Tianjin

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天津
Tiānjīn
Pays Chine
Statut administratif Municipalité autonome
Préfixe téléphonique 22
Code postal Ville : 300000[1]
Code aéroport TSN
Secrétaire du PCC Zhang Gaoli (张高丽)
Maire Huang xingguo (黄兴国)
Latitude, longitude 39°07′N 117°11′E / 39.117, 117.183
Superficie 11 920 km²
Population Municipalité : 10 240 000 hab. (2004)
Densité 859 hab./km²
PIB total 293,2 milliards de yuans (2004)
PIB par habitant 28 600 yuans

Tianjin (天津 ; hanyu pinyin : Tiānjīn ; pinyin du système postal : Tientsin) est la moins peuplée des quatre municipalités autonomes chinoises. Elle se trouve à environ cent cinquante kilomètres de Pékin, à l'embouchure du Hai He et à proximité de la mer de Bohai. C'est un port important. On y parle le jilu, un dialecte du mandarin. En 2004, la ville dépasse les six millions d'habitants et l'agglomération les dix millions.

Sommaire

[modifier] Situation

Tianjin se trouve dans une plaine à l'embouchure du Hai He et à l'extrémité nord du Grand Canal.

Le territoire de la municipalité autonome s'étend sur 11 920 km2. Il a une façade maritime (golfe de Bohai) à l'est et jouxte la municipalité autonome de Pékin au Nord-Ouest. Sur ses autres frontières, il touche la province du Hebei.

[modifier] Histoire

Soldats russes à Tianjin
Soldats russes à Tianjin
Tientsin Club et Hôtel Astor House, 1902
Tientsin Club et Hôtel Astor House, 1902
Condamnation par décapitation d'un chinois par les japonais, au dessus de sa tombe, 1901
Condamnation par décapitation d'un chinois par les japonais, au dessus de sa tombe, 1901

Avec l'ouverture du Grand Canal sous la dynastie Sui (581-618), Tianjin, alors appelée Zhigu devient une ville et un port de commerce importants. En 1404, l'empereur Yongle donne à la ville le nom de Tianjin, littéralement le « gué de l'Empereur ».

En 1725, la ville devient préfecture.

Ville dépendant du pouvoir central, c'est là que se concluent deux importants traités entre le pouvoir impérial chinois et des puissances occidentales :

[modifier] Le temps des concessions européennes

Au milieu du XIXe siècle, les rives du Hai He, proches de Pékin, intéressent les puissances européennes. Tianjin offre une configuration géographique idéale. Ouvert à l’activité fluviale, le Hai He dessine un arc de cercle au milieu d’un bassin aéré se prolongeant jusqu’à la mer de Bohai.

En 1860, le traité de Pékin, qui met fin à la seconde guerre de l'opium, offre des concessions à trois puissances occidentales : la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. En 1894, de nouvelles concessions sont attribuées à l’Allemagne et au Japon. À la fin de guerre des Boxers, quatre autres concessions sont octroyées à l'Italie, à l'Autriche-Hongrie, à la Russie et à la Belgique. Dans leur sillage, vingt ambassades s’installent à Tientsin (comme on l'appelle alors en Occident).

Le découpage des concessions est arbitraire. Elles recouvrent des étendues variables. Le Royaume-Uni et l'Allemagne se taillent la part du lion, alors que Belges et Italiens sont cantonnés à des espaces confinés. Entre 1860 et 1870, les premières bâtisses voient le jour. Chaque concession reflète un style de chaque pays. Des architectes occidentaux en élaborent les plans, certains deviendront très prospères. En bordure du Hai He, l'hôtel Astor devient le point de ralliement des entrepreneurs occidentaux. C’est le premier établissement hôtelier de Chine du Nord ouvert aux étrangers.

Dans ses premières années, la présence des Occidentaux n'est pas sûre. En juin 1870, une foule importante saccage l'orphelinat français[2]. Dix-huit étrangers sont tués dont le consul. Cependant la dynastie Qing apporte ses excuses et une sévère répression est exercée contre les fauteurs de troubles. L'histoire des concessions évolue alors au rythme d'une situation internationale particulièrement chaotique. Très engagés aux Philippines, les Américains cèdent en 1902 leur concession au Royaume-Uni. Dans la foulée de l’entrée de la Chine en guerre du côté des Alliés, en mars 1917, les concessions allemandes et austro-hongroises sont dissoutes.

De 1902 à 1937, Tianjin connaît une période faste. Personnage séduisant, Gustav Detring incarne le dynamisme de la ville. Au service de Li Hongzhang, l’homme exerce sans le titre le rôle de maire de la ville. Herbert Clark Hoover, futur président des États-Unis réside alors à Tianjin. Dans son journal, il témoigne : « C'est une cité universelle, comme le monde en grandeur miniature. S'y côtoient toutes les nationalités, tous les styles architecturaux, toutes les cuisines. » De son côté, le général George Marshall qui séjournera un temps dans l'American Barracks ajoute : « Mon premier contact avec la Chine fut surprenant. Je logeais dans une maison d'allure viennoise, je mangeais un pot-au-feu, je jouais au badminton et le soir, combien de fois n'ai-je pas bu de bière allemande ? Tirant partie de cette expérience, j’ai toujours vanté dans ma vie politique les mérites d’une cité universelle et fraternelle. » En 1932, Teilhard de Chardin y demeure, « le temps, dit-il, de prendre langue avec des cultures si opposées ». Ville ouverte et libre, Tianjin accueille des réfugiés. En 1935, elle abrite une communauté juive de trois mille cinq cents personnes dont beaucoup de rescapés des pogroms. « Alors que nos frères sur la Vistule souffraient le martyr, nous vivions heureux, sans la moindre turbulence » souligne Harry Rozents, originaire de Pologne. En 1938, la synagogue de Nanjing Lu est inaugurée en grandes pompes. « Occidentaux, Chinois et Juifs étaient de la fête » se souvient Harry Rozents.

Tianjin est aussi la ville des notables chinois. Comme en témoignent de nombreuses plaques à l’entrée des maisons, seigneurs de la guerre et lettrés s’installent dans les concessions. Comble de la liberté, Puyi, dernier empereur de la dynastie Qing, après avoir été chassé de Pékin y résidera jusqu’en 1931. Tianjin est aussi souvent considéré comme la ville d'adoption de Zhou Enlai qui y a vécu une partie de son enfance. Plus tard, ses visites répétées à l'hôtel Astor témoignaient d'un réel attachement à cette ville.

[modifier] La ville depuis 1937

En 1937, l'armée japonaise occupe les concessions. Les Occidentaux sont bousculés, plusieurs bâtiments sont pillés. Sur leur déclin, les dernières concessions sont dissoutes de 1943 à 1945 par le gouvernement nationaliste. Le 15 janvier 1949, Tianjin est libéré par l'Armée populaire de libération. Tout son patrimoine architectural devient alors « bien d’État ». Mais aucune administration spécifique n’est créée pour en assurer la gestion. Chaque district de la ville entretient son parc de vieilles maisons comme toute autre construction. Pendant la guerre froide, l’héritage est délaissé. Épisodiquement entretenu, le bâti se détériore, en particulier les anciennes concessions russes et françaises. Le rythme des dégradations s’accélère avec l’industrialisation urbaine. Des usines polluantes sont construites au cœur de la ville. Inexorablement, les édifices se délabrent, certains menacent ruine, les murs noircissent.

Dans les années 1980, une nouvelle menace guette. La demande en logements et en bureau entraîne une spirale presque incontrôlable de nouvelles constructions à la finition aléatoire. S’ajoute la boulimie financière des groupes immobiliers qui boudent cet héritage jugé peu rentable. Bientôt l’ancienne concession russe est engloutie sous le béton. Des gratte-ciels se calent entre les vieux bâtiments, les écrasent aussitôt.

[modifier] Économie

À seulement 1 h 20 de train de Pékin, Tianjin est réputée pour le nombre impressionnant d'entreprises tournées vers l'international. En effet, Tianjin est un centre industriel et commercial.

[modifier] Tourisme

Aujourd’hui, Tianjin offre l’aspect d’une ville étouffant sous la pollution, bruyante et chaotique. Les énormes travaux engagés le long du Hai He comme la restauration des anciennes concessions et l’amélioration des voies d’accès à la ville devraient se poursuivre jusqu’en 2008. À cette date, Tianjin aura meilleure allure. Peut-être renouera-t-elle alors avec l'âge d'or qu'elle avait connu dans les années 1930 ?

Malgré la proximité de la capitale, Tianjin est une ville bon marché. Tianjin n'a rien d'une ville touristique, cependant, quelques recoins méritent le détour :

  • Binjiang Dao : une rue piétonne commerçante. On y trouve principalement des vêtements, des chaussures et des montres à des prix défiant toute concurrence. Le marchandage est de rigueur. Il va de soi que tous ces articles sont des contrefaçons ;
  • la rue de l'ancienne culture, Gu Wenhua Jie : il s'agit d'un quartier construit sur les bases de l'architecture chinoise traditionnelle. Là aussi, c'est un quartier commerçant, parfois appelé « quartier des artistes » ; en effet, c'est ici que l'on trouve des dessinateurs de portraits et même des sculpteurs. On trouve également des calligraphies, des pinceaux, des sceaux, des cerfs-volants, de l'artisanat traditionnel... Tianjin fut le site d'une marche de l'opposition en 1989. Il est aussi possible d'y marchander ;
  • Jiuba Jie, la rue des bars : zone où se concentrent de nombreux bars et boîtes de nuit souvent très différentes les uns des autres. L'Ali Baba Jiuba est lui situé à proximité de l'université de Nankai (Nankai Daxue) et est majoritairement fréquenté par des Occidentaux et des étudiants. Par ailleurs on trouve de très nombreux karaokés un peu partout, les KTV, qui sont en général appréciés des Chinois.

La nourriture, qui y est très bon marché et est relativement variée : dans le quartier coréen, on trouve des tables installées sur le trottoir qui servent de restaurant à brochettes, les restaurants goubuli, sorte de fast-foods à la chinoise, qui servent les baozi qui ont fait leur réputation, et on trouve, pour les nostalgiques de l'occident, des pizzerias et quantité de McDonald's (ou plus souvent des KFC).

[modifier] Les concessions européennes

Les concessions rassemblent un patrimoine d’environ mille maisons et bâtisses de facture occidentale, construites entre 1860 et 1940. Aujourd’hui la prise en compte par la municipalité de cette richesse et sa volonté de remettre de l’ordre n’est guère chose aisée. Certaines destructions sont irrémédiables, et des bâtiments sont en très mauvais état.

Située sur la rive gauche du Hai He, l’ancienne concession italienne (quarante maisons) est actuellement en voie de restauration sous la conduite d’une société italienne connue pour ses travaux dans le centre historique de Naples. Ce quartier rappelle Imperia ou Alassio. « Flânant dans les rues Bo Ai Dao et Jian Guo Dao (ex-via Marchese et Corso Vittorio Emanuele), d’un seul coup, je reprenais pied dans mon pays » racontait dans les années 1920, un aventurier italien.

Dessinée autour de larges rues et d’un quartier verdoyant, la concession anglo-américaine est bien conservée. Sauf exception, les bâtiments demandent une restauration légère. Entourées par de petits jardins, l’architecture est d’inspiration victorienne. Parfois, d’audacieuses bâtisses surprennent comme, par exemple, l’Institut des langues étrangères. Dans ce quartier, les bâtisses américaines sont plus amples, les jardins plus étendus.

La concession française a une structure plus complexe. Véritable jeu de piste, elle abrite des ouvrages disparates mêlant des genres différents et diverses époques. S’y côtoient maisons de maître et modernisme volontariste. Comme en témoigne le pont métallique enjambant le Hai He ou la cathédrale Notre-Dame des Victoria, juste réplique d’une église en pays d’Artois. La concession française a connu un parcours très accidenté à l’issue toujours incertaine. Construites dans le quartier commerçant du Heping (和平) Lu, les bâtisses sont encerclées par des immeubles modernes et une activité commerciale mal maîtrisée. L’église de Nanjing Lu est enclavée par deux gratte-ciels curieusement inachevés. Au cœur du quartier, des maisons disposées en cercle entourent « le jardin français ». Onze maisons devraient être restaurées. Cependant ce projet se heurte à la pression immobilière de ce quartier à l'activité économique très dynamique. Afin d’y remédier, une société franco-chinoise, China Messengers, a engagé un remodelage de l’offre et des itinéraires commerciaux du district de Heping.

La concession russe, elle, a vécu. Si quelques bâtisses demeurent çà et là, l’ensemble du quartier est noyée sous les gratte-ciels et les autoroutes urbaines. Dans son prolongement, la concession belge n’est plus qu’un pâle souvenir. Enfin, la concession japonaise a été durablement sinisée.

[modifier] Subdivisions administratives

La municipalité de Tianjin exerce sa juridiction sur dix-huit subdivisions - quinze districts et trois xian.

Six districts sont situés dans la zone urbaine de Tianjin :

  • le district de Heping - 和平区 Hépíng Qū ;
  • le district de Hexi - 河西区 Héxī Qū ;
  • le district de Hebei - 河北区 Héběi Qū ;
  • le district de Nankai - 南开区 Nánkāi Qū ;
  • le district de Hedong - 河东区 Hédōng Qū ;
  • le district de Hongqiao - 红桥区 Hōngqiáo Qū.

Trois districts sont situés le long de la côte :

  • le district de Tanggu - 塘沽区 Tánggū Qū ;
  • le district de Hangu - 汉沽区 Hàngū Qū ;
  • le district de Dagang - 大港区 Dàgǎng Qū.

Quatre districts correspondent à des villes satellites et à des zones rurales proches du centre urbain :

  • le district de Jinnan - 津南区 Jīnnán Qū ;
  • le district de Dongli - 东丽区 Dōnglì Qū ;
  • le district de Xiqing - 西青区 Xīqīng Qū ;
  • le district de Beichen - 北辰区 Běichén Qū.

Les deux districts restants et les trois xian correspondent à des villes et à des zones rurales plus éloignées du centre urbain :

  • le district de Baodi - 宝坻区 Bǎodǐ Qūxian de Baodi avant 2001 ;
  • le district de Wuqing - 武清区 Wǔqīng Qūxian de Wuqing avant 2000 ;
  • le xian de Ji - 蓟县 Jì Xiàn ;
  • le xian de Jinghai - 静海县 Jìnghǎi Xiàn ;
  • le xian de Ninghe - 宁河县 Nínghé Xiàn.

En outre, la zone de développement économique et technologique de Tianjin(TEDA), bien que n'étant pas formellement une subdivision administrative, bénéficie cependant de droits similaires à ceux d'un district normal.

Ces districts et xian sont eux-mêmes divisés (au 31 décembre 2004) en 240 subdivisions de niveau canton, comprenant 120 bourgs, 18 cantons, 2 cantons ethniques et 100 sous-districts.

[modifier] Jumelage

Tianjin est jumelée avec Hakodate (Japon).

[modifier] Galerie photo

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[modifier] Notes et références

  1. (en) Codes postaux de la municipalité de Tianjin
  2. (en) Tianjin Massacre

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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