Gnosticisme

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Cet article traite des gnostiques des premiers siècles de l'ère chrétienne. Pour une vision plus générale voir l'article Gnose

Le gnosticisme regroupe un certain nombre de sectes philosophico-religieuses de doctrines variées du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient, apparues au Ier siècle.

Le terme Gnose, du grec γνώσις / gnốsis ("connaissance"), désigne "des tendances universelles de la pensée qui trouvent leur dénominateur commun autour de la notion de connaissance[1]. Ainsi, le manichéisme, le mandéisme, la Kabbale, l'hermétisme entre autres, peuvent être considérés comme des formes de Gnose.[2] Par contre le terme gnosticisme a une connotation historique précise.

Ce qui caractérise le mouvement de pensée du gnosticisme n’est pas cette « connaissance », mais plutôt[réf. souhaitée] la définition du néoplatonicien Plotin, adversaire des gnostiques : « Ceux qui disent que le Démiurge de ce monde est mauvais et que le Cosmos est mauvais ». Ainsi [3], à leurs yeux, L'homme est prisonnier du temps, de son corps, de son âme inférieure et du monde.

Les gnostiques en concluent [4] :"-Je suis au monde, mais je ne suis pas de ce monde", et de ce point de vue, le monde et l'existence dans le monde apparaîtront mauvais parce qu'ils sont mélange, de deux natures et de deux modes d'êtres contraires et inconciliables. Le gnostique sera celui qui retrouvera son" moi" véritable et qui prendra conscience de la condition glorieuse, divine qui était la sienne dans un passé immémorial [5].

Bien qu'elles furent attaquées et qualifiées d'hérésie par les Pères de ce qui allait devenir la "Grande Église" chrétienne, ces sectes sont d'inspiration chrétienne, se fondant sur textes canoniques et apocryphes, le plus célèbre étant l'évangile de Thomas, et on les désigne parfois sous le nom de Gnose chrétienne. Irénée de Lyon dans la deuxième moitié du Ier sous le nom de Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur (ou Contre les hérésies) en a laissé le témoignage antique le plus important, et le nom qui leur restera) et qualifiées par le Père de l'Église, et le nom de gnostique qui est resté ; néanmoins, il est possible que certains de ces groupes aient revendiqué le terme.

Les sectes gnostiques disparurent presque complètement à partir du IIIe siècle, mais leurs doctrines influencèrent d'autres religions comme le manichéisme et le marcionisme.

Jusqu'au milieu du XXe siècle on ne disposait que de très peu de sources directes sur les gnostiques, les principaux témoignages venant de leurs détracteurs, notamment les pères de l'Église. La découverte en 1945 de la Bibliothèque de Nag Hammadi (la première traduction complète étant publiée en 1977), a permis de renouveller considérablement la recherche sur le sujet, tout en ouvrant de nouvelles perspectives sur l'histoire du christianisme ancien.

Sommaire

[modifier] Gnose et gnosticisme - Problèmes de définition et de catégorisation

En 1966 se tint à Messine une conférence au sujet de la Gnose. Parmi ses différents objectifs se trouvaient la définition d'un programme pour la traduction de la bibliothèque de Nag Hammadi récemment acquise et le besoin d'arriver à un consensus sur la définition du terme Gnosticisme. C'était une réponse à la tendance dominante depuis le dix-huitième siècle d'utiliser le terme 'gnostique' non pas en relation à ses origines, mais plutôt comme une catégorie interprétative pour des mouvements philosophiques et religieux contemporains. Par exemple en 1835 le spécialiste du nouveau testament Ferdinand Christian Baur avait construit un modèle de développement du gnosticisme culminant avec la philosophie religieuse de Hegel; ou encore plus récemment les tentatives du critique littéraire Harold Bloom d'identifier des éléments gnostiques dans la religion américaine contemporaine, ou l'analyse de Eric Voegelin des pulsions totalitaristes à travers le filtre interprétatif du gnosticisme.

Au sujet de gnosticisme, la conférence aboutit au prudent consensus suivant :

« Dans le document de conclusion de Messine, la proposition fut de désigner sous le nom de gnosticisme, 'par l'application simultanée des méthodes historiques et typologiques'[...] ' un groupe particulier de systèmes du deuxième siècle ap. J.C., et d'utiliser le terme 'gnose' pour définir une conception de la connaissance, indépendamment des époques, décrite comme une 'connaissance des mystères divins réservée à une élite[6]. »

En substance, il avait été décidé que le 'gnosticisme' devenait un terme spécifique historiquement, réservé aux mouvements gnostiques répandus au IIe siècle, alors que la 'gnose' serait un terme universel pour désigner un système de connaissances réservées à une élite privilégiée. Cependant, cet effort de clarté apporta aussi une certaine confusion conceptuelle, car le terme historique 'gnosticisme' était une invention moderne, alors que le terme 'gnose' avait une histoire : 'on appelait gnosticisme ce que les anciens théologiens avaient appelé 'Gnose' ... le concept de Gnose inventé à Messine était presque inutilisable dans un sens historique [7].

Du fait de ces problèmes,les ambiguïtés sur la définition précise du gnosticisme ont persisté. Néanmoins l'utilisation de gnosticisme dans un sens historique, et de Gnose dans un sens universel, est restée courante. Mais même l'utilisation de 'gnosticisme' pour désigner une catégorie de religions du IIe siècle et IIIe siècle a récemment été remis en question. En particulier dans l'ouvrage de Michael Allen Williams Repenser le gnosticisme (Rethinking Gnosticism: An Argument for the Dismantling of a Dubious Category), dans lequel l'auteur examine les termes qui définissent le gnosticisme en tant que catégorie, et en les comparant précisément avec le contenu des textes gnostiques (en particulier ceux de Nag-Hamadi).

