Fides et Ratio

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Fides et ratio est le titre (ainsi que les tout premiers mots) de l'encyclique publiée le 14 septembre 1998 par le pape Jean-Paul II. L'intégralité de la phrase introductive est la suivante :

« Fides et ratio binæ quasi pennæ videntur quibus veritatis ad contemplationem hominis attollitur animus.»

« La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité.»

Cette encyclique définit les relations entre la foi et la raison sur le plan de la philosophie chrétienne.

Sommaire

[modifier] Contexte

L'encyclique Fides et ratio est la dernière encyclique parue au XXe siècle. Elle expose la position de l'Eglise sur la philosophie.

Écrite juste avant l'an 2000, elle cherche à éclairer les hommes sur les différents courants philosophiques qui ont traversé les sociétés occidentales lors des derniers siècles, particulièrement les courants de l'humanisme athée, pour reprendre l'expression du jésuite Henri de Lubac.

Elle indique des pistes nouvelles pour le IIIe millénaire.

[modifier] Principales idées développées

L'encyclique rappelle que la foi et la raison ont fait l'objet d'études approfondies par saint Thomas d'Aquin au XIIIe siècle, notamment dans sa somme théologique.

Elle rappelle le travail d'appropriation par l'Occident, aux XIIe et XIIIe siècles, de la philosophie d'Aristote, l'un des plus grands philosophes de la Grèce antique.

Elle insiste sur l'importance de la métaphysique dans la philosophie (§ 83).

Elle met en garde contre les différents dangers que sont l'éclectisme, l'historicisme, le scientisme, le pragmatisme et le nihilisme (§ 86 à 90).

Elle indique que le positivisme a été discrédité par la critique épistémologique, mais qu'il renaît sous la forme du scientisme.

Elle mentionne une persistance de mentalité positiviste :

« Il reste toutefois vrai qu'une certaine mentalité positiviste continue à accréditer l'illusion que, grâce aux conquêtes scientifiques et techniques, l'homme, en tant que démiurge, peut parvenir seul à se rendre pleinement maître de son destin. »[1]

L'encyclique met surtout en lumière les nouveaux développements de la philosophie : « l'héritage du savoir et de la sagesse s'est enrichi dans de nombreux domaines,

Elle indique que, selon certains penseurs, nous entrons dans une autre époque, la post-modernité, mais que ce terme peut être ambigu.

[modifier] Importance du fondement et de la métaphysique

On a vu que l'encyclique insiste sur l'importance du fondement dans le développement de la pensée, par rapport à la simple étude des phénomènes, et que ce fondement repose sur la métaphysique.

Voici un extrait significatif de l'encyclique, le § 83 :

Je désire seulement déclarer que la réalité et la vérité transcendent le factuel et l'empirique, et je souhaite affirmer la capacité que possède l'homme de connaître cette dimension transcendante et métaphysique d'une manière véridique et certaine, même si elle est imparfaite et analogique. /.../ Un grand défi qui se présente à nous au terme de ce millénaire est de savoir accomplir le passage, aussi nécessaire qu'urgent, du phénomène au fondement. Il n'est pas possible de s'arrêter à la seule expérience ; même quand celle-ci exprime et manifeste l'intériorité de l'homme et sa spiritualité, il faut que la réflexion spéculative atteigne la substance spirituelle et le fondement sur lesquels elle repose. Une pensée philosophique qui refuserait toute ouverture métaphysique serait donc radicalement inadéquate pour remplir une fonction de médiation dans l'intelligence de la Révélation.

A l'origine de la métaphysique, on trouve les notions d'être en tant qu'être (Parménide, philosophe présocratique) et de substance (Aristote).

Voir : Métaphysique

La notion de substance est développée dans les articles :

[modifier] Bref rappel historique

La philosophie d'Aristote a commencé à pénétrer l'occident au Moyen Âge, un peu avant l'an mil (voir Sylvestre II).

Progressivement, on ressentit le besoin de réconcilier le christianisme et la philosophie antique au-delà des auteurs latins et de Platon. Ce fut saint Thomas d'Aquin qui remit en forme la pensée chrétienne à partir de la philosophie d'Aristote, et établit la métaphysique en occident. La métaphysique subit de profondes évolutions au cours de l'Histoire.

Icône de détail Article détaillé : Histoire de la métaphysique.

Les découvertes scientifiques qui ont marqué les XVIIe et XVIIIe siècles, notamment ce que l'on a appelé la révolution copernicienne, ont entraîné des bouleversements techniques et sociaux, et fait évoluer le champ de la métaphysique d'une façon telle qu'elle a été rejetée par les idéologies matérialistes et athées au XIXe siècle.

Icône de détail Article détaillé : Idéologie.

Voir aussi le Drame de l'humanisme athée du jésuite Henri de Lubac.

[modifier] Travaux récents en philosophie

Depuis le milieu du XIXe siècle ont eu lieu des travaux d'étude de la philosophie de Thomas d'Aquin :

Voir :

Aujourd'hui, les découvertes fondamentales dans les sciences, notamment les recherches en physique quantique, et leurs conséquences dans les techniques et la vie quotidienne, tendent à recadrer la métaphysique vers de nouvelles études sur l'être et son environnement.

On peut citer les travaux menés dans les dernières décennies :

Certains développements en philosophie des sciences, en particulier les travaux de Claude Tresmontant, ont cherché à réconcilier les questions de foi et de raison ("concordisme"), mais ils paraissent plus éloignés de la métaphysique.

Outre les développements en métaphysique (métaphysique descriptive), on observe des recherches dans toutes les autres branches de la philosophie :

[modifier] Note

  1. Chapitre VII - Exigences et tâches actuelles, (§ 91)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sur l'Église

[modifier] Sur la philosophie chrétienne

[modifier] Sur les travaux actuels en métaphysique

[modifier] Sur les concepts philosophiques

[modifier] Sur les origines de la philosophie

[modifier] Sur les relations entre foi et raison

[modifier] Sur les athéismes philosophiques

[modifier] Accès au texte de l'encyclique

[modifier] Bibliographie