Occident

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Occident (homonymie).
Pour les articles homophones, voir Oxydant.

LOccident est une zone géographique comprenant initialement l'Europe de l'Ouest. L'extension de la zone ainsi désignée a varié au cours de l'Histoire; à une période donnée, elle peut également varier en fonction du locuteur et du contexte. Au tournant du XXIe siècle, on admet généralement que l'Occident regroupe l'Europe, les États-Unis d'Amérique et le Canada[1] [2].L'emploi du mot et du concept d'Occident repose le plus souvent sur l'idée sous-jacente d'une civilisation commune à cette zone (sur ce sujet, voir l'article Civilisation occidentale), et sur une opposition sémantique entre l'Occident et, soit le reste du monde, soit une ou plusieurs autres zones géographiques (Occident / Orient, Occident / Bloc communiste, notamment).

wikt:

Voir « occident » sur le Wiktionnaire.

Sommaire

[modifier] Occident médiéval

[modifier] XXe siècle

La Guerre froide voit l'émergence de l'idée d' « Occident » désignant l'Europe de l'Ouest et ses alliés anglo-saxons, dans le cadre d'un condominium euro-américain issu des accords de Yalta, par opposition au « Bloc de l'Est », regroupant l'Union soviétique et les pays de sa zone d'influence, et à la Chine communiste de Mao Tsé Toung [3]. Les pays qui n'appartiennent pas clairement à l'un de ces blocs sont les pays non alignés.

Depuis la fin de l'Union soviétique, le mot « Occident » tend à reprendre son sens du XIXe siècle, quasiment celui qu'entendait René Guénon, non sans entraîner quelques réajustements.

[modifier] XXIe siècle

La recherche d'une définition exacte du mot continue de souligner son imprécision. Par exemple, dans quelle catégorie doit être classé le Japon ? D'un point de vue géopolitique, économique et militaire, le Japon est souvent assimilé à l'Occident ; or il est évident qu'il s'agit d'un parfait contresens, le Japon étant sans la moindre ambigüité un pays intégralement asiatique. Néanmoins, c'est aussi un pays d'Extrême-Orient qui s'est développé sur le modèle occidental et en a adopté les valeurs et la vision du monde. L'affiliation du Japon à l'Occident n'est donc que la prise en compte de ce fait. A contrario les pays d'Europe centrale et de l'Est, qui sont désormais considérés comme des pays occidentaux aux sens propre étaient, il n'y a encore qu'une vingtaine d'années, dans la phraséologie de l'époque, les « pays de l'Est ». Or, quel État est plus européen que la République tchèque, par exemple ?

Autre acception courante du terme Occident: elle recouvre, plus prosaïquement, les pays développés, ou même, pour être plus précis, les pays de l'OCDE. De ce point de vue, l'Occident inclut les pays riches au poids économique déterminant. Le mot Occident est, ainsi utilisé, moins équivoque encore du fait que, à peu de chose près, sa sphère d'influence culturelle et les pays au poids économique le plus fort se recoupent presque exactement. Le mot Occident a donc, là encore, un sens relativement précis dans un contexte géopolitique, économique ou militaire, qui ne pose pas de problème majeur.

Le mot Occident tend donc désormais moins à désigner une aire géographique qu'une sphère culturelle, voire un système de croyances, issu de l'Europe des Lumières, du moyen âge européen ou de l'Empire Romain, où sont collectivement admises certaines valeurs, lesquelles sont adoptées, copiées, ou encore relativisées, critiquées, voire combattues par ceux qui se situent eux-mêmes en dehors de l'Occident. L'on peut donc dire que l'Occident est à la fois défini par ceux qui s'en réclament et par ceux qui le rejettent, fussent-ils eux-mêmes des occidentaux en opposition avec leur propre civilisation. Ainsi défini, le terme « Occident » fait l'objet d'un relatif consensus.

