Mohamed Ali El Hammi

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Mohamed Ali El Hammi (محمد علي الحامي), né le 15 octobre 1890[1] à El Hamma et décédé le 10 mai 1928 en Arabie saoudite, est considéré comme le père du syndicalisme tunisien.

Mohamed Ali El Hammi
Mohamed Ali El Hammi

Sommaire

[modifier] Biographie

Originaire d'El Hamma, dans le sud du pays, El Hammi fréquente l'école primaire à l'âge de 8 ans[1]. À la mort de sa mère, il émigre avec son père à Tunis et débute sa vie professionnelle comme chauffeur personnel du consul de Hongrie à Tunis avant de partir en Allemagne pour obtenir un diplôme en sciences politiques et économiques.

[modifier] Découverte de la cause ouvrière

De 1911 à 1920[1], il réalise de nombreux déplacements dans les pays d'Afrique du Nord et en Turquie. Ces voyages lui permettent de développer des contacts avec l'élite turque et les personnalités nationalistes du Maghreb.

Sa conviction que le progrès des pays occidentaux s'explique en premier lieu par leur avance économique l'incite à suivre des études universitaires d'économie à Berlin en avril 1921. C'est ainsi que son esprit se familiarise avec le monde ouvrier et les théories de Karl Marx.

[modifier] Concrétisation de l'idée syndicale

À son retour à Tunis en 1923, El Hammi noue des contacts avec des personnalités nationalistes comme Habib Bourguiba et Tahar Sfar et décide, avec le soutien de proches collaborateurs dont Tahar Haddad, de fonder un projet de coopérative dont le conseil de constitution se tient le 29 juin 1924[1]. Le projet dont il préside le comité de direction élue le 6 juillet réussit à gagner l'enthousiasme du milieu artisan et ouvrier. Mais la précarité dans laquelle se trouve plongée la population, et en particulier la classe ouvrière, le pousse à abandonner momentanément son projet de coopérative et se convint de la nécessité de fonder des syndicats indépendants pour mieux défendre les intérêts des ouvriers tunisiens. La grève des ouvriers à Tunis, le 17 août annonce la fondation du premier syndicat autonome sous sa direction et marque rapidement l'adhésion et l'estime des ouvriers pour sa solidarité dans leurs revendications. L'échec du secrétaire général de la Confédération générale du travail française, Léon Jouhaux, à trouver un accord avec les grévistes ainsi que l'annonce de plusieurs grèves semblables dans d'autres régions conduisent à la fondation de la Confédération générale des travailleurs tunisiens dans le but est de fédérer l'ensemble des syndicats tunisiens qui commencent à émerger dans le pays.

Soupçonné par les autorités du protectorat français de communisme et de complicité avec l'Allemagne, El Hammi est plutôt soucieux de préserver le caractère indépendant de l'organisation syndicale comme en témoigne sa réponse adressée dans une lettre au président du Conseil français :

« Je n'appartiens à aucun parti politique [...] mon travail cherche à organiser et défendre les intérêts du prolétariat tunisien exploité par le capitalisme mondial[1]. »

. Il n'est pas moins jugé pour atteinte à la sécurité intérieure de l'État après cinq jours de détention (12 au 17 novembre 1925) pour obtenir des aveux. Il est condamné le 28 novembre 1925 à 10 ans d'exil[1].

Parti en Italie, en Turquie puis en Égypte, il est à chaque fois expulsé. Il s'installe finalement dans la péninsule arabique où il s'occupe de donner des leçons d'économie et de travailler comme chauffeur pour des navettes de transports entre La Mecque et Djeddah. Le 10 mai 1928, il décède dans un mystérieux accident de la route.

Le 6 avril 1968, sa dépouille est rapatriée à Tunis. Un monument à sa gloire est inauguré le 20 mai 2001 dans sa ville natale[1].

[modifier] Références

  1. abcdefg Hfaidh Tababi, Mohamed Ali El Hammi, éd. Institut supérieur de l'histoire du mouvement national, Tunis, 2005, pp. 13-36
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