Benjamin al-Nahawendi

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Benjamin ben Moshe al-Nahawendi est un hakham karaïte originaire, comme son nom l'indique, de Nahavand en Perse, qui prospéra dans le Haut Moyen Âge.

Si sa vie est assez peu connue, son influence fut assez considérable pour que certains le considèrent comme le véritable originateur du karaïsme tel qu'il est parvenu à nos jours. L'historien karaïte Salomon ben Yerouham le tenait en plus haute estime qu'Anan ben David (commentaire de Salomon ben Yerouham sur Psaumes lxi. 1). Son école de pensée est connue sous le nom de benjaminisme.

Sommaire

[modifier] Œuvres

Les travaux de Benjamin ne sont connues pour la plupart que par les citations d'auteurs karaïtes ultérieurs. Yephet ben Ali, dans l'introduction à son commentaire sur les Prophètes mineurs, écrit que Benjamin était l'auteur de plusieurs travaux, principalement en arabe, à l'exception de ses travaux halakhiques, rédigés en hébreu:

  • un commentaire sur la Torah, dans lequel il fait fréquemment référence aux coutumes orientales;
  • un commentaire du livre d'Isaïe;
  • un commentaire du livre de Daniel, dans lequel le mot "yamim" (jours) du verset 12:12 est interprété comme "années," ce qui lui permet de prédire la venue du Messie pour l'an 1010 EC;
  • un commentaire sur l'Ecclésiaste et le Cantique des cantiques qui faisait partie, selon certains, d'un commentaire sur les cinq rouleaux;
  • un Sefer Mitzvot ("Livre des Préceptes");

C'est sous sa plume que le terme "karaïtes" apparaît pour la première fois[1].

On lui attribue également le Sefer Dinim ou "Mass'at Binyamin" ("Livre de Lois", ou "Don de Benjamin"), écrit en hébreu et publié à Koslov en 1834, contenant les lois civiles et criminelles selon l'Écriture sainte.

[modifier] Ouverture au rabbanisme

[modifier] Ordonnances rabbiniques

L'une des innovations de Benjamin fut l'adoption de nombreuses ordonnances rabbiniques antérieurement rejetées par les karaïtes. Cependant, à la différence des rabbanites, il n'imposait pas ces régulations, fidèle à un principe karaïte d'exégèse et de responsabilité personnelles. Son opinion sur la question est résumée dans le Sefer Dinim : "Quant aux autres règles, consignées et observées par les Rabbanites pour lesquelles je n'ai pu trouver de source biblique pertinente, je les ai également écrites, afin qu'on puisse les observer si on le souhaite."

Par exemple, Benjamin encourageait la pratique rabbinique du herem, avec le caveat que le fauteur devrait être banni pendant sept jours suivant son refus d'obéir au juge, afin de lui donner une chance de se repentir et d'obéir (Mass'at Binyamin 2a).

[modifier] Exégèse biblique

Benjamin rejoignait également les rabbanites dans le domaine de l'exégèse biblique, combattant les opinions d'Anan. Il maintenait par exemple de concert avec les rabbanites et contre Anan que l'obligation d'épouser la veuve d'un frère décédé sans descendance ne s'appliquait qu'au frère du défunt et lui seul. Il adopta également l'interprétation talmudique du verset Ex. 30:29, laquelle conclut que "se reposer en sa demeure" ne se réfère pas au lieu de résidence mais à un périmètre d'environ 1 kilomètre autour de la ville, appelé 'T'houm Shabbat', domaine de sabbath (cf. Eliyah Bashyatzi, "Adderet," p. 63).

[modifier] Une pensée libre

Cependant, en dépit de ses concessions au rabbanisme, Benjamin demeura fermement attaché au principe attribué à Anan, de « bien chercher dans la Torah, et de ne pas [se] reposer sur [s]on avis ». Selon Benjamin, l'on devait suivre ses propres convictions et non s'incliner devant l'autorité: le fils peut différer du père, le disciple du maître, pourvu qu'ils puissent justifier leur différence de point de vue. L'étude approfondie était selon Benjamin un devoir, et il enseignait qu'une étude sincère menant à des conclusions erronées ne pouvait constituer un péché (comparer avec la prière du Tanna Rabbi Nehounya ben Haqana, T.B Berakhot 28, et le commentaire de Yefet ben Ali, cité dans le "Beiträge" de Dukes, ii. 26).

[modifier] Philosophie de la Bible

Benjamin semble avoir écrit un travail où il exposait les idées philosophiques contenues dans la Bible. D'après les citations d'auteurs karaïtes ultérieurs comme Jacob al-Qirqissani, Yefet ben Ali, et Juda Hadassi, Benjamin trahissait des influences philoniques, tout en adoptant les théories motazilites sur les attributs divins, le libre-arbitre, et d'autres questions du même genre sur lesquelles s'était penché Anan avant lui. Dieu, dit-il, est trop sublime pour Se mélanger au monde matériel; l'idée que la matière puisse procéder de Lui est inadmissible. Dieu créa d'abord la Gloire ("Kavod"), puis le Trône ("Kissè"), et ensuite un Ange. C'est à l'Ange qu'il revient d'avoir créé le monde, dans lequel il est le représentant de Dieu. Dieu Lui-même n'est jamais venu en contact avec les hommes, et n'a pas non plus parlé aux enfants d'Israël sur le Mont Sinaï. La Loi et les communications aux Prophètes procédaient de l'Angel, auquel se réfèrent toutes les expressions anthropologiques concernant Dieu que l'on trouve dans la Bible (Hadassi, "Eshkol," 25b). L'âme forme une part du corps, et est donc périssable. Les références bibliques à la Rétribution ne peuvent donc s'appliquer qu'au corps (Saadia, "Emounot ve-De'ot," vi. 4).

Cette théorie d'un pouvoir intermédiaire, et le système d'allégorsation de tous les passages bibliques se rapportant à Dieu, sur lesquels Benjamin insiste fortement au long de ses comentaires bibliques, étaient empruntés aux écrits de la secte des Magâriyah (Hommes des Grottes). Cette secte, dont l'établissement a été attribué à tort à Benjamin, du fait d'une confusion dans le texte d'Al-Shahrastani, a été identifiée aux Esséniens par Abraham Harkavy, qui a montré qu'ils étaient dénommés "Les Hommes des Grottes," parce qu'ils vivaient dans le désert.

[modifier] Bibliographie de la Jewish Encyclopedia

  • Fürst, Gesch. des Karäerthums, i. 71-76;
  • Pinsker, Liḳḳuṭe Ḳadmoniot, pp. 44, 72, 199;
  • Jost, Gesch. des Judenthums und Seiner Sekten, ii. 344;
  • Grätz, Gesch. der Juden, v. 191-192;
  • Neubauer, Aus der Petersburger Bibliothek, pp. 6, 107;
  • Frankl, in Ersch and Gruber's Encyklopädie, xxxiii. 14, 15;
  • Steinschneider, Polemische und Apologetische Literatur, p. 335;
  • Shahrastani, German translation, i. 257;
  • Dukes and Ewald, Beiträge, ii. 26;
  • Munk, in Jost's Annalen, 1841, p. 76.K. I.

[modifier] Références

  1. Kaufmann Kohler, Abraham de Harkavy, Karaites and Karaism, Jewish Encyclopedia

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, une publication tombée dans le domaine public.

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