Philippe Corcuff

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Philippe Corcuff
Naissance	15 avril 1960 à Oran (Algérie)
Nationalité	France
Profession	sociologue

Philippe Corcuff, né à Oran (Algérie) le 15 avril 1960, est un universitaire français^[1] spécialisé en sociologie et en philosophie politique, matières qu'il enseigne à l'IEP de Lyon depuis octobre 1992^[2]. Il est par ailleurs engagé dans des mouvements sociaux et sur le terrain politique. Il est aussi un des fondateurs de l'Université populaire de Lyon née en janvier 2005 dans le sillage de l'Université populaire de Caen animée par le philosophe Michel Onfray.

Sommaire 1 Activité universitaire 2 Sociologie et philosophie 3 Engagement politique 4 Travail dans les médias 5 Publications 6 Voir aussi 6.1 Son site personnel 6.2 Articles 6.3 Articles connexes 7 Notes et références

[modifier] Activité universitaire

Il a soutenu une thèse de sociologie à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), intitulée Constructions du mouvement ouvrier - Activités cognitives, pratiques unificatrices et conflits dans un syndicat de cheminots, en décembre 1991 sous la direction de l'ethnologue Gérard Althabe. Il a travaillé avec Luc Boltanski et Laurent Thévenot au sein du Groupe de Sociologie Politique et Morale (GSPM, EHESS/CNRS) de 1985 à 2003. Depuis 2003, il est membre d'un autre groupe de recherche : le Centre de Recherche sur les Liens Sociaux (CERLIS, Université de Paris V/CNRS), dirigé par François de Singly^[3].

[modifier] Sociologie et philosophie

Sur le plan sociologique, il s'est d'abord inscrit dans le sillage de la sociologie critique de Pierre Bourdieu, en s'intéressant en particulier à la construction des groupes sociaux (au travers du syndicalisme cheminot et plus largement du mouvement ouvrier). Ensuite, il s'est efforcé de proposer une lecture différente mais contestée de la sociologie de Bourdieu, mettant l'accent sur son affinement "post-marxiste" de la critique sociale, tout en s'efforçant aussi de pointer certaines contradictions et certaines limites^[4]. Il a alors participé à la sociologie pragmatique, ou sociologie des régimes d'action, développée par Luc Boltanski et Laurent Thévenot. Dans ce cadre, il a contribué à formaliser deux régimes d'action : le régime d'interpellation éthique dans le face à face (ou régime de compassion, modélisé à partir de l'éthique du visage d'Emmanuel Lévinas) et le régime machiavélien (ou tactique-stratégique, modélisé à partir du Prince de Machiavel). Aujourd'hui, il travaille à une sociologie de l'individualisme contemporain et de l'individualité^[5]. Dans ce cadre, il a forgé la notion de contradiction capital/individualité, par analogie avec la notion marxiste de contradiction capital/travail, pour analyser le néocapitalisme^[6].

Sur le plan de la philosophie, il a avancé, dans son ouvrage La Société de verre les concepts de « transcendances relatives » et de « lumières tamisées »^[7], qui visent à déplacer l'opposition entre pensées de l'absolu et pensées relativistes. Il est favorable à un dialogue et des passages « transfrontaliers » entre philosophie et sociologie^[8].

[modifier] Engagement politique

Son parcours politique est varié : Jeunes Socialistes (1976), Parti socialiste (1977-1992), Mouvement des citoyens (1993-1994), Les Verts (1994-1997), LCR (depuis 1999). Syndicalement, il est engagé dans le syndicat SUD Éducation (depuis 1996).

Altermondialiste, il est membre du conseil scientifique d'ATTAC France depuis décembre 2002^[9]. En tant qu'altermondialiste, il a avancé une critique du couple "Empire"/"Multitude" défendu par deux autres intellectuels altermondialistes, Antonio Negri et Michael Hardt, dans leur ouvrage Empire (2002)^[10]. Cette critique prend sens dans une réflexion faisant de l'altermondialisme le creuset potentiel d'une nouvelle politique d'émancipation au XXI^e siècle^[11]. La portée subversive et libertaire du langage néo-zapatiste du sous-commandant Marcos constituerait une de ces potentialités^[12], qu'il a rapproché des renouvellements artistiques proposées par la rappeuse marseillaise et altermondialiste Keny Arkana^[13].

Pour Philippe Corcuff, l'écologie politique a toute sa place dans l'élaboration de ce nouveau projet émancipateur. L'intégration de questionnements écologistes a alors pris la forme chez lui de discussions critiques avec une série d'auteurs et de courants, comme l'éthique de la responsabilité écologiste du philosophe Hans Jonas, la philosophie politique de la nature du sociologue Bruno Latour, la sociologie du risque d'Ulrich Beck, les analyses du Vert Alain Lipietz sur le « nouveau paradigme écologiste » ou les thèses sur la décroissance^[14].

C'est également dans ce cadre altermondialiste qu'il a contribué à esquisser un projet politique alternatif au capitalisme nommé « social-démocratie libertaire »^[15]. Il co-anime un réseau appelé « Sensibilité Écologiste Libertaire et radicalement Sociale-démocrate » (SELS) depuis décembre 1997.

Il a été président du Club de réflexions sociales et politiques Maurice Merleau-Ponty depuis sa création (février 1995) jusqu'à 1997. Il a joué un certain rôle lors des grèves de 1995 (et en particulier dans la circulation de la pétition des intellectuels favorables aux grévistes), en tant que président de ce club^[16]. Le Club Merleau-Ponty a cessé ses activités durant l'année 1998.

Il a eu d'autres engagements publics. En janvier 1998, il a participé au Mouvement des chômeurs à Lyon et à ses occupations de bâtiments publics. Lors des printemps 1998 et 1999, il s'est impliqué dans la solidarité avec les grévistes de la faim contre « la double peine » à Lyon ^[17]. En octobre 2002, il a effectué un jeûne symbolique de trois jours avec Sadri Khiari (opposant démocrate et militant altermondialiste tunisien) à Tunis contre la répression menée par le régime dictatorial de Ben Ali en général et les entraves à la liberté de circulation de Sadri Khiari en particulier; il a lors été arrêté et expulsé de Tunisie^[18]. Il a effectué une grève de la faim en solidarité avec le conseiller principal d'éducation Roland Veuillet^[19] à Lyon entre le 31 janvier et le 7 février 2007^[20].

Philippe Corcuff est aussi signataire de l'Appel des indigènes de la république^[21]. Par ailleurs, au sein du mouvement antiraciste, il a tenté de défendre la nécessité d'une double lutte face à la montée de l'islamophobie et de la judéophobie^[22].

Il se dit fermement opposé à toute théorie du complot^[23]. Une certaine composante du mouvement altermondialiste aurait selon lui des tendances « conspirationnistes » : Noam Chomsky^[24], Serge Halimi^[25], ou l'ex-journal de critique des médias PLPL^[26], qui, suite à ses critiques, en avait fait une de ses têtes de turcs préférées, en lui remettant notamment sa « laisse d'or » dans son dernier numéro en octobre 2005^[27].

[modifier] Travail dans les médias

Il a collaboré à l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo d'avril 2001 à décembre 2004, l'ayant quitté du fait notamment de divergences avec Philippe Val^[28].

Il co-anime la revue ContreTemps, aux éditions Textuel, avec le philosophe marxiste Daniel Bensaïd (lui aussi membre de la LCR), depuis sa création en mai 2001. Depuis septembre 2005, il réalise une chronique mensuelle intitulée « Phil noir », en collaboration avec le dessinateur Charb, sur le site alternatif Le zèbre^[29], en y traitant de l'actualité à partir d'un court extrait de roman noir. Depuis janvier 2007, il écrit également une chronique mensuelle nommée « Casse-tête » dans la revue web Les Cahiers de Louise^[30].

Il a été co-scénariste avec la réalisatrice Dominique Cabrera de Nadia et les hippopotames, film de fiction se déroulant lors des grèves de décembre 1995 à la SNCF, produit dans le cadre de la collection « Gauche/Droite » de Arte. Il a été diffusé à la télévision le 4 mars 2000 (version courte d'1h sous le titre Retiens la nuit) et il est sorti dans les salles de cinéma le 22 mars 2000 (version longue d'1h40). Ce film a été retenu dans la sélection officielle du 52ème Festival International du Film de Cannes (12-23 mai 1999), dans la catégorie « Un certain regard » ^[31].

[modifier] Publications

• "Figuras de la individualidad: de Marx a las sociologías contemporáneas." [6]
• Les Nouvelles Sociologies - Entre le collectif et l'individuel, Paris, Armand Colin, collection "128", 2007.
• Les Socialismes français à l'épreuve du pouvoir (1830-1947) - Pour une critique mélancolique de la gauche, coordonné avec Alain Maillard, Paris, Textuel, collection "La Discorde", 2006 ^[32].
• Politiques de l’individualisme – Entre sociologie et philosophie, en collaboration avec Jacques Ion et François de Singly, Paris, Textuel, collection "La Discorde", 2005^[33].
• Les Grands Penseurs de la politique – Trajets critiques en philosophie politique, Paris, Armand Colin, collection "128, 2005^[34].
• Pierre Bourdieu : les champs de la critique, ouvrage collectif avec le conseil scientifique de Philippe Corcuff, Paris, Bibliothèque Publique d’Information/Centre Pompidou, collection "BPI en actes", 2004^[35].
• Prises de tête pour un autre monde – Chroniques, dessins de Charb, Paris, Textuel, collection "La Discorde", 2004.
• Nouveaux défis pour la gauche radicale – Émancipation et individualité, en collaboration avec Antoine Artous, suivi d’un entretien avec Olivier Besancenot, Latresne (Près Bordeaux), Éditions Le Bord de l’Eau, 2004^[36].
• Bourdieu autrement - Fragilités d’un sociologue de combat, Paris, Textuel, collection "La Discorde", 2003.
• La Question individualiste – Stirner, Marx, Durkheim, Proudhon, Latresne (Près Bordeaux), Éditions Le Bord de l’Eau, 2003.
• La Société de verre - Pour une éthique de la fragilité, Paris, Armand Colin, collection "Individu et Société", 2002.
• Philosophie politique, Paris, Nathan, collection "128", 2000; traduction en langue portugaise pour le Portugal et le Brésil, Mem Martins, Publicaçoes Europa-America, colecçao "Saber", 2003.
• Les Nouvelles Sociologies - Constructions de la réalité sociale, Paris, Nathan, collection "128", 1995; traduction portugaise, Queluz Codex, Sintra-VRAL, colecçao "Heterodoxias", 1997; traduction espagnole, Madrid, Alianza Editorial, coleccion "Materiales/Ciencias Sociales", 1998; traduction en langue chinoise, Pékin, China Social Sciences Documentation Publication House, 2001; traduction en langue portugaise pour le Brésil, Bauru-SP, Editora Da Universidade Do Sagrado Coraçao (EDUSC), coleçao "Humus", 2001; traduction en langue russe, Moscou, Éditions du Centre de Recherche Sociologique Franco-Russe, 2002 ; traduction en langue roumaine, Iaşi, Institutul European, traduction et postface du professeur Ion I. Ionescu, 2005.
• La Sociologie de Bourdieu - Textes choisis et commentés, en collaboration avec Alain Accardo, Bordeaux, Éditions Le Mascaret, 224 pages, 1986 ; réédition augmentée avec une nouvelle préface en 1989.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Son site personnel

• Le blog de Philippe Corcuff | Mediapart

[modifier] Articles

• Tous les articles de Philippe Corcuff (période LCR) disponibles sur le site des Editions La Brèche Numérique.

[modifier] Articles connexes

• Université populaire de Lyon
• Sociologie pragmatique

[modifier] Notes et références

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