Adrien Barthélemy Louis Henri Rieunier

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Amiral Henri Rieunier
Amiral Henri Rieunier

Henri (Adrien, Barthélemy, Louis) Rieunier Henri est un amiral français et homme politique, né le 6 mars 1833 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) et décédé le 10 juillet 1918 à Albi (Tarn).

Rieunier a été amiral, Grand-croix de la Légion d'honneur, médaillé militaire, Commandant en chef et Préfet maritime de Rochefort (1889), Commandant en chef et Préfet maritime de Toulon (1890), commandant en chef la 1ère Armée navale (1891-1892), Ministre de la Marine (1893), Président du Conseil supérieur de la Marine, Président du Comité des inspecteurs généraux de la Marine de 1893 à 1898, député républicain de Rochefort (1898-1902). On lui doit la désignation de l'emplacement du Port de la Pallice à La Rochelle, en 1868, idée reprise en 1870.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Jeunesse

Henri Rieunier naît le 6 mars 1833 à Castelsarrasin dans le Tarn-et-Garonne Adrien, Barthélemy, Louis pour l'état-civil, mais lors de son baptême prénommé Henri. Au temps du roi Louis-Philippe, un fonctionnaire : - son père, François Etienne Rieunier (1794-1867), enseignant - aurait été mal vu d'appeler son fils Henri, prénom cher aux Bourbons renversés après Charles X en 1830 : Henri V, duc de Bordeaux, comte de Chambord, prétendant malheureux au trône de France. Rieunier ne signera jamais au cours de sa vie autrement que Henri Rieunier.

Le Borda
Le Borda

Henri Rieunier se montre un brillant élève. Son père de vieille souche albigeoise (ab antiquo tempore) est d'abord professeur d'humanités et régent au lycée d'Albi de 1826-1827 puis muté, pour raison de service, comme principal de collège à Castelsarrasin de 1828-1839. Puis, en la même qualité, il passa à Moissac, où il resta jusqu'en 1851. Henri Rieunier fait ensuite ses études au lycée de Toulouse[1].

[modifier] Carrière militaire

[modifier] L'Ecole Navale

Peut-être touché par l'héroïque figure albigeoise du célèbre navigateur Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse, il décide très tôt de préparer l'école navale à Brest. Âgé de 16 ans et 10 mois, il embarque à Bordeaux, le 27 décembre 1849 comme "novice" à bord d'un trois mâts barque le "Primauguet" dans l'océan Atlantique au-delà de l'équateur. Il débarque à Montevideo en Uruguay le 15 avril 1850. Dès le 16 avril, il rembarque sur l' "Orthézien" et est de retour à Bordeaux le 12 juillet. Henri Rieunier se rendra ensuite à Paris en diligence, pour une année préparatoire (classe de math élémentaire) au "lycée Charlemagne" de célèbre réputation, qui avait été ouvert par Napoléon 1er en octobre 1804, l'un des tout premiers lycées parisiens. Püis il fait l'Ecole navale, et embarque en 1851 sur le "Borda", ex "Commerce de Paris" vaisseau à trois ponts construit sur les plans du grand ingénieur maritime le baron Jacques Noël Sané (1740-1831), inspecteur général du génie maritime surnommé "le Vauban de la Marine".

[modifier] L'Asie

[modifier] Affaires d'Orient - La guerre de Crimée

Henri Rieunier participe sur le "Charlemagne" aux affaires d'Orient et à la guerre de Crimée de 1853 à 1856 dont notamment au bombardement du fort d'Odessa, la bataille de l'Alma, le siège de Sébastopol (au camp des marins)[2] et la prise du fort de Kinburn sur le "Labrador" où il servira encore, après avoir hiverné dans la mer Noire dans des conditions très rude par des froids de -27°C, plus de dix mois en "guerre" puis en "paix".

[modifier] Première campagne de Chine - La conquête de la Cochinchine

Henri Rieunier assiste sur la "Némésis" - amiral Charles Rigault de Genouilly -, puis sur l'aviso "Marceau" et sur la canonnière "Mitraille" (dont il dirige les batteries d'artillerie et dont l'équipage fut décimé : 2 officiers tués, un blessé, etc.) à toutes les opérations de la 1re phase de l'expédition de Chine de la seconde guerre de l'opium, de 1857 à 1858 : prise d'assaut de Canton et du forcement[3] des forts de Ta-Kou à l'embouchure du Peï-ho, dans le Petchili, Traité de Tianjin des 26 et 27 juin 1858, etc.

L'amiral de Genouilly porte alors ses forces sur la Cochinchine (ou royaume d'Annam) et se dirige vers Tourane, excellent mouillage et seul point de la côte annamite vers lequel on possédait en France des renseignements un peu précis.

Henri Rieunier ne quitta la Cochinchine qu'après une campagne de près de sept années consécutives, dans l'Extrême-Orient, où il devait revenir deux fois dans sa carrière maritime, comme capitaine de vaisseau puis contre-amiral.

Il apprend à parler le vietnamien, et est le premier européen à faire nommer - par l'amiral Charner - pour la 1ère fois de l'histoire de la Cochinchine, en septembre 1861, un annamite à la dignité de sous-Préfet dans l'arrondissement de Caï-bé (près de Mythô).

Henri Rieunier participe à la prise de Tourane le 1er septembre 1858 à bord de la "Némésis" avec l'amiral de Genouilly, à l'attaque de la citadelle de Saïgon le 17 février 1859 et par la suite à sa résistance héroïque, assiégée qu'elle fut, de mars 1860 à février 1861 par les douze mille hommes du maréchal Nguyên-tri-Phuong. Il participe également à l'enlèvement d'assaut des forts du Donnaï et des lignes de Ki-Hoa, de la citadelle de Mỹ Tho et celle de Vĩnh Long, Bien-Hoa, etc. C'est aux manœuvres aussi habiles que hardies du "Shamrock" ex "Pei-Ho", commandé par l'enseigne de vaisseau Henri Rieunier que l'on dut le sauvetage des 400 passagers du "Weser" et de la majeure partie de l'équipage naufragé sur les bancs du Mékong, le 16 janvier 1861. Il sert les amiraux Charles Rigault de Genouilly, Théogène François Page, et sera aide de camp et directeur des affaires indigènes de Léonard Victor Charner, Louis Adolphe Bonard et de Pierre-Paul de la Grandière. Il assiste à la signature du traité de Saïgon à bord du vaisseau "Duperré" le 5 juin 1862 et à sa ratification à la cour de Hué sur une table d'or par l'empereur Tu Duc, le 16 avril 1863. C'était la première fois que l'empereur Tu Duc recevait des étrangers et que l'on voyait une troupe européenne dans la capitale de l'Annam, à Hué.

Henri Rieunier est décoré - brevets avec la signature de la Reine Isabelle II d'Espagne - de la 1ère classe de l'ordre militaire de Saint Ferdinand d'Espagne (6 septembre 1861) et de chevalier de l'ordre d'Isabelle la Catholique d'Espagne (ordre américano-espagnol, 7 Novembre 1862), pour sa participation à la prise et la défense héroïque de Saigon, prise de Mytho, et de son action en Cochinchine avec le contingent espagnol et les Tagals de Manille.

Henri Rieunier visite à un moment de répit, en septembre 1862, à la suite de l'amiral Bonard, le "Grand Fleuve", Vinh-Long et le Cambodge dont Oudong est la capitale, rencontre le roi Norodom. Bonard, Rieunier et l'escorte visitent ensuite le grand lac salé de Thonlé-Sap et les ruines d'Angkor, peu après la reconnaissance des monuments Kmers par le naturaliste Alexandre Henri Mouhot, en 1860.

[modifier] Les mandarins de la cour de l'empereur Tu-Duc - Réception par Napoléon III

Henri Rieunier conduit à bord du navire "Européen", au départ de Saigon le 4 juillet 1863, l'ambassade extraordinaire annamite (2 mandarins et une suite de 63 personnes) du grand mandarin Phan-Thanh-Giang de la cour de Hué, auprès de Napoléon III aux Tuileries pour tenter une renégociation du traité de Saigon. Le canal de Suez n'étant pas encore creusé, le navire "Européen" arrive à Suez le 17 août 1863. L'ambassade parcourt en chemin de fer de Suez à Alexandrie, où ils seront transbordés sur le "Labrador" via Toulon. Henri Rieunier et les mandarins séjourneront en Egypte juqu'à fin août 1863. Ils seront reçus au Caire, par Ismaïl-Pacha, ex vice-roi et Khédive d'Egypte.

Henri Rieunier est présenté à l'empereur Napoléon III dans la salle des maréchaux du Palais des Tuileries par le gouverneur de la Cochinchine, et il assistera dans la fastueuse salle du trône à la réception des ambassadeurs annamites, le jeudi 7 décembre 1863. Le 31 décembre 1863, il est promu officier de la Légion d'honneur par l'Empereur Napoléon III.

On doit à Henri Rieunier "une première statistique du Port de Saigon", en 1861, et "Le commerce de Saigon", en 1862, qui faisait déjà pressentir l'importance de la région, et la publication de deux brochures sur les ressources et l'avenir de la Cochinchine, brochures publiées la même année en 1864, sous le pseudonyme de H. Abel - Le ministre de la marine, M. de Chasseloup-Laubat n'autorisa pas la publication avec le nom de l'auteur, qui défendait ouvertement contre lui la conservation de la Cochinchine, dont le gouvernement négociait l'abandon - intitulées : "La Question de Cochinchine au Point de Vue des Intérêts Français" et "Solution Pratique de la Question de Cochinchine ou Fondation de la Politique Française dans l'Extrême-Orient" qui eurent une influence considérable sur le gouvernement et l'opinion en France, au moment où, en avril 1864, il était question d'abandonner la Cochinchine. C'est donc à Henri Rieunier que l'on attribue, à la tête d'une action de communication d'envergure nationale et d'une campagne prépondérante d'information, la conservation de la Cochinchine à la France.

Port de la Pacille à la Rochelle dont l'emplacement a été désigné par Henri Reunier
Port de la Pacille à la Rochelle dont l'emplacement a été désigné par Henri Reunier

[modifier] Affaires du Mexique

Henri Rieunier est nommé aux Affaires du Mexique et participe à la fin de la campagne du Mexique de 1865 à 1867 comme second à bord de la "Thémis" pour 28 mois d'embarquement à la mer "en paix" et "en guerre", suivant le périple maritime : Terre Neuve, Etats-Unis, Antilles, Mexique, Antilles, Etats-Unis, Canada ; le 18 septembre 1865, il est au mouillage de New York.

[modifier] Ecole de pilotage des côtes ouest de France

Henri Rieunier est commandant de l'aviso à hélice "Argus" de 1868 à 1870, école de pilotage des côtes ouest de France avec la Rochelle comme base d'attache. C'est à Henri Rieunier que l'on doit la désignation de l'emplacement du Port de la Pallice à la Rochelle en 1868, cette idée a été reprise après 1870.

En octobre 1868, au cours des régates de Biarritz, les équipages du "Chamois" et de l'"Argus" accueillent à bord sa majesté l'Impératrice Eugénie et son fils le Prince Impérial. Henri Rieunier, commandant du navire de l'Etat, aide le petit prince impérial à monter sur le pont.

[modifier] La guerre de 1870

Henri Rieunier mettra sa valeur et son dévouement lors de la guerre franco-allemande au service de la patrie envahie de 1870 à 1871. La guerre de 1870 le trouve une fois de plus aux avants postes dans le corps des marins détaché pour la défense de Paris, comme capitaine de frégate, chef d'état-major de la flottille de la Seine, puis chargé, de diriger les batteries de la marine à Montretout. Il se montra héroïque en maintes circonstances, augmentant sa popularité. Il sera blessé en commandant les canonnières en avant du pont d'Austerlitz au cours du second siège de Paris pendant la Commune de Paris. Il est nommé capitaine de vaisseau pour sa belle conduite et deux blessures, après seulement onze mois de grade de capitaine de frégate.

[modifier] Mission diplomatique en Extrême-Orient

Henri Rieunier fut deux fois major de la marine à Cherbourg. Il participe ensuite à une mission non guerrière et diplomatique en Extrême-Orient, en Chine et au Japon de 1875 à 1878 comme commandant du croiseur le "Laclocheterie". Il arrive au Japon avant Émile Guimet. Sa visite au dernier roi indigène Sho Taï à Naha dans l'archipel et le petit royaume des Ryükyü (Okinawa) est historique. Il s'entretient avec l'empereur Mutsu-Hito. Il escorte avec le "Laclocheterie" la flottille du Mikado, qui est à bord du "Takawo-Maru", de Yokohama à Kobe. Henri Rieunier rencontre pour des entretiens diplomatiques les plus hauts dignitaires du Japon, puis ceux de la Chine. Il opère avec Le "Laclocheterie" et son équipage, le 11 octobre 1877, le sauvetage de pêcheurs japonais, tous voués à une mort certaine un jour de tempête, dans les passes du détroit de Shimonoseki.

[modifier] Occupation de la Tunisie

Henri Rieunier est membre de toutes les commissions spéciales de la marine en 1878 et du conseil de perfectionnement de l'Ecole des langues orientales ; membre du conseil d'amirauté. Il prend ensuite au Pirée, port d'Athènes, le commandement de la corvette cuirassée "Jeanne d'Arc" dans la division navale du Levant, et prépare les opérations contre Tunis de 1880 à 1881. Il rencontre, à plusieurs reprises pour des entretiens diplomatiques, le Bey de Tunis et le roi de Grèce, Georges 1er des Hellènes, en son palais d'Athènes. Il aura également des entretiens avec Monseigneur Lavigerie, archevêque d'Alger et primat d'Afrique, le jeudi 16 décembre 1880 à Tunis.

Henri Rieunier est major général à Brest à compter du 27 avril 1882, après sa nomination au grade de contre-amiral le 31 mars 1882, puis membre du conseil des travaux de la marine de 1883 à 1885. Il est fait commandeur de la Légion d'honneur le 5 juillet 1882.

[modifier] La guerre franco-chinoise - Missions en Extrême-Orient

Henri Rieunier est nommé en 1885 adjoint au commandant en chef de l'escadre de l'Extrême-Orient en Chine à bord du "Turenne" ; il prend peu après la mort de l'illustre vice-amiral Courbet les fonctions de commandant en chef de la division navale des mers de Chine et du Japon et montera le pavillon français au Japon, où il n'avait pas paru depuis deux ans. Il effectue en Extrême-Orient plusieurs missions pour le compte du gouvernement, notamment au Tonkin et en Cochinchine, et rencontre des dirigeants et hauts dignitaires des pays visités de 1885 à 1887 : principalement Chine, Japon, Corée, Cochinchine, Tonkin. Il rentra son pavillon dans la rade de HongKong.

Henri Rieunier aura notamment des entretiens diplomatiques en Chine, à Tcheefoo le 22 mai 1886, avec :

  • le prince Ch'un, en sa qualité de père de l'héritier présomptif, qui deviendra plus tard le régent du dernier empereur de Chine Puyi - après qu'un évènement exceptionnel se produisit, en 1908, avec le décès simultané de deux figures considérables : l'empereur de Chine Kouang-Siu et sa tante l'impératrice douairière Cixi( Ts'eu-hi) ;
  • Li-Hung-Chang, vice-roi du Petchili et vice grand censeur de l'Empire du Milieu ;
  • le grand maréchal tartare Chan-Tsing.

Le 5 juin 1886, Henri Rieunier rencontre, lors d'une visite diplomatique, le Daï-In-Kung, régent de Corée à Séoul, père du roi Li Honi (de la dynastie de Hau) qui lui dédicacera sa photo.

