Quatre causes

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L'expression quatre causes désigne en philosophie les différents contenus qu'a donné Aristote à la causalité dans une perspective différente de celle que nous avons aujourd'hui.

La cause n'est pas seulement ce qui précède l'effet, mais ce qui fait qu'un être existe (nous dirions aujourd'hui « la raison pour que… »).

Les quatre causes sont développées dans l’Éthique à Nicomaque.

Aristote définit aussi l'investigation philosophique comme étant la recherche des causes : il s'agit de comprendre ce que sont les objets naturels ou issus des techniques humaines, le rôle qu'ils remplissent.

Le raffinement du vocabulaire nous permet d'utiliser plusieurs substantifs là où Aristote recourait à des adjectifs pour différencier les quatre causes. On peut remarquer que ce raffinement progressif du langage avait d'ailleurs largement commencé entre le grec d'Homère et celui d'Aristote.

Ces causes ont notamment été reprises par Thomas d'Aquin et Anselme de Cantorbéry dans les arguments sur l'existence de Dieu.

Sommaire

[modifier] La cause matérielle

Il s'agit de la cause la plus inaccessible, la moins connaissable, bien qu'elle soit en même temps la plus évidente. La matière et la forme sont fondues dans le sunolon, la substance composée.

Et s'il est possible à l'intellect de l'homme de dégager la forme de la matière, ce qui rend la connaissance possible, il ne lui est pas possible d'envisager la matière seule, pure. Elle est le pondérable, le sensible, le corps d'un animal ou d'une œuvre.

Dans les concepts fondamentaux d'Aristote, la puissance est associée à la matière.

[modifier] La cause formelle

La forme d'un objet n'est pas que sa forme géométrique : c'est sa définition, ce qui le rend définissable. Par exemple, ce qui différencie un homme d'une statue qui le représenterait, c'est la possession d'une âme. Plus que ses caractéristiques physiques, c'est la possession de cette faculté qui va permettre de définir l'homme ; ainsi, l'âme est la forme du corps. La forme d'une œuvre d'art, c'est l'idée qu'en a l'artiste. Elle est d'une importance capitale dans la théorie de la connaissance d'Aristote.

[modifier] La cause motrice ou efficiente

Les disciples d'Héraclite affirmaient qu'il était impossible de connaître quoi que ce soit, du fait que toute chose est en mouvement permanent - ce pour quoi Platon proposera sa théorie des Formes, ou Idées, immuables. Pour Aristote, le mouvement n'est pas chaotique, mais obéit lui aussi à des lois : l'univers accessible au sens est donc connaissable en lui-même.

Le mouvement reflète, chez Aristote, une acception beaucoup plus large que celle communément acceptée aujourd'hui : Il ne s'agit pas seulement d'un changement de lieu. Des phénomènes comme la génération et la corruption sont aussi, pour Aristote, des formes de mouvement. Ainsi, la croissance d'un oiseau dans son œuf, ou la décomposition du cadavre de ce même oiseau, sont des formes de mouvement.

On a souvent décrié la philosophie d'Aristote parce qu'il ne distinguait pas, dans le mouvement, la vitesse et l'accélération. Il faut considérer que le mouvement au sens d'Aristote est un concept philosophique, et non un concept physique.

[modifier] La cause finale

Icône de détail Article détaillé : Cause finale.

Elle est souvent difficile à distinguer de la cause formelle. C'est la raison d'être de la chose, ce en vue de quoi elle existe. Comme « La nature ne fait rien en vain ni de superflu » (Parties des Animaux), le rôle qu'un être a à accomplir lui sera rendu possible par les moyens dont il dispose - moyens dont la cause formelle rend compte.

La finalité est un concept capital de la philosophie d'Aristote : « Tout art et toute investigation, et pareillement toute action et tout choix, tendent vers quelque fin. » (Éthique à Nicomaque)

C'est cette dernière cause, engendrant la véritable question "QUID EST" (qu'est-ce que c'est") qui entraine la réflexion philosophique.

[modifier] Voir aussi

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