Projet:Celtes/page de travail

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Les Celtes constituent une civilisation protohistorique[1] de peuples Indo-européens migrants à travers toute l’Europe et vers l’Asie. L’expansion celte en Europe s'est faite à partir de la Bohême. La culture celte a connu son apogée entre les VIIIe et IIIe siècle av. J.-C. Les Celtes possèdent une culture riche qui sut s’épanouir pendant les Âges du fer et développer un art tendant à l'abstraction dont la valeur est aujourd'hui reconnue. La culture celte survécut jusqu'au Moyen Âge en Irlande, avant de disparaître avec l'évangélisation de l'île par saint Patrick au Ve siècle.

Ne connaissant pas d'unité politique, les Celtes formaient une myriade de peuples possédant des lois, des coutumes et des rites différents, mais partageaient une même structure sociale et une religion commune. On les connait essentiellement à travers les textes antiques grecs et romains (en particulier grâce à César[2]) et les textes médiévaux des clercs gallois et irlandais qui nous ont transmis une abondante littérature, traitant des mythologies celtiques, des vertus royales et des faits héroïques.

C'est probablement leur incapacité à s'unir et à fonder des entités politiques plus vastes que la cité ou la confédération de peuples qui les a perdus : il semble qu'à l'instar des Grecs archaïques, les Celtes aient eu horreur du centralisme et n'aient connu que des alliances temporaires, fondées sur le clientélisme (voir l'article « Gaulois »).

L'histoire des Celtes est marquée par une succession de conquêtes et de migrations (jusqu'au IIe siècle av. J.-C.) qui les menèrent jusqu'en Asie mineure.

La civilisation celtique disparait par acculturation après les conquêtes romaines, hormis dans les îles britanniques et particulièrement en Écosse et en Irlande.

Sommaire

[modifier] Définitions et limites

Compte tenu de la durée de la civilisation des Celtes, qui s'étend de la protohistoire jusqu'au Moyen Âge, et compte tenu des dimensions de l'espace géographique que les Celtes occupèrent en Europe, il convient avant d'aborder la question du peuplement celtique de rappeler quelles sont les limites connues et communément admises pour le monde « celtique » (la koinè celtique).

Carte de l'Europe selon la Géographie de Strabon
Carte de l'Europe selon
la Géographie de Strabon

(gravure moderne)

Les sources les plus anciennes mentionnent les Celtes, habitant les régions qui vont des Colonnes d'Hercule jusqu'au Danube[3] au milieu du Ve siècle, c'est-à-dire à peu de choses près la péninsule ibérique, la France, le nord de l'Italie, l'Allemagne et l'Autriche (où la présence de populations à caractère celtique est attestée).

C'est à la fin du IVe siècle qu'apparaît, encore dans les sources grecques, le terme « Galates » pour désigner précisément les Celtes réunis sous l'autorité d'un Brenn (chef) qui se heurtent aux Grecs à partir de -310 (invasions menées entre autre par le chef Molistomos) traversent non sans laisser de traces les Balkans et gagnent l'Asie près de Byzance. Le contexte dans lequel ce nom est utilisé laisse penser que les intéressés se nommaient ainsi.

Près de deux siècles et demi après, Jules César mentionne les Gaulois, qui se nomment Celtes dans leur langue et qui habitent une partie de la Gaule (les deux autres parties étant peuplées par les Aquitains et par les Belges).

Point commun de ces trois témoignages qui reflètent par ailleurs des réalités et des objectifs différents, l'existence des Celtes est attestée durant ces siècles qui, d'Hérodote à César, constituent ce que les archéologues ont nommé « civilisation de la Tène » (du site de La Tène, sur la Thielle, en Suisse).

À ce « domaine celtique » attesté par les sources historiques, il faut ajouter l'île de Bretagne, également conquise peu après par les Romains et dont César mentionnait la spécificité par rapport à la Gaule. Il faut, enfin, ajouter l'Irlande, de l'âge du fer jusqu'au haut Moyen Âge, telle que la révèlent l'archéologie et la tradition, les textes chrétiens insulaires de cette dernière période.

