Thèse mythiste (Jésus non historique)

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Une thèse mythiste est une hypothèse historiographique selon laquelle Jésus de Nazareth n'a pas eu d'existence historique. Ces thèses se développent selon deux argumentations :

  • aucun document probant ou preuve archéologique n'attesterait l’existence de Jésus de Nazareth.
  • de nombreux indices porteraient à croire qu’il est un personnage mythique ou fictif.

Selon certaines de ces théories, Jésus serait un personnage mythologique, haussé à une dimension archétypale, et aurait la même (in)consistance que les personnages décrits par exemple dans le Rameau d'Or de James George Frazer. Les thèses les plus fréquentes le comparent à Mithra, Dionysos, Sol Invictus ou Esculape.

Dans d'autres thèses mythistes, sa personnalité serait le fruit d'une élaboration théologique, ayant pris progressivement une dimension historique à partir du IIe siècle de l'ère chrétienne. On se situe alors à la frontière du mythisme et du cryptisme (thèse selon laquelle Jésus n'a pas été le personnage décrit dans les évangiles)[1]. Dans ce contexte, Jésus devient un personnage conceptuel, instrumentalisé[2] par les premiers chrétiens.

Les thèses mythistes ont toujours été marginales au sein de la recherche historique académique, et elles sont complètement rejetées depuis les années 1930 par les spécialistes universitaires, certains les considérant comme un exemple de méthode hypercritique[3]. Ces thèses continuent néanmoins a être reprises régulièrement par des auteurs en dehors du milieu académique. Selon certains de ses défenseurs[réf. nécessaire], le peu d'écho de la thèse s'expliquerait par l'embargo (théorie du blackout) que les Églises imposeraient sur de telles recherches.

Qu'est-ce que la vérité ?, peinture de Nikolaï Gay.
Qu'est-ce que la vérité ?, peinture de Nikolaï Gay.

Sommaire

[modifier] État de la recherche actuelle

Les premiers travaux historico-critiques sur Jésus ont commencé en 1774 avec la publication des travaux de Reimarus. C'est au XIXe siècle, au cours de ce qu'on a appelé la première quête du Jésus historique, que se sont développés les premières théories mythistes, dans le milieu académique. Dès 1840, Bruno Bauer peut être considéré comme le premier mythiste, dans la lignée de l'école mythologiste de David Strauss.

Mais dans le monde académique, la thèse mythiste semble aujourd'hui une question résolue en faveur de l'existence historique de Jésus. Dès 1933, Charles Guignebert a montré les problèmes méthodologiques[réf. souhaitée] que présente le mythisme :

« Les efforts, souvent érudits et ingénieux des mythologues n'ont gagné à leurs thèses aucun des savants indépendants et désintéressés que rien n'empêcherait de s'incliner devant un fait bien établi et dont l'adhésion aurait eu du sens. L'enthousiasme des incompétents ne compense pas cet échec.»[4]

. Plus récemment Pierre Geoltrain, fondateur de la chaire des origines du christianisme à la Section des sciences religieuses de l'École pratique des Hautes Études a pris position dans le même sens :

" « Nul n'oserait plus, de nos jours, écrire une vie de Jésus comme celles qui virent le jour au XIXe siècle. L'imagination suppléait alors au silence des sources ; on faisait appel à une psychologie de Jésus qui était le plus souvent celle de l'auteur. L'ouvrage d'Albert Schweitzer sur l'histoire des vies de Jésus a mis un terme à ce genre de projet. Quant à l'entreprise inverse, quant aux thèses des mythologues qui, devant les difficultés rencontrées par l'historien, ont pensé les résoudre toutes en expliquant les Évangiles comme un mythe solaire ou un drame sacré purement symbolique, elle ne résiste pas à l'analyse. L'étude des Évangiles permet de dire, non seulement que Jésus a existé, mais encore bien plus.[5]

Le premier aspect des théories mythistes, est qu'il n'existerait aucune preuve fiable de l'existence de Jésus. De fait, aucun auteur non-chrétien du premier siècle ne parle de Jésus : ni les romains Sénèque, Pline l'Ancien et Quintilien, ni le grec Plutarque, ni le juif Philon d'Alexandrie. Cela n'a rien d'étonnant, la crucifixion d'un prédicateur juif ayant rassemblé quelques disciples n'étant pas un évènement notable à l'échelle de l'empire romain. Les seules sources sont les textes chrétiens du Nouveau Testament (les lettres de Paul et surtout les évangiles), écrits plusieurs décennies après la crucifixion de Jésus. Il faut attendre le tournant du premier et du second siècle pour voir apparaître parcimonieusement chez Tacite, Pline le jeune et Suétone les communautés chrétiennes qui commencent à prendre de l'importance. En ce qui concerne Jésus, le témoignage non-chrétien le plus clair et le plus direct est un passage des Antiquités juives (vers 95) de l'historien juif Flavius Josèphe, appelé Testimonium flavianum. Il a depuis longtemps été mis en question, notamment parce qu'il présente Jésus comme le Christ ce qui est étonnant de la part d'un juif pharisien ; il n'y a pas aujourd'hui de consensus parmi les spécialistes entre authenticité, interpolation totale de copistes chrétiens ou interpolation partielle [6].

Pour les chercheurs et spécialistes, les thèses mythistes sont rejetées par des arguments tant externes qu'internes au nouveau Testament [7] :

  • Un premier point est qu'aucun des premiers adversaires, pourtant virulents, des chrétiens, tant côté païen, comme Celse au IIe siècle et Porphyre au IIIe siècle, que côté juif (dans la prière Shemoneh-esreh de la fin du Ie siècle qui maudit les "hérétiques") , ne remet en question l'existence de Jésus.
  • En ce qui concerne les évangiles, le fait que leur rédaction finale au tournant du Ier et du IIe siècle s'est faite dans une période où les chrétiens cherchaient à la fois se distinguer des juifs, et à s'intégrer dans le monde romain, rend peu crédible l'invention de la crucifixion de Jésus, supplice infamant par excellence, et la mention de roi des juifs. Charles Guignebert note ainsi : « Je fais toutes réserves sur les détails du récit évangélique, je ne crois pas possible de douter de l'historicité de la crucifixion » [8]
  • Enfin les incohérences et contradictions entre les textes sont en fait en défaveur d'une création visant à accréditer une fiction[9].

[modifier] Le XVIIIe siècle

Dans la lignée des travaux de Richard Simon et de Jean Astruc apparaissent les premières interrogations sur les paradoxes et les incohérences des textes bibliques,[10], et le questionnement sur la fiabilité historique des évangiles. Des exemples fameux se trouvent dans les articles Christianisme[11] et Évangile[12] du Dictionnaire philosophique de Voltaire. Celui dit avoir « vu quelques disciples de Bolingbroke, plus ingénieux qu'instruits, qui niaient l'existence d'un Jésus »[13], mais pour lui, les incohérences et les invraisemblances des évangiles ne permettent pas de douter raisonnablement de son existence.

Les premiers vrais mythistes, dans la dernière décennie du XVIIIe siècle, Constantin-François Volney (1757-1820) et Charles-François Dupuis (1742 - 1809 ), deux penseurs radicaux radicaux des Lumières, dans la lignée du matérialisme et du sensualisme :

  • Constantin-François Volney, Les Ruines, ou Méditations sur les révolutions des empires, Paris: Desenne, 1791); traduit en anglais dès 1796 : The Ruins, or a Survey of the Revolutions of Empires (New York: Davis, 1796). Selon lui, Jésus est un mythe solaire issu du syncrétisme entre les mythologies perses et babyloniennes.
  • Charles François Dupuis, Origine de tous les cultes (Paris: Chasseriau, 1794); traduction anglaise récente, The Origin of All Religious Worship (New York: Garland, 1984).[14], repris dans un Abrégé de l'origine de tous les cultes, Paris, 1798. Il conjugue l'astronomie et la mythologie et fait des divinités et des leurs légendes des allégories des astres et de leurs mouvements. Ainsi Jésus serait le symbole du soleil et les apôtres les douze signes du zodiaque.

Une réponse parodique à la thèse mythiste de Dupuis fut donnée en 1827, par Jean-Baptiste Pérès, dans son opuscule Comme quoi Napoléon n’a jamais existé [15].

[modifier] Travaux classiques

L'adjectif classique attribué à ces travaux tient au fait qu'ils se développent dans le sillon des travaux historico-critiques inaugurés au milieu du XIXe siècle. Tous se situent dans la lignée de l'école Histoire des religions et quelques-uns d'entre eux forment le courant Dutch Radikal Kritik[16]. Ce dernier courant est essentiellement composé de membres de l'Eglise Réformée hollandaise, d'où leur nom.

Les thèses mythistes sont diverses :

  • elles contestent l'existence historique du personnage Jésus,
  • elles contestent le caractère historique de telle ou telle partie du récit présenté par les quatre évangiles, par exemple :
    • les récits d'enfance, qui n'existent que dans Luc et Matthieu, dont la rédaction s'avérera tardive en regard des textes qu'ils introduisent,
    • les récits de la passion, comme le fait Salomon Reinach ;
      actuellement, l'une des théories du Document Q fait observer que la reconstitution des diverses phases de ce document ne comprend aucun récit de l'évènement.

La méthode préférée du courant mythiste est la méthode du comparatisme structurel. Ce courant avait triomphé dans l'histoire des religions d'avant 1914 et subit autour de 1930 une baisse de régime.[17] On observe que tel récit reprend, apparemment, des éléments présent dans tel ou tel autre mythe et l'on conclut au syncrétisme, à l'emprunt, à l'identité de l'un et l'autre mythe dans le projet de combler les manquants dans la documentation. On en tire la conséquence que si Jésus bénéficie dans les écrits canoniques qui en parlent d'une naissance virginale, d'une conception divine[18], de miracles, alors c'est la même chose et donc, Jésus n'a pas plus d'existence historique qu'Athena ou Mithra.

Manquent à ce raisonnement la preuve des contacts entre les deux corpus de récits, le travail philologique sur les textes, l'herméneutique qu'elle induit. Ce constat n'a rien à voir avec la foi ; il décrit ce qu'était l'état de l'art à l'époque où se développèrent les thèses mythistes. Il faudra attendre l'école de l'histoire des formes [19] pour que ce travail s'accomplisse. Alfred Loisy, avec ces arguments, s'oppose au mythisme[20].

