Troie

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Carte de la Troade. Troie se trouve au sud-ouest du détroit des Dardanelles
Carte de la Troade. Troie se trouve au sud-ouest du détroit des Dardanelles
Carte de 1888 situant Troie à l’emplacement du site archéologique d’Hissarlik.
Carte de 1888 situant Troie à l’emplacement du site archéologique d’Hissarlik.

Troie (en grec ancien Τροία / Troía), aussi appelée Ilios (Ἴλιος) ou Ilion, est une ancienne ville d'Asie Mineure, située non loin de la mer Égée, à l'entrée de l'Hellespont. Elle se situe dans l'actuelle province de Çanakkale en Turquie.

Sommaire

[modifier] Troie légendaire

[modifier] Fondation

Selon la légende, Dardanos est considéré comme le fondateur de la dynastie des rois troyens. Il fuit le déluge et trouve asile auprès du roi Teucros de Phrygie. Après la mort de Teucros, il devient le seul héritier, en se mariant avec Batia, la fille du roi Teucros. D'après certaines traditions anciennes, Dardanos descend d'une vieille tribu, les Dardaniens des Balkans (localisée dans l'actuel Kosovo). Ce nom de Dardanien est en tout cas appliqué pour désigner les Troyens eux-mêmes.

Tros, petit-fils de Dardanos, est le héros éponyme de la Troade et de Troie. La ville elle-même est fondée par son fils Ilos (ou « Ilion », autre nom de la cité).

Laomédon, le fils d'Ilos, lui succède sur le trône. Poséidon et Apollon, punis par Zeus, ont bâti pour ce roi cruel les murs de Troie, mais n'ont finalement pas reçu le salaire promis et, offensés par le roi, qui les menace de leur couper les oreilles, ils se vengent. Apollon envoie une épidémie de peste, et Poséidon ordonne à un monstre marin de dévorer les habitants et de dévaster les champs en vomissant de l'eau de mer.

L'Oracle de Zeus Ammon lui conseille de sacrifier sa fille Hésione, en l'abandonnant sur le rivage afin qu'elle soit dévorée par le monstre.

[modifier] L’expédition d'Héraclès contre Troie

C'est ainsi qu'Héraclès, qui suivait Jason à la recherche de la toison d'or en Colchide, trouve Hésioné enchaînée à un rocher sur le rivage de Troie, entièrement nue et parée de ses seuls bijoux.

Héraclès brise ses chaînes et offre de tuer le monstre marin en échange de deux chevaux blancs immortels, que Zeus avait offert à Laomédon pour le prix de l'enlèvement de Ganymède.

Les Troyens construisent alors un haut mur à quelque distance du rivage. Lorsque le monstre atteignit le mur, il ouvrit ses énormes mâchoires, et Héraclès s'engagea armé dans la gorge du monstre. Après trois jours, il sortit victorieux du ventre du monstre, mais il avait perdu tous ses cheveux.

Laomédon aurait alors trompé Héraclès en substituant deux chevaux ordinaires aux chevaux immortels promis. Héraclès s'embarque très en colère après avoir menacé de mener la guerre contre Troie.

Héraclès recrute des soldats à Tirynthe et affrète des bateaux (6 à 18, suivant les sources) ; il compte parmi ses alliés Iolaos, Télamon, Pélée, Oeclès l'Argien, Deimachos le Béotien.

Héraclès débarque près de Troie, en confiant la garde des navires à Oeclès. Laomédon envoya le peuple équipé d'épées et de torches brûler les navires d'Héraclès, mais Oeclès résista jusqu'à son dernier souffle et ce permit à ceux-ci de reprendre la mer.

Héraclès ordonna l'assaut immédiat de la ville, et ce fut Télamon qui réussit à créer une brèche dans la muraille et à pénétrer dans la ville.

Héraclès tua Laomédon et tous ses fils, à l'exception du jeune Podarcès. Hésioné fut attribuée à Télamon en récompense ; elle eut la permission de racheter le prisonnier de son choix, et acheta son frère Podarcès pour le prix du voile d'or qu'elle portait au front. Ceci valut à Podarcès le nom de Priam, qui signifie « racheté ».

