Histoire de New York

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New York constitue aujourd'hui la plus grande ville des États-Unis, et l'une des villes les plus importantes au monde, en tant que centre décisionnel de premier plan, mais également en tant que capitale mondiale de la finance et de la Bourse. Son histoire s'échelonne sur plusieurs siècles, et a débuté bien avant l'arrivée des premiers colons dans ce qui allait devenir Manhattan, avec l'occupation par les populations autochtones. Les tractations qui ont mené la ville à sa configuration actuelle, une division en cinq boroughs[1] ne remontent qu'à la toute fin du XIXe siècle et à la première moitié du XXe. Avant cette consolidation[2], la ville a connu de nombreuses crises, a été le théâtre de divers conflits, mais a tout de même réussi à gagner progressivement en importance, au point de constituer depuis la formation définitive de la ville l'un des centres les plus dynamiques au monde.

Le sud de Manhattan en 1942
Le sud de Manhattan en 1942
La statue de la Liberté et le sud de Manhattan avant le 11/09/2001
La statue de la Liberté et le sud de Manhattan avant le 11/09/2001

Sommaire

[modifier] Exploration de la baie de New York

[modifier] L'attrait du nouveau monde

[modifier] Une situation géographique avantageuse

Le principal attrait de la région de New York pour les explorateurs tient à sa situation exceptionnelle d'un point de vue géographique. En effet, l'espace maritime délimité par les îles et le continent qui constitue la baie de New York, séparée en une Upper New York Bay et une Lower New York Bay offre non seulement un accès à des îles situées à divers endroits de la baie, mais permet en outre, grâce à l'Hudson River située en amont, de remonter à l'intérieur du continent. La région de New York avait donc un intérêt commercial et stratégique de premier ordre, ce qui explique pourquoi le port de la ville surpassait celui de Philadelphie[3].

[modifier] Les motivations commerciales hollandaises

Au XVe siècle, en Europe, les grandes puissances commerciales, dans lesquelles on voyait de plus en plus le mercantilisme se développer, la perspective de trouver davantage de richesses (surtout de l'or), la valeur croissante des productions de sucre des Cap-Vert[3], et le commerce des esclaves devinrent des motifs d'expéditions maritimes lointaines. L'impulsion de ce mouvement de conquête fut donné par l'invasion de l'Amérique centrale et des Aztèques par Hernán Cortés en 1519, après que l'Espagne eut acquis une expérience dans le domaine du pillage et de la conquête lors de la Reconquista qui s'acheva en 1492, date à laquelle Christophe Colomb atteignit les Bahamas, en donnant à l'Europe des perspectives supplémentaires dans le Nouveau Monde[3].

Le règne de Philippe II d'Espagne, qui devint Roi des Espagnes mais aussi souverain des Pays-Bas espagnols en 1555, fut marqué par de nombreux mouvements de révolte contre la domination espagnole aux Pays-Bas. L'Espagne fut ainsi non seulement touchée dans le territoire hollandais et ses dix-sept provinces, mais connut également des attaques contre ses intérêts économiques à travers le monde[3]. L'Union d'Utrecht, signée en 1579 donna naissance aux Provinces-Unies, et lorsque les Espagnols reconquirent la ville d'Anvers six ans plus tard, la province de Hollande devint le théâtre d'une révolte menée par des réfugiés protestants, des wallons et des flamands. La Hollande devint ainsi le symbole de la résistance commerciale des Pays-Bas.

Parallèlement, le corsaire anglais Francis Drake parvint à mettre en déroute la flotte espagnole, qui était pourtant avec la flotte portugaise la plus importante du monde, lors d'une attaque menée à St. Augustine (Floride) en 1585. D'autres attaques contre des colonies espagnoles prouvèrent aux Hollandais que des hommes audacieux pouvaient nuire aux intérêts espagnols [3]. La défaite de l'armée espagnole lors de la bataille de Gravelines et les succès de Maurice de Nassau entre 1590 et 1594 encouragèrent les Hollandais, désireux de supplanter les Espagnols dans le conquête du nouveau monde. Pour cette raison, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales fut créée en 1602 avec un monopole sur les épices rares[3]. Quatre ans plus tard, la couronne d'Angleterre remit une charte à la Virginia Company, lui octroyant virtuellement la totalité du continent nord-américain. La « Guerre des explorateurs » put alors débuter.

[modifier] Premières explorations et contact avec les autochtones

[modifier] Les Indiens de « Mannahatta »

Étant donné que l'on ignore à quel moment les peuples venus d'Asie par le détroit de Béring ont atteint le nord-est des États-Unis actuels, il serait très difficile de trouver une date précise au peuplement du site de New York, cependant, on estime que les premiers hommes rentrèrent en Alaska il y a 25 000 ans[4]. Lors de leur arrivée dans les « Nouveaux Pays-Bas » (New Netherland), les colons rencontrèrent une colonie d'indiens algonquins qui occupaient la région de la ville, avec les Lenapes. Les occupants de l'île de Manhattan étaient des Munsee, considérés par les colons hollandais comme étant violents et agressifs. Les autres tribus indiennes installée dans les baies ont pour certaines donné des noms à certains quartiers de la ville actuelle; on retrouvait ainsi les Canarsies dans Brooklyn, les Matinecooks au niveau de Flushing, les Rockaways dans le Queens et les Wecquaesgeeks, tribu mohicans vivant dans la région de Yonkers[4].

