Site historique national de Grand-Pré

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Cet article concerne l'ensemble monumental commémorant le Grand Dérangement. Pour l'autre site historique national situé à Grand-Pré, voir église covenantaire de Grand-Pré.
Pelouse, statue d'Évangéline et église-souvenir.
Pelouse, statue d'Évangéline et église-souvenir.

Le site historique national de Grand-Pré (officiellement Lieu historique national du Canada de Grand-Pré), en Nouvelle-Écosse, est l'un des principaux monuments de l'Acadie, que certains considèrent comme son coeur historique et spirituel[1].

Fondé en 1682, Grand-Pré est rapidement devenu le grenier et la principale ville de l'Acadie. Il fut délaissé à l'origine par le gouvernement colonial, étant trop loin de Port-Royal. Ravagé en 1704 et tombé au mains des Britanniques en 1713, Grand-Pré fut victime de la lutte pour le contrôle de l'Amérique du Nord. Il retourna brièvement sous contrôle Français à la suite de la bataille de Grand-Pré, en 1747. La population fut déportée par les Britanniques à l'automne 1755.

Le site historique commémore cet évènement, parmi les plus symboliques et plus documentés de cette période.

Sommaire

[modifier] Présentation générale

[modifier] Histoire

Icône de détail Article détaillé : Histoire de Grand-Pré.

[modifier] Évangéline et l'éveil Acadien

En 1847, le poète américain Henry Wadsworth Longfellow choisit Grand-Pré comme le lieu de départ de son oeuvre Evangéline. Le succès de ce poème attira de plus en plus de touristes américains à Grand-pré.

À partir des années 1880, des chercheurs de trésors ont exploré le site de Grand-Pré. Ils ont trouvés plusieurs objets, un puits, des cercueils et des restes humains. Les objets découverts ont disparu.

[modifier] Génèse du site historique

L'ancienne gare de Grand-Pré.
L'ancienne gare de Grand-Pré.
La statue d'Evangéline, deux ans après son inauguration.
La statue d'Evangéline, deux ans après son inauguration.

Le poème de Longfellow fut si populaire que Grand-Pré commença à attirer les touristes. Seulement quelques uns pouvaient s'y rendre, les liasons par rail et traversiers étant mauvaises. À partir des années 1890, un train reliait le terminal des traversiers de Yarmouth, en liaison avec Boston, à la ville d'Halifax. En 1892, le chemin de fer Windsor et Annapolis mis le Flying Bluenose en service, sur la Land of Evangeline Route. La compagnie lança aussi une campagne de publicité sur le thème d'Evangéline. L'image de l'héroïne était si attrayante que le conseil municipal de Wolfville pensa changer le nom de la municipalité en Evangéline, Acadia ou Acadie, lors de leur première rencontre, en 1893[2].

John Frederic Herbin, dont la mère était acadienne, acheta en 1907 l’emplacement de l’église et du cimetière Saint-Charles-des-Mines, un terrain de 14 acres[3], pour y créer un parc. Il demanda l'aide du premier ministre sir Wilfrid Laurier ainsi que de Robert Laird Borden et Frederick William Borden, tout deux originaires de la région. Malgré la confiance que Frederick William Borden avait pour Herbin, il conseilla à Wilfrid Laurier de différer son parrainage, afin d'évaluer dans quelle mesure le projet de restauration était destiné à attirer les touristes américains. Il fit construire une croix deux ans plus tard pour indiquer l'emplacement du cimetière. En 1917, n'ayant pu obtenir assez d'appuis au projet et préoccupé à l'idée que le site puisse être profané, il vendit le parc à la compagnie de chemin de fer Dominion Atlantic, pour 1 650$, à la condition que le terrain de l’église soit remis au peuple acadien. La compagnie aménagea le parc la même année. Ayant utilisé l'image d'Evangéline à des fins touristiques depuis 1890, la compagnie inaugura en 1920, en face de la gare de Grand-Pré, une statue à l'effigie de l'héroïne du poème de Longfellow[4].

[modifier] Campagne de financement

Article du Moniteur acadien annonçant une campagne de financement pour l'achat du terrain.
Article du Moniteur acadien annonçant une campagne de financement pour l'achat du terrain.

