Bède le Vénérable

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Bède (saxon Bæda ou Beda), dit le Vénérable, né vers 672 en Northumbrie, moine et lettré anglo-saxon. Orphelin, il entre au monastère de Jarrow en 680 où il restera jusqu'à sa mort, en 735. Il a été proclamé docteur de l'Église. Il embrassa toutes les sciences de son temps. Fondateur du comput, il fut l'homme le plus distingué de son siècle. Il refusa les propositions du pape Sergius qui l'appelait à Rome.

Il est l’auteur d’ouvrages techniques qui devaient former le socle d’un savoir scientifique médiéval, en plus de quarante livres, dans un latin impeccable. Il fait montre d’une grande culture, éclectique et homogène, celle des monastères « romains » d'après le concile de Whitby.

Sommaire

[modifier] Biographie

Bède le Vénérable est né dans le Royaume de Northumbrie. Vers 680, il est confié au monastère de Wearmouth, fondé quelques années auparavant par Benedict Biscop, puis à l’abbaye jumelle de Jarrow, non loin de l’embouchure de la Tyde où il y termine son éducation et où il est ordonné diacre.

De culture et de langue latines, il est l'auteur d'une œuvre considérable. Très populaire en Europe durant tout le Moyen Âge, Bède est aujourd'hui surtout connu comme l'historien des Angles par son œuvre maîtresse, Historia ecclesiastica gentis anglorum (Histoire ecclésiastique du peuple anglais), achevée en 731 ou en 732.

À côté de son Histoire, Bède, épris de patristique, rédigea plusieurs ouvrages de mathématiques et de philosophie, conformément aux cursus de l'enseignement classique des arts libéraux (trivium et quadrivium). Ses écrits sont émaillés de citations de Pline le jeune, de Virgile, Lucrèce, Ovide, etc. Il connaissait le grec, et son latin est fluide et agréable, surtout dans ses commentaires sur l'Ancien et le Nouveau Testament. Il a traduit l'Évangile selon saint Jean en langue anglo-saxonne.

Il est le fondateur du comput, science de la datation et du calcul de la date des fêtes mobiles, comme Pâques, dans la religion chrétienne.

Bède est le témoin de la naissance d'une véritable Église anglo-saxonne sur l'île de Bretagne : celle-ci, reconnue par Rome et soutenue par le siège apostolique face à l'Église écossaise, surtout depuis le synode de Whitby en 664, est devenue au temps de Bède une pépinière de missionnaires qui partent sur le continent pour évangéliser les Frisons et les Saxons.

Prenant acte de l'évangélisation — récente — de son peuple, Bède rédige alors une Histoire dans laquelle il décrit à la fois la naissance de cette Église et la naissance du peuple anglais (à travers sa foi orthodoxe), dans une perspective chrétienne qui est celle du salut : païens partis d'un bout du monde, les Anglais vont retourner en Germanie pour évangéliser les leurs.

Maillon entre l’historiographie augustinienne, l’érudition d’Isidore de Séville et l’œuvre d’Othon de Freising, il intéresse doublement l’historien, comme source d’abord, mais aussi comme lointain confrère. Car chez lui, l’histoire n’est pas qu’hagiographie : à l’école d’Eusèbe de Césarée, prototype de l’historiographe chrétien, il recherche l’unité politique de la nouvelle Jérusalem anglo-saxonne et pour cela, se livre à une remise en ordre d’un passé fondateur. Tel est l’objet de son Histoire ecclésiastique du peuple anglais, destin d’une île, d’un peuple et d’une foi, de la conquête romaine à la christianisation. Son style contraste avec les raffinements très à la mode des Irlandais, riche en néologismes et en ornements de toutes nature. Chez lui tout est esprit de synthèse, de clarté et de fluidité, bien qu’il manie l’allégorie et qu’il ait le goût du symbole. Marqué par les écrits patristiques, son œuvre semble délibérément impersonnelle, exception faite de son Histoire ecclésiastique, écrite tardivement.

Bède ne reçut le qualificatif de Vénérable qu'au IXe siècle et fut proclamé docteur de l'Église en 1899 par Léon XIII. On l'honore le 27 mai.

[modifier] Œuvre

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Il a laissé une foule d'écrits sur l'histoire, la rhétorique, la théologie et la philosophie.

En science, Bède se penche en particulier sur l’étude de la mesure du temps. Dans son comput, Bède détaille deux types de calendriers qu'il est le premier en Occident à présenter, et introduit pour la première fois le système de datation prenant comme référence la naissance du Christ à partir des calculs de Denys le Petit.

Bède employait, pour l'interprétation de la Bible, la méthode des quatre sens de l'Écriture de la tradition judaïque, transposée par Origène dans le christianisme.

Voici une liste de ses œuvres :

Manuscrits édités par Pizzani. Il s’agit surtout de Gloses sur Boèce ou l’Enchirias

  • Ms. Cpv 2269, Wien, Österreichische Nationalbibliothek, XIIIe siècle
  • Ms. (olim Augsb. 40 B. S 46), München, Bayerische Staatsbibliothek
  • Ms. clm 6361, München, Bayerische Staatsbibliothek
  • Ms. Clm 14272, München, Bayerische Staatsbibliothek, origine à St.-Emmeram de Regensburg (copie du moine Hartvic), XIe siècle
  • Ms. 18478, München, Bayerische Staatsbibliothek, originaire de Tegernsee, daté 1050-1075
  • Ms. clm 18480, München, Bayerische Staatsbibliothek
  • Ms. Lat. 7200, Paris, Bibliothèque nationale de France, origine à Fleury-sur-Loire, IXe siècle
  • Ms. 7297, Paris, Bibliothèque nationale de France, originaire de Fleury-sur-Loire, Xe siècle
  • Ms. Lat 10275, Paris, Bibliothèque nationale de France, Xe-XIe siècles
  • Ms. lat. 13908, Paris, Bibliothèque nationale de France
  • Ms. Lat. 13955, Paris, Bibliothèque nationale de France, originaire de Corbie, IXe, Xe et XIe siècles * Ms. Arundel 77, London, British Library, origine allemande, fin XIe siècle
  • Ms. Harley 2688.8, London, British Library
  • Ms. Royal 15 B IX, London, British Library
  • Ms. C 128 inf., Milano, Biblioteca Ambrosiana
  • Ms. Regulae lat. 1638, Roma Biblioteca Vaticana
  • Ms. f. 9 (Admont 491), Chicago (Il.), The Newberry Library, origine allemande ou autrichienne, XIIe siècle

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Source partielle

« Bède le Vénérable », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)

[modifier] Bibliographie

  • Peter Brown, L’Essor du christianisme occidental, collection « Faire l’Europe », Seuil, 1997.
  • Philippe Delaveau, (traduit du latin et présenté par) Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais. "L'aube des peuples" Gallimard (1995) ISBN 2-07-073015-8.
  • Bernard Guénée, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval, Aubier, 1980.
  • Bernard Merdrignac, article « Saint Colomba », Histoire des saints et de la sainteté chrétienne, t.IV, Hachette, 1986.