Voltaire

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François Marie Arouet
Pseudonyme Voltaire
Naissance 21 novembre 1694
Décès 30 mai 1778
Activité Écrivain et philosophe
Nationalité France France
Mouvement Lumières
Œuvres principales Candide.

François Marie Arouet, dit Voltaire, né le 21 novembre 1694[1] à Paris où il est mort le 30 mai 1778, est un écrivain et philosophe français. Il est admis à l'Académie française en 1746.

Sommaire

Biographie

Buste de Voltaire, 1778, par Jean-Antoine Houdon (1741 - 1828)
Buste de Voltaire, 1778, par Jean-Antoine Houdon (1741 - 1828)

Voltaire, dont la vie et l'œuvre, indissolublement liées, ont étroitement épousé son siècle, est un personnage complexe et contradictoire : célébré de son temps comme poète et tragédien, on lit aujourd'hui essentiellement ses écrits philosophiques en prose (les contes, les lettres philosophiques et le dictionnaire philosophique). Souvent considéré (avec son éternel ennemi Rousseau) comme un des penseurs précurseurs de la Révolution française, il fréquenta les Grands et courtisa les monarques, sans dissimuler son dédain pour le peuple. Apôtre de la tolérance, il s'entêta dans des polémiques hargneuses. Maladif et hypocondriaque, il brilla toujours par son énergie et sa vivacité d'esprit.

Naissance et origines

François-Marie Arouet Le Jeune, dit plus tard Voltaire, est né officiellement le 21 novembre 1694 à Paris, et baptisé le lendemain, dans une famille de la riche bourgeoisie parisienne. À plusieurs reprises, il affirmera être né en réalité neuf mois plus tôt le 20 février 1694 : le baptême aurait été retardé du fait du peu d'espoir de survie de l'enfant. Ses parents sont François Arouet, notaire puis receveur des épices à la Cour des Comptes et Marie Marguerite d'Aumart, d'une famille proche de la noblesse de robe. Son frère aîné sera un sympathisant janséniste. Du fait de son esprit frondeur, de ses relations libertines et surtout de sa vocation de poète, il aura des relations difficiles avec son père. Cause ou conséquence de cette inimitié, Voltaire s'est à plusieurs reprises dit fils d'un Monsieur de Rochebrune, « mousquetaire, officier, auteur ». Sa mère meurt en 1701 à l'âge de 42 ans.

Plusieurs hypothèses sur l'origine du pseudonyme « Voltaire » ont été formulées et ont longtemps fait débat :

  • Ce serait l'anagramme de AROUET L(e) J(eune) ou plutôt de AROVET L(e) I(eune) en lettres capitales latines où U s'écrit V et J s'écrit I. AROVETLI donne VOLTAIRE. C'est l'hypothèse la plus sérieuse, et la plus souvent évoquée dans toutes les publications.
  • Il s'agirait de l'anagramme phonétique d'Airvault, nom d'un bourg poitevin d'où est originaire sa famille.
  • Ce peut être également le syntagme verbal signifiant en ancien français celui que l'on « voulait-faire-taire » (vol-taire), à cause de sa pensée novatrice.
  • Il peut s'agir de la contraction de Volontaire avec syncope de la syllabe intérieure on.
  • On pense également à l'anagramme syllabique et phonétique de « révolté » : révolté devient re-vol-tai, qui donne Voltaire.

[Les critiques modernes (notamment, et surtout, l'édition de La Pléiade et les manuels scolaires) s'accordent aujourd'hui à admettre la première hypothèse comme la plus vraisemblable.]

Études

Il commence ses études en 1704 au collège Louis-le-Grand dirigés par les Jésuites. Il y fait de brillantes études de rhétorique et de philosophie, obtient des premiers prix. Tout en étant fort critique des Jésuites, il garda toute sa vie une grande admiration pour ses professeurs et les grandes entreprises missionnaires de la Compagnie de Jésus, en Chine et au Paraguay. L'éducation reçue l'initie aux plaisirs de la conversation et du théâtre. Il devient l'ami des frères d'Argenson, René-Louis et Marc-Pierre, futurs ministres du roi Louis XV.

Vers 1706, il compose une tragédie Amulius et Numitor ; on en trouvera plus tard des extraits qui seront publiés au XIXe siècle. Après sa classe de philosophie, il quitte le collège en 1711 pour s'inscrire à l'école de droit de Paris.

