Usage des majuscules en français

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Cet article présente les conventions orthographiques et typographiques concernant l'usage des majuscules en français.

Sommaire

[modifier] Règles d'attribution des majuscules

Les majuscules s'utilisent :

  • pour les initiales de phrase après un signe de ponctuation fort (« . », « ? » et « ! », sauf en cas d'incise) ;
  • pour les initiales de vers, en poésie classique ;
  • pour les noms propres (attention, la particule suit des règles particulières) ;
  • pour certains noms communs qui sont, en raison du contexte particulièrement déterministe, considérés comme des noms propres ; c'est même la tendance pour les organismes ayant une certaine personnalité (la République ou la République française) ;
  • là où le sens du mot diffère selon qu'il y a majuscule ou non (en bon état, un coup d'État) ;
  • pour les sigles, à la fois pour des raisons pratiques (on évite les points séparatifs) et, là encore, en raison du caractère de quasi-nom propre qu'ils ont.

[modifier] Noms composés (d'institutions, d'organismes, de lieux, etc.)

On mettra de préférence une majuscule au premier nom seulement :

Il faut toutefois noter qu'on maintiendra la majuscule aux mots qui, à l'intérieur d'un nom d'organisme, etc., requièrent en eux-mêmes la majuscule (noms propres ou cas d'antonomase inverse) :

Concernant le nom des institutions, si ces dernières ont un caractère unique, l'on mettra une majuscule au premier mot de l'entité :

On écrira « la Cour de cassation » car il n'en existe qu'une, alors que l'on écrira « la cour d'appel de Paris » puisqu'il existe plusieurs cours d'appel.
De la même manière, puisqu'ils ont un caractère unique, on écrira :
  • le Conseil d'État ;
  • le Sénat ;
  • la Bourse (quand il s'agit de la bourse propre à un pays).
Normalement, les institutions s'écriront sans majuscule :

Il s'agit d'une convention typographique couramment utilisée dans les ouvrages scientifiques. Elle n'est pas toujours suivie : mettre une majuscule sur chaque mot, sauf les mots de liaison, correspond aussi à l'usage commercial[1] et l'usage international (anglais notamment) [2]. Cette façon de faire permet non seulement d’indiquer où commence, mais aussi où se termine, un nom officiel. Ainsi, si au lieu d'écrire « Gendarmerie nationale française » et « Société nationale des chemins de fer français » on écrit « Gendarmerie Nationale française » et « Société Nationale des Chemins de Fer Français », le lecteur peut voir que les noms officiels se terminent respectivement avec Nationale et Français. Un moyen couramment utilisé dans la presse est de faire suivre de telles appellations par leur sigle entre parenthèses afin d'en marquer la fin : « le Parti socialiste (PS), la Banque centrale européenne (BCE), la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), l'Union européenne (UE) ».

En règle générale, un adjectif ne prend pas de majuscule, sauf :

  1. s'il est placé devant le mot qu'il détermine et que celui-ci porte une majuscule :
  2. s'il est lié au mot qu'il qualifie par un trait d'union (auquel cas ils constituent en réalité une seule unité lexicale) et que ce mot porte une majuscule :
  3. s'il est le seul élément de caractérisation, le « nom propre » d'un nom de lieu unique (éléments géographiques, hydrographiques, monuments, etc.) car l'autre mot est un nom commun :

[modifier] Langues, gentilés, pays, nationalités et appellations d'origine

L'usage général considère que les noms de nationalité et les gentilés (noms des habitants d'un même lieu) constituent des noms propres, qui prennent une majuscule. Il en va de même pour les noms de peuples ou pour les habitants d'un continent :

  • Les Toulousains et les Palois d'origine gasconne sont majoritaires.
  • Les Anglais ne parlent pas le même anglais que les Américains.
  • Les Français ont perdu la bataille.
  • À Cayenne vivent des Français américains, qui sont aussi des Américains français.
  • Les Juifs et les Arabes.
Icône de détail Article détaillé : Gentilé.

Les noms de langue et les nationalités employées comme adjectifs prennent toujours une minuscule. Il en va de même pour les fidèles d'une religion, d'une idéologie, d'une philosophie :

Les objets qui tiennent leur nom d'un lieu (les appellations d'origine : vin, fromage, charcuterie, tabac, porcelaine, etc.) s'écrivent avec une minuscule :

  • un verre de bordeaux ;
  • du saint-émilion ;
  • un morceau de saint-nectaire ;
  • un havane ;
  • du très beau sèvres.

