Réveil national chinois sous les Qing

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La période de 1894-1901 est qualifiée de « réveil national chinois ». Non seulement la Chine est soumise, monopolisée par les puissances occidentale depuis les guerres de l'Opium, mais l'exemple du Japon, sa brillante Ère Meiji, et sa victoire lors de la guerre sino-japonaise de 1894 souligne encore davantage les faiblesses, incompétences et paralysies du régime mandchoue. Se développe alors un double courant modernisateur. D'une part par les fonctionnaires et responsables, mandchous et chinois, qui veulent conserver l'Empire mais le moderniser à l'occidentale, comme l'ont fait les japonais, et dont l'action la plus éclatante sera la réforme des 100 jours (1898). D'autre part par un mouvement populaire nationaliste, pro-chinois, anti-mandchou, anti-étrangers, anti-chrétiens, dont la manifestation la plus éclatante sera la guerre des boxers.

Sommaire

[modifier] Le réveil national en haut de la société : la réforme des 100 jours

La guerre sino-japonaise de 1894 et le traité de Shimonoseki ont eu un effet négatif sur la population, la gentry conservatrice et modernisatrice se sent également dégradée par cette défaite chinoise.

[modifier] Apparition du courant réformateur

De nouveaux notables (les « nouveaux lettrés ») tendent à prendre en influence, ils veulent et pénètrent les milieux d’affaires, l’industrie et le commerce. Ils sont formés dans des écoles de missionnaires et issus de ports et de villes ouvertes aux étrangers et sont donc davantage sous l'influence de la modernité occidentale. Dans les années 1870, 80, 90 des intellectuels Chinois vont être influencés par le capitalisme et tentent de publier leurs idées sur la situation du pays et commencent à parler de réforme.
Notamment Kang Youwei (1858-1927), Liang Qichao (1873-1929), Tan Sitong (1865-1898), Yan Fu (1853-1921).
Ces réformateurs sont plus jeunes que les animateurs modernisateurs et sont critiques vis-à-vis de ce mouvement. Ils ne veulent pas seulement prendre sa science à l’occident mais aussi procéder à une réforme politique. Leurs idées n'atteignent d'abord pas l’Empereur. En 1895, Kang Youwei lance une pétition dans laquelle il réclame à l'Empereur que soit rejeté le traité de Shimonoseki, il demande aussi que des réformes monétaires, administratives et militaires soient mises en œuvre. Ce texte ne parvient pas à son destinataire mais sera diffusé à 10.000 exemplaires qui circuleront, et dont les idées seront diffusées. En 1897, le texte arrive dans les mains de l’empereur.

[modifier] Conservateurs et réformistes à la cour

L’empereur Guangxu (1871-1908), 26 ans, est séduit. Mais il est reste isolé au sein de la Cour impériale et ne détient pas réellement les reines du pouvoir : c'est sa tante Cixi qui gouverne. Il commence à défendre les vues modernisatrices, les réformistes de la Cour commencent à s'opposer aux conservateurs et Cixi. Le 11 juin 1898, il promulgue un édit affirmant la nécessité de moderniser la Chine sur le modèle Occidental, puis appel Kang Youwei afin de mettre en œuvre des réformes d’urgence : la Chine doit être capable d’accomplir en 3 ans ce que le Japon à effectué en trente (cf: ère Meiji)

[modifier] La réforme des 100 jours (1898)

Du 11 juin 1898 au 21 septembre 1898 (103 jours) une tentative de réforme imposé par Guang Xu et Kang Youwei, des décrets sont promulgués touchant aux domaines de l’économie, de l’armée, de la culture et de l’éducation et au total 110 ordres impériaux. Mais ces réformes proposent aussi d'établir une Monarchie constitutionnelle afin de clarifier le pouvoir du souverain. Mais ni Cixi, ni Guang Xu ne souhaitent ces dernières réformes, mais ces textes vont être adoptés grâce à un gouverneur. Les conservateurs ne s’opposent pas ouvertement aux réformes mais, aidés de l'ambitieux général Yuan Shikai (1859-1916) : ils effectuent un coup d'État en faveur de Cixi. Tan Sitong est exécuté tandis que Kang Youwei et Liang Qichao s’exilent au Japon. Le 22 septembre 1898, un acte impérial annule tous les décrets pris durant les 3 mois précédant. La réforme est tuée.

[modifier] Le réveil national sur le plan populaire : la révolte des boxers

En 1896, 1897, 1898, dans le sud de la province du Shandong un certain nombre d’émeutes éclatent visant des missions religieuses elles sont organisées par des sociétés comme la Société des Grands Couteaux mais aussi les Boxers (ou Yihequan).

[modifier] Les Boxers : société secrète et anti-étrangers

Cette société secrète est une dissidence religieuse, politique et sociale c'est-à-dire qu’il y a une dimension anti-dynastique contre les mandchous, anti-étrangère et donc anti-modernisation. Ils s'opposent donc en partie aux réformateurs qui considèrent nécessaire de copier l'étranger, de moderniser, et se contenteraient largement d'une monarchie constitutionnelle.

Les boxers vont s’attaquer aux différentes formes de présence étrangère, notamment religieuse et économique. Il y avait en effet, à la fin du XIXe siècle, plus de 3300 missionnaires étrangers pour 800 000 croyants Chinois. Les présences est officiellement tolérée, mais elle pose problème lorsque les chrétiens construisent des églises sans respecter le feng shui, perturbant l'équilibre que les chinois s'emploient à mettre dans leurs constructions. Il est également reproché aux occidentaux de faire pression sur les magistrats dans les affaires judiciaires. De façon générale les occidentaux sont accusés de corruption et de non respect des croyances chinoises. Les boxers s’en prennent donc aux constructions étrangères et aux signes de modernité : lignes télégraphiques et rails de chemin de fer arrachés détruits, etc.

[modifier] Montée des Boxers, réactions étrangères et gouvernementales

A/ La montée en puissance des Boxers

A la fin de 1899 les attaques Boxers se multiplient, incendiant des églises, chassant les missionnaires et s’attaquant aux fonctionnaires Chinois qu’ils accusent de corruption. Dans la province du Shandong, province natale de Confucius, on trouve plus d’un millier d’églises ! Les autorités chinoises envoient leur plus puissant général, Yuan Shikai, et les boxers quitter le Shandong pour le Zhili (province qui n’existe plus). Arrivés là-bas ils se joignent aux Boxers locaux, progressent vers Tianjin puis vers Beijing qu’ils contrôlent durant l’été 1900, y tenant en échec les troupes impériales. D’autres mouvements Boxers apparaissent dans le Shanxi, le Henan, en Mongolie intérieure et dans le nord-est de la Chine. A l'opposé de Kang Youwei qui voulait moderniser la Chine en copiant l'occident, les Boxers renient farouchement l'Occident, détruisant tout ce qui est moderne et la marque d'étrangers, faisant reculer la modernisation matérielle de la Chine (usines, télégraphes, trains, etc.).

B/ La réaction des puissances étrangères

Les nations étrangères demandent aux mandchous de stopper les Boxers et menacent d’ouvrir les hostilités. En juin 1900, Royaume-Uni, États-Unis, France, Allemagne, Japon, Russie, Autriche, Italie (8 pays) se coalisent pour protéger leurs ressortissants et intérêts en Chine, et reprennent rapidement Tianjin.

C/ La réaction des autorités Chinoises

Cixi a peur des puissances étrangères et passe une alliance tacite avec les Boxers leur faisant savoir qu’il faut que les étrangers soient supprimés. La situation devient de plus en plus dangereuse pour les occidentaux présents sur le territoire chinois.

[modifier] Conflit Chine-occident

新版《時局圖》publié en 1904. Au début du 20 siècle, la richesse et la faiblesse de la Chine attirent fort les puissances coloniales pour la partager.
新版《時局圖》publié en 1904. Au début du 20 siècle, la richesse et la faiblesse de la Chine attirent fort les puissances coloniales pour la partager.

Tandis que les Boxers semblent réussir à s'imposer, les étrangers sont de plus en plus menacés.

  • Le 19 juin, les délégations étrangères à Beijing sont « pour leur sécurité » officiellement invitées à quitter la capitale sous 24 heures, les autorités chinoises proposent de les ramener au port de Tianjin.
  • Le 20 juin, Von Ketteler, ambassadeur allemand, est assassiné et les puissances étrangères soupçonnent un double jeu des autorités chinoises.
  • L'après midi du 20 juin : les troupes chinoises assiègent les légations où sont réfugiés les diplomates étrangers.
  • Le 21 juin 1900 Cixi annonce que les Boxers sont la milice royale et déclare la guerre aux étrangers.

Alors qu'il y avait juste une révolte et des autorités chinoises débordées, il y a maintenant une association Boxer-autorités chinoises en guerre ouverte contre les étrangers.

A/ L'offensive Chinoise : le siège des légations

Durant 55 jours, les chinois font le siège du quartier étranger où 473 civils étrangers demeurent (225 hommes, 149 femmes, 79 enfants) et plus de 3000 chrétiens chinois et 451 soldats étrangers. Pourtant, le chef militaire chinois se contente du statu-quo, n'attaquant pas : il veut minimiser les pertes, afin de minimiser les indemnités de guerre que les étrangers demanderont lorsqu'ils reprendront le contrôle.

B/ La contre-offensive des puissances étrangères : l'expédition internationale

Les gouvernements étrangers forment une nouvelle armée de coalition sous commandement allemand et plus anglais. À compter de Tianjin le 4 août 1900 et arrivée à Beijing en 10 jours, cette coalition libère les assiégés le 15 août 1900, la ville de Beijing est mise à sac par les soldats étrangers. Déguisés en paysans, Cixi et son entourage doivent s'enfuir à Xi'an. Le 16 janvier 1901, une nouvelle paix humiliante est imposée, c'est le Protocole de 1901.

[modifier] Le Protocole de 1901

Les puissances étrangères s'accordent d'abord difficilement, puis débutent les pourparlers avec la Chine, et les termes sont formalisés le 7 septembre 1901

A/ Pour les coupables :

Les puissances étrangères demandent l’exécution ou l’exil des principaux coupables, de sanctionner des fonctionnaires qui ont aidé les boxers (10 hauts fonctionnaires pro-boxers sont décapités), puis l'interdiction des sociétés anti-étrangères et la destitution à vie des fonctionnaires locaux qui ont manqué de poigne à l’égard de ces sociétés. Le gouvernement s’engage à réprimer tout nouveau mouvement contre les étrangers. Enfin, l’on suspend les examens de recrutement des fonctionnaires civils et militaires dans les districts où les boxers se sont manifestés pendant 5 ans.

B/ Le contrôle sur la Chine est renforcé :
  1. une surveillance militaire est imposé et la Chine n’aura pas le droit d’importer des armes pendant deux ans.
  2. Création d’un quartier de délégation plus facile à protéger
  3. Un ministère des affaires étrangères -sous tutelle étrangère- est créé et a préséance sur les autres ministères.
C/ Réparation financière :

La Chine s’engage à verser une indemnité de 450 millions de liang sur 39 ans.

Le protocole est signé, l’impératrice douairière est toujours à Xi’an et revient à Beijing en janvier 1902, cette défaite semble avoir montré une fois de plus la supériorité militaire étrangère, et certains signes semblent montrer qu'elle tend à accepter la nécessité de moderniser l'État chinois.