Philippe Val

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Philippe Val, né le 14 septembre 1952 à Paris, est un homme aux activités artistiques, journalistiques et littéraires multiples. Il est le directeur de la publication et de la rédaction du journal Charlie Hebdo. Il est également humoriste, écrivain, musicien, chansonnier, acteur et chroniqueur radio.

Sommaire

[modifier] Biographie

Philippe Val arrête ses études à 17 ans et après deux années de galère, il se lance dans la chanson et vit de ses prestations lors de soirées dans les cabarets puis les cafés théâtre. Il a toujours été inspiré par Georges Brassens, Léo Ferré ou Jacques Brel qu'il écoutait petit à la radio et allait voir à Bobino. Il fait la rencontre de Patrick Font et forme le duo de chansonniers Font et Val qui fait carrière entre 1970 et 1996. Ensemble, ils obtiennent un relatif succès en produisant leurs spectacles à la Pizza du Marais (aujourd’hui Théâtre des Blancs Manteaux), au Théâtre de Dix heures, ainsi qu'au Vrai Chic Parisien et lors de nombreuses tournées dans l'Hexagone. Ils sont accompagnés par Paul Castanier (ancien pianiste de Léo Ferré) jusqu'en 1989, et Emmanuel Binet (basse).

De sensibilité politique de gauche, il participe aux galas de financement du journal Libération. Il collabore un temps au journal pour quelques reportages. C'est ici qu'il rencontre Cabu. En 1992, il devient chroniqueur à France Inter, d’abord chez Jean-Luc Hess, dans l’émission « Synergie », puis au côté de son successeur, Albert Algoud dans les émissions « La partie continue » et « Charivari ». En 2006-2007, il participe tous les vendredis à l'émission hebdomadaire de José Artur et David Glaser "Inoxydable" sur France Inter. Depuis septembre 2007, il donne une chronique hebdomadaire (le vendredi à 7:55) dans Le Sept dix de France Inter.

En 1992, Philippe Val refonde avec Cabu, après la brève aventure de La Grosse Bertha, le nouveau Charlie Hebdo, héritier du journal mythique des années soixante-dix, dont il est devenu le rédacteur en chef. À la mort de Gébé, en avril 2004, il prend le poste de directeur de la rédaction et directeur de la publication. Il y publie chaque semaine un éditorial dans lequel il n'hésite pas à pousser de violents « coups de gueule » et à se poser en pourfendeur de la bêtise.

Il est régulièrement invité dans Le premier pouvoir, émission de critique des médias sur France Culture. Il intervient également régulièrement dans N'ayons pas peur des mots, une émission quotidienne de débat contradictoire présentée par Samuel Étienne diffusée sur I>Télé.

Philippe Val continue parallèlement son activité de musicien. Dans les années quatre-vingt-dix, il sort deux albums Paris-Vincennes (1996) et Hôtel de l’univers (1999). Il se produit dans les années 2000 dans de multiples salles en France accompagné par le bassiste Emmanuel Binet pour son spectacle Ouvert la nuit. En 2000, il sort un album intitulé Philippe Val.

Philippe Val a participé à la fondation d'ATTAC et du réseau Voltaire avant de leur tourner le dos.

[modifier] Prises de positions publiques

Philippe Val est réputé pour avoir la « dent dure » dans ses éditoriaux. Il dit dénoncer toute forme de censure, en particulier religieuse.

Il est farouche partisan du maintien de la loi Gayssot.

Après avoir dénoncé presque exclusivement l’extrême droite et l’intégrisme chrétien dans ses éditoriaux, Philippe Val dénonce aujourd’hui également les rapprochements entre une partie de la gauche et les mouvements islamistes, ce qui lui vaut des critiques virulentes de la part de l'extrême-gauche, l'accusant d'être devenu réactionnaire. Il co-organise et signe et publie dans Charlie Hebdo le manifeste des douze : un appel à la lutte contre l’islamisme, défini comme un totalitarisme religieux mettant en danger la démocratie.

