Adèle d'Angleterre

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Adèle d'Angleterre ou de Normandie ou de Blois (v. 1067[1] – 8 mars 1137 ou 1138), était fille de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, et de Mathilde de Flandre. Elle fut régente de la principauté de Blois-Chartres, et mère du roi Étienne d'Angleterre.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Une femme de pouvoir

En 1080, elle épouse Étienne Henri, comte de Blois, Châteaudun et de Chartres et et Meaux. Elle s'implique dans la gestion des terres de son mari, puisqu'on la retrouve régulièrement témoin des chartes de celui-ci.

Ayant hérité de l'appétit et de l'habilité à régner de son père, elle persuade son faible mari de rejoindre la première croisade en 1096, afin de pouvoir régir elle-même ses comtés. Étienne-Henri, en charge des fonds de la croisade, découragé par les rigueurs et les difficultés du siège d'Antioche, déserte de la ville assiégée en 1098, afin d'éviter une mort inéluctable. Mais des croisés survivent, et réussissent à reprendre Jérusalem en 1099.

De retour à Blois, il est fraîchement accueilli par Adèle qui se dit offusquée d'être mariée à un lâche. Après une campagne de harcèlement moral, elle le persuade de penser à sa réputation, et de retourner en Terre sainte. Étienne-Henri repart en 1101, et trouve une mort digne l'année suivante à Ramla.

Adèle continue de régir la principauté de Blois-Chartres jusqu'en 1107, quand elle passe les rênes du pouvoir à son fils Thibaut. Elle maintient son réseau de contact politique, notamment avec son frère Henri Ier d'Angleterre, à qui elle a confié deux de ses fils, Étienne, qui lui succédera sur le trône d'Angleterre, et Blois qui recevra le plus riche évêché d'Angleterre, Winchester.

En 1108, elle envoie cent chevaliers de ses comtés à l'ost du roi Louis VI, pour le siège de Montmorency, parce que ses fils Guillaume et Thibault sont trop jeunes pour conduire leurs troupes[2].

Elle se retire à l'abbaye clunisienne de Marcigny entre 1120 et 1122, et elle y meurt en 1137 ou 1138. Bien que femme d'un comte, régente pendant dix ans d'une principauté puissante, mère d'un roi d'Angleterre, elle choisit de se faire enterrer à Caen aux côtés de sa mère, sous l'inscription « Adèle, fille du roi ».

[modifier] Une femme de culture

Une bas-bleue fameuse, c'était l'une des femmes les plus lettrées de son époque. Elle s'intéressait particulièrement aux sciences géographiques et astronomiques[3]. Elle comptait parmi ses amis deux intellectuels importants de son époque, le canoniste Yves de Chartres, et Anselme de Cantorbéry.

L'un de ses admirateurs, le poète Baudry de Bourgueil, composa un poème décrivant sa chambre[4] : il y a plusieurs tentures, l'une représente la Genèse jusqu'au déluge, une autre représente des scènes allant de l'Arche de Noé jusqu'à la construction du Temple par Salomon, une troisième des scènes de la mythologie grecque[5]. Une autre semble être une version plus réduite de la Tapisserie de Bayeux[6]. Le plafond est peint d'étoiles, de planètes et de signes du zodiaque, et le sol une mappemonde[7].

[modifier] Famille et descendance

Étienne-Henri et Adèle avaient eu[8] :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Matthew Paris, chroniqueur anglais du XIIIe siècle la désigne comme la troisième fille du Conquérant, mais en prenant en compte le fait qu'elle est enceinte au décès de son mari en 1102. Il est donc probable qu'au moment de son mariage, en 1080, elle avait à peine l'âge légal de 14 ans.
  2. Orderic Vital, Histoire de Normandie, Éd. Guizot, 1826, tome IV, livre IX, p. 251. Ceci implique que ses fils ont donc moins de 16 ans. Toutefois Orderic mentionne que leur père est à l'étranger, alors qu'il est mort en 1102. Cette mention est donc à prendre avec précaution.
  3. Régine Pernoud, La femme au temps des croisades, Livre de Poche, Paris, 1990, 404 p. (ISBN 2-253-06152-2), p. 39.
  4. Au Moyen Âge, la chambre d'une comtesse est en fait une pièce d'apparat, celle où elle vit et reçoit.
  5. Régine Pernoud, ibid., p. 40.
  6. Andrew Bridgeford (trad. Béatrice Vierne), 1066, l'histoire secrète de la tapisserie de Bayeux, 2004 [détail des éditions]
  7. Régine Pernoud, ibid., p. 40.
  8. Foundation for Medieval Genealogy, Ibid.
  9. sa filiation est cependant incertaine

[modifier] Sources