Libertinage

En 1712 il tente le concours de l'Académie avec une ode, Le Vœu de Louis XIII, mais échoue.

Filleul de l'abbé de Châteauneuf, il est introduit dans une société libertine, la Société du Temple, et reçoit un legs de Ninon de Lenclos. Il aime faire étalage de ses talents littéraires et de son esprit désinvolte et frondeur qui se déploie dans des épigrammes.

En 1713, à 19 ans, il part pour la Hollande comme secrétaire de M. de Châteauneuf, frère de son parrain. Il se fait chasser de l'ambassade de France en Hollande en raison de sa liaison avec Mlle du Noyer, dite Pimpette, qu'il voulait enlever, à la suite de la plainte de Madame du Noyer. Monsieur Arouet menace son fils de l'expédier à Saint-Domingue et de le déshériter.

En 1714, il écrit un pamphlet, Lettre à M. D***, et une satire, Le Bourbier ou le Parnasse, et commence sa tragédie Œdipe. Devenu clerc de notaire, son métier ne l'inspire guère.

Exils et prisons

En 1716, il est exilé pour des vers séditieux qu'on lui prête et qu'il se défendra toujours d'avoir écrits : le poème des « J'ai vu », d'inspiration janséniste. Le rencontrant dans les jardins du Palais-Royal, le Régent Philippe d'Orléans lui lance : « Monsieur Arouet, je gage vous faire voir une chose que vous n'avez jamais vue. — Quoi ? — La Bastille. — Ah ! Monseigneur, je la tiens pour vue. » Ce n'est pas à la Bastille qu'il ira mais à Sully-sur-Loire où il passera cinq mois, loin de Paris[2]. En 1717, accusé d'avoir rédigé des pamphlets contre le Régent, il échappe à la déportation aux îles (Antilles) mais est emprisonné à la Bastille pendant près d'un an, entre 1717 et 1718. Il commence La Henriade, ode au roi Henri IV. Libéré en avril 1718, il est exilé à Châtenay-Malabry. Il adopte le nom de Voltaire et achève Œdipe, sa première pièce de théâtre, qui rencontra le succès en novembre, quelques mois après sa sortie de prison.

Les années de 1719 à 1724 sont des années de mondanité.

En 1726, à la suite d'une altercation avec le Chevalier de Rohan, Voltaire est emprisonné de nouveau à la Bastille.

Il s'exile après sa libération, en Grande-Bretagne (suite à l'ordre qui lui fut donné de quitter le royaume français) de 1726 à 1729, où il découvre la philosophie de John Locke, les théories scientifiques d'Isaac Newton et la caractéristique de la monarchie britannique, dont il assurera la vulgarisation en France dans les Lettres philosophiques.

En 1730, poursuivi pour certaines de ses œuvres, il va chercher refuge en Normandie chez son condiciple et ami, l'académicien Le Cornier de Cideville.

Vie de Cour

Voltaire partage la vie d'Émilie du Chatelet au château de Cirey, il fait quelques passages à la cour de Lunéville sous le règne de Stanislas Leszczyński, duc de Lorraine, puis rentre à Paris, où il mène une carrière de courtisan avant de tomber en disgrâce.

Ce n'est qu'en 1750 qu'il se rend à la cour de Frédéric II à Berlin, où l'attend une position brillante, la clef de chambellan et un traitement considérable. Le roi et le philosophe se lient d'amitié, le premier pratiquant parfaitement le français. Mais les deux amis ne peuvent dissimuler longtemps leurs traits principaux, l'un son humeur altière et son habitude d'être obéi, l'autre sa supériorité intellectuelle et son esprit piquant. La brouille est inévitable, et, en 1753, une querelle de Voltaire avec Maupertuis, que soutient le roi, précipite la rupture, et Voltaire quitte la Prusse. L'ouvrage le plus important qu'il publie pendant son séjour à Berlin est Le Siècle de Louis XIV.