Bien sûr, on garde la majuscule si le lieu est cité en tant que tel :

Ce qui fait que pour certaines appellations, ces deux règles s'appliquent simultanément :

[modifier] Points cardinaux

Les points cardinaux (nord, ouest, sud-est, nord-nord-ouest, etc.) sont des noms ou des adjectifs invariables. En règle générale ils s'écrivent en minuscule :

  • un vent d'ouest[5] ;
  • le soleil se lève à l'est[5] ;
  • perdre le nord[6].

Les points cardinaux prennent une majuscule lorsqu'ils font partie d'un toponyme :

Ils prennent également une majuscule lorsqu'ils indiquent une région :

  • le climat du Midi est plus chaud que celui du nord de la Suisse[5] ;
  • le Nord et le Sud de la France offrent de grands contrastes[7] ;
  • l'armée du Nord est arrivée par le sud ;
  • la gare du Nord[6] ;
  • le dialogue Nord-Sud[6].

[modifier] Titres et institutions français

Les publications officielles, en particulier celles du Journal officiel de la République française, utilisent peu de majuscules, notamment pour les désignations des ministères : p. ex. « ministre/ministère des affaires étrangères » et non « Ministre/Ministère des Affaires Étrangères ».

Il en va de même pour les fonctions administratives :

  • le président-directeur général de la société Truc ;
  • le gérant du magasin ;
  • le secrétaire général de l'association.

Les publications non officielles, en revanche, utilisent souvent une majuscule pour les mots caractérisant la fonction d'un ministre car c'est là sa caractéristique et en quelque sorte son nom propre. Elles conservent la minuscule pour le titre lui-même (ministre) :

  • le ministre de la Santé ;
  • le ministre des Transports ;
  • le secrétaire d'État au Commerce.

Le règle du parallélisme implique que quand plusieurs éléments différents ont fusionné en un seul titre, on met alors une majuscule à tous les éléments :

  • le ministre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille ;
  • le ministre délégué à la Cohésion sociale et à la Parité.

[modifier] Cas particuliers

  • le Premier ministre (« Premier » étant son caractère propre)
  • le Président de la République (cet usage, courant dans de nombreuses publications officielles, ne présente cependant aucun caractère absolu et n'a pas d'autre justification que l'importance censément apportée par la majuscule : on trouve souvent président de la République)

[modifier] Madame, Mademoiselle, Monsieur

[modifier] Historique

Les règles pour les mots madame, mademoiselle et monsieur sont complexes. Historiquement, l'usage de la majuscule était destiné à marquer dans le discours direct la déférence vis-à-vis de son interlocuteur. Jean-Charles de Laveaux indique en 1846 dans son Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française :

« Quand on adresse la parole à une personne ou à un être quelconque, le nom qui désigne cette personne ou cet être, fut-il appellatif, doit avoir une majuscule initiale. C'est par la même raison qu'on écrit avec une majuscule initiale Monseigneur, Monsieur, Madame, Mademoiselle en adressant la parole aux personnes. Hors ce cas, on n'emploie point la majuscule et on écrit j'ai remis votre lettre à monsieur, à madame, à sa majesté. [...] Nous convenons que, quand les majuscules sont nécessaires pour prévenir une équivoque, on fait fort bien de les employer ; mais nous pensons qu'excepté ces cas, qui n'ont lieu que dans un très petit nombre de mots et ceux où les lettres sont prescrites par un usage uniforme et constant ont fait fort bien de les supprimer, et qu'il n'y a rien dans cette suppression qui puisse révolter la raison »[8].

De même pour Caspar Hirzel dans sa Grammaire pratique française (1869) :

« On écrit avec une lettre majuscule les mots Monseigneur, Monsieur, Madame, Mademoiselle quand on les adresse à une personne. p. ex. Je vous prie, Monsieur, de communiquer cela à vos amis. On traite de même les titres de Majesté, Altesse, Excellence, Grandeur et autres semblants. Mais on écrira : Remettez cette lettre à monsieur R. » [9].

Ces principes sont repris - sans plus de commentaires - par l'Académie française[10] et Émile Littré [11]dans leurs dictionnaires respectifs.