Philippe Val a publié dans le n° 714 de Charlie Hebdo une pétition pour le droit au blasphème, signée entre autres par Bernard-Henri Lévy, Salman Rushdie et Taslima Nasreen. Dans le n° 715 du 1er mars 2006 de Charlie Hebdo, il a rapporté la rencontre organisée par l'association le "Manifeste pour les libertés", animée par des intellectuels libéraux de culture musulmane et en lutte contre l'islamisme, où des intellectuels et militants issus du monde musulman sont venus défendre le droit au blasphème et leur désaccord avec la notion d'islamophobie et l'usage qui en est fait (l'islamophobie remplacerait ainsi aujourd'hui la notion classique de racisme). Charlie Hebdo rapporte les propos de Ghaleb Bencheik, pour qui la notion d'islamophobie serait dangereuse parce qu'elle conditionnerait un aveuglement sur les pires abus de pouvoir effectivement commis au nom de l'islam. Bencheik pense que les gens de gauche « sont trop souvent bernés par le discours des islamistes qui utilise les passages du Coran sur les damnés de la terre ». Philippe Val partage ces critiques au sujet de la naïveté de l'extrême-gauche.

Philippe Val a eu l'occasion d'écrire qu'il existe un poujadisme de gauche[1] et que l'extrême gauche « n'est pas parvenue à exorciser » son démon que fut son positionnement « antidreyfusard »[2] et qu'elle n'est pas toujours très lucide quant à l'antisémitisme. Il a eu l'occasion de se faire l'écho des critiques relatives au MRAP sur ces questions (Charlie Hebdo n° 715).

Pour s'être plusieurs fois distingué du mouvement altermondialiste et antiraciste (en particulier lors de la conférence de Durban en 2001, où il reproche à ce mouvement d'avoir défilé en qualifiant le sionisme de « racisme ») et pour avoir été sévère avec plusieurs mouvements d'extrême-gauche, en particulier pour leur manière de critiquer les médias, les accusant de céder à la théorie du complot, il s'est très violemment fait critiquer par ces derniers. En effet, à propos d'Acrimed, par exemple, il eut l'occasion d'écrire[3] « Quand on s’explique tellement mal avec son public, comme le fait Acrimed, et que la conclusion qui en est tirée, c’est que les journalistes et le monde de la presse sont les tentacules du pouvoir central, ça relève de la théorie du complot. Et pour moi, jusqu’à une époque extrêmement récente, c’était fondamentalement un thème d’extrême droite. J’ai horreur de ce qui entretient la paranoïa des gens et de ce qui l’encourage. J’accepte toutes sortes de critiques, mais rendre les gens dépendants de leurs paranoïa, s’en servir, être suffisamment pervers pour l’alimenter, je trouve ça ignoble. Ils sont dangereux, mais heureusement ils sont minoritaires. »

Cette citation est extraite d'un article où il critique également l’Observatoire français des médias qu'il accuse de fonctionner selon les mêmes principes, et le Réseau Voltaire qui, selon Philippe Val, représente « la quintessence de l'art de recourir à l'explication par le complot »[4].

Lors du référendum du 29 mai 2005 sur le Traité constitutionnel européen, il a signé des éditoriaux en faveur de la ratification tout en laissant les différents points de vue s'exprimer dans Charlie Hebdo, éditoriaux publiés dans un recueil intitulé Le Référendum des lâches. Il se prononce en faveur du fédéralisme européen. Selon lui l'enjeu du débat était « d'abandonner la Nation comme entité politique souveraine en Europe ». Il développe l'idée que les nations ne sont plus tout à fait capables de répondre aux besoins des personnes et que les ONG prennent de plus en plus de place dans la gouvernance.

Il a participé à l'Université d'été de 2007 des Gracques[5] mais n'en a pas signé le manifeste.

Il a été au coté de SOS Racisme à l'origine d'une mobilisation contre la possibilité de recourir à des tests ADN comme preuve de filiation. Une pétition a rassemblé plus de 300 000 signatures et un concert meeting a été tenu au Zenith de Paris.

[modifier] Critiques à l’encontre de Philippe Val

Il est considéré par certains, en particulier l'association Acrimed et les publications associées PLPL et Le Plan B[6], comme un patron de presse dirigiste et autoritaire. Ses détracteurs relèvent notamment ses méthodes contestées au sein de la rédaction, mises au jour parfois par plusieurs cas d'opposition ou de démission (Philippe Corcuff, Olivier Cyran, Lefred-Thouron…), voire de licenciements (par exemple l'actuelle collaboratrice du Monde diplomatique Mona Chollet) ces dernières années[7].

Philippe Val a été accusé d'actes de censure, par exemple lorsque le dessinateur Lefred-Thouron démissionne de Charlie-Hebdo après un dessin refusé sur l'« affaire Font » impliquant Patrick Font dans une affaire de pédophilie (dessin finalement publié la semaine suivante dans Charlie Hebdo [8]). En 2000, un article d’Olivier Cyran est retouché. Celui-ci relate un dialogue entre le réalisateur Pierre Carles et le groupe Zebda et un passage dans lequel pointe une critique contre le journal est supprimé.

Ses détracteurs critiquent également l'évolution de ses opinions politiques au fil des années qu'ils jugent parfois en contradiction avec les idéaux qu'il affichait par le passé (d'un anarchisme libertaire, frondeur et irrévérencieux à une position nettement « recentrée ») : son soutien à l'intervention de l'OTAN au Kosovo, son soutien à la candidature « libéral-libertaire » de Daniel Cohn-Bendit lors des élections européenne de 1999, sa position sur le projet de traité constitutionnel européen en 2005, ses critiques systématiques à l'égard de l'extrême gauche (dans laquelle on le classait autrefois).

Ses multiples apparitions médiatiques, ses fréquentations avec ce qu'il est convenu de nommer « les élites » (dernier épisode en date, il est venu débattre de la liberté d'expression lors de l'université d'été 2007 du MEDEF[9]) lui valent des railleries de la part de certains de ses confrères journalistes (Langlois, Cyran, Mermet, Halimi, et plus généralement les journalistes associés à la critique radicale des médias[10]) et d'une partie du lectorat de Charlie Hebdo, ceux regrettant l'esprit original du journal[11]. Un exemple retient particulièrement l'attention : en 2004 Philippe Val disait encore de Bernard-Henri Lévy qu'il était « le Aimé Jacquet de la philosophie ». Le 4 novembre 2007, il encense le dernier livre de celui-ci dans l'émission "ça balance à Paris" sur Paris Première[12].

[modifier] Livres publiés

  • Allez-y, vous n'en reviendrez pas, Le Cherche midi
  • Allez-y, vous n'en reviendrez pas, la suite, Le Cherche midi
  • Bonjour l'Ambiance, Le Cherche midi en collab. avec France Inter
  • Bons Baisers de Ben Laden, Le Cherche midi en collab. avec France Inter
  • Fin de Siècle en Solde, Le Cherche midi en collab. avec France Inter
  • No Problem !, Le Cherche midi en collab. avec France Inter
  • Vingt Ans de Finesse (Font & Val), Le Cherche midi en collab. avec France Inter
  • Le Référendum des Lâches : les arguments tabous du oui et du non à l'Europe, Le Cherche midi, 2005
  • Traité de savoir survivre par Temps Obscurs, Grasset, 2007
  • Les Traîtres et les Crétins : chroniques politiques, Le Cherche midi, 2007

[modifier] Annexes

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  1. Lire Charlie Hebdo du 22 juin 2005 (extraits)
  2. Soirée Théma sur Arte, le mardi 13 avril 2004, « De quoi j’me mêle : tous manipulés ? ». Lire un compte-rendu sur le site de CQFD
  3. Charlie Hebdo n° 601 daté du 24 décembre 2003
  4. Éditorial de Philippe Val titré « La presse a besoin de flics », Charlie Hebdo daté du 24 décembre 2003
  5. www.lesgracques.fr/
  6. Voir le site d'Acrimed, qui rassemble des articles sur Philippe Val
  7. L’opinion du Patron, La liberté d’expression selon Charlie Hebdo : article d'Olivier Cyran, tiré du site lmsi.net, mars 2006
  8. « Font et Val : les copains, ça mord »
  9. Interview de Philippe Val sur DailyMotion
  10. Analyse des propos de Val sur Ben Laden et autres sujets : « Philippe Val sur France Inter : un récital de mensonges et de calomnies contre Chomsky »
  11. Des exemples parmi d'autres dans les commentaires de l'article : « Charlie Hebdo saute sur l’anti-France »
  12. Grégory Rzepski et Henri Maler, « "Touche pas à BHL", par Ruquier et Finkielkraut », sur le site d'Acrimed.
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