Catholicisme traditionaliste

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Le catholicisme traditionaliste (ou traditionalisme) s'oppose, depuis Vatican II, au catholicisme réformateur souvent improprement nommé « progressisme ». Il constitue un courant organisé[1] composé de catholiques romains qui désirent voir maintenus les usages du culte et des coutumes du corps général du catholicisme tels qu'ils étaient pratiqués avant les réformes qui ont suivi le Concile Vatican II, qui eut lieu de 1962 à 1965.

Le point commun de ces catholiques est l'attachement au rite tridentin, rite romain codifié par le pape saint Pie V en 1570, à la suite du concile de Trente.

Après une longue crise depuis 1970, marquée notamment par l'excommunication de Mgr Lefebvre en 1988, l'Église a réintégré des prêtres traditionalistes isolés ou des groupes – dont l'abbé Laguérie en septembre 2006 –, et vient, par le motu proprio Summorum Pontificum, accompagné d'une lettre pastorale, publié le 7 juillet 2007 par le pape Benoît XVI, de confirmer que la messe de saint Pie V (la messe en latin antérieure au concile Vatican II célébrée selon le missel publié en 1962 par le bienheureux pape Jean XXIII) n'a jamais été abrogée et de faciliter l'usage de l'ensemble du rituel traditionnel (notamment, la Messe, les sacrements du Baptême, du Mariage, de la Pénitence, de l’Onction des Malades, de la Confirmation, la lecture du Bréviaire).

Sommaire

[modifier] Principales caractéristiques

[modifier] Un catholicisme d'essence « contre-révolutionnaire »

Beaucoup de thèses contre-révolutionnaires et anti-libérales du XIXe (Syllabus de Pie IX, thèses concordataire ou réfractaire..) et qui s'opposaient à la frange du catholicisme libéral (appelé aussi modernisme ou progressisme) sont reprisent par le biais du traditionalisme qui en fait donc l'héritier principal du catholicisme antilibéral. Beaucoup de traditionalistes font donc référence à la condamnation du libéralisme de Pie IX et à celle du modernisme de Saint Pie X.

[modifier] L'attachement au « rite tridentin » et à la « Tradition » de l'Église

La messe traditionnelle connue aussi sous le nom de « latine » ou « grégorienne » dite de « saint Pie V », par opposition au Novus Ordo Missae (ou réforme liturgique) et l'attachement à la « Tradition de l'Église » sont les deux principales revendications de cette forme de catholicisme.

[modifier] Les principales mouvances du traditionalisme

Parmi les figures de cette mouvance à la fois au sein et en marge de l'Église catholique on dénombre Mgr Lefebvre fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et qui fut excommunié en 1988, l'abbé Philippe Laguérie supérieur de l'Institut du Bon-Pasteur, et les autres membres des instituts ou communautés traditionnelles Ecclesia Dei qui sont maintenant rattachés directement au Saint Siège.

[modifier] La mouvance « Saint-Pie-X » en marge de l'Église

La critique du dernier concile Vatican II jugé simplement « pastoral » et de ses effets jugés « dévastateurs » fait partie des revendications de la « frange dure » emmenée par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et par son fondateur Mgr Lefebvre. Ils avancent que, depuis le concile Vatican II, la présentation et la compréhension de l'enseignement de l'Église a changé à un degré inacceptable notamment sur l'œcuménisme et la liberté religieuse. Leur nombre est évalué à environ 150 000 [2] dont 50 000 en France.

Icône de détail Article détaillé : Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.

Si la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et les ordres apparentés (Frères de la Fraternité et Sœurs de la Fraternité) reste la plus connue et numériquement la plus importante, il existe certaines composantes (abbayes entières ou groupes d'individus voir seulement certains membres) de communautés religieuses qui se sont détachées de leur ordre d'origine pour se rattacher volontairement à la cette mouvance, les principales étant :

- Pour les hommes : Rédemptoristes (Ecosse), Fraternité de la Transfiguration (France), Fraternité Saint-Josaphat (Ukraine), certains membres très minoritaires des communautés suivantes : Bénédictins (Brésil, France, États-Unis), Dominicains (France), Capucins (France).

- Pour les femmes : certains membres très minoritaires des communautés suivantes : Dominicaines enseignantes (France, États-Unis), Dominicaines contemplatives (France), Franciscaines (France, États-Unis), Clarisses (France), Petites Sœurs de Saint-Jean-Baptiste (France)

[modifier] La mouvance « Ecclesia Dei » au sein de l'Église

L'autre partie des fidèles de ce courant, bénéficiant de l'indult Ecclesia Dei permettant l'utilisation du rite selon les livres liturgiques de 1962, réclame la lecture « à la lumière de la tradition » des textes du concile Vatican II et veut en « effectuer une critique sérieuse et constructive » en se référant notamment au discours du pape Benoît XVI du 22 décembre 2005 . Leur nombre est évalué à 150 000 dont 40 000 en France [3].