[modifier] Problématique des sources

Dès que l'on aborde le domaine celtique, que ce soit au niveau de la civilisation, de la religion ou de la mythologie, on se trouve inévitablement confronté au problème des sources. Les druides, qui représentent la classe sacerdotale (première fonction de l'idéologie tripartite indo-européenne mise en lumière par Georges Dumézil), ont systématiquement privilégié une transmission orale de leur savoir, induisant la mémorisation de milliers de vers. On retrouve régulièrement l'argument selon lequel la parole écrite est une parole morte ; peut-être était-ce aussi un moyen d'éviter que leurs idées soient détournées. Notons que les Celtes n'ignoraient pas l'écriture puisque nous possédons des inscriptions utilisant l'alphabet grec et qu'ils ont inventé un système particulier de notation : l'écriture oghamique.

Deux types de sources nous livrent des informations générales. Tout d’abord, leurs contemporains, parmi lesquels on peut citer, à titre d’exemple : Diodore de Sicile (Bibliothèque historique), Strabon (Géographie), Pomponius Mela (De Chorographia), Lucain (La Pharsale), Pline l'Ancien (Histoire naturelle) et surtout Jules César avec les Commentaires sur la Guerre des Gaules. Ces témoignages donnent souvent une image négative des peuples celtes, compte tenu des relations belliqueuses qu’ils entretenaient, et la méconnaissance de leurs voisins. Prenant les précautions qui s’imposent, l'étude s’avère instructive.

La deuxième source est beaucoup plus tardive puisqu'il s’agit de la consignation par les clercs du Moyen-Âge, des traditions orales en Irlande. Cette littérature, dont la rédaction s'étale du VIIIe siècle au XVe siècle, vient opportunément confirmer et compléter les résultats des études des sources antiques. Ils retranscrivent les mythes et épopées de l'Irlande celtique, qui se sont transmis oralement de générations en générations. Toujours à titre d'exemple, on peut retenir : le Cath Maighe Tuireadh (Bataille de Mag Tured), le Tochmarc Etaine (Courtise d’Etain), la Táin Bó Cúailnge (Razzia des Vaches de Cooley), le Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d'Irlande) et les Mabinogion gallois. Là, la difficulté est d'une autre nature : les collecteurs transcripteurs ont affublé tous ces mythes d'un vernis chrétien, sous lequel l'étude découvre le substrat celtique original.

C'est tout le travail des philologues de dégager la matière primitive de la mythologie celtique, tout en se situant dans le contexte indo-européen.

[modifier] Étymologie

Commentaires sur la Guerre des Gaules (édition de 1783)
Commentaires sur la Guerre des Gaules (édition de 1783)

On ne connaît pas le ou les noms par lequel les Celtes se désignaient eux-mêmes en tant que peuple, si tant est qu'ils le faisaient. Le mot « celte » nous est parvenu par les civilisations externes qui les ont côtoyés. Parmi les principaux témoignages (Strabon et autres), notons celui de Jules César :

« Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam 'qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. »
    — Jules César dans son ouvrage
De Bello Gallico

[…] qui se nomment dans leur propre langue Celtes et dans la nôtre Gaulois. […]

Le mot « celte » peut être un dérivé de différents mots :

  • des mots indo-européens "« kel-kol »" qui signifie « colonisateur » ou « keleto » qui veut dire « rapide » en référence à leurs fréquents déplacements rapides à cheval ;
  • plus tard, ces mots seraient devenus les mots grecs keltoï ou Galates (grec galatai) qui signifie « envahisseur » ;
  • encore plus tard, galate est devenu galli en latin puis « Gaulois » en français.

[modifier] Histoire

[modifier] Ethnogenèse des Celtes

Concernant l'origine des Celtes, deux explications extrêmes sont possibles sans qu'aucune donnée archéologique ou historique ne permette de trancher.

Soit une vague de peuplement pré-celtique ou celtique de l'Europe aurait eu lieu, se superposant à un ou plusieurs peuplements antérieurs : le problème de savoir quand et à partir de quel foyer ce peuplement se serait produit se pose alors. Soit une civilisation à proprement parler « celtique » se serait lentement développée par diffusion culturelle sur un fond de peuplement préhistorique antérieur : dans ce cas, aucun bouleversement ethnique d'importance n'aurait accompagné la « naissance » des Celtes. Évidemment, la combinaison ou la juxtaposition partielle de ces deux explications est également possible. Le début de la civilisation celtique en Europe occidentale est communément datée de la première moitié du IIe millénaire av. J.-C.

En tous cas, les ancêtres des Celtes, peut-être à rechercher parmi les peuples pré-celtiques, furent probablement parmi les premiers Indo-européens à avoir remonté le Danube et peuplé la région alpine. Ces peuplades préhistoriques occupèrent durablement toute la partie occidentale de l'Europe, de l'Écosse au Nord jusqu'à l'Espagne au sud, et des Balkans à l'Est jusqu'à l'Irlande à l'ouest.

[modifier] L’âge du bronze

[modifier] Hallstatt

[modifier] La Tène

[modifier] Société

[modifier] Le système indo-européen

[modifier] Les Classes

[modifier] La théocratie druidique

[modifier] Religion et mythologies

Article détaillé : Religion celtique.

Si les Celtes connaissaient l’écriture et l’ont parfois utilisée, ils ont privilégié l’oralité pour la transmission du Savoir, quel qu’en soit le domaine, de sorte qu’il faut étudier le domaine celtique à partir de sources externes ou tardives. La construction de sanctuaires à usage religieux est un fait très tardif dans le domaine celtique puisqu’ils n’apparaissent qu’au IIIe siècle av. J.-C.. Aux époques précédentes, le culte régi par la classe sacerdotale des druides, se faisait dans des espaces sacrés en pleine nature (nemeton en langue gauloise signifie « sacré », nemed en gaélique), comme les clairières, la proximité des sources. Lucain, dans la ‘’Pharsale’’ (III, 399-426), nous donne la description d’un de ces lieux avec un endroit strictement interdit, réservé aux dieux. Le site de Burkovák (Bohême) recèle de très nombreux objets à caractère votif, mais est exempt de toute construction. Il est possible aussi que des ensembles mégalithiques, tels Carnac ou Stonehenge aient pu être réutilisés par les druides dans un but cultuel. La construction de palissades autour d'enclos et de bâtiments intervient à une époque où la civilisation celtique entame son déclin. Le plus célèbre de ces sites est celui Gournay-sur-Aronde.

[modifier] Sources

Les principales sources sur la religion des anciens Celtes sont tout d'abord les textes de leurs contemporains grecs et latins, notamment Diodore de Sicile (Histoires), Strabon (Géographie), Pomponius Mela (De Chorographia), Lucain (La Pharsale), Pline l'Ancien (Histoire naturelle), et surtout Jules César avec La Guerre des Gaules. Ensuite, il existe tout un ensemble de textes irlandais, écrits du VIIIe au XVe siècle, qui retranscrivent les mythes et épopées de l'Irlande transmis oralement de générations en générations, et qui constituent la Mythologie celtique.

Ces textes, rédigés dans un contexte chrétien, complètent ceux des Anciens ; on retiendra : le Cath Maighe Tuireadh (Bataille de Mag Tured), le Tochmarc Etaine (Courtise d’Etain), le Táin Bó Cúailnge (Razzia des Vaches de Cooley), le Lebor Gabala (Livre des Conquêtes) et les Mabinogion gallois.