Cet usage s'est peu à peu perdu dans le temps, tant du fait de l'expansion éditoriale que de la généralisation des formes abrégées M., Mme et Mlle, toujours pourvues d'une majuscule. Ainsi, Grevisse écrit dans Le Bon Usage :

« Quand on s'adresse à une personne par écrit, on met ordinairement la majuscule à Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur, Maître, Docteur, Sire et aux noms des dignités, titres, fonctions. Lorsqu'on reproduit par écrit des paroles prononcées, l'usage est assez flottant, mais la minuscule l'emporte. Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur s'écrivent souvent avec une majuscule à propos de personnes dont on parle, surtout si on croit leur devoir de la déférence et quand les mots ne sont pas suivis du nom propre. »[12]

Albert Doppagne reste tout aussi prudent :

« Quand il s'agit d'un supérieur ou d'une personne que l’on désire honorer, l'usage recommande d'user de la majuscule pour le terme qui exprime la qualité de cette personne dans les textes qui lui sont adressés. Pour certains termes (monsieur, madame, docteur, maître) la question se double du problème de l'abréviation. Vous choisirez d'écrire Cher Monsieur ou Cher monsieur selon que vous voulez honorer plus ou moins votre correspondant. Signalons cependant que l'usage de la majuscule se généralise pour éviter que la minuscule ne soit interprétée comme une marque de mépris. Quand on parle d'un tiers, on reste parfaitement libre : J'ai vu monsieur Dubois ou J'ai vu Monsieur Dubois. Une troisième possibilité s'offre à nous et elle réunit la majorité des suffrages : J'ai vu M. Dubois. »[13]

Tout en reconnaissant qu' « il ne s'agit pas toujours d'une règle figée et son usage, comme celui de la langue en général, évolue. Cet usage est même parfois flottant, et les codes typographiques eux-mêmes divergent sur bien des points »[14], de nombreux grammairiens préconisent l'usage modéré de la majuscule afin de préserver cette notion de déférence[15]. Ce que Doppagne résume ainsi :

« Que la publicité abuse de la majuscule, rien de plus facile à comprendre : le procédé est vraiment peu coûteux. En outre, il est insidieux. C'est une publicité indirecte, excellente. Dans les rapports entre les hommes, on devine ce que la majuscule peut apporter : d'un homme, elle fera un seigneur ! Le simple monsieur devient de plus en plus Monsieur, titre, à l'origine, réservé au frère du roi ! [...] De détail graphique qu'elle était au départ, la majuscule devient un élément important dont on note les répercussions tant dans le domaine économique que dans les relations sociales. Mais on peut voir aussi où conduit l'abus de la majuscule : multipliée sans raison, elle perd fatalement de son pouvoir; elle voulait apporter de la clarté, elle risque de provoquer la confusion ; son emploi était rationnel, il devient ridicule. Mettre la majuscule à tous les mots équivaut à se passer de ses services : autant vaudrait la supprimer, ce que font certains. Et il ne faut pas chercher très loin pour trouver des illustrations de ces deux tendances. La majuscule apparaît donc comme une aide précieuse dont il ne faut pas abuser et qu'il ne faut pas négliger. La prodiguer émousse sa valeur ; l'ignorer paralyse l'expression. De là l'importance de son emploi judicieux.»[16]

[modifier] Règle générale

Dans le texte courant, les mots madame, mademoiselle et monsieur s'abrègent généralement lorsqu'ils sont suivis d'un nom de personne ou de qualité[17] en Mme, Mlle et M., et au pluriel en Mmes, Mlles et MM. Doppagne précise que « l'abréviation est permise et tout à fait courante quand on parle d'un tiers, mais elle est absolument proscrite pour désigner le destinataire du message : Cher M. Dubois pourrait être ressenti comme grossier ou tout au moins impoli. Une tradition de politesse estime que, dans un texte suivi, madame ou mademoiselle ne s'abrègent pas. » [18]


Lorsqu'ils sont écrits au long (c'est-à-dire en entier), le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale préconise la majuscule :

  • lorsqu'ils constituent un titre honorifique consacré par l'Histoire
    « Madame Mère »
    « Monsieur, frère du roi »
  • lorsqu'ils constituent le premier mot d'un titre d'ouvrage
    « En 1857 paraissait Madame Bovary. ». On écrira en revanche « La Soirée avec M. Edmond Teste, de Paul Valéry »


Il préconise la minuscule lorsque :