[modifier] Courant académique

La distinction du courant anglo-saxon et du courant francophone est pertinente pour diverses raisons :

  • Les quêtes du Jésus historique furent lancées par des penseurs anglo-saxons et allemands ; la thèse mythiste surgit de l'une d'entre elles ;
  • Dans les écoles francophones, du fait de la Crise moderniste, l'université reprend au tout début du XXe siècle les études sur le christianisme ancien et les divers aspects de la quête du Jésus historique.

[modifier] Dans le monde anglo-saxon

Le courant Radikal Kritik est leader dans ce domaine. L'ensemble des auteurs universitaires cités ci-dessous s'en réclament ou sont réclamés par lui.

Bruno Bauer (1809 – 1882) de langue allemande, et Edwin Johnson (1842-1901), de langue anglaise, sont les deux principaux représentants du courant mythiste académique.

[modifier] Bruno Bauer

Philosophe hégélien et historien, Bruno Bauer s'inscrit dans la lignée de David Strauss [21]qu'il critique dès son premier ouvrage sur la question :

  • Kritik der evangelischen Geschichte des Johannes (1840), sur l'évangile de Jean.
  • Kritik der evangelischen Geschichte der Synoptiker (1841), sur les synoptiques.

Selon Bauer, le véritable fondateur du christianisme est un juif alexandrin, Philon d'Alexandrie qui adapte les idées juives au monde héllenistique et à son mode de pensée philosophique.

Le travail de Bauer sur l'évangile selon Marc a été largement reçu et/ou discuté par des continuateurs récents.

Gerardus Bolland continue le travail de Bauer et considère que le fondateur du christianisme est Titus le fils de Vespasien. Il restaure la priorité matthéenne : pour lui, cet évangile représente la judeochristiansisation d'un évangile gnostique, tel celui des Egyptiens dont parle Hyppolyos. Le point central de l'évangile est, à ses yeux, la parabole du semeur, jetant ses semences sur des terrains variés avec des résultats tout aussi variés. La semence est assimilée au discours stoïcien.

[modifier] A. D. Loman

A. D. Loman, chargé de cours de 1856 à 1893 au Séminaire luthérien d'Amsterdam, puis à l'université d'Amsterdam. Pour Loman, les épisodes de la vie de Jésus, tel le Sermon sur la Montagne, sont des fictions écrites a posteriori pour justifier des tendances libérales qui se seraient fait jour dans le judaïsme du Ier siècle.

[modifier] Edwin Johnson
  • Son livre : Antiqua Mater: a Study of Christian Origins, 1887.
  • Sa thèse : Edwin Johnson considère que le Christianisme émerge d'ue combinaison des tendances libérales du judaïsme du Ier siècle et du gnosticisme. Cet ouvrage connut une mauvaise critique[22] de la part de W.C. Von Mannen pourtant l'un des fondateurs du RadikalKritique.

[modifier] Arthur Drews

Arthur Drews (prononcer "drefs") (1865-1935) est un philosophe allemand sympathisant du mouvement des "Chrétiens Allemands", inféodés au nazisme ("Deutsche Religion" 1934)

  • Son livre : Die Christusmythe. Jena 1909, et Die Christusmythe. Zweiter Teil. Die Zeugnisse für die Geschichtlichkeit Jesu. Eine Antwort an die Schriftgelehrten mit besonderer Berücksichtigung der theologischen Methode. Jena 1911.
  • Sa thèse : Il discute de l'existence d'un Jésus historique argumentant qu'il est le produit des mythes et des idées apocalyptiques de son époque. Albert Schweitzer consacre tout un chapitre à sa théorie.

L'auteur mythiste ayant eu le plus d'influence semble être Arthur Drews ; il inspire Prosper Alfaric. Outre les thèses situant l'origine du chritianisme dans la fusion d'idées gnostiques et de la philosophie héllensitiue, Drews ajoute une perspective comparatiste structurelle tout à fait frazerienne.[23]. De nos jours, le Christ Myth de Drews fait encore l'objet de débats dans les pays de langue anglaise ; ces débats font système avec le radicalisme évangélique. Des traductions anglaises sont toujours diffusées.

[modifier] Dans le monde francophone

Dans le monde francophone[24], ce courant a été dominé par les travaux de :

[modifier] Salomon Reinach
Son livre 

Orpheus[26]

Son concept 

Il ne soutient pas directement la thèse de la non-historicité, mais le peu de valeur documentaire des évangiles ; d'une certaine façon, il tient pour bonne la compréhension docète du personnage en se basant sur les épîtres de Paul dont il ne parvient pas à accepter que toutes soit inauthentiques. Il insiste sur trois éléments qui lui semblent capitaux; À propos de la curiosité de Tibère ; Bossuet et l'argument des prophéties ; Simon de Cyrène; Une source biblique du Docétisme:

  • le silence des historiens autres que les rédacteurs chrétiens des évangiles,
  • l'absence de rapport de Ponce Pilate à l'attention de Tibère dans une civilisation aussi administrative que l'empire romain ;
  • le récit de la passion reprend et développe la prophétie du psaume 22[27].[28] Ce serait donc une appropriation et une imitation du psaume. Cette imitation serait à l'origine de la pensée docète.

Ce livre ouvrit une polémique que la presse du temps nomma De Bello Orphico. Reinach avait réussi à réunir contre lui des historiens et exégètes de toutes tendances , depuis le catholique Lagrange o.p. jusqu'à Charles Guignebert, historien réputé athée[29]. Le motif de la polémique est l'usage du comparatisme structurel au moment même où Alfred Loisy et quelques autres historiens progressistes sont en train de mettre au point le comparatisme fonctionnel.

[modifier] Paul-Louis Couchoud

Paul-Louis Couchoud commence par donner des conférences et des discussions informelles à "l'Union pour la Vérité" entre janvier et avril 1924, puis certaines d'entre elles paraissent sous forme d'articles au Mercure de France sous le titre Le Mystère de Jésus. Au fil des discussions, entre autres avec Maurice Goguel, son meilleur opposant, Paul-Louis Couchoud fait évoluer ses thèses et les affine. Ses points de départ sont que le seul témoignage qui vaille est celui de Paul de Tarse et que la conception docète du christianisme serait l'orthodoxie si Paul est le véritable fondateur du christianisme.

La théorie de Paul-Louis Couchoud présente une évolution au fil des discussions qu'il entretient avec le monde intellectuel et de ses divers engagements.

  • Première version
Selon Couchoud, la méthode selon laquelle les historiens de son époque, d'Ernest Renan à Alfred Loisy, tentent de comprendre le personnage de Jésus et la genèse du christianisme est soumise à deux écueils principaux :
  • le premier est qu'il est inconcevable qu'en une génération ou moins un homme soit déifié ;
  • le second tient au fait que, du point de vue historique, Jésus échappe à l'historien faute de documentation suffisante. Testimonium Flavianum, douteux, est pour lui entièrement interpolé. Tout ce qui, dans le Talmud, concerne Jésus dépend du christianisme. Des trois « témoignages » païens, l'un, celui de Suétone ne connaît qu'un agitateur juif du nom de Chrestos et les deux autres, Pline le Jeune et Tacite attestent seulement de l'existence d'un mouvement chrétien et, pour ce qui est de l'origine de ce mouvement, ils répètent ce qu'en disent les chrétiens.

Pour Paul-Louis Couchoud, le Christ dont parle Paul n'est pas un être historique, mais un personnage idéal au sens platonicien du terme. Couchoud a une compréhension des valeurs du christianisme et de l'influence de la « croyance en Jésus » qui le distinguent des autres théoriciens. Selon Goguel, Couchoud n'assume pas une thèse mythiste, mais une thèse spiritualiste.

  • Dernière version
Dans la dernière version, qui est une maturation de la précédente sans rupture réelle, Couchoud considère que « le Christ » tel que le présente la littérature paulinienne n'est pas une incarnation de YHWH, le Dieu de « toujours » du peuple juif, mais un nouveau dieu qui s'intègre dans le panthéon des « cultes orientaux ». La thèse mythiste devient la suivante : Jésus n'est pas un homme divinisé mais le dieu d'un culte à mystères humanisé par le récit qui en est fait. C'est là qu'il rejoint la conception docète du christianisme qui est l'un des gnosticismes.
  • Réception
La thèse de Paul-Louis Couchoud fut exposée successivement dans un article publié en 1924 dans le Mercure de France et suivie de conférences à l'Union pour la Vérité de janvier à avril 1924. L'Union pour la Vérité [30] était une institution culturelle à la recherche d'une sociabilité intellectuelle dans la bourgeoisie catholique et moderniste. Il se trouve deux interlocuteurs de choix dans Maurice Goguel et le père Léonce de Grandmaison.
Elle est rassemblée dans le Mystère de Jésus, augmentée de 3 chapitres dans lesquels Couchoud tente de démontrer que l'étude de l'Apocalypse et des épîtres non-pauliniennes confirment ses vues tirées des épîtres pauliniennes. L'ensemble est publié au Mercure de France en mars 1924.
Maurice Goguel publie un tour d'horizon des thèses mythistes Jésus de Nazareth : Mythe ou Histoire ?[31].
  • Postérité
Si une bonne partie des critiques faites par Goguel à Couchoud sont justifiées (par exemple, qu'elle est fondée sur entre autres une philosophie des religions, et non sur les textes et données disponibles, ce qui limite les possibilités de réponse), une partie de la réflexion de Couchoud a toutefois trouvé une postérité, ce qui fait son intérêt. Entre autres, Le livre de Couchoud, le Mystère Jésus a été traduit en anglais ; il a donc une filiation parmi les mythistes américains alors même qu'il s'inspirait de Robertson (Cf. ci-dessus)
D'une part, plus personne ne tente de recréer une Vie de Jésus comme le fit Strauss. Au contraire, on confronte les éléments du récit des évangiles à l'histoire de la Syrie-Palestine au Ier siècle et celle du judaïsme du second temple au premier siècle, pour évaluer la possibilité de tel ou tel évènement, voir le « réalisme » de tel ou tel évènement. Cela se nomme la contextualisation ou encore le Sitz im Leben selon les écoles. On aboutit donc à des « portraits en creux ».
Voir article spécialisé 2 aspects du Sitz im Leben

Les points suivants ont trouvé une postérité :

  • l'idée du « dieu analogue à ceux des cultes à mystère » La postérité n'est pas directe mais l'idée demeure à deux endroits :
    • le récit de l'institution de la Cène/Eucharistie n'est pas un récit de seder Pessah mais ressemble en bien des endroits à des récits de partage de nourriture dans certains cultes à mystère ;
    • il est un mythe que Margaret Barker — spécialiste du symbolisme du Premier Temple — rappelle dans ses travaux : celui d'Ashera, la Reine du Ciel (symbolisée, entre autres, par un arbre dont la menorah serait la survivance), une ancienne déité, mère de nombreux « fils d'El », vénérée ouvertement par Israël jusqu'à la réforme du VIIe siècle avant l'ère courante (réforme de Josias). La thèse générale de Barker est que avec le christianisme apparaît une reconfiguration de thèmes appartenant à la théologie du Premier Temple, et ayant survécu en marge de la théologie officielle d'État. Selon la théologie du Premier Temple, YHWH est le plus important des fils qu'Asherah donna à El. Certains "chrétiens" en vinrent très tôt à identifier Jésus à YHWH, le fils d'El, et à comprendre le rapport de Jésus à Marie, comme celui de Yahweh à Asherah. Le binitarisme juif précéda le christianisme trinitaire ;
    • le trinitarisme, s'il n'est pas juif dans la version élaborée au IVe siècle qui nous est parvenue, a néanmoins des racines juives. Tout dépend de ce que l'on entend par « juif ». Si on réduit l'expression à l'expérience juive officielle, i.e. au judaïsme dominant depuis la période du Second Temple, celui de la Torah orale, il est clair que le monothéisme monolithique est la règle. Cependant, si l'on regarde « dans les marges », à l'exemple de Daniel Boyarin,[32] il devient tout aussi clair que le monothéisme monolithique n'était pas la seule interprétation possible du monothéisme juif. Aujourd'hui, les historiens commencent à parler de binitarisme. Ce qui les oblige aussi à parler de monothéismes au pluriel.

[modifier] Prosper Alfaric
article détaillé : Prosper Alfaric

En fin de carrière, suite à un débat fort discuté, Prosper Alfaric fut élu à la chaire d'histoire des religions de l'université de Strasbourg. Comme ses confrères anglo-saxons soutenant la thèse mythiste, il s'agit donc d'un universitaire et c'est le seul dans le monde francophone.

[modifier] La thèse

Pour Alfaric, les quelques textes d'auteurs non-chrétiens qui évoquent Jésus-Christ sont interpolés par les chrétiens. Il s'appuie sur l'absence de toute mention de Jésus chez certains auteurs anciens. En particulier, il signale l'histoire des rois juifs de Juste de Tibériade, récit dans lequel la vie de Jésus aurait dû trouver une place. L'œuvre de Juste a disparu, mais Photios la lit au IXe siècle de l'ère commune et s'étonne de rien trouver concernant « la venue du Christ, les évènements de sa vie, les miracles qu'il fit ». Il remarque en outre que Jésus est tout semblable aux dieux des cultes à mystères, Isis ou Mithra.

Dès la découverte des grottes de Qumran, alors même que rien n'est encore publié, Prosper Alfaric soutiendra l'origine essénienne du christianisme.

[modifier] Les publications

De son vivant, Alfaric n'a publié ses articles sur ce thème que dans des bulletins paroissiaux comme le bulletin du cercle Ernest Renan et les cahiers de l'Union Rationaliste[33] alors que sa fonction aurait pu lui permettre d'accéder à des revues universitaires comme la Revue historique de Gabriel Monod ou dans la Revue d'Histoire des religions d'Émile Guimet. L'intérêt de l'auteur étant de publier dans des revues de validation, on peut penser que cette abstention est due à un refus des comités de lecture des revues universitaires.

Au temps d'Alfaric, la critique philologique a trouvé son plein développement, surtout en Allemagne où il a étudié. Le lecteur s'étonnera donc qu'il ne fournisse aucun élément textuel susceptible d'expliquer où le texte original et la glose s'enchevillent l'un l'autre, chez les auteurs anciens[34].

L'histoire culturelle n'a pas encore trouvé son plein développement. Alfaric ne peut donc comprendre l'étonnement de Photios à partir du milieu où vit celui-ci ; pour Photios, la tradition est un donné qui ne souffre aucune discussion [35] : dans cette perspective pré-moderne, la considération dont jouit le Christ ne saurait être différente de celle dont il jouissait de son vivant.

De même, Alfaric confond volontiers Jésus, qui pourrait être un candidat Messie du Ie siècle et le Christ, qui est la version christianisée du Messie à partir d'une réinterprétation de la pensée juive. Ces deux conceptions du Messie n'ont plus le même sens au moins depuis le IVe siècle, a fortiori au temps d'Alfaric.

[modifier] Réception

Sa postérité est considérable. Alfaric est à l'origine de toutes les théories mythistes contemporaines et autodidactes.

Toutes les théories mythistes descendent peu ou prou des thèses d'Alfaric, en particulier celles qui reposent sur une similarité avec Mithra, Sol Invictus, Sérapis. La plupart du temps, les thèses produites par des autodidactes (voir ci-dessous) paraphrasent les articles d'Alfaric. Alfaric lui-même avait fini d'élaborer sa conception dès 1934 ; il la répéta jusqu'à sa mort sans rien lui ajouter.

Un point curieux est l'attitude de Charles Guignebert vis-à-vis d'Alfaric. Charles Guignebert[36] s'affichait libre-penseur et ne nourrissait, au dire de Maurice Goguel, aucune sympathie pour le Jésus qu'il étudiait ; il n'en était pas moins grand adversaire des mythistes.

Par ailleurs, Guignebert ne cesse de pourfendre Couchoud, qu'il traite d'amateur, capable de soulever seulement « l'enthousiasme des incompétents », mais jamais il n'écrit le nom d'Alfaric et ne cite le moindre de ses ouvrages, même pour le réfuter. On peut expliquer cette attitude par le fait qu'au lendemain de la Première Guerre mondiale la nomination d'Alfaric à la chaire d'histoire des religions de l'université de Strasbourg avait fait scandale chez les catholiques comme chez les protestants[37] ; Guignebert et Loisy étaient alors intervenus chaleureusement en sa faveur, sans se douter qu'en 1932 il publierait son livre Jésus a-t-il existé ? Il leur était donc très difficile de contester la compétence de celui qu'ils avaient parrainé : ils ne pouvaient que se réfugier dans le silence.


[modifier] Thèses non académiques

Ce sujet attire de nombreux autodidactes dont certains se prétendent des chercheurs indépendants sans a priori religieux, alors que d'autres sont issus du courant anticlérical, et quelques-uns sont issus des courants athées militants. Par non académique, on signale que la caractéristique de ces thèses tient à ce qu'elles sont peu, voir pas du tout, reprises dans les bibliographies des livres qui font autorité dans le domaine. Elles ne sont pas approfondies par la communauté savante qui les considère réfutées[38]. On peut penser que cet attrait comme ce sentiment de faire du neuf, de l'inouï (alors qu'il n'en est rien) tient à la longue occultation qui recouvrit la crise moderniste[39] comme au fait que les sciences religieuses soient des sciences qu'on pratique dans les laboratoires de recherche mais qu'on n'enseigne pas avant les études universitaires.

Dans l'ensemble, ces thèses se caractérisent par des faiblesses de méthode : elles prennent, le plus souvent, pour hypothèse l’inexistence historique de Jésus.[40] De ce fait, certaines de leurs affirmations vont contre l’état de l'art au moment de la parution des ouvrages. La consultation de leurs bibliographies montre que ces thèses font fi des recherches universitaires comme des travaux sur les textes. Le peu de célébrité de l'ouvrage du sociologue Maurice Halbwachs, "Topographie légendaire des Evangiles" (1941), confirmerait cette impression.

La pétition de principe est la caractéristique de l'apologie, analogue aux ouvrages de piété, e.g. disant que les évangiles rapportent des évènements historiques... Les mythistes amateurs reproduisent cette démarche anti-scientifique.

Les militants de l'athéisme radical contemporains utilisent fréquemment le jeu des hypothèses présidant aux travaux de la deuxième quête du Jésus historique pour des objectifs prosélytes sans nécessairement connaître ni les méthodes des travaux qui ont conduit à ses résultats et, le plus souvent sans retenir les conclusions de ceux-ci. Par exemple :

  • Les « preuves » dites de l’inexistence de Jésus sont fondées sur des contradictions entre les divers évangiles. Ce type de sites, très répandu dans le courant athée francophone ignore radicalement que ces contradictions sont étudiées par le problème synoptique, un classique de la recherche académique.

On note, en effet, des couches rédactionnelles dans le genre littéraire arétalogie dont on tire la conclusion que nombre de récits sur la vie de Jésus ne doivent pas être nécessairement compris comme historiques au sens où nous comprenons l'histoire de nos jours. Ils peuvent représenter un simple réalisme poétique ; élucider ce symbolisme éventuel peut donner accès à une vérité anthropologique.

  • Un autre cheval de bataille est ce passage de Flavius Josèphe parlant de Christ qualifié d'interpolation alors que les débats académiques sont bien plus divers et bien plus nuancés.

[modifier] En francophonie

[modifier] Courant ésotérique

Les idées d'Arthur Heulhard et Daniel Massé ont toujours fait sourire les spécialistes du genre. À leur propos, Maurice Goguel déclare : En France, si l'on excepte quelques polémistes dont les travaux tiennent plus du roman que de l'enquête (page 25). Leur éditeur sut les populariser auprès d'un large public avide de mystères et de scandales. Il est aussi l'auteur de la légende selon laquelle l'Église (comprendre l'Église catholique apostolique et romaine) aurait tenté de faire disparaître autant que possible les ouvrages de Daniel Massé.

Une autre tendance du même groupe, plus récente, est celle de la redécouverte des savoirs oubliés dans laquelle s'inscrit Bernard Dubourg. S'y ajoute un aspect polémique (la fainéantise des chercheurs est une explication qui revient régulièrement sous sa plume) et l'adhésion à une croyance traditionnelle que le calcul guématrique tel qu'il apparut au 13ème siècle, existerait depuis l'antiquité.

[modifier] Robert Ambelain

Robert Ambelain Franc-maçon dans une obédience athée, Ésotériste et fondateur entre les 2 guerres de l'AROT, association pour la renaissance de l'occultisme traditionnel : il publie en 1970 :

Jésus ou le mortel secret des templiers, Robert Laffont ;
Les lourds secrets du Golgotha ;
La Vie secrète de saint Paul.

Quoique n'étant pas mythiste, le Da Vinci Code trouve une partie de ses condiments dans les éléments de ce genre : complot, sectes et initiés, secret, empêchement de l'Église catholique, etc.

[modifier] Arthur Heulhard
  • Ses livres :
    • Le Mensonge chrétien, Jésus-Christ n'a pas existé, Paris, 1908-10, II vol
    • La Vérité Barabbas, Le mensonge Jésus ; Tu es Petrus, l'histoire et la légende, Paris, 1913-14
  • Sa thèse :
    • c'est Jean-Baptiste qui se proclame Christ' et Fils du Père ;
    • c'est BarAbbas (dont la traduction du nom donne « fils du Père », de Bar = fils en araméen et Abbas, père en hébreu comme en araméen doté d'un génitif grec) qui fut crucifié au Golgotha par Pilate pour ses crimes publics comme assassinat, vol et trahison. Dans leurs récits, les évangélistes substituèrent Jésus, un personnage sans existence autre que fictive, à BarAbbas, afin d'exploiter lucrativement la rédemption des péchés par le moyen du baptême. Le statut d'une victime innocente, auquel BarAbbas ne pouvait prétendre, rendait nécessaire la création d'un tel personnage fictif. C'est donc BarAbbas que l'Église romaine adore[41].

[modifier] Bernard Dubourg
Ses livres 
  1. L’invention de Jésus, tome I : L’hébreu du Nouveau Testament, L’Infini, 1987,
  2. L’invention de Jésus, tome II : La fabrication du Nouveau Testament, L’Infini, 1989.
Son concept 

L'essentiel de sa thèse publiée dans les années 1980 tient en trois points :

  • La critique de la Bible n'est pas faite "par la seule fainéantise des chercheurs et leur soumission aux Eglises, (sic) ",[42] affirmation qui semblera bizarre aux lecteurs de Emile Poulat, historien de la crise moderniste qui signale que le plus stupéfiant, pour la période qui va du début du siècle jusqu'à Vatican II, est le nombre de publications relevant de ce sujet[43]
  • Un silence absolu s'est étendu sur les origines juives du christianisme, [44]
  • La seule voie cohérente d'étude du Nouveau Testament passe par le calcul guématrique et les renvois qu'il procure au travers de la Bible[45]

Il apparaît donc que deux de ses trois ponts appartiennent aux thèses anticléricales classiques ; seul le troisième est original.

Réception 

Publié par la collection L'Infini de Gallimard [46], L’Invention de Jésus n'a obtenu aucune réception dans le milieu académique et n'a pas été traduit, pas plus que les thèses de Dubourg n'ont été ni commentées, reprises ou critiquées par les spécialistes des études bibliques, tant profanes que religieux [47]. Elles se heurtent au consensus universitaire sur l'analyse philologique et historique des textes du Nouveau Testament, ainsi que sur l'histoire de leur composition et celle des premières communautés chrétiennes.

Icône de détail Article détaillé : Bernard Dubourg.

[modifier] Courant anticlérical

Dans l'ensemble le courant anti-clérical a plus d'un point commun avec les amateurs que fustigeait Guignebert. Contrairement aux chercheurs académiques, les amateurs ne partent pas des textes anciens mais de traductions des évangiles et, plus largement, du nouveau Testament en français. Ils prennent pour hypothèse la théorie qu'ils veulent démontrer et tentent de rassembler autour d'elle les éléments susceptibles de l'appuyer. Au contraire, les universitaires aboutirent à élaborer les diverses théories composant les "Quêtes du Jésus historique" non en préjugeant que Jésus de Nazareth pouvait être un personnage historique mais en confrontant les textes évangéliques des divers manuscrits disponibles entre eux, en les confrontant à la grammaire et à leur vocabulaire (philologie) et en les confrontant à l'histoire globale du temps. Les quêtes furent un sous-produit du problème synoptiqueet non un pré-supposé. Les militants anti-cléricaux amateurs adoptent la démarche inverse.

Ce problème synoptique désigne un courant de recherche qui tente de trouver la source, l'origine et les raisons [48]des contradictions entre les évangiles. Les diverses pistes offrant des solutions au problème synoptique montrent que chacun des évangiles fut écrit pour être « le seul vrai récit » et qu'il ne s'agit pas d'histoire au sens scientifique qui s'est établi depuis le XIXe siècle.

[modifier] Daniel Massé

Suivant des membres du courant contre les religions, Massé était surtout un plagiaire du précédent pour la plus grande partie de son œuvre concernant le mythe Jésus ; il fut bien soutenu par son éditeur, qui, selon les mêmes sources, alla jusqu'à écrire quelques-uns de ses livres afin d'obtenir un succès de scandale.

  • son concept

Juriste, il se présenta en son temps comme le découvreur d'un formidable secret jusque-là jalousement gardé : Jésus n'était autre qu'un bandit rebelle dénommé Judas de Gamala.

  • ses livres parus aux éditions du Sphinx, vers 1920

[modifier] Polémistes et anticléricaux

Parmi les auteurs ayant défendu la thèse mythique, on peut également citer Georges Las Vergnas, Guy Fau et Georges Ory. Pour les deux derniers auteurs, membres de l'Union rationaliste, la propagation de la thèse mythiste est une action militante, conforme à la doctrine officielle de l'Union rationaliste, arêtée en 1930[50].

Dans La Fable de Jésus-Christ (1964). un livre "autoédité", ce qui signifie qu'il n'a pas trouvé d'éditeur, Guy Fau y reprend les arguments de Prosper Alfaric. Il retient essentiellement les arguments issus du comparatisme structurel (Mithra, Osiris, Serapis) et l'origine essenienne du Christianisme. Il omet l'argument le plus fort, celui de l'étonnement de Photius. Ces arguments traditionnels du mythisme ont été réfutés par Charles Guignebert, alors titulaire de la chaire d'histoire du Christianisme à Paris Sorbonne, auteur athée sans sympathie particulière pour son sujet, en 1933[51].

[modifier] Michel Onfray

La thèse mythiste et la quête du Jésus historique ont partie liée, ne serait-ce que parce que l'une naît de l'autre. Elle est récemment soutenue par Raoul Vaneigem[52], Michel Onfray[53] parmi les mythistes du courant athée mais l'idée plus générale que les origines du christianisme ne sont pas étudiées de façon académique est répandue dans les cercles athées francophones qu'ils soient ou non mythistes. On rencontre aussi, dans d'autres cercles, l'idée que certains aspects des origines du christianisme seraient déniés ou rejetés pour des raisons d'antisémitisme avoué ou larvé.[54].

Michel Onfray appartient autant au courant anticlérical qu'au courant académique. Il n'a pas de thèse propre mais soutient celle de Couchoud et celle d'Alfaric. Toutefois, son type d'argumentation le situe dans le courant anticlérical historique, en cela que, contrairement à Doherty, il n'a pas actualisé son argumentation [55].

Dans la Contre-Histoire de la Philosophie, Michel Onfray défend la thèse mythiste. Cependant, les critiques, comme Foessel, cité plus bas, [56] regrette que le "Sitz il Leben" ne soit ni évoqué ni retenu, alors que, pour les pré-socratiques, il y prête une grande attention. Sa préface à la réédition des articles d'Alfaric dresse un portrait d'Alfaric sans s'interroger sur les raisons qui font que les articles, désormais réunis en un volume, ne parurent jamais dans une revue académique ; il ne mentionne pas les points d'avancées de l'histoire de l'Antiquité tardive comme de l'exégèse contemporaine en regard des thèses d'Alfaric.

Dans son Précis d'athéologie, il présente la thèse de Paul-Louis Couchoud[57]. Il fait l'impasse sur les débats du XIXe siècle dans lequel s'insère la thèse de Couchoud à laquelle il se range[58]

[modifier] Milieux athées

Paul-Éric Blanrue [4]

[modifier] Dans le monde anglo-saxon

[modifier] John M. Robertson

Il s'apparente au courant "Histoire des religions".

Ses livres 
  • Christianity and Mythology, Londres, 1900, 1910;
  • Short History of Christianity, Londres, 1902;
  • Pagan Christs, Studies in Comparative Theology, Londres, 1902-11;
  • The Jesus Problem—Restatement of the Myth Theory, Londres, 1917.
Son concept 
(dans Pagan Christs)

Apollonius de Tyane est le seul personnage messianique dont le caractère authentiquement historique est admis par l'auteur. Le problème le plus grave tient à la méthode comparatiste et au défaut de ses qualités. Par exemple, l'auteur présuppose que de nombreux enseignements du Moyen-Orient et leurs prophètes (et ou messies) viennent originellement d'Inde. Ceci n'a été confirmé que pour les Gymnosophistes d'Égypte qui pourraient bien être des yogis.

L'idée que l'auteur se fait du Bouddha, selon lui certainement un messie, est intéressante mais externe à la conception même du bouddhisme. Bouddha ne se proclame jamais un messie ; il déclare juste avoir atteint l'illumination. L'auteur tente aussi de trouver des racines asiatiques aux religions du Nouveau Monde ; mais sa méthode comparatiste, embryonnaire à l'époque, peut partir de n'importe quel indice, par exemple un zodiaque répartissant en 4 zones un ensemble de 12 symboles qualifié de "remarquable".

[modifier] Earl Doherty

Earl Doherty s'inscrit dans la lignée de Paul-Louis Couchoud dont le livre Le Mystère de Jésus,[59] fut traduit en anglais[60] comme en témoigne les titres des ouvrages de plusieurs mythistes récents qui tourne autour de Jesus Mystery.

