Maurice Rajsfus

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Maurice Rajsfus est un historien et un militant français, né le 9 avril 1928 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Auteur d'une trentaine de livres, il a abordé les thèmes de la Shoah en France, de la police et des atteintes aux libertés.

Maurice Rajsfus à Orléans (maison des associations), septembre 2005.
Maurice Rajsfus à Orléans (maison des associations), septembre 2005.

En 1994, il a cofondé l'Observatoire des libertés publiques[1], qu'il préside.

Sommaire

[modifier] Biographie

Maurice Rajsfus est le fils de parents Juifs polonais arrivés en France au début des années 1920. Ils ont été mariés par le maire d'Aubervilliers, Pierre Laval, « alors encore avocat pacifiste »[2].

En juillet 1942, il est arrêté avec ses parents lors de la rafle du Vélodrome d'Hiver par un policier « un temps voisin de palier (...) Lorsque, en 1988, Rajsfus tentera de l'approcher (« pour comprendre »), le retraité l'éconduira d'un brutal: « Ça ne m'intéresse pas ! » Il n'a cessé depuis d'incarner cette « police de Vichy au passé trop présent, sans remords et sans mémoire » (Pierre Marcelle). Maurice Rajsfus, qui a alors 14 ans, est relâché à la suite d'un ordre excluant les Juifs de 14 à 16 ans de la rafle. Ses parents ne reviendront pas.

Il a été « Jeune communiste à 16 ans, exclu à 18 pour « hitléro-trotskisme », militant de la IVe Internationale avant 1950, puis du groupe Socialisme ou Barbarie avec Lefort et Castoriadis, mobilisant le mouvement des Auberges de jeunesse contre la guerre d'Algérie dès 1955 et président de Ras l'Front de 1991 à 1999 » (Pierre Marcelle).

Un an après que, le 6 avril 1993, le jeune Makomé M’Bowolé eut été tué[3] d'« une balle dans la tête à bout touchant alors qu'il était interrogé, menotté, au commissariat des Grandes Carrières » [4] (18e arrondissement de Paris), Maurice Rajsfus cofonde l'Observatoire des libertés publiques, qui relève dans son bulletin mensuel Que fait la police ?, les bavures policières.

Pour lui, le lien entre passé et présent est constant, notamment dans la surveillance de la police : « Ils ont volé des années de vie à mes parents. Tous ont participé aux rafles quand ils étaient requis. Pratiquement pas un seul n’a démissionné. Si la police française ne s’était pas mise aux ordres, jamais il n’y aurait eu autant de dégâts. Il y a eu 250 000 déportés de France, dont 76 000 juifs, les autres étant, pour l’essentiel, des communistes et des gaullistes... Et que dire de ce policier qui, rendant compte à la préfecture de sa mission, ose écrire, le 22 juillet : " Le Vél’ d’Hiv’ est évacué. Il restait 50 juifs malades et des objets perdus, le tout a été transféré à Drancy." »[5]

N'ayant longtemps eu que le certificat d’études, puisqu'il quitta le collège à 14 ans, Maurice Rajsfus a cependant passé un doctorat en sociologie en 1992[6].

[modifier] Publications

Une adaptation théâtrale, La rafle du Vél' d'Hiv, a été réalisée et jouée en 2003 par Philippe Ogouz d'après trois livres de Maurice Rajsfus : Opération étoile jaune (Le Cherche Midi), Chroniques d'un survivant (Noésis), La rafle du Vél' d'Hiv, (PUF). [7]

  • Portrait physique et mental du policier ordinaire. Après la Lune, 2008 - ISBN-10: 2352270448 - ISBN-13: 978-2352270447

[modifier] Citations

  • Selon les périodes, les policiers n'aiment pas les Juifs ou les Arabes. Alors qu'on me permette de ne pas aimer la police !
  • Pourquoi devrais-je me sentir plus proche d'un banquier juif que d'un banquier qui ne le serait pas ?
  • Bousquet est mort, on pourchasse d'autres immigrés, et moi je ne me sens pas très bien.
  • Nos grands-pères en étaient persuadés : pour que le Messie revienne sur la terre de Palestine, il fallait que tous les Juifs y soient rassemblés. Sans la moindre exception. Comme je ne serai pas du voyage, je risque, à moi seul, de faire rater le rendez-vous...

(textes tirés d'Aphorismes subversifs et réflexions sulfureuses, Paris Méditerranée, 1999)

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Observatoire des libertés publiques
  2. Pierre Marcelle, Rage de raison, portrait de Maurice Rajsfus dans Libération du 28 avril 2002
  3. L'inspecteur qui l'a tué fut condamné à huit ans de prison. Sources : Début du procès du policier qui avait tué le jeune Makomé, Procès Makomé : un « énorme gâchis », selon SOS Racisme, L'Humanité du 12 et du 16 février 1996
  4. « Présentation de l’Observatoire des libertés publiques » in Que fait la police ?, Maurice Rajsfus et Alexis Violet, mai 1999
  5. Vincennes, 1942 : cent " disparus ", L'Humanité du 16 juillet 2002
  6. « Entretien avec Maurice Rajsfus » in Barricata, mars 2007
  7. Voir article dans Lire de décembre 2003.