Réunionisme

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Le rattachisme ou réunionisme est un courant au sein du Mouvement wallon prônant le réunion de la Wallonie, voire de Bruxelles, à la France.

Sommaire

[modifier] Nom

Les rattachistes ainsi que les militants wallons des autres courants préfèrent parler de réunionisme, étant donné que leur région a déjà été unie à la France lors de la periode française entre 1792 et 1815, et faisant suite au vote émis au Pays de Liège le 17 février 1793. Le mot rattachisme est lui un belgicisme datant de 1830[réf. nécessaire] et est le terme principalement utilisé en Belgique.

[modifier] Histoire

[modifier] Révolution française

Le courant réunioniste apparaît à la fin du XVIIe siècle et trouve sa réalisation dès 1792-1793 lorsque les habitants de la Principauté de Liège plébiscitent la réunion du pays à la France au suffrage universel[1]

Le territoire qui forme aujourd’hui la Belgique fut incorporé à la République en 1795 à la demande des patriotes belges et liégeois. A la suite de la défaite de Waterloo en 1815, les Pays-Bas du Sud (qui correspondent plus ou moins à la Belgique actuelle) furent séparés arbitrairement du reste de la France, par les grandes puissances conservatrices, pour être confiés au royaume des Pays-Bas. Cette séparation brutale se fit sans le consentement des populations concernées et un mouvement, de la part de citoyens des Pays-Bas méridionaux, se forma pour réclamer la réunion à la France.

[modifier] Révolution belge

Parmi les nombreuses causes de la Révolution belge, il y avait la volonté de la part de certains Belges, surtout la bourgeoisie qui est francophone, de se réunir à la France. On en trouve dans les personnalités d'avant plan de la Révolution comme Charles de Brouckère, Charles Rogier et Alexandre Gendebien[2]. La bourgeoisie économique dans plusieurs villes est en faveur de la réunion, principalement pour des motivations économiques mais aussi par francophilie, parmi l'élite wallonne[3], par « amour de la langue et de la culture françaises ainsi que de l'État laïc »[4]. C'est le cas principalement à Verviers et à Mons, où les réunionistes s'organisent et sont majoritaires aux élections communales de 1830 mais aussi à Liège et à Tournai où leur représentation est importante[5].

Les cercles économiques ne croient en effet pas que la Belgique indépendante puisse être viable, la majorité d'entre eux souhaitent «conserver les liens avec le Royaume-Uni des Pays-Bas, tandis qu'une minorité d'entre eux veut retourner sous l'aile de la France»[6]. Le Comité central ne croit d'ailleurs pas à une Belgique indépendante sans le soutien de la France, les pères-fondateurs de la Belgique soutiennent même qu'il n'y a aucun sentiment national belge en 1830 selon leur conception libérale de l'État-Nation[7]. C’est pourquoi, Gendebien va, au nom du Comité central, offrir la couronne de Belgique à Louis-Philippe Ier, roi des français[8]. Ce dernier décline, en raison des circonstance politiques, de l'équilibre des puissances européennes et des menaces de guerre que fait peser l'Angleterre en cas de réunion[9]. En effet, les autres puissances que sont le Royaume-Uni et la Prusse ne veulent pas d'une Belgique qui soit française[10].

La solution de repli pour les rattachistes est de soutenir la candidature du Duc de Nemours, fils de Louis-Philippe Ier, au trône de Belgique[11], mais le nouvel État se retrouve encore une fois confronté au refus du roi de France pour les mêmes raisons qu'il avait refusé d'accéder lui-même au trône. Le Congrès national belge constitue tout de même l’État belge sur le modèle monarchique et libéral français.

« L'action de ces bourgeois sera pourtant de courte durée. Si, au début, ils pétitionnent encore depuis Mons, Liège et Verviers au profit du rattachement à la France, ils concentrent ensuite leurs efforts sur la candidature du duc de Nemours. Le premier refus du roi de France les déçoit grandement. Bien vite, la satisfaction d'avoir gagné la majorité au Congrès national cède le pas à la désillusion. Louis-Philippe ne peut en effet pas non plus accepter cette deuxième tentative. En juin 1831, voyant que le prétendant au trône pro-anglais va l'emporter, ils laissent exploser leur mécontentement dans une tentative improvisée de prise de pouvoir à partir de Liège, qui échoue également.[12] »

L'avènement de Léopold Ier ruine les espoirs d'un rapprochement avec la France. Un certain nombre se réconcilient avec la Belgique mais la majorité d'entre eux y sont toujours opposés, toujours principalement pour des raisons économiques. Ils s'alient alors aux orangistes, car «la Belgique n'est pas viable et, selon eux, le marché hollandais vaut mieux que pas de marché du tout.»[12]

« On ne peut pas parler dans le cas du réunionisme, d'un vaste mouvement soutenu par une large base populaire. Il ne connaît qu'une brève existence et se limite aux régions économiquement tournées vers la France. S'il suscite une sympathie parmi les membres du Congrès, ses intérêts sont inconciliables avec ceux des puissances européennes, qui ne veulent en aucun cas faire de la Belgique une dépendance française. Le mouvement unit ensuite ses forces à celles des contre-révolutionnaires orangistes, ce qui lui permettra de continuer à jouer un rôle.[10] »

[modifier] De 1945 à nos jours

Le réunionisme revint avec en force durant la question royale lorsque le Congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945 vota en faveur de la réunion de la Wallonie à la France. Avant de se rallier in fine au fédéralisme[13].

Le réunionisme fut un courant important du mouvement wallon et du Rassemblement wallon qui obtint dans les années 1970 près de 20% des suffrages exprimés, devenant ainsi le second parti de Wallonie [14].

En 1999, en réaction au vote par le Parlement flamand des 5 résolutions mettant en place l’adoption d’un système confédéral en Belgique, un nouveau parti militant pour la réunion de la Wallonie et de Bruxelles à la France fut créé, le RWF (Rassemblement Wallonie France). Son président est Paul-Henry Gendebien, un des descendants d’Alexandre Gendebien, un des plus illustre révolutionnaire belge.

[modifier] Objectifs

Le réunionisme propose une réunion progressive de la Wallonie et de Bruxelles à la France, en gardant à ces régions leur identité et leur territoire, visant soit à une intégration comme région française classique, soit à une intégration avec des dispositions spéciales comme la Corse ou l'Alsace soit à une intégration avec un statut d'autonomie comme c'est le cas pour les territoires français d'outre-mer. Ce qui est conforme à la Constitution de la République. La Wallonie ferait ainsi partie intégrante de la République en tant que 27e région de France, et garderait Namur comme capitale. Elle serait composée de 5 Départements correspondants au 5 Provinces actuelles. En importance économique, elle se classerait au 5e rang. Pour ses partisans, cette situation aurait l'avantage de rééquilibrer l'axe franco-allemand et rapprocherait la France du prospère Bénélux dont elle partagerait la frontière avec les Pays-Bas.

Le réunionisme est prôné par le parti Rassemblement Wallonie France (en abrégé RWF) et son aile bruxelloise le Rassemblement Bruxelles-France (en abrégé RBF) qui soutient que le fédéralisme belge est un échec.

Il existe également un parti "FRANCE",antérieur à la création du RWF, présent aux élections dans 2 à 3 arrondissements de la province de Liège, qui lui se déclare rattachiste, prône l'indépendance de la Wallonie comme étape du rattachement et rejette toute éventualité de réunion de Bruxelles à la France.

Ces partis ont obtenu aux élections législatives régionales de 2004 des scores variant de 0,14 (FRANCE) à 1,02% (RWF) des voix sur l'ensemble du territoire wallon. À Bruxelles, le RBF ne recueille que 0,4% des voix.

En 2006, une partie du parti FRANCE a décidé de s'associer au RWF et a constitué le groupe "LIEGE-FRANCE, qui a conclu avec le RWF une alliance électorale . Ce groupe a créé un blog qui publie des messages et des commentaires quotidiens sur l'actualité politique belge.Près de 80 correspondants animent ce blog par leurs commentaires réguliers.Parmi les liens du blog "Liège-France", figure le site des Amitiés Françaises de Liège, qui organisent chaque année les festivités du 14 juillet réunissant plus de 30.000 Liégeois près du Palais des Congrès.Les Amitiés Françaises n'ont toutefois aucun caractère politique, leur but étant de perpétuer et resserrer l'amitié entre la France et Liège, en subventionnant des oeuvres françaises et liégeoises..

En France, des personnalités comme Michel Jobert[15], Jean-Pierre Chevènement[16] et Alexandre Adler[17] s'étaient exprimés sur le sujet, ne refusant pas la possibilité d'un tel rattachement à la France. Selon Alain Peyrefitte, De Gaulle[18] aussi avait des idées favorables au réunionisme.

[modifier] Notes et références

  1. A. Borgnet, Histoire de la révolution Liégeoise de 1789 : 1785 à 1795, d'après les documents inédits, 2 vol., Liège, 1865, T. II, pp. 243et suiv.
  2. Els Witte, Nouvelle Histoire de Belgique, vol. 1 : 1830-1905, Complexe, coll. « Histoire », Bruxelles, 2005, 640 p. (ISBN 2-8048-0066-0), « La construction de la Belgique », p. 60
  3. Els Witte, op. cit., p.111
  4. Els Witte, op. cit., pp. 110-111
  5. Els Witte, op. cit., pp. 110-111.
  6. Els Witte, Éliane Gubin, op. cit., p. 110.
  7. Els Witte, op. cit., p. 101.
  8. Els Witte, Éliane Gubin, Jean-Pierre Nandrin, Gita Deneckere, Nouvelle histoire de Belgique, p.110.
  9. Jacques Bainville, Histoire de France, Edition, Chapitre XIX.
  10. ab Els Witte, op. cit, p. 112.
  11. Els Witte, op. cit., p. 110.
  12. ab Els Witte, op. cit., p. 111.
  13. Destate, Le Parlement wallon : une assemblée attendue, Namur, 1998.
  14. Rassemblement wallon [RW] - MSN Encarta
  15. Selon le RWF: http://www.rwf.be/pages/questions_reponses/intervenants/jobert.html
  16. RTL 11/07/1996 http://rwf.ifrance.com/presse/debat.htm
  17. France Culture 09/07/2007 http://www.lefigaro.fr/debats/20070825.FIG000000504_la_belgique_va_t_elle_demander_le_divorce.html
  18. Cf C'était De Gaulle de Peyrefitte http://alain-radart.skynetblogs.be/post/3402530/de-gaulle-visionnaire

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

Sites de deux partis réunionistes :

Liens actifs mais complémentaires dans le domaine réunioniste :

[modifier] Bibliographie

  • Hervé Hasquin, Les séparatistes wallons et le gouvernement de Vichy (1940-1943). Une histoire d’omerta, Académie royale de Belgique, coll. Classe des lettres, 2004, 196 pp.
  • Gendebien Paul-Henry,Le choix de la France ,éd. Luc Pire, 2001,183 p.
  • Schreurs André, Liège, terre de France,Liège, éd. Jeune France, 1948.
  • Jarbinet Georges, 1795-1975, 180è anniversaire de la réunion du pays de Liège à la France, catalogue de l'exposition organisée par la section liégeoise de Wallonie Libre, Liège, 1975.
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