Williams affirme que les fondements conceptuels de la catégorie 'gnosticisme' sont hérités des hérésiologues. L'accent a trop été mis sur le dualisme, sur le rejet du corps et de la matière et sur l'anticosmisme, sans que ces hypothèses aient été "testées" correctement. Ce faisant, Williams juge la catégorisation douteuse, et conclue que le terme doit être remplacé pour mieux refléter les mouvements qu'il comprend. Les remarques de Williams ont suscité le débat, mais à ce jour sa proposition de terme de remplacement "tradition biblique démiurgique" n'a pas été reprise largement.

[modifier] Sur les traces des gnostiques: les sources écrites

La plupart des essais anciens, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents originaux, héritèrent des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui combattirent les gnostiques IVe et Ve siècles,Ces textes parfois se recopient les uns les autres, et sans tenir compte des mythologies orientales sur les vestiges desquelles le gnosticisme s'était développé [8].

L'une des principales sources concernant le gnosticisme est Irénée de Lyon (IIe siècle). Il décrit dans les détails les doctrines gnostiques qu'il combat, de manière à prouver qu'il n'y a que peu de choses en commun entre la gnose et le christianisme. À cette époque, des gnostiques grecs se faisaient baptiser, mais tenaient à concilier leurs doctrines avec leur nouvelle religion. L'une des principales différences entre gnose et christianisme tient à la conception du Salut. Le christianisme exotérique le propose à tous tandis que la gnose, dans son ésotérisme, le réserve aux initiés. (ref nécessaire)

Des réfutateurs, les plus anciens témoignages datent du Nouveau Testament, qui dénonce les hérésies et les faux prophètes, dont Simon de Samarie et le diacre Nicolas.

Pour la période jusqu’au IIIe siècle, on ne possède que les récits des hérésiologues, c'est à dire les réfutateurs des gnostiques [8] .

L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause de ce flou, et des livres dont les titres changent d’une version à l’autre et dont les véritables auteurs restent anonymes.

Sur la période du IIIe au Ve siècles, les sectes se sont étendues en Égypte, où le sable conserva des écrits en copte. C’est pourquoi on retrouva, à partir de 1800, des textes dans les nécropoles égyptiennes.

L’Évangile de Marie, le Livre secret de Jean et la Sophia de Jésus-Christ ont été achetés en 1896 en Égypte, dans un même lot de parchemins. En décembre 1945, plus de 40 écrits perdus furent retrouvés dans une jarre à Nag Hammadi, dont en premier lieu des écrits de sectes orientales, mais aussi des apocryphes chrétiens et des gnostiques. Cependant, cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l'époque, les textes y étant constamment remaniés et modifiés.

Quelques traités gnostiques :

Très peu de monuments ou objets relatifs aux gnostiques furent retrouvés.[8]

[modifier] L'origine du gnosticisme

Trois hypothèses principales ont été proposées faisant remonter l'origine du gnosticisme au Ie siècle [9]:

  • La première, émise notamment par Adolf von Harnack fait du gnosticisme une hellénisation du christianisme naissant.
  • Le gnosticisme pourrait aussi être un retour aux sources orientales du christianisme, ou un syncrétisme oriental.
  • enfin le gnosticisme pourrait être d'origine juive. [10]

En effet,la vision des gnostiques est celle d'une dualité,développée d'une façon incroyablement variée et contradictoire. Elle différait cependant des doctrines de leur époque sous trois formes :

-La cosmogonie

-L'anthropologie

-L'eschatologie

Comme le dit Ioan P Couliano: "les doctrines religieuses de l'époque connaissaient trois variantes ,fixant le rôle de l'homme dans l'univers (le Cosmos). - "Ce monde a été créé pour cet homme"et cet homme a été créé pour ce monde (variantes bibliques)

"Ce monde a été créé comme cet homme" et "cet homme a été créé comme ce monde " (variantes platoniciennes).

Mais la conception des gnostiques est au contraire:

"-L'homme a été créé contre le monde.

"-L'homme est supérieur à ses créateurs".[11] On peut qualifier cette attitude d"'anti-cosmisme".

Force est de constater que l'on retrouve des éléments gnostiques en marge des grandes religions, mais souvent en leur sein même .

Cette constatation dualiste ne touche pas seulement le Zoroastrisme et le bassin de la Mer Méditerranée on la retrouve au sein du Bouddhisme[12] ,du Judaisme (Kabbale) [13] et plus tard de l'Islam avec l'Ismaelisme .

[modifier] Expansions et fins du gnosticisme

Selon les témoignages des historiens anciens, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du Jourdain à l’Asie Mineure que les sectes se manifestent à l’époque des apôtres, avec Simon à Samarie, Nicolas à Antioche. Ils appuient leur réflexion sur des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, dont certains considérés aujourd’hui comme apocryphes, marqués de l’hellénisme. Parmi ces livres, le livre des Jubilés et le Livre d'Hénoch sont parmi les plus significatifs [14].

Vers 120, les gnostiques gagnent Alexandrie[15], autour de Basilide, Carpocrate et Valentin (Valentinus ou Valentinius). Valentin se rendit à Rome, où sa gnose voila ses mythes orientaux d’une exégèse philosophique mêlée de christianisme. À Rome, des sectes fortement influencées par les éléments orientaux continuent d’affluer. Les sectes se propagent, notamment en Espagne [14].

En Asie, de nouveaux inspirés surgissent : Mani qui fait une vaste synthèse des nombreux enseignements, et Audi, un chrétien qui se sépare de l’Église après Nicée. De l’Orient, le gnosticisme s’étendit jusqu’à la Chine[14]..

Parmi les sectes, on retrouve : les kantéens en Iran, la secte importante des séthiens disciples de Simon le Magicien, les barbélognostiques, les archantiques, les ophites (ou naassènes) aux pratiques hérités des mystères grecs, les pérates, les caïnites, ces derniers louent Caïn le fils prodigue d'Adam et Eve[14]..

Les condamnations de plus en plus dures de la part des Églises chrétiennes obligèrent les sectes gnostiques à se cacher, puis à disparaître.Les bogomiles et cathares du Moyen Âge reprennent des conceptions gnostiques, sans qu'on sache s'ils descendent de groupes gnostiques ayant survécu depuis l'Antiquité, ou s'ils sont des résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques déguisés en apocryphes chrétiens. Des survivances plus sérieuses de la gnose la plus philosophique se cachent dans la littérature alchimique, notamment les textes attribués à Hermès Trismégiste. De même, il y a intercommunication entre la littérature juive kabbalistique et certaines doctrines du gnosticisme hellénisé. En Orient,les gnostiques s'intégrèrent à l’islam . Aux confins de la Mésopotamie et de l’Iran certaines sectes survécurent jusqu’au XIIe siècle. On trouve une influence du gnosticisme chez les musulmans chiites, mais aussi dans la foi druze. En plus des cathares et des bogomiles, on trouve des traces de pensée gnostique chez les ranters, le Libre-Esprit et divers mouvements millénaristes. [16]

[modifier] Les thèmes principaux

Les auteurs gnostiques abordent la plupart des thèmes mythologiques et eschatologiques, les réinterprètent en passant par la révélation d’une « histoire secrète », d'un mythe total : l’origine et la création du Monde ; l’origine du Mal ; le drame du Rédempteur divin descendu sur Terre afin de sauver les hommes ; la victoire finale du Dieu transcendant, conduisant à la fin de l’Histoire et l’anéantissement du Cosmos [17].

Le point de départ est la considération, par l’individu, de sa situation face au monde : que suis-je, pourquoi ce monde me semble-t-il étranger, qu’étais-je à l’origine et comment (éventuellement) revenir à cette situation ? C’est la prise de conscience d’une déchéance impliquant que le Bien et le Mal sont deux éléments inconciliables, absurdement mêlés ici-bas par un accident contraire à la volonté divine. La révolte intime contre le Mal est la preuve de l’appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde [17].

L’humanité est divisée en trois catégories :

  • ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée dont la nature est esprit : les pneumatiques; Pneuma veut effectivement dire esprit ,en grec sont les spirituels,ceux qui sont prédestinés au salut
  • ceux qui n’ont qu’une âme et point d’esprit, mais chez qui le Salut peut encore être introduit par instruction : les psychiques, ceux qui possèdent une âme et peuvent être sauvés au prix d'un effort personnel et d'une conversion [18]
  • enfin, les êtres dépourvus d’esprit et d’âme, uniquement constitués d’éléments charnels voués à la destruction : les hyliques.

Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans un monde matériel corrompu, et sa remontée vers les sphères célestes. Cette délivrance passe par la Gnose, la connaissance parfaite de la nature de l’esprit, des structures de l’univers, de son histoire passée et future[17].

Le premier aspect de la Gnose porte sur les origines du monde matériel et de l’homme, le Mal s’expliquant par la chute accidentelle d’éléments supérieurs dans un cosmos matériel, temporel et sexué, au fond duquel ils se sont disjoints, dispersés et emprisonnés sans pour autant perdre leur pureté.Le second aspect de la Gnose vise la Destinée de l’humanité et du Cosmos, aboutissant à la dissolution finale de la matière, à la libération de l’esprit et au retour à l'unité parfaite intemporelle dont les élus, ici-bas, gardaient le souvenir. Le monde supérieur ayant seul été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, le matériel n’en est qu’une copie maladroite. De même, l’homme terrestre est l’image imparfaite d’un modèle céleste. On voit l’idée de Décadence, puis de Rédemption. Pour les Élus, le Salut peut être personnel, alors que pour les autres le rachat se fera par une eschatologie générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel [17].

[modifier] Du Pro-Père au Démiurge

  • À l’origine de tout,

Il y a un éon parfait, invisible, inconcevable et éternel, habité par un Être absolu et immuable, le Pro-Père, replié sur lui-même et coexistant avec sa Pensée qui est, elle, Silence absolu. [19]

De cette unité primitive du Pro-Père et de sa Pensée émane une seconde image du Père. Cette première émanation est dégagée de l’isolement primordial et capable d’engendrer. Elle suscite alors l’apparition des trente éons hiérarchisés du Plérôme.

  • La présence du Plérôme

Le Plérôme [20]est un terme grec signifiant "plénitude" et qui désigne le monde céleste formé par l'ensemble des éons, que le gnostique atteindra à la fin de son aventure terrestre On y retrouve : Monogène, Logos, Mère céleste, Homme primordial, Fils de cet Homme (ou Seth céleste), grande Génération des Fils de l’Homme primordial, Sophia (Sagesse, parfois qualifiée de lascive), etc. Ces éons vont par couples, féminin/masculin, appelés syzygies. Les éons sont, en même temps que des personnifications de concepts, des univers à part entière, infinis et éternels, reproduisant le schéma général du Plérôme tout entier et de l’Inengendré suprême. [19]

  • Dualisme radical ou mitigé

L’opposition entre le monde idéal de la Lumière et celui, imparfait, des Ténèbres et de la Matière peut suivre 3 schémas.

