Guerre de Crimée

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Guerre de Crimée

La charge de la brigade légére
Informations générales
Date 4 octobre 1853 au
30 mars 1856
Lieu Principalement autour de la mer Noire
Issue Victoire de l'alliance turco-franco-britannique
Belligérants

Empire ottoman

France

Royaume-Uni

Royaume de Sardaigne

Empire russe
Commandants
Saint-Arnaud, Canrobert, Lord Raglan
Pélissier, Simpson, Mac-Mahon
prince Menchikov
Batailles et sièges
Sinop — Petropavlovsk — Alma — Balaklava — Inkerman — Sébastopol — Eupatoria — Taganrog — Chernaya — Kars  — Malakoff

La guerre de Crimée (1853-1856) fut une guerre entre la Russie impériale et une coalition comprenant l’Empire ottoman, le Royaume-Uni, la France et le Royaume de Sardaigne.

Sommaire

[modifier] Situation géographique de la Crimée

La presqu’île de Crimée est située au sud du territoire ukrainien. Elle se trouve dans la mer Noire et est reliée au territoire par l’isthme de Perekop. La Crimée constitue une république autonome et sa capitale est Simferopol.

[modifier] Historique

La Crimée a été occupée par plusieurs peuples dont les Huns, les Coumans, les Tatars et finalement conquise par les Turcs (1475). Catherine II de Russie oblige la Turquie à reconnaître l’indépendance de l’île en 1774. Neuf ans après elle finit par annexer le territoire qu’elle avait rendu indépendant.

[modifier] Causes

Le tsar Nicolas 1er , qui règne depuis 1825, souhaite s’installer à Constantinople (ville sainte) pour accéder au détroits du Bosphore et des Dardanelles. De plus, il prétend vouloir protéger des ethnies religieuses de Turquie (chrétienne et orthodoxe) et occupe la Moldavie et de la Valachie. En février 1854, la France et la Grande-Bretagne demandent à la Russie de quitter les deux principautés. N'ayant aucune réponse, les nations franco-britanniques déclarent la guerre à la Russie le 27 mars 1854. En réalité, le prétexte religieux est fallacieux. La véritable raison du conflit est que, sachant la Turquie faible, les Français et les Anglais pensent que la Russie va contrôler le détroit du Bosphore et des Dardanelles. Ils ne peuvent accepter cela, car la Russie pourrait alors contrôler le commerce maritime entre les mers Noire et Méditerranée.

[modifier] Déroulement

Les événements qui affectent l’empire turc sont à l’origine du premier conflit qui aboutit à la guerre de Crimée. Le problème se trouve posé depuis le début du siècle par la décadence de la puissance ottomane et par l’opposition radicale du Royaume-Uni et de la Russie quant à l’avenir des territoires qui la composent. Protecteur des slaves orthodoxes, le tsar Nicolas Ier souhaite établir sa domination sur la plus grande partie de la péninsule balkanique et s’assurer le contrôle des détroits afin d’obtenir ce débouché sur la Méditerranée. Or cette ambition expansionniste se heurte aux intérêts de la Grande-Bretagne, qui entend maintenir le contrôle de la route des Indes par le Proche-Orient, et pour ce faire préserver l’intégrité de l’Empire ottoman. En 1853, tirant argument de la préférence donnée par le sultan aux moines « latins » protégés par la France, sur les moines « grecs » soutenus par l’Empire des tsars, le gouvernement de Saint-Petersbourg adresse à la « Sublime porte » (désignation métaphorique du pouvoir ottoman) un ultimatum lui demandant d’accepter le protectorat russe. Le sultan Abdülmecit Ier ayant refusé de se plier au diktat de Nicolas Ier, celui-ci donne l’ordre à ses troupes, le 4 octobre 1853 d’envahir les provinces roumaines de l’Empire.