D'une manière générale, l'absence relative de témoignages de première main dont nous disposons sur la religion des anciens Celtes a donné lieu à un ensemble d'interprétations plus ou moins fantasques. En réalité, la connaissance que nous en avons s'appuie sur cet ensemble de sources extérieures, dont le propos peut être limité à des considérations politiques (César), ou encore de présenter des « barbares », au sens moderne du terme (Lucain). Enfin, il faut mettre en relation ce que nous savons des anciens Celtes et les sources irlandaises tardives avec la plus grande circonspection : ces dernières, en effet, présentent comme toute mythologie des influences non-celtes : indigènes, qui seraient plus anciennes et propre au contexte géographique, chrétiennes, etc. Et encore, ces sources témoignent d'une réalité éloignée de cinq à dix siècles par rapport à celle des Celtes contemporains de la conquête romaine.

Obéissant fondamentalement au schéma général de la tripartition des sociétés indo-européennes, la société celtique paraît avoir été structurée en trois classes : la classe sacerdotale qui possède le Savoir, gère le Religieux et fait la Loi, la classe guerrière qui gère les affaires militaires sous le commandement du roi et la classe des producteurs (artisans, agriculteurs, éleveurs, etc.) qui doit subvenir aux besoins de l’ensemble de la société et en priorité à ceux des deux autres classes (César parle des druides, des equites (chevaliers) et de la plèbe).

[modifier] Druidisme

Deux druides sur le bas-relief d'Autun.
Deux druides sur le bas-relief d'Autun.
Icône de détail Article détaillé : Druidisme.

À l'époque précédant la conquête romaine de la Gaule, et, semble-t-il, par la suite dans les îles, la caractéristique majeure de la pratique religieuse des anciens Celtes est le druidisme. Le mot druide qui est spécifiquement celtique provient de « dru-wid-es » qui signifie « très savants ».

L'existence du clergé druidique est attestée chez plusieurs auteurs antiques, pour différentes époques et en différents lieux du monde celtique. Ainsi, dans la tradition irlandaise, le druidisme apparaît comme une création des Partholoniens, arrivés en Irlande 312 ans après le déluge[4]. Ou encore, en Gaule, les druides paraissent avoir joué un rôle clef dans l'insurrection de -52 et, par la suite, dans les révoltes gauloises du premier siècle : celle des equites, menée par l'Éduen Julius Sacrovir en 21 après J.-C. et rapportée par Tacite dans ses Histoires, aurait conduit au déclenchement des hostilités de Rome à l'égard des druides gaulois.

Le « clergé » druidique avait en charge la célébration des cérémonies sacrées et des rites cultuels : lui seul avait le droit de pratiquer les sacrifices, parfois humains, mais plus généralement d'animaux ou symboliques (comme l'attestent les ex-voto en bois inventés aux sources de la Seine). C'est d'ailleurs la pratique des sacrifices humains qui servit de prétexte à l'interdiction des druides sous l'Empereur Tibère (ou Claude pour certains historiens).

Les autres prérogatives des druides comprenaient logiquement l’enseignement, la diplomatie, l’histoire, la généalogie, la toponymie, la magie, la médecine et la divination. Le druide, grâce à son savoir (dont l'acquisition pouvait nécessiter vingt ans d’études, selon César) et grâce à sa maîtrise des pratiques magiques, était un intermédiaire entre les dieux et les hommes.

Le druide avait aussi un rôle de conseiller politique auprès du roi avec lequel il a pu former un binôme dans lequel le roi exerçait la souveraineté sous l’inspiration du druide. Le druide Diviciacos, contemporain de Cicéron et directement à l'origine de la conquête romaine de la Gaule, apparaît notamment comme le chef politique des Éduens.

À tous égards, le druide était le personnage prédominant de la société celtique, à la fois ministre du culte, philosophe, gardien du Savoir et de la Sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerrière. Il est également possible que toute la vie des Celtes ait été sous le contrôle des druides à certaines périodes.

Aussi, on peut penser que les druides ont joué un rôle fondateur pour l'ensemble de la civilisation celtique et pour le règlement de l’ensemble de la société celte.