Ces diverses tribus vivaient de la pêche, et de la chasse mais aussi de la culture du maïs, des courges et des haricots. Elles cultivaient également du tabac dans de grandes clairières en forêt. Les Lenapes firent ainsi découvrir le sucre d'érables, diverses préparations faites à base de maïs, ainsi que la culture du tabac aux Hollandais. Les indiens autochtones étaient également de grands consommateurs d'huîtres. Pour cette raison, les colons hollandais baptisèrent une de leurs rues Pearl Street (rue des perles) en raison de l'amoncellement de coquilles d'huîtres le long de l'axe de communication[4]. La principale trace que ces autochtones ont laissée dans le New York moderne est le nom de l'île de Manhattan, directement issu du nom de Mannahatta, traduisible par « Île vallonée » ou encore « La petite île » [4].

[modifier] La découverte de la baie de New York

Lorsque Christophe Colomb atteignit pour la première fois le continent américain en 1492, il ne réalisa pas qu'il avait accosté sur un nouveau continent immense, pensant que San Salvador n'était qu'une petite île asiatique isolée. L'Espagne organisa donc une seconde traversée en 1493, avec pour objectif principal la conversion au catholicisme des populations locales. Colomb repartit donc pour les Bahamas avec une flotte de 17 navires et environ 1 500 hommes dont 700 colons et 12 missionnaires ainsi que des chevaux, des bêtes de somme et du bétail. Mais malgré l'objectif religieux du voyage, il était également reconnu que le pays cherchait à développer un commerce avec les populations locales, tout en étendant son territoire et ses richesses[5].

[modifier] Giovanni da Verrazano longe les côtes...

En 1523, François Ier de France fut convaincu par le navigateur florentin Giovanni da Verrazano de rassembler une flotte pour découvrir un accès maritime au Cathay (accès donnant sur le Pacifique), en passant par l'ouest. Verrazano obtint ce qu'il souhaitait, et embarqua à Dieppe dans une petite caravelle, « La Dauphine » , accompagné d'une cinquantaine d'hommes à la fin de l'année 1523[6]. Après avoir longé la côte Atlantique, il partit en direction du continent américain. En mars 1524, il explore les côtes de Caroline du Nord, puis continue à naviguer vers le nord. Le 17 avril, il jette l'ancre à proximité de la baie de New York, avant de continuer sa route vers le nord. Il est le premier explorateur européen à découvrir le site de la future ville de New York qu'il baptise Nouvelle-Angoulême en l'honneur de François Ier, ex-duc d'Angoulême qui a financé son voyage[6]. De retour en France, Verrazano fit part de ses découvertes au roi, et rassembla les fonds nécessaires à un second voyage, qui lui permettrait de continuer son exploration. Cependant, dans un contexte politique difficile marqué par des défaites militaires contre l'ennemi espagnol, l'exploration du Nouveau Monde apparaît comme un objectif secondaire, et l'explorateur italien doit se résoudre à annuler son expédition, en concédant ses navires à l'armée française[6].

[modifier] ... et Henry Hudson pénètre dans la baie

Au début de l'ère de conquête du Nouveau Monde, seules l'Angleterre et les deux pays de la péninsule Ibérique, l'Espagne et le Portugal possédaient les moyens matériels et le savoir-faire nécessaires à des expéditions en direction de l'Amérique[5]. Cependant, les explorateurs déterminés à traverser l'océan Atlantique provenaient de toute l'Europe, comme le montrent bien les Italiens Christophe Colomb, originaire de Gênes et Giovanni da Verrazano, originaire de Florence. Le britannique Henry Hudson faisait partie de ces navigateurs chevronnés, c'est pourquoi il fut engagé par la Compagnie des Indes occidentales, au nom de Jodocus Hondius et Petrus Plancius pour découvrir le passage du Nord-Ouest vers l'Asie. Hudson avait déjà à deux reprises tenté de découvrir le passage, mais au nom des Anglais de la Muscovy Company, en 1607 et 1608[5].

Une fois encore, Hudson ne parvint pas à trouver le fameux passage, mais plutôt que d'abandonner son expedition, il suivit les conseils d'un autre explorateur britannique, John Smith et prit la direction de la Terre-Neuve à bord de son navire de 80 tonnes, le « Halve Maen » (Demi Lune en néerlandais). Il descendit ensuite en direction du sud, en recherchant à chaque estuaire le légendaire passage[5]. Le 2 septembre 1609, Hudson pénétra dans la baie formée par la « Grande Rivière des montagnes »[7], c'est-à-dire l'actuelle baie de New York. Le 10 septembre, l'explorateur continua son voyage en avançant dans le détroit en suivant la rivière qui allait porter son nom : l'Hudson River. le 20 septembre, il rebroussa chemin, arrivé selon lui à la limite navigable du cours d'eau. Hudson découvrit donc le site de New York au nom des Hollandais, qui entreprirent une expédition de colonisation quatorze années plus tard[5].

[modifier] New Amsterdam : la colonisation hollandaise

Icône de détail Article détaillé : Nouveaux-Pays-Bas.

[modifier] La fondation de la Nouvelle-Amsterdam

[modifier] Les premières installations (1613-1624)

Plan du sud de Manhattan vers 1660
Plan du sud de Manhattan vers 1660


L'aventure hollandaise dans le Nouveau Monde débuta lorsque le navigateur hollandais Adriaen Block s'installa durant quelques mois sur l'île de Manhatta en 1613. Son séjour sur l'île fut la conséquence de l'incendie qui immobilisa son navire pendant l'hiver. Cependant, l'année suivante, grâce à l'aide des indiens locaux, pourtant décrits négativement par les premiers hollandais qui s'étaient rendus sur le site, il parvint à remettre son navire en état pour rentrer en Europe. Lors de son voyage de retour, il franchit le détroit de l'actuelle East River qu'il baptisa « La porte de l'enfer » (HelleGat en hollandais). Il rejoignit ensuite la baie par le détroit qu'il baptisa Long Island Sound[8]. La colonie de la Nouvelle-Amsterdam (Nieuw-Amsterdam en hollandais) fut fondée en 1614, cependant, l'île de Manhattan, qui sera par la suite le centre d'installation des colons n'est que très peu peuplée durant les premières années. Les explorateurs passent en effet davantage de temps dans les forêts , et se concentrent en amont de l'Hudson River dans la région de l'actuelle capitale de l'État de New York, Albany[8].

L'arrivée massive de colons à Manhattan débuta au mois de mai 1623, avec le débarquement du Nieuw Nederlandt (Nouvelle-Hollande), un navire de 260 tonnes transportant trente familles protestantes, pour la plupart wallonnes et francophones. Leur groupe se composait de 110 hommes, femmes et enfants, qui acceptèrent de s'établir dans la colonie nouvellement fondée pour une durée de six ans. Ces colons emportèrent avec eux du bétail, des graines, et des outils agricoles[9].

Parmi les explorateurs, huit hommes débarquèrent sur Governor's Island pour y bâtir un fort alors que d'autres marchands furent envoyés vers d'autres colonies hollandaises situées dans la région d'Albany, au Fort Orange, le long du fleuve Delaware, ou de la rivière Connecticut[9]. Les conditions de vie de ces premiers colons étaient particulièrement difficiles, surtout durant les deux premières années, avant que d'autres colons ne soient envoyés.

Pieter Stuyvesant, vers 1660
Pieter Stuyvesant, vers 1660


En mai 1624, un vaisseau affrété par la Compagnie des Indes occidentales, le Nieew Nederlandt accoste sur l’île de Manhattan. À son bord, une trentaine de familles, majoritairement wallonnes[10].

Les passagers ne restent pas ensemble, ils se dispersent en divers endroits :

  • Huit d’entre eux débarquent sur l’actuelle Governors Island, à l’époque l’île aux Noix
  • Quatre couples et huit marins vont descendre la rivière Delaware et accoster à proximité de la ville de Gloucester (New Jersey) où ils bâtiront le Fort Nassau
  • Deux familles et six hommes remontent la rivière Fresche (Connecticut) jusqu’à la ville de Hartford pour y construire un fortin
  • Environ dix-huit familles remontent le fleuve Hudson à bord du Nieuw Nederlandt. Elles vont débarquer à l’emplacement actuel de la capitale de l’État de New York, Albany et fonder Fort Orange.

[modifier] La constitution de la colonie

Pierre Minuit
Pierre Minuit


En effet, en 1625, d'autres familles furent envoyées à Manhattan dans plusieurs navires. Parmi les nouveaux arrivants, on retrouvait l'ingénieur Crijn Fredericxsz qui avait été chargé de diriger l'érection d'un nouveau fort, mais qui serait cette fois-ci non pas situé sur une petite île de la baie, mais à la pointe sud de l'île de Manhattan, dont la population allait croître très rapidement dans les années à venir. La direction des travaux, de même que le choix de l'emplacement exact de la construction du fort étaient dévolus à Willem Verhulst, qui devait diriger la colonie. La vocation du fort n'était pas exclusivement militaire, mais aussi civile, étant donné qu'il devait accueillir un marché, un hôpital, une école ainsi qu'une église[9]. En plus de la réalisation du fort, Fredericxsz s'occupa également de la mise en place d'un système cadastral pour pallier les difficultés de communication engendrées par les consructions anarchiques de logements par les colons. Fredericxsz fut ainsi à l'origine d'un axe de communication nord/sud qui a inspiré la future Broadway. Les premiers esclaves furent envoyés dans la colonie pour ériger le fort et construire davantage de logements, leur condition différant peu de celles qu'ils connurent en Europe[9].

[modifier] L'achat de Pierre Minuit (1626)

La colonie de La Nouvelle-Amsterdam naquit officiellement avec l'achat par Pierre Minuit du territoire à ses occupants (les Manhattes) pour 60 florins[11] (soit 24 $) de verroterie et autres colifichets[12]. La colonie de la Nouvelle-Amsterdam est alors officiellement fondée. Le 2 février 1653, la ville se constitua en municipalité[13].

La Compagnie des Indes occidentales construit un comptoir de commerce qui exporte des fourrures, ainsi qu'un fort appelé Fort Amsterdam. Le premier directeur général est Pieter Stuyvesant à partir de 1647. Le dernier gouverneur néerlandais accorde une charte à la ville en 1653.

De 1640 à 1664, la colonie passe de 400 à 1 500 habitants[14]. Le commerce se développe avec la colonie anglaise de Virginie et les Antilles. Elle exporte vers la métropole du bois, de la fourrure, du tabac.

[modifier] XVIIe et XVIIIe siècles

Icône de détail Article détaillé : Province de New York.

[modifier] Domination britannique (1664-1775)

La rivalité maritime entre Néerlandais et Anglais s'achève par la victoire de ces derniers. Le roi d'Angletterre Charles II fait don à son frère, le duc d'York, d'un vaste territoire incluant la colonie hollandaise. La Nouvelle Amsterdam se rend aux Anglais sans résistance en 1664. Elle est aussitôt rebaptisée « New York » en l’honneur du duc d'York, frère du roi Charles II. La ville se développe rapidement : en 1700, elle compte près de 5 000 habitants. Le commerce se diversifie; la farine est devenue l'une des principales denrées d'exportation. C'est pourquoi, aujourd'hui encore, les armes de New York portent des tonneaux de farine sur une volée de quatre ailes. À l’issue de la seconde guerre anglo-hollandaise en 1667, le traité de Breda accorde définitivement la souveraineté de la colonie aux Anglais, les Hollandais recevant en retour le Suriname (Guyane hollandaise). L’essor économique commence vers 1730. Des puritains anglais fuient les persécutions religieuses dans leurs pays d’origine et s’installent. Ils s’engagent dans le commerce triangulaire en vendant des esclaves africains aux Antilles et dans les colonies britanniques de Virginie, du Maryland et dans les deux Carolines.