[modifier] Les origines de la guerre

[modifier] L'affaire des lieux saints

La guerre de Crimée, semble avoir eu pour origine un conflit dérisoire : la querelle des moines qui opposait Français et Russes pour la protection des lieux Saints. En fait, ce ne fut qu’un prétexte exploité par le tsar, afin d’imposer sa domination sur un Empire ottoman qui semblait à sa merci. Depuis l’indépendance grecque, le tsar Nicolas Ier ne cesse de penser au démantèlement de l’Empire. Après leurs victoires dans la guerre russo-turque (1828-1829) et surtout après le traité d'Unkiar-Skelessi (1833), les Russes ont pour but de s’assurer le protectorat sur les peuples slaves et orthodoxes des Balkans, ce qui permettrait de dominer la plus grande partie de la péninsule. Il est aussi et surtout de s’emparer des détroits (Bosphore, mer de Marmara, Dardanelles) pour obtenir le débouché sur la Méditerranée que cherchent les Russes.

A cette vision impérialiste, mêlant religion et volonté de puissance, s’oppose celle du gouvernement de Londres. Pour les Britanniques, il s’agit de protéger la route des Indes par le Proche-Orient en interdisant au tsar de prendre pied dans les détroits et à sa flotte de faire irruption en Méditerranée orientale. En vertu des capitulations conclues en 1535 entre François Ier et Soliman le Magnifique, la France a obtenu que la garde des lieux Saints (église du Saint-Sépulcre et le tombeau de la Vierge à Jérusalem, église de la nativité à Bethléem) soit assurée par des moines latins. Or, depuis la fin du XVIIIe siècle, les pèlerins et les moines orthodoxes sont de plus en plus nombreux à venir en terre sainte et à s’y fixer, avec pour buts d’en chasser les pères franciscains.

À cette date, les relations entre Nicolas Ier et Napoléon III étaient courtoises, malgré un échange de coup d’épingles à la suite de la proclamation de l’Empire. Ni l’un ni l’autre n’avait pris l’échange de piques très au sérieux et ne songeait à déclencher une crise pour une simple « querelle de moines ». La question des lieux Saints fut donc réglée. L’accord conclu fin avril et rendu officiel le 5 mai 1853, établissait une nouvelle répartition des sanctuaires, plutôt favorable aux pèlerins de rite grec. Napoléon III voulut bien s’en contenter : l’affaire paraissait donc close grâce aux concessions françaises. Et pourtant, c’est de cette querelle bénigne qu’allait sortir le premier conflit armé entre puissances de première grandeur qu’ait connu l’Europe depuis 1815.

[modifier] Conséquences directes

Suite au refus des Ottomans, le tsar fait occuper les principautés roumaines de Moldavie et Valachie le 1 juillet 1853. En tant que suzerain de ces principautés chrétiennes, mais vassales de l'Empire ottoman, le Sultan Ottoman déclare alors la guerre à la Russie le 4 octobre 1853.

[modifier] Le déroulement de la guerre

[modifier] L'entrée en guerre

L’Angleterre, qui a poussé le gouvernement ottoman à la résistance, ne peut rester les bras croisés devant une agression dont le but évident est d’assurer à la flotte russe la clé de la Méditerranée orientale. Mais elle souhaite ne pas agir seule et s’efforce d’entraîner la France dans l’aventure. Celle-ci n’a aucun intérêt immédiat à entrer en guerre contre la Russie. Mais Napoléon III voit dans l’entreprise un triple avantage:

  • Elle lui offre la gloire militaire dont le nouveau régime a besoin pour se consolider
  • Elle lui permet de briser l’isolement diplomatique qui a suivi la proclamation de l’Empire, laquelle a réveillé chez les souverains européens les souvenirs des conquêtes napoléoniennes
  • Elle constitue enfin un moyen d’affaiblir l’une des puissances qui garantissent l’ordre restauré en 1815.

Un arrangement paraît néanmoins possible, lorsque l’on apprend, le 30 novembre 1853, la destruction par la flotte russe d’une escadre ottomane dans le port de Sinope, sur la mer Noire, ce qui souleva une réclamation pleine de colère au Royaume-Uni et en France. Pendant six mois les pourparlers se poursuivirent entre Londres, Paris et Saint-Pétersbourg, mais l’intransigeance du gouvernement russe fit capoter toutes les tentatives de compromis.

Le 29 janvier 1854, Napoléon III adressa au tsar une lettre personnelle : « Les coups de canons de Sinope ont retenti douloureusement dans les cœurs de tous ceux qui, en Angleterre et en France, ont un vif sentiment de la dignité nationale. » Il faisait appel à ses sentiments pacifiques et proposait l’évacuation des principautés danubiennes en échange du retrait des flottes occidentales. La réponse de Nicolas Ier fut sans appel : « Ma confiance est en Dieu et en mon droit; et la Russie, j’en suis garant, saura se montrer en 1854 ce qu’elle fut en 1812. » Une semaine plus tard les ambassadeurs russes quittaient Londres et Paris.

Le 12 mars 1854, La Grande Bretagne et la France s’unissent à l'Empire ottoman. Le 14, elles somment la Russie d'évacuer les principautés Roumaines et, le 27, leur ultimatum étant resté sans réponse, elles lui déclarent la guerre.

Persuadés qu’il leur suffirait de quelques opérations ponctuelles pour convaincre le tsar de leur détermination commune, Français et Britanniques ne s’étaient pas préparés à une longue et dure campagne menée à des milliers de kilomètres de leur base. C’est la raison pour laquelle l’empereur, Napoléon III, ne prit pas personnellement le commandement de son armée, confiant celle-ci à Saint-Arnaud. Deux puis trois divisions furent envoyées à Gallipoli, sur la rive nord des Dardanelles, où ils attendirent dans l’inaction, un matériel insuffisant et arrivé tardivement. Le corps expéditionnaire britannique, placé sous les ordres de Lord Raglan, s’établit à Malte, lui aussi en attente de moyen. Aucun objectif n’avait encore été défini. On se montrait d’autant moins pressé que l’Autriche, à son tour, avait donné des signes d’impatience et qu’à Vienne, on songeait à entrer en guerre au coté des alliés occidentaux.

La menace autrichienne, conjuguée avec le débarquement à Varna (Bulgarie), le 29 avril 1854, de troupes franco anglaises, amena les Russes, qui avaient mis le siège devant Silistrie, à évacuer sans combattre les provinces roumaines. En attendant que l’Autriche se joignit à la coalition, les alliés adoptèrent durant l’été 1854 une attitude temporisatrice. On décida finalement d’adopter le plan proposé dès le mois d’avril par Napoléon III et qui consistait soit à s’avancer à la rencontre des Russes soit à attaquer la Crimée et à s’emparer de Sébastopol où avait été établie une puissante base navale.

[modifier] Le siège de Sébastopol

Icône de détail Article détaillé : Siège de Sébastopol (1854).

Pour débloquer la situation, les alliés décidèrent de débarquer en Crimée et d'attaquer le principal port russe de cette mer: Sébastopol. Le 14 septembre 1854, ils arrivent dans la baie d’ Eupatoria, une soixantaine de kilomètres au nord de Sébastopol. Les russes avaient 51000 hommes en Crimée, dont 40000 à l’ouest, placés sous les ordres du prince Menchikov. Campés sur les hauteurs qui dominent la rivière de l’Alma, ils tentèrent de barrer aux alliés la route de Sébastopol. La bataille fut rude, surtout pour les Anglais. Lorsqu’ils arrivèrent devant Sébastopol, ils auraient pu sans trop de peine s’emparer de la ville, mal défendue du côté de la terre par des fortifications inachevées. Elle n’aurait sans doute pas résisté à une attaque rapide et vigoureuse. Mais Saint-Arnaud, déjà affaibli par le choléra, dut céder le commandement à Canrobert (il mourut le 29 septembre). Les semaines passèrent, ce qui laissa aux Russes le temps d’organiser la défense. Sur ordre de Menchikov, sept bâtiments de l’escadre furent coulés à l’entrée de la rade afin d’interdire l’accès aux alliés, les obligeant à s’enterrer à leur tour pendant une année entière, tantôt repoussés par une défense intraitable, tantôt assaillis eux mêmes pas les unités envoyées en renfort par l’autorité Russe.

Le siège et la chute de Sébastopol constituent les éléments les plus importants de la guerre de Crimée. En effet, ils conduisent à la fin de celle-ci. Cependant le blocus n’est pas complet puisque à plusieurs reprises les franco-britanniques doivent repousser les armées russes de secours (lors des batailles de Balaklava et d’Inkermann, automne 1854). L’état sanitaire devint désastreux pour cause de choléra, scorbut et fièvre. Et enfin le 8 septembre 1855, après un an de siège, le général français Mac-Mahon s’empare du fort de Malakoff (clé de la défense russe). Ces derniers l’abandonnèrent après y avoir mis le feu un jour seulement après l’intervention du général.