Sans entrer dans les spécifications de la classe sacerdotale, trois types de « professions » à caractère religieux sont connus dans le monde celte :

  • le druide qui désigne tout membre de la classe sacerdotale, dont les domaines d’attribution sont la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la poésie, la divination, etc. ;
  • le barde est spécialisé dans la poésie orale et chantée, son rôle est de faire la louange, la satire ou le blâme ;
  • le vate est un devin, il s’occupe plus particulièrement du culte, de la divination et de la médecine. Les femmes participent à cette fonction de prophétie.

En Gaule, l'existence d'une hiérarchie druidique est également presque certaine si l'on se réfère aux témoignages latins qui portent sur l'existence d'une assemblée annuelle des druides (sur le territoire des Carnutes, près de Chartres) et sur l'existence d'un Gutuater, sorte de chef des druides, qui aurait participé activement à la politique des Gaules. Le druidisme aurait ainsi pu servir de trait d'union entre les peuples celtes.

[modifier] Calendrier religieux

Le calendrier de Coligny
Le calendrier de Coligny

L’année celtique était rythmée par quatre grandes fêtes religieuses au caractère obligatoire, dont deux majeures : Samain au 31 octobre ou 1er novembre et Beltaine au 30 avril ou 1er mai, et deux de moindre importance : Imbolc le 1er ou le 2 février et Lugnasad le 1er août.

La source majeure qui nous renseigne sur le calendrier celtique est le calendrier de Coligny, de l'époque gallo-romaine.

[modifier] Divinités et croyances

Un des points les plus délicats à aborder, en l'absence de sources de première main, est la spiritualité des Celtes.

Ceux-ci devaient disposer d'un panthéon au moins aussi développé que celui des Grecs et des Romains (près de quatre cents figures de divinités celtiques sont recensées), mais rien n'indique que ce panthéon ait été homogène sur l'ensemble du domaine celtique, ni qu'il ait possédé une structure unique. Cependant, les principaux dieux gaulois décrits par César se retrouvent, sous leurs noms propres, dans les textes mythologiques irlandais du Moyen Âge, avec les mêmes fonctions.

Les auteurs latins et grecs citent quelques divinités gauloises, sans énoncer les motifs qui dictent leur sélection : Épona, Taranis, Esus et Lug sont ainsi connus.

La toponymie nous livre encore quelques indices sur les croyances des anciens Celtes. Ainsi, on pense que Lug était révéré dans des lieux d'altitude. Le toponyme Lugdunum (forteresse ou montagne de Lug) est directement à l'origine du nom de la ville de Lyon.

Détail d'un panneau intérieur du chaudron de Gundestrup, Musée national du Danemark, Copenhague
Détail d'un panneau intérieur du chaudron de Gundestrup, Musée national du Danemark, Copenhague

La place des divinités celtes dans l'art pose problème. On a longtemps considéré comme témoignage archéologique majeur sur les dieux des Celtes le chaudron de Gundestrup, découvert dans une tourbière au Danemark. Mais celui-ci, qui représente un certain nombre de divinités et évoque plusieurs mythes communs à la plupart des peuples anciens en Europe, n'est pas exempt d'influences extérieures. En tous cas, il représente un dieu cornu qui peut être associé au dieu celte à tête de cerf, Cernunnos et une divinité à la roue solaire en laquelle on peut voir une représentation de Taranis.

En statuaire, on a plusieurs fois vu représentées des figures de divinités bicéphales ou tricéphales, qui ont été associées à un Hermès. Il est en tout cas probable que le rythme ternaire ait possédé une dimension religieuse pour les anciens Celtes. Des statues de « guerriers assis », inventées dans le midi de la Gaule (Entremont, Roquepertuse), font objet de débat : il est difficile de savoir si celles-ci représentaient des dieux, des guerriers divinisés ou des héros tutélaires.

Le même problème d'interprétation se pose pour certains bustes de la « Gaule chevelue » dont la forme fait penser au haut d'un mât totémique, telle celle en laiton découverte à Bouray-sur-Juine, dans l'Essonne, qui représente un personnage avec torque et pattes de cervidé stylisées, ou encore celle conservée au musée de Saint Germain-en-Laye, en calcaire représentant un personnage avec torque et sanglier.