Les plus radicaux situent, à l’origine de la création du monde matériel, une subite agression des eaux ténébreuses préexistantes contre la Lumière d’en haut, attaque qui se déroule dans l’espace intermédiaire d’un troisième principe, air ou vide. On retrouve ce thème chez les bogomiles et les manichéens.

Plus fréquemment, la Lumière d’en-haut préexiste seule à toute création. Un accident survenu dans le monde supérieur engendre une puissance difforme et ignorante, Ialdabaôth, autour de qui se forme un éon ténébreux, notre bas monde. La Lumière entreprend une œuvre salvatrice pour anéantir cet éon maléfique. Selon une première variante, Sabaôth, le fils d’Ialdabaôth, va découvrir la Lumière et sera mis par les puissances supérieures à la place de son père pour engager le cosmos vers le salut. Une seconde variante montre Ialdabaôth revenant lui-même au bien [17] .

Les diverses divinités sont considérées comme perverses, liées au monde matériel, tel le Démiurge de la Bible. Les gnostiques n’emploient pas le terme « Dieu » pour désigner l’Être infini dont tout le monde supérieur émane[17] .

  • La rédemption

Ainsi, Sophia est prise d’égarement, elle s’éprend d’amour pour la matière vers laquelle elle descend et où elle s’enlise. Une autre version dit que Sophia, emportée par sa vanité, voulait ressembler à l’Entité suprême en engendrant seule sans sa contrepartie masculine. S’ensuit l’apparition d’un être difforme, Ialdabaôth, que Sophia cacha sous un voile qui formera le ciel, limite entre les mondes supérieurs et le monde matériel. Sous ce voile, Ialdabaôth ignorait tout de la Lumière, ne disposant en son sein que d’une étincelle céleste héritée de sa mère. Sophia fut exilée du monde supérieur après sa faute. Du fond de l’abîme Ialdabaôth engendra la matière, il est le Démiurge. Il s’unit à sa propre Ignorance pour engendrer les archontes correspondant aux zodiaques et aux planètes. Des archanges et anges leur sont associés. Le repentir de Sophia touche les puissances suprêmes qui la tirent de l’abîme et l’établissent aux abords inférieurs du monde de la Lumière, purgatoire où elle attendra d’être plus complètement relevée de sa déchéance.[19]

[modifier] Le destin de l'Homme

Parmi les éons, il y a l’Homme (primordial) ainsi que le Fils de l’Homme. C’est à partir de son reflet que le Démiurge et ses archontes décident de fabriquer l’homme, Adam. Le Père, grâce à ses anges déguisés en archontes, suggère au Démiurge d’insuffler son esprit, la Lumière dont il s’était emparé, à Adam.La Lumière est ainsi passée à l’humanité. De rage, les archontes emprisonnent Adam dans l’Éden, vu comme un lieu terrible. Les puissances d’en-haut cachèrent la Gnose et la Vie dans le fruit défendu, et envoyèrent un Sauveur sous la forme du serpent pour inciter Adam et Ève à s’emparer de ces secrets [21].

Les archontes installent en Adam un second esprit, le contrefacteur, qui va sans cesse combattre les mouvements de l’esprit tiré vers le haut. Le premier couple est expulsé de l’Éden par le Démiurge, furieux. Il souille Ève de sa lubricité, ce qui explique la génération d’Abel et Caïn. La vraie postérité d’Adam ne commence qu’avec Seth, dont seule la descendance, les parfaits, est promise au salut. Le Démiurge envoie le Déluge pour anéantir les parfaits, mais Noé s’abrite avec les siens dans l’Arche et au final c’est la race née de l’union des anges du Démiurge et des filles de la terre qui est anéantie[21] .

Les archontes sont liés à la voûte céleste, au mouvement des planètes. Chaque partie de l’homme, physique ou psychique, appartient souverainement à la puissance de la voûte céleste qui l’a façonnée. Dans ce corps assemblé descend une âme qui, traversant l’un après l’autre chacun des cieux des planètes, y reçoit, en fonction du moment de ce passage, telle ou telle disposition par laquelle l’individu restera soumis aux astres. Enfin, les puissances insinuent dans le fœtus l’esprit contrefacteur destiné à contrarier les pulsions éventuelles de l’homme vers le salut[21].

Le mélange de tous ces facteurs entraîne des degrés de perfections fort différents qui expliquent les 3 grandes catégorisations de l’humanité (pneumatique, psychique ou hylique)[21].

Le principe féminin a un rôle important dans les éons, des figures féminines vont jouer des rôles prophétiques, les gnostiques ne semblent donc pas considérer la femme comme inférieure à l’homme. Mais le retour de l’élément féminin à sa contrepartie masculine reste une condition indispensable à l’accès à la perfection céleste, et Sophia est responsable de l’erreur qui a conduit la chute vers la matière. Les sectes qui s'inspirent plus ou moins de la révélation chrétienne accorderont à la figure de Marie-Madeleine une place au moins aussi importante qu'aux apôtres[21].

