Société festive et carnavalesque
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Une société festive ou – et – carnavalesque est une association de personnes réunies par l'amour de la fête et du divertissement, la volonté de réussir la fête, le Carnaval, et assurer sa perenisation.
Partout où existe une grande fête vivante, on rencontre de telles structures.
Discrêtes ou déclarées, elles forment le soubassement indispensable à la liesse populaire.
Parfois, ces sociétés festives sont partie prenante d'une association ayant une vocation générale différente. Ainsi, par exemple, au nombre des sociétés philantropiques et carnavalesques de Dunkerque, on trouve un chœur d'hommes et une société d'émulation nautique, tous deux fondés en 1864 (La Jeune France et le Le Sporting Dunkerquois).
La fête que l'on croit spontanée, ne l'est qu'en apparence.
Le Carnaval et toutes les grandes fêtes vivantes en général, se préparent toute l'année.
Il existe des associations festives énormes. Ainsi, par exemple, l'Agrupació de Colles de Geganters de Catalunya (Fédération des Porteurs de Géants de Catalogne) revendiquait, en 1997, 20 000 adhérents, tous bénévoles et de sexe masculin.
À Cologne, où le Carnaval rassemble trois millions de personnes dans la rue, existent des dizaines de sociétés carnavalesques, dont certaines ont plus de 150 années d'existences. Elles adhèrent au Festkomitee des Kölner Karnevals von 1823 e.V. (Comité du Carnaval de Cologne).
A Dunkerque et dans les villes alentour, existent d'immenses carnavals, dont les trois joyeuses, temps fort du Carnaval de Dunkerque. Des dizaines de sociétés philantropiques et carnavalesques[2] préparent activement, toute l'année, les festivités.
Onze d'entre elles, regroupées au sein de l'ABCD, Association des Bals de Carnaval Dunkerquois, organisent un bal au kursaal de Dunkerque.
Vingt-huit autres se rassemblent au sein de l'association les 28. Cette association s'occupe du bon déroulement des bals et manifestations carnavalesques, en établissant notamment le calendrier.
Ces sociétés sont dites “philantropiques”, car les bals masqués qu'elles organisent (ils sont très grands et rassemblent jusqu'à 8500 personnes), ont une entrée payante. Les sommes recueillies servent à aider des personnes en difficulté.[3]
A Paris, où le Carnaval a commencé sa renaissance en 1993 et défile à nouveau depuis 1998, existent deux compagnies carnavalesques : la Compagnie Carnavalesque Parisienne « Les Fumantes de Pantruche » (créée en 1998) et la Compagnie Carnavalesque des Sacrés Zèbres (créée en 2006).
Les plus anciennes associations festives qu'on peut rencontrer, à Paris, aujourd'hui, sont étudiantes. La Faluche, fondée en 1888, assure, entre autres, la continuité de traditions festives. Les fanfares des Beaux-Arts ou dites des Beaux-Arts, ont une origine antérieure à 1889, année où est attestée l'existence d'une fanfare à l'Ecole des Beaux-Arts.
[modifier] Exemples de sociétés festives et carnavalesques du monde
Dans le monde, les sociétés festives et carnavalesques existent en très grand nombre. Certaines sont de création française, comme on peut le relever dans cette liste, s'agissant, par exemple, de la Boeuf Gras Society (la plus ancienne société carnavalesque de Mobile, fondée en 1711), ou des Pierrettes :[4]
[modifier] Sociétés carnavalesques, passées et présentes, de Mobile (Alabama)[5]
On les appelle les « mystic societies » :
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[modifier] Sociétés festives et carnavalesques de France
Les sociétés festives et carnavalesques font partie des traditions françaises. Parmi les plus fameuses, on trouve les associations dunkerquoises.
[modifier] Sociétés philanthropiques et carnavalesques de Dunkerque et sa région, en 1997
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[modifier] Sociétés festives et carnavalesques de Paris
Les sociétés festives et carnavalesques font également partie des traditions parisiennes.