De même, le sens exact de certains noms associés à des divinités est plus difficile à cerner : Teutatès (qui a inspiré le célèbre Toutatis d'Astérix) pourrait ne pas désigner un dieu particulier, mais le dieu tutélaire, protecteur d'un peuple, chaque peuple celte ayant possédé ses propres divinités, certaines remontant à la préhistoire préceltique.

L’immortalité de l’âme était une des croyances des anciens Celtes, ce qui explique peut-être les témoignages sur leur vaillance et leur intrépidité au combat, puisque la peur de la mort était absente. En revanche, la notion de la réincarnation doit être écartée de leur religion, cette suggestion étant due à des lectures erronées[5].

Les Celtes croyaient également en un au-delà. Dans la tradition irlandaise transmise à l'époque chrétienne, le Sidh désigne l'Autre Monde celtique, il se situe à l’ouest, au-delà de l’horizon de la mer, dans des îles magnifiques ; sous la mer, dans les lacs et les rivières où se situent de somptueux palais de cristal aux entrées mystérieuses ; sous les collines et les tertres. C’est le séjour des Tuatha Dé Danann.

Dans le domaine des rites, les sacrifices humains, le culte des têtes coupées, ou encore l'utilisation abondante du sang dans les lieux de culte sont les traits qui ont frappé l'imaginaire des auteurs antiques. L'un d'entre eux, Pausanias, accuse même les Celtes d'anthropophagie. Jules César, très sensible au sujet, écrit quant à lui :

« Ils [les Celtes] se servent pour ces sacrifices humains du ministère des druides ; ils pensent, en effet, que c'est seulement en rachetant la vie d'un homme par la vie d'un autre homme que la puissance des dieux immortels peut être apaisée. Ils possèdent des sacrifices de ce genre qui sont une institution publique. Certains ont des mannequins de très grande taille, dont ils remplissent d'hommes vivants la carapace tressée d'osiers, on y met le feu, et les hommes périssent enveloppés par la flamme. »

Dans les faits, divers témoignages archéologiques corroborent l'existence de pratiques violentes, sans que l'étendue exacte de celles-ci soit connue : culte des têtes à Entremont (Bouches-du-Rhône), réminiscent dans le décor des tympans d'églises de l'Irlande médiévale, rites sanguinaires à Ribemont-sur-Ancre, etc.

[modifier] Art

Guerrier debout de Glauberg, Allemagne
Statue de guerrier debout de Glauberg
Tête (Allemagne)
Icône de détail Article détaillé : Art celte.

Les Celtes n'ayant laissé que très peu de traces écrites de leur civilisation, celle-ci nous est avant tout connue grâce leur art, largement redécouvert durant la deuxième moitié du XXe siècle.

L'art des Celtes présente une grande diversité selon les époques et les régions considérées. Il n'est pas, non plus, exempt d'influences extérieures : étrusque, grecque, scythique, puis latine, et enfin germanique et chrétienne. Toutefois, quelques caractéristiques majeures le distinguent définitivement de l'art des autres civilisations qui étaient en contact avec l'aire culturelle celtique :

  • les représentations des divinités semblent avoir existé, mais les témoignages en sont rares, d'époque gallo-romaine ou difficiles à identifier (L'une des sources les plus connues est le chaudron de Gundestrup).
  • si l'on excepte le cas de la Hesse et celui du midi de la Gaule (voir plus loin), il semble également que la statuaire de pierre n'ait pas été le domaine de prédilection des Celtes.
  • Une caractéristique majeure de l'art celte est la domination de motifs anthropomorphes ou issus de la nature, tels que les entrelacs, et une tendance à l'abstraction. Issue du schématisme hallstattien, cette tendance atteint son apogée à travers les enluminures des manuscrits celtiques d'Irlande et d'Écosse de la période chrétienne insulaire, tels que le célèbre livre de Kells (voir aussi le monastère de Iona).
  • la statuaire retrouvée sur certaines tombes représente des hommes debout dotés de curieuses excroissances de part et d'autre de la tête. Outre des guerriers il est possible que ces statues soient celles de druides. Ces derniers se rasaient le crâne au-dessus du front et se laissaient pousser les cheveux sur les côtés dont ils faisaient de longues nattes. Ces excroissances peuvent être la représentation simpliste de ces nattes relevées de chaque côté de la tête.