[modifier] L’eschatologie

Le Démiurge ne cesse d’envoyer contre les parfaits des cataclysmes et persécutions.Il faut éveiller les élus en leur rappelant leurs racines célestes. Pour cela, des sauveurs et des prophètes sont envoyés d’en-haut pour dispenser confidentiellement leurs révélations. L’acte final du salut de l’humanité est la descente d’une puissance de la Lumière jusqu’au fond des Enfers [22]

L’œuvre salvatrice est associée à la descente de la Mère Céleste dans les abîmes où l’humanité est prisonnière, mythe remontant à la descente d’Ishtar aux Enfers. Seth aurait eu une incarnation céleste, et les mages (Zoroastre, etc.) sont les prophètes gardiens de l’enseignement secret de Adam et Seth. La figure de la Mère sera remplacée par celles de Seth puis du Christ[22] .

Annoncé par un signe des cieux, le Sauveur va descendre, d’abord déguisé en archonte des cieux inférieurs, puis revêtu de toute sa gloire. Les gnostiques répugnant à l’idée d’incarnation, le Sauveur est incorporel. Dans certaines versions du mythe le Sauveur doit subir les conséquences humiliantes de l’incarnation pour transmettre son message à quelques élus avant de retourner au Ciel. Parfois il oublie sa mission et doit être lui-même sauvé (mythe du « Sauveur sauvé »)[22] .

L’amnésie de la condition originale est une image spécifiquement gnostique. En se tournant vers la Matière, l’âme oublie sa propre identité. C’est la mort spirituelle. Le mythe du Sauveur Sauvé tourne autour de cette notion d’amnésie, qu’illustre l’Hymne de la Perle, dans les Actes de Thomas. La découverte du principe transcendant à l’intérieur de Soi-même constitue l’élément central de la religion gnostique. Cette redécouverte, l’anamnèse, est obtenue grâce à un messager divin et grâce à la gnose[22] .

Le symbole du sommeil est également utilisé dans ces mythes. C’est un symbole archaïque universellement répandu dans la quête de l’initiation. Ne pas dormir, ce n’est pas seulement triompher de la fatigue physique, mais surtout faire preuve de force spirituelle. Rester « éveillé », être pleinement conscient, veut dire : être présent au monde de l’esprit.

Finalement, le rédempteur remontera aux Cieux, occasion d’un bouleversement céleste qui fixera les archontes aux planètes, traversant la voûte céleste à l’endroit d’un X gigantesque considéré comme la Croix céleste. Ce phénomène de la crucifixion sur le X céleste est déjà attesté à Rome au moment de l’avènement du règne d’Auguste, à qui on attribue déjà l’abolition de la Fatalité astrale [22] .

Les gnostiques se croyaient presque parvenus à la fin des temps. Les livres prétendument gardés secrets venaient d’être ressortis de leurs cachettes. Pour les Parfaits, l’enseignement portait sur les mystères de la descente et de l’ascension du Sauveur/Christ à travers les 7 cieux habités par les anges, et sur l’eschatologie individuelle, c'est-à-dire l’itinéraire mystique de l’âme après la mort. Cette tradition prolonge l’ésotérisme juif et d’ailleurs sur l’ascension de l’âme et les secrets du monde céleste [22] .

[modifier] L’âme après la mort

L’homme est asservi aux puissances des cieux visibles qui l’ont façonné. Les gnostiques pensent pouvoir réduire leur puissance en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettent également en place des rites pour échapper aux égarements de "l’esprit contrefacteur". Au moment de la mort, un élu muni de tous les sacrements de la gnose fait son ascension à travers les cieux sans retour : il présente les sceaux aux gardiens pour que les portes lui soient ouvertes. Des autres, les moins souillés sont purifiés dans les purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère à l’autre lors d’une conjonction astrale. Mais bien des malheureux sont rejetés vers le bas, tourmentés en Enfer, avant d’être soumis à l’oubli de leur vie précédente et rejetés dans de nouveaux corps[23]

[modifier] La morale

Les gnostiques, voyant le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes, ou encore se croyant pourvus d'une grâce d'en-haut qui délivre des actes ici-bas, n'ont pas de notions de moralité individuelle très strictes.

La gnose peut donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à de curieuses immoralités, avec la volonté de contredire en tout la loi biblique. La chair appartenant à la matière et ne sachant participer au Salut, peu importe qu'elle fût souillée. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques sont réprouvées par d’autres groupes gnostiques comme par les réfutateurs chrétiens.

Enfin l'héritage de certains mystères grecs (par exemple chez les Naassènes) put être à l'origine de comportements immoraux en leur donnant une valeur mystique.

[modifier] Organisation des sectes

[modifier] La morale

Les gnostiques, voyant le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes, ou encore se croyant pourvus d'une grâce d'en-haut qui délivre des actes ici-bas, n'ont pas de notions de moralité individuelle très strictes. La gnose peut donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à de curieuses immoralités, avec la volonté de contredire en tout la loi biblique. La chair appartenant à la matière et ne sachant participer au Salut, peu importe qu'elle fût souillée. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques sont réprouvées par d’autres groupes gnostiques comme par les réfutateurs chrétiens. Enfin l'héritage de certains mystères grecs (par exemple chez les Naassènes) put être à l'origine de comportements immoraux en leur donnant une valeur mystique.[24]

[modifier] La propagande

Les gnostiques foisonnent en d’innombrables groupuscules. Il y aurait eu trois grades : les « commençants », les « progressants » et les « parfaits ». L’enseignement ésotérique aux fidèles portait sur le symbolisme du baptême, de l’eucharistie, de la Croix, sur les Archanges et sur l’interprétation de l’Apocalypse. L'enseignement gnostique était secret. Pour éviter d'être repérée, la Gnose se dissimulait, évitant d'imposer des manières de vivre voyantes. On connaît mal l'organisation interne des sectes. Des témoins anciens, seul Épiphane a essayé de pénétrer la vie des sectes [25]

