Alexandre Adler

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Alexandre Adler (né à Paris le 23 septembre 1950) est un historien et journaliste français, spécialiste de géopolitique internationale.

Sommaire

[modifier] Biographie

D'origine juive allemande, la famille maternelle d'Alexandre Adler réside en Turquie depuis le début du XXe siècle, et échappe ainsi à la déportation. En revanche, sa famille paternelle, à l'exception de son père Emeric sera entièrement exterminée à la même époque.

Il entre 3e à l'École normale supérieure et passe l'agrégation d'histoire.

Universitaire spécialiste de l'Union soviétique et de l'Europe de l'Est il enseigne successivement à l'université Paris VIII, et est détaché par la suite auprès de l'enseignement militaire supérieur, notamment au Collège interarmées de défense jusqu'en 2000. Après cette date, il n'a plus qu'une activité journalistique.

Alexandre Adler est marié à Blandine Kriegel, philosophe et historienne, fille du résistant, puis dirigeant communiste Maurice Kriegel-Valrimont.

Chevalier de la Légion d'honneur en mai 2002, il est fait officier de l'Ordre national du Mérite le 19 janvier 2007, par le président de la République, Jacques Chirac. Dans un article du Point[1], il confie avoir été initié à la Grande Loge nationale française en 2000.

[modifier] Carrière journalistique

Celle-ci commence en 1982, à Libération, où il suit les affaires soviétiques, avec un bref passage en 1983 - 1984 au quotidien, Le Matin de Paris. En 1992, il quitte Libération pour participer à la direction de Courrier international, pendant 10 ans. Il sera successivement rédacteur en chef, puis directeur éditorial. Parallèlement, il collabore deux ans au magazine Le Point, deux ans à l'Express et enfin cinq ans au Monde comme conseiller proche de Jean-Marie Colombani. En désaccord avec la ligne éditoriale du Monde, il quitte le quotidien et Courrier international, devenu filiale à 100 % du Monde, et entre au Figaro, fin 2002. Il est aujourd'hui membre du comité éditorial du Figaro.

Figure bien connue des médias audiovisuels, Alexandre Adler est apparu souvent sur les écrans de la télévision et les antennes de la radio. En 1993-1995 il est chroniqueur à Europe 1. En 1995-1996 il chronique la politique étrangère sur RTL. De 1994 à 2003, il présente l'émission Les mercredis de l'Histoire sur Arte. Enfin, il a réalisé une série de chroniques historiques de 13 minutes sur le XXe siècle, intitulée Histoire de comprendre laquelle, initialement réalisée pour France 5, a connu plusieurs rediffusions. Alexandre Adler a aussi brièvement collaboré à TV5MONDE et à Direct8, la chaîne de la TNT appartenant à Vincent Bolloré. Depuis septembre 2002, il présente chaque matin une chronique dans Les Matins de France Culture.

Alexandre Adler est réputé pour sa connaissance des différents acteurs internationaux de la géopolitique et d'événements locaux rarement évoqués dans l'ensemble des médias français. Comme il le rappelle fréquemment, par exemple dans ses chroniques sur France Culture, il était proche du bloc soviétique pendant les années 1970, tout en ayant une vision fortement critique, notamment après l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968.

Sa vision de l'histoire est largement inspirée par la méthodologie de Fernand Braudel, comme en atteste son intérêt pour la longue durée. Ses analyses géopolitiques montrent son goût pour les anticipations audacieuses (certaines se révélant exactes, d'autres non comme la victoire de John Kerry à l'élection présidentielle de 2004) et pour les théories parfois surprenantes, comme lorsqu'il affirme, dans J'ai vu finir le monde ancien, que lors de la guerre contre l'Angleterre en 1812, les États-Unis auraient renoncé assez vite à conquérir le Canada car ils ne voulaient pas en fin de compte intégrer un bloc de population francophone aussi important. Par ailleurs, il annoncé à plusieurs reprises, dès 1987, l'imminence d'une réunification allemande, qu'il souhaitait, la chute de Gorbatchev, trois mois avant le coup d'Etat de 1991[2], la chute de Slobodan Milošević en Serbie deux mois avant qu'elle ne survienne, la victoire du Parti des travailleurs brésilien, le triomphe des idées de Deng Xiaoping en 1992-1993. Cette même année, il inspirait six mois avant les accords d'Oslo, une couverture de Courrier International sur le dialogue israélo-palestinien.