[modifier] Habitat et économie

[modifier] Dissolution de la civilisation

Aux IIe-Ier siècles avant notre ère, les Celtes sont soumis sur le continent à la pression conjuguée des Germains à l'est, des Romains au sud et à la poussée de l'empire dace (jusqu'à son effondrement vers 35 av.J.-C qui permet l'installation des celtes en Norique en Bohême) à l'est

À la suite d'un appel à l'aide de Marseille, menacée par les peuplades celtiques voisines, Rome annexe la Narbonnaise durant le dernier tiers du IIe siècle.

Les invasions de bandes armées (migration des Cimbres et des Teutons en 113 av.J.-C) et la pression démographique des Germains entraînent des migrations de peuples celtiques vers l'ouest, comme celle des Helvètes conduits par leur roi Orgétorix, et suscitent des tensions avec les peuples gaulois. C'est ce dernier facteur qui provoque la guerre des Gaules et marque la fin de l'indépendance celtique sur le continent à partir de -58. L'intervention de César aurait alors été motivée, écrit-il, par le désir de renvoyer les Helvètes chez eux afin de ne pas laisser des peuples germaniques d'outre-Rhin occuper le plateau suisse. Alors qu'en réalité la principale motivation de César était d'empêcher, comme il l'écrit lui-même, l'installation des Helvètes en Gaule de l'Ouest, d'où ils pouvaient menacer la Provincia (Gaule du Sud, conquise par Rome vers 120 av. J.-C.).

Occupée par le conquérant romain qui s'est immiscé dans la politique gauloise, une partie de la Gaule se soulève en janvier -52. Après la défaite à Alésia du chef de la coalition gauloise, Vercingétorix, la Gaule est entièrement occupée. Les derniers opposants sont vaincus en -51 à Uxellodunum où ils s'étaient réfugiés.

Au Ier siècle de notre ère, l'île de Bretagne est conquise à son tour : dès lors, la civilisation celtique ne survit plus qu'en Irlande, dans le nord de l'Écosse. L'Helvétie est germanisée entre le Ve et le VIe siècle. Les populations bretonnes, dont une partie au moins avait conservé l'usage de la langue celtique, et irlandaises se christianisent après le IIIe (le Ve pour l'Irlande) et évoluent pour donner naissance aux irlandais, écossais, bretons, gallois et cornouaillais modernes.

[modifier] La romanisation

[modifier] L’évangélisation de l’Irlande

C’est en Irlande que la civilisation celtique a perduré le plus longtemps, son insularité est considérée comme étant la cause principale. Les légions romaines n'ayant pas franchit la mer d'Irlande, les Gaëls n’ont pas subi cette acculturation, même si des relations avec l’Empire romain ont existé dès le Ier siècle av. J.-C.

C’est la conversion des peuples celtes et, en premier lieu de leurs élites, au christianisme qui fait entrer l’Irlande dans le Moyen Âge européen. Il y a changement de religion mais pas de classe sacerdotale : si le druidisme disparait, les druides sont les premiers convertis et deviennent les prêtres de la nouvelle Église. L’apport des nouveaux enseignements au substrat celtique va donner naissance à ce que l’on appelle le christianisme celtique.

Les conditions de l’évangélisation sont mal connues et les sources dont nous disposons dont largement hagiographiques. En 431, le pape Célestin Ier envoie un Gaulois, nommé Palladius, évangéliser les « Scots ». En 452, c’est le Britto-romain Maewyn Succat, connu sous le nom de saint Patrick, qui débarque dans l’île. Il semble que le premier ait essentiellement œuvré dans le Leinster et que le second ait évangélisé dans l’Ulster et le Connaught. Patrick est réputé pour avoir chassé les serpents de l’île et expliqué la sainte trinité par l’exemple de la feuille de trèfle.