[modifier] La remise en cause de la suprématie anglaise (1765-1785)

Le Grand incendie de 1776
Le Grand incendie de 1776


En 1765, le Parlement britannique vote le Stamp Act. Cette loi imposant un droit de timbre sur les journaux et les documents officiels anglais provoque la réunion à New York des délégués de neuf des treize colonies britaniques d'Amérique qui protestent contre la taxe. Cet impôt inique sera abrogé l'année suivante. Les marchands new-yorkais jouent un rôle important dans les débuts de la lutte pour l'indépendance, organisant le boycott des produits anglais. New York voit naître le mouvement des Fils de la liberté ; des troubles éclatent en 1767. Le gouverneur britannique est chassé en 1775. La ville, qui se rallie aux treize colonies anglaises le 9 juillet 1776, devient le bastion des loyalistes.

Au début de la Guerre d’indépendance, la ville est le théâtre d’importants combats lors de la bataille de Brooklyn (parfois appelée bataille de Long Island), le 27 août 1776. Les Américains vaincus battent alors en retraite vers Manhattan. Le 21 septembre, après le débarquement des Britanniques à Kip’s Bay et la bataille des Hauts de Harlem, un grand incendie détruit le quart de la ville. De cet épisode, on se souvient de la phrase du jeune capitaine américain Nathan Hale, exécuté par les Britanniques après sa capture lors d’une mission d’espionnage : « Mon seul regret est d’avoir une seule vie à perdre pour mon pays ». La chute de Fort Washington, le 16 novembre 1776, marque le début de la réoccupation britannique. La ville reste aux mains des Britanniques jusqu’au 16 novembre 1783, quand les dernières troupes britanniques quittent New York. Ce jour, « Evacuation Day », a longtemps été célébré. La fin des hostilités, en 1783, voit George Washington entrer en vainqueur à New York.

[modifier] New York, capitale des États-Unis (1785-1790)

Federall Hall. Gravure d'A. Doolittle, 1790
Federall Hall. Gravure d'A. Doolittle, 1790


En 1785, le Congrès continental s'installe à New York, qui fait dès lors office de capitale provisoire des États-Unis. Mais, sous la pression de Thomas Jefferson, le Congrès déménage à Philadelphie cinq ans plus tard[15]. En 1789, le premier Président américain, George Washington, prête serment sur la Bible au balcon du Federal Hall, édifice rénové par l'architecte français Pierre Charles L'Enfant. En 1790, le siège du gouvernement fédéral est transféré à Philadelphie et, en 1797, le gouvernement de l'État de New York s'installe à Albany. Désormais, son seul rôle économique explique la croissance de New York. Dès 1792, un groupe de marchands commence à se réunir sous un arbre à Wall Street, préfigurant ce qui est devenu ultérieurement la Bourse de New York. Cet été-là, une épidémie de fièvre jaune provoque un exode des New-Yorkais en direction de Greenwich Village.

[modifier] XIXe siècle

Au XIXe siècle, la population de New York connut une rapide expansion, grâce à l’arrivée massive d’immigrants attirés par le dynamisme économique de la ville. En 1835, New York devint la plus grande ville des États-Unis en dépassant Philadelphie.

[modifier] Une croissance économique exceptionnelle

La gare de Grand Central Terminal : les chemins de fer sont à l'origine du développement économique de New York au XIXe siècle
La gare de Grand Central Terminal : les chemins de fer sont à l'origine du développement économique de New York au XIXe siècle

Le développement de New York fut facilité par la modernisation et l'extension des réseaux de transport : le canal Champlain (1823) et le canal Érié (1825) relient New York à son arrière-pays et aux Grands Lacs. Le canal de la Delaware à la Raritan (1824) rejoint Philadelphie au sud-ouest. Robert Fulton fait naviguer les premiers bateaux à vapeur sur l'Hudson. Les liaisons ferroviaires se multiplient à partir des années 1830[16] et Cornelius Vanderbilt construit la gare de Grand Central sur la 42e Rue dans les années 1870. Sur mer, les lignes transatlantiques relient New York à l'Europe par les paquebots.

New York affirme rapidement sa vocation commerciale grâce à son port. Vers 1860, ce dernier assure deux tiers des importations et un quart des exportations américaines[17]. En 1884, 70 % des importations américaines transitent par le port de New York. Les marchandises qui transitent par le port sont diverses : coton, farine et viandes sont expédiés vers l'Europe. Tissus, alcools, sucre, café, thé, cigares sont déchargés sur les quais de la baie. À la fin du XIXe siècle, lorsque les États-Unis deviennent une puissance industrielle de premier ordre, les biens manufacturés représentent une part croissante des exportations. Le port de New York est agrandi dans les années 1850-1860, notamment à Brooklyn et sur la rive du New Jersey. Les premières jetées maçonnées (les Piers) apparaissent dans les années 1870[18]. Sur l'Hudson, les installations portuaires atteignent la 70e Rue de Manhattan à la fin du siècle[19]. En 1900, le port de New York est le premier du monde[20].

Avec la Révolution et l'essor industriels, les usines, les manufactures et les ateliers sont de plus en plus nombreux : en 1806, William Colgate ouvre une fabrique de chandelles, d'amidon et de savon au sud de Manhattan[21]. Cependant, la place fait rapidement défaut sur l'île et de nombreuses industries s'implantent dans les quartiers périphériques. Les principales activités de l'agglomération sont alors liées au secteur agro-alimentaire (raffineries de sucre, abattoirs, brasseries, tabac), au textile (filatures, ateliers de confection), aux constructions navales et à l'imprimerie[22]. Vers 1900, New York est la ville industrielle la plus importante des États-Unis[23].