  • les mots sont inclus « dans le corps d'une lettre, d'une circulaire, de faire-part divers ou d'autres formules de correspondance »
    « Veuillez agréer, monsieur, l'expression…»
  • on emploie la forme de politesse à la troisième personne (et plus généralement quand on s'adresse à la personne) :
    « Non madame, monsieur n'est pas encore rentré. »
    « Je vous écoute, madame. »

En revanche, le Guide du Typographe romand préconise la majuscule dans ces mêmes cas :

  • « Veuillez agréer, Madame, l'assurance... »
    « – J'ai l'honneur d'annoncer à Monsieur que le carrosse de Monsieur est avancé. »


Dans les autres cas, ces mots prennent une minuscule, notamment lorsque :

  • ils sont utilisés comme noms communs :
    « C'est un vilain monsieur.»[19]
  • on s'adresse à la personne dans un dialogue :
    « D'ailleurs, mademoiselle Marie, je prescris à Mme Richard quelques jours de repos complet à la montagne.»[20] (où l'on peut noter l'abréviation dans le texte s'agissant de Mme Richard à qui le dialogue ne s'adresse pas).

[modifier] Titres d'œuvres ou de périodiques en français

En préambule, il convient de préciser que les règles typographiques édictées par le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale sont contredites dans certains cas (comme le précédent) par l'usage flottant de la capitalisation parmi les éditeurs. L'Université de Laval-Québec indique néanmoins que

« sur la couverture d’un livre, par exemple, le graphiste peut décider de n'employer que des bas de casse (minuscules d’imprimerie), même dans les noms propres ; il peut mettre des majuscules initiales à tous les mots ou même utiliser systématiquement les capitales sur toute la page. [...] Il ne convient pas, dans un texte, de restituer l’effet visuel, esthétique ou calligraphique, car il faut demeurer fonctionnel et neutre. Pour cette raison, on ne doit jamais se fier à la façon dont on a orthographié ou présenté le titre d'un livre ou d'une revue sur la page de couverture, voire le titre d’un film sur le générique. Il est préférable d'appliquer intégralement les règles de la majuscule, qui régissent l’emploi des titres dans un texte. »[21].

  • Règle générale : seul le premier mot d'un titre d'œuvre ou de périodique prend une majuscule initiale (exception faite des noms propres) :

À la recherche du temps perdu
De l'esprit des lois
Des pissenlits par la racine
Mon oncle ; Mon quotidien
Un drôle de paroissien ; Une saison en enfer

  • Si le titre forme une phrase, alors seul le premier mot prend une majuscule :

Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages
La guerre de Troie n'aura pas lieu
Le soleil se lève aussi
Le train sifflera trois fois

  • Si le titre est composé seulement d'un adjectif suivi d'un substantif, alors le substantif prend également une majuscule :

Tendre Voyou
Tristes Tropiques

  • Si le titre est composé seulement de deux substantifs successifs, alors chaque substantif prend une majuscule :

Paris Presse
France Soir

  • Si le titre commence par un article défini (le, la, les) et qu'il ne constitue pas une phrase verbale, alors le premier substantif prend une majuscule :

Les Liaisons dangereuses
L'Homme qui rit
La Liberté éclairant le monde
Le Beau Danube bleu

  • Tout adjectif ou adverbe précédant le premier substantif prend une majuscule :

Le Grand Meaulnes
Les Très Riches Heures du duc de Berry
Les Cinq Dernières Minutes

  • Si le titre et constitué de substantifs énumérés ou mis en opposition (et, ou, ni), chaque substantif prend une majuscule :

La Belle et la Bête
Le Renard, le Loup et le Cheval
Guerre et Paix
En revanche, on écrira : Être et avoir, « avoir » étant un verbe et non un substantif.

  • En cas de sous-titre, les principes précédents s'appliquent à chaque partie :

Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile
Candide ou l’Optimisme
Émile ou De l'éducation

  • Les titres professionnels (« professeur », « docteur », « avocat », etc.), officiels (« ministre », « député », « président », etc.), religieux (« abbé », « rabbin », etc.) ainsi que les grades militaires (« général », « capitaine », etc.) ou honorifiques (« chevalier », « commandeur », etc.) prennent une minuscule sauf lorsqu'ils sont placés en début de titre[22].