De Genève à Ferney

En 1755, il s'installe aux « Délices », près de Genève. Enfin, en 1758, il achète un domaine à Ferney, dans le Pays de Gex, et Tournay, en territoire français, mais sur la frontière franco-genevoise (Genève est alors un État indépendant). Il va aménager la région, bâtir, planter, semer et développer l'élevage. En compagnie de Mme Denis, sa nièce, gouvernante et compagne, il fait vivre un millier de personnes, se fait agriculteur, architecte, fabricant de montres et de bas de soie. Avec son sens de la formule, il résume l'entreprise : « Un repaire de 40 sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1200 personnes utiles. » Voltaire n'est plus seulement l'homme le plus célèbre de son époque : il est devenu un mythe. De Saint-Pétersbourg à Philadelphie, on attend ses publications comme des oracles. Artistes, savants, princes, ambassadeurs ou simples curieux se rendent en pèlerinage à Ferney chez cet « aubergiste de l'Europe ».

En 1778, il revient à Paris : le peuple de la capitale l'accueille avec un tel enthousiasme que certains historiens voient dans cette journée du 30 mars « la première des journées révolutionnaires ».

Voltaire devant le tombeau de Jean-Jacques Rousseau au Panthéon de Paris
Voltaire devant le tombeau de Jean-Jacques Rousseau au Panthéon de Paris

Deux mois avant sa mort, le 7 avril 1778, il devient franc-maçon dans la loge parisienne des « Neuf Sœurs ». Il est possible que Voltaire ait été franc-maçon avant cette date, mais il n'en existe aucune preuve formelle.

Il meurt à Paris le 30 mai 1778. En février, 4 mois avant sa mort, il déclarait publiquement : « Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition. » [réf. nécessaire]

Ses cendres sont transférées au Panthéon de Paris le 11 juillet 1791 après une cérémonie grandiose.
Par un hasard de l'Histoire, sa tombe se trouve en face de celle de Jean-Jacques Rousseau, qu'il n'aimait — et ne comprenait — guère.

Voltaire et les femmes

La vie et l'Œuvre de Voltaire dévoilent une place intéressante accordée aux femmes. Plusieurs de ses pièces sont entièrement dédiées aux vies exceptionnelles des femmes (de pouvoir) de civilisations Orientales. Cette vision des femmes au pouvoir peut éclairer l'attachement de Voltaire à une femme savante comme Mme de Châtelet.

  • Les femmes dans la vie de Voltaire

Les différentes périodes de la vie de Voltaire étaient plus ou moins rythmées par la présence des femmes. Voltaire était durant des années l'amant de Mme de Châtelet. Puis, c'est sa nièce Mme Denise qui l'accompagnait à Ferney.


  • Les femmes dans son Œuvre

Œuvre

Voltaire a mené une carrière d'homme de lettres que ce soit dans le domaine de la poésie ou dans celui du théâtre. C'est d'ailleurs pour ses pièces qu'il souhaitait être reconnu de la postérité. Si aujourd'hui elles sont tombées dans l'oubli, elles ont toutefois fait partie du répertoire théâtral durant presque deux siècles. Parmi la soixantaine de pièces qu'il écrivit, l'histoire littéraire a retenu notamment Zaïre (1732), Adélaïde du Guesclin (1734), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet ou le Fanatisme (1741), La Mérope française (1743), Sémiramis (1748), Nanine, ou le préjugé vaincu (1749), Le Duc de Foix (1752), L'Orphelin de la Chine (1755), Le Café ou l'Écossaise (1760), Tancrède (1760), Les Scythes (1767), ou encore Les Lois de Minos (1774). Les aspects exotiques de certaines pièces sont inspirés des Lettres édifiantes et curieuses dont il était un lecteur avide. Il fut du reste considéré, en son siècle, comme le successeur de Corneille et de Racine, parfois même leur triomphateur ; ses pièces eurent un immense succès, et l'auteur connut la consécration en 1778 lorsque, sur la scène de la Comédie française, son buste fut couronné de lauriers[3], devant un parterre enthousiaste.

Voltaire a collaboré quelquefois avec Rameau pour des œuvres lyriques : le projet commun le plus ambitieux (l'opéra sacré Samson) finit par être abandonné sans être représenté, condamné par la censure (1733-1736). Il y eut ensuite (1745) une comédie-ballet, La Princesse de Navarre et un opéra-ballet, Le Temple de la Gloire de l'époque ou Voltaire était encore courtisan.

La correspondance de Voltaire constitue une partie importante et conséquente de sa production écrite. Sont recensées 23 000 lettres et il est considéré comme l'un des épistoliers les plus prolifiques de son siècle. Sa correspondance révèle plusieurs facettes peu connues de sa personnalité. Il entrenait de longues correspondances avec ses contemporain(e)s, telle la salonnière madame du Deffand.