C'est également au XIXe siècle que New York se positionne comme premier centre des affaires du pays : la vocation financière de la métropole se développe avec la création de la Bank of New York par Alexander Hamilton en 1784 et l'ouverture de la Bourse en 1792. Plus tard, des bourses spécialisées sont fondées (bourse aux grains en 1850, au coton en 1868[24]) ; les maisons de négoce se concentrent au sud de Manhattan. Profitant du dynamisme des chemins de fer, les banques commerciales se multiplient, passant de 25 en 1845 à 506 en 1883[25]. Les grandes enseignes telles que Macy's et Bloomingdale's voient le jour dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Broadway devient l'artère commerçante de la ville.

[modifier] Une population croissante et diverse

Federal Hall (1842), près de la bourse
Federal Hall (1842), près de la bourse


Au milieu du XIXe siècle, plus de la moitié des New-Yorkais sont nés à l'étranger[26] ; entre 1820 et 1890, plus de dix millions d'immigrants s'installent dans la métropole, fuyant la crise économique et les persécutions qui ont lieu en Europe[26]. Les migrants les plus nombreux sont d'abord les Allemands et les Irlandais : les premiers quittent leur pays à la suite des Révolutions de 1848 et les seconds à cause de la grande famine. Des quartiers « ethniques » se constituent à Manhattan : par exemple, les Allemands se concentrent le Lower East Side. L'immigration irlandaise conduit à la création de nouvelles paroisses catholiques et d'un archidiocèse en 1850[27]. Chaque communauté développe ses réseaux d'entraide, ses associations et ses journaux. Les tensions dégénèrent parfois en émeutes : celles de 1871 entre catholiques et orangistes se soldent par 65 morts[28].

Face à cette croissance démographique, les autorités municipales étendirent à l’ensemble de l’île de Manhattan le plan d’urbanisation, dès 1811. En 1900, Manhattan est entièrement lotie[29]. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, la croissance urbaine fut pourtant interrompue plusieurs fois, avec les incendies de 1835 et 1845[30] et par la crise économique de 1837. De nombreux bâtiments sont alors reconstruits dans le style néoclassique, comme Federal Hall (1842). Avec l'essor démographique, l'offre de logement devient vite insuffisante. Les New-Yorkais les plus pauvres s'entassent dans des appartements étroits et insalubres appelés tenements. Une loi de 1879 exige que chaque pièce ait au moins une fenêtre pour améliorer la ventilation et la luminosité[31].

L'extension urbaine dépasse le cadre de Manhattan : Jersey City et Newark s'agrandissent grâce aux industries et aux liaisons en ferry. Le quartier de Brooklyn acquiert le statut de ville en 1834 et adopte un plan d'urbanisme orthogonal[32]. La périphérie de la ville est stimulée par les trains de banlieue. Les transports urbains se modernisent, passant du bus au tramways hippomobiles et bientôt au métro.

Central-Park, Winter: The Skating Pond, 1862
Central-Park, Winter: The Skating Pond, 1862


Les inégalités sociales sont importantes dans le New York du XIXe siècle : le nombre de personnes riches augmente et certains noms se détachent par leur fortune (Andrew Carnegie, John Davison Rockefeller, John Jacob Astor, etc.). Les riches demeures sont construites sur Washington Square, Lafayette Place puis sur la Cinquième Avenue, dans le quartier de Brooklyn Heights et de Marcus Garvey Park à la fin du siècle. La bourgeoisie vit selon les codes de la société victorienne. Une classe moyenne d'artisans, comptables, vendeurs, employés de bureau émerge peu à peu. Avec le développement industriel de New York, le nombre d'ouvriers augmente fortement, passant de 30 000 en 1840 à 220 000 quarante ans plus tard[33]. Les ouvriers se réunissent dans les tavernes de Bowery. La ville connaît régulièrement des mouvements de grèves comme en 1833 et en 1836.

Les problèmes sociaux sont en partie pris en charge par les Églises et les associations qui se multiplient, comme la Société new-yorkaise pour l'amélioration de la condition des pauvres (1843)[34].

[modifier] New York pendant la guerre civile

Pendant la Guerre de Sécession, les forts liens commerciaux existant avec les sudistes créèrent une dissension entre les habitants, certains prenant partie pour l’Union, d’autres pour la Confédération. Ces troubles civils culminèrent en 1863 avec de violentes émeutes lors de l’appel à la conscription lancé par Abraham Lincoln (the Draft Riots). Cinq régiments fédéraux sont alors déployés à New York afin de ramener le calme. Les émeutes font une centaines de mort[35]. Après la guerre, le flux d’immigrants européens s’accrut encore. Pour satisfaire aux critères d’immigration, un centre de transit fut construit sur Ellis Island, une île proche de celle de la Statue de la Liberté.

[modifier] Institutions municipales et gestion de la ville

Plan de Manhattan vers 1850 ; Central Park apparaît en jaune.
Plan de Manhattan vers 1850 ; Central Park apparaît en jaune.

Dès 1821, le suffrage censitaire est aboli dans l'État de New York : le corps électoral s'élargit et la démocratie progresse encore en 1834 lorsque le maire de New York est élu au suffrage direct[36]. En 1844 est créée une police municipale[37]. À la suite des épidémies de choléra (1832, 1866), la municipalité décide de porter ses efforts sur l'adduction d'eau et les égoûts : un service des égoûts est fondé en 1849[38] et des bains publics sont ouverts dans les années 1850. Un aqueduc est mis en chantier en 1842 afin d'apporter l'eau de la rivière Croton dans la ville.