Les Quatre Filles du docteur March
La Faute de l'abbé Mouret

  • Quand l'auteur a clairement choisi une typographie originale, il est préférable de la respecter si cette graphie est justifiée. Ex: eXistenZ de David Cronenberg.
L'Université de Laval-Québec précise cependant : « Au cinéma, on peut même non seulement privilégier la couleur, mais surtout le mouvement et toutes sortes d’effets visuels laissés à l’imagination de l’artiste. On comprendra que le graphiste ou l’artiste a tout avantage à jouer sur les formes graphiques, notamment les majuscules, les capitales, les bas de casse, l'esperluette (&), etc. Il s'agit là de procédés strictement calligraphiques qui ne tiennent pas nécessairement compte des règles relatives aux titres. »[23].

[modifier] Saints

Quand on parle du personnage, saint est un adjectif, qui prend donc une minuscule à l'initiale. La même règle est valable pour les dénominations, moins fréquentes, de « vénérable » et « bienheureux(se) ». Par ailleurs, on ne met pas de trait d'union. On peut éventuellement abréger saint en St ou S. (auxquels cas le S est en majuscule) mais toujours sans trait d'union :

Par exception, on écrit le « roi Saint Louis » avec une majuscule : « Saint » est ici un surnom intégré au nom, comme « Philippe le Bel » ou « Charles le Chauve. »

Par contre, dans les noms propres comme des noms de lieux, de fêtes, d'églises, d'institutions, il est intégré au nom. Il prend donc une majuscule et est lié avec un trait d'union à l'autre nom :

Enfin, en cas de lexicalisation par antonomase, surtout pour les vins (saint-émilion) et les fromages (saint-paulin), ainsi que quelques autres noms (saint-bernard, saint-honoré, saint-pierre, etc.), le nom obtenu est un nom commun et ne doit donc plus prendre de majuscule (voir section « Langues, gentilés, pays, nationalités et appellations d'origine »).

[modifier] Antonomases

Icône de détail Article détaillé : antonomase.

Un certain nombre de noms propres se sont généralisés dans le langage courant au point d'être lexicalisés comme noms communs (dans un dictionnaire de noms communs). On peut alors les écrire en minuscules. Toutefois, les noms propres dont ils sont tirés peuvent coexister comme noms propres et demander la majuscule dans cet emploi.

Ainsi, les appellations génériques de certains vins et fromages par exemple sont des noms communs, alors qu'elles viennent de noms de région ou de ville. On parle d'un bordeaux pour désigner un vin de Bordeaux, de cantal pour un fromage du Cantal, de nuits-saint-georges, de rocamadour, etc.

[modifier] Les marques

Les marques commerciales s'écrivent généralement avec une majuscule initiale, même si elles sont lexicalisées. C'est par exemple le cas de Kleenex, Klaxon, Frigidaire, Frigo, Scotch et Rimmel, qui ne sont souvent plus perçus comme des noms propres par les locuteurs, qui d'ailleurs ne se réfèrent généralement pas à de véritables Kleenex, Klaxons, Frigidaires, etc. Ces formes typographiques se retrouvent dans les dictionnaires Larousse ou Universalis, ainsi que dans le Ramat de la typographie (québécois) et le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale. Le Ramat note de surcroît que ces mots restent invariables : des Frigidaire, des Opinel, des Coca-Cola… D'autres ouvrages tels le Petit Robert, le TLFi, et le Guide du Typographe romand écrivent ces mots tout en minuscule. Cela dit, certains recommandent de leur substituer respectivement mouchoir en papier, avertisseur, réfrigérateur, ruban adhésif et fard à cils (ou mascara).

[modifier] Antonomases inverses : État, Nation, Dieu, Homme

Le procédé d'antonomase inverse consiste à faire d'un nom commun un nom propre pour désigner une réalité ou une personne en particulier, et non plus seulement la chose générale définie par le nom commun. Le mot prend alors la valeur d'un nom propre, avec une majuscule.

C'est le cas de Nation, État, Dieu, Homme, etc.

Un état est une manière d’être (en mauvais état). En revanche l’autorité qui gouverne un territoire déterminé est l’État (d’où un coup d’État)[24].

Le mot église prend une majuscule pour désigner une institution : l'Église catholique, etc. Dans le cas d'un bâtiment, la minuscule est de rigueur[25].