La société celtique étant de type théocratique, la conversion n’a pu se faire que par la classe sacerdotale et Patrick aurait « démontré » aux druides que sa magie était plus puissante que la leur. Si certains traits de la tradition celtique n’ont pas totalement disparu, les Irlandais vont se trouver confrontés à la fin du VIIIe siècle à une autre culture, celle des Vikings.

[modifier] Compléments

[modifier] Sources et bibliographie

Note : le classement thématique ne donne que l'orientation générale des ouvrages listés, la majorité d'entre eux abordant différents thèmes.

[modifier] Histoire (généralités)

  • Patrice Brun, Princes et princesses de la celtique, éditions Errance, Paris, 1987, (ISBN 2-903442-46-0)
  • Barry Cunliffe, L'univers des Celtes, éditions Inter-Livres, 1996, (ISBN 2909808114)
  • Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et dictionnaire, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6)
  • Stephan Fichtl, La ville celtique, les oppida de 150 avant J.-C. à 15 après J.-C., éditions Errance, Paris, 2005, (ISBN 2-87772-307-0)
  • Christian Y. M. Kerboul, Les royaumes brittoniques, co-publication éditions du Pontig/Coop Breizh, Sautron & Spézet, (ISBN 2-9510310-3-3) et (ISBN 2-84346-030-1)

[modifier] Gaule

  • Stephan Fichtl, Stephan Fichtl, Les peuples gaulois, IIIe-Ie siècles av. J.-C., éditions Errance, Paris, 2004, (ISBN 2-87772-290-2)
  • Dominique Garcia, La Celtique méditerranéenne. Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence. VIIIe-IIe siècles av. J.-C., éditions Errance, Paris, 2004, (ISBN 2877722864)
  • Christian Goudineau, César et la Gaule, éditions Errance, collection De la Gaule à la France : histoire et archéologie, 2000
  • Christian Goudineau, Regard sur la Gaule, éditions Errance, 2000
  • Renée Grimaud, Nos ancêtres les Gaulois, éditions Ouest-France, Rennes, 2001, (ISBN 2-7028-4542-8)
  • Danièle et Yves Roman, Histoire de la Gaule, Danièle et Yves Roman, Histoire de la Gaule, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1997, (ISBN 2-7028-1646-0)

[modifier] Îles britanniques

  • Miles Dillon, Nora K. Chadwick, Françoise Le Roux & Christian-Joseph Guyonvarc'h, Les Royaumes celtiques, éditions Armeline, Crozon, 2001, (ISBN 2-910878-13-9)
  • Pierre Joannon, Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Perrin, Paris, 2006, (ISBN 2-286-02018-3)

[modifier] Europe centrale et orientale

  • Petr Drda et Alena Rybova, Les Celtes de Bohême, éd. Errance

[modifier] Art

  • Collectif (catalogue de l'exposition européenne d'archéologie celtique), Les Celtes, Venise, 1991 (éd. Bompiani)
  • Paul-Marie Duval, Les Celtes, de collection L'Univers des Formes, éd. Gallimard

[modifier] Société

[modifier] Religion

[modifier] Liens Internes

[modifier] Notes et références

  1. Historiquement, la civilisation celtique appartient tout autant à la protohistoire qu’à l’antiquité, mais le rapport des Celtes à l’écriture pose problème. S’ils la connaissent et la maîtrisent, l’oralité a toujours été privilégiée, que ce soit sur le continent ou dans les îles britanniques. Selon les sources irlandaises, la capacité de mémoriser entre dans la hiérarchie des filid.
  2. De Bello Gallico, I, i
  3. Hérodote
  4. Lebor Gabala
  5. Dans Les Druides (section glossaire, page 414), Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux sont catégoriques : « La tradition celtique ne contient aucune trace d'une croyance à la réincarnation »