Face à l'urbanisation galopante de Manhattan, plusieurs voix s'élèvent pour réclamer la création d'un espace de verdure, à l'image du Bois de Boulogne à Paris. Parmi ceux qui réclament l'aménagement d'un parc, on trouve le paysagiste Andrew Jackson Downing, et des écrivains comme George Bancroft et Washington Irving. Le poète et journaliste du New Evening Post William Cullen Bryant, qui est l'un des soutiens du projet, exige ainsi que :

« La municipalité ouvre un parc, un grand parc, un vrai parc, qui, par le sain divertissement du peuple, l'éloigne de l'alcool, du jeu et des vices, pour l'éduquer aux bonnes mœurs et à l'ordre. »

Il propose alors en 1850 que la municipalité achète une parcelle qu'il qualifie de « terre en friche, laide et répugnante » sur laquelle le projet peut voir le jour[39] ce qu'elle fait en 1853. Le parc fut achevé en 1873 après treize années de travaux, selon les plans de Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux.

En 1898, la ville de New York s’organisa administrativement telle qu’on la connaît aujourd’hui. La fondation du City of Greater New York (le « Grand New York »), qui réunissait la ville de New York, le Kings County (Brooklyn), le Queens et le Richmond County (Staten Island) posait également le principe des districts (boroughs) (voir Manhattan, Brooklyn, Bronx, Queens, Staten Island).

[modifier] Développement de la culture

C’est aussi dans la deuxième moitié du XIXe siècle que furent créées la plupart des institutions culturelles (Metropolitan Museum of Art en 1870, Metropolitan Opera en 1883, American Museum of Natural History en 1877, New York Public Library en 1895, Brooklyn Museum en 1895-1915) et de nouvelles infrastructures civiles, comme le pont de Brooklyn achevé en 1883. Des universités voient le jour : université de New York (1831), City College of New York (1847). L'université Columbia, fondée au XVIIIe siècle se diversifie en ouvrant une école de droit (1858) et école de sciences politiques (1880). Les grandes fortunes de New York font œuvre de philanthropie. Entre 1888 et 1908, les finances de la ville augmentèrent de 250 %.

C'est encore au XIXe siècle que l'agglomération se dote de journaux prestigieux : le New York Sun (1833) et le New York Times (1851). Une presse populaire se développe autour du Sun.

[modifier] XXe siècle

[modifier] Modernisation des transports

Dans la première moitié du XXe siècle, la ville devint un centre d’envergure internationale, au niveau industriel, commercial et pour les communications. L’Interborough Rapid Transit, la première compagnie de métro, vit le jour en 1904, suivi de la reconstruction du Grand Central Terminal en 1913. L'autorité du port de New York voit le jour en 1921 ; elle fait construire le George Washington Bridge inauguré en 1931. La densification du trafic automobile amène la municipalité à penser un nouveau plan d'urbanisme et à relier Manhattan par de nouvelles infrastructures : le Holland Tunnel est creusé entre 1920 et 1927 et des voies rapides (parkways) ceinturent peu à peu l'île.

[modifier] Construction des gratte-ciel

Broadway en 1909
Broadway en 1909


Avec la multiplication des sièges sociaux d'entreprises et le manque de place à Manhattan, l'architecture du sud de Manhattan devint verticale : construite en 1907, la Metropolitan Life Tower fait 213 mètres de hauteur et compte 50 étages. Le Woolworth Building, achevé en 1913, mesure 241 mètres pour 57 étages et reste l'immeuble le plus haut du monde jusqu'en 1930. En 1929, New York compte déjà 188 immeubles de plus de 20 étages[40]. Dès les années 1920, un second quartier des affaires se constitue plus au nord, dans le quartier de Midtown.

À partir des années 1930, la plupart des plus hauts gratte-ciel du monde y furent construits dans le style Art déco. Rapidement, plusieurs architectes américains (Louis Sullivan ...) critiquent cette nouvelle architecture verticale. L’élévation vertigineuse des buildings empêchent la lumière d’atteindre le sol. Le plan orthogonal entraîne un engorgement de la circulation. Enfin, des problèmes nouveaux de sécurité émergent, notamment en matière d’incendie. Dès 1916, pour répondre à ces difficultés est adoptée à New York une loi sur le zonage (Zoning Law). Le règlement oblige les architectes à adapter la hauteur des immeubles à la largeur des rues. Il reste en vigueur jusqu’en 1961. Cela donne lieu à la construction d’édifices de forme pyramidale tels que le Seagram Building (Ludwig Mies van der Rohe et Philip Johnson, 1958) qui ménage un retrait de 28 mètres par rapport à Park Avenue.

[modifier] Le peuple new-yorkais

Dès les dernières décennies du XIXe siècle, l'immigration changea de nature : elle apportait désormais à New York des Européens du Sud (Italiens) et de l'Est (Polonais, Russes). Les flux internes concernaient les Afro-américains, jusqu'ici peu nombreux dans la ville et les Portoricains. Les Juifs, fuyant les pogroms en Europe, s'installent dans le Lower East Side et à Brooklyn[41]. Plus tard, les Juifs fuient le régime nazi et s'installent notamment à Washington Heights. Les Noirs venant du Sud du pays se regroupent dans les quartiers de Harlem ou de Bedford Stuyvesant qui deviennent dans les années 1940 des ghettos.

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, à la suite de rapports et par la pression des associations, la question du logement populaire devient un sujet de préoccupation. Un Département municipal des tenements, puis une New York City Housing Authority sont mis en place. 40 000 tenements sont détruits dans les années 1920[42] et des logements sociaux sont construits. La Grande Dépression jette à la rue des milliers de New-Yorkais, dont certains habitent dans les cabanes du Central Park. La loi Wagner-Steagall provoque la multiplication des grands ensembles[43].

[modifier] New York, foyer culturel d'envergure nationale

New York devint également un centre artistique majeur, notamment avec les comédies musicales de Broadway et la Renaissance de Harlem. Ce rôle s’amplifia vers la fin des années 1930 avec l’afflux de réfugiés politiques européens, qui comportaient nombre d’intellectuels, musiciens et artistes.

