Tyrrhéniens

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Les Tyrrhéniens sont une tribu faisant partie des « Peuples de la Mer » qui, par extension et par amalgame avec la population néolithique villanovienne donnera le nom « étrusque » qui caractérisera ce peuple dont la civilisation est connue sous ce nom en Italie centrale.

« Tyrrhènes », par contre, désigne par convention un peuple de culture épicardiale (entre 4500 et 3500 av. J.-C.) stationné en Italie occidentale. On trouve également « tyrsènes » pour désigner ceux qui, à la même époque, s'installent en Andalousie.


Du grec Tyrsenoi, d'où provient tant le vocable « Tyrrhénien » que le vocable « Étrusque », le premier laissant son nom à une mer et le second à une civilisation, recouvrent une réalité tant historique que mythique (voir articles connexes). Il importe ici de marquer la différence entre le mythe et la réalité. Le mythe laisse sa part au rêve, la réalité nous ramène à l'histoire et au cadre dans lequel se campe une civilisation où il n'est de « mystère » que ce qui n'a pas encore été découvert, ce qui ne veut pas dire que ce que l'on ignore encore n'ait pas d'explication rationnelle encore à découvrir ; tant s'en faut. Actuellement, pour les connaissances que nous avons de cette civilisation, c'est davantage à travers son art qu'à travers sa langue qu'on la connaît. Quel est le bilan laissé par la production artistique étrusque ?

Sommaire

[modifier] L'expression d'une classe dominante : celle des princeps, des princes Tyrrhéniens

Un tissu constitué par la mentalité, les ambitions, l'avidité et les peurs de cette classe, tissé autour de généalogies tant mythiques que réelles reflétant sa soif de domination. Parmi les options culturelles qui s'offraient à celle-ci, ses élites choisissent, entre le IXe et le VIIe siècle avant notre ère, entre la voie phénicienne et la voie grecque, cette dernière.

[modifier] Le choix de la voie Grecque

Pourquoi un tel choix, alors que les relations avec le monde phénicien d'abord et avec Carthage ensuite ont été si étroites et si suivies ? Parce qu'il y avait une plus grande homogénéité de structures économiques fondamentales entre le monde étrusque et le monde grec : la terre, alors que le monde phénicien se fondait sur la domination de la mer. Pour autant l'Étrurie ne devint pas grecque et ne fit jamais partie de la Grande Grèce, parce qu'étrusques et grecs eurent deux manières différentes de produire, et ceci à cause des exigences différentes tant de leurs princes que de leurs cités.

[modifier] La différence

Les aristocraties étrusques sentirent bien les grecs comme semblables à eux malgré leur différence, de même que les grecs décrivirent les étrusques comme des « semblables différents »: Lydiens, Pélasges, Troyens, à mi-chemin entre grecs et métèques ; étrusques comme grecs percevant bien que ce qui les différenciait était leur manière de se sentir aristocrates. Ce que les grecs déposèrent dans leurs temples, les étrusques le déposèrent dans les tombes. L'épée (qui tranche le nœud Gordien en est la meilleure illustration) pour les grecs ; le trépied (le « chaudron », image emblématique de la religiosité) pour les étrusques. Après avoir adopté les modes orientalisantes puniques qui ne tarderaient pas à décliner, les étrusques choisirent et adoptèrent les modes montantes grecques après le déclin mycénien (Mycéniens qu'ils avaient déjà connus et dont ils s'étaient déjà inspirés). Mais s'ils en adoptèrent à part entière les modes figuratives, ce fut pour exprimer des concepts et des thèmes différents, et propres aux peuples non grecs d'Italie.

Il en va de même du panthéon grec adopté par les étrusques ainsi que les mythes : adoptés sans réserve oui, mais selon un code sélectif valorisant leur patrimoine idéologique national pour la transmission des valeurs hédonistes de leur société opulente, et non pas frugale comme celle des grecs.

Ainsi, en dépit de son thesauros, son « trésor », à Delphes, Caere ne sera pas une copie de Corinthe et, si l'on peut hasarder une comparaison, l'Étrurie sera davantage comparable à la Thessalie et à la Lycie qu'au Péloponnèse ou à l'Ionie, et voilà bien ce qui fit apparaître les étrusques à la fois semblables et pourtant différents aux yeux des grecs. Ceci est d'une importance capitale pour comprendre le soi-disant « mystère » qui auréole la civilisation étrusque qui n'a de « mystérieux » que ce qu'on en ignore encore. « Mystère » des origines dont ont débattu les spécialistes dès l'antiquité, ces historiens que furent Hérodote ou Denys d'Halicarnasse pour ne citer qu'eux.

[modifier] Le débat sur le « mystère » des origines

[modifier] Le débat antique

Connaissant l'origine de l'antique débat engendrant une tradition recouvrant une part de vérité à propos d'une migration des Tyrrhéniens de la mer Égée vers l'Italie, il importe de prendre en compte une multitude d'éléments mythico-historiques, et plus encore les « ambitions généalogiques locales », particulièrement à l'époque d'AugusteVirgile compose l'Énéide, œuvre littéraire magnifique parvenue jusqu'à nous, toute à la gloire de la période de cet empereur et des nobles, y compris les nobles étrusques latinisés et ayant eu accès aux plus hautes charges, dignitaires de l'empire, tels ceux qui sont issus de la famille des Caecina par exemple.

[modifier] Le débat moderne

Ce débat, qui était compréhensible dans le cadre de la mentalité antique, ne semble pas avoir été compris par nombre de modernes, ce qui jette une ombre négative sur la civilisation étrusque en l'auréolant d'un « mystère » qui ne lui incombe pas, de sorte qu'au lieu de s'en tenir aux faits et à ce que démontre l'archéologie, on entoure encore cette civilisation d'éléments mythiques où pseudo-historiques qui peuvent aussi présenter un intérêt mais dans un autre cadre, et qui, pour la plupart, attendent encore d'être démontrés et documentés.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

L'arte degli Etruschi, M.Torelli. Laterza ed.