Rassemblement wallon

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Le Rassemblement wallon (RW) est un des plus anciens partis politiques belges francophones. Créé à la veille des élections de 1968, le Rassemblement wallon, présidé au début par François Perin, est avant tout un parti politique fédéraliste qui prit rapidement une place importante dans le paysage politique wallon jusqu'à obtenir 20 % des voix en Wallonie en 1971. Après un léger recul en 1974, il participa au gouvernement Tindemans (1974) et imposa une régionalisation préparatoire en vertu de l'article de la Constitution qui prévoyait l'institution de régions économiques. Par la suite, l'audience du parti baissera et il finira par se diviser en différentes factions et disparaîtra de la scène politique en 1985.

Sommaire

[modifier] Genèse

Depuis le Congrès national wallon de 1945, puis suite la grève de l’hiver 1960-1961, le fédéralisme agitait les consciences wallonnes. Les divergences entre Wallons et Flamands allaient croissant. Pourtant, pendant les années qui ont succédé à cette grève générale, les partis traditionnels refusaient d’enclencher le processus de fédéralisation de l'État belge. Les libéraux du PLP prônaient un unitarisme forcené, le Parti socialiste belge sabotait avec l'aide de la FGTB l'héritage d'André Renard et entravait l’avancée des militants wallons, enfin les sociaux-chrétiens du PSC refusaient de considérer le bien-fondé de la perspective fédéraliste.

Arriva le moment où le Parti socialiste belge (PSB) exclut des militants wallons, créant ainsi une dissidence wallonne, et où le PSC fut rattrapé par la volonté flamande de scinder l'Université catholique de Louvain (voir l'article Crise de Louvain).

Les questions auxquelles les partis traditionnels refusaient de répondre (la politique dite « du frigo ») devenaient un terrain de choix pour les dissidents : position des francophones sur Louvain, sur l’agglomération de Bruxelles, sur les rapports entre les communautés, sur les garanties contre la minorisation et sur l’avenir de la Wallonie. Les Fourons, dont la majorité de la population continuait à protester contre le rattachement au Limbourg, restait un point particulièrement litigieux dans le contentieux Wallonie-Flandre.

Cette liste de problématiques fut un terrain de choix pour la création d’un parti dont la priorité fut de faire aboutir le fédéralisme. C’est ainsi que le Rassemblement wallon se présenta comme « une association volontaire d’hommes libres, en rupture avec les formations politiques traditionnelles dont la carence a été si nuisible » à la Wallonie.

En opposition flagrante avec l’unitarisme forcené du PLP et avec la réserve du PSB et du PSC, le Rassemblement wallon (RW) dont la fondation fut officiellement annoncée le 7 mars 1968, fit feu de tout bois en faveur du fédéralisme.

[modifier] Action politique (1968-1985)

Le RW porta un coup d'arrêt à l'influence des libéraux et s'associa avec le FDF (parti défendant les francophones de Bruxelles) pour créer une formation unique le 21 mai 1968 tout en conservant chacun une large autonomie, le FDF-RW.

La dernière ligne droite avant la révision de la Constitution fut atteinte le 18 février 1970 : trois alinéas de la déclaration de Gaston Eyskens sonnaient définitivement le glas de la Belgique unitaire : « L'État unitaire est dépassé par les faits ».

Il faudra attendre le 24 décembre 1970 pour que la Constitution soit modifiée dans le sens du fédéralisme : la Belgique se compose désormais de quatre régions linguistiques, de trois communautés culturelles et de trois régions économiques.

Au scrutin du 7 novembre 1971, le RW remporta une incontestable victoire au détriment du PLP dont ce fut l’effondrement (onze députés en moins). Du printemps 1965 à l’automne 1971, l'audience des partis fédéralistes (RW et FDF, mais aussi la Volksunie) n’a pas cessé de croître.

Pourtant, les milieux d'affaires restaient opposés au fédéralisme et sociaux-chrétiens et socialistes étaient déterminer à limiter l'influence des partis fédéralistes.

Le RW entra au gouvernement le 11 juin 1974, désireux de faire progresser la régionalisation. À défaut de pouvoir instaurer un système définitif, François Perin organisa une régionalisation préparatoire dont la concrétisation ne nécessitait qu'une loi votée à la majorité simple : la loi Perin-Vandekerckhove du 1er août 1974. Celle-ci organisa des comités ministériels exécutifs régionaux constitués au sein du gouvernement central et des conseils régionaux consultatifs composés de sénateurs.

Le 4 octobre, de nouveaux secrétaires d'État furent désignés pour rendre effective cette régionalisation. Le Comité ministériel wallon siéga pour la première fois à Namur le 25 novembre sous la présidence du ministre des Affaires wallonnes Alfred Califice (PSC). Le lendemain, on procéda à l'installation du Conseil régional wallon à Namur (le sénateur PLP Franz Janssens fut élu président). Mécontent de la tournure des événements, écarté du pouvoir, le PSB sabota les premiers pas de la régionalisation : durcir l'opposition en refusant de siéger au conseil régional provisoire, se retirer de la Société de développement régional (SDR) et du Conseil économique régional wallon (CERW).

Aux élections de 1977, le RW perdit quasiment la moitié de ses voix et sièges, suite à une profonde réorientation à gauche opérée en décembre 1976, il se maintint cependant aux élections de 1978, obtint même un beau succès aux élections européennes de 1979 mais se divisa finalement à la veille des élections de 1981.

Des dissidents créèrent le Rassemblement populaire wallon, dirigé par Yves de Wasseige plus marqué à gauche, lié au Parti socialiste qu'il allait de fait intégrer en 1984, tandis que le Rassemblement wallon proprement dit allait disparaître au Parlement aux élections de 1985. Néanmoins, une frange de militants emmenés par André Libert (soutenu par Fernand Massart) maintiendra le Rassemblement wallon et se présentera, avec différents partenaires, régulièrement aux élections qui suivirent sous un autre sigle que celui du RW aujourd'hui protégé par le FDF. Le Rassemblement wallon actuel fait partie du pôle Wallon qui dépose des listes sous le sigle Wallon (parti politique). Le Rassemblement wallon ne devrait pas réapparaître sur la scène politique pour deux raisons. Une raison politique, c'est que le réunionisme défendu par une grande partie de ses fondateurs est actuellement repris par le RWF (Rassemblement Wallonie-France) et une raison administrative, c'est que le FDF est devenu propriétaire de ce sigle qu'il protège à chaque élection.

[modifier] Influence sur l'évolution politique de la Belgique entre 1968 et 1985

Parti éphémèrement au pouvoir dans la constallation politique belge et wallonne (1968-1985), le Rassemblement wallon est initialement considéré comme une dissidence du Parti socialiste belge. Le ralliement de nombreux militants du RW au PS via le Rassemblement populaire wallon au début des années 1980 allait progressivement encourager le PS wallon sous la direction d'André Cools, puis de Guy Spitaels à adopter une ligne plus régionaliste. De fait en 1987 et 1988, sous l'impulsion des socialistes, un grand nombre de compétences furent transféres aux régions et aux communautés. En 1992, à l'étonnement général, le président du PS prit même la tête de la Région wallonne, ce qui ne semblait pas s'accorder avec son envergure « nationale ». En 1993, les forces politiques belges tant en Flandre (en échange du principe du « juste retour » qui veut que les richesses produites dans une région y reviennent) qu'en Wallonie s'accordèrent sur le principe de l'instauration d'un État fédéral, ce fédéralisme étant cependant unique au monde dans la mesure où les compétences des entités fédérées, d'ailleurs exclusives, se prolongent sur la scène internationale où leur liberté d'action n'est pas réellement limitée par l'État fédéral. Certains objectifs du Rassemblement wallon n'ont pas été atteints, puisque l'instauration du fédéralisme « à la belge » n'a pas permis le redressement économique de la Wallonie.

[modifier] L'après 1985

Après 1985, le Rassemblement wallon continue à présenter quelques listes sous différents sigles mais les résultats électoraux ne sont plus au rendez-vous. De fait, le RW n'a plus que quelques élus communaux. Les présidents du parti seront successivement Fernand Massart, Marius Cohard et André Libert. En décembre 1999, création du Rassemblement Wallonie-France-Rassemblement Bruxelles-France (RWF-RBF) sur base d'une collaboration du Rassemblement wallon (RW) d'André Libert avec l'Alliance Démocratique Wallonne (ADW) formée en 1985 au sein du PSC par Paul-Henry Gendebien (ancien président du Rassemblement Wallon) et le Mouvement Wallon pour le Retour à la France (MWRF) de Maurice Lebeau. En janvier 2004, sous la conduite d'André Libert et de Michel Orban, le Rassemblement Wallon (RW) quitte le RWF-RBF. En juillet 2007, soit juste après les élections législatives, le mouvement Citoyens Wallons tire sa révérence et la plupart de ses membres, dont son leader, ont rejoint le Rassemblement wallon.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

  • Réunion du Pays de Liège à la France


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