Dans la baie de Yokohama, le 24 janvier 1886, Henri Rieunier à bord de son vaisseau-amiral le "Turenne" accueille la famille Bertin. Louis-Emile Bertin (1840-1924) est le célèbre ingénieur général du Génie maritime français, savant de notoriété mondiale, membre de l'Institut, qui est invité par l'Empereur Mutsu-Hito et le gouvernement japonais, à construire la marine de guerre moderne du Japon, à réorganiser l'existant et à établir de nouveaux chantiers navals (Kure et Sasebo).

En janvier 1887 à Hué, Henri Rieunier fait don de sa lorgnette en aluminium au roi d'Annam de la dynastie des Nguyen, sa majesté Dông Khanh, qui décédera en 1889, ce pauvre roi que regrettaient tous les français qui l'avaient fréquenté.

Rieunier est alors l'ami du grand érudit vietnamien du sud P.J.B Truong-Vinh-Ky (1837-1898), auteur d'une centaine de livres, qui échange des correspondances avec Renan et Littré, écrit plusieurs ouvrages en français et traduit de nombreux textes dans les deux sens, accomplissant ainsi une œuvre de pionnier.

[modifier] Retour de mission

Dès son retour en France Henri Rieunier reçoit "..du gouvernement tout entier de très vives félicitations pour les services éminents rendus au Pays...".

De mars 1887 à juin 1889 Henri Rieunier est membre du conseil d'amirauté à Paris. Il siègea, à partir d'Août 1888 à la commission d'études de la défense du littoral. Le 13 avril 1887, Henri Rieunier est reçu à l'Elysée le mardi de Pâques, par le président Jules Grévy afin de lui faire un rapport sur sa mission en Extrême-Orient. Il sera reçu presque un an plus tard par le président Sadi Carnot.

[modifier] Escadre de la méditerranée occidentale et du levant

Le grade de vice-amiral le récompense de cette longue et brillante campagne, le 5 mai 1889, après laquelle il devient commandant en chef et préfet maritime du 4ème arrondissement à Rochefort, en 1889. De la préfecture de Rochefort, Henri Rieunier passa, en la même qualité en 1890, à commandant en chef et préfet maritime du 5ème arrondissement, à Toulon - arsenal le plus important de France .

De 1890 à 1892, Henri Rieunier est commandant en chef de l'escadre de la Méditerranée Occidentale et du Levant et de son escadre de réserve, commandant en chef de la 1ère armée navale à bord du cuirassé d'escadre à deux tourelles de 12.000 tonnes "Formidable" (la principale force navale de la France).

Henri Rieunier est président du comité des inspecteurs généraux de la Marine de 1893 à 1898 et président - au titre de ministre - puis vice-président du conseil supérieur de la Marine. Il sera le supérieur hiérarchique de Julien Viaud (dit Pierre Loti) : à Saïgon en 1885, à Nagasaki en 1886, à Rochefort en 1889 et sur le "Formidable" en 1891.

[modifier] Récompenses

Henri Rieunier est élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d'honneur en décembre 1891, et il a eu l'insigne honneur d'être chargé d'une mission de courtoisie à l'égard de l'Italie par le Président de la République et le gouvernement, en septembre 1892. Cette mission très importante de conduire ses navires dans les eaux italiennes, il s'en acquitte brillamment à la satisfaction des intérêts nationaux, avec un tact et une dignité qui ont été très appréciés dans toute l'Europe. Il est le représentant de la France et du Président de la République aux fêtes de Gênes, en septembre 1892, pour la commémoration du IVe centenaire de la découverte et exploration de l'Amérique par Christophe Colomb. Henri Rieunier reçoit à ce moment le roi d'Italie Humbert 1er sur le "Formidable" ; celui-ci lui accorda les plus grands témoignages d'estime, et le nomma Grand-croix de l'ordre des Saints Maurice et Lazare. Henri Rieunier ouvrit le bal avec la reine Marguerite de Savoie, reine d'Italie, lors des réceptions protocolaires. A Gênes, Henri Rieunier est invité à déjeuner, le 15 septembre 1892, par son altesse sérénissime le Prince de Monaco, Albert 1er (Honoré, Charles Grimaldi) sur son trois-mâts "Princesse Alice".

L'amiral Henri Rieunier participera à la visite en France de l'Empereur Nicolas II (1894-1917) et de l'Impératrice de Russie en octobre 1896 et assistera à la pose, le 7 octobre 1896, de la première pierre du Pont Alexandre III, à Paris.

L'amiral Henri Rieunier décoré de la médaille militaire en décembre 1895 est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'Honneur, le 11 juillet 1897, juste récompense d'une belle et brillante carrière militaire et diplomatique pour la grandeur et au service de la France. Il a assisté à toutes les opérations militaires depuis l'année 1853.

L'amiral Henri Rieunier placé dans la 2ème section du cadre de l'état-major de l'armée navale le 5 mars 1898, réunissait à cette date quarante-six ans, cinq mois et un jour de services effectifs, dont quinze ans cinq mois dix neuf jours à la mer en paix et huit ans six mois vingt-six jours à la mer en guerre - et deux blessures.

[modifier] Carrière politique

Henri Rieunier
Parlementaire français
Naissance 6 mars 1833
Décès 10 juillet 1918
Mandat Député 1898-1902
Début du mandat
Fin du mandat {{{fin du mandat}}}
Circonscription Charente-Inférieure
Groupe parlementaire Action libérale
IIIe république

[modifier] Hôtel de la Marine

Henri Rieunier est nommé ministre de la Marine du 11 janvier au 3 décembre 1893 dans les gouvernements Alexandre Ribot (2) et Charles Dupuy (1) jusqu'à la chute du cabinet et sa démission. Il fut pressenti pour devenir une première fois ministre de la marine et des colonies dès 1887 pour succéder au vice-amiral Aube, mais déclina cette offre.

[modifier] Fêtes et alliances franco-russe

En octobre 1893, Henri Rieunier, dans le cadre de l'alliance franco-russe, accueille à Toulon et Paris comme ministre de la Marine les officiers et l'escadre impériale de Russie de la Méditerranée de l'amiral Avellan et du grand duc Alexis, commandant en chef de la flotte impériale de Russie, frère du Tsar Alexandre III. Le Tsar et autocrate de toutes les Russies Alexandre III lui décerne la décoration rarissime de chevalier, grand-croix de l'Aigle blanc de Russie. Il aura de nombreux entretiens diplomatiques avec le baron de Mohrenheim, ambassadeur de Russie à Paris et le grand duc Alexis, grand maître de la marine impériale de Russie.

Henri Rieunier refusera du Président de la République Félix Faure, en décembre 1895, le poste de grand chancelier de la Légion d'honneur et Président du Conseil de l'ordre de la Légion d'honneur au Palais de Salm à Paris pour entrer en politique. Ce sera le général de division Léopold Davout, duc d'Auerstaedt qui sera nommé, en lieu et place de Henri Rieunier, grand chancelier de décembre 1895 à septembre 1901.

[modifier] Palais Bourbon - Chambre des députés

Henri Rieunier est député républicain de Charente-Inférieure de 1898 à 1902 sous les couleurs de l'Action libérale populaire, parti des catholiques « ralliés ». Il ne se représentera pas à la fin de la législature. Il défendit âprement l'arsenal menacé de fermeture, et réussit à donner du travail aux milliers d'ouvriers des chantiers et arsenaux navals en obtenant, non sans mal, la construction dans le port de Rochefort du dernier vaisseau important le "Dupleix" croiseur cuirassé. Il fit également voter par la chambre les crédits nécessaires à l'approfondissement de la Charente.

L'amiral Henri Rieunier pendant les quatre années de sa législature a pris une part des plus actives aux discussions importantes sur les questions de défense nationale, de l'Armée, de la Marine, de la Marine marchande, et même des Affaires étrangères et de l'Instruction publique. Il a défendu avec son énergie habituelle les intérêts des officiers-mariniers et des marins, ainsi que des ouvriers des arsenaux.

[modifier] Représentation

L'amiral Henri Rieunier fut chargé par le gouvernement de la République de tenir l'un des cinq cordons du char funèbre lors des obsèques nationales du maréchal Edme, Patrice comte de Mac-Mahon, duc de Magenta (1808-1893) héros de Malakoff, ancien Président de la République, et du maréchal François Certain de Canrobert (1809-1895) commandant du corps expéditionnaire de Crimée. Il fut aussi chargé de représenter la Marine aux obsèques de Louis Pasteur.

Henri Rieunier, en raison de son attachement avec l'Indochine et le Tonkin, eut des échanges et des correspondances soutenus avec Paul Bert (1833-1886), Paul Doumer (1857-1932), et les maréchaux de France Joseph Gallieni (1849-1916) et Hubert Lyautey (1854-1934).

Au cours des conseils des ministres d'avril 1893, les premiers contacts se font entre Henri Rieunier et Raymond Poincaré, le futur Président de la République; ils resteront très amis par la suite.

[modifier] Palais de Salm - Grande chancellerie de la Légion d'honneur

Le Président de la République appréciait beaucoup Henri Rieunier. Félix Faure mit au service de ses nouvelles fonctions une infatigable activité et une intelligence ouverte. Il aimait avec passion les exercices physiques, l'escrime, l'équitation, la chasse, et les voyages: Il avait visité l'Italie, l'Autriche, la Perse, l'Asie Mineure et l'Egypte - Président exceptionnel, à ce dernier point de vue, pour l'époque -. On voit que beaucoup de liens le rapprochaient donc de l'amiral Henri Rieunier. Félix Faure aurait donc vivement souhaité, pour sa première année de Présidence, que l'amiral Henri Rieunier accepte sa proposition de prendre le poste de Grand Chancelier de la Légion d'Honneur au Palais de Salm, à Paris, au départ du général de division Victor Février.

L'amiral Henri Rieunier avait décliné cette haute et prestigieuse charge et avait préféré entrer en politique. Le Président de la République Félix Faure n'élèvera donc à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur Henri Rieunier que quelques mois plus tard, cette fois, sur une proposition de son ministre de la marine, l'amiral Armand Besnard.

[modifier] Reconnaissance du mérite

[modifier] Grades et honneurs

Henri Rieunier était vice-amiral (le plus haut grade dans la hiérarchie militaire de l'époque), grand-croix de la Légion d'honneur, médaillé militaire, nombreuses décorations françaises et étrangères (quatre grand-croix). C'est un pionnier de la Chine et du Japon, à l'époque où l'empire du Soleil Levant s'ouvrit au monde de l'occident. Il a été un marin et navigateur hors pair, grand voyageur, polyglotte, diplomate, ambassadeur, explorateur d'Asie et écrivain. En 1876, il est le premier navigateur français de la marine nationale, commandant à bord du "Laclocheterie", à revisiter le golfe de la Manche de Tartarie, après les équipages de Lapérouse de l' "Astrolabe" et de la "Boussole" au XVIIIe siècle. Il a été commandant de nombreux bâtiments, puis commandant en chef et préfet maritime de Rochefort puis de Toulon, commandant en chef la division navale des mers de Chine et du Japon, commandant en chef l'escadre de la Méditerranée Occidentale et du Levant, commandant en chef la 1ère Armée navale (la principale force navale de la France, composée de 50 bâtiments fortement armés).

L'amiral Henri Rieunier, ministre de la marine et le général Loizillon, ministre de la guerre furent ensemble coprésident du cercle militaire des armées qui se trouvait, à cette époque avenue de l'Opéra, à Paris.

[modifier] Décorations

L'amiral Henri Rieunier était titulaire de nombreuses distinctions :

  • Décorations étrangères et commémoratives:
    • Médaille de Crimée (1856), Chine (1861), Mexique (1867), Tonkin (1886), Cochinchine et Tunisie (1er juin 1894).
    • Médaille de Victoria avec agraphe Sébastopol (guerre de Crimée, 1856) - de l'Annam (1886).
    • Grand-croix de l'Epée de Suède - 29 juillet 1892, conférée par sa Majesté Oscar II, Roi de Suède et de Norvège.
    • Grand-croix des Saints Maurice et Lazare (Italie) - 1892, conférée par sa Majesté Umberto 1er, Roi d'Italie.
    • Chevalier, Grand-croix de l'Aigle Blanc de Russie - 1893, conférée par le Tsar Alexandre III, Empereur et Autocrate de toutes les Russies.
    • Grand-officier de l'ordre Royal du Cambodge - 1er août 1885, conférée par le Roi Samdâch Préa Norodom.
    • Grand-officier du Nichan Iftikhar (Tunisie)- 1er mars 1881, conférée par Mohammed - Es - Sadok, Pacha Bey, Possesseur du Royaume de Tunis.
    • Grand-officier du Dragon de l'Annam (ordre Impérial) - 26 mars 1886 - conférée par sa Majesté l'Empereur d'Annam Dông Khành.
    • Grand-officier de l'ordre Japonais du Soleil Levant - 1887, décernée par sa Majesté l'Empereur du Japon MutsuHito.
    • Commandeur du Sauveur de Grèce - 8 septembre 1880, décerné par le Roi de Grèce Georges 1er des Hellènes.
    • 1ère classe de l'ordre de Saint-Ferdinand (Espagne) - 6 septembre 1861,décernée par Sa Majesté la Reine d'Espagne Isabelle II.
    • Décoration dite Kim-Khành, en souvenir perpétuel de sa Majesté l'Empereur d'Annam Dông Khành, - 8 janvier 1887 -.
    • Chevalier de l'ordre d'Isabelle-la-Catholique, (ordre américain-espagnol) - 1862, décerné par sa Majesté la Reine d'Espagne Isabelle II "pour sa participation à la prise et à la défense héroïque de la ville de Saigon, et de la citadelle de Mytho avec le petit contingent Espagnols avec leurs tagals de Manille et à toute son action exemplaire en Cochinchine".

[modifier] Hommage

Au musée des châteaux de Versailles et de Trianon existe une peinture à l'huile sur toile imposante ayant pour titre : Le roi Humbert 1er d'Italie passant en revue l'escadre française commandée par l'amiral Rieunier, en rade de Gênes, le 9 septembre 1892, à l'occasion des fêtes données en l'honneur de Christophe Colomb. L'artiste de cette oeuvre monumentale est Mariani Pompeo (1857-1927).

Une rue de l'ex ville de Saigon portera le nom de "Rieunier" jusqu'aux années 1949/1951. Plusieurs rues en France portent également ce nom.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes

  1. Amiral Rieunier, www.military-photos.com. Consulté le 14/12/2007
  2. Contusionné, il est décoré sur le champ de bataille de la Légion d'honneur pour acte de bravoure, à 22 ans
  3. il fut chargé de miner et de faire sauter les forts de Ta-Kou

[modifier] Bibliographie et références

  • Hervé Bernard (arrière petit-fils de l'amiral), historien de marine écrivain :
    • (fr) Histoire Authentique d'une Famille Française au Service de l'Etat - Amiral Henri Rieunier Ministre de la Marine - La Vie Extraordinaire d'un Grand Marin 1833-1918, Imprimerie Biarritz en autoédition, mars 2005, quadrichromie, 617 pages.
    • (fr) Albi - Patrie de Rieunier, Un Homme Illustre de la Marine Française, Imprimerie - Biarritz en autoédition, octobre 2007, quadrichromie, 718 pages
    • (fr) Ambassadeur au Pays du Soleil Levant dans l'Ancien Empire du Japon, Imprimerie - Biarritz en autoédition, novembre 2007, quadrichromie, 266 pages.
    • (fr) Revue des Amis du Musée de la Marine à Paris, Neptunia N°235 du mois de Septembre 2004 intitulé: "La Vie d'un Grand Marin. Le Vice-amiral Henri Rieunier (1833-1918)".