Les parfaits sont voués au respect de tous les préceptes de la Gnose et leur identité première s'efface devant quelque surnom mystique. Les simples fidèles qui continuaient leur existences impures en subvenant aux besoins des élus. Les premiers fondateurs, et parfois leurs successeurs, s’étaient présentés comme des prophètes ou des incarnations de puissances célestes. À des fins de propagande, les gnostiques se présentaient d'abord aux chrétiens comme leurs frères, ne dévoilant que les croyances les plus proches, puis en posant des questions ébranlant l'interlocuteur. De même, ils travestissaient certains de leurs textes en leur donnant une apparence plus orthodoxe[25] .

Enfin, tout comme le christianisme se répand par la thaumaturgie, la gnose attire par la magie et l'astrologie, très répandue au début de l’ère chrétienne, qui tiennent une place très importante dans leurs écrits [25] .

[modifier] Les rites

Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'agapes et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques. Dans certains groupes, la frontière entre la Gnose et les magies gréco-orientales est très perméable [26] .

[modifier] Rapports avec le judaïsme, la philosophie grecque et le christianisme

La Torah donne lieu à de nombreuses exégèses qui distinguent le Créateur de la Créature, comparés au potier et au vase qu'il fabrique [27]. Ainsi Philon d'Alexandrie distinguait la puissance de miséricorde et de bonté, en tout supérieure, et la puissance créatrice qui lui est subordonnée.

Le gnosticisme grec se calque sur la philosophie mystique grecque de Philon : on retrouve le vocabulaire technique et les procédés d’argumentation. C’est en langue grecque que le gnosticisme atteignit son développement le plus complet[28].

Le Livre d'Hénoch connaissait déjà le mythe de la Fatalité vaincue par une intervention d’en-haut qui aurait enchaîné les astres, jusqu’alors maîtres des hommes et de leurs destinées, épisode situé au temps de Noé ou peu après le Déluge. Il se retrouve chez les gnostiques chrétiens, surtout Valentin[28] .

À côté des 4 Évangiles et des Actes circulaient d’autres textes comportant la relation d’une doctrine ésotérique, communiquée aux Apôtres par le Christ ressuscité et concernant le sens secret des événements de sa vie. Ces livres sont qualifiés d’apocryphes. C’est de cet enseignement secret, conservé et transmis par la tradition orale, que se réclamaient les gnostiques chrétiens [28] .

[modifier] Les tendances

Simon et Dosithée officiaient en Samarie.

Ménandre, disciple de Simon, introduisit le gnosticisme à Antioche. Son héritier, Satornil, fut actif à Antioche de 100 à 130. À Antioche, également, Nicolas le diacre.

Cérinthe, un judéo-chrétien contemporain de Jean, voit Jésus comme le fils de Joseph et de Marie. Jésus reçut en lui le Christ, mais plus tard. Cérinthe s’établit plus tard à Alexandrie. Là, Carpocrate proclama une théorie analogue concernant Jésus.

À Alexandrie on retrouve Basilide (disciple de Ménandre), Carpocrate et Valentin. Ce dernier se rendit ensuite à Rome.

[modifier] Simon le Magicien

Icône de détail Article détaillé : Simon le Magicien.

Il est vu comme le premier hérétique et l’ancêtre de toutes les hérésies. Ses disciples sont devenus gnostiques après la catastrophe de 70, formant la secte des séthiens (?).

Il était adoré comme le « premier Dieu », et sa compagne Hélène, découverte par Simon dans un bordel de Tyr, était considérée comme la dernière et la plus déchue incarnation de la « Pensée » de Dieu. Rachetée par Simon, elle est devenue le moyen de la rédemption universelle. L’union du magicien et de la prostituée assure le salut universel, car cette union est en réalité la réunion de Dieu et de la Sagesse divine.

Selon la légende, Simon annonça à Rome son ascension au Ciel, mais la prière de l’apôtre Pierre le fit retomber lamentablement.

[modifier] Basilide

Icône de détail Article détaillé : Basilide.

Basilide exerça son activité de 125 à 155 à Alexandrie. Il fut un des premiers maîtres gnostiques. Il écrivit 24 livres d’exégèse de l’Écriture, synthèse des doctrines enseignées par les disciples de Simon le Magicien. Mais c’est surtout par ses observations critiques qu’on connaît ses idées, reprises par son disciple et fils Isidore, puis par toute une école théologique.

Il professait la transcendance absolue de Dieu, de qui la Pensée, puis la Parole, puis la Prudence, la Sagesse et la Force avaient émané. De là étaient sortis les anges et les puissances constituant le premier ciel, puis les 365 cieux qui séparaient Dieu du groupe des anges les plus modestes, lesquels avaient créé le monde et s’étaient réparti entre eux les peuples.

Yahvé, le Dieu paléo-testamentaire, était un personnage querelleur et autoritaire qui avait semé le désordre et dont le peuple était constamment agressif. Dieu intervint alors en envoyant dans le monde sa Pensée comme Christ.

À tous les niveaux, sauf le plus élevé, l’ignorance conduisait chacun des êtres célestes intermédiaires à se prendre pour le Dieu Suprême.