[modifier] Un sens civilisationnel réel

L'on peut, bien entendu, contester (et nombreux sont ceux qui le font très clairement) que l'Occident répand un modèle de civilisation, une façon de vivre et une vision du monde supérieurs aux autres. Mais il est un fait que, qu'on le veuille ou non, ces mode de vies et modèles existent bel et bien.

Il existe ainsi des concepts très importants qui, sans conteste, sont purement occidentaux, dont l'origine occidentale ne fait pas débat. Par exemple, un apport essentiel de l'Occident est l'autonomie du Droit. L'autonomie du droit est un héritage de Rome, puis du droit canon (droit de l'Eglise catholique) du moyen âge. Cette idée, fondamentale dans les systèmes juridiques modernes, n'a pas toujours été de soi, n'avait cours dans aucune société traditionnelle, et a mis plusieurs siècles à s'imposer: le droit, dans les civilisations antérieure à Rome ou non héritières de Rome, était dépendant de la morale et de la religion.

Cet exemple n'est pas qu'académique: L'on a là une ligne de fracture, bien connue des sociologues et des historiens, entre l'Occident et le monde musulman, qui déjà délimitait ces deux aires civilisationnelles au Xème siècle: l'Islam, en effet, est le mode le plus abouti de dépendance du droit à l'égard de la morale et de la parole divine: pour un juriste musulman, le droit vient de Dieu et ne saurait être autonome, même si la jurisprudence des juriste musulmans peut être extrêmement complexe: il s'agit toujours d'interpréter la parole de Dieu. Ce n'est évidemment qu'un exemple, choisi pour son actualité.

La religion

Et justement se pose l'épineuse question des aires d'influence religieuses, qui participe, elle aussi, à la définition de la civilisation occidentale. L'Occident chrétien : selon le contexte d'emploi de cette expression, on y inclut ou non l'Europe de l'Est majoritairement orthodoxe.Sur cette carte de l'Europe, les zones géographiques rattachées historiquement à chaque confession chrétienne ont été représentées. En bleu et violet, les confessions catholique et protestante. En rouge, la confession orthodoxe. L'Occident chrétien : selon le contexte d'emploi de cette expression, on y inclut ou non l'Europe de l'Est majoritairement orthodoxe. Sur cette carte de l'Europe, les zones géographiques rattachées historiquement à chaque confession chrétienne ont été représentées. En bleu et violet, les confessions catholique et protestante. En rouge, la confession orthodoxe.

A ce point de vue l'Occident est majoritairement chrétien si l'on se borne à définir le christianisme par sa zone d'influence traditionnelle, médiévale d'abord (europe de loust et de l'est) coloniale ensuite (Amériques et Afrique).

Mais la situation tend à se compliquer dans le monde moderne, précisément parceque l'un des traits caractéristiques de la civilisation occidentale moderne est, surtout en Europe, l'athéisme, ou plus justement une forme croissante d'indifférentisme religieux (la situation américaine est quelque peu particulière, mais moins qu'on pourrait le penser). De ce point de vue, la confrontation actuelle, larvée, entre l'Occident et le monde musulman est moins un choc entre christianisme et Islam, qu'un frottement entre une civilisation occidentale où la religion tend, comme l'a fait remarquer Marcel Gauchet(Le Monde 13 mars 2006), à n'être plus envisagée que sur le mode de la croyance privée, voire de la dérision, et des sociétés traditionnelles, pauvres de surcroît, où le religieux reste structurant à tous les niveaux de l'organisation sociale. N'oublions pas que les valeurs et les modes de vie véhiculés par l'Occident ne sont pas uniquement subversifs pour les sociétés de tradition musulmane, mais également pour l'Inde ou la Chine traditionnelles, qui, bien que semblant suivre à moyen terme l'exemple du Japon, voient leur structures familiales et sociales contraintes à des changements accélérés.

Il existe une forme occidentale de fondamentalisme religieux, chrétien celui-ci, particulièrement virulent aux États-Unis, le dessein intelligent. Néanmoins celui-ci, s'il n'est pas moins obscurantiste à certains égard (lecture littérale de la Génèse, extrême conservatisme des moeurs), voire dangereux ou belliqueux, sa nature relève de la problématique des sectes, phénomène originellement américain. Il joue cependant un rôle dans la politique étrangère des États-Unis.

[modifier] Une notion vieillie: la civilisation des "Blancs"

Il reste enfin une façon d'envisager le mot Occident qui prête particulièrement à controverse. L'Occident peut-il être considéré comme l'aire civilationnelle des "blancs" ? Catégorie qui soulève des questions toutes aussi délicates, voire plus délicates encore, que le terme d'Occident.

Certes le terme "blanc" n'a, tant d'un point de vue anthropologique que biologique, plus aucune pertinence : les Turcs, les Berbères ou les Persans sont, eux aussi, des "blancs"; il y a en outre de nombreux habitants "non-blancs" en Europe ou aux Etats-Unis, dont certains seraient fort étonnés de n'être pas considérés eux aussi comme occidentaux.

Mais il conserve un sens historique et sociologique: l'expression "homme blanc" appartient au langage de l'époque coloniale. Le colonialisme européen du XIXème siècle (Explorations, Conquête de l'Algérie, conférence de Berlin -1884-, etc.), était aussi le produit, outre d'une idéologie, certainement d'une vision du monde issue d'une connaissance sommaire des phénomènes ethniques et culturels. La classification des peuples en "races", basée sur des critères morphologiques (couleur de l'épiderme, etc.) semblait légitime au Siècle des Lumières, ou l'idée d'égalité (au sens moderne) émergeait. Le XIXème siècle ne s'en défera que lentement: l'Europe règne à cette époque sur le monde presque sans partage, et l'idée dominante est qu'il existe, sinon des "races" inférieures (l'idée ne faisait, déjà, plus l'unanimité) mais des nations (au sens traditionnel du mot) "en retard", qu'il convenait de "civiliser".

Les peuples régis par le système colonial eux aussi acceptaient, de fait, les catégories de l'époque, et ainsi parlaient "d'homme blancs" pour désigner les européens. Cette terminologie n'était pas qu'idéologique, c'était aussi celle de l'air du temps.

Plus problématique est la survivance du concept dans le monde contemporain. Ainsi demeure la tentation de représentations racistes, fussent-elles inconscientes, dans la politique internationale. Si l'Europe se refuse à présent à considérer la race comme une catégorie juridique, l'idée survit incontestablement dans les représentations collectives, en et hors de l'occident. Les peuples "non blancs", ou plus précisément se percevant tels, n'ont pas eux même toujours abandonné totalement ces notions. La perception claire de l'étranger, de "l'autre", reste structurante dans certaines sociétés traditionnelles. L'idée, désormais scientifiquement établie, que les "races" n'existent pas, mettra certainement du temps à s'universaliser. Ainsi, qu'il soit admiré ou vilipendé, réel ou imaginaire, l'Occident "blanc" reste une catégorie acceptable pour une partie de l'humanité.


[modifier] Notes

  1. Dictionnaire Hachette, édition 2006, entrée occident: «... 3 (avec une majuscule) Ensemble des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord »
  2. Dictionnaire Petit Robert, édition 1993, entrée occident: «... 3 POLIT L'Europe de l'Ouest, les États-Unis et, plus généralement, les membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (O.T.A.N.). La défense de l'Occident (autrefois opposé à Est, pays de l'Est) »
  3. On trouve l'écho de cette partition du monde dans les trois blocs antagonistes imaginés en 1948 par George Orwell dans 1984.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Boia, Lucian : L’Occident. Une interprétation historique., ed. Les belles lettres, 2007.
  • Nemo, Philippe : Qu'est-ce que l'Occident ?, PUF, 2004, 155p., ISBN 2130546285

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes