Louis Darquier de Pellepoix

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Louis Darquier, plus connu sous son nom d'emprunt Louis Darquier de Pellepoix, dit "baron",(Cahors, 19 décembre 1897 - 29 août 1980, près de Malaga, Espagne), journaliste, militant antisémite et politicien français d'extrême droite. En mai 1942, sous l'instigation de Theodor Dannecker, il est nommé par Pierre Laval à la direction du Commissariat général aux questions juives en remplacement de Xavier Vallat .

Sommaire

[modifier] Biographie

Louis Darquier est né dans une famille de notables de Cahors. Son père, le Docteur Pierre Darquier, fut maire de la ville de 1907 à 1919. Engagé volontaire à 17 ans dans les troupes françaises [1]durant la Première Guerre mondiale, Louis Darquier échoue à devenir militaire de carrière et est démobilisé en 1919.[2]. Il travaille plusieurs années dans une société de négoce de grains, mais est licencié pour avoir spéculé avec les fonds de l'entreprise. Commence alors une période de plusieurs années de vie de bohème. Prétendant posséder une ascendance aristocratique, il affirme être descendant de l'astronome du XVIIIe siècle Antoine Darquier de Pellepoix, dont il s'attribue indûment la particule[3] et d'un autre homonyme, dont il s'attribue le titre de baron. Il s'expatrie en Grande-Bretagne, où il épouse l'actrice australienne Myrtle Jones, dite Sandra Lindsay[4]. Il vit essentiellement de l'argent que lui envoie sa famille, et tente sans succès une carrière littéraire. Il finit par quitter Londres - où il abandonne sa fille en bas âge[5] - et revenir en France.

[modifier] L'agitateur antisémite

Après son retour en France, il dit à sa famille désirer renoncer à la vie de bohème et se rapproche du catholicisme. Son frère aîné, sympathisant de l'Action française, lui fait découvrir les milieux du nationalisme. Les événements du 6 février 1934, au cours desquels il est sérieusement blessé à la jambe, lui donnent l'occasion d'accéder à la notoriété en fondant L'Association des Blessés et Victimes du 6 Février . Il devient peu après secrétaire général du quotidien nationaliste Le Jour. Il est élu en 1935 Conseiller municipal de Paris et est alors toujours proche de l'Action française. Après la victoire du Front populaire aux élections de 1936, il crée son propre parti, le Rassemblement anti-juif de France, et s'éloigne du nationalisme français germanophobe pour se rapprocher des thèses de l'Allemagne nazie. Il fonde le journal La Franche enchaînée, organe officiel de son parti. Dès 1936, Darquier de Pellepoix réclamait la dénaturalisation des Juifs devenus citoyens français après le 11 novembre 1918 [6]. Entré en relation avec des organismes nazis de propagande[7], il utilise l'expression "Bravo Fritz !" pour féliciter Adolf Hitler de l'exécution de la nuit de cristal[8]. En 1940, il s'engage dans les troupes françaises et est fait prisonnier. Il est libéré par les allemands deux mois plus tard.[9]

Il est Commissaire général aux questions juives sous le régime de Vichy à partir de mai 1942, imposé par les autorités allemandes qui jugeaient son prédécesseur Xavier Vallat trop modéré. Il a notamment été considéré comme l'un des responsables de la rafle du Vel d'hiv du 16-17 juillet 1942, bien que son rôle dans l'affaire semble avoir été plutôt passif.

Le 1er février 1943, un article signé par Darquier paraît dans Le Petit Parisien :

« Je propose au gouvernement :
  1. d'instituer le port de l'étoile jaune en zone non occupée ;
  2. d'interdire aux Juifs, sans aucune dérogation, l'accès et l'exercice des fonctions publiques (...)
  3. le retrait de la nationalité française à tous les juifs qui l'ont acquise depuis 1927. »

Ayant échoué à faire adopter ses propositions par Pierre Laval, faisant preuve dans ses fonctions d'une assiduité contestée[10], peu apprécié par le Maréchal Pétain qui le qualifiait de "tortionnaire"[11], accusé de malversations dans la gestion des biens juifs[12], Darquier est remplacé par Charles du Paty de Clam en février 1944.

[modifier] La libération

Après la Libération, il fuit en Espagne où il est professeur de français, puis employé comme traducteur dans une administration. Il est condamné à mort par contumace en 1947. En 1978, il accorde une interview négationniste à L'Express, qui la publie le 28 octobre 1978. Il y déclare notamment « Je vais vous dire, moi, ce qui s'est exactement passé à Auschwitz. On a gazé. Oui, c'est vrai. Mais on a gazé les poux. » Il se dédouane également de toute responsabilité dans la rafle du Vél d'Hiv', dont il attribue la responsabilité à René Bousquet, secrétaire général de la police nationale. Il meurt paisiblement en Espagne. Son extradition, demandée par la France en 1978 seulement suite à la publication de son interview dans L'Express, avait été refusée par l'Espagne (pourtant engagée depuis 1975 dans la transition démocratique), Darquier n'ayant pas été condamné pour crimes de guerre et son état de santé étant jugé trop précaire. Il meurt en 1980; son décès ne sera annoncé au public que trois ans plus tard.

[modifier] Notes et Références

  1. 2755_04_Joly
  2. Bad Faith - By Carmen Callil - Books - Review - New York Times
  3. Carmen and the conman - Scotsman.com Living
  4. Anti-semite-in-chief - Telegraph
  5. Voir le livre Darquier ou la France trahie, par Carmen Callil (bibliographie)
  6. Maurice Rajsfus, La Police de Vichy. Les forces de l'ordre françaises au service de la Gestapo, 1940/1944, Le Cherche Midi éditeur, 1995 (p.186)
  7. Henri Amouroux, La Grande Histoire des Français sous l'Occupation, tome V, Les Passions et les haines, éd. Robert Laffont, 1981
  8. Article de La France enchaînée n°16, 15-30 novembre 1938
  9. Henri Amouroux, La Grande Histoire des Français sous l'Occupation, tome V, Les Passions et les haines, éd. Robert Laffont, 1981
  10. L'antisémitisme de plume, 1940-1944: études et documents (ouvrage collectif), Berg International, 1999
  11. Benoît Yvert (dir), Dictionnaire des ministres de 1789 à 1989, Paris : Perrin, 1990
  12. Voir le livre Darquier ou la France trahie, par Carmen Callil (bibliographie)

[modifier] Bibliographie

  • Laurent Joly, Darquier de Pellepoix et l'antisémitisme français, Ed. Berg International, 2002.
  • Carmen Callil, Darquier ou la France trahie, (Traduction française), Buchet-Chastel, 2007 (Bad Faith. A Forgotten History of Family and Fatherland, Londres, Ed. Jonathan Cape, 2006, 576 p.) Première biographie détaillée du personnage, ce livre raconte les vies de Louis Darquier de Pellepoix et de sa fille Anne Darquier, établie à Londres comme psychanalyste, suicidée en 1970, dont Carmen Callil fut la patiente et l'amie.

[modifier] Liens externes

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