Pendant ce siège, les adversaires s’affrontèrent dans la bataille de Balaklava, (au sud de la ville) : le 25 octobre 1854, l’armée britannique s’impose face aux forces russes. Le même épisode se produit le 5 novembre, sur le plateau d’Inkerman, tandis que les assiégés tentaient une sortie.

L’arrivée massive de renfort (140 000 combattants du côté allié) n’a pas suffi à renverser la situation avant l’hiver. Ainsi le, 14 novembre 1854, une violente tornade balaya la région, coulant des navires, emportant les tentes et les équipements. S’ajoutaient à cela les ravages des épidémies : le choléra, qui fit plusieurs dizaines de milliers de victimes, suivi du typhus et de la dysenterie. Attaques et contre-attaques, tirs d’artillerie et corps-à-corps sauvages firent également d’innombrables victimes.

Avec le printemps cependant, la situation des alliés allait un peu s’améliorer. À défaut de l’Autriche, la coalition recevait le renfort du royaume de Sardaigne qui ne semblait pourtant avoir aucune raison de s’engager contre la Russie. L’initiative venait de Cavour qui récemment nommé président du conseil, entendait ainsi se ménager le soutien de la France et de l’Angleterre dans la perspective d’un conflit avec l’Autriche auquel il se préparait. L’alliance avait été conclue le 26 janvier 1855 : 15000 hommes furent envoyés en Crimée à partir du mois d’avril. L’arrivée de renforts fit ainsi renaître l’espoir d’un dénouement rapide. Le 7 juin, les alliés s’emparèrent du mamelon vert, un ouvrage fortifié qui couvrait Malakoff (clé des positions russes) à l’est. Entre temps, Canrobert fut à son tour remplacé par Pélissier le 16 mai 1855, tandis que Simpson prenait la place de Lord Raglan, atteint lui aussi du choléra. Le 18 juin l’assaut général ordonné par Pélissier se soldait par un sanglant échec.

Le 8 septembre 1855, la tour Malakoff tombe aux mains des Français et des Anglais dirigés par le général Mac-Mahon devenu célèbre notamment pour cette victoire au cours de laquelle il prononça son fameux « J’y suis !J’y reste ». Le soir même, les Russes évacuaient Sébastopol après avoir détruit leur défense et incendié leurs navires. En 332 jours de sièges, les alliés avaient perdu 120 000 hommes, autant chez l’adversaire : les Français perdirent 95 000 soldats dont 75 000 de maladies, les Anglais environs 25 000 hommes et les Sardes, entrés plus tard dans le conflit, 2000 soldats.

Dépenses militaires pendant la guerre de Crimée (en millions de livres sterling)
1852 1853 1854 1855 1856
Russie 15,6 19,9 31,3 39,8 37,9
France 17,2 17,5 30,3 43,8 36,3
Royaume-Uni 10,1 9,1 76,3 36,5 32,3
Empire ottoman 2,8  ?  ? 3,0  ?
Sardaigne 1,4 1,4 1,4 2,2 2,5
Source : P. Kennedy, Naissance et déclin..., chap. 5
Chute de la tour Malakoff
Chute de la tour Malakoff

[modifier] Le Congrès de Paris

Nicolas Ier meurt le 2 mars 1855. Son fils et successeur, Alexandre II, se décide à accepter les quatre points de Vienne du 4 août 1854 :

  • substitution d’une tutelle collective de l’Europe au protectorat russe sur les principautés
  • liberté de navigation sur le Danube
  • révision de la convention de 1841 sur les détroits
  • abandon des prétentions russes à un protectorat sur les chrétiens de rite grec de l’Empire ottoman

L’Autriche conclut un premier accord le 1er février 1856, le 26 février s’ouvrait à Paris un congrès sous la présidence de Walewski (ministre des Affaires étrangères), les négociations aboutirent le 30 mars 1856, à la signature du traité de Paris, dont les closes principales reprenaient les dispositions des quatre points de Vienne.

L’Angleterre obtenait ce qu’elle voulait en faisant garantir par les puissances l’intégrité de l’Empire ottoman, la fermeture des détroits, la neutralisation de la mer Noire, tandis que l’Autriche tirait de son habile jeu diplomatique un avantage de taille : la liberté de navigation sur les bouches du Danube.

Pour la Russie, c’était la ruine de la politique ambitieuse qu’elle poursuivait depuis la fin du XVIIIe siècle.

Pour la France, le congrès de Paris apparaissait un peu comme la revanche du congrès de Vienne et des humiliations subies en 1815, c’est le début d’une nouvelle période de prépondérance.

Le traité signé à l’issue de la rencontre prévoyait aussi l’autonomie des deux principautés roumaines de Moldavie et de Valachie qui devraient chacune élire un hospodar (gouverneur). En fait, appuyées par Napoléon III, elles choisirent le même gouverneur en la personne d’Alexandre Cuza. Enfin, le congrès s’était achevé sur un débat de politique générale le 8 avril. Ce fut pour Cavour le moment de dénoncer l’occupation autrichienne qui se perpétuait dans la péninsule.


Les Russes sont chassés de Crimée et veulent la paix. Cette défaite arrête leur progression vers la Méditerranée. Le 1er février 1856 la paix est signée à Vienne suivi du 30 mars du Congrès de Paris. Les Anglais et les Français forcent la Russie à reconnaître l’indépendance de l’empire ottoman. En conséquence le détroit du Bosphore et des Dardanelles n’a pas été pris par les Russes. Cette défaite a fait prendre conscience à Alexandre II de Russie (fils de Nicolas 1er mort en 1855) que son pays a beaucoup de retard aux niveaux économique et social.

[modifier] Autour de cette guerre

Cette guerre restera célèbre pour les manifestations d'incompétence militaire et logistique, dont on trouve un exemple dans la charge de la brigade légère immortalisée par le poème de Tennyson. La plupart des soldats tombés au cours de cette guerre ne périrent pas au combat. La mauvaise viande de mouton mal fumée en Dobrogée (barbaque) provoqua une violente dysenterie avant même le début des hostilités ; le choléra dû à l'eau croupie et à la mauvaise hygiène sapa les préparatifs français pour le siège de Sébastopol (1854). La tempête du 14 novembre 1854 incita le français Urbain Le Verrier à mettre au point un réseau européen d'information météorologique afin de pouvoir anticiper les variations climatiques et météorologiques.

Dans l'hiver désespéré qui suivit, le traitement scandaleux des soldats blessés, dont les correspondants de presse firent état dans les journaux, incita Florence Nightingale à suggérer l'organisation d'une prise en charge des blessés, introduisant des méthodes de soins modernes.

Ce fut aussi le premier conflit à utiliser tactiquement le chemin de fer et où le télégraphe électrique permit des communications beaucoup plus rapides y compris avec le centre de pouvoir politique.

C'est par la participation du royaume de Sardaigne à cette guerre, que Victor-Emmanuel II débuta sa progressive unification de l'Italie autour du Piémont.

[modifier] Anecdotes intéressantes

Les soldats des troupes occidentales virent leurs camarades turcs rouler leurs cigarettes dans du papier, ce qui était bien plus efficace que les feuilles de tabac qu'ils utilisaient jusqu'ici (parce que celles-ci s'émiettaient)…

C'est au cours de cette guerre que pour la première fois un photographe fut engagé par un gouvernement pour faire un reportage photographique. C'est ainsi que Roger Fenton, photographe britannique, réalisa environ 360 photos entre mars et juin 1855. Il fut suivi peu de temps après par d'autres photographes, James Robertson et Felice A. Beato, qui ne bénéficiaient pas, eux, d'une mission officielle du gouvernement britannique.

La guerre de Crimée est aussi appelé « première guerre moderne ». On y voit l’apparition de nouvelles armes et de nouvelles blessures. En effet, les obus et les bolets explosifs font plus de ravages que les armes blanches.

Cette guerre marqua aussi la naissance des cuirassés dont l'idée revient a Napoléon III[réf. nécessaire]. Les manœuvres de l'infanterie appuyées par la marine montra l'utilité de navires de guerre fortement armes, à coque renforcée et ligne de flottaison basse.

Durant la défense de Sébastopol, l'armée a fait couler des navires, d'une part pour encombrer l'accès à la rade, d'autre part pour éviter qu'ils ne tombent aux mains de l'ennemi. Une fois la paix signée, une vaste entreprise de renflouement sous-marin fut engagée pour récupérer les bâtiments et leurs équipements, dont une partie avait été préparés à cette opération lors de leur sabordement.[1]

Pour revenir à l'origine du conflit, étrangement, Maxime du Camp, dans ses Souvenirs d'un demi-siècle, raconte que Napoléon III, « résolu à s'engager à fond dans le conflit et désirant un point d'appui pour les armées françaises, regarda vers Saint-Pétersbourg, car il avait toujours penché du côté de l'alliance russe ». Il envoya donc son cousin, le prince Napoléon, en mission secrète auprès du prince Gortschakoff, en poste à Baden-Baden. Celui-ci s'entremit avec le tsar Nicolas. La réponse fut lente à venir mais concise : « Entre un Romanoff et un Bonaparte, il ne peut y avoir rien de commun. » Trois jours après, la France et l'Angleterre s'étaient serrées la main.

[modifier] Chronologie de la Guerre de Crimée

  • 1774 Catherine II de Russie oblige les Turcs à reconnaître l’indépendance de la Crimée.
  • 1783 La Russie annexe la Crimée.
  • 1851 Rivalité franco-russe à propos des Lieux Saints
  • 1853
    • janvier : Le Tsar Nicolas 1er propose officieusement à l’Angleterre un plan de démembrement de l’Empire Ottoman (mais réserve de **Londres)
    • juillet :Nicolas Ier de Russie prétend vouloir protéger les orthodoxes et les Chrétiens de la Turquie et occupe la Moldavie et la **Valachie
  • 4 octobre : La Turquie attaque la Russie
  • 30 novembre : La flotte turque est anéantie en mer Noire à Sinope
  • 1854

janvier : Anglais et Français entrent en mer Noire février : La Grande-Bretagne et la France demandent à la Russie d’évacuer la Moldavie et la Valachie.

  • mars :
    • 25 : Les deux nations n’obtenant pas de réponses déclarent la guerre à la Russie
    • 27 : Début de la guerre de Crimée
  • septembre :
    • 14 : Débarquement d’Eupatoria
    • 20 : Bataille de l’Alma
    • 26 :Début du siège de Sébastopol
    • 25 octobre : Bataille de Balaklava
    • 5 novembre : Bataille d’Inkermann
  • 1855
    • janvier : le royaume du Piémont-Sardaigne apporte son aide aux Franco-britanniques
    • 8-9 septembre : chute du siège à Sébastopol par la prise de la tour Malakoff par Mac-Mahon.
    • 1856
  • 1er février :signature des préliminaires de Vienne pour la paix
    • 30 mars :congrès de Paris qui aboutit au traité

[modifier] Références

  1. Fulgence Girard, « Sauvetage des navires coulés dans la rade de Sébastopol », Le Monde illustré, 13/03/1858, n°48, p. 173 < lecture en ligne >


[modifier] Bibliographie

  • César LECAT DE BAZANCOURT, L'Expédition de Crimée jusqu'à la prise de Sébastopol Paris Ed Amyot 1856
  • Léon TOLSTOÏ, Récits de Sébastopol,1856
  • Alain GOUTTMAN, La Guerre de Crimée 1853-1856, éd. Perrin, coll.tempus.
  • Hervé BERNARD (son arrière-petit-fils), Amiral Henri Rieunier, Ministre de la Marine, la vie extraordinaire d'un grand marin (1833-1918)
  • Paul Kennedy (trad. M.-A. Cochez, J.-L. Lebrave), Naissance et déclin des grandes puissances (The Rise and Fall of the Great Powers), Payot, coll. « Petite bibl. Payot n°P63 », 1988 (réimpr. 1989, 1991) (ISBN 2-228-88401-4)
  • Jean TULARD, Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995.
  • S. BERSTEIN et P. MILZA, Histoire du XIXe siècle, Hatier, Paris, 1996.
  • Pierre MILZA, Napoléon III, Perrin, Paris, 2004.
  • Jean-Claude YON, Le Second Empire, A. Colin, Paris, 2004.

[modifier] Lien interne

[modifier] Liens externes