Les jeunes générations sont également présentes dans la mouvance Ecclesia Dei, comme en témoignent les nombreuses associations pour jeunes attachés à la forme extraordinaire de la messe. La plus emblématique et internationale est "Juventutem", à laquelle le Président de la Commission Ecclesia Dei a adressé la lettre de soutien suivante (17 janvier 2008, cf site officiel [1]):

Pontificia Commissio

« Ecclesia Dei » N. ………………..

Chers jeunes membres de la Fédération Internationale Juventutem,

Vous êtes de jeunes Catholiques loyaux envers la hiérarchie de l’Eglise et attirés par la « forma extraordinaria » de la liturgie romaine, particulièrement le Missel du Bienheureux Jean XXIII. Je vous encourage à réaliser votre but, c’est-à-dire votre sanctification par les traditions romaines de l’Eglise.

La présence de vos petits groupes en Asie, en Europe, en Afrique, en Amérique et en Océanie illustre l’attrait universel des formes plus anciennes de la liturgie romaine, dont la transcendance spéciale rejoint finalement les cultures les plus diverses.

Vous recevez par cette liturgie un soutien particulier pour mieux connaître et aimer Notre Seigneur Jésus Christ et son Eglise, comme l’écrivait le Saint-Père le 7 juillet 2007 : « Aussitôt après le Concile Vatican II, on pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entretemps il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement » [Lettre aux Evêques, qui accompagne le Motu Proprio « Summorum Pontificum »].

Signe de votre dévotion envers le Sacrement de l’Eucharistie, votre Fédération Juventutem a choisi comme emblème un ostensoir. Je sais aussi que vous serez présents au Congrès Eucharistique International de Québec en juin prochain.

Je vous renouvelle donc mes encouragements pour votre progrès dans la piété et l’amitié chrétiennes à travers les traditions romaine de l'Église. Puissiez-vous y puiser une sanctification toujours plus profonde, qui fasse de vous des témoins chaleureux de l’amour du Christ dans la communion de son Église.

Dario Card. Castrillon Hoyos, Président de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei » Du Vatican, le 17 janvier 2008.

[modifier] La mouvance « sédévacantiste »

Viennent ensuite les « sédévacantistes » se revendiquant « catholiques semper idem » : ceux-ci rejettent la validité du clergé ordonné après les réformes de 1969, ainsi que l'autorité des papes depuis 1958, de Jean XXIII à Benoît XVI avec lesquels ils ne sont pas en union. Ces "papes" seraient, selon eux, chefs d'une nouvelle Église, de l'Église conciliaire.

Le raisonnement sédévacantiste procède du syllogisme suivant :

L'Église catholique ne peut se tromper dans l'enseignement de la foi et des mœurs, dans la promulgation des rites liturgiques, de la discipline, du code de droit canonique, dans son magistère ordinaire, on ne peut le nier (majeure). Or celui qui est assis sur le Siège de Pierre, qui semble être pontife de l'Église catholique, enseigne des choses condamnées antérieurement par l'Église (mineure). donc ce dernier n'est pas un pape légitime.

Icône de détail Article détaillé : Sédévacantisme.

[modifier] Autres formes de « traditionalisme »

Enfin, pour être exhaustif, il faut citer deux groupes dont les effectifs sont très faibles, qui reconnaissent le Pape, mais n'ont aucun lien avec le Vatican :

[modifier] Positionnement politique des laïcs

Beaucoup de fidèles de la « Tradition catholique » s'engagent politiquement pour tenter de restaurer les principes politiques qui ont façonné la « chrétienté » (Religion d'État, doctrine du Christ Roi, Syllabus..) et qui s'opposent à ceux de la Révolution française. Ils se réclament pour la plupart du nationalisme français et de la contre-révolution.

[modifier] Implantations géographiques

Le catholicisme traditionaliste est bien implanté en France où l'on compte près de 400 lieux de cultes, toutes tendances confondues. Viennent ensuite les États-Unis et le reste de l'Europe.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Yves-Marie Congar o.p., Journal d'un théologien (1946-1956), éd. du Cerf, Paris, 2000; Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste, éd. Albin Michel, Paris, 1962
  2. chiffre donné en 2002 par Jean-François Mayer dans l'article « Traditionalisme catholique : un ralliement au Brésil et ses conséquences pour Écone » paru sur le site Religioscope
  3. évaluation d'Una Voce

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie