Académies talmudiques en Babylonie

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Les académies talmudiques de Babylonie, également appelées les académies gaoniques, bien qu'elles aient été fondé à la période des docteurs du Talmud, quelques siècles plus tôt, étaient le centre de l'éducation juive et du développement de la Loi juive en Mésopotamie d'à peu près 589 EC à 1038 EC (ou, selon les dates hébraïques, de 4349 AM à 4798 AM). Le principal travail de ces académies fut la compilation du Talmud de Babylone, amorcée par Rav Achi et Ravina, les deux dirigeants spirituels de la communauté juive de Babylone, vers l'année 550. Le travail éditorial de leurs successeurs, les Savoraïm, continua sur ce texte pendant les 250 ans qui suivirent, ne s'achevant qu'aux alentours de l'an 700. Les deux académies les plus célèbres étaient localisées à Soura et Poumbedita; la première fut pendant longtemps prédominante, mais son autorité déclina vers la fin de la période gaonique, et le gaonat de Poumbedita prit l'ascendant[1]. D'autres yeshivot étaient également localisées à Nehardea, Mahoza, Mata Mehassia (souvent confondue avec Soura), Firouz Shabour, etc.

Pour les Juifs de la période des Amoraïm et des Gueonim (correspondant à l'antiquité tardive et au haut Moyen Âge), les académies babyloniennes occupèrent la même fonction que l'ancien Sanhédrin, celle d'un concile d'autorités spirituelles juives. Les académies furent fondées en Babylonie pré-islamique, sous la dynastie sassanide zoroastrienne ; elles étaient situées non loin de la capitale sassanide, Ctesiphon, qui était en ce temps la plus grande ville du monde[2]. Elles furent en fonction pendant quatre cent ans sous le califat islamique, après la conquête de la Perse au VIIe siècle.

Pendant la période des Amoraïm, les yeshivot fondées par Rav et Shmouel furent le siège de l'élaboration, la transmission, la compilation et la rédaction du Talmud de Babylone. Les académies de Soura et Poumbedita, dans laquelle a été transféré le collège de Nehardea, sont considérées comme les seuls centres d'étude majeurs, bien que des centres moins importants, généralement périphériques, exercent quelque influence. Elles sont les seules académies à survivre aux persécutions survenues à l'époque des Saboraïm, intermédiaire entre celles des Amoraïm et des Gueonim.

Les académies de Babylone prirent un ascendant considérable sur la vie juive au cours de la période des Gueonim. Ceux-ci, qui dirigeaient les grandes académies de Soura et Poumbedita, étaient généralement considérés comme les dirigeants spirituels de l'ensemble des communautés de la diaspora juive, à l'exception des possessions fatimides contemporaines (l'Égypte et la Syrie), dirigées par la Yeshiva de la terre d'Israël.
Selon l'épître de Sherira Gaon, qui sert de référence pour la période gaonique, le premier gaon de Soura fut Mar Rav Mar, qui en assuma la fonction en 609, et le dernier aurait été Samuel ben Hofni, décédé en 1034 (en réalité, il semble qu'au moins trois gueonim lui aient brièvement succédé, mais à sa mort, l'académie de Soura était déjà fermée) ; le dernier gaon de Poumbedita fut Hizqiah Gaon, déposé et torturé à mort en 1040, selon les sources traditionnelles[3] (bien que les études modernes ne semblent pas les confirmer[4]). Toutefois, il est généralement considéré que la période des Gueonim s'arrête à la mort de Haï Gaon, en 1038, couvrant donc approximativement 450 ans.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] D'Ezra à Juda

Les Juifs de Babylonie ont probablement pris part aux changements et mouvements qu'Ezra et ses successeurs, tous natifs de la Babylonie, ont introduit en terre d'Israël. Cependant, pour les quatre siècles qui séparent Ezra le Scribe (aux environs du cinquième siècle AEC[5]) de Hillel l'Ancien (1er siècle AEC), il n'y a aucun détail éclairant sur l'histoire des Juifs en Babylonie. Les indications données par Flavius Josèphe[6], concernant la période parthe, font état d'une communauté populeuse, comportant des éléments plus notables par leurs faits d'armes que leur érudition. Pour les siècles suivants, de Hillel à son descendant Juda le Prince, qui a vécu environ deux siècles après son ancêtre, quelques maigres renseignements sur l'instruction des Juifs babyloniens apparaissent dans le Talmud.

Sherira Gaon, dont l'épître constitue la principale source sur les écoles babyloniennes, écrit à propos de cette période : « Bien que sans aucun doute, une instruction publique de la Torah ait été dispensée ici en Babylonie, il n'y avait pas, en dehors des exilarques, de directeurs d'écoles reconnus jusqu'à la mort de Rabbi [Juda le Prince][7]. »

Le siège principal du judaïsme babylonien est Nehardea, à l'exception d'une période de persécution suivant la mort d'Anilaïos et Asinaïos ; la ville abrite une très ancienne synagogue, construite selon la tradition à l'époque du roi Joacihin. Rabbi Akiva, émissaire du Sanhédrin, s'y rend à la période précédant la venue de Hadrien, pour discuter d'un point de loi matrimoniale avec Nehemia de Bet Dli, un Sage local[8]. À Huzal, une localité voisine de Nehardea, une synagogue se trouve non loin des ruines de l'académie d'Ezra.
À la même époque, Juda ben Bathyra tient son école à Nisibis, où se réfugieront de nombreux savants palestiniens lors des persécutions romaines.
Croyant le centre d'étude en terre d'Israël détruit, Hanania, le neveu de Yehochoua ben Hanania, reconstruit un centre à Nehar-Peḳod ; des docteurs de la terre d'Israël veilleront cependant à ce qu'il se réduise en importance, afin de ne pas causer de schisme entre la terre d'Israël et Babylone. Ce sont par ailleurs des Babyloniens qui aideront à la reviviscence du centre israélite.

[modifier] Fondation des académies

Parmi ces Juifs babyloniens qui reviennent en terre d'Israël afin de relever ses centres d'études suite aux campagnes et persécutions de Hadrien, se distingue Rabbi Nathan, parent de l'exilarque, nommé à la tête de l'académie de Ousha, qui continue son activité même sous Juda Hanassi (alors que les centres ont été relevés). Un autre Babylonien, Rabbi Hiyya, est l'un des plus importants maîtres à penser de la fin de l'ère des Tannaïm. Un midrash rapporte que Rabbi Hiyya aurait enseigné à son neveu Rav « toutes les règles d'étude de la Torah selon la méthode de Babylonie[9]. »

Le retour de Rav en Babylonie, en l'an 530 de l'avènement des Séleucides (c'est-à-dire en 219 EC), marque une époque, celle du début de la prédominance du judaïsme babylonien dans la vie juive, jusqu'à la mort de Haï Gaon en 1038 EC.
Lorsque Rav arrive à Nehardea, des érudits d'envergure, comme Rav Shila et Shmouel, y enseignent déjà. Laissant à ce dernier l'instruction des Juifs à Nehardea, Rav fonde une nouvelle académie, à 20 parasangs de distance, dans la ville de Soura. C'est ainsi qu'existent en Babylonie deux académies contemporaines, assez éloignées l'une de l'autre pour ne pas interférer dans leurs affaires mutuelles. Rav et Shmouel jouissant tous deux d'une grande réputation et d'un nom moins grand prestige, leurs académies sont considérées comme d'importance et d'influence égales. Les discussions et cours de Rav et Shmouel forment la première strate dans la composition du Talmud de Babylone. La coexistence pendant de nombreuses décennies de ces deux collèges de même rang a créé le phénomène où deux académies talmudiques dirigent la vie spirituelle en Babylonie. Ces académies devinrent, avec quelques légères interruptions, une institution permanente et un facteur de poids dans le développement du judaïsme babylonien.

Lorsqu'Odénat détruit Nehardea en 259 — douze ans après la mort de Rav et cinq après celle de Shmouel — le collège de Nehardea est transféré dans la ville voisine de Poumbedita (actuellement Falloujah), où Juda ben Ezéchiel, plus connu comme Rav Yehouda, disciple de Rav et Shmouel, avait fondé sa propre école. Du tant de son fondateur, et plus encore de celui de ses successeurs, la yeshiva de Poumbedita acquiert une réputation d'acuité intellectuelle et de subtilité, qui dégénère souvent en ergotages[10]. Poumbedita devient donc l'autre pôle de la vie intellectuelle des Juifs babyloniens, et conserve ce rôle jusqu'à la fin de la période gaonique.

Nehardea retrouve sa proéminence avec Amemar, un contemporain de Rav Ashi. Le lustre de Soura (également connue sous le nom d'une ville voisine, Mata Meḥassya, dans laquelle l'académie se situe temporairement, ou par intermittence) est rehaussé par le disciple et successeur de Rav, Rav Houna, sous la direction duquel le nombre d'élèves atteint une importance jamais vue auparavant. À la mort de Rav Houna, en 297, Rav Yehouda, directeur de l'académie de Poumbedita, est également reconnu par les sages de Soura comme leur directeur.

[modifier] Composition du Talmud

[modifier] Notes et références

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 article "ACADEMIES IN BABYLONIA" by Wilhelm Bacher, une publication tombée dans le domaine public.

  1. cf. Louis Ginzberg in Geonica.
  2. Matt T. Rosenberg, Largest Cities Through History, about.com, 2007, New York
  3. I. Singer & S. Mendelssohn, in Jewish Encyclopedia, Hezekiah Gaon
  4. Moshe Gil, Jews in Islamic countries, pp. 111 - 116, éd. Brill, 2004 ISBN:9-00413882-X
  5. Les dates exactes des missions d'Ezra et Néhémie, ainsi que leur relation chronologique, sont incertaines, car chacune est datée en années de règnes du roi achéménide Artaxerxès. Or, plusieurs rois ont porté ce nom, et régné à des périodes très différentes, ce qui peut situer la date de la mission d'Ezra en 458 AEC tout comme en 397 AEC — A. J. Toynbee, A Study of History, vol.12 (1961) Oxford University Press, 1964 pp.484-485 note 2
  6. Flavius Josèphe, Antiquités, Livre XVIII chap. 9
  7. Épître de Rav Sherira Gaon, p.27
  8. Mishna Yebamot 16:6
  9. Bereshit Rabba 33:3, cité par Adin Steinsaltz, Rav, in « Personnages du Talmud, » p. 121
  10. T.B. Baba Metzia 38b

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Principales yeshivot

[modifier] Autres Yeshivot

  • Mata Mehassia
  • Firouz Shabour
  • Naresh
  • Nehar Peqod


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