Les éléments qui constituent la pertinence de la thèse mythiste selon Earl Doherty[61] On peut consulter son site en ligne [62] tiennent :

  • à la méthodologie : la thèse qu'il développe prend en compte les recherches antérieures contrairement aux thèses autodidactes, parfois farfelues. Il discute à partir des problématiques issues du problème synoptique, du corpus johannique et du corpus paulinien.
  • au débat qu'il organise autour de sa théorie. Depuis 1999[63], le groupe de discussion Jesus Mysteries a été créé à l'instigation de Doherty et de quelques universitaires pour envisager toutes les faiblesses de la thèse de Doherty et, si possible, la mettre à bas. Au départ, le groupe était ouvert à un certain nombre de professeurs dans les Divinity Schools (athées ou croyants), à leurs étudiants et à un groupe d'athées américains réunis sous la bannière de Infidels.org . Avec la notoriété, le groupe de discussion a accueilli des inscriptions plus diverses, ne disposant pas forcément du même pré-requis universitaire ; de ce fait, d'un groupe de critique confraternelle, la liste est devenue une liste d'initiation aux thèses mythistes, et cela conduit à de fréquentes rédites.

Toutefois, certaines erreurs de lecture du grec, par exemple sur Kata sarka, affaiblissent l'intérêt de son travail. Contrairement à ce qu'affirme Doherty, le sens du mot sarx, que l'on trouve dans les épîtres diversement décliné (kata sarka, en sarki, etc.), fait référence à une vie terrestre, y compris lorsqu'il est appliqué à Jésus. Pour prouver le contraire, il faudrait appuyer la démonstration sur des documents de l'antiquité dans lesquels le mot sarx serait clairement utilisé pour qualifier un personnage céleste. La seule occurrence se trouve dans la lettre de Jude, laquelle est postérieure aux lettres de Paul (suivant l'avis majoritaire bien que les lettres de Paul soient inconnues avant Marcion en 144). Ce n'est pas en lisant cette lettre de Jude que Paul a pris l'habitude de dire "kata sarka" pour désigner les anges.

[modifier] Tom Harpur

  • Son livre Le Christ païen, Fayard, 2005. On remarquera la grande proximité avec le titre de l'œuvre de Robertson.
  • Son concept : Harpur n'est pas mythiste à proprement parler. Il serait plutôt cryptiste. Il met l'accent sur le caractère païen du Christ (à différencier du Jésus de l'histoire pour reprendre l'expression de Strauss). En quelque sorte, il reprend la thèse de Reinach.

[modifier] Courant polémique

[modifier] Jesus Mysteries
  • Le livre : Timothy Freke et Peter Gandy, Jesus Mysteries. Ces deux auteurs sont membres de l'association Infidels.org qui regroupe les athées américains, lesquels sont d'ordinaire mieux inspirés, à la fois plus critiques et mieux documentés que les athées francophones.
  • Le concept : Le livre Jesus Mysteries de Gandy et Freke a fait un succès de librairie tout comme le Précis d’athéologie de Onfray. Une émission de télévision en fut tirée et présentée récemment aux téléspectateurs européens et francophones sur la chaîne Planète.

Le concept de base, issu de l'école "histoire des religions", laquelle pratiquait un comparatisme structurel, est que Jésus est un personnage de fictions mélangées en un seul homme présenté comme l'origine du Christianisme. Plusieurs personnages furent synthétisés en un, pour la plupart issus du mythe solaire, reflété par les histoires de déités populaires dans l'empire romain telles Mithra, Hercule, Dionysos. En réalité, l'histoire de Jésus dépeinte dans les évangiles est quasiment identique à celle des précédents « dieux sauveurs » tel Horus. Le comparatisme structurel( déjà critiqué comme méthode par Charles Guignebert en 1933, dans son Jésus[64] a été abandonné par l'université vers 1955 comme non productif au profit du comparatisme fonctionnel[65]

L'émission présentait un mélange disparate de faits avérés, de demi-vérités, de contre-vérités le tout sur un mode pseudo-scientifique censé garantir la pertinence des propos. Il apparaît que l'émission, en version doublée, si elle est fidèle au livre, entendait d'abord s'en prendre au corpus des doctrines commun aux églises évangéliques plutôt que de travailler sur les textes du Nouveau Testament recoupés à la lumière de la littérature qui lui est contemporaine comme la critique le pratique de nos jours.

En vrac, furent abordés en un survol de quelques aspects choisis :

  • le sarcophage présumé de "Jacques, frère de Jésus" (on a prouvé depuis qu'il s'agissait d'un faux dû à un aventurier contemporain qui n'en était pas à son premier méfait) ;
  • la persistance de certaines Églises à vouloir entendre "frère(s) de Jésus" au sens biologique restreint contemporain. Même un court détour dans le monde moyen-oriental contemporain suffit pour constater que les cousins (voire même les amis proches) y sont appelés "frères". Nulle part ne sont évoqué les débats autour des désignations de la parenté, (fils du frère de ma mère qui outre le niveau de parenté reflète le rang dans la tribu ou la famille élargie) non plus que de l'énoncé de l'identité (patronymique) ;
  • l'aspect "individualiste" présumé de l'adhésion au gnosticisme : sauf, éventuellement, l'initiation individuelle, la participation active au courant de la gnose est, le plus souvent, collectif, fut opposée à l'embrigadement grégaire supposé de l'adhésion au christianisme. L'opposition supposée entre une libre adhésion à la gnose (qui comportait cependant des aspects très dogmatiques, à l'instar de la franc-maçonnerie actuelle) et celle, contraignante, au courant officiel chrétien. Les auteurs ne s'interrogent pas sur l'époque à laquelle ledit courant devint officiel non plus que sur les rapports proprement politiques entre orthodoxies et hérésies ;
  • l'affirmation selon laquelle l'idée (qui donnera lieu à la doctrine) de la maternité virginale de Marie ne remonterait qu'au XVIIe ou au XVIIIe siècle, alors que la maternité virginale est un mythème contenu régulièrement dans les récits de vie de héros ;
  • l'occultation des courants mystiques qui ont, de tout temps, traversé la tradition juive comme les traditions chrétiennes ;
  • une interprétation hâtive et caricaturale de certains thèmes antiques (aspects du culte de Mithra, d'Osiris, d'Adonis, d'Athys, du Berger, du Soleil vainqueur, etc.) repris dans l'iconographie chrétienne, en gommant les spécificités de cette "récupération" dans le contexte chrétien.

La caution scientifique d'Elaine Pagels, historienne et féministe, était apportée à l'émission. D'ordinaire mieux inspirée, cette spécialiste de Paul de Tarse se fit piéger par le journaliste, pourtant sympathisant des thèses de Freke et Gandy, quand, répondant à sa question sur la date de la doctrine de l'Immaculée Conception, elle la rabattit sur celle de la conception virginale sans être capable de donner une idée des dates où le christianisme commence à survaloriser la virginité.

Presque chaque séquence aurait mérité une réfutation ou un argumentaire plus nuancé. Le sujet aurait mérité une présentation moins « doctorale », plus prudente et surtout moins dogmatique.

Dans l'ensemble, les publications de l'association Infidels.org sont meilleures que celles de leurs homologues francophones et font réellement avancer les problématiques en cours ; l'ouvrage de Freke et Gandy n'est pas représentatif de la qualité habituelle des publications.

[modifier] The Jesus Project

Certains intellectuels, chercheurs investis dans le domaine du Proche-Orient ancien ou non, comme ceux du Committee for the Scientific Examination of Religion, considèrent simplement que la question de l'existence historique (ou la non-existence) de Jésus n'est pas encore résolue, et que les recherches ont été insuffisantes jusqu'ici [66]. Le Committee for the Scientific Examination of Religion (CSER) a lancé en janvier 2007 le "Jesus Project"[67]. Ce projet durera 5 ans et a pour objet de répondre la question de l'existence (ou non) du Jésus historique. La Liste des participants présente l'intérêt de rassembler à la fois des chercheurs classiques en sciences religieuses (histoire, sociologie, linguistique), et des chercheurs se réclamant de l'athéisme, quel que soit leur domaine de compétence (la langue allemande, la biologie), comme Richard Dawkins.

[modifier] A recycler

La question est évoquée dans la Geschichte der Leben Jesu-Forschung (1906), d’Albert Schweitzer[68]. Cet ouvrage synthétise les travaux de la deuxième quête et tient compte des thèses mythistes développées à cette époque.

La thèse mythiste connaît un renouveau dans le monde anglo-saxon, mais son écho dans les milieux académiques demeure, pour l'instant, relativement limité.


Les thèses mythistes ont toujours été marginales, pour diverses raisons parmi lesquelles[réf. nécessaire] le fait qu'elles sont issues d'un courant particulier dit l'histoire des religions, qui employait le comparatisme structurel au moment même où se constituait la science historique, et à l'époque de la crise moderniste, phénomène qui dépasse largement l'hostilité d'une institution religieuse. Le comparatisme structurel ayant montré ses limites, la méthode fut abandonnée pour le comparatisme fonctionnel, bien plus porteur[réf. nécessaire].


Pourtant, un chercheur bibliste, Robert M. Price déclare[69] que si on appliquait strictement les diverses méthodes historiques et critiques telles qu'elles sont conçues et pratiquées de nos jours, on aboutirait à un complet agnosticisme en ce qui concerne l'existence historique de Jésus de Nazareth. On aboutit donc à la thèse cryptiste décrite dans Quêtes du Jésus historique, qui représente le consensus savant européen.

les thèses mythistes académiques sont rejetées pour défaut de méthode et les thèses autodidactes récentes le sont par défaut de substrat bibliographique ; d'une façon générale, les mythistes autodidactes ne se réfèrent qu'aux ouvrages athées militants et ignorent ou feignent d'ignorer que la problématique de la vie de Jésus est un effet secondaire des travaux sur la composition des évangiles connus comme Problème synoptique.


[modifier] Thèse du blackout

La recherche historique sur le personnage de Jésus est un sujet particulièrement sensible, et les mythistes contemporains la pensent tabou. La question est évoquée dans la Geschichte der Leben Jesu-Forschung, d’Albert Schweitzer[70]. Cet ouvrage synthétise les travaux de la deuxième quête et tient compte des thèses mythistes développées à cette époque.

La thèse du blackout défend l'idée que l'Église catholique aurait refoulé la thèse mythiste et fait pression pour empêcher les recherches et les publications à ce sujet. Répandue parmi certains courants francophones de l'athéisme[71], elle constitue pour les sociologues une forme de théorie du complot[72].