Le salut était apporté par la Connaissance (Gnôsis) révélée par le Christ et les maîtres inspirés. Avec cette gnose, le Mal était surmonté puisqu’il n’était que l’œuvre du méchant Yahvé. La souffrance des justes était vue comme une expiation pour les péchés de chacun des croyants.

[modifier] Valentin

Icône de détail Article détaillé : Valentin (gnostique).

Il fut le plus important des maîtres gnostiques. Il naquit en Égypte et fut éduqué à Alexandrie. Il enseigna à Rome entre 135 et 160. L'Évangile de vérité, ainsi que d’autres textes découvert à Nag Hammadi, se rattachent à l’école valentinienne.

D’entre les grands gnostiques, il n’y a guère que les valentiniens qui, lorsqu’ils se réfèrent aux enseignements chrétiens, le fassent d’après les évangiles canoniques.

Le Père, Premier principe absolu et transcendant, est invisible et incompréhensible. Il s’unit à sa compagne, la Pensée (Ennoia) et engendre les 15 couples des éons, formant le Plérôme. Le dernier des éons, Sophia, veut connaître le Père et provoque une crise qui entraînera l’apparition du mal et des passions. Sophia et ses créations sont rejetées, produisant une sagesse inférieure.

En haut, un nouveau couple est créé, le Christ et son partenaire féminin le Saint-Esprit. Le Plérôme, de nouveau pur, engendre le Sauveur Jésus. En descendant dans les régions inférieures, le Sauveur mélange la matière, provenant de la sagesse inférieure (hylique), avec les éléments psychiques, engendrant le Démiurge, le dieu de la Genèse, qui se croit seul Dieu. Celui-ci crée le monde et le peuple de deux catégories d’hommes, les hyliques et les psychiques. Mais des éléments venant de la Sophia supérieure s’introduisent dans le souffle du Démiurge, donnant naissance aux pneumatiques. Le Christ descend alors sur Terre pour révéler la connaissance libératrice. Les pneumatiques, réveillés par la gnose, remonteront vers le Père.

La rédemption du dernier pneumatique sera accompagnée par l’anéantissement du Monde, de la Matière.

La Matière a une origine spirituelle, c’est un état, une « expression externe solidifiée » de l’Être absolu. L’ignorance (l’aveuglement de Sophia) est la cause première de l’existence du Monde. La connaissance constitue la condition originelle de l’Absolu.

[modifier] Marcion

Icône de détail Article détaillé : Marcion.

Marcion (v.85- v.160) est un personnage capital du christianisme primitif mais c'est aussi le premier grand hérétique[29]. Marcion est né dans une famille chrétienne du Royaume du Pont. C’est un représentant typique des élites chrétiennes non juives. Son père, riche armateur, fut épiscope de Sinope. Il part en Asie Mineure avant de se rendre à Rome vers 135 où il est le premier à amener les lettres de Paul inconnues auparavant. Il devint membre influent de l’Église de Rome en lui faisant une importante donation avant d'être excommunié par celle-ci pour ses positions. Ce rejet est sans influence en Bithynie où il s'en retourne reprendre la charge sacerdotale de son père[30]

Il publia les Antithèses, où il dit que le Dieu de Jésus n’a rien à voir avec le Créateur de l’Ancien Testament, divinité ignorante, brutale et matérialiste. Il rejette les anciennes Écritures, ne gardant qu’une sélection des nouveaux écrits[31] . Exclu de l’Église de Rome en 144, il se lance dans des campagnes missionnaires, fonde de nombreuses églises où l’on pratiquait une morale très austère, comportant la renonciation à la sexualité et à la vie de famille, tout en se préparant au martyre. Son Église qui s’étend « à tout le monde habité » rivalisera longtemps avec la Grande Église avant de disparaître vers le IXe siècle.[32]

Du fait que Marcion retenait certains textes chrétiens du Nouveau Testament considérés ultérieurement comme canoniques, bien des critiques refuseront de considérer Marcion comme un gnostique. Adolf von Harnack en fait une figure les plus importantes de l’histoire de l’Église entre Paul de Tarse et Augustin d'Hippone.

Marcion partage l’essentiel du dualisme gnostique, sans inclure les implications apocalyptiques. Il oppose la Loi et la Justice, instituées par le Dieu Créateur de l’Ancien Testament, Yahvé, à l’Amour et à l’Évangile, révélés par le Dieu Bon à travers Jésus. Par la prédication de Jésus, le Démiurge apprend l’existence du Dieu Transcendant, et il se venge en livrant Jésus à ses persécuteurs. Par son sacrifice, Jésus rachète l’humanité au Dieu Créateur. Mais les fidèles continueront d’être persécutés jusqu’à la fin des temps, lorsque le Dieu Bon se fera connaître, qu’il les recevra dans son royaume, et qu’il anéantira la Matière et le Créateur/Démiurge.

[modifier] Annexes

[modifier] La femme

Le principe féminin a un rôle important dans les éons, des figures féminines vont jouer des rôles prophétiques, les gnostiques ne semblent donc pas considérer la femme comme inférieure à l’homme. Mais le retour de l’élément féminin à sa contrepartie masculine reste une condition indispensable à l’accès à la perfection céleste, et Sophia est responsable de l’erreur qui a conduit la chute vers la matière.

[modifier] L’Évangile selon Thomas

L’Évangile selon Thomas daterait du début du IIe siècle. Son texte intégral ne nous a été connu que depuis la découverte de la bibliothèque gnostique de Nag Hammadi. Il s’agit d'une collection de paroles de Jésus dont des fragments grecs précédemment retrouvés n’avaient offert que des lambeaux mal compréhensibles. La plupart de ces logia ont leur parallèle dans les Évangiles canoniques, mais paraissent relever d'une tradition autonome. .
Le royaume de Dieu y est non eschatologique, le rejet des pratiques juives de piété (jeûne, prière et aumône) ou de la circoncision y est absolu.