La Convention nationale acadienne de 1921 à Pointe-de-l'Église fut suivie par un pèlerinage à Grand-Pré, où, lors d'une cérémonie, la Société mutuelle l’Assomption se vit remettre le titre de propriété du parc. Grâce à des dons provenant des quatre coins de l'Amérique du Nord, la Société construisit l'église-souvenir en 1922. L’intérieur fut terminé en 1930[5].

[modifier] Reconnaissance

Grand-Pré est devenu un site historique national en 1955, le 200e anniversaire du Grand Dérangement. Une entente conclue en 1956 entre le gouvernement fédéral et la Société Nationale l’Assomption, reconnaît que « le Parc de Grand-Pré constitue le foyer historique le plus important du peuple acadien, qu’il évoque ses heures les plus douloureuses et les plus héroïques et qu’il doit rappeler aux générations futures l’exemple d’un peuple courageux, dont la culture et les actions ne cesseront d’enrichir la nation canadienne »[5].

Le gouvernement fédéral acheta le parc en 1957[5].

Grand-Pré fait partie de la liste indicative de l'Unesco pour devenir un site du patrimoine mondial [6]. La Société Promotion Grand-Pré à annoncé récemment qu'elle allait travailler pour que le site soit reconnu comme tel[7].

Le 30 novembre 1995, Grand-Pré est devenu le premier district rural historique du Canada[8].

Depuis 2005, l'Église unie du Canada commémore l'anniversaire de la Déportation à Grand-Pré. Il ne faut pas oublier que les fondateurs de l'Acadie en 1604, dont Pierre Dugua de Mons, étaient eux-mêmes protestants[9].

[modifier] Projet et controverse

Durant les années 1990, l'homme d'affaires torontois Harold L. Medjuck acheta plusieurs parcelles au sud du parc pour former un terrain de 8,15 hectares. Il tenta sans succès d'y faire construire un village historique acadien.

En 1998, les gouvernements provinciaux et fédéraux achetèrent le terrain au coût de 450 000$. La propriété en fut ensuite transférée à Parcs Canada. Une plaque honorifique commémorant l'évènement fut installée en juillet 2005 dans le foyer du centre d'accueil. Cela causa un certain émoi, M. Medjuck ayant réalisé un profit pour un endroit symbolique pour le peuple acadien. La plaque à été volée au mois d'août de la même année[10],[11].

En voici le texte:

« En 1998, la province de la Nouvelle-Écosse, avec l'aide financière de Parcs Canada, fit l'acquisition d'environ sept hectares de terre assemblés par M. Harold L. Medjuck. L'achat de ces terres allait enclencher l'aménagement du présent centre d'accueil et d'interprétation...  »

[modifier] Expansion du parc

Sur le terrain nouvellement acquis, ont construisit en 2004 un centre d'accueil et d'interprétation. L'accueil se faisait autrefois à l'extérieur, au stationnement, ce qui occasionnait évidemment de problèmes. Le principal avantage est aussi au point de vue visuel, car cela permettait de refaire la visite du parc comme il à été conçu, c'est à dire en partant du sud, à la statue d'Evangéline, et non de l'est comme l'obligeait l'entrée au stationnement[11]. Durant les années suivantes, plusieurs nouvelles œuvres d'art furent installées au parc, en partie avec l'aide de dons.

[modifier] Bâtiments, monuments et oeuvres d'art

Plan du parc.
Plan du parc.
La forge.
La forge.
Le puit et les saules, au tournant du siècle.
Le puit et les saules, au tournant du siècle.

Le site historique se trouve de chaque côté du chemin de fer, aujourd'hui abandonné, au sud du pré. Il est accessible par le chemin Grand-Pré.

Dans le centre d'accueil et d'interprétation, la salle d'exposition sur l'histoire de Grand-Pré et de l'Acadie comprends entre autre des postes multi-média, des maquettes et une coupe d'un aboiteau. La salle multi-média présente un film de 22 minutes sur la déportation. De chaque côté, deux écrans secondaires permettent d'afficher les commentaires des Britanniques, Français, Acadiens et Micmacs. Il y a également une boutique de souvenirs. Dans le foyer se trouve la muraille Réveil, commandée en 2004. Elle est l'oeuvre de Wayne Boucher[12]. Les quatre-saisons à Grand-Pré est une collection de 20 photographies réalisées en 2004 par François Gaudet. Comme leur nom l'indique, elles représentent différents points de vue du parc, au fil des saisons[13]. L'Esprit de Grand-Pré est une série de 9 tableaux peints par Georgette Bourgeois en 2007, à l'invitation du parc. Cinq bienfaiteurs achetèrent les tableaux pour les donner au parc, et l'artiste accepta de prêter les 4 autres[13].