L'analyse de la bibliographie parue depuis la publication des premières thèses mythistes montre qu'il n'en est rien[43]. Cette affirmation témoigne du moins des traces indélébiles laissées par le précédent que fut la crise moderniste au XIXe siècle quoiqu'elle ait échoué à interdire la publication des études critiques et historiques, qu'elles portent sur la Bible ou sur la vie de Jésus[43].

[modifier] La crise moderniste

LÉglise catholique s'opposa, de 1900 à 1960, à toute l'étude d'exégèse scientifique des textes bibliques, et non spécifiquement au développement de la thèse mythiste[73]. L'opposition vaticane se manifeste contre la philosophie allemande, c'est-à-dire à l'exégèse allemande grandement protestante[74].

Cette période se nomme la crise moderniste : toute étude scientifique des textes biblique a été interdite de 1854 à 1967 dans le catholicisme avec un premier desserement du collier lors de l'encyclique de Pie XII Divino Afflante Spiritu[75](1943) et plus largement avec Dei Verbum (1965)[76] lors du concile Vatican II. Cela ne signifie pas qu'aucun travail scientifique et exégétique ne fut produit dans le monde catholique mais que ces oeuvres furent interdites de publication ou que leurs auteurs furent persecutés et, de toute façons, condamnés [77]. L'interdiction ne fut effective que pour les penseurs, chercheurs et théologiens catholiques[78].

En revanche, les protestantismes européens (surtout allemands), sont à l'origine d'études d'exégèse scientifique[79]. La condamnation en bloc de toutes les églises est donc inappropriée. Elle n'est pas plus justifiée pour les catholiques. La condamnation en bloc est d'autant plus injustifiée qu'elle revient à mettre dans le même sac la hiérarchie vaticane qui agit en termes politiques et l'opposition interne ; ce serait omettre l'influence du catholicisme libéral. Les affaires Lagrange et Sertillanges montrent, depuis la publication de leurs correspondances privées,[80] combien ces dominicains, à côté de lettres de soumission, luttèrent toute leur vie pour se ménager des espaces de liberté propice au développement du savoir. Durant le plus fort de l'antimodernisme, Dominicains et jésuites, malheureusement les uns contre les autres, développèrent des domaines d'excellence qui ne pouvaient être atteints par les décrets du Vatican, nommément le développement des langues anciennes rares qui sont le fait des Bollandistes et l'édition critique des manuscrits du christianisme ancien comme le montre la collection "sources chrétiennes" au CERF[81] car l'histoire ne juge pas ; elle enregistre et décrit.

Tout ce qui se dit ci-dessus à propos de l'Église catholique comme frein à la publication des travaux d'exégèse critique peut être reproduit mutatis mutandis à propos des Églises évangéliques dans le monde anglo-saxon qui, dans la même période se réunissent en congrès fondamentaliste. Sur ce point voir les articles détaillés Fondamentalisme, inerrance biblique et Créationnisme. Parmi les mutatis, il faut noter :

  • le déplacement des questions qui bloquent : aux Etats-Unis, c'est la lecture de Genèse dont il n'est pas possible de dire que les récits de création appartiennent au genre littéraire du mythe[82] tandis qu'en Europe, ce sont les vie de Jésus et le Problème synoptique qui ont au premier plan.
  • Aucune instance centralisatrice n'a la possibilité d'interdire la publication de quoique ce soit. Les problèmes se résolvent de façon différente, par l'appel à la justice d'état et les lois sur le blasphème.

L'interdiction de l'exégèse scientifique ne pèse que sur les chercheurs sur lesquels l'église catholique exerce un pouvoir [83]. Les chercheurs laïcs de EPHE, qui est fondée à cette époque, ni les chercheurs travaillant dans des institutions laïques comme l'ULB (Université libre de Bruxelles). Fondée à la période de la rencontre entre des juifs libéraux (e.g. Elie Aristide Astruc) et des protestants libéraux( e.g. Ferdinand Buisson) lors de la tentative de fondation d'une "morale indépendante". L'université fut fondée par des protestants et des francs-maçons, la loge des Amis philanthropes[84]. ou d'autres institutions similaires ne sont nullement affectées comme en témoignent les publications.[85]

Cette thèse de l'embargo est inégalement répandue dans le monde francophone et dans le monde anglophone pour des raisons historiques : le monde anglophone a moins affaire avec l'Église catholique romaine. Les cercles athées et anticléricaux quand ils défendent la thèse de l'embargo prétendent que "l'Église" a refoulé la thèse mythiste, Claude Langlois[86] estime qu'il s'agit d'une erreur de perspective historique.

La théorie de l'embargo donne à l'Église catholique plus de pouvoir qu'elle n'en a réellement depuis le milieu du XIXe siècle. Seul le mythe de l'Index librorum prohibitorum peut justifier cette théorie. Cet index, au 19e siècle n'a de pouvoir que sur les éditeurs d'obédience catholique et aucune sur les autres éditeurs. [87] L'Essence du Christianisme de Adolph von Harnack paraît en 1900 et connaît un grand nombre de traductions, quoique la version française publiée par Fisbacher ne soit pas très bonne. [88]. L'athéisme francophone reprend le vocabulaire eulogique catholique : « l'Église » doit se comprendre « catholique romaine » ; elle est assimilée à l'ensemble du christianisme, comme l'affirme la doctrine catholique. Avec quelques variations de détail, cependant, selon que l'analyse se porte sur le Syllabus de 1864, Mortalium Animos de 1928, ou la récente déclaration de Benoît XVI.

Cette théorie de l'embargo postule :

  • que la recherche sur les origines du christianisme y compris la Quête du Jésus historique sont affaires éminemment ecclésiastiques. L'histoire de l'introduction des sciences religieuses en France montre le contraire[86].
  • que les chercheurs membres d'une Église ne peuvent être indépendants ou sortir de l'apologie. Les travaux de Ernst Troeltsch ou de Albert Ristchl, tous deux pasteurs, montrent le contraire. Ristchl n'hésite pas à publier le résultat de ses recherches même s'ils vont contre les enseignements dogmatiques les plus traditionnels.

La thèse du blackout ou de l'embargo reflète le développement d'un corpus de croyances propre à l'athéisme francophone[89]. Les tenants de la doctrine du blackout surestiment le pouvoir de l'Église catholique dans le domaine de l'enseignement, même si l'université (assimilée à « la Science ») trouve son origine dans l'institution ecclésiastique[90], mais n'a pas tardé à s'y opposer (dès le XIIIe siècle).

La tradition historiographique issue de l'École des Annales, qui s'intéresse à la fois au contexte social et économique, a suscité l'histoire culturelle quelquefois reçue comme une « histoire en creux »[91].

[modifier] La liberté d'édition durant la crise moderniste

La liberté d'édition durant la crise moderniste fut totale si l'on excepte les éditeurs catholiques, cités ci-dessus [92].

Pour s'en rendre compte, il suffit de consulter la bibliographie d'un ouvrage académique "vintage". Prenons le "Jésus" de Charles Guignebert. La bibliographie de l'édition de 1933, telle que présentée dans la réédition de 1970, présente 10 pages A5 de bibliographie ; la date de publication des ouvrages s'échelonne à jet continu de 1863 à 1927. Cette datation de la première bibliographie donne une idée du temps de recherche et de composition de l'ouvrage dont l'auteur était professeur d'histoire du christianisme à la Sorbonne (Paris, France). La bibliographie complémentaire pour l'édition de 1938 inclut les publications de 1934 de Alfred Loisy dont le calvaire d'excommunié est souvent présenté comme un exemple du pouvoir de l'église catholique sur la production universitaire. Après son excommunication, Loisy fut élu au Collège de France, pour partie à cause du caractère résolument innovant (pour la France) de ses travaux et pour partie pour des motifs politiques qui consistent justement à montrer que l'église catholique ne fait pas la loi dans la recherche. Lui, mais aussi tous ses collègues excommuniés ou bannis (Dhorme, Battifol, etc.) publièrent à jet continu. La bibliographie complémentaire pour l'édition de 1970, réalisée par P. Jay, B. Demeret et J. Grousson en ajoute autant pour la période qui suit. Globalement, cette bibliographie porte sur des ouvrages en 3 langues : deux bons tiers pour l'allemand, une petite poignée (essentiellement Goguel, Battifol et Loisy mais aussi Dhorme et MJ Lagrange, ce qui montre l'ouverture d'esprit de Guignebert) pour le français et tout le reste en anglais.

Dans le même ouvrage Jésus, les "notes de bas de page" sont au nombre de 1489 et contiennent à 80% des références à des articles de revues scientifiques, 10% dépouillent des expressions grecques et 10% sont des explications sociologiques. On peut faire les mêmes remarques sur l'ouvrage "le Christ" du même auteur dont il convient de rappeler qu'il se revendiquait athée.

[modifier] Les publications universitaires

On voit que la production est inégale en français et dans les autres langues européennes. En France, Gabriel Monod s'inquiète dans la Revue Historique du devenir de la "science catholique des évangiles" [93] au lendemain des premières interdictions. Cela ne préjugeait en rien de la production des sciences religieuses largement indépendantes dans les universités. La Sorbonne, l'École pratique des hautes études, le CNRS, l'université de Strasbourg [94] publièrent ce qu'elles voulurent publier sans le moindre problème.

Dès qu'on passe les frontières, on se rend compte que Tubingen, Chicago, Harvard et Yale [95], plus tard de Birmingham, furent absolument libre de toute entrave. Yale et Chicago furent plus affectées par la guerre de Sécession que par les interdictions vaticanes. Les églises évangélicalistes, fréquemment obscurantistes ne purent rien interdire.

Il n'en demeure pas moins que les cercles athées francophones [96] aiment à répandre l'idée que l'édition sur les sujets tournant autour des origines du christianisme se serait interrompue entre 1863 (Renan) jusqu'à nos jours et que toute affirmation contraire est gratuite comme le dit l'expression latine. Cela ne montre qu'un défaut de pratique des ouvrages académiques qui contiennent toujours une bibliographie et au moins un index des noms cités.