[modifier] Le gnosticisme dans l’islam

Le sens du mot "gnostique" ne revêt pas la même signification en islam où ce terme est quasiment équivalent à mystique. Ainsi, les soufis se désignent souvent par le terme "gnostique" au sens de "possesseur de la connaissance de Dieu", cette connaissance étant conforme aux dogmes musulmans mais dans un état plus "avancé". Ainsi, stricto sensu, le gnostique musulman est un musulman et non un hérétique.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages généraux

  • Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier : Ecrits gnostiques Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade" 1830 p., 2007 Recension
  • Leisegang,Hans, La Gnose. Collection Petite bibliothèque Payot (1951)
  • Jacques Lacarrière, Les Gnostiques. Collection Idées, Gallimard 1964 ;
  • Madeleine Scopello, Les Gnostiques, Paris, Cerf, « Fides ».
  • Jean Doresse, article « Le gnosticisme » dans Histoire des religions, folio essais
  • Mircéa Eliade, dans Histoire des religions et idées religieuses, Bibliothèque historique Payot
  • Bart Ehrman, Les christianismes disparus, La bataille pour les Ecritures, apocryphes, faux et censures, Bayard Culture, 2007,
  • Timothy Freke & Peter Grandy Les Mystères de Jésus, Éditions Aléthèia
  • Serge Hutin "Les gnostiques" (Que sais-je)
  • Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (sous la direction de), Ecrits gnostiques - La bibliothèque de Nag Hammadi, Gallimard - Bibliothèque de La Pléiade - octobre 2007

[modifier] Plus spécialisés

  • Albert Assaraf, L'Hérétique, Elicha ben Abouya ou l'autre absolu, Paris, Balland, 1991.
  • Henri-Charles Puech, En quête de la gnose
  • Louis Painchaud, La Bibliothèque copte de Nag Hammadi, in L'Étude de la religion au Québec : Bilan et prospective, sous la direction de Jean-Marc Larouche et Guy Ménard, Les Presses de l'Université Laval, 2001
  • Daniel Boyarin Border Lines The Partition of Judaeo-Christianity
  • Élaine Pagels, Les Évangiles secrets, Gallimard, 1982, ré-édité 2006
  • Yves Maris, Cathares - Journal d'une initiée, AdA, 2006
  • Gérard Bavoux, Le Porteur de lumière, Pygmalion, 1996
  • Jean Doresse, Les Livres secrets des gnostiques d'Égypte Plon, 1958
  • Robert Grant, traduit par JH Marrou. La Gnose et les origines chrétiennes, Seuil, 1964

[modifier] Roman

[modifier] Notes et références

  1. Madeleine Scopello."les Gnostiques"
  2. Madeleine Scopello.les gnostiques
  3. Serge Hutin chapitre 2 .les Gnostiques
  4. Puech,in ann du coll de Fr.55e année p 176
  5. Serge Hutin,les Gnostiques Puf
  6. In the concluding document of Messina the proposal was 'by the simultaneous application of historical and typological methods' to designate 'a particular group of systems of the second century after Christ' as 'gnosticism', and to use 'gnosis' to define a conception of knowledge transcending the times which was described as 'knowledge of divine mysteries for an élite'
  7. something was being called "gnosticism" that the ancient theologians had called "gnosis" ... [A] concept of gnosis had been created by Messina that was almost unusable in a historical sense' (Markschies, Gnosis: An Introduction, 14-15)
  8. abc Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.365-370
  9. Nag Hammadi: Evangile selon Thomas. Textes gnostiques aux origines du christianisme présentés par F. Kuntzmann et J.-D. Dubois (Supplément au Cahier Evangile, 58), Paris: Cerf, 1987
  10. Jacques Matter. Histoire critique du Gnosticisme.la Gnose y est définie comme "l'introduction dans le sein du christianisme de toutes les spéculations cosmologiques et théosophiques qui avaient formé la partie la plus considérable des anciennes religions de l'Orient et que les nouveaux platoniciens avaient adopté également en Occident
  11. p. 19 introduction aux "Gnoses dualistes d'occident")
  12. cf paroles du Bouddha -"tout est souffrance, tout est non-vérité" et semble-t-il plus spécialement au sein du Hinayana qui oppose "Samsara" et Nirvana
  13. Couliano "Où en est la question du dualisme?
  14. abcd Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.374-379
  15. Jean Doresse (La Pléïade, "Histoire des religions, Tome 2, p.375"
  16. Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.417-421
  17. abcdef Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.379-385
  18. Madeleine Scopello .Glossaire des Gnostiques ed du Cerf
  19. abc Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.385-389
  20. selon M Scopello .Glossaire gnostique
  21. abcde Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.389-393
  22. abcdef Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.393-397
  23. Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.397-399
  24. Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.399-400
  25. abc Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.400-402
  26. Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.402-406
  27. Voir par exemple Isaïe 29, 16)
  28. abc Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.410-411
  29. Mordillat et Prieur, L’Origine du christianisme. Rompre avec le Judaïsme, transcription sur le Bulletin de l’Ermitage
  30. Adolf von Harnack, Marcion. L'Évangile du Dieu étranger, éd. du Cerf, Paris, 2005
  31. Voir Mordillat et Prieur, op.cit.
  32. Adolf von Harnack, ibid.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes