, s.v.
  17. Мокиенко, В.М., Никитина Т.Г., Большой словарь русского жаргона, СПб, "Норинг", 2001, s. v. (attestations des années 1980).
  18. Химик В.В., Большой словарь русской разговорной экспрессивной речи, СПб, "Норинг", 2004, s.v.
  19. Мокиенко, В.М., Никитина Т.Г., op. cit.
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