[modifier] Sociétés bachiques et chantantes de la banlieue de Paris, en 1830[6]
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[modifier] L'organisation du bal Musard
Dans la trilogie carnavalesque intitulée « Carnaval du Galopin »,[7] il est écrit, s'agissant du Carnaval de Paris :
- « LE BOUL'VARD vois-tu c'est l'asile du carnaval chicocandard je vas te montrer à la file, l'état major d'mosieu MUSARD, les chicards, balochards, flambarts et badouillards... »
Les bals donnés par Philippe Musard étaient célèbres par leur ambiance. Les groupes énumérés ici, sont des sociétés précises et organisées.
- Les flambarts : cette société, basée à Montmartre, figure dans la liste des sociétés bachiques et chantantes de la banlieue de Paris, en 1830.
- Les badouillards : il s'agit d'une société festive et carnavalesque étudiante parisienne, dont l'existence est attestée, en février 1833.[8]
- Les chicards, ce nom qualifie un type du Carnaval de Paris. Un quadrille burlesque, pour le piano, dédié à Mr Balochard, a été composé par A. Desblins, compositeur de musique festive de danses de Paris au XIXème siècle et chef d'orchestre des bals du Wauxhall. Un Parisien gesticulant, en tenue de Chicard, figure sur la couverture de la partition imprimée. Cependant, une habitude des écrivains et journalistes est d'oublier quand une tenue, un type festif et – ou – carnavalesque, corresponds à une société organisée précise. Ils en parlent comme d'une simple tenue, une mode vestimentaire. Ainsi il en est des faluchards, membre de la Faluche, reconnaissables à leur faluche, un béret en velours caractéristique. Quantité de textes et illustrations parlent, ou montrent, des étudiants faluchards, et traitent leur béret comme une curiosité vestimentaire, et non un signe distinctif d'appartenance à une communauté organisée précise. Il peut donc être raisonnablement supposé que les chicards étaient organisés. Ils étaient également parisiens, car leur nom ne figure pas dans la liste des sociétés bachiques et chantantes de la banlieue de Paris, en 1830.
- Les balochards, figurant dans la liste énumérée dans le « Carnaval du Galopin », sont, probablement, une troisième société carnavalesque parisienne.
Ces quatre sociétés participant aux bals donnés, au moment du Carnaval de Paris, devaient ainsi contribuer à l'animation de ceux-ci.[9] Leur qualification d'« état major d'mosieu MUSARD », indique que leur rôle était primordial, dans l'animation des célèbres bals masqués, organisés par Philippe Musard.
[modifier] La Mi-Carême à Paris, en 1881[10]
La Mi-Carême a été joyeuse hier. Tout Paris était sur les boulevards pour voir passer les masques et la circulation était si lente, qu'il fallait un bon quart d'heure pour aller de la rue Drouot au faubourg Montmartre. Les Momusiens, les Rigolos, et les Gueux ont été les héros de la journée.
Les Momusiens, une soixantaine de joyeux compagnons très cossus qui, pour la plupart sont des marchands du marché Beauvau, sont partis du faubourg Saint-Antoine et ont suivi la ligne des grands boulevards après avoir rendu visite aux principaux marchés de Paris. Six d'entre eux précédaient les calèches, à cheval, et sonnant du cor. Leur cavalcade était éblouissante.
Les Gueux, association de marchands, de porteurs, de commis et de négociants des Halles formaient un cortège de 200 personnes. Le roi, cette année, est un bijoutier, M.Munier. Il portait sa couronne avec une tranquillité qui peut lui être enviée par beaucoup de souverains de l'Europe.
La reine - Mme Amedée - est une femme charmante, sauf le respect que nous devons aux reines du jour. Les Gueux sont partis à dix heures de la rue Berger. Ils ont fait aux Halles un déjeûner de Balthazar, puis, dans l'après-midi, ils ont parcouru les boulevards.
Citons encore une autre association : la Renaissance du plaisir, qui est partie du marché des Carmes, et qui a défilé triomphalement dans vingt landaus.
Les bals publics, les brasseries et une foule d'industriels avaient leurs chars dont quelques-uns étaient du meilleur goût. Beaucoup de commerçants profitaient du vent qui soufflait en rafales sous le ciel ensoleillé pour lancer en l'air des prospectus qui s'envolaient et tourbillonnaient au dessus de la foule comme des nuées d'oiseaux multicolores.[11]
En somme, il y a longtemps que la Mi-Carême n'avait attiré tant de monde sur les boulevards. Il y avait un assez grand nombre de déguisements : des pierrots, des polichinelles, des incroyables, des ours blancs, des femmes déguisées en hommes, des hommes déguisés en femmes, etc., tout cela circulant au milieu de l'ahurissement des cors de chasse et des cornets à bouquin. Les plus malins parmi le public ont pris l'impériale de l'omnibus de la Bastille à la Madeleine,[12] d'où ils ont longuement dominé le spectacle de la foule immense.
[modifier] Sources
- BNF, Département des imprimés, réserve.
- Cabinet des Estampes du Musée Carnavalet, Paris.
- Collections historiques de la préfecture de Police, Paris.
- Article Mystic society du Wikipédia en anglais.
[modifier] Notes
- ↑ Source : extrait de la planche 34 de l'ouvrage du docteur Jean-Paul Rigollot « Les monnaies des evêques, des innocens et des fous », conservé au Cabinet des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Le docteur Jean-Paul Rigollot (1810-1873), médecin et historien, [1] nous est resté aujourd'hui surtout connu par son invention médicale : « le sinapisme Rigollot ».
- ↑ En janvier 1997, l'Office de Tourisme de Dunkerque indiquait que, dans cette ville et la région, elles étaient alors 40. La répartition géographique de leurs sièges était la suivante : Dunkerque : 12 - Coudekerque-Branche : 3 - Saint-Pol-sur-Mer : 3 - Bray-Dunes : 2 - Cappelle-la-Grande : 2 - Leffrinckoucke : 2 - Teteghem : 2. Le reste se répartissant, à raison d'un siège par ville, entre : Bergues, Bierne, Bourbourg, Ghivelde, Herzeele, Hoymille, Ledringhem, Lille, Loon-Plage, Malo-les-Bains, Pitgam, Steene, Wormhoot et Zuydcoote. 18 sociétés avaient pour adresse un café. Les carnavaleux dunkerquois non officiellement membres d'une société, se font appeler les Indépendants. Une des nombreuses chansons du Carnaval dunkerquois leur est consacrée.
- ↑ Ces sociétés mènent également d'autres actions philantropiques, comme, par exemple : organiser des manifestations à l’attention des catégories sociales défavorisées en proposant une aide sur le plan culturel, social et en développant l’accompagnement dans ces domaines. (Additif à l'objet de l'association Les Loonois, paru dans le Journal Officiel du 31 juillet 1999).
- ↑ Mobile (Alabama), ville des États-Unis, fut française jusqu'en 1803.
- ↑ Cette liste est non exhaustive.
- ↑ Promenade à tous les bals publics de Paris, barrières et guinguettes de cette capitale, ou revue historique et descriptive de ces lieux par M. R***, habitué de toutes les sociétés dansantes de Paris et des barrières - Paris, Terry jeune, Libraire 1830 – Pages 278-281. (BNF : RES. 8°Li159).
- ↑ Il s'agit d'une œuvre, sans date, dédiée à Mr Félicien, comptant 4 pages imprimées, plus une page de couverture illustrée, avec deux personnages costumés, et, derrière eux, le défilé de la Promenade du Bœuf Gras. Cette « Trilogie Carnavalesque » consiste en une alternance de morceaux parlés et chantés. Les paroles sont de E. Bourget, la musique de A. Marquerie.
- ↑ Suite à un incident survenu, durant le Carnaval, à un bal masqué, au petit Théâtre du Panthéon, cette société fut l'objet d'un procès, rapporté par la « Gazette des tribunaux », le 17 février 1833.
- ↑ Ce qui est aujourd'hui le cas, s'agissant des bals du Carnaval de Dunkerque, auxquels participent les sociétés philantropiques et carnavalesques de Dunkerque et sa région.
- ↑ La ville de Paris, vendredi 25 mars 1881.
- ↑ Il n'est pas question de confetti, car ils ne seront lancé à Paris qu'à partir de décembre 1891.
- ↑ Le célèbre omnibus Madeleine-Bastille.
- ↑ Fond d'archives privé, constitué depuis 1993, sur la renaissance du Carnaval de Paris.