C'est dans le quartier de Greenwich Village que se rassemblent les artistes et les écrivains. L'endroit est fréquenté par les homosexuels, les avant-gardistes et les contestataires[44]. Les galeries et les ateliers sont les lieux privilégiés de l'évolution de la peinture : c'est à Greenwich Village que travaillent les peintres réalistes (Thomas Benton, Edward Hopper) et modernes (Jackson Pollock, Willem de Kooning).

Avec l'Armory Show (1913) puis l'ouverture du Museum of Modern Art (1929), du Whitney Museum of American Art (1931) et du Musée Solomon R. Guggenheim (1937), New York devient l'une des capitales mondiale de l'art moderne. Cette position est renforcée par l'afflux d'artistes, de musiciens et d'écrivains européens pendant la Seconde Guerre mondiale (Marc Chagall, Béla Bartók, Hannah Arendt).

Durant la première moitié du XXe siècle, New York reste un centre important pour les médias : la métropole compte de nombreuses agences d'information et des journaux prestigieux. C'est dans les années 1920 qu'apparaissent les premiers tabloïds. Dans les années 1930, les chaînes de radio CBS et NBC s’installèrent au Rockefeller Center qui fut bientôt surnommé « Radio City[45]. » Deux théâtres furent aménagés dans le complexe, d'une part le Radio City Music Hall qui était le plus grand, avec près de 6 000 sièges et d'autre part le RKO Roxy ou Center Theater qui comprenait 3 509 places et qui fut détruit en 1954. Malgré la concurrence de Los Angeles, New York reste jusqu'en 1945 un centre cinématographique important : elle exerce le contrôle financier de l'industrie du 7e art, produit des films dans ses studios et possède de très nombreuses salles de projection[46].

[modifier] Problèmes sociaux de l'Entre-Deux-Guerres

La foule se presse devant la bourse le jour du krach de 1929
La foule se presse devant la bourse le jour du krach de 1929


En 1919, New York est secouée, comme d'autres villes dans tout le pays, par des grèves massives : celle des dockers en janvier, des cigariers en juillet, des acteurs en août et des pompiers en septembre[47]. Les ouvriers réclament des augmentations de salaire pour compenser l'inflation et de meilleures conditions de travail. En septembre 1920, un attentat à la bombe souffle les bureaux de la banque Morgan à Wall Street, faisant 38 morts et 200 blessés[48].

Les années 1920 furent également marquées par la prohibition, avec l’ouverture des speakeasies, ces établissements de vente et de consommation de boissons alcoolisées, et des bootleggers, les contrebandiers d’alcool. De nombreux bars et clubs de Harlem, réservés aux Blancs, étaient alors contrôlés par les mafias juive et italienne. Le truand « Dutch » Schultz contrôlait notamment la production et la distribution de spiritueux dans le quartier.

Fiorello Henry LaGuardia
Fiorello Henry LaGuardia


La « grosse pomme » n'échappe pas à la Grande Dépression économique des années 1930 ; c'est à la bourse de Wall Street que se manifeste le krach de 1929 qui donne lieu à une crise mondiale. En mars 1936, un New-Yorkais sur cinq reçoit une aide publique[49]. Les différents programmes de la Works Projects Administration, la principale agence instituée dans le cadre du New Deal, emploient des centaines de milliers de personnes. Fiorello LaGuardia est le maire de New York de 1934 à 1945.

[modifier] New York après 1945

Après la Seconde Guerre mondiale, New York connut cependant un relatif déclin, perdit de ses habitants, et son tissu industriel commença à vieillir. Plusieurs usines déménagèrent dans la première moitié du siècle vers la ceinture proche (dans le New Jersey par exemple). La crise des années 1960-1970 a engendré des friches industrielles dans le Bronx et le Queens. Pendant cette période, les usines ferment à cause de l'augmentation des coûts de production et de la concurrence internationale, déménagent ou se délocalisent à l’étranger. Ainsi, le chantier naval de Navy Yard ferme ses portes en 1966. Entre 1953 et 1992, New York perd quelque 700 000 emplois industriels[50]. La place du port de New York recule.

New York affermit sa position mondiale dans les années 1950 et 1960. Ainsi, en 1952, elle accueille les institutions permanentes de l'ONU. L'exposition universelle de la foire internationale de New York 1964-1965, dans le parc de Flushing Meadows, attire des millions de visiteurs. New York s’affirme comme capitale de l’expressionnisme abstrait et rivalise avec Londres sur le marché de l’art. Le quartier de Greenwich Village reste un des foyers culturels de la ville avec SoHo qui devient un district historique en 1973[51]. La contre-culture s'épanouit à New York dans les lettres et les arts. Le Off-off Broadway propose une alternative au théâtre commercial. Le Pop Art dénonce la société de consommation. Andy Warhol (1928-1987) installe son atelier sur la 47e Rue. Frank Stella (né en 1936) expérimente le minimalisme et Christo (né en 1935) propose aux New-Yorkais des œuvres éphémères. Les fresques murales se multiplient sur les murs de la ville. La culture de la rue (graffiti, hip-hop) prennent leur essor dans les années 1980.

Dans le domaine de la culture, New York est de plus en plus concurrencée par d'autres pôles dans le pays, en particulier ceux de la Sun Belt : dès les années 1950, Hollywood devient le cœur de la production cinématographique. La presse new-yorkaise doit faire face à de nouveaux rivaux comme le LA Times ou le Washington Post.

Avec le changement de politique migratoire, New York redevient cosmopolite. De nouveaux quartiers ethniques se forment dès les années 1970. Les années 1960 sont aussi marquées par des tensions raciales (mouvement des droits civiques, émeutes de juillet 1964) et sociales (grèves des transports en 1966, manifestations contre la guerre du Vietnam). La municipalité confie à Robert Moses le soin de détruire les taudis, de rénover certains blocks et de construire des logements sociaux. En juillet 1977, une coupure de courant entraîne des pillages dans les quartiers noirs de la ville[52].

