Troubadour

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Bernart de Ventadorn, troubadour médiéval occitan - manuscrit de musique troubadour du XIIIe siècle
Bernart de Ventadorn, troubadour médiéval occitan - manuscrit de musique troubadour du XIIIe siècle

Un troubadour est un poète, un chanteur, durant le Moyen Âge, en Limousin, Guyenne et en Provence, ainsi qu'en Catalogne, en Aragon et en Italie. Le terme "troubadour", graphie francisée de l'occitan trobador, est utilisé pour désigner les artistes s'exprimant en occitan (limousin, auvergnat, provençal...). L’homologue féminin du troubadour est la trobairitz.

Sommaire

Étymologie

Un troubadour moderne (Owain Phyfe) joue dans une foire de la Renaissance en 2003.
Un troubadour moderne (Owain Phyfe) joue dans une foire de la Renaissance en 2003.

L'étymologie du mot "troubadour" est controversée. Deux familles d'hypothèses émergent :

1 - Les littéraires français estiment que la racine du mot se trouve dans le verbe trobar qui, en langue d'oc signifie : « composer », « inventer », ou « deviser » (voir les dictionnaires Académie française, Larousse, Robert). On retrouve sans doute ce sens aujourd'hui dans le nom de la musique latino-américaine romantique trova

Les linguistes ont une explication assez voisine, qui fait référence au substantif occitan trobador désignant celui qui trouve après une recherche. Le verbe occitan correspondant trobar vient du latin commun "tropare", forme verbale de tropus qui signifie "rhétorique", "figure de langage". Le mot latin vient lui-même du grec τρόπος, qui signifie "manière", "tournure" (voir le Petit Larousse illustré).

Les défenseurs de l'origine médiolatine de la poésie de cour (Reto Bezzola, Peter Dronke) et les musicologues (J. Chailley) poussent l'idée que le verbe français "trouver" signifie littéralement « inventer une trope ». La "trope" est un discours où les mots sont utilisés dans un sens différent de leur acception commune, comme dans la création de métaphores ou de métonymies.

2 - D'autres linguistes estiment que l'origine du mot "troubadour" vient de l'arabe tarrab qui signifie "chanter" (voir Maria Rosa Menocal : The culture of translation). Quelques adeptes de cette seconde théorie émettent l'hypothèse complémentaire que les deux étymologies pourraient être correctes. Les troubadours auraient pu en effet utiliser sciemment la proximité phonétique entre les deux concepts : l'occitan trobar et la racine arabe TRB, lorsque le thème de l'amour fut exporté du monde islamique sud-ibérique Al-Andalus vers le reste de l'Europe du sud-ouest.

Historique et nature

C'est au XIIe siècle que naquit l'amour courtois (fin' amor en oc), genre littéraire dont l'invention est attribuée à Guillaume IX de Poitiers, dit le Troubadour (1071-1127).

Cet amour courtois fut un modèle pour des générations de trouvères (troubadour a pour équivalent trouvère en langue d'oïl, et Minnesänger (ménestrel) en allemand). Empreint de valeurs héroïques propres à la chevalerie, son fin amor est souvent réaliste et franchement charnel, n'écarte pas l'adultère, mais évoque aussi des sentiments délicats.

L'amour courtois se développa pour répondre à des règles très précises, finalement codifiées par plusieurs arrêts pris à la cour d'Aliénor d'Aquitaine.

L'amour courtois use de plusieurs genres :

  • la canso (la chanson) est la forme la plus courante : cinq ou six couplets bâtis sur les mêmes rimes ;
  • l'aube (l'aubade ?) décrit avec brièveté le réveil des deux amants par le cri d'un guetteur et leur tristesse de devoir se séparer à la pointe du jour;
  • la serena (sérénade en langue d'oïl), dépeint les lamentations du chevalier amoureux ;
  • les sirventés sont des satires plus politiques et morales ;
  • le planh est un chant de deuil ;
  • le partimen ou joc-partit (jeu parti en langue d'oïl) et la tenso (tenson en langue d'oïl) permettent à plusieurs troubadours de débattre des questions d'amour ;
  • la pastourelle dépeint l'amour pour une bergère ;
  • la ballade, destinée à être dansée.
  • La chanson de croisade, représente un genre hybride: elle relève d'une part de l'idéologie de la croisade, exaltant la prouesse guerrière au service de la foi; mais d'autre part, elle représente une requête d'amour déguisée, que le danger de l'expédition rend plus urgente.


La reine Aliénor, petite-fille de Guillaume IX, très cultivée, joua un rôle considérable dans la diffusion de l'idéologie de l'amour [réf. nécessaire] courtois.

Troubadours et trobairitz célèbres

Icône de détail Article détaillé : Liste de troubadours et trobairitz.

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Duc de La Salle de Rochemaure, Les Troubadours cantaliens XII-XXe siècle, 1910, Bloud et Gay, , 2 in-12°, 645 et 577 p.
  • René Nelli, L'Érotique des Troubadours, Privat, Toulouse, 1963 - ISBN 2000025730 ;
  • Henri-Irénée Marrou, Les Troubadours, Le Seuil, Paris, 1971 - ISBN 2-02-000650-2 ;
  • Ezra Pound, Sur les pas des troubadours en pays d'Oc, éd. du Rocher, Paris, 2005 - ISBN 2268054594 ;
  • G. Brunel-Lobrichon, Cl. Duhamel-Amado, Au temps des troubadours, Hachette, coll. « La Vie quotidienne », 1997 - ISBN 2012355250.

Liens externes