Voltaire est surtout lu aujourd'hui pour ses contes. Candide, Zadig, entre autres, font partie des textes incontournables du XVIIIe siècle et occupent une place de choix au sein de la culture française.

Sa morale

Adolph von Menzel : Tablée ; Voltaire avec le roi Friedrich II de Prusse au Château de Sans-Souci, Potsdam, Alte Nationalgalerie, Berlin.
Adolph von Menzel : Tablée ; Voltaire avec le roi Friedrich II de Prusse au Château de Sans-Souci, Potsdam, Alte Nationalgalerie, Berlin.

Le libéralisme

Dans la pensée du philosophe anglais John Locke, Voltaire trouve une doctrine qui s'adapte parfaitement à son idéal positif et utilitaire. John Locke apparaît comme le défenseur du libéralisme en affirmant que le pacte social ne supprime pas les droits naturels des individus. En outre, c'est l'expérience seule qui nous instruit ; tout ce qui la dépasse n'est qu'hypothèse ; le champ du certain coïncide avec celui de l'utile et du vérifiable. Voltaire tire de cette doctrine la ligne directrice de sa morale : la tâche de l'homme est de prendre en main sa destinée, d'améliorer sa condition, d'assurer, d'embellir sa vie par la science, l'industrie, les arts et par une bonne « police » des sociétés. Ainsi, la vie en commun ne serait pas possible sans une convention où chacun trouve son compte. Bien que s'exprimant par des lois particulières à chaque pays, la justice, qui assure cette convention, est universelle. Tous les hommes sont capables d'en concevoir l'idée, d'abord parce que tous sont des êtres plus ou moins raisonnables, ensuite parce qu'ils sont tous capables de comprendre que ce qui est utile à la société est utile à chacun. La vertu, « commerce de bienfaits », leur est dictée à la fois par le sentiment et par l'intérêt. Le rôle de la morale, selon Voltaire, est de nous enseigner les principes de cette « police » et de nous accoutumer à les respecter.

Le déisme

Étranger à tout esprit religieux, Voltaire se refuse cependant à l'athéisme d'un Diderot ou d'un d'Holbach. Il ne cessa de répéter son fameux distique :

L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger.

Ainsi, selon Voltaire, l'ordre de l'univers peut-il nous faire croire à un « éternel géomètre ». Toutefois, s'il reste attaché au déisme, il dénonce comme dérisoire le providentialisme (dans Candide par exemple) et repose cette question formulée dès saint Augustin et qu'il laisse sans réponse : « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant formé par un Dieu que tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? »

On lui attribue par ailleurs aussi cette phrase : « Nous pouvons, si vous le désirez, parler de l'existence de Dieu, mais comme je n'ai pas envie d'être volé ni égorgé dans mon sommeil, souffrez que je donne au préalable congé à mes domestiques. »

L'humanisme

Toute l'œuvre de Voltaire est un combat contre le fanatisme et l'intolérance, et cela dès La Henriade en 1723. « On entend aujourd'hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C'est une maladie qui se gagne comme la petite vérole. » Dictionnaire philosophique, 1764, article Fanatisme

Il a en tout cas lutté contre le fanatisme, celui de l'Église catholique comme celui du protestantisme, symboles à ses yeux d'intolérance et d'injustice. Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser l'opinion publique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter l'indignation : l'humour, l'ironie deviennent des armes contre la folie meurtrière qui rend les hommes malheureux. Les ennemis de Voltaire avaient d'ailleurs tout à craindre de son persiflage, mais parfois les idées nouvelles aussi. Quand en 1755, il reçoit le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, qui désapprouve l'ouvrage, répond en une lettre aussi habile qu'ironique :

« J'ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie. [...] On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. [...] » (Lettre à Rousseau, 30 août 1755)

Le « patriarche de Ferney » représente éminemment l'humanisme militant du XVIIIe siècle. Comme l'a écrit Sainte-Beuve : « [...] tant qu'un souffle de vie l'anima, il eut en lui ce que j'appelle le bon démon : l'indignation et l'ardeur. Apôtre de la raison jusqu'au bout, on peut dire que Voltaire est mort en combattant. »

Sa correspondance compte plus de 23 000 lettres connues tandis qu'il laisse à la postérité un gigantesque Dictionnaire philosophique qui reprend les axes principaux de son œuvre, une trentaine de contes philosophiques et des articles publiés dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. De nos jours, son théâtre, qui l'avait propulsé au premier rang de la scène littéraire (Mérope, Zaïre et d'autres), ainsi que sa poésie (la Henriade, considérée comme la seule épopée française au XVIIIe siècle) sont oubliés.

C'est à Voltaire, avant tout autre, que s'applique ce que Condorcet disait des philosophes du XVIIIe siècle, qu'ils avaient « pour cri de guerre : raison, tolérance, humanité ».

La justice

Voltaire s'est passionné pour plusieurs affaires et s'est démené afin que justice soit rendue.

Ce combat est illustré par cette citation fameuse et pourtant apocryphe apparue en 1906 [4] :

« Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »

À croire certains commentateurs (Norbert Guterman, A Book of French Quotations, 1963), cette citation reposerait sur une lettre du 6 février 1770 à un abbé Le Riche où Voltaire dirait : « Monsieur l'abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. » En fait, cette lettre existe mais la phrase n'y figure pas, ni même l'idée. (Voir le texte complet de cette lettre à l'article Tolérance.)

En revanche, cette pseudo-citation a sa source dans le passage suivant :

« J'aimais l'auteur du livre de l'Esprit Helvétius. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n'ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu'il débite avec emphase. J'ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l'ont condamné pour ces vérités mêmes. » (Questions sur l'Encyclopédie, article « Homme »).

Un précurseur du Revenu citoyen

La nouvelle de Voltaire L'Homme aux quarante écus part de la mesure en arpents du royaume et de la valeur moyenne locative de la terre par arpent. Si l'on répartissait cette somme entre tous les sujets du royaume, cela ferait à chacun la rente de quarante écus, dont il munit son héros. Ce principe est exactement celui qui est implicitement sous-jacent au Revenu citoyen, à savoir la part inhérente de rente minimale que peut espérer tout un chacun, du fait du patrimoine constitué par les générations antérieures. Il peut aider à survivre, mais dans des conditions seulement très modestes.

Aspects divers

Voltaire et l'argent

Voltaire est mort à la tête d'une immense fortune : « un des premiers revenus de France, dit-on ! » (Jean Goldzink, Voltaire, ISBN 2070530795).

Ses revenus viendraient :


Il n'a guère abordé le sujet, et l'on considère qu'il a gardé le secret dans deux domaines : ses affaires, et ses amours avec sa nièce.

Voltaire et l'esclavagisme

Voltaire a fermement condamné l'esclavagisme. Le texte le plus célèbre est la dénonciation des mutilations de l'esclave de Surinam dans Candide [5] mais son corpus comporte plusieurs autres passages intéressants. Dans le « Commentaire sur l'Esprit des lois » (1777), il félicite Montesquieu d'avoir jeté l'opprobre sur cette odieuse pratique. [6]

Il s'est également enthousiasmé pour la libération de leurs esclaves par les Quakers de Pennsylvanie en 1769.

En compagnie de son avocat et ami Christin, il a lutté lors des dernières années de sa vie pour la libération des « esclaves » du Jura qui constituaient les derniers serfs présents en France et qui, en vertu du privilège de la main-morte, étaient soumis aux moines du chapitre de Saint-Claude (Jura). C'est un des rares combats politiques qu'il ait perdu ; les serfs ne furent affranchis que lors de la Révolution française, dont Voltaire inspira certains des principes.

A tort, on a souvent prétendu que Voltaire s'était enrichi en ayant participé à la traite des noirs. On invoque à l'appui de cette thèse une lettre qu'il aurait écrite à un négrier de Nantes pour le remercier de lui avoir fait gagner 600 000 livres par ce biais. En fait, cette prétendue lettre est un faux [7].

Essais sur les mœurs et l'esprit des nations (1756) : « Nous n'achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l'acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. »

Voltaire et l'antisémitisme

Parmi les auteurs modernes, d'aucuns désignent Voltaire comme « antisémite »[8]. Ils s'appuient notamment sur le fait que Voltaire écrive dans l'article « Tolérance » du Dictionnaire philosophique : « C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre. Mais tout absurde et atroce qu'elle était, la secte des saducéens fut paisible et honorée, quoiqu'elle ne crût point l'immortalité de l'âme, pendant que les pharisiens la croyaient[9]. »

L'historien de la Shoah, Léon Poliakov, qui a intitulé De Voltaire à Wagner le tome III de son Histoire de l'antisémitisme fait de Voltaire, « le pire antisémite français du XVIIIe siècle[10] ». Selon lui ce sentiment se serait aggravé dans les quinze dernières années de la vie de Voltaire. Il paraîtrait alors lié au combat du philosophe contre l'église chrétienne. Pour Pierre-André Taguieff[11], « Les admirateurs inconditionnels de la « philosophie des Lumières », s'ils prennent la peine de lire le troisième tome (De Voltaire à Wagner) de l'Histoire de l'antisémitisme, paru en 1968, ne peuvent que nuancer leurs jugements sur des penseurs comme Voltaire ou le baron d'Holbach, qui ont reformulé l'antijudaïsme dans le code culturel « progressiste » de la lutte contre les préjugés et les superstitions ».

Cependant, pour Bernard Lazare, « si Voltaire fut un ardent judéophobe, les idées que lui et les encyclopédistes représentaient n'étaient pas hostiles aux Juifs, puisque c'étaient des idées de liberté et d'égalité universelle[12]. »

D'autres notent que l'existence de passages contradictoires[13] dans l'œuvre de Voltaire ne permet pas de conclure péremptoirement au racisme ou à l'antisémitisme du philosophe : ainsi Roland Desné écrit : « Ce n'est pas parce que certaines phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe des persécuteurs[14]. »

Voltaire, gravure de Baquoy
Voltaire, gravure de Baquoy

Voltaire et l'islam

Voltaire considère jusqu'en 1745, Mahomet comme un « imposteur », un « faux prophète », un « fanatique » et un « hypocrite »[15] pour le décrire plus tard comme un « enthousiaste » et « grand homme » à l'image d'Alexandre le Grand[16].

Si Voltaire est hostile à Mahomet et à l'islam avant ses recherches pour la documentation historique du Siècle de Louis XIV et de l'Essai sur les Mœurs, c'est qu'avant 1745 ses sources sur la civilisation islamique sont des ouvrages de « tradition dévote hostile au fondateur de l'islam »[17] tous chargés d'une longue histoire d'hostilité entre Occidentaux et Orientaux[18].

Par la suite, lorsque Voltaire se détache des sources héritées du Moyen Âge, notamment après avoir lu Henri de Boulainvilliers et Sale[19], sa perspective change radicalement et il refusera ensuite de voir en Mahomet un illettré : il ne peut imaginer qu'un homme qui avait été « négociant, poète, législateur et souverain ne sut pas signer son nom » comme il l'exprime dans le Dictionnaire philosophique (article sur le Coran). Comme Boulainvilliers et Sale, Voltaire préfère utiliser l'islam comme un subterfuge pour attaquer le christianisme qu'il considère comme « la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanglante religion qui ait jamais infecté le monde[20]. » Par contraste, il vante la doctrine musulmane pour sa grande simplicité : « Il n'y a qu'un Dieu et Mahomet est son prophète[21]. »

L'évolution de Voltaire sur l'islam arrive à son point culminant avec Examen important de milord Bolingbroke ou le tombeau du fanatisme[22]. Jésus y est caricaturé « comme un chef de parti », un « gueux », un homme « de la lie du peuple » qui voulait former une secte[22]. Par contre, Mahomet quant à lui avait établit un culte qui « était sans doute plus sensé que le christianisme. On n'y adorait point un juif en abhorrant les juifs ; on n'y appelait point une juive mère de Dieu ; on n'y tombait point dans le blasphème extravagant de dire que trois dieux font un dieu ; enfin, on n'y mangeait pas ce dieu qu'on adorait et on n'allait pas rendre à la selle son créateur[23]. » La religion qu'apporte Mahomet était en revanche « le simple théisme, la religion naturelle et par conséquent la seule véritable[23]. »

Comme beaucoup d'autres déistes, Voltaire était attiré par la rationalité apparente de l'islam, « religion sans clergé, sans miracle et sans mystères[21]. » Ainsi, entre 1742, date à laquelle Voltaire a présenté sa pièce de théâtre Le Fanatisme ou Mahomet et sa dernière phase sur l'islam qui se situe entre 1768 et 1772, le chemin parcouru est long.

Informations complémentaires

  • L'altercation avec le chevalier de Rohan :
Lors d'une sortie dans un théâtre parisien, Voltaire rencontre le chevalier de Rohan, un représentant d'une des grandes familles de la noblesse française. Voltaire lui dit alors : « Monsieur, je commence mon nom pendant que vous finissez le vôtre ».
Le noble salue poliment Voltaire.
Quelques jours plus tard, Voltaire est invité à déjeuner chez le chevalier de Rohan. Une fois son fiacre arrêté à l'intérieur de la résidence, les serviteurs bastonnent le jeune Arouet, puis le font embastiller.
  • On qualifia souvent Voltaire de franc-maçon[24] sans tablier, car il s'était tenu à l'écart de cette confrérie bien qu'il eût des conceptions voisines. Au soir de sa vie, il accepta pourtant d'entrer dans la loge des Neuf Sœurs (que fréquentait aussi Benjamin Franklin). On le dispensa vu son âge des habituelles épreuves ainsi que du rite du bandeau sur les yeux enlevé, celui-ci semblant déplacé sur un homme qui avait été considéré par beaucoup comme l'un des plus clairvoyants de son époque. Il revêtit à cette unique occasion le tablier de Claude-Adrien Helvétius, qu'il embrassa avec respect. Les honneurs funèbres lui furent rendus en loge le 28 Novembre de cette même année.
  • Voltaire disait à propos de Marivaux et d'autres : « Grands compositeurs de rien, pesant gravement des oeufs de mouche dans des balances de toiles d'araignées ».
  • La Henriade lui fut inspirée par sa maîtresse, la maréchale de Villars. Après leur rupture, Voltaire lui adressa ce madrigal :
« Quand vous m'aimiez, mes vers étaient aimables,
Je chantais dignement vos grâces, vos vertus :
Cet ouvrage naquit dans ces temps favorables ;
Il eût été parfait ; mais vous ne m'aimez plus. »
(François-Antoine Chevrier, Almanach des gens d'esprit, Londres, Jean Nourse, 1762, p. 110)
  • En 2000, Frédéric Lenormand publie un roman, La Jeune fille et le philosophe, évoquant l'adoption par Voltaire d'une descendante de la famille Corneille. L'anecdote est tirée du récit qu'en fit Voltaire dans sa correspondance. Hanté par l'ombre de Corneille, il lui sembla extraordinaire de devenir le père adoptif d'une de ses descendantes. C'est pour constituer une dot à cette jeune fille qu'il publia une nouvelle édition des pièces de Corneille, vendue par souscription à tous les princes d'Europe. À noter que la fille de sa pupille fut emprisonnée à Paris sous la Terreur, comme Belle et Bonne, et comme la belle-fille de la belle Émilie, la duchesse du Châtelet, qui fut même guillotinée.
  • Le paléontologue Pierre Teilhard de Chardin, promoteur ardent de l'idée de noosphère, a pour aïeule une sœur de Voltaire.

Les influences des autres cultures dans ses ouvrages ou l'exotisme voltairien

Dans les ouvrages de Voltaire, on trouve les empreintes de plusieurs cultures. A part la civilisation greco-romaine, il y a l'Orient qui lui sert parfois d'alibi pour opérer une double critique (critique de sa propre société et de la société représentée). L'influence de l'Orient apparaît par exemple dans le conte Zadig. N'oublions pas qu'il est aussi influencé par la culture anglaise.

Ouvrages de Voltaire

Frontispice des Lettres sur les Anglois, 1735.
Frontispice des Lettres sur les Anglois, 1735.

16 volumes de ses œuvres ont paru dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Bibliographie

Ouvrages

  • Rémy Bijaoui, Voltaire avocat. Calas, Sirven et autres affaires..., Paris, Tallandier, 1994 (ISBN 2235021182)
  • Jean Goldzink, Voltaire, la légende de saint Arouet, Paris, Gallimard, 1989
  • Jean Goulemot, André Magnan, Didier Masseau (dir.), Inventaire Voltaire, Paris, Gallimard, 1995 (coll. "Quarto") (ISBN 2070737578)
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  • Sylvain Menant, Esthétique de Voltaire, Paris, SEDES, 1995 (ISBN 2718115556)
  • Patricia Ménissier, Les Amies de Voltaire dans la correspondance : 1749-1778, Paris, H. Champion, 2007.
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  • René Pomeau, La Religion de Voltaire, Paris, Colin, 1956 (2e éd. 1969)
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  • André Versaille (éd.), Dictionnaire de la pensée de Voltaire, Bruxelles, éditions Complexe, 1994 (ISBN 2870275307)

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Notes et références

  1. Quoiqu'il prétendît être né le 20 février de cette année-là
  2. Voltaire en son temps, sous la direction de René Pommeau, tome 1, page 76
  3. Gravure de Moreau le jeune, http://www.visitvoltaire.com/f_voltaire's_later_life_last_trip_to_paris.htm
  4. Cette phrase qui est souvent attribuée à Voltaire semble apocryphe. Elle n'apparaît nulle part dans son œuvre publiée. Elle fut en fait formulée en 1906 dans The Friends of Voltaire, livre anglais d'Evelyn Beatrice Hall écrivant sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, pour résumer sa position : « I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it », avant d'être traduite en français.)
  5. Chapitre 19 de Candide
  6. « Si quelqu'un a jamais combattu pour rendre aux esclaves de toute espèce le droit de la nature, la liberté, c'est assurément Montesquieu. Il a opposé la raison et l'humanité à toutes les sortes d'esclavage : à celui des nègres qu'on va acheter sur la côte de Guinée pour avoir du sucre dans les îles Caraïbes ; à celui des eunuques, pour garder les femmes et pour chanter le dessus dans la chapelle du pape ; [...] », Oeuvres complètes de Voltaire, tome XXXI, « Commentaire sur l'Esprit des lois », Section « Esclavage », édition de 1893, p. 305.
  7. « Lumières et Esclavage » de Jean Ehrard, André Versaille éditeur, 2008, p 28
  8. Il faut toutefois rappeler que ce terme n'a été forgé qu'un siècle après la mort de Voltaire. Cf.[1]
  9. [2] - voir aussi l'article Juifs [3]
  10. Poliakov, Souvenirs des temps passés, « Revue de la Shoah n°158 », p. 23.
  11. dans sa préface de la réédition de l'ouvrage de Poliakov, La Causalité diabolique
  12. Bernard Lazare, L'Antisémitisme : son histoire et ses causes, « VI. L'antijudaïsme depuis la Réforme jusqu'à la Révolution française », 1894 (sur Wikisource).
  13. Dans le Traité sur la tolérance par exemple, notamment les chapitres XXII et XXIII. Voir aussi ce texte dans lequel Voltaire préconise la solidarité de tous, incluant explicitement les juifs : Mélanges, Éditions Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven, « Remèdes contre la rage des âmes » 1961, p. 828.
  14. « Voltaire était-il antisémite ? », La Pensée, n° 203, janvier-février 1979, pp 70-84.
  15. Voltaire, Le Fanatisme ou Mahomet le prophète, Œuvres complètes, éd. Garnier, 1875, tome 4, p. 135
  16. Voltaire, « Mahomet avait le courage d'Alexandre », Le diner du comte de Boulainvilliers, Œuvres complètes, éd. Garnier, 1875, tome 26, p. 580
  17. R. Pomeau, La Religion de Voltaire, p. 157
  18. Sadek Neaimi, L'Islam, passion française, éd. Bartillat, 2005
  19. Domique Carnoy, « Regard sur l'islam, de l'âge classique aux lumières », Histoire de l'islam et des musulmans en France, éd. Albin Michel, 2006, p. 471
  20. Lettre à Frédéric II, roi de Prusse, datée du 5 janvier 1767
  21. ab Sadek Neaimi, L'islam au siècle des Lumières, éd. L'Harmattan, Paris, 2003
  22. ab Faruk Bilici, « L'islam en France sous l'Ancien Régime et la Révolution : attraction et répulsion », Rives nord-méditerranéennes, 15 novembre 2005
  23. ab Examen important de milord Bolingbroke ou le tombeau du fanatisme
  24. Voltaire franc-maçon de la Loge « Les Neuf Soeurs » Précis historique de l'Ordre de la Franc-Maçonnerie jusqu'en 1829 (Tome II) Jean-Claude Bésuchet de Saunois - 1829


Précédé par
Jean Bouhier
Fauteuil 33 de l’Académie française
1746
Suivi par
Jean-François Ducis



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