Un terrain d'activités se trouve à côté du centre d'accueil, où figure Déportation. Commandée en 2004 pour commémorer le 250e anniversaire du Grand Dérangement et dévoilée le 3 septembre 2006, ce sont quatre statues en bronze. L'oeuvre des sculpteurs Jules Lasalle et André Fournelle consiste en une famille en marche. De par sa disposition et l'impression de mouvement, elle représente le sort réservé aux familles acadiennes après 1755, où plusieurs familles furent séparées et durent s'établir sur de nouvelles terres[13]. Ont y retrouve aussi un belvédère.

À la sortie du centre d'accueil se trouve un boisé. Un sentier permet de se rendre au parc à proprement parler, après avoir traversé le chemin de fer.

Là se trouve la statue d'Évangéline, oeuvre de Louis-Philippe Hébert[13].

En ligne droite de la statue, l'Église-souvenir est l'élément principal du parc. À l'intérieur se trouve la statue Notre-Dame de l'Assomption. Elle fut sculptée en même temps que l'on construisit l'édifice. L' Histoire des Acadiens en six tableaux est une oeuvre de Claude Picard commandée en 1987. Installé en 1986, le vitrail de la chapelle est l'oeuvre de Thierry Smith-Lamothe, celui-là même qui a conçu le centre d'accueil. Les noms de chaque famille déportée de Grand-Pré sont gravés sur des plaques de bronze. Dans une petite pièce en arrière de l'église se trouve une exposition[13].

Deux principaux sentiers partent de l'église. À gauche, les visiteurs peuvent voir un verger, un potager et une forge.

À droite se trouvent d'autres monuments. Le puits d'Évangéline à été découvert par des chasseurs de trésors à la fin du XIXe siècle. Le buste de Henry Wadsworth Longfellow est un don fait par le gouvernement provincial en 1955, pour commémorer le 200e anniversaire de la déportation[13]. La croix Herbin est construite avec des pierres découvertes lors de fouilles[13].

Le parc comprends également de grandes pelouses fleuries, des étangs à canards et plusieurs arbres, en particulier des saules. Ces saules seraient tout ce qu'il reste de l'ancien village de Grand-Pré.

Un monument relié au site, la croix de la Déportation, se trouve à Horton Landing et à été innaugurée en 2005[14].

Icône de détail Article connexe : Monuments commémorant le Grand Dérangement.

[modifier] Fouilles archéologiques

Le professeur Fowler et ses étudiant effectuant des fouilles à côté de l'église-souvenir.
Le professeur Fowler et ses étudiant effectuant des fouilles à côté de l'église-souvenir.

Chaque été depuis 2001, Jonhattan Fowler, professeur d'archéologie et d'histoire à l'université Saint-Francis-Xavier, dirige des fouilles au parc. Le but premier de ces fouilles est de retrouver l'église Saint-Charles-des-Mines.

Icône de détail Article détaillé : Paroisse Saint-Charles-des-Mines.

[modifier] Grand-Pré dans la culture

Icône de détail Article connexe : Grand Dérangement dans la culture.

À part Evangéline, oeuvre d'Henry Wadsworth Longfellow, Grand-Pré à inspiré plusieurs artistes.

[modifier] Timbres

Le timbre de 1930.
Le timbre de 1930.

Deux timbres canadiens commémorent Grand-Pré. Le premier fut émis le 4 décembre 1930, au tarif de 50 cents (pour les colis). Il représente l'église et la statue d'Évangéline. Une second fut émis le 15 août 2005, lui aussi au tarif de 50 cents. Conçu par Pierre-Yves Pelletier, c'est un timbre sur timbre, reprennant le dessin de l'original, sur un drapeau acadien et portant la mention Déportation des Acadiens - Acadian Deportation - 1755-2005[15].

[modifier] Pèlerinage

[modifier] Prix Grand-Pré

Icône de détail Article détaillé : Prix Grand-Pré.

Remmis chaque depuis 1987 lors d'une cérémonie ayant lieu au parc, le prix Grand-Pré rend hommage au travail des artistes acadiens néo-écossais.

[modifier] Informations diverses

[modifier] Gestion et promotion

[modifier] Fréquentation

Grand-Pré est le troisième site historique national le plus visité en Nouvelle-Écosse, et le 18e plus populaire du Canada, sur 101 sites[16]. Les touristes étrangers ont effectué 18 millions de voyages d'une nuit ou plus au Canada en 2006. Pour cette même année, la Nouvelle-Écosse à été la 5e province canadienne la plus visitée, avec 516 100 personnes[17]. Le site est visité par 60 000 personnes en moyenne à chaque année, mais ce nombre peut aller jusqu'à 100 000. Le site attira 10 000 visiteurs uniquement pour la cérémonie du 250e anniversaire de la déportation, en 1955. Une même nombre de personnes assista à la cérémonie de clôture du Congrès mondial acadien, le 15 août 2004. [18],[19],[20],[21].

Nombre de visiteurs annuels, de 1920 à nos jours[16],[22]
Année Visiteurs Année Visiteurs Année Visiteurs Année Visiteurs Année Visiteurs Année Visiteurs
1951 1952 1953 1954 1955
1956 1957 1958 1959 1960 1961
1962 1963 1964 1965 1966 1967
1968 1969 1970 1971 1972 1973
1974 1975 1976 1977 1978 1979
1980 1981 1982 1983 1984 1985
1986 1987 1988 1989 1990 1991
1992 1993 1994 1995 96 669 1996 96 380 1997 72 731
1998 65 147 1999 62 602 2000 62 000 2001 2002 59 194 2003 50 913
2004 71 558 2005 38 705 2006 34 287 2007 2008 2009


[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Site historique national de Grand-Pré.

[modifier] Ressources documentaires

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. (fr) Parcs Canada - Introduction et historique
  2. Brian Cuthberson, Wolfville & Grand Pré, past and present, Format Publishing Company, Halifax, 1996, ISBN 0-88780-360-1, pp. 35-36.
  3. Le parc comprennait à l'époque uniquement la partie au nord du chemin de fer.
  4. (fr) Dictionnaire biographique du Canada - John Frederic Herbin
  5. abc (fr) Parcs Canada - L'héritage de Grand-Pré
  6. (fr) Liste indicative du Patrimoine mondiale - Grand-Pré
  7. (fr) L'Acadie-Nouvelle - 4 janvier 2008 - Grand-Pré reconnu par l’UNESCO?
  8. (fr) Patrimoine Canada - Grand-Pré est classé district rural historique
  9. (fr) L'Acadie Nouvelle - 28 juillet 2006
  10. (fr) Radio-Canada - 12 août 2005 - Le vol d'une plaque honorifique à Grand-Pré relance la controverse qui l'entourait
  11. ab (fr) Parcs Canada - Communiqué
  12. (fr) Société Promotion Grand-Pré - Projet de la murale
  13. abcdefg (fr) Société Promotion Grand-Pré - Les Arts à Grand-Pré
  14. (fr) L'Acadie-Nouvelle - 29 juillet 2005 - Dieppe et Grand-Pré ont maintenant un monument rappelant la Déportation de 1755
  15. (en) The Unitrade Specialized Catalogue of Canadian Stamps, The Unitrade Press, 2006, ISBN 1-894763-20-3.
  16. ab (fr)[pdf] Fréquentation à Parcs Canada - 1995-1996 à 1999-2000
  17. (fr)[pdf] Tourisme Canada - Bilan annuel 2006
  18. (fr) L'Acadie Nouvelle - 16 août 2004 - Des cérémonies de clôture remplies d’émotion
  19. (fr) L'Acadie-Nouvelle - 14 août 2004 - Plus de 10 000 personnes attendues pour les événements de clôture
  20. (fr) L'Acadie-Nouvelle - 31 juillet 2004 - Évangéline, symbole du courage d’un peuple
  21. (fr) L'Acadie-Nouvelle - 26 juin 2001 - Grand-Pré obtient 5 millions $ du fédéral
  22. (fr) Fréquentation à Parcs Canada 2002-2003 à 2006-2007
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