Entre 1940 et 1990, Manhattan perd 500 000 habitants, Brooklyn 400 000 et le Bronx 300 000[53]. Cependant, les banlieues résidentielles continuent de s'étendre grâce au réseau autoroutier et à la construction de nouveaux ponts (Pont Verrazano, 1964). La ville se transforme pour faire face à l'accroissement du trafic automobile : les parkings se multplient , la Cinquième Avenue passe en sens unique.

Au milieu des années 1970, la désindustrialisation et le déclin démographique poussent la ville au bord de la faillite. Les dépenses de la municipalité explosent et l'État fédéral se désengage. De nombreuses infrastructures urbaines sont laissées à l'abandon, faute de subventions. La multiplication des emprunts à court terme entre 1965 et 1975 provoquent un endettement considérable. Le premier choc pétrolier de 1973 n'arrange pas la situation. Plusieurs quartiers s'enfoncent dans la criminalité et la drogue (Harlem, South Bronx).

Les tours jumelles du World Trade Center
Les tours jumelles du World Trade Center

Le rebond de Wall Street, dans les années 1980, permit à New York de retrouver son rôle de leader dans la sphère économique et financière mondiale. L'équilibre budgétaire de la ville est rétabli en 1981[54]. Le renouveau de l'immigration stimule également la croissance économique. Dans les années 1990, la politique anti-délinquance menée par le maire Rudolph Giuliani redonna confiance aux Américains qui réinvestirent la ville, qui est une des seules à pouvoir offrir ce style de vie cosmopolite. L’envolée des technologies de l’information et de la communication contribua également à ce nouvel essor. New York est devenue une métropole tertiaire. De nouveaux gratte-ciel sont construits : le World Trade Center est inauguré en 1973 et dépasse l'Empire State Building. Depuis les années 1990, plusieurs opérations de réhabilitation ont été menées dans plusieurs quartiers de la Grosse Pomme. Plusieurs zones industrialo-portuaires sont reconverties (Brooklyn) en lofts, en ateliers d’artistes.

[modifier] XXIe siècle

L’attaque terroriste du 11 septembre 2001 a également frappé Washington, D.C. mais c’est bien New York qui en est sortie la plus meurtrie, avec la destruction du World Trade Center. En 2004, ces plaies sont partiellement refermées, et la ville attend avec impatience la construction de la Freedom Tower, prévue en 2010, qui remplacera l’ancien temple du commerce.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Manhattan, le Queens, Brooklyn, le Bronx et Staten Island
  2. Terme anglais désignant le rattachement d'un quartier à la ville
  3. abcdef E. Homberger, The Historical Atlas of New York City: Hilly Island, 2005, p.10-11
  4. abcd E. Homberger, The Historical Atlas of New York City : Manhattan, 2005, p.16-17
  5. abcde E. Homberger, The Historical Atlas of New York City : Explorers Arrive, 2005, p.18-19
  6. abc Biographie de Verrazano (consulté le 5 août 2007)
  7. The Great River of the Mountains, citation trouvée dans E. Homberger, The Historical Atlas of New York City, 2005, p.12
  8. ab National Geographic, Guides de Voyage : New York : Histoire de New York, p.19
  9. abcd E. Homberger, The Historical Atlas of New York City : Dutch New Amsterdam 1610-1664, 2005, p.20
  10. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.16
  11. D'après une lettre de l'époque : lire F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.17
  12. (en) The College of New Jersey, « Purchase of Manhattan ». Consulté le 24-06-2007
  13. (en) New York City Council, « About the Council ». Consulté le 24-06-2007
  14. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.19
  15. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.35
  16. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.79
  17. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.82-83
  18. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.92
  19. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.90
  20. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.194
  21. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.98-99
  22. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.100
  23. Cynthia Ghorra-Gobin, La ville américaine : espace et société, Paris, Nathan Université, 1998, (ISBN 2091910163), p.34
  24. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.85
  25. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.93
  26. ab F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.121
  27. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.150
  28. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.158
  29. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.107
  30. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.117
  31. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.115
  32. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.108
  33. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.126
  34. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.142
  35. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.158
  36. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.129
  37. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.116
  38. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.118
  39. www.insecula.com Central Park (consulté le 5 mars 2007)
  40. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.185
  41. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.213
  42. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.190
  43. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.191
  44. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.257
  45. http://www.nyu.edu/classes/finearts/nyc/rock/rock.html site web de l’université de New York, page consultée le 16/05/2007
  46. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.244
  47. A. Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité, 1919-1939, Hachette, Paris, 1980, 1994, (ISBN 9782012351028), p.32
  48. A. Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité, 1919-1939, Hachette, Paris, 1980, 1994, (ISBN 9782012351028), p.40
  49. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.228
  50. Jean-Pierre Paulet, Géographie urbaine, Paris, Colin, 2000, (ISBN 2200250444), p.100
  51. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.283
  52. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.292
  53. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.284
  54. F. Weil, Histoire de New York, 2005, p.274

[modifier] Bibliographie

  • François Weil, Histoire de New York, Paris, Fayard, 2005 (ISBN 2213618569). Une excellente synthèse par le directeur du Centre d'études nord-américaines (CNRS-EHESS).
  • Washington Irving, Histoire de New York (depuis le commencement du monde jusquà la fin de la domination hollandaise, par Diedrick Knickerbocker), Paris, Éditions Amsterdam, 2006.[1]
  • Eric Homberger, The Historical Atlas of New York City (a visual celebration of 400 years of New York City's History), Owl Books, 2005, (ISBN 9780805078428).
  • Edwin G. Burrows, Mike Wallace, Gotham - A History of New York City to 1898, USA, Oxford University Press, ISBN 9780195140491

[modifier] Liens externes

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