[modifier] Action politique

Dès 1965, Alexandre Adler adhère au Parti socialiste SFIO pendant la campagne présidentielle de François Mitterrand.

Après 1968, il quitte le parti socialiste pour le PCF dont il restera militant pendant 11 ans. Il entretient également des rapports très étroits avec le Parti communiste italien à son apogée ainsi qu'avec plusieurs de ses dirigeants dont Pietro Ingrao, Bruno Trentin, Giorgio Napolitano et, tout à la fin de sa vie, Enrico Berlinger.

Il aura été dans ces années professeur à l'école centrale du Parti et rédacteur en chef adjoint de la revue La Pensée. Il est le co-auteur du premier ouvrage critique sur l'Union Soviétique, L'URSS et nous, paru en 1977.

Après la rupture de l'Union de la gauche, il démissionne du Parti communiste en 1980 et participe à la contestation externe aux côtés de son beau-père Maurice Kriegel-Valrimont et de l'ancien secrétaire de la Fédération de Paris, Henri Fiszbin.

En 1984, il est recruté par le Parti socialiste pour travailler à sa commission de politique extérieure. Il rejoint presqu'au même moment le mouvement des Transcourants créé par François Hollande et Jean-Pierre Jouyet. Après 1988, il s'éloigne du Parti socialiste, tout en restant proche de Jean-Pierre Chevènement et de Philippe Séguin, dont il souhaite la conjonction. Membre du club Phares et Balises de Régis Debray et Max Gallo, il soutient aux côtés de Philippe Séguin, la candidature de Jacques Chirac en 1995 et à nouveau en 2002. Proche de Jacques Chirac sur un plan personnel, il n'en a pas moins pris nettement position en faveur de la politique générale de George W. Bush au Moyen-Orient.

Dénonçant régulièrement « le simplisme » dont les médias et certains intellectuels français font preuve à l'égard des États-Unis[3], il soutient la guerre en Afghanistan et la guerre en Irak en 2001 et 2003. Il regrette par la suite les erreurs commises dès les débuts de l'occupation américaine et en 2004 apporte un soutien réticent à John Kerry contre George W. Bush, saluant « le courage dont avait fait preuve ce dernier »[4]. Il affirme cependant « ne pas croire au choc des civilisations » entre le judéo-christianisme et le monde musulman[5].

Alexandre Adler a participé à une réunion du Bilderberg en mai 2003 à Versailles [6].

Il soutient le oui au référendum de 2005 sur la constitution européenne :« La bataille pour le "oui" sera dans ces conditions évidemmment la grande bataille pour la liberté de notre continent, et je l'espère la grande défaite de tous ces altermondialistes qui ont tout à la fois la candeur et l'impudence de se déclarer "antilibéraux", disons simplement ennemis de la liberté. »[7]

Il est critique envers les altermondialistes en qui il voit des « illuminés communautaristes »[8].

En 2007, il appelle à voter Nicolas Sarkozy dans sa chronique éditoriale au Figaro[9].

[modifier] Soutien au sionisme

Engagé dans la communauté juive et dans ses combats politiques, il est administrateur de l'Union libérale israélite de France (ULIF) et a été officiellement conseiller du précédent président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman. Il figure aussi au comité éditorial de L'Arche et participe à de nombreuses activités de l'Appel juif unifié de France.

Ardent défenseur de l'État d'Israël et du sionisme, c'est dans cette optique qu'il a été l'un des rares intellectuels français à souhaiter la victoire de George W. Bush contre Al Gore lors de la première candidature de Bush fils à la présidence des États-Unis.

Son engagement en 2002 au côté d'un avocat juif militant de droite (Gilles-William Goldnadel), ainsi que du philosophe Alain Finkielkraut contre le journaliste (engagé à gauche) de France Inter, Daniel Mermet, accusé de provocation antisémite a été critiqué par les uns, soutenu par les autres.

Interrogé sur ses positions à l'endroit du prédicateur islamiste Tariq Ramadan, il l'exonère pour partie de l'accusation courante d'antisémitisme et affirme le préférer aux « traîtres juifs »[10]. Quelques mois plus tard, il affirmera sur France Culture, que la préface de Rony Brauman au livre américain de Finkelstein, dénonciateur du Shoah-business, et les positions convergentes d'Esther Benbassa[11], ont largement ouvert la voie aux agressions verbales de Dieudonné, qu'il qualifie d’« ignoble personnage ».

[modifier] Polémiques

Alexandre Adler est l'objet de nombreuses critiques depuis son passage politique vers la droite, et pas seulement de la part des milieux intellectuels de gauche. Son approbation de la guerre en Irak et son soutien à la politique étrangère du président Bush et des néoconservateurs de l'administration américaine sont critiqués par une partie des intellectuels français. En réalité, Alexandre Adler, qui s'honore de l'amitié personnelle d'Henry Kissinger et qui a toujours défendu, une politique d'ouverture des États-Unis et de l'Occident tant vis-à-vis de la Russie de Poutine que de la Chine actuelle, qui a exprimé les plus extrêmes réserves[réf. nécessaire] sur le projet de démocratisation du Moyen-Orient du président Bush, ne se situe pas sur l'essentiel dans la ligne du courant néoconservateur, bien qu'il soit l'ami personnel de Richard Perle et plus lointainement de Paul Wolfowitz[12].

[modifier] Publications

  • Sociétés secrètes, Grasset, 2007.
  • Comment sera le monde en 2020 ? (rapport de la CIA), 2005.
  • Rendez-vous avec l'Islam, 2005.
  • L'Odyssée américaine, Grasset, 2004.
  • Au fil des jours cruels : 1992-2002 - Chroniques, Grasset, 2003.
  • J'ai vu finir le monde ancien, Grasset, 2002 (prix du livre politique 2003).
  • Le Communisme, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2001.
  • Pour l'amour du peuple : un officier de la Stasi parle, Albin Michel, 1999.
  • L'URSS et nous, Éditions sociales, 1978.

[modifier] Notes et références

  1. http://www.lepoint.fr/actualites-politique/les-nouveaux-francs-macons/917/0/220316
  2. « La fin du moment Gorbatchev », in Libération
  3. « L’antiaméricanisme français est une version politiquement correcte de l’antisémitisme », entretien d'Alexandre Adler au quotidien israélien Yediot Aharonot, repris par Courrier International, 11 octobre 2004
  4. Chronique parue dans Le Figaro en octobre 2004.
  5. « Arrêt sur images » du 26 avril 2004.
  6. Selon Sourcewatch et le journaliste indépendant Bruno Fay.
  7. Le Figaro, 20 octobre 2004
  8. Dans Le Monde du 23 novembre 2000, Alexandre Adler écrit : « Ce que les violences agitatoires des illuminés communautaristes de Seattle et de Prague révèlent comme un symptôme grossissant c’est la mise en place à l’échelle planétaire d’un front anti-mondialiste qui rappelle trait pour trait le front anti-libéral de la Révolution conservatrice née de la crise européenne des années 1872-1896 »
  9. Samuel Rousseau, « Entretien avec Alexandre Adler », le 19 janvier 2008
  10. Sur www.proche-orient.info, 14 octobre 2003, Alexandre Adler aurait affirmé : « Au fond, Tariq Ramadan, il n’est ni affreux, ni sympathique. Je suis beaucoup plus choqué par des traîtres juifs comme les Brauman et autres  ». Cité par Acrimed, Mathias Raymond, Les facéties d’Alexandre Adler : Alexandre-le-guerrier pacifie la Tchétchénie, le 27 septembre 2004
  11. Selon le Nouvel Observateur, Alexandre Adler aurait également qualifié Rony Brauman de « traître juif ». « Racisme, antisémitisme : Alerte ! », Nouvel Observateur, le 11 décembre 2003
  12. Ibid

[modifier] Voir aussi