Après avoir brûlé la ville et dévasté les environs, Héraclès s'éloigna de la Troade avec Glaucia, fille du fleuve Scamandre, et en laissant Priam sur le trône.


[modifier] La guerre de Troie

Icône de détail Article détaillé : Guerre de Troie.

L'histoire légendaire de la guerre avec la Grèce est le sujet de l'Iliade d'Homère, des épopées du cycle troyen et l'un des sujets de l'Énéide de Virgile, dans laquelle Énée doit abandonner Troie, événement qui mène très indirectement à la fondation de Rome.

À l'origine de la guerre de Troie est l'enlèvement par Pâris, prince troyen, d'Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte. Pour punir les Troyens, les rois grecs se coalisent et mettent le siège devant la cité. Au bout de dix ans de siège, les Grecs pénètrent dans la ville grâce à la ruse d'Ulysse du cheval de Troie.


[modifier] Troie historique

Icône de détail Article détaillé : Hissarlik.

[modifier] L'emplacement de Troie

Selon l'Iliade, Troie était située sur les deux sources du Scamandre, l'une dégageant des vapeurs chaudes, et l'autre glacée. Cependant, lorsque les habitants grecs d'Ilion revendiquèrent l'héritage troyen, ils furent qualifiés de vaniteux. De plus, le géographe romain Strabon déclara que le site véritable se trouvait à 5,6 km de là, au « village des Troyens ».

C'est ainsi que le voyageur français Lechevalier affirma, à la fin du XVIIIe siècle, que Troie était le village de Bunarbashi (ce nom signifie « tête de source »), qui se trouvait au pied d'une colline rocheuse d'où jaillissaient plusieurs sources. Pendant deux générations, les chercheurs oublièrent que ces sources avaient la même température. Schliemann lui-même ne trouva pas trace de la ville à cet emplacement, et se rabattit sur la colline d'Hissarlik, une éminence située à 4,8 km de la côte entre deux fleuves, nommés Simoïs et Scamandre dans l'Iliade.

[modifier] Schliemann découvre Troie

Pièces du « trésor de Priam » (Troie II) découvert par Heinrich Schliemann. Cette photographie est présumée avoir été prise avant la dispersion du trésor en 1880
Pièces du « trésor de Priam » (Troie II) découvert par Heinrich Schliemann. Cette photographie est présumée avoir été prise avant la dispersion du trésor en 1880

Heinrich Schliemann creusa une immense tranchée dans la colline d'Hissarlik en traversant le niveau de la Troie homérique. Ses fouilles, commencées en 1870, durèrent vingt ans.

Plan du site archéologique d'Hissarlik, considéré comme l’emplacement de la Troie homérique
Plan du site archéologique d'Hissarlik, considéré comme l’emplacement de la Troie homérique

Aujourd'hui, nous savons qu'il existait au moins neuf villes, construites les unes sur les autres dans la même région, et que la première ville fut construite au IIIe millénaire av. J.-C.

Dérouté par les nombreux niveaux découverts sous la colline, Schliemann finit par identifier quatre villes distinctes et successives sous la ville romaine d'Ilium. Il décide que la Troie d'Homère correspondait au deuxième niveau à partir du bas, mais cette conclusion n'était guère partagée par les autres archéologues. En 1873, il exhume un ensemble de bijoux en or, qu'il dissimule aux autorités turques et aux ouvriers, grâce à sa femme grecque Sophia qui les passe pièce par pièce en les cachant sous son châle. Parallèlement, Schliemann découvre un grand nombre de vases, de pointes de lances et de boucles d'oreille aux niveaux de Troie II ou de Troie III (2200 av. J.-C.). Malheureusement, son « trésor de Priam » disparut à Berlin en 1945. Ce trésor réapparait une cinquantaine d'années plus tard, les autorités Russes, qui l'avaient emmené lors de la prise de Berlin en 1945 l'ayant sorti de leur collection archéologique.


[modifier] Bilan des fouilles

Pendant les années 1920, l'érudit suisse Emil Forrester déclara que les noms des endroits trouvés dans des textes hittites — Wilusiya et Taruisa — devraient être identifiés avec Ilium et Troia respectivement. Il nota aussi qu'un roi wilusien, mentionné dans un des textes hittites sous le nom de Alaksandu était assez proche à celui du prince de Troie Alexandre, ou Pâris. Ces identifications furent démenties par beaucoup comme étant peu probables ou, du moins, pas prouvables, mais Trevor Bryce défendit cette idée dans son livre The Kingdom of the Hittites (Le royaume des Hittites, 1998), citant une partie de la lettre Manapa-Tarhunda, qui parle du Royaume de Wilusa comme étant situé au-delà du pays de la rivière Seha (connue à l'époque classique comme Caicus), et près du pays du Lazpa (mieux connu comme l'île de Lesbos).

Pendant l'Âge du bronze, Troie semble avoir été une ville marchande prospère, puisque sa position permettait le contrôle complet des Dardanelles, par lesquelles tous les bateaux marchands de la mer Égée se rendant dans la mer Noire devaient passer. Elle aurait été disputée entre les Mycéniens et les Hittites, alliés de la ville.

La septième ville, qui fut fondée au XIIIe siècle av. J.-C., semble avoir été détruite par une guerre et il y a des traces évidentes d'un grand incendie à l'intérieur. C'est pourquoi cette ville est supposée être celle décrite dans la légende de la guerre de Troie. La dernière ville sur ce site fut fondée par les Romains pendant le règne de l'empereur Auguste, et semble avoir été une ville très importante jusqu'à ce que Constantinople devienne la capitale de l'Empire romain au IVe siècle. Par la suite, la vitalité de la ville baissa progressivement. Aujourd'hui, il y a une ville turque qui s'appelle Çanakkale et qui se situe très près de l'antique Troie.

Celje était appelée la deuxième, ou petite Troie : Troia secunda.

Le site archéologique de Troie est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1998.

[modifier] Les découvertes récentes du Dr Korfmann (2001-2002)

Murs dégagés des fouilles de Troie
Murs dégagés des fouilles de Troie

L’un des problèmes majeurs posés par le site d'Hissarlik (la Troie historique) était sa petite taille (137 m sur 187 m) comparée a la Troie décrite par Homère. Trois cents habitants tout au plus auraient pu vivre dans la Troie VIIa, alors qu'Homère en décrit cinquante mille. Magnification et exagération du poète ?

On aurait pu le croire jusqu'à la découverte lors de nouvelles fouilles en 2001-2002 de la ville basse : ces fouilles, entreprises par le Dr Korfmann de l’université de Tübingen en Allemagne, ont révélé un mur d'enceinte de type cyclopéen enserrant la ville basse appartenant à la Troie VIIa.

Cette nouvelle découverte assure à la ville une superficie de 350 000 m², soit treize fois plus grande que celle de la seule acropole que nous connaissions déjà. Avec une taille aussi considérable, Troie dépasse en superficie sa rivale et maîtresse (?), Ugarit (200 000 m²) et en fait l'une des plus grandes villes de l'Âge du bronze. Sa population serait alors de 5 000 a 10 000 habitants, ce qui en temps de siège peut tout à fait être suffisant pour abriter les 50 000 habitants de toute la région. Pour le moment, on ne peut cependant parler de guerre de Troie, estime le Dr Korfmann ; il faudra des fouilles ultérieures pour révéler ce mythe.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne].
  • (de) Latacz Joachim, Troia und Homer. Der Weg zur Lösung eines alten Rätsels, Piper, 2003.
  • Virgile,L'Enéide (relate la prise finale de Troie et les voyages d'Enée jusque dans le Latium)
  • M. García Esperón. Le disque de Troie. Roman. Mexique. 2006. (Relate la fondation de Troie par Escamandro et Teucro, le royaume de Dardane et la constitution du Palladion comme object sacré)

[modifier] Filmographie

[modifier] Liens externes

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