Dans les religions monothéistes Dieu est un nom propre puisqu'il ne désigne qu'une entité unique, pas seulement l'un des dieux des religions polythéistes (Dieu a d'ailleurs, outre sa majuscule, perdu son article et perdu toute possibilité de mise au pluriel, signe d'une antonomase complète).

Même processus pour : la Vierge (Marie), le Créateur (Dieu), le Nouveau Monde (Amérique), l’Orateur romain (Cicéron), le Tigre (Georges Clemenceau), l’Empereur (Napoléon Ier), le Général (Charles de Gaulle)[26]

Particularité de la science, on met une majuscule à homme lorsque celui-ci désigne l'ensemble de la catégorie Homo (mammifère de l'ordre des Primates). On dira ainsi : les origines ou l'évolution de l'Homme, le musée de l'Homme (à Paris - mais cet exemple donné par nombre de codes typographiques n'est guère pertinent puisqu’on écrit musée de la Contrefaçon) ; au contraire, on dira l'homme préhistorique, l'homme de Cro-Magnon, l'homme de Néandertal, un homme des cavernes, les droits de l'homme, car ils ne concernent qu'une partie de l'ensemble Homo.[27]

[modifier] Accentuation des majuscules et capitales

En français, l'accent a pleine valeur orthographique[28]. L'Académie française recommande donc l'usage d'accent ou tréma sur une majuscule, tout comme l'utilisation de la cédille. Ainsi les publications de qualité écrivent les majuscules et les capitales avec les accents et autres diacritiques, au même titre que les minuscules. En effet, les signes diacritiques ont un rôle important dans les langues qui les utilisent.

Cependant, dans l'ensemble du monde francophone (Suisse romande notamment[29]), seuls les minuscules et les mots en toutes capitales sont accentués dans les textes courants[30]. Les signes diacritiques ne sont systématiquement reproduits que dans les publications soignées : dictionnaires[31], encyclopédies[32], Collection de la Pléiade, ... On trouve donc écrit Etat (sic) dans les publications courantes et État dans les publications soignées.

Il est courant d'entendre des personnes dire avoir appris à l'école « qu'on ne met pas d'accent sur les majuscules ». La simple lecture des titres de livres dans une bibliothèque, ou dans les livres scolaires, démontre au contraire que l'accentuation des majuscules est ancienne et courante. La pratique tendant à ne pas indiquer les accents sur les majuscules et les capitales trouve sa source dans l'utilisation de caractères de plomb à taille fixe en imprimerie. La hauteur d'une capitale accentuée étant supérieure, la solution était alors soit de sculpter des caractères spéciaux pour les capitales accentuées en diminuant la hauteur de la lettre, soit de mettre l'accent après la lettre, soit simplement de ne pas mettre l'accent[33]. Cette dernière option a souvent été utilisée durant des siècles et même si avec l'arrivée de l'informatique ces difficultés sont maintenant estompées.

Des difficultés subsistent encore : sous Windows, sur les claviers français AZERTY, où l'accent grave et l'accent aigu sont systématiquement associés à des lettres minuscules (« é », « è », « à », « ù »), la pose de ces accents sur des majuscules impose des manipulations alambiquées. Il est particulièrement difficile de produire des majuscules accentuées sur un ordinateur portable non muni d'un pavé numérique[34]. L'opération est plus facile quand les accents sont indépendants des lettres, comme l'accent circonflexe, le tréma (ou l’accent grave en Alt Gr 7, voire le tilde en Alt Gr 2) sur le clavier français, ou avec un clavier utilisé avec Linux, ou encore avec un clavier Macintosh. Il n’y a pas de touche morte pour l’accent aigu, car seul le « e » l'emploie. Il suffit donc, en plus de la touche « é », d'une combinaison pour le « É » ; sur Macintosh, taper « é » alors que Verrouiller Maj est actif donne « É ».

