Iéna (cuirassé)
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Iéna | |
En mars 1907 | |
Histoire | |
---|---|
A servi dans : | Marine nationale française |
Quille posée : | 3 avril 1897 |
Lancement : | Septembre 1898 |
Armé : | 14 avril 1902 |
Statut : | Désarmé le 3 juillet 1907, coulé le 2 décembre 1909 |
Caractéristiques techniques | |
Type : | Cuirassé |
Longueur : | 122,15 m |
Maître-bau : | 20,80 m |
Déplacement : | 12 750 tonnes (cuirasse : 3 198 t) |
Propulsion : | 20 chaudières, 3 machines, 3 hélices |
Puissance : | 16 500 ch |
Vitesse : | 18,1 nœuds (aux essais). |
Caractéristiques militaires | |
Blindage : | latéral 23 à 32 cm, pont 8 cm |
Armement : | Canons : 2 x 2 x 305 mm axiales, 8 x 164 mm en casemate
, 8 x 100 mm, 16 cx 47 mm ; 4 tubes lance-torpilles, dont 2 submergés |
Rayon d’action : | 4 500 milles nautiques à 10 nœuds |
Autres caractéristiques | |
Chantier : | Brest, France |
Le Iéna est un cuirassé d’escadre pré-dreadnought de 12 750 tonnes. Lancé en septembre 1898, le Iéna était, en 1907, une des unités les plus récentes de la flotte française ; il portait le nom d’une des plus grandes victoires de Napoléon dont on venait juste de fêter le centenaire en grande pompe, la bataille d'Iéna. Le Suffren, lancé le 25 juillet 1899, sera un modèle dérivé du Iéna.
[modifier] Carrière
Ce navire, mis en chantier le 3 avril 1897 à Brest, est une modification du type Charlemagne précédent. Lancé en septembre 1898, il est armé définitivement le 14 avril 1902. Il sert en Méditerranée. En 1906, lors de l'éruption du Vésuve, il est envoyé à Naples pour porter secours.
Il est désarmé le 3 juillet 1907. Utilisé comme cible, il est coulé le 2 décembre 1909. L'épave est vendue en 1912.
[modifier] L'explosion du Iéna dans le port de Toulon
Mardi 12 mars 1907, le Iéna est entré depuis quelques jours dans un des bassins de carénage de Missiessy pour une visite de sa coque. Les travaux sont presque achevés, tout est normal ; vers une heure passée de l’après-midi, les hommes d’équipage regagnent leur poste, les ouvriers de l’arsenal ne sont pas encore revenus à bord. Une première explosion se produit. Une grande flamme jaillit de la cheminée et du monte-charge de la soute tribord. L’incendie gagne rapidement les autres soutes et les torpilles, les explosions se succèdent.
Les toitures de trois ateliers sont soufflées. Le Suffren qui se trouve dans un bassin proche se couche presque complètement sur un de ses flancs. Des éclats sont projetés à des centaines de mètres blessant des passants et tuant même un enfant dans les bras de sa nourrice. Les dégâts sont considérables. Des débris humains sont dispersés dans un rayon de 200 mètres.
Sur un équipage de 630 hommes, officiers compris, le bilan officiel est de 37 blessés dont l’amiral Henri-Louis Manceron légèrement blessé et de 118 morts dont sept officiers parmi lesquels le capitaine de vaisseau Adigard qui commandait le navire.
Le jour même, le ministre de la Marine, Gaston Thomson, partit pour Toulon où il arriva le lendemain. Dans un contexte international toujours tendu au lendemain de la crise de Tanger l’émotion fut vive. Les messages de sympathie affluèrent du monde entier. Le roi Édouard VII d’Angleterre et l’infant d’Espagne se rendirent sur les lieux et visitèrent l’épave.
Les obsèques nationales eurent lieu le samedi 23 mars sur la place d’Armes à Toulon en présence du Président Armand Fallières, des différentes personnalités dont Mgr Guillibert évêque de Fréjus et des corps constitués. Les cercueils des victimes étaient portés par des prolonges d’artillerie et le long cortège funèbre défila devant les survivants réunis.
Une enquête parlementaire sur l’origine de la catastrophe fut immédiatement ouverte. Le gouvernement Clemenceau constitua une commission mixte, la Commission scientifique d'étude des poudres de guerre créée le 6 avril suivant par décret du président Fallières. L’enquête mit en cause la poudre B. En vieillissant, la poudre B se décomposait, devenait instable et s’auto-enflammait. C’est ainsi que débuta la fameuse « affaire des poudres » qui dura jusqu’en 1914 ravivée en novembre 1911 par l’explosion du cuirassé Liberté.
En 1908-1909, le Iéna fut amarré en baie d'Alycastre à Porquerolles pour servir de cible de tir pour la Marine. Il servit en particulier à la mise au point des obus perforants, devant exploser seulement après avoir traversé le blindage de la cible.
[modifier] Sources
- L’Illustration n°3342 du 16 mars 1907 et 3343 du 23 mars 1907
- Le Petit Journal supplément illustré 31 mars 1907, 21 avril 1907
- E Gille, Cent ans de cuirassés français, Marines Editions, 1999, (ISBN 2909675505)