Henri de Blois

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Henri de Blois (vers 11001171), abbé de Glastonbury, puis évêque de Winchester, fut un personnage important de la politique anglaise de son temps, et particulièrement du règne de son frère Étienne d'Angleterre.

Il est l'un des plus jeunes fils d'Étienne II de Blois († 1102), comte de Blois, et d'Adèle d'Angleterre, fille de Guillaume le Conquérant.

[modifier] Une carrière d'ecclésiastique

Dès son plus jeune âge, il part au monastère de Cluny, le plus important de son temps, où il devient moine. Il part ensuite pour Montacute dans le Somerset où le roi Henri Ier Beauclerc, son oncle, projette de créer une abbaye royale. Le projet est abandonné en 1126 mais Henri est alors nommé à une plus grande responsabilité en tant qu'abbé de Glastonbury. Trois ans après, par dispense spéciale du pape, il devient évêque de Winchester, l'un des plus hauts postes de l'Angleterre médiévale.

Henry s'est rapidement avéré être un excellent administrateur. Il dégage de grands bénéfices de gestion dans les abbayes qu'il dirige. Il mène de grands programmes de construction à Glastonbury et Winchester, effectue un relevé rigoureux des propriétés foncières, des revenus agricoles. Il dirige la construction de nombreux châteaux : Farnham, Downton, Taunton, Merdon, Wolvesey et Waltham.

C'est aussi un mécène, qui apprécie le riches ornements architecturaux, visibles dans la cathédrale de Winchester, influencée par les statues classiques qu'il a rassemblées à Rome. Il est le mécène d'auteurs tels que Guillaume de Malmesbury et de Gérald du Pays de Galles ; il est aussi le commanditaire de quelques manuscrits de l'école de Winchester. Sa curiosité le pousse à créer une collection d'animaux et d'oiseaux rares.

Il fonde aussi pour les bonnes œuvres l'hôpital de Sainte Croix sur les périphéries de Winchester. C'est aussi un ecclésiastique rigoureux, formé dans les règles de la réforme grégorienne à Cluny. Il désire une Église indépendante avec des moines évêques sous la protection d'un roi pieux, et fait tout pour arriver à cet objectif conforme aux vues de la papauté du temps.

[modifier] Dans la tourmente du pouvoir

En homme ambitieux pour sa famille, il intrigue afin d'obtenir le trône anglais pour son frère, Étienne de Blois, après la mort d'Henri Ier en 1135. Dans cet œuvre, il parvient à obtenir des garanties pour l'autonomie de l'Église, dans la charte d'Oxford des libertés en 1136. Il espère par ce biais peser sur la politique anglaise, mais son frère Étienne, devenu roi, est influencé par la puissante famille des Beaumont. Ils le persuadent d'élever l'abbé Theobald de Bec à l'archiépiscopat de Canterbury en 1138, convoité par Henri. Il use alors de ses influences à Rome pour continuer son ascension dans la hiérarchie. Il est alors nommé légat.

Pendant la guerre civile qui éclate entre le roi Étienne de Blois et l'héritière légitime au trône, sa cousine, Mathilde l'Emperesse, Henri essaye de poursuivre une politique indépendante, entre les deux adversaires et le pape. Il négocie en vain entre les deux rivaux en 1140.

L'année suivante, après que la défaite et la capture d'Étienne à la bataille de Lincoln, Henri se trouve contraint de faire la paix avec Mathilde et doit se préparer à la couronner à Winchester comme reine. Mais elle est trop impopulaire et est chassée par la population de Londres. Henri change alors de camp et organise la défense de Winchester. Une armée menée par l'épouse d'Étienne, une autre Mathilde, mais de Boulogne celle-là, défait les partisans de l'Emperesse. Toutefois, il perd sa mission de légat après la mort d'Innocent II en 1143.

Henri use ensuite de son pouvoir pour nommer son neveu, Guillaume FitzHerbert, comme archévêque d'York. Il essaye ensuite de concurrencer Cantérbury, sans que ces manœuvres soient populaires. Il devient de plus en plus contesté, et en 1150, l'archévêque Theobald dépose une plainte à la papauté. Henri défend son cas personnellement devant la Curie à Rome avec succès, et parvient même à jouer un rôle important dans les négociations de paix avec le futur Henri II Plantagenêt. Celui-ci est le fils de Mathilde l'Emperesse, l'ennemie du frère d'Henri. Henri II arrivé au pouvoir, Henri de Blois se retrouve en disgrâce. Ses châteaux et palais lui sont confisqués en 1155 et Henri de Blois décide de se retirer à Cluny pendant un certain temps.

[modifier] Le déclin

La célèbre abbaye est alors en difficulté. L'Ordre de Cluny, après avoir bénéficier de dons exceptionnels des princes de toute l'Europe, voit ses caisses se vider. Pour Henri, c'est une bonne occasion de placer ses biens en prêt, pour ne pas les voir menacés par Henri II. Il aide aussi Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dans son entreprise d'inventaire (La Constitutio expense cluniaci). Il revient trois ans plus tard en Angleterre. En 1162, il préside à l'élection et l'ordination de Thomas Becket en tant qu'archevêque de Cantorbéry. Toutefois, il ne joue plus aucun rôle dominant dans l'Histoire de l'Angleterre.

Henri continue à être indépendant pendant l'affaire Becket. Il est associé à l'archevêque dès 1155, le soutient à Northampton en 1164, et gagne le ressentiment du roi Henri en retour. Il semble qu'il ait désapprouvé l'extrémisme de Becket lorsqu'il soutient l'arbitrage papal de 1166-1167, mais il garde contact avec lui lors de son exil, le mettant au courant des affaires politiques du pays. À la veille de sa mort, dans le palais de Wolvesey, Henri de Blois est demeuré provoquant à l'égard d'Henri II. Il est enterré dans la cathédrale de Winchester.