L'omission des accents sur les phrases entièrement en capitales cause des ambiguïtés :

  • L'ENFANT AFFOLE SON PERE TOMBE ou le célèbre JAURES ASSASSINE.
  • LES FILS LEGITIMES DE LOUIS XIV. Ici, l'ambiguïté est grave, puisque le sens de la phrase peut s'en trouver radicalement changé : les fils légitimes sont justement le complet opposé des fils légitimés.
  • LES AVOCATS SERONT JUGES.
  • LE PALAIS DES CONGRES.
  • LA RETRAITE A 42 ANS.
  • SALLE DES INTERNES (dans un asile d'aliénés ?)
  • UN INTERNE TUE (quatre possibilités)


La Poste française recommande (pour faciliter le tri automatique) que la localité suivant le code postal soit composée en capitales non accentuées, sans aucune ponctuation. Et le mot Saint est à abréger. Saint-Michel-de-Dèze est donc à mentioner dans une adresse sous la forme :

  • 48173 ST MICHEL DE DEZE
Icône de détail Article détaillé : Adresse postale.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. Guide du Typographe romand, 5e édition, note 236 (exemple donné : la Banque Cantonale Vaudoise)
  2. Voir par exemple l'article Noms officiels de l'URSS : le français fait bande à part (avec sa majuscule unique à Union des républiques socialistes soviétiques et à Union soviétique) et cela crée parfois des tensions « diplomatiques ».
  3. Maurice Grevisse et André Goosse, Le Bon Usage, 2008, De Boek, § 100, a, 1°.
  4. Guide du Typographe romand, 5e édition, p. 25
  5. abcdefgh Le Guide du Typographe romand, 5e édition, note 209,
  6. abcd Le Nouveau Petit Robert, nord, p. 1498, ISBN 2-85036-506-8
  7. abc Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, page 144
  8. Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française (p.450). Définition reprise par Louis-Nicolas Bescherelle dans son Dictionnaire universel de la langue française (1856).
  9. Grammaire pratique française (p. 447)
  10. Dictionnaire de l'Académie française, 1878 - 7ème édition (p.228)
  11. Dictionnaire de la langue française, 1872-1877
  12. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cité (p.114)
  13. Albert Doppagne, Majuscules, abréviations, symboles et sigles pour une toilette parfaite du texte, Duculot - 1998 (p.56)
  14. Office québécois de la langue française
  15. André Jouatte, Dictionnaire d'orthographe et d'expression écrite, éd. Le Robert, 1993 [1]
  16. Albert Doppagne, op. cité (p.8-9)
  17. Guide du Typographe romand, 5e édition, p. 31 et p. 57 et Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, p. 119
  18. Albert Doppagne, op. cité (p.56)
  19. Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, p. 119
  20. Guide du Typographe romand, 5e édition, p. 31 et p. 57
  21. Trésor de la langue française au Québec. Grevisse dans Le Bon Usage est encore plus radical : « Pour éviter l'arbitraire et les discordances, l'usage le plus simple et le plus clair est de mettre la majuscule au premier mot seulement, quel qu'il soit. » (p.123).
  22. Majuscules, abréviations, symboles et sigles pour une toilette parfaite du texte de Albert Doppagne (Ed. Duculot, 1998, ISBN 280111121X), p.55-56. « Le principe est formel : les termes qui désignent les fonctionnaires et les titulaires les plus divers sont des noms communs et s'écrivent avec une minuscule. Il en est de même pour les grades militaires, du caporal au général, ou pour les gradés honorifiques, du chevalier au commandeur. Ce principe ne souffre d'accommodement que si ces termes entrent dans un contexte dans lequel peuvent ou doivent jouer les notions de déférence et de politesse. [...] Lorsque l'on écrit un nom, accompagné d'un ou de plusieurs titres, qu'ils soient placés devant ou après, on note ceux-ci avec une minuscule : le docteur Stratus, le professeur Kolb. le président Delpierre; Jules Galand, directeur. André Muller, avocat. »
  23. Trésor de la langue française au Québec.
  24. Le Nouveau Petit Robert, juin 1996
  25. Office québécois de la langue française, la typographie, « Église »
  26. Mais le général Charles de Gaulle ou le général de Gaulle
  27. http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/generic/cherche.exe?22;s=2105718345;;
  28. Recommandations de l'Académie française
  29. Guide du typographe, 6e édition, § 252.
  30. C’est ainsi que procède le quotidien Le Monde par exemple.
  31. Petit Larousse, Petit Robert et Dictionnaire Hachette par exemple.
  32. La section française de l'encyclopédie en ligne Wikipédia par exemple.
  33. Jacques Poitou, professeur des universités en linguistique sur le site de l'université de Lyon-2
  34. Sur certains portables il est toutefois possible d'activer un pavé numérique (chiffres en bleu situés sur les lettres se trouvant au-dessous des chiffres 789) en appuyant sur les touches Fn+VerrNum. L'utilisateur est alors ramené au cas des ordinateurs fixes à pavé numérique.