L'article « Croyances athées », cité en bibliographie, montre la structure de leurs arguments et les limites des bibliographies qu'ils promeuvent. Les bibliographies ne présentent que des ouvrages dont les auteurs sont des militants athées ; les autres ouvrages sont réputés "partisans". L'examen des arguments, neufs en 1934, montre qu'en fait, les publications intervenues depuis, sont inconnues par les militants athées (Cf. ci-dessous la partie d'article consacrée aux auteurs autodidactes). Cette méconnaissance de la bibliographie académique [97] tranche :

  • avec l'attitude de Guignebert qui lisait les ouvrages produits par les chercheurs chrétiens inclus les catholiques avant de les critiquer
  • avec l'attitude de l'athéisme anglo-saxon qui se situe dans une relation dialectique avec les chercheurs en sciences religieuses qu'ils soient ou non ecclésiastiques. Le forum Infidels est un exemple de dialogue constructif. Rien de semblable ne peut s'organiser dans l'athéisme francophone.

[modifier] Notes et références

  1. cette thèse a été par exemple illustrée récemment par Gregory J. Riley Un Jésus, plusieurs Christs, Labor et Fides
  2. Ce terme, repris, entre autres, par le zététicien autodidacte Paul-Éric Blanrue, appartient au vocabulaire courant de la thèse mythiste première version
  3. voir par exemple Henri Irénée Marrou, De la connaissance historique, Éd. du Seuil, coll. Points Histoire, 1975. [1]
  4. Jésus P. 67 - édition de 1970 par Albin Michel
  5. Pierre Geoltrain, Encyclopædia Universalis, art. Jésus, 2002.
  6. Serge Bardet : Le Testimonium flavianum, Examen historique, considérations historiographiques, avec une postface de Pierre Geoltrain(Cerf 2002) - cet ouvrage fait la synthèse des arguments avancés en faveur des différentes hypothèses.
  7. Jésus contre Jésus Mordillat et Prieur
  8. Jésus (Albin Michel, 1933, réed. 1969)
  9. Vaganay et Amphoux, introduction à la critique textuelle, CERF
  10. en fait selon Léon Vaganay et Christian B. Amphoux, (Initiation à la critique textuelle du Nouveau Testament, CERF) la question des incohérences apparaît dès les temps de la copie et des premières traductions des textes bibliques (e.g. la Peshitta), les corrections du copiste étant le plus souvent des remèdes à ce que le copiste trouve incohérent.
  11. CHRÉTIENS CATHOLIQUES - Dictionnaire philosophique
  12. ÉVANGILE.- Dictionnaire philosophique de Voltaire
  13. Dieu et les hommes, par le docteur Obern, œuvre théologique, mais raisonnable traduite par Jacques Aimon (1769)[2]
  14. voir [3]
  15. Comme quoi Napoléon n’a jamais existé Jean-Baptiste Pérès, 1827
  16. Présentation générale du mouvement
  17. François Laplanche, La crise de l'Origine, la science catholique des évangiles et l'histoire au 20ème siècle, Albin Michel 2006
  18. comme Platon et Alexandre dans leurs hagiographies respectives
  19. (Voir Jésus selon l'exégèse contemporaine)
  20. Alfred Loisy, Les mystères pains et le mystère chrétien, Nourry 1930
  21. (Voir Quêtes du Jésus historique)
  22. W.C. Von Mannen, , De Nederlandsche Spectator 1887, 317-320.
  23. Sir James George Frazer, Le Rameau d'or, (1911-1915)réédité par Lafond, Paris en 1984
  24. Cette partie est largement inspirée du travail de 1926 de Maurice Goguel, tombé dans le domaine public, Jésus le Nazaréen: Mythe ou Histoire ?.
  25. Ses travaux ont été récemment réédités sous la direction de Michel Onfray.
  26. Orpheus, Histoire générale des religions, 1909 livre en ligne
  27. Voir Psaume 22.
  28. Voir la réfutation par Bossuet ainsi que la réponse de Salomon Reinach dans Cultes, Mythes et Religions pages 1102-1006
  29. François Laplanche, la Science catholique..., op. cit
  30. Anne Heurgon-Desjardins (présente) Études, Témoignages et Documents Inédits, Paul Desjardins et les décades de Pontigny Actes du colloque de 1959, Presses Universitaires de France 1964
    François Chaubet, Paul Desjardins et les Décades de Pontigny, Presses Universitaires du Septentrion ISBN 2-85939-606-3 - janvier 2000
  31. Payot, 1926, version anglaise en ligne
  32. « Il n'y a pas si longtemps, tout le monde savait que le christianisme était apparu après le judaïsme. Mais plus récemment, les chercheurs ont commencé à admettre la complexité du tableau historique. Dans le monde juif du Ier siècle, un grand nombre de sectes se disputaient les titres de Véritable Israël et d'interprète authentique de la Torah— le Talmud parle de soixante-dix — et la forme de judaïsme qui donna naissance à l'Église chrétienne ne fut que l'une de ces sectes. Les chercheurs réalisent maintenant que l'on peut et doit parler de la naissance du Christianisme et du Judaïsme [rabbinique] comme de la naissance de jumeaux, et abandonner l'idée de dépendance génétique du premier par rapport au second. » Daniel Boyarin, Dying for God: Martyrdom and The Making of Christianity and Judaism. Daniel Boyarin enseigne la culture talmudique à l’Université de Californie.
  33. L'Union rationaliste est fondée en 1930 par Paul Langevin et adopte le mythisme comme doctrine. François Laplanche, op.cit.
  34. en dépit du fait que certaines de ces gloses soient parfaitement reconnues.
  35. Heretical Imperative: Contemporary Possibilities of Religious Affirmation, Peter L. Berger, 1979 ISBN : 0385159676. Traduction française L'impératif hérétique, Van Dieren ed. 2005. Se reporter, en particulier, au début du livre à sa description de la tradition dans la mentalité prémoderne puis, plus tard à sa distinction entre l'orthodoxie et la néo-orthodoxie.
  36. Professeur d'histoire du christianisme à la Sorbonne dans les années 1900 et auteur d'ouvrages estimés dans la collection « Évolution de l'Humanité » chez Albin Michel comme Le monde juif vers le temps de Jésus", "Jésus", "Le Christ"
  37. vouloir y voir une preuve de l'obstruction catholique à la recherche relève d'une méconnaissance du problème de la revendication d'orthodoxie. On trouvera une clarification du problème dans un vieil ouvrage de Louis-Auguste Sabatier paru vers 1904 "Religions d'autorité et religion de l'esprit" ; en effet, le scandale est à la fois celui des catholiques comme des protestants et n'a donc aucun rapport avec de supposées entraves catholiques à la recherche.
  38. Voir ci-dessus
  39. Emile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste, Albin Michel, 1967, préface à la troisième édition
  40. Elles prennent la conclusion pour hypothèse (voir pétition de principe) au lieu de prendre les textes et leurs contextes (historique, linguistique, etc.) de production pour point de départ.
  41. Comme bien des athées francophones, qu'ils soient ou non mythistes, le catholicisme est confondu avec le christianisme dans son ensemble.
  42. L'essentiel des aspects polémique de la thèse de Bernard Dubourg se trouve dans les notes de bas de page de L’invention de Jésus, tome II : La fabrication du Nouveau Testament, L’Infini, 1989.
  43. abc Émile Poulat, Histoire, Dogme et critique dans la crise moderniste, Albin Michel
  44. Ce que contredit l'étude Le judaïsme palestinien au temps de Jésus de Joseph Bonsirven au début du XXe siècle.
  45. alors même que cette technique de calcul et de renvois fut mise au point au 13ème siècle et ne peut donc avoir été connue des rédacteurs du nouveau testament. Cf. Guy Casaril, Rabbi Simeon Bar Yocchaï et la Cabbale collection "Maîtres Spirituels" au Seuil, 1977
  46. Site de la collection L'Infini chez Gallimard
  47. "Il faut parler dans toutes les langues (entretien)", "Ligne de risque", n° 23, novembre 2007.
  48. non au sens de "justification" mais de cause, e.g. la source est un récit plus ancien, et de logique narrative, e.g. le parcours décrit est sur la côte et donc, on va parler de bateau
  49. Petite histoire de l'exégèse biblique de Pierre Gibert). Les auteurs mythistes amateurs n'ont pas la moindre idée que l'exégèse scientifique s'applique d'abord à des manuscrits profanes, e.g. aux manuscrits d'auteurs anciens ou récents Cf. IMEC. Cette lacune tient aux séquelles de la crise moderniste. En réalité, depuis le milieu du XIXe siècle, ce travail d'élucidation philologique des manuscrits (critique textuelle), de filiation (stemmatique) ce travail de recherche de sources (critique radicale) est parfaitement libre dès qu'on sort de la perspective catholique La Bible en France entre mythe et critique : XVIe-XIXe siècle et La crise de l'origine : La science catholique des Evangiles et l'histoire au XXe siècle, tous les 2 de François Laplanche. Ce travail de rapprochement des faits et du récit dans le cas de romans historiques sont des disciplines plus profanes qui fonctionnent pour Homère comme pour Marguerite Duras.
  50. autre que l'union rationaliste, qui avait promu le mythisme au rang de doctrine officielle
  51. Charles Guignebert, Jésus, Albin Michel. première édition 1933, réédition au format de poche, 1969
  52. Raoul Vaneigem, La résistance au christianisme, les hérésie des origines au XVIIIe siècle, Fayard 1998.
  53. L'archipel Pré-Chrétien, Conférences de l'université Populaire de Caen, Diffusion France Culture en 2005, CD disponible aux Editions Fremeaux
  54. L'une et l'autre reposent sur la fonction eulogique de la religion décrite par Peter Sloterdijk La Compétition des bonnes nouvelles, Éditions Mille et Une Nuit.
  55. L'actualisation pratiuée par Doherty tent au fait qu'il part de Paul de Tarse tandis que Onfray s'appuie sur Couchoud et Alfaric tels que lors de leurs respectives publications
  56. et d'autres moins marqués par l'engagement de la revue Esprit, née du personnalisme communautaire du philosophe chrétien Emmanuel Mounier
  57. fine réponse de Onfray à la remarque qu'il ignorait les thèses mythistes modernes, telle celle de Doherty : « Oh, les chrétiens se réfèrent bien à un livre vieux de 2000 ans ». La réponse est passée sur France Culture lors de la reprise des diffusions des conférences en 2006 mais pas l'objection.
  58. (Entretien électronique avec Onfray, confirmé par la recension parue dans la revue Esprit de mai 2005 "l'athéisme dérisoire de Michel Onfray", par Michael Foessel. Dans la version complète de l'article, dont seul un résumé est en ligne, l'auteur souligne combien l'analyse des religions autres que chrétienne est déficiente ; Onfray procède par décalque du catholicisme le parangon du christianisme sur les autres religions, judaïsme et islam, sans prendre en compte le fait que le poids de l'ecclésiologie déterminant dans le catholicisme est absent des 2 autres monothéismes ). Voir son séminaire et sa bibliographie.
  59. Le Mystère de Jésus éditions RIEDER, 1924
  60. Maurice Goguel Recent French Discussion of the Historical Existence of Jesus Christ The Harvard Theological Review, Vol. 19, No. 2 (Apr., 1926), pp. 115-142
  61. Professeur de lettres classique dans l'enseignement secondaire, retraité. voir en:Earl Doherty
  62. ce court texte d'Earl Doherty (en) concernant ses opinions sur la non-existence de Jésus.
  63. la vérité oblige à dire que depuis 4 ans, la liste tourne au ressassement des thèses mythistes les moins pertinentes et que ni Earl Doherty, ni Peter Kirby n'y participent plus.
  64. Charles Guignebert, Jésus, Albin Michel. première édition 1933, réédition au format de poche, 1969
  65. comme le fait, par exemple, Michel Tardieu dans son cours au Collège de France sur les syncrétismes religieux au premier siècle
  66. Voir plus bas thèse du black-out
  67. "Jesus Project"
  68. édition de 1913, Tübingen, p. 445. La première édition en allemand date de 1902, la traduction anglaise de 1907. Le secret historique de la vie de Jésus (traduction de l'allemand par Annie Anex-Heimbrod), éd. Albin Michel, Paris, 1961 est un abrégé ; la version anglaise est intégralement en ligne. L'ouvrage allemand fait environ 500 pages et la traduction un peu plus de 200 ; on est donc obligé de conclure à la version abrégée dont le titre donne un aperçu du sens des choix. voir aussi la recension par Quinet
  69. Robert M. Price, The Incredible Shrinking Son of Man: How Reliable is the Gospel Tradition?. Amherst, N.Y.: Prometheus Books, 2003. ISBN 1-59102-121-9.
  70. édition de 1913, Tübingen, p. 445. La première édition en allemand date de 1902, la traduction anglaise de 1907. Le secret historique de la vie de Jésus (traduction de l'allemand par Annie Anex-Heimbrod), éd. Albin Michel, Paris, 1961 est un abrégé ; la version anglaise est intégralement en ligne. L'ouvrage allemand fait environ 500 pages et la traduction un peu plus de 200 ; on est donc obligé de conclure à la version abrégée dont le titre donne un aperçu du sens des choix.
  71. en fait dans tous les ouvrages cités ci-dessous
  72. Pierre André Taguieff, La Foire aux illuminés: Esotérisme, théorie du complot, extrémisme, Mille et Une Nuits
  73. L'opposition à toute recherche historico-critique sur la Bible se manifeste avec éclat dans l'affaire Loisy . La chronologie présente dans l'article crise moderniste montre la succession des textes par lesquels le Vatican s'oppose à tout esprit "moderne" dans des domaines bien plus variés que les seules questions théologiques. S'opposer, en particulier, à l'exégèse allemande est une position politique.
  74. Correspondance de Marie-Joseph Lagrange, citée dans la biographie de celui-ci par Bernard Montagnes o.p. mais aussi "L'anti Protestantisme politique au XIXe siècle ", Nicole Malet-Yvonet, article de la RHPR année 1958
  75. texte de l'encyclique
  76. texte de l'encyclique
  77. Cf. Commission biblique pontificale
  78. François Laplanche, la science catholique… op. cit. Albin Michel
  79. Protestantisme libéral et Quêtes du Jésus historique
  80. Bernard Montagne o.p., le Père Lagrange, essai biographique, Cerf
  81. et dont témoigne l'Ethereal Library (en ligne) des dominicains anglophones du Canada.
  82. Spécifiquement à partir du premier voyage de Pierre Teilhard de Chardin en 1911, qui cumule d'être théologien et paléontologue. Il est désigné, dans la presse conservatrice, par le jésuite qui veut que l'homme descende du singe.
  83. voir les biographies de Alfred Loisy, Marie-Joseph Lagrange, Édouard Dhorme
  84. Sur l'ULB, consulter la biographie d’Eugène Goblet d’Alviella et pour les productions de l'ULB, la revue Problèmes d'histoire du christianisme à laquelle a succédé Problème d'histoire des religions
  85. Voir dans la suite de l'article le chapitre sur la liberté de publication.
  86. ab Aux origines des sciences religieuses en France : la laïcisation du savoir (1810-1886) Article de Claude Langlois, directeur de l'Institut européen en sciences des religions, ancien professeur à l'Université Libre de Bruxelles
  87. En France, à cette époque, les éditeurs catholiques sont Mâme, La Bonne Presse, édition assomptionniste compromise dans l'affaire Dreyfus (à qui succédera Bayard), le CERF, éditions dominicaines. Ces éditeurs sauf Mâme ont pris leur indépendance depuis la fondation de l'AFCEB(1967).
  88. La chronologie en tête de l'article crise moderniste montre la liste des publications allemandes depuis le milieu du XIXe siècle qui ne furent nullement entravée dans leur publication comme dans leur diffusion.
  89. La dernière incarnation de la thèse de l'embargo est donnée par Paul Eric Blanrue, un autodidacte, dans Enquêtes Z en son numéro 15, intitulé la thèse mythiste ostracisée; Par un découpage au scalpel de citations, il tente d'annexer quelques chercheurs biblistes, comme Rudolph Bultmann dont il tente de faire un mythiste ! Il tente aussi par le même procédé d'annexer Guignebert en omettant le passage où le professeur s'élève contre les autodidactes qui font table rase des publications qui leur sont antérieures et le premier chapitre de son livre qui réfute systématiquement chacune des thèse mythistes, alors académiques.
  90. L'histoire de l'université et jalonnée de crise d'indépendance de ses professeurs tous clercs, dès ses débuts. La première révolte des clercs date d'Abélard et l'une des plus célèbres, au XVe siècle, est celle conduite par les évangélistes avec Lefebvre d'Etaples. Au XVIe siècle, l'indépendance est gagnée contre l'Église mais avec la montée des nationalismes en Europe, perdue contre l'État (Christophe Charle, Jacques Verger, Histoire des universités, Paris : PUF, 1994. Que sais-je ; 391 - ISBN 2-13-046530-7)
  91. Par exemple, l'histoire de la couleur ou l'histoire des odeurs pour lesquelles peu de documents concrets existent et, en tout cas, rien qui ressemble au document archéologique
  92. Le cas du CERF est paradigmatique. La dernière interdiction vaticane l'atteignit en 1936 à propos d'un ouvrage de Yves Congar o.p. "Chrétiens Désunis", ouvrage de réflexion sur l'œcuménisme. Cette renonciation conduisit l'entreprise au bord de la faillite. Des capitaux privés, indépendants de l'ordre dominicains furent introduits en majorité car les travaux d'édition critique des textes étaient de grande qualité et d'un grand intérêt et devaient être sauvés. Depuis l'après guerre, le CERF jouit d'une grande indépendance. Depuis l'affaire Drewermann, les éditeurs, même catholiques, savent que l'interdiction (index jusque 1961) ou la condamnation d'un ouvrage par la Congrégation pour la doctrine de la foi justifie la mise en route d'une seconde édition et est une occasion de profit. Ainsi le CERF a connu récemment une prospérité accrue avec la condamnation vaticane de l'ouvrage de Dominique Cerbeleaud o. p. "Marie, un parcours dogmatique". Il est probable qu'il connaisse une nouvelle amélioration de son chiffre d'affaires car le théologien novateur et connu bien au-delà du catholicisme Claude Geffré o.p. serait inquiété depuis mai 2007 pour ses opinions pluralistes largement exposées dans ses ouvrages. La editorial Trotta, maison espagnole peu au fait encore de cet aspect de l'opinion publique, s'est trouvée piégée lors de la condamnation de l'ouvrage de Juan José Tamayo Acosta en 2003. Elle n'avait rien prévu et se trouva en rupture de stock un an durant, c'est à dire le temps que l'opinion mobilisée pour la défense du théologien (un laïc connu sur deux continents) retombe.
  93. Emile Poulat, op. cit.
  94. Les publications de la faculté de théologie de Strasbourg une faculté d'état fondée par Napoléon 3, furent plus atteintes par la guerre de 1870 que par les interdictions du Vatican. Répartie en théo-pro et theo-cath, la qualité universitaire de sa production répondait au même critères que ceux promus par l'état pour les autres disciplines. La fac théo-cath ne fut jamais reconnue par le Vatican justement parce qu'elle était contrôlée par l'état. La fac théo-pro fut rapatriée sur Paris par Louis-Auguste Sabatier (théologien, pasteur, universitaire, républicain radialisnt et partisan de la séparation) qui fonda avec Etienne Mennegoz (théologien, pasteur, universitaire) l'Ecole de Paris qui se trouve à l'origine de l'Institut de théologie protestante de Paris. La fac de Strasbourg fut réencouragée par le Kulturkampf de Otto von Bismarck. Elle est demeurée un lieu de refuge pour les théologiens catholiques blackboulés par les universités pontificales.
  95. fondée par les unitariens
  96. atheisme.org, cercle zététique, etc.
  97. La théorie de Jensen apparaît dès qu'on l'examine [ici, il renvoie à un article "le problème de Jésus" où il l'examine] comme l'erreur énorme d'un érudit qui a cru pouvoir tout expliquer sans sortir de sa spécialité. […]
    Les thèses de Kalthoff ont un aspect sociologique qui les rend d'abord plus séduisante ; mais d'où leur inventeur tire-t-il toutes ces précisions sur les mouvements sociaux sur la fermentation sociale de l'empire au premier siècle ?" Il en montrait les présupposés et le défaut de méthode entre les pages 64 à 74

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