Cantique des cantiques

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Le Cantique des cantiques, dit aussi Cantique de Salomon, est un livre de la Bible.

Sommaire

[modifier] Positionnement

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Cantique des cantiques (Ct)

Bien qu'inclus dans la Septante, il n'est retenu dans le canon biblique qu'au Ier siècle, suite à l'interprétation allégorique d'Akiba, qui voit dans le Cantique des cantiques une déclaration symbolique de l'amour entre Dieu (YHWH) et son peuple, Israël.

Pour cette raison, il est récité lors de Pessah, la Pâque juive.

Il fait partie des Ketouvim (autres écrits) dans la Tanakh — la Bible hébraïque — et de l'Ancien Testament pour les chrétiens, qui incluent ce livre dans leur canon, dans la section des livres poétiques.

[modifier] Contenu et approches

Il revêt la forme d'une suite de poèmes, d'un chant d'amour alterné entre une Bien-aimée et son Bien-aimé. C'est l'un des livres de la Bible les plus poétiques. Sa composition est attribuée à un rédacteur du IVe siècle av. J.-C. qui y aurait fondu différents poèmes provenant de Mésopotamie. Le livre a d'abord été rejeté à cause de son caractère profane, dont témoignent les nombreuses images érotiques comme : "Tes seins sont comme deux faons, jumeaux d'une gazelle" ou "Ta poitrine comme les raisins mûrs".

Les exégètes chrétiens se sont souvent montrés perplexes devant ce livre. Bien qu'il soit reconnu comme faisant partie du canon biblique, son contenu en a troublé plus d'un. On observe dans l'exégèse deux attitudes :

  • la première prend le texte comme allégorie de la relation d'amour qu'entretiennent le Christ et son Église, relation qui est de nombreuses fois célébrée ou illustrée dans le Nouveau Testament, principalement dans les écrits de Paul, mais aussi dans certaines paraboles de Jésus lui-même selon les évangiles. Cependant, cette interprétation allégorique et symbolique est progressivement remise en cause à la lecture des images érotiques que contient le texte. Une critique importante, aussi, est le fait que la relation d'amour entre Jésus et son Église n'est jamais portraiturée d'une telle manière : (1) le type d'amour dont il est question (αγαπε – agapê, amour gratuit) n'est pas le même que celui de Cantique des Cantiques (ερος – eros, amour fusionnel) ; (2) quand bien même le Nouveau Testament rapproche l'image de la mariée et de l'époux de celle de Christ et de l'Église, jamais les auteurs du Nouveau Testament ne prennent le Cantique des Cantiques comme modèle.
  • l'autre attitude face à ce livre est de le considérer comme un poème décrivant l'amour entre une jeune fille et son futur époux, ainsi que leurs noces. Cette conception s'appuie sur le fait que cette compréhension est proche, voire correspond parfaitement à la pensée hébraïque, alors que selon elle la première alternative allégorique serait trop influencée par la pensée grecque considérant le corps comme quelque chose de méprisable ou de spirituellement indigne (allusions étant parfois faites à Aristote, à Platon et au gnosticisme des premiers siècles de l'ère chrétienne, puis à la pensée de Saint Augustin qui a grandement influencé la doctrine catholique). Nous avons pourtant, dans ce livre, affaire à un amour sensuel et passant continuellement par l'exaltation de la beauté et les relations physiques. Le langage hébraïque du livre fait clairement référence à la sensualité et à une relation d'amour exprimée physiquement, et ce dès ses premières lignes, comme dans le verset 2 du chap. 1er, «Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! Car tes baisers sont meilleurs que le vin» : le terme traduit par "baisers", en hébreux (דּוֹדֶיךָ, dodeikha), signifie amour (entre les sexes) et insinue des actes d'amours (baisers, caresses), si bien qu'associé à une autre terme (et décliné) il désigne le lit conjugal. L'interprétation "hébraïque" de Cantique des Cantiques est pour ses tenants (généralement, un nombre important de protestants) un modèle idéal de l'amour entre les époux tel qu'il serait, croient-ils, selon la volonté de Dieu.

Une autre approche a été proposée par J.F. Froger[1]. Elle consiste à superposer les thèmes abordés du Cantique des cantiques à ceux du mythe d'Eros et Psyché d'Apulée. D'après l'auteur il existe suffisamment d'indices pour proposer un rapprochement des deux sujets. On y retrouve l'importance de "la nuit dans le chant d'amour". N'éveillez pas, ne réveillez pas, mon amour, avant l'heure de son bon plaisir est une mise en garde qui rappelle l'avertissement de Psyché contre la tentation de connaitre Eros. Les thèmes de l'exil et de la solitude constituent la partie centrale du conte. Mais les noces éternelles triomphent de la souffrance endurée.

Dans l'introduction au Cantique (Bible de Chouraqui), il est décrit deux plans de significations : celui de l'humain et celui de la création. "La poësie hébraïque marie-t-elle ici l'humain au cosmos; elle voit le réel sous la forme d'un homme, et dans cet homme la totalité de l'univers". Ceci n'est pas étranger à l'Eros, ce qui peut surprendre dans un livre biblique.

[modifier] Notes et références

  1. J.F. Froger La voie du désir Ed.DésIris 1997 ISBN 2-907653-41-5

[modifier] Bibliographie

Claude Hopil, Méditations sur le Cantique des Cantiques, Textes édités et présentés par Guillaume Peyroche d'Arnaud, Coll. textes littéraires français, Genève, Librairie Droz, 2